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Can't help falling in love [Garlan & Ivar]

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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeMer 3 Avr 2024 - 7:16
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Garlan11
Garlan Davies (oui, ils ont tous des arcs narratifs, un jour tout fera sens), frère d'Avalon et oncle d'Elio, 23 ans, mec raté.

4 novembre 2023

Jamais une journée n’avait paru aussi longue à Garlan. Elle avait pourtant été semblable à toutes celles qu’il vivait depuis quatre mois. Réveil à sept heures, petit-déjeuner, travail dans les cuisines où il aidait à la préparation des repas, déjeuner, travail à la blanchisserie où il était sommé de s’occuper du linge, promenade dans la cour pendant une heure, temps libre qu’il passait essentiellement à la salle de sport, douche, dîner, extinction des feux. La vie en prison ressemblait à une boucle infernale, un genre de reboot du film Un jour sans fin, sans le dénouement heureux à la fin.

Quatre mois. Cent vingt putains de jours à supporter les bruits, les odeurs, la chaleur étouffante, la promiscuité quotidienne. Tout ça pour un cambriolage de merde, qui ne lui avait pas rapporté un rond et qu’il ne voulait même pas faire, à la base. C’était Milo qui avait insisté, qui lui avait dit qu’il lui en devait une. Et c’était vrai, Garlan lui en devait une ; un jour, Milo avait été arrêté alors qu’il faisait le guet pour lui et il ne l’avait pas balancé aux flics, même s’il savait pertinemment qu’il risquait des charges plus lourdes en faisant ça. Alors Garlan avait dit oui. Oui, juste pour un soir, juste pour conduire la voiture. Il ne mettait pas un pied dans la maison, il attendait seulement à l’extérieur, prêt à démarrer et à foutre le camp de là.

Évidemment, rien ne s’était passé comme prévu.

Ils s’étaient fait choper à cause d’un système d’alarme un peu trop sophistiqué et de beaucoup de malchance. Les flics avaient embarqué tout le monde et Garlan s’était retrouvé en garde-à-vue. Il n’avait pas eu grand-chose à dire pour sa défense et, de toute manière, son avocate lui avait conseillé de plaider coupable. Il n’avait pas aimé son idée, au début : plaider coupable en disant qu’il avait été enrôlé par ses potes, qu’il était là pour payer une dette mais qu’il n’avait pas été à l’initiative du coup... Il avait l’impression de passer pour un abruti influençable alors qu’il avait accepté ce plan foireux en connaissant les risques. Son avocate lui avait dit – moins gentiment – de ne pas laisser son ego l’enfermer plus longtemps que nécessaire en prison. S’il la laissait faire, il pouvait s’en tirer avec trois ou quatre mois ferme et quelques uns avec sursis. Sinon, il était bon pour un an, voire deux.

Et Garlan n’avait aucune envie de passer autant de temps entre quatre murs quand tout ce qu’il aimait et qu’il chérissait véritablement se trouvait à l’extérieur.

Alors il avait dit d’accord, il avait fermé sa gueule et il avait plaidé coupable. Il était passé pour un con devant tout le monde, devant tous ses frères et sœurs mais il avait serré les dents en se concentrant sur sa peine : quatre mois. Quatre mois et deux mois avec sursis mais, s’il se conduisait bien, il pouvait sortir au bout de quatre mois. Et Garlan s’était bien conduit. Pas un mot plus haut que l’autre, pas une engueulade avec un autre détenu, pas un retard aux ateliers sur lesquels il était inscrit. Il avait gardé les yeux fixés sur cette date : quatre novembre.

On était le quatre novembre.

La journée s’était déroulée comme toutes les autres, avec la saveur de la dernière fois en plus. Derniers repas, derniers ateliers, dernière promenade. Lorsque Garlan quitta la cour, il laissa son regard traîner sur ce qui s’apparentait davantage à un enclos vaguement gazonné. Quelques bancs, quelques arbres frêles et minuscules et un grillage tout autour. La prison, c’était comme un chenil. Une fois par jour, on sortait tous les clébards, histoire de leur faire sentir le vent et le soleil. Plus. Jamais.

En rentrant dans les bâtiments, au lieu de se diriger vers sa cellule, Garlan suivit un garde vers un couloir, celui qui menait vers les bureaux administratifs. Il récupéra son sac – un sac de sport rempli de fringues, de quelques magazines et deux paires de basket – et fouilla dedans pour en ressortir un pantalon, un t-shirt et un sweat. Pas trop froissés. Pas trop moches. Dans un vestiaire, il abandonna sa tenue beige, celle que portait tous les prisonniers entre ces murs, et passa ses vêtements sans savoir s’il se sentait redevenir lui-même ou quelqu’un d’autre. Il salua les gardes et fut guidé vers l’extérieur. Il avança le long d’une route bétonnée ; derrière lui, la prison s’élevait comme un mauvais rêve.

“Et voilà, fit le garde qui l’accompagnait en arrivant devant la grille. Fais en sorte de ne pas revenir nous dire bonjour, surtout.
-Ouais” répondit Garlan en suivant le portail s’ouvrir dans un bruit de ferraille assourdissant.

La lumière vive devant la grille l’empêchait de distinguer clairement les personnes qui se trouvaient à quelques mètres de là, appuyées contre une barrière métallique. Une silhouette assez grande et une autre, beaucoup plus menue. Un de ses frères et une de ses sœurs, sûrement. Restait à déterminer lesquels avaient fait le déplacement. Pas Néro, espérait-il, ni Avalon. Tout plutôt que de subir les discours moralisateurs de ses aînés, les deux grands darons de la bande qui savaient tout mieux que tout le monde et qui s’étaient tirés de l’enfer pour être au mieux, pétée de thunes et au pire, quelqu’un d’à peu près respectable, avec un vrai job et un vrai appartement.

Il plissa les yeux. Néro et Célice.

“Salut” lança-t-il en arrivant à leur hauteur. Son frère aîné se redressa et lui envoya une claque dans le dos. Sa sœur s’approcha de lui pour l’embrasser.
“Ça va ? s’enquit-elle en se reculant.
-Ouais.” Il avait les doigts serrés sur la lanière de son sac. Putain ce qu’il avait honte. “J’aurais pu prendre le bus, vous savez.
-Ouais, c’est ça. Allez viens, on est garés là-bas” lui indiqua Célice en désignant du menton un parking sur la gauche.

Garlan hocha la tête et fit un pas vers cette direction. Entre ses doigts, il sentit son sac être tiré vers le haut. Néro en avait saisi le tissu.

“File ton sac, lui dit-il en voyant qu’il ne voulait pas le lâcher.
-C’est bon, j’ai pas be...
-File.” Avec un soupir, Garlan relâcha son emprise et Néro balança le sac sur son épaule. Il s’éloigna à grandes enjambées vers la voiture qui s’illumina lorsqu’il la déverrouilla.

Super, il était passé d’être un clébard dans un chenil à être un gosse de quatre ans qu’on venait récupérer à la fin du centre aéré.

Il suivit ses aînés, les mains fourrées au fond de ses poches et s’installa à l’arrière de la voiture. Célice se glissa derrière le volant, Néro sur le siège passager et ils quittèrent les alentours de la prison alors que le jour descendait doucement autour d’eux. Machinalement, Garlan attrapa son téléphone, celui qui avait été enfermé avec le reste de ses effets personnels et qu’on lui avait rendu juste avant de partir. Plus de batterie.

“Ils t’ont filé les contacts de ton conseiller pénitentiaire ? demanda Néro alors qu’ils s’engageaient sur l’autoroute pour rejoindre Londres.
-Ouais.
-Tu le vois quand ?
-Jeudi prochain.”

Néro hocha la tête.

“Et t’as réfléchi à ce que je t’ai dit la dernière fois ? Parce que je peux demander à mon patron de te prendre en apprentissage et...
-J’ai pas envie de poser des fenêtres, Néro, grommela Garlan.
-Bah c’est toujours mieux que tes plans foireux qui te foutent en taule.”

Son estomac se serra. La colère. Mais surtout – surtout – la honte.  

“Laisse-le respirer, Néro” intervint Célice en lui jetant un regard dans le rétroviseur. “On verra plus tard.”

“On” verra plus tard. Parce que sa réinsertion serait évidemment une affaire de famille, largement discutée sur la place publique, par toutes ces personnes bien attentionnées qui ne voulaient que le meilleur pour lui. Et ils auraient tous leur mot à redire, leur conseil à donner. Néro essaierait de le brancher avec son patron, pour qu’il aille poser des velux. Célice lui dirait de trouver un petit boulot – comme caissier, tiens, puisque Galaad était directeur d’un supermarché. Avalon lui proposerait de lui financer une formation. Et personne ne se ferait chier à lui demander ce dont lui, Garlan, avait envie.

En même temps, il n’en savait rien.

Ne pas trop avoir envie pour ne pas trop s’éclater la gueule par terre, voilà où il en était aujourd’hui.

La conversation dans la voiture avait continué sans lui. Il l’écoutait d’une oreille distraite, les yeux rivés vers l’extérieur. Ce ne fut que lorsque sa sœur l’appela qu’il s’arracha à sa contemplation passive :

“Tu veux dîner chez moi, Garlan ?
-Euh...” Il fuit son regard. “Tu peux plutôt me déposer chez moi ?
-T’es sûr ?” Elle avait froncé ses fins sourcils.
“Ouais. Ouais, j’préfère. J’suis crevé, j’ai juste envie de dormir” prétendit-il, malgré le sentiment d’impatience au creux de son ventre qu’il ne parvenait pas à apaiser.

Néro et Célice échangèrent un regard – le regard des parents qui évaluaient silencieusement une idée stupide de leur ado – puis finirent par hocher la tête.

“Comme tu veux.
-T’as besoin de rien ?
-Nan, nan, c’est bon.
-T’as tes clés ?
-Ouais.”

La voiture roula encore quelques minutes puis s’arrêta devant un immeuble de cinq étages. Le rez-de-chaussée était occupé par un magasin alimentaire à la devanture sale et aux vitrines quasiment vides. C’était une copropriété comme on en trouvait beaucoup à Londres ; à la limite de la salubrité, peu lumineuse, pas chère. On s’y pelait le cul en hiver et les appartements étaient tellement mal isolés que chauffer les pièces équivalait à payer un second loyer. Garlan y vivait depuis deux ans ; lorsqu’il avait été incarcéré, ses frères et sœurs lui avaient dit qu’ils s’occuperaient de verser le loyer à son propriétaire pour qu’il puisse conserver son logement.

“Bon, tu nous appelles demain ?
-Ouais.
-Je crois que Gal’ voulait faire un dîner chez lui.”

Il hocha la tête.

“Tu viendras ?
-Bah ouais.” Il haussa les épaules. “Ça fait longtemps que j’ai pas vu les p’tits.
-Ok, bah, on se redit ça.
-Ouais.” Il poussa la portière de la voiture, s’empara de son sac. “Merci, hein.”

Et il s’éloigna.

La lumière de la cage d’escalier vacillait toujours autant et, curieusement, ce constat le réconforta étrangement. Il monta les escaliers – l’ascenseur était en panne depuis qu’il avait emménagé ici – et atteignit le quatrième étage. Il s’avança sur le palier. Porte de gauche. Une lumière filtrait légèrement.

Son cœur rata un battement.

Il enfonça sa clé dans la serrure, ouvrit la porte. Ses yeux attrapèrent mille détails familiers et se posèrent sur une silhouette immobile au milieu de la pièce.

“J’étais pas sûr que tu sois là.”
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeMer 3 Avr 2024 - 18:04
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Ivar10
Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste et infirmier du petit coeur meurtri de Garlan

Ivar est un indécrottable romantique.

Trop, selon ses -nombreuses- soeurs qui s’inquiètent toujours pour lui et les histoires foireuses dans lesquelles il s’engage. Il n’est pas infirmier que de métier, ce garçon ; il semble avoir un véritable pouvoir d’attraction pour toutes les âmes perdues de ce monde qu’il s’empresse de vouloir soigner.

Garlan est une âme blessée. Peut-être la plus blessée de celles qu’il a pu fréquenter de près, mais paradoxalement la plus douce aussi.

Bizarrement, Ivar l’a tout de suite vu. Le jour où ils se sont rencontrés, il a perçu chez lui une armure défensive, pas très épaisse, mal agencée, qui laissait aisément voir des failles. Pour autant, lui ôter cette armure a beaucoup coûté à Ivar, au point qu’il a plusieurs fois envisagé d’abandonner, comme le lui conseillaient la plupart des personnes à qui il racontait ses déboires amoureux avec cet espèce de voyou sans avenir, totalement refoulé, qui passait son temps à lui souffler le chaud et le froid. Garlan ne mérite sans doute pas toujours sa patience et sa dévotion. Si on avait dit à Ivar que toute cette histoire tumultueuse le conduirait à prendre un congé pour accueillir son amoureux chez lui, franchement sorti de prison…

Mais bon sang, il ne regrette rien.

S’il y a une chose qu’Ivar sait bien faire, c’est écouter son corps. Et tout lui dit actuellement qu’il est exactement là où il doit être. Il sent des ailes dans son dos, de l’ivresse dans son coeur, de la fébrilité dans son estomac, alors qu’il ouvre la porte de l’appartement de Garlan avec le double des clés qu’il possède.

Tout n’est pas rose dans cette histoire. La première réaction d’Ivar en apprenant que Garlan était en détention provisoire dans l’attente de son procès a évidemment été la colère. Il sait qu’il a un passé compliqué et quelques mauvaises fréquentations. Qu’il a déjà été en garde à vue pour deux ou trois conneries. Mais il lui avait promis d’arrêter, de se prendre en main, de ne plus se mettre en danger. Il s’est senti trahi et tellement déçu. Tellement frustré. Quatre mois, c’est une éternité.

Il s’est sincèrement demandé si toute cette histoire en valait la peine. Est-ce qu’il pouvait faire confiance à Garlan alors que, de toute évidence, il tempêtait encore avec ses vieux démons ? Un cambriolage, ce n’était pas rien. C’était vraiment mal, même. Est-ce qu’il avait envie de présenter un garçon comme ça, à sa famille ? Qu’est-ce que ses parents allaient penser ? Il sait qu’ils sont déjà inquiets, en plus, parce qu’Ivar ne veut toujours pas leur présenter ce garçon qui est celui pour qui, un an plus tôt, Ivar a fait le choix de ne pas rentrer en Norvège après son année d’échange étudiant. Il a plein d’excuses. C’est compliqué, il n’est pas encore prêt à assumer son homosexualité au grand jour. Il est moldu, il ne sait rien du fait qu’on est sorciers.

D’une certaine manière, Garlan n’est pas le seul à trahir l’autre. Ivar lui cache une grande partie de sa vie. Par devoir et par obligation, certes, mais il ne se sent pas moins coupable pour autant. Ca le travaille, cette histoire de secret magique. Cette considération l’a poussé à remettre de l’eau dans son vin. S’il ne peut pas pardonner à Garlan cet écart, est-ce qu’il peut attendre de sa part d’être pardonné de lui avoir menti pendant tout ce temps ?

Huit jours sont passés, atrocement longs et douloureux, pendant lesquels Ivar a expérimenté un manque si intense qu’il ne pouvait que se rendre à l’évidence. Il s’est rendu au parloir de Pentonville. Il a vu Garlan, son air défait, honteux et il lui a instantanément pardonné. C’est court, quatre mois, a t-il dit. Ça ira. Il l’attendra. Seulement s’il promet de ne plus jamais refaire un truc pareil.

Ivar l’a appelé presque tous les jours. Juste pour entendre sa voix, à défaut de pouvoir aller le voir tous les jours ; non pas qu’il n’en avait pas envie. Mais à venir si souvent, il aurait été aussitôt repéré comme son mec et il n’a pas envie que Garlan ait des soucis en prison à cause de ça. Il est venu juste quelques fois. Il a entouré la date du quatre novembre dans son agenda qu’il tient consciencieusement à jour, avec des post-it de couleur et des jolies inscriptions au feutre. Il a écrit sur cette page tout ce qu’il voulait faire pour cette journée, liste dont il coche chaque ligne patiemment aujourd’hui.

Faire le ménage chez Garlan. Changer les draps. Ramener des plaids et des bougies à la vanille pour en faire un endroit cosy. Préparer le dîner. Acheter un fraisier, son dessert préféré, dans la boulangerie en bas. Attendre.

Il lui envoie un message pour le prévenir qu’il est là. Pas de réponse. Garlan n’a peut-être plus de batterie.

Attendre.

Il y a tellement d’autres choses sur cette liste qu’il a hâte de pouvoir cocher. Le serrer dans ses bras. Passer la soirée avec lui. L’embrasser encore et encore. Lui dire qu’il l’aime, qu’il lui a manqué. Faire l’amour.

Attendre.

Le bruit de clé dans la serrure le fait sursauter. Ivar bondit sur ses jambes, hors de son plaid épais qu’il laisse sur le canapé défoncé. Ce petit studio dans lequel Garlan habite ne laisse pas beaucoup de place au suspense ; le jeune homme entre directement dans l’unique pièce de l’appartement, sous les yeux d’Ivar.

Sans s’en rendre compte, il retient son souffle. Il ne se jette pas tout de suite sur lui. D’abord, il l’examine de haut en bas, de son oeil d’infirmier. Il n’a pas l’air d’avoir maigri. Un peu fatigué peut-être, il a des petites cernes sous les yeux. Sa peau est un sous-ton moins hâlée que d’habitude. Des micro-changements qu’il ne décèle que parce qu’il a gravé dans sa mémoire des images de lui.

Il va bien, il est rentré.

« Bien sûr que je suis là » souffle t-il, avec de l’émotion dans la voix.

Cette fois, Ivar se propulse vers lui. Il y a plein de bonnes odeurs autour d’eux, de nourriture, de bougies parfumées, mais aucune ne lui semble aussi agréable que celle des cheveux de Garlan quand il le serre contre lui. Il l’inspire à grandes bouffées, comme une délicieuse drogue dont il s’est passé trop longtemps et qui lui fait perdre son anglais.

« Herregud*, tu m’as trop manqué… »

*Mon Dieu
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeMer 3 Avr 2024 - 22:07
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Garlan Davies, frère d'Avalon et oncle d'Elio, 23 ans, mec raté mais sa vie est pas simple.

Garlan sait qu’il est gay depuis toujours. Enfin, non, il sait plutôt qu’il n’a jamais été attiré par les meufs. Ça le laisse complètement indifférent. Le premier film porno qu’il a regardé, au collège, pour faire comme tous ses potes ? Indifférent. Sa première copine ? Indifférent. La première fois qu’ils ont couché ensemble ? Indifférent. Alors oui, il sait depuis toujours qu’il n’a jamais rien ressenti face à une fille. Et la première fois qu’il a ressenti du désir pour un homme – un gars à la plage qui ne l’a même pas calculé – ça l’a dégoûté. Il avait dix-sept ans.

Admettre qu’il est gay, ça lui a pris des années. Des années pendant lesquelles il s’est détesté à chaque fois qu’il téléchargeait Grindr sur son téléphone, comme un mec assoiffé qui s’est privé tout seul de boire et trouve brusquement une rivière. Swipe, swipe, swipe. Sans réfléchir, c’est plus facile. N’importe qui, tant que c’est un homme. Et, comme après tout épisode de boulimie, le dégoût. Pourquoi est-ce qu’il fait ça, putain.

Personne ne sait. Personne. Garlan fait très bien semblant devant les autres et il a même parfois des copines pour maintenir l’illusion. Plus depuis Ivar, mais avant. Ce n’est pas si difficile ; quand il se force à embrasser une fille, c’est comme s’il n’était pas vraiment là donc il ne s’en rend pas vraiment compte. Devant ses potes, il commente les meufs. Il dit “Ouais, elle est bonne” alors que vraiment, il ne trouve rien de bon ou d’attirant. Mais ça le rassure et ça lui donne l’impression d’être normal. Mort, mais normal.

Ce qui le fait se sentir vivant, c’est quand ses lèvres s’écrasent contre celles d’un autre homme. Là, oui, c’est bon. Quand ses mains se posent sur un torse. Là, oui, c’est dingue. Mais c’est toujours dans le secret, toujours entre les murs fermés d’un appartement et souvent en pleine nuit, comme si le soleil risquait de trop l’exposer. Même le regard des inconnus lui semble intolérable. Alors Garlan s’autorise à être vivant quelques heures par semaine et le reste du temps, il est capable de dire “moi les gays, ça me dégoûte” et le pire, c’est qu’il y croit. Ce n’est pas complètement de sa faute, il a eu mille insultes pour se définir – pédé, tarlouze, tapette, grosse folle, fiotte, enculé – avant de recevoir son premier mot d’amour.

Son premier mot d’amour, c’était Ivar.

Avec lui, c’est différent. Pourtant, tout a commencé de la même manière. Garlan est à un festival de musique, à quelques heures au nord de Londres. Il est venu avec deux potes qui l’ont lâché pour pécho deux meufs rencontrées le jour-même. Paye tes potes. Ils lui ont proposé de venir, bien sûr – “c’est sûr qu’elles ont des copines” – mais Garlan a refusé. Il a dit qu’il avait la gerbe à cause du soleil et de la bière. C’était faux, bien sûr. Il est resté dans sa tente, au milieu de toutes les autres tentes et il a sorti son téléphone. Swipe, swipe, swipe. Il est tombé sur un mec blond. Fascinant, le mec. Beau comme un fantasme. A moins de deux cents mètres de lui. Match. Ils se sont retrouvés dans sa tente à lui, ils ont couché ensemble, Garlan est reparti. Comme d’habitude.

Sauf qu’Ivar – parce que c’est son prénom – l’a recontacté le lendemain. Pas pour lui proposer qu’ils se revoient, pas même pour lui parler de la nuit dernière mais pour lui dire qu’il se faisait horriblement chier à ce festival. Ça a offensé Garlan – qui a attendu cet évènement pendant des mois – alors il lui a conseillé une scène, moins connue que la principale. Ils se sont retrouvés là-bas, assis l’un à côté de l’autre dans l’herbe. Assez loin l’un de l’autre, bien sûr, mais plus proches que Garlan n’avait jamais osé l’être avec un autre homme comme lui, devant une foule de regards inconnus, sous la grande lumière du jour. Ça a lui a fait bizarre.

Leur relation, ça a été des hauts et des bas. Des hauts à chaque fois qu’ils étaient ensemble et des bas à chaque fois que Garlan disparaissait pendant plusieurs jours. Un jour, c’est Ivar qui est parti et là, Garlan s’est senti minable mais alors minable. Misérable. Et tellement con. Au début, il s’est dit que c’était bien fait pour lui. Qu’il méritait tout ça, même. Qu’il ne valait pas un quart d’Ivar. Mais se détester, ça n’a pas suffi à faire passer le chagrin et la tristesse insupportable dans son corps. Et là, il s’est rendu compte que c’était peut-être la seule chose qui le rendait vraiment heureux, dans sa vie. Pas heureux à moitié. Vraiment heureux.

Alors il a pris à deux mains son courage inexistant et il est allé dire ça à Ivar. Les mots qui sont sortis de sa bouche étaient moins jolis que ceux dans sa tête. Mais il lui a dit “je t’aime” et “j’ai été trop con” et “je suis pas prêt à... A tout ça” et “Je sais que j’ai merdé” et encore “je t’aime”. Depuis, ils sont ensemble. En secret, mais ensemble.

Tout aurait pu s’arrêter quand il a été envoyé en prison. Tout aurait s’arrêter quand il a été envoyé en prison. Garlan s’est senti tellement con, tellement honteux, tellement coupable. Quand Ivar est venu le voir, la première chose qu’il lui a dit – enfin, soufflé, pour ne pas être entendu – c’est “tu peux me quitter, hein, je sais que j’ai trop merdé”. Et Ivar lui a pardonné. Il a été tellement soulagé et, en même temps, ça a accentué la honte qu’il ressent. Au fond, il sait qu’il ne mérite pas un quart de ce qu’Ivar lui donne. Il ne sait même pas ce qu’il lui apporte mais il ne peut pas s’empêcher de s’y accrocher. C’est trop bon, d’être aimé comme ça. Et bordel, qu’est ce qu’il l’aime, lui aussi. C’est vertigineux.

Un mélange de soulagement et de honte, c’est exactement ce qui saisit Garlan quand il entre dans son appartement. Tout est propre. Il y a une odeur de vanille qui flotte dans les airs – Ivar adore les bougies, c’est sûrement ça – et une lumière un peu douce qui projette des ombres sur les murs. Et puis il est là.

Tellement beau.

Garlan a envie de chialer.

Ses bras se referment dans le dos d’Ivar. Il lui a tellement manqué que ça le prend à la gorge. Il ferme les yeux, le serre contre lui et se rend compte qu’il tremble un peu. Il n’a touché personne depuis qu’il est entré en prison quatre mois plus tôt. Pas une embrassade affectueuse, pas une étreinte, pas un geste tendre ou amical. Rien. Au parloir, les gardes répètent “pas de contact”. Qu’est-ce que ça lui a manqué.

Ça lui a tellement manqué que le soulagement prend le pas sur la honte. Il étouffe ça quelque part en lui, il repousse loin dans son esprit l’idée qu’il ne mérite pas d’être accueilli comme ça après avoir été jeté en prison. C’est là, bien sûr, mais tant pis. Il a tellement besoin de se sentir vivant.

“Tu m’as trop manqué aussi...” répond Garlan en remontant ses mains jusqu’à la nuque de son petit-ami puis jusqu’à ses joues. Il se recule pour l’observer. Seigneur, il est toujours aussi beau. Vraiment ça lui fait le même effet qu’au premier jour ; l’impression de regarder un rêve un peu inatteignable. Sauf qu’il est là, dans ses bras. Garlan s’immobilise une brève seconde face à lui alors que ses yeux retracent toutes les courbes de son visage et s’attardent sur tous ces détails qu’il n’a jamais été capable d’oublier pendant qu’il était en détention. Sa mâchoire anguleuse, la fossette de son menton, ses yeux clairs, le grain de beauté caché par ses cheveux blonds.

Il a l’impression de respirer pour la première fois depuis qu’il a été arrêté.

Sans prévenir, ses lèvres s’écrasent sur celles d’Ivar. Il s’est joué et rejoué la scène de leur premier baiser des millions de fois depuis son incarcération. Il a songé qu’il voulait que ce soit doux, comme Ivar l’est toujours avec lui. Doux et prévenant. Mais c’est plus fort que lui, il dévore ses lèvres de baisers, comme pour rattraper tout ceux qu’il n’a pas pu lui donner depuis quatre mois. Il l’embrasse avec une énergie du désespoir, celle qui dit “je suis désolé”, “tu m’as tellement manqué” et “je t’aime” en même temps. Ses mains se glissent dans son dos, son corps se presse contre le sien. Dans sa poitrine, son cœur tambourine tellement fort que Garlan a l’impression qu’il résonne dans toute la pièce. Lorsqu’ils se séparent, il a le souffle court.

Il a tellement de choses à dire mais rien ne sort.

“T'étais pas obligé de venir, je sais que t'as du taff..." C'est presque plus fort que lui. Mais il ajoute, presque aussitôt. "Mais je suis trop heureux de te voir."

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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeJeu 4 Avr 2024 - 0:52
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Ivar10
Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste et grave en manque de bébou Garlan


Ivar n’a pas d’histoire douloureuse ou sordide à raconter sur l’acceptation de son homosexualité. Lui aussi, il a toujours su. Mais contrairement à Garlan, il a rapidement admis et accueilli cette part de lui-même. Oui, il a entendu quelques moqueries à l’école, oui, il a déjà surpris des regards pleins de jugement quand il se baladait dans la rue en tenant la main d’un garçon. Mais il s’est toujours senti dans son bon droit et à sa juste place. Peut être que ça l’aurait bien plus atteint s’il n’était pas entouré d’une famille et d’amis bienveillants, prêts à le soutenir.

Liv est la première de ses sœurs à qui il a confié ses émois intérieurs. Ils ont à peine deux ans de différence et dans une fratrie aussi grande que celle des Haavik, composée de sept enfants, ces rapprochements par l’âge créent tout de suite des connivences particulières. Ils forment tous plus ou moins des binômes. Thyra et Sigrid, les deux aînées, secondes mamans de tous les autres, maman câlin pour la première, maman joueuse pour la seconde. Finn et Freyja, étonnant duo d’un garçon stable avec la tête sur les épaules et d’une fille lunatique et imprévisible. Liv et Ivar, aux caractères biens affirmés, ont autant été chiens et chats que meilleurs amis du monde, selon les périodes de leur vie. Reste Anja, la petite dernière, plus isolée mais choyée par tous les grands.

Qu’il s’agisse de Liv, de leurs autres frères et sœurs, et même de leurs parents, tous ont accueilli la découverte de son orientation sexuelle avec peu de surprise -il fallait croire que tout était déjà très visible dès son plus jeune âge- et surtout avec une relative indifférence. Ses parents s’étaient contentés de lui dire que l’important était qu’il soit heureux et qu’il pouvait inviter ses petits copains à la maison quand il le voulait. Anja -grosse commère- s’était surtout intéressée à savoir à quoi ressemblait son dernier amoureux en date. La plus drôle étant Freyja qui avait simplement déclaré : « Cool ! Tu veux que je te tire le tarot ? », réplique absurde qu’il lui rappelle encore aujourd’hui.

Ivar n’avait donc pas grandi avec la sensation d’être un sujet de honte ou de dégoût pour sa famille mais il savait que tous n’avaient pas cette chance-là. Il était même rarement sorti avec des garçons pour qui ce n’était pas du tout un sujet.

Et parmi eux, Garlan était de loin celui qui souffrait le plus.

Ivar s’était accroché au départ. Vraiment. Il avait rapidement perçu chez Garlan cette profonde haine de soi, si vive que s’il n’avait pas été très vite amouraché, il se serait éloigné pour se préserver. Alors les premiers temps, il avait fait en sorte de ne pas le bousculer, d’accepter ses règles, de ne rien demander. Ses précautions n’ont pas suffi, tel un animal craintif, Garlan ne cessait de faire trois pas en arrière à chaque fois qu’Ivar faisait mine de tendre la main.

Sans doute, Ivar avait trop pris sur lui. Il ne s’était pas écouté, comme souvent, tellement pris par l’envie de faire marcher cette histoire. Jusqu’au jour où c’était trop. Cette fois, c’est lui qui a arrêté de donner des nouvelles. Il s’est enfermé dans sa chambre, à cuver son chagrin d’amour, à se convaincre qu’il devait passer à autre chose maintenant ou il allait seulement se faire plus de mal. Il avait même fini par acheter son billet de Portoloin, pour rentrer définitivement en Norvège. De toute manière, Garlan lui avait bien fait comprendre qu’il ne voyait pas l’intérêt d’une relation à distance : ce n’était pas comme s’ils étaient vraiment en couple.

Il serait vraiment rentré chez lui si Garlan ne l’avait pas retenu avec la plus maladroite et la plus touchante déclaration d’amour du monde.  Un souvenir qu’il chérit comme l’un de ses plus précieux aujourd’hui.

Ivar n’a pas fondamentalement besoin de s’afficher au grand jour avec lui. Il a juste besoin de se savoir aimé, de savoir que Garlan ne joue pas avec lui, qu’il est prêt à vivre sincèrement une histoire d’amour. Ce jour-là, c’est ce qu’il lui a promis. Les mois qui ont suivi ont été les plus heureux pour Ivar, qui a découvert les facettes les plus tendres et les plus cachées de ce garçon du renfrogné au premier abord.

Évidemment qu’il n’aurait pas pu le quitter à cause de cette histoire de prison. Il a encore trop de choses à vivre avec lui.

Et pour le moment, il a surtout beaucoup à rattraper pour compenser le temps perdu. Le cœur d’Ivar décolle dans sa poitrine quand son petit-ami se jette sur ses lèvres. Cette étourdissante bouffée d’adrénaline, il ne l’a pas ressentie depuis trop longtemps. Deux jours de garde à l’hôpital sans sentir Garlan contre lui, il trouvait déjà que c’était une éternité.

Quatre mois, c’est un pur enfer.

Alors lui aussi, il s’agrippe à lui, il prend d’un coup tout ce qu’il peut prendre chez Garlan ; il s’enivre de son odeur, dévore ses lèvres pleines, savoure ses bras autour de sa taille, plonge ses mains dans ses cheveux. Quand ils se séparent, il lui suffit d’une seconde pour qu’il soit déjà en manque.

« Tu rigoles, je t’aurais jamais laissé passer une soirée de plus sans moi » réplique t-il avec un sourire. Ses mains s’engouffrent sous son sweat, désireuses de retrouver les contours familiers de son corps. « J’ai posé mon aprem pour venir et j’ai posé ma journée de demain aussi, personne ne m’appellera » promet t-il en l’entraînant vers le lit derrière lui.

Pas d’astreinte, pas de soirée à rallonge à l’hôpital. Les prochaines vingt-quatre heures seront seulement pour Garlan et il leur faut au moins ça.

***

Elles sont toutes simples, les choses qui ont le plus manqué à Ivar. C’est cette petite cicatrice que Garlan garde juste derrière son coude, à cause d’une mauvaise chute quand il était petit. Ce grain de beauté en curieuse forme d’étoile sur sa cote. Ses mots doux à son oreille. Sa voix quand il jouit. La petite goutte de sueur qui perle au creux de son nombril après qu’ils aient fait l’amour. Le fait de sentir son torse se soulever d’un mouvement puissant, alors qu’il essaye de retrouver sa respiration.

Tous ces petits détails qui étaient son quotidien avant et qui lui rappellent aujourd’hui quelle chance il a.

Du bout de son index, la tête posée sur son torse, Ivar retrace chaque partie du corps de son amant qui se trouve à sa portée. Dans ce paisible silence, il prend le temps de retrouver ce qu’il connaît par cœur, de chercher les éventuels changements. En passant ses doigts sur les reliefs de ses abdominaux, une pensée traverse Ivar et le fait sourire.

« Je sais pas si c’est parce que tu m’as manqué mais j’ai l’impression que tu es plus musclé qu’avant… ? »

Ce qui n’est pas peu dire, Ivar a beau faire presque dix centimètres de plus que Garlan, il se sent vraiment comme une petite chose devant sa carrure bien plus carrée que la sienne.

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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeJeu 4 Avr 2024 - 6:59
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Garlan12
Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, dans le placard mais regardez-le, il affole tous les gaydars.

C’est avec Ivar que Garlan a appris l’amour. Avant lui, c’était vide, vide, vide. Des rencontres en pleine nuit où il se rhabillait le corps encore tremblant, des visages parfois sans prénom, le silence lourd de ceux qui n’ont rien à se dire maintenant qu’ils ont pris ce qui les intéressait. Il ne connaissait rien d’autre. Il ne s’autorisait rien d’autre. La première fois qu’il s’est endormi dans les bras d’Ivar, il s’est réveillé à l’aube, en sursaut. Il est parti précipitamment, a dit qu’il devait aller bosser. Il a pris le métro avec l’estomac lourd et le cœur léger.

Il a mis tellement de temps à admettre qu’il n’était pas juste attiré par les hommes mais surtout très amoureux d’un d’entre eux.

Garlan n’a pas les mots pour parler d’amour. Il ne se souvient même pas de la dernière fois où quelqu’un lui a dit “je t’aime”. Ce n’était pas son père, c’est sûr. Ni sa mère. Probablement pas ses frères ou ses sœurs non plus. Peut-être sa grand-mère. En fait, l’amour, ça lui vient plus facilement en espagnol. Il doit avoir entendu plus de choses tendres dans cette langue-là, à l’époque où il vivait chez ses grands-parents. Il manque de mots, de gestes, d’images pour décrire ce qu’il ressent. C’est pas qu’il ne veut pas c’est que, vraiment, il ne sait pas.

Mais il essaie. Là, par exemple, il sait qu’il se sent bien parce que ses pensées ont arrêté de tourner en boucle dans sa tête. Mais c’est pas le vide qu’il ressent parfois, là, c’est vraiment la paix. Les mains d’Ivar sur sa peau, c’est comme du miel. C’est doux, sucré, tendre. Sa tête sur son épaule, elle est exactement dans un creux où elle rentre parfaitement, pile sa place, pile parfait. Il est heureux et, dans ces moments-là précisément, il sait qu’il est heureux entièrement.

Pas heureux à demi, comme dans tous les autres moments.

Ivar sur lui, c’était juste fou. Leurs corps qui se confondaient, c’était juste dingue. Ça lui a donné l’impression d’attraper de l’air après avoir été maintenu sous l’eau trop longtemps. Il lui a tellement manqué qu’il a voulu, genre, imprimer sa peau sur la sienne. Le serrer contre lui tellement fort, pour tous les moments où il n’a pas pu le faire. Ils se sont un peu vus, quand il était en prison. Une fois par semaine, environ, au parloir. Ils n’avaient pas le droit de se prendre dans les bras, juste de se tenir la main mais ça, ce n’était pas possible pour Garlan. Il en avait envie, pourtant, il en brûlait d’envie même. Mais la honte, elle l’a retenu à chaque fois. La honte et la peur. Il n’y a pas pire endroit qu’une prison remplie d’hommes pour dire qu’on les aime. Et même avec ces précautions, ça n’a pas suffi. Il s’est fait emmerder une fois, en rentrant du parloir. “C’est qui ta barbie qui vient te voir, Davies ?” Il a eu envie de lui péter les dents parce que, vraiment, la manière dont il a dit “barbie” c’était pour l’insulter. Mais il n’a rien fait. Il a menti, même. Il a répondu quelque chose de con comme “quelqu’un de ma famille” et il s’est barré.

Peut-être plus encore là-bas que dans sa vie, Garlan s’est dissimulé derrière un mur si épais que c’est vertigineux de le dépasser. C’est vertigineux mais tellement bon. Ses doigts caressent le dos d’Ivar, passent sur l’arrondi de sa hanche, le creux de sa taille.

Parfois, il se dit qu’il devrait être un putain de poète pour apprendre à décrire le feu dans son cœur, juste après qu’ils aient fait l’amour.

Le commentaire de son amant le fait sourire, puis rire. Il baisse les yeux vers lui, un air railleur sur le visage.

“Ah ouais, on voit ce qui t’a vraiment manqué, en fait...” Il se penche pour l’embrasser. C’est un baiser qui dure un peu trop longtemps et Garlan a l’impression qu’il pourrait se perdre sur ses lèvres pendant des heures encore. Ils finissent par se séparer. “J’ai fait pas mal de sport, en vrai, confirme-t-il. J’avais rien d’autre à foutre là-bas.”

Le sport, c’est quelque chose que Garlan aime vraiment bien. Ça et la musique.  Il joue un peu de guitare mais bon, c’est Morgane la vraie musicienne de la famille. Elle compose depuis longtemps, écrit du rap, fait ses propres instrus. C’est le genre d’artiste où on sent qu’elle a quelque chose à dire et elle, elle sait comment le dire. La musique, Garlan, il aime surtout l’écouter. Il s’y connait pas trop mal. Le sport, c’est plus son truc mais, là encore, ce n’est pas son truc à lui. Il n’y a que des sportifs dans sa famille. Avalon et Néro font de la boxe depuis des années, Galaad joue au foot, Morgane fait du krav maga, Vivianne du karaté... Alors il a du mal à tirer une fierté de sa pratique sportive, comme si le fait de ne pas être le premier à l’avoir lui retirait de la valeur.

Par contre, il adore que son mec le trouve beau.

Parce que l’inverse est tout-à-fait réciproque.

“Toi, par contre, fait-il en se redressant un peu pour venir poser ses avant-bras de part et d’autre du visage d’Ivar, c’est sûr que t’es toujours aussi beau.” Il adore les traits de son visage, ses yeux bleus, sa peau claire, ses cheveux blonds. Il y a un truc chez Ivar qui l’attire énormément et qui n’a rien à voir avec des biceps gonflés ou des abdominaux bien dessinés. “Je veux dire, je t’ai imaginé comme ça, là...” Une main s’envole pour se poser sur son torse dénudé “...pendant quatre mois et c’est encore mieux que dans mes rêves. T’es fort, quoi.”
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeJeu 4 Avr 2024 - 18:11
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Ivar210
Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste et si vite charmé par les gros bras de Garlan

La petite raillerie de Garlan tire un rire coupable à son petit-ami. Il n’a pas tort sur un point, Ivar a toujours été fasciné par sa musculature. Parfois, il se dit qu’il est trop beau pour lui, Ivar la grande brindille qui n’a pas tellement d’abdominaux à offrir. Il aurait même pu vraiment complexer si Garlan ne lui avait pas montré autant de désir, dès les premiers jours. Des mots sur ses sentiments, c’était compliqué de lui en tirer mais alors le cul, ça, ça a toujours glissé tout seul.

Ivar pose sa main sur le torse de son partenaire et y installe sa tête, avec un sourire comblé. Il est content de savoir que Garlan a fait du sport, pendant qu’il était dans cette sordide prison. Pas tant parce qu’il est ravi d’en sentir les résultats sous ses doigts ; plutôt parce que ça signifie que Garlan ne s’est pas totalement perdu là-bas. Il a continué de faire une activité saine qu’il a toujours aimée, alors qu’il aurait pu se laisser dépérir dans un coin et perdre le goût de tout. Ivar avait peur de ça. Il le connait, il sait qu’il a tendance à se déprécier beaucoup et dans une telle situation, où il était isolé de tout et de ses proches, Ivar a craint qu’il se fasse vraiment du mal.

En vérité, ce point l’inquiète toujours, dans un coin de sa tête.

Il relève la tête quand Garlan bouge pour se mettre au-dessus de lui. Mon Dieu, son ventre contre le sien, c’est peut-être ce qui lui a le plus manqué, songe t-il en passant ses mains dans son dos. Ça et de pouvoir passer ses doigts sur les traits si réguliers de son visage. Qu'est-ce qu'il aime son adorable petit nez retroussé. Et se perdre dans ses yeux bruns pendant qu’il lui fait des compliments à le faire devenir tout rouge.

Un sourire charmé illumine le visage d’Ivar.

« T’es un amour. » Il cherche ses mots. Sa main glisse sur le torse de son amant. « En même temps, y a aucun rêve qui peut vraiment retranscrire… Ça. »

Tout ce qu’ils ont de si fort, entre eux. Cette alchimie de dingue. Ce frisson dès que leurs peaux se touchent. Cette plénitude quand ils sont juste tous les deux, dans leur cocon. Cette sensation que là tout de suite, leur vie peut se résumer à eux deux. Le secret sur leur amour, c’est lourd, c’est difficile, parfois. Mais quand il est dans les bras de Garlan, Ivar ne doute pas d’être aimé. Il ne doute plus.

Il mesure combien cette certitude lui a manqué sur ces quatre mois qu’ils ont passé à distance l’un de l’autre. C’était tellement dur de le voir si peu, de ne pas pouvoir le toucher, de ne pas pouvoir avoir cette intimité qui leur est si vitale. Le secret a pris toute la place. La prison a pris toute la place. Ivar n’avait aucun moyen de savoir ce qui se passait vraiment entre ces quatre murs pour Garlan. Est-ce qu’il allait bien ? Physiquement, psychologiquement ? Qu’est-ce que ça lui faisait d’être enfermé ? Loin de lui ? De sa famille ? A quoi pensait-il le soir quand il allait se coucher ? A quel point lui manquait-il ? Comment cette lourde épreuve le transformait ? Ce n’était pas au téléphone que Garlan aurait pu lui dire la vérité sur ces choses-là.

Il était si loin de lui, ces derniers mois. Et Ivar s’est senti tellement seul.

Seul dans son chagrin et son inquiétude. Il n’avait personne à qui partager vraiment ce qu’il a vécu. Liv était la seule à savoir pour la prison, il lui a fait promettre de ne rien dire. Mais elle ne comprend pas vraiment, elle n’a jamais rencontré Garlan, elle vit loin d’ici et elle s'inquiète de le savoir pris dans une relation si complexe. Les seules personnes avec qui Ivar aurait vraiment pu partager sa peine, c’est les frères et soeurs de Garlan qui lui ont rendu visite aussi souvent que lui, si ce n’était plus.

Mais Ivar n’en connait aucun d’entre eux.

Il attire son petit ami contre lui et l’enlace de ses deux bras, désireux de sentir tout son poids contre son corps. Il soupire sous l’effet de cette pression qui soulage un peu ce vide qu’il a ressenti pendant quatre mois. Sa main se glisse le long de la nuque de Garlan, s’engouffre dans ses cheveux. Ivar aimerait qu’il lui raconte ce qu’il a vécu, qu’il lui dise comment il s’est senti. Mais Garlan ne fonctionne pas comme ça, il le sait. Sans doute même que c’est très flou pour lui. Avec le temps, Ivar a appris comment le pousser à faire son introspection et à partager des choses.

Alors il ne pousse peut-être pas à la salle mais tirer les vers du nez de Garlan, ça c’est un vrai sport.

« À part moi… Qu’est-ce qui t’a manqué quand t’étais là-bas ? » souffle t-il en espérant que sa question est suffisamment spécifique pour que son petit-ami lui fasse une vraie réponse.
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeJeu 4 Avr 2024 - 23:40
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Garlan12
Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, bien moins bien que son mec, vous avez capté le truc.

Quand Ivar lui parle d’amour, ça lui fait un truc super chaud dans le ventre. Ça a toujours été le cas, même les premières fois, mais ça le faisait tellement flipper de ressentir un truc comme ça qu’il n’arrivait pas à voir à quel point c’était bon, cette chaleur. Maintenant, il adore. Ivar lui dit “t’es un amour” ou il l’appelle “mon amour” et il adore. Et puis, ça le fascine un peu à quel point c’est facile pour Ivar, de dire ces mots-là. Pour Garlan, waouh, c’est dur. Pas parce qu’il ne veut pas les dire, pas non plus parce qu’il ne les pense pas mais parce que ce n’est pas... naturel, chez lui. Mais il aimerait, parce qu’il voit que c’est doux, que ça fait du bien et parce qu’il sait qu’Ivar aime ça, lui aussi. Alors il lui dit des choses, mais à sa manière, avec des mots moins jolis mais qu’il pense sincèrement.

Son truc à Garlan, c’est le physique. Ça a toujours été le physique, les gestes. Ivar, il n’a jamais pu douter qu’il le désire ; franchement, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Mais c’était brut comme désir parce que Garlan, ce n’est pas un garçon très subtil. Maintenant, il a des gestes tendres, aussi. Des gestes d’amour, vraiment. Quand ils sont ensemble, juste tous les deux, il l’embrasse tout le temps. Il a toujours ses mains sur lui, sur ses épaules, sur ses joues, dans son dos. Ils sont toujours proches, comme là, leurs ventres collés l’un à l’autre et les doigts d’Ivar dans ses cheveux.

Ce qui est bizarre, c’est quand ils sont dehors. Là, bim, c’est la distance à nouveau. Parfois, ils font l’amour et puis ils sortent pour chercher quelque chose à manger et là, ça lui fait presque comme un vertige tellement ils sont loin après avoir été si proches.

Mais là, ça va. Là, il y a juste la chaleur dans son ventre alors qu’il s’abandonne dans les bras d’Ivar. Sa bouche se pose dans son cou et il ferme les yeux. Ça lui a tellement manqué, tout ça. Même pas le sexe – enfin, si, bien sûr – mais ça, là, d’être blotti contre son petit-ami, les lèvres sur sa peau, son ventre qui se soulève lorsque le sien s’abaisse.

Le murmure d’Ivar le force à se redresser un peu. Il croise son regard et il capte que dans ses yeux, il y a de l’inquiétude. Pas une inquiétude qu’il va pouvoir balayer d’un “t’inquiète” comme il essaie de le faire parfois. Ivar, il ne le croit pas lorsqu’il lui dit “ça va” ou lorsqu’il lui dit “t’inquiète”. Il insiste, il questionne et Garlan déroule le fil de sa pensée difficilement. Là encore, ce n’est pas qu’il ne veut pas le faire c’est juste qu’il ne sait pas comment organiser ses idées, trouver les mots pour comprendre le flou qu’il ressent à l’intérieur. Il ne se pose pas les bonnes questions – voire il ne se pose pas de questions du tout. Alors Ivar les lui pose, Garlan ne sait pas comment y répondre mais il y réfléchit et parfois, quelques jours plus tard, il trouve un bout de réponse.

Il bascule sur le dos, rive ses yeux sur le plafond. La peinture est un peu écaillée – ça date d’un vieux dégât des eaux avant son entrée dans l’appartement. Qu’est-ce qu’il lui a manqué, en prison ? Dommage qu’Ivar se soit exclu de la question parce que c’était une réponse facile, ça. Lui, il lui a manqué mais alors, comme jamais personne ne lui a manqué avant, quoi. Ça, c’était facile à identifier parce que ça creusait son ventre, ça faisait comme un vide douloureux en lui.

“Bah... Des trucs cons. Genre dormir dans un vrai lit, prendre une douche mais une douche chaude parce que, là-bas, quand t’es le dernier à passer t’as plus vraiment d’eau chaude, en fait.” La promiscuité dans les douches, c’était un truc qui le mettait vraiment mal à l’aise. Il y allait toujours avec les derniers, en espérant y croiser le moins de monde possible. “Et euh... La bouffe. C’était tellement mais tellement dégueulasse. Y a des fois où je te jure, même les chiens ils auraient pas voulu du plat.” Et pourtant, Garlan n’est pas un garçon très compliqué à contenter sur ce point-là. “Et...”

Là, c’est un peu plus difficile.

Parce qu’en fait, ce qui a vraiment été difficile, en prison, c’est cette sensation de... De disparaître, en fait. D’être invisible. D’être... D’être à un endroit mais sans y être et qu’il n’y ait personne pour... Pour le voir, un peu. Garlan n’a lié aucune amitié en prison. Il n’a pas l’impression d’avoir vécu un seul moment de complicité avec un autre détenu. Il a joué au basket deux ou trois mais c’est tout. Sinon c’était lever, atelier, déjeuner, atelier, promenade, dîner, sport, coucher. Et en boucle et en boucle jusqu’à sa sortie. Il était dans sa tête tout le temps et c’est pas un endroit où il aime être.

En même temps, il n’a cherché aucun contact, là-bas. Le strict minimum, c’est tout. C’est con mais il avait trop peur que quelqu’un le remarque ou pire, que quelqu’un capte qu’il était euh, différent. Gay, quoi.

Et en même temps, ça lui donnait l’impression de crever d’être aussi invisible.

“D’être avec des gens mais...” Il s’interrompt. “Enfin, j’étais jamais tout seul mais j’étais pas...” Il soupire. “Tu vois.”

Heureusement pour lui, Ivar voit souvent.
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeVen 5 Avr 2024 - 6:57
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Ivar210
Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste, c’est vrai que Garlan ne le mérite pas mais en même temps bébou d’amour, on veut l’aider

Aujourd’hui, Ivar sait à peu près comment amener Garlan à examiner ses émotions, mais ce n’est pas venu d’un claquement de doigts. Il a essuyé beaucoup d’échecs avant ça. Des haussements d’épaules, des sourcils froncés, des « Bah j’sais pas », « T’inquiète », « Pourquoi tu me demandes ça » à chaque fois qu’il posait des questions un peu trop intimes ou un peu trop ouvertes. Il s’est senti plusieurs fois dérouté face aux réactions de Garlan qu’il ne comprenait pas toujours et surtout face à son incapacité à les expliquer. Peut-être parce qu’il a quatre soeurs, un père plutôt doux et une mère très enveloppante, Ivar n’est pas embourbé dans cette culture de virilité qui empêche beaucoup d’hommes de montrer la moindre faiblesse et de laisser dépasser le moindre sentiment.

Pas comme Garlan, en tout cas.

Et pourtant, paradoxalement, c’est un garçon très émotif. Largement plus qu’Ivar qui reste plutôt calme en toutes circonstances. Il a fallu trouver une grammaire pour leur permettre de se comprendre tous les deux et maintenant, ils y arrivent mieux, parce qu’ils ont établi la relation de confiance qui permet à Garlan de lâcher un peu prise.

Mais bon. Avec lui, il faut quand même savoir lire entre les lignes.

Garlan commence par évoquer des sujets assez attendus ; tout ce qui a trait avec le confort très sommaire réservé aux prisonniers. Le lit dur et étroit, les douches froides, les repas fades… Ivar caresse doucement le dos de son partenaire, comme un geste de consolation. Puis un silence. Ivar ne dit rien. Garlan n’a pas fini, il réfléchit, ça s’entend dans ce silence. Patient, Ivar le laisse trouver ses mots.

Et comme souvent, il l’aide un peu quand il sent qu’il bute.

« Oui, il y avait des gens autour de toi mais tu te sentais seul quand même… ? »

Pour être honnête, il s’en doutait un peu. A chaque fois qu’il a échangé avec Garlan, par téléphone ou en face à face, il ne l’a jamais entendu mentionner un co-détenu, sauf pour râler sur deux ou trois d’entre eux. Il n’a pas l’air d’avoir noué des liens là-bas. D’une certaine manière, ça rassure Ivar ; se lier d’amitié avec des mecs en prison lui semble être la pente royale vers la récidive. Et il n’a pas du tout envie que Garlan fréquente à nouveau ce milieu, il aimerait plutôt qu’il s’en tienne le plus éloigné possible.

D’un autre côté, ça signifie aussi qu’il a dû se sentir terriblement seul pendant un long moment et ça, ça serre le coeur d’Ivar. Il tourne la tête vers lui, en glissant sa main dans ses cheveux.

« Je suis désolé pour toi, ça devait être dur » souffle t-il.

Il ne sait pas quoi dire d’autre. Il aurait aimé lui éviter cette sentence, que le juge soit plus clément avec lui, qu’il prononce un sursis pour lui laisser une deuxième chance. Garlan a fait une erreur, une belle erreur, il en a payé le prix mais maintenant, Ivar espère que ce temps en prison n’a pas brisé quelque chose chez lui.

Il tourne son buste vers lui, en prenant appui sur son coude. Il se mord la lèvre, un geste inconscient qu’il fait souvent quand il réfléchit. C’est sensible, ce sujet. Peut-être que c’est encore trop tôt pour l’aborder frontalement. Et puis Garlan rentre à peine à la maison. Lui, il peut lui accorder un sursis.

« Il y a un fraisier et des spaghettis bolognaise au frigo. » Que des choses qu’il aime et qu’il engloutit en trois bouchées. Du bout des doigts, Ivar effleure ses pommettes et l’arête de son nez, avec un sourire aux lèvres. « Et l’eau est chaude ici, alors… A toi de me dire si tu préfères commencer par remplir ton estomac ou m’entraîner sous la douche. »
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeVen 5 Avr 2024 - 8:33
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Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, n'a pas fait la roue des émotions et maintenant voilà le résultat

Comme souvent, Ivar achève ses phrases. Il le fait toujours sous la forme d’une question, comme pour lui laisser la possibilité de dire autre chose. Le truc, c’est qu’il a souvent raison. Alors Garlan répond, les yeux toujours rivés sur le plafond.

“Ouais...”

Mais il sent qu’il y a autre chose, que c’est plus douloureux que le fait de s’être senti seul dans un espace bondé. C’était... C’était comme ce vide qu’il ressent parfois quand il est dans sa famille ou avec ses potes mais en pire. L’impression de ne pas pouvoir être lui, oui, mais surtout de devoir avancer les yeux fermés sur une putain de corde tendue au-dessus d’un ravin. Au premier pas de travers, il se brise la nuque en bas. Il a flippé tous les jours que quelqu’un sache. C’est con, hein, parce qu’il n’y a pas marqué “gay” sur son front mais un jour, un mec rencontré sur Grindr lui a dit un truc style “toi ça se voit tellement que t’es gay” et depuis, il ne peut pas s’arracher ça de la tête. Il redouble d’efforts pour faire semblant et ça marche plutôt bien mais en prison, il a eu l’impression qu’à tout moment, la vérité pouvait lui éclater à la gueule et qu’ensuite il serait coincé là, avec tous les autres, toutes les insultes qu’il a entendues tous les jours et tous les commentaires franchement dégueulasses de détenus qui avaient trop la dalle pour se montrer discrets.

Franchement, il a tellement eu peur qu’à un moment, il a juste eu l’impression d’abandonner. Il s’est effacé et hop, c’était le vide.

Il essaie d’expliquer ça à Ivar, avec pudeur et gêne en même temps :

“Et c’était comme si... Genre...” Il se mord l’intérieur de la joue. Les mots lui manquent toujours dans ces moments-là et vraiment, c’est un effort pour lui d’aller les chercher quelque part. “Comme si j’étais pas trop là, j’crois. Du coup c’était long.”

Et du coup, il était encore plus seul. Seul au milieu des autres et seul en lui-même.

Garlan ferme les yeux en sentant la main d’Ivar se perdre dans ses cheveux. Il savoure ce geste – c’est dingue comme on oublie à quel point les trucs simples, en fait, ça vaut de l’or – et les mots qu’il prononce pour le réconforter. Ouais, c’était dur. Franchement, la prison, Garlan ne veut plus jamais y remettre un pied. Une fois, c’était déjà une fois de trop.

Maintenant, tout ce qu’il veut, c’est oublier. Il a très envie de se plonger dans la vie, dans tout ce qui le fait se sentir vraiment vivant, vraiment heureux. Pour l’instant, ça implique surtout son mec, nu devant lui, les cheveux un peu dérangés. Un sourire étire ses lèvres. Il est canon et il l’a toujours su, depuis le tout premier jour mais alors, après quatre mois sans le voir comme ça, ça lui crève les yeux.

Sa proposition lui tire un sourire amusé sur les lèvres et un éclat tendre dans les yeux. Le fraisier, c’est son gâteau préféré depuis qu’il est tout petit – le sucre, c’est un délire dans sa famille, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Les spaghettis bolognaise, c’est le plat qui le réconforte le plus, surtout quand on noie la sauce sous une énorme couche de fromage râpé. Après les plateaux repas fades de la prison, ça lui semble être un repas digne d’un chef étoilé.

C’est encore mieux, même, car c’est Ivar qui a tout préparé. Juste pour lui. Cette pensée, ça lui réchauffe tout le corps et ça le fait rougir, même.

“Mhhhh, fait-il en laissant ses doigts traîner sur la hanche d’Ivar. Pas facile comme choix. Mais, ajoute-t-il immédiatement en se redressant, toi nu quelque part ça surpasse toujours la bouffe, mi vida. Pas de beaucoup, hein mais quand même.”

Ils se lèvent ensemble, se glissent sous la douche ensemble. La cabine est toute petite, franchement ils peuvent à peine bouger et Garlan se cogne contre la paroi en carrelage dès qu’il fait un geste. Mais tant pis, c’est trop bon. C’est mieux que dans ses rêves, mieux que dans ses fantasmes. Il a le corps d’Ivar juste contre le sien alors l’eau peut bien déborder sur le carrelage – les portes de la douche ne sont plus étanches depuis longtemps – il s’en fiche.

Lorsqu’ils sortent, le miroir de la salle de bain est couvert de buée. Garlan se sèche, passe un caleçon et un jogging, abandonne l’idée de mettre un t-shirt en sentant les mains de son petit-ami sur lui. Quelques minutes plus tard, ils sont tous les deux installés devant deux assiettes fumantes, assis par terre, devant la table basse, le dos appuyé contre le rebord d’un canapé en mauvais état.

“Oh putain ça sent trop bon” soupire Garlan en plongeant sa fourchette dans la montagne de spaghettis recouverte de fromage. Il les enroule autour de sa fourchette. “T’étais vraiment pas obligé, ça a dû te prendre grave du temps...” C’est presque instinctif, chez lui ; quand on fait quelque chose pour lui, il souligne immédiatement que l’autre n’était pas obligé de faire ça. Comme s’il n’y avait que l’obligation pour que les autres soient sympas.

Son merci, lui, il le dit dans sa main libre qui se pose sur la cuisse d’Ivar.

C’est entre deux bouchées qu’il lui demande :

“Et toi, au fait ? Tu m’as pas trop dit tout ce que t’avais fait pendant que j’étais... là-bas.”

Dire “en prison”, ça lui arrache la bouche.
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeSam 6 Avr 2024 - 4:20
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Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste, pense trop aux autres avant de penser à lui-même

Le studio de Garlan ne paye pas de mine, entre ses murs en brique qui laisse passer tout le froid en hiver, les fenêtres pas bien étanches qui laissent filtrer le bruit et l’air, le parquet vétuste, la salle de bain minuscule et mal ventilée. Mais Ivar l’adore, ce petit appartement. Parce que leur relation est très secrète, c’est entre ses quatre murs qu’ils se retrouvent souvent tous les deux. Il a toute une collection de souvenirs d’amour et de jolis moments ici.

Il ne l’a pas dit à Garlan, mais il est revenu plusieurs fois ici quand il était incarcéré. Pour combler un peu ce vide vertigineux en lui. Il s’allongeait sur ce canapé défoncé, pensait à toutes les soirées passées dessus à refaire le monde et à rire. La table basse où ils dînaient ensemble en s’asseyant par terre. La cuisine où Ivar, premier levé, faisait chauffer du lait le matin pour Garlan parce qu’il ne buvait que ça avec du chocolat en poudre. La douche dont la taille minuscule leur donnait le parfait prétexte pour se coller l’un à l’autre. Le lit, lieu de leurs étreintes et leurs confidences. Ivar s’est glissé sous les draps plusieurs fois, en enlaçant l’oreiller de Garlan. Il a ouvert son armoire pour retrouver l’odeur de ses vêtements. Il a emporté un sweat pour le garder chez lui, d’ailleurs.

Parfois, ça le réconfortait un peu. Parfois, ça le rendait plus triste encore.

Retrouver ce lieu habité par la présence réelle de Garlan, pouvoir à nouveau entendre son rire résonner contre les parois de la douche, voir son souffle les couvrir de buée, tous ces petits détails de vie n’ont pas de prix pour Ivar. Il en éprouve un soulagement qui se passe de mots. Il est le seul à avoir occupé cet appartement à quelques reprises ces derniers mois mais sans Garlan, il s’y sentait mort, dans un cimetière de souvenirs.

Rien de cette blessure en lui ne se lit dans les regards pétillants et les baisers tendres qu’il offre à son partenaire. Bientôt, ils retrouvent tous les deux le réconfort et la chaleur d’un bon repas sur cette table basse familière. Sa fourchette à la main, Ivar contemple cette scène d’un oeil attendri. Il adore comme Garlan est un estomac sur pattes, c’est très facile de le contenter : il suffit de lui poser un énorme plat de pâtes devant lui et de prévoir un dessert bien sucré pour qu’il soit le plus heureux des hommes. Ce côté bon vivant le rend adorable à ses yeux. Là-dessus, ils sont le jour et la nuit, tous les deux. Ivar a un estomac d’oiseau et de manière générale, un rapport compliqué avec son corps et l’idée de grossir. Autant dire que sa portion à lui est deux fois moins grosse.

La remarque de Garlan lui tire un sourire. Il fait toujours ça : s’excuser de ce qu’on fait pour lui, comme si prendre soin de lui était une corvée pour Ivar. Mais il cache toujours mal que ça lui fait plaisir, au fond. Ivar recouvre de sa main celle que son petit-ami a posée sur son genou.

« Tu dis ça comme si je t’avais fait un plat super élaboré, t’es trop mignon, mon coeur. Non, ce qui m’a pris du temps, c’est pas la cuisine, c’est de faire le ménage ici… Un vrai bordel sous ton lit » l’embêta t-il, avant de se pencher vers lui pour déposer un baiser sur sa joue. Il répond plus sérieusement : « J’étais peut-être pas obligé, mais je voulais que tu sois bien quand tu rentres. »

Avec une dernière caresse sur le dos de sa main, il le relâche pour reprendre son repas. Garlan a déjà fini la moitié de son assiette. Lui, il en a pris quatre bouchées, de ces gestes lents qu’il fait quand il mange. Sa question le tire de ses pensées. Il bouge légèrement sur sa position, un peu mal à l’aise.

« Hum… Rien de spécial. Mes gardes à l’hosto, comme d’habitude. » Ce qui lui fait penser qu’il a quand même une bonne nouvelle à partager, là-dessus. « Le petit dont je m’occupais, tu sais, Nate. Sa greffe a pris, il est rentré chez lui la semaine dernière ! »

Parfois, Ivar parle de ses patients à son amoureux -en enlevant tout le côté « magie » de la chose- surtout si ça implique des réussites. Dans le service d’oncomagie pédiatrique où il se trouve, malheureusement, les nouvelles sont rarement si bonnes. Nate était encore un cas critique quand Garlan est parti.

Un léger silence s’écoule après ça. Il y a à la fois peu et tellement de choses à dire. Ce n’est pas qu’Ivar n’a pas envie de parler. Mais il ne sait pas comment être plus sincère sans faire de peine à Garlan. Il le connait ; il meurt déjà de culpabilité et il n’a pas forcément envie de rajouter à sa peine en lui partageant à quel point c’était dur pour lui d’être seul.

« J’étais beaucoup occupé par le travail, du coup. » Il s’est même noyé dedans pour compenser. « Vraiment les deux jours que j’ai pris pour rester avec toi seront pas de trop, là » plaisante t-il. « D’ailleurs en parlant de ça ! Est-ce qu’il y a quelque chose que tu veux faire demain ? On peut faire tout ce que tu veux, j’ai rien prévu du tout, j’attendais juste de voir avec toi ce qui te ferait plaisir. »
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeSam 6 Avr 2024 - 6:58
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Garlan12
Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, pas hyper bon pour décoder l'infra-verbal

La première fois qu’Ivar l’a appelé “mon cœur”, Garlan a ressenti de la gêne. Il ne l’a pas dit mais ça lui a fait comme un malaise dans l’estomac parce que, ces mots, ce ne sont pas des mots qu’il devrait entendre d’un autre homme. Ça le renvoyait toujours au fait qu’ils étaient ensemble désormais, en couple, et ça lui faisait comme un grain de sable sous la paupière – le rappel que quelque chose n’était pas à sa place, en fait. Il se sentait un peu con, à ne pas savoir quoi répondre, à ne pas être capable de répondre alors qu’il en avait envie, au fond, mais que quelque chose empêchait sa bouche de former des mots. Il a mis du temps à accepter d’être le cœur et l’amour d’Ivar, à réussir à se concentrer uniquement sur le truc brûlant que ça lui faisait dans le ventre et pas sur le malaise un peu gluant qu’il ressentait. Au fur et à mesure, ça s’est effacé. Il a mis encore plus de temps à savoir comment dire l’amour dans un surnom, lui aussi. Un jour, ça lui est venu en espagnol. L’espagnol, c’est la langue de sa mère et de ses grands-parents. Garlan ne l’a pas trop pratiqué petit – deux trois mots, surtout des insultes piquées à Néro – mais il a dû s’y mettre quand il a été placé chez ses grands-parents. Son grand-père, il se débrouille en anglais mais il n’aime pas trop ça. Chez eux, on parle surtout en espagnol alors, à force, il a appris lui aussi. Il est très mauvais à l’écrit mais à l’oral, il s’en sort plutôt bien.

Il appelle Ivar “mi vida”, ça veut dire “ma vie” et c’est peut-être le plus juste de tous les mots d’amour qu’il lui dit. Il dit aussi “cario” pour dire “chéri” et “mi corazon” pour dire “mon cœur”. C’est plus facile pour lui que de dire la même chose en anglais parce que, l’anglais, c’est aussi la langue des insultes, la langue dans laquelle il pense à tout ce qu’il déteste en lui. En espagnol, il n’y a pas tout ça. C’est juste doux, aussi doux que le sentiment qu’il ressent pour Ivar.

“T’abuses” râle-t-il pour la forme quand Ivar mentionne le bordel sous son lit. Mais il a raison ; Garlan est aussi bordélique qu’Ivar est organisé. Il aimerait bien dire qu’il s’y retrouve dans son bazar mais pas du tout. La dernière fois, il a mis deux heures à retrouver son passeport (qui était sous son lit). Le baiser que son petit-ami dépose sur sa joue lui tire un sourire qui s’accentue à son commentaire.

Vraiment, il ne sait pas ce que Ivar lui trouve, parfois, ni pourquoi il est aussi attentionné envers lui, mais ça lui fait un effet incroyable d’être aimé comme ça. Par moments, Garlan trouve qu’il ne lui donne pas assez en retour. Pourtant, lui aussi multiplie les gestes pour lui – pendant ses révisions, l’année dernière, il lui apportait un sandwich tous les midis. Un truc qu’il faisait lui-même souvent (il était un peu en dèche de thunes, à ce moment-là), juste pour s’assurer qu’Ivar mange quelque chose et lui apporter son soutien, à sa manière. Mais même avec cet exemple, il pense parfois que ce n’est pas suffisant. Pas la hauteur, en gros.

“Oh, trop cool, réagit-il lorsqu’Ivar l’informe d’une jolie nouvelle. Il suspend sa fourchette autour de laquelle il a entortillé des spaghettis. Ça veut dire qu’il est guéri, ça y est ?”

Ivar est infirmier, il s’occupe d’enfants malades – comme si le type n’était pas déjà assez parfait comme ça, enfin bref. Il parle souvent de son boulot à Garlan, qui l’écoute avec beaucoup d’attention et un truc un peu indéfinissable en lui aussi. Il déteste les hôpitaux depuis qu’il est tout petit mais alors, depuis que son frère est mort et qu’il est allé le voir à la morgue, c’est pire. La maladie, ça lui fout les jetons alors savoir qu’Ivar la côtoie tous les jours, il hésite entre trouver ça vraiment fascinant et courageux ou complètement terrifiant.

Mais Ivar aime son boulot, ça se voit. Il bosse beaucoup, il s’investit beaucoup, parfois un peu trop même. C’est tout ce dont il parle, là. Garlan ne relève pas, il ne perçoit pas que le silence d’Ivar veut peut-être dire quelque chose ; il n’est pas très bon, lui, pour lire entre les lignes. Et puis son petit-ami change immédiatement de sujet, l’entraîne sur quelque chose de plus joyeux.

Pourtant, ça agite quelque chose en lui.

Leur couple, il n’existe que dans cet appartement. A l’extérieur, ce n’est pas la même chose. Parfois, ils sortent, ils vont manger quelque part ou ils vont au cinéma mais ils ne sont pas ensemble et Garlan se surveille toujours. Il a peur de croiser quelqu’un qu’il connait ou d’avoir un geste qui le trahit, un peu par habitude. Il fait gaffe à tout ce qu’il fait et à tout ce qu’il dit. C’est bizarre parce que c’est à la fois une seconde nature et très fatiguant, pour lui.

Là, il n’a pas du tout envie de ça. Il finit par lâcher, un peu sur le bout des lèvres :

“Ça te va si on reste là, demain ? J’ai envie qu’on soit un peu posés, juste toi et moi...” Il retrouve un sourire en posant sa main dans la nuque d’Ivar. “Déjà, y a des trucs que j’ai grave envie de te faire qui se font pas dehors...” Il ne précise pas sa pensée, son regard parle pour lui. “Et puis faut qu’on reprenne notre série, en plus.” Ils ont commencé Brooklyn Nine-Nine ensemble. Garlan plisse les yeux. “Vas-y, dis-moi la vérité. T’as continué sans moi ou pas ?” Il pourrait même pas lui en vouloir, si c’était le cas.

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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeSam 6 Avr 2024 - 22:45
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Iv10
Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste, c'est pas marrant ce qui se passe

« Pas encore, c’est trop récent pour dire qu’il est guéri, il est plutôt en rémission. Ça veut dire qu’on le surveille mais… Pour le moment, c’est bien parti » explique Ivar avec un léger sourire.

Ca lui a manqué de lui raconter son quotidien de cette façon, ses histoires au boulot, ses peines et ses joies. Il savoure cet instant, avec son regard en biais sur Garlan. C’est fou qu’il soit là, qu’il soit enfin rentré, songe t-il en détaillant son profil. Il remarque ce léger froncement de sourcils à sa question, le petit silence qui suit. Il est un peu surpris : il pensait que Garlan aurait longuement pensé ces derniers jours à ce qu’il voulait faire en sortant de prison mais cette question a l’air de le prendre de court.

Il y a comme une vague excuse dans la voix de Garlan quand il lui demande s’ils peuvent juste rester à la maison. Pourtant Ivar n’attendait pas vraiment de réponse différente et ça lui va bien ; lui aussi, il veut pouvoir profiter de sa présence le plus possible. Quand ils sont à l’extérieur, c’est différent, ils ne peuvent pas vraiment être eux-mêmes. Sa dernière réplique lui tire une expression faussement outrée, il hausse les sourcils et plaque sa main sur son coeur d’un geste tout à fait théâtral.

« Quoi, tu m’accuses d’être infidèle ? Je prends ça très au sérieux quand on regarde des séries ensemble, figure-toi… » Mais il admet : « J’ai pas regardé la suite, par contre je me suis refait deux fois les épisodes qu’on avait déjà vus. Je suis hyper à jour, je peux te faire un récap’ si t’as oublié des trucs. »

Regarder en boucle cette série qu’ils adorent et qui leur a tiré de nombreux fous rires a été une manière pour lui de revivre ces souvenirs agréables. Il se posait là sur le lit de Garlan, enroulé dans un de ses sweats, avec son petit ordinateur sur les genoux et ça lui faisait vaguement du bien.

« Ça me va très bien qu’on reste tranquilles ici, chaton. » Ivar glisse sa main dans celle de son partenaire et entrelace leurs doigts, avec le même sourire suggestif que celui de Garlan. « De toute manière, on a trop de trucs à rattraper et effectivement, ça serait indécent de faire ça dehors. »


***

4 juillet 2022

Ivar est livide quand il se présente à l’accueil du tribunal correctionnel de Londres. Il voit son sac passer dans un portique, être fouillé par un des vigiles. Puis il se dirige vers la salle qu’on lui a indiqué, avec la sensation d’être dans un autre corps.

Ce n’est pas lui. Il n’est pas là. Ça ne peut pas lui arriver.

Ça faisait deux jours qu’il n’avait aucune nouvelle de Garlan et qu’il commençait à franchement s’inquiéter, sans aucun moyen de savoir ce qui se passe. De la vie de son petit-ami, il connait quelques noms -celui de certains amis, ceux de ses frères et soeurs- mais il n’a aucun contact réel avec eux. Pas de numéro de téléphone, pas d’adresse, rien. Ivar s’est rendu compte que du jour au lendemain, Garlan peut disparaître et il n’aurait aucun moyen de savoir où il est ni ce qui se passe.

Cette réalisation lui a tordu le ventre. Il en a fait une crise d’angoisse sur le sol de sa cuisine.

Quand il a vu un numéro inconnu s’afficher sur son téléphone hier soir, Ivar a immédiatement eu le pressentiment que ça concernait Garlan. Il a entendu une voix de femme, il a entendu « avocate de M. Davies », il a entendu « cambriolage » et son monde s’est effondré.

Il ne comprend toujours pas ce qui se passe. Il a posé des questions au téléphone, mais Maître Chomsky n’est entrée dans aucun détail spécifique. Secret professionnel, sans doute. Elle l’a simplement invité à assister au procès, demain, quatorze heures.

Alors il est là, sans y croire. Il s’assoit sur ce banc, tout au fond de la salle, avec l’envie de disparaître. C’est forcément un cauchemar. Une mauvaise blague. Devant lui, au premier rang, il y a quatre personnes, deux hommes, deux femmes. Les frères et soeurs de Garlan, peut-être. Ils sont de dos, difficile de reconnaître leurs visages. C’est tellement irréaliste ce qui se passe. Tellement étrange d’être là, près de cette famille, si proche d’eux et si loin à la fois.

Ivar tourne la tête à droite, vers la partie civile, qui sont venus plus nombreux. Il voit un couple tout devant, deux ados. Une petite famille de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, le papa a le crâne dégarni et le pied qui bat nerveusement une mesure, la maman affiche un visage fermé et serre la main de sa fille dans la sienne. Des gens normaux, une famille normale qui n’aurait jamais du se retrouver ici.

Il a envie de vomir.

Le juge est déjà présent, en train de ramasser sa paperasse devant. Il a l’air blasé, l’air du type qui fait ça toute la journée et qui a déjà envie de rentrer chez lui. Il a aussi la voix de celui qui a l’habitude de se faire entendre dans une salle bondée, une voix qui résonne jusque dans les os d’Ivar quand il ordonne :

« Faites entrer l’accusé. »

Mon Dieu.
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeDim 7 Avr 2024 - 3:41
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Garlan12
Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, bon, ça craint.

Garde-à-vue, quarante-huit heures. Peut-être les quarante-huit heures les plus longues de sa vie. Il n’a pas vraiment dormi, pas beaucoup mangé non plus. Il avait les pensées qui criaient trop fort et le ventre trop noué pour ça.

Putain de merde.

Il était dans la voiture, moteur allumé, prêt à partir, à guetter dans le rétroviseur l’arrivée de Milo et des autres lorsque les flics sont arrivés. Sirènes qui hurlent, flashs qui aveuglent, voix qui tonnent. Il n’a même pas essayé de démarrer en trombe pour leur échapper ; il sait comment ça se termine, les refus d’obtempérer pour les gars comme lui, qui ont une gueule de mexicain et un casier judiciaire. Mal. Il a montré ses mains par la fenêtre et il est sorti de la voiture. Un flic l’a plaqué contre le capot, on lui a passé les menottes et il a été embarqué au poste.

Il a très vite compris le truc ; garde-à-vue pour un flagrant délit comme celui-là, c’est forcément une comparution immédiate. S’il est condamné, il ne revoit pas l’extérieur avant la fin de sa peine.

Au poste de police, on lui a dit qu’il avait le droit à un seul appel. Il a donné le numéro de Célice ; c’est toujours elle qu’il appelle quand il est vraiment dans la merde. Au téléphone, elle lui a posé des questions très pragmatiques : qu’est-ce que t’as fait exactement ? T’es rentré dans la maison ou pas ? T’as suivi les flics quand ils sont arrivés ? Puis elle lui a dit qu’elle appelait tout de suite un avocat.

Maître Chomsky est arrivée quelques heures plus tard. Franchement, ça aurait pu faire déjà deux jours tellement le temps n’avait aucun sens sous la lumière des néons. Elle a dit à Garlan qu’il devait plaider coupable, que la seule chose à faire pour éviter une peine trop longue était de montrer de sincères remords et une envie de changer, plutôt que d’essayer de se défendre d’un truc indéfendable. Il n’était pas entré dans la maison, il avait accepté de conduire cette voiture pour régler une dette mais ce n’était pas lui qui avait prémédité ce cambriolage.

En gros, elle lui a recommandé de pousser ses potes sur les rails du train.

Ça n’a pas plu à Garlan, au départ. Déjà, parce que ça le faisait passer pour un gamin influençable et qu’il avait déjà assez honte de lui-même comme ça. Ensuite, parce qu’il savait très bien que, s’il faisait ça, il était bon pour se faire lyncher à un moment. En prison, à sa sortie, par des potes de Milo... On ne s’en tire pas à si bon compte quand on devient une poucave.

Ouais, mais l’avocate a eu le dessus sur lui en lui disant un truc très simple : s’il ne fait pas ça, il est bon pour rester un an, voire deux, en prison.

Ça lui a donné envie de vomir, quand il a entendu ça.

Alors il a dit d’accord, il a tout accepté, il a répété avec elle les quelques lignes à dire pour quand le juge l’interrogerait le lendemain. Et, juste avant qu’elle parte, elle lui a demandé s’il avait besoin de quelque chose. Il a hésité. Puis il lui a dit, presque dans un souffle : “est-ce que vous pouvez appeler quelqu’un pour moi ? Pour le... Pour lui dire ce qui se passe ?” Elle a accepté.

Ivar n’a pas quitté ses pensées depuis qu’un flic lui a écrasé la joue sur le capot de la voiture. Il a pensé à lui à chaque heure de sa garde-à-vue, tellement fort qu’il en a aussi rêvé pendant les brefs moments où il a fermé les yeux. Il ne lui a rien dit de ce qu’il devait faire avec Milo. Le dernier message qu’il lui a envoyé c’est “je dois retrouver des potes ce soir”, quelque chose comme ça. Puis plus rien.

Merde, merde, merde.

Dans sa tête, il y a mille questions qui passent mais aucune réponse. Il a les yeux baissés sur ses mains menottées, le cœur qui cogne tellement fort dans sa poitrine que ça résonne dans ses oreilles. Il attend sur un banc, à côté d’un gendarme. La prochaine audience, c’est la sienne.

Lorsqu’on lui dit de se mettre debout, ses jambes tremblent. Dans sa tête, il se répète les mots de l’avocate. On lui dit d’avancer, il avance.

La salle est bruyante et il y fait chaud à l’intérieur.

Il avance encore. On l’installe dans un box, on lui retire ses menottes. Le silence tombe. Les yeux de Garlan se posent sur la foule qui le dévisage.

Et là, son cœur s’arrête.

Au premier rang, il y a Célice, Néro, Galaad et Morgane. Ils ont des visages soucieux, les sourcils froncés, la bouche plissée. Et juste derrière eux, il y a Ivar. Cette image le fige, l’audience commence sans qu’il ne soit vraiment là. Personne n’a besoin de lui pour commencer, à vrai dire. Le procureur se lance dans le rappel des faits, avec les éléments précis, l’heure à laquelle l’alarme a sonnée, les propriétaires qui étaient juste à côté, chez les voisins, l’arrivée de la police, la garde-à-vue. Garlan entend tout ça mais les mots ne se gravent pas dans son esprit.
Là, il n’y a qu’Ivar dans sa tête, avec la peau de son visage tellement pâle qu’on dirait qu’il est malade et son regard bleu fixé sur lui.

Il n’a jamais eu aussi honte de sa vie.

Ça le souffle sur place, il n’y a pas un dixième d’orgueil dans sa posture. Toute cette honte, ça lui fait mal dans la poitrine, ça lui fige ses pensées. Le juge doit l’interpeller deux fois pour qu’il réponde :

“Monsieur Davies ? Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter ?”

Son avocate le regarde avec insistance. Elle, elle a fait son job. Elle a parlé des remords, elle a dit qu’on l’avait sollicité au dernier moment, qu’il n’avait pas su dire non à cause d’une vieille loyauté, elle a insisté sur le fait qu’il n’avait pas mis un pied dans la maison, qu’il n’avait pas pris activement part au cambriolage. Elle a eu des beaux mots pour décrire tout ça et maintenant, elle attend que Garlan utilise ceux qu’ils ont répétés ensemble pour convaincre le juge.

Sauf qu’il a tout oublié.

Il s’arrache au regard d’Ivar.

“Pa...”
Il bégaie, sa voix tremble. “Pardon.” Il ne sait même pas à qui il adresse ce mot. Son regard se pose sur la famille assise au premier rang. Deux darons, deux gosses. Les voir comme ça, ça le rétame par terre. “J’aurais jamais dû faire ça. Accepter ça.”

Le juge le regarde un peu fixement, l’air de dire “c’est tout ?” et Garlan s’enferme dans un silence nerveux.

Il baisse les yeux sur ses mains. Il a trop peur de croiser à nouveau le regard de son petit-ami et d’y voir le reflet de ce qu’il pense de lui-même à cet instant : il est minable.
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeDim 7 Avr 2024 - 5:36
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Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste, tellement inquiet mais surtout tellement déçu de son mec

Ivar est tout seul sur son banc, au fond de la salle, les mains nouées sur ses genoux, les yeux rivés sur la scène impensable qui se déroule devant lui. Il peut à peine regarder Garlan sans que ça ne lui retourne l’estomac. Pendant un bref moment, il espère encore qu’il va entendre que tout n’est qu’un malentendu, qu’il n’était pas là où on l’accuse d’être, qu’on l’a confondu avec un autre, il n’en sait rien, n’importe quoi qui n’implique pas que Garlan soit réellement responsable du malheur de cette petite famille au bout de la salle.

Mais l’énoncé du procureur, le déroulé implacable des faits et l’annonce de Maître Chomsky que la défense plaide coupable détruit très vite ce maigre espoir.

Si Garlan plaide coupable, ça veut dire qu’il est coupable et pire encore ; que son cas est si désespéré qu’il n’a aucun intérêt à tenter le bluff.

Chaque minute de ce procès est insoutenable pour Ivar qui écoute un récit invraisemblable. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas l’homme qu’il connaît. Ça ne peut pas être lui.

Bien sûr que si, émerge une voix en lui, au fur et à mesure que les faits deviennent accablants. Bien sûr que c’est possible. C’est juste qu’il n’a pas voulu le voir. C’est lui, Ivar, qui s’est bercé de l’histoire qui l’arrangeait bien. Il sait que Garlan a un casier judiciaire ; des infractions par-ci, par-là, qu’il a commis plus jeune, entre ses seize et ses dix-huit ans, à une époque où il était perdu. Il venait de perdre son frère aîné, Yvain. Il a déconné, lui a t-il avoué dans un moment de confidences. Mais il ne fait plus tout ces trucs-là, maintenant, c’est fini, il s’est repris en main, a t-il assuré.  

Et pourtant, il sait aussi que malgré ce qu’il dit, Garlan traîne parfois avec des types louches. Des potes d’enfance, a t-il expliqué un jour où Ivar l’a confronté dessus. T’inquiète, je fais rien avec eux, on traîne sur les quais parfois, c’est tout, a t-il promis.

Ivar savait tout ça et il a choisi de ne pas trop y mettre son nez. Il a choisi de faire confiance à Garlan. Après tout, il n’est pas sa mère, pas son père ; il n’a pas à lui dire ce qu’il doit faire ou non. Il a simplement cru au fait que Garlan savait faire la différence entre le bien et le mal, qu’il saurait faire un pas de côté avec ses « potes » si besoin. Au fond, il ne s’est même pas senti légitime pour critiquer davantage ces mecs dont il ne connaissait pas grand-chose puisqu’il ne les avait jamais côtoyés. Il s’est même dit qu’il avait peut-être des préjugés sur eux, basés uniquement sur leur apparence, leur manière de parler et sur quelques bribes qu’il avait aperçu d’eux.

Tu parles.

Au fond de lui, Ivar sent un début de colère naître, un sentiment très désagréable d’avoir été floué dans cette histoire, mais pour le moment, tout ça reste bien tassé sous des couches de peur et d’inquiétude. Garlan a fait un acte mauvais, indéfendable, oui. Mais Ivar l’aime comme il n’a jamais aimé aucun garçon, alors tout ce qu’il désire à cet instant c’est qu’on le laisse sortir libre de cet affreux tribunal. Ils s’expliqueront ensuite.

Mais d’abord, par pitié, laissez-le partir.

La salle devient silencieuse. De là où il se trouve, Ivar voit dans le regard de son amoureux secret une profonde déroute. Garlan ouvre la bouche, pour s’exprimer à la demande du juge. Sur ce moment précis, Ivar le revoit tel qu’il le connaît : ce jeune homme un peu paumé, pas mauvais bougre, qui se démène pour faire mieux sans toujours y arriver. Les quelques mots de Garlan résonnent dans tout le corps d’Ivar. Son coeur s’écrase dans sa poitrine.

Il sait que c’est à lui aussi qu’il demande pardon.

Incapable de contenir son émotion, Ivar masque son visage dans ses mains. Derrière ses yeux clos, la voix du juge s’élève dans une salle lourde de tension.

« Vos remords semblent sincères, Monsieur Davies. » Un espoir fou saisit Ivar qui redresse la tête. « A l’écoute des deux parties, j’ai le sentiment que vous avez été entraîné dans un mauvais coup dont l’issue vous a dépassé. Le fait que vous ayez obtempéré face aux policiers joue également en votre faveur. Cependant… » Son ventre se tord douloureusement d’angoisse. « Ce n’est pas la première fois que vous contrevenez à la loi et ce délit est plus grave que les précédents. Il l’est d’autant plus que vous avez dépassé l’âge de vous laisser influencer par les mauvaises personnes » assène t-il en cherchant le regard de Garlan. « Alors je crois que ce ne serait pas vous rendre service à vous, ni rendre justice aux victimes, que de vous laisser filer aujourd’hui. J’espère qu’un temps en prison saura vous faire sérieusement réfléchir à vos actes et à la direction que vous souhaitez donner à votre vie. Je vous condamne à six mois d’emprisonnement, dont deux avec sursis. »

Et le coeur d’Ivar chute. Une chute infinie, vertigineuse.
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeLun 8 Avr 2024 - 2:13
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Garlan12
Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, au moins, il a le mérite de ne pas avoir d'orgueil vous me direz

Ce n’est pas la première fois que Garlan a des ennuis avec la justice. Sa première garde-à-vue, c’était à seize ans, quelques mois après la mort d’Yvain. Il avait la haine – mais alors la haine – et il s’est battu avec un gars devant son lycée. Les flics ont embarqué tout le monde et sa grand-mère est venue le chercher au poste. Elle l’a engueulé comme jamais dans un mélange incompréhensible d’anglais et d’espagnol et lui a fait promettre de ne jamais recommencer.

Bien sûr, il a recommencé.

Jamais des trucs vraiment graves. Enfin, selon lui et son référentiel éclaté du bien et du mal puisqu’il a été élevé par un père qui trouvait ça normal de mettre du shit dans son sac-à-dos, quand il était au collège, pour qu’il puisse le filer à son grand frère au moment de la pause du midi. Il a un peu volé dans les magasins. Un peu revendu du shit pour un mec qu’Yvain connaissait, justement. Un peu guetté pour des potes.

Un jour, son frère Néro a attrapé sa veste pour lui dire d’arrêter de faire de la merde. Garlan s’en souvient très bien, il y avait la bande des darons au grand complet – Néro, Avalon, Galaad et Célice – et il a eu le droit à une leçon de morale dans les règles de l’art. Ça a donné quelque chose comme : t’es en train de foutre ta vie en l’air / faut que tu te reprennes en main / on va arrêter de te sortir de garde-à-vue, ça t’apprendra. A la fin, ils lui ont dit de trouver un taf – un vrai taf – parce qu’eux, ils allaient arrêter de lui filer de la thune pour qu’il zone avec des gars toute la journée.

Il s’est inscrit dans une agence d’intérim une semaine plus tard et on l’a envoyé emballer des colis à l’usine.

Pas le choix ; ce qu’il faisait avec ses potes, ça ne lui rapportait pas une thune. S’il arrivait à vivre à peu près, c’était parce qu’Avalon et Célice lui filaient de l’argent tous les mois pour payer son loyer et faire ses courses. Alors c’était soit il prenait un boulot, soit il assumait vraiment tout ça, la drogue, les cambriolages... Y a un truc qui l’a retenu et il s’est enterré à l’usine.

Il a continué à voir ses potes, par contre. Bah ouais, ce sont ses potes d’enfance, ils ont grandi ensemble, il n’allait pas les lâcher comme ça.

Et eux non plus ne comptaient pas le lâcher comme ça. Dans leur monde, quand t’as une dette, tu la payes et c’est tout. Y a rien à négocier ; on t’aide et t’aides les autres. De toute façon, ils n’ont que ça, l’entraide – pour tout hein, conduire une voiture pendant un cambriolage ou se cotiser pour acheter le traitement antidiabétique de la mère de Sully.

Mais là, Garlan paye fort le prix de sa loyauté. Tellement fort qu’il a accepté de lâcher ses potes pour espérer une peine moins lourde.

Y a rien pour lui, en prison. Tout ce qu’il veut, c’est repartir de ce tribunal et retrouver son mec qui ne veut même plus le regarder.

La voix du juge s’élève à côté de lui. Garlan ose un regard vers lui, un regard plein d’espoir qui vacille en une poignée de secondes. Oui, ses remords sont sincères. Mais ce n’est pas assez, en fait, de regretter.

On le met en prison à partir d’aujourd’hui, pour quatre mois au moins. Pour le faire réfléchir, lui dit le juge.

Un truc s’effondre dans son corps. Il tourne la tête vers l’assistance, attrape brièvement le regard désolé de Morgane avant de trouver les yeux d’Ivar.

Il lui en veut, c’est certain. Garlan ne conçoit même pas comment ça pourrait ne pas être le cas ; c’est un sujet dont ils ont déjà parlé, tous les deux. Il lui a dit au moins deux fois qu’il ne faisait plus rien d’illégal, qu’il voyait juste ses potes de temps en temps mais que tout ça, c’était derrière lui.

Le pire, c’est qu’il le pensait vraiment.

Ivar doit lui en vouloir à mort, maintenant.

Dans les yeux bleus de son amoureux, Garlan projette tout ce qu’il ressent envers lui-même à cet instant. Un mélange de honte et de colère qui rend ce regard douloureux, comme s’il lui brûlait la peau. Garlan, ce n’est pas un homme très orgueilleux. C’est même plutôt un gars avec une estime de lui-même rétamée au sol, qu’il faut creuser pour trouver. Il se demande souvent pourquoi son mec l’aime, ce qu’il lui trouve vraiment parce que lui, il ne se trouve rien. Beau gosse, peut-être, oui, mais ça, c’était une explication qui marchait pour les débuts de leur relation, quand c’était juste du sexe. Maintenant ? C’est un gay qui ose même pas l’être, un mec sans ambition, sans avenir, sans thune.

Et un taulard.

Il vacille sur ses jambes lorsqu’on lui demande de se remettre debout. Un garde lui passe les menottes.

“Vous avez cinq minutes avec vos proches et ensuite on vous amènera directement à Pentonville.”

Cinq minutes avec ses proches. Garlan lève la tête vers eux. Ses proches.

C’est marrant, il n’y a qu’une seule personne dont il est vraiment proche, dans cette salle. Qu’une seule personne qu’il aime mais alors, en vouloir en crever rien à l’idée d’être aussi loin pendant quatre mois. Et c’est aussi la seule personne qu’il ne peut pas approcher.

Alors il reste là, comme un con, les yeux fixés sur lui. C’est horrible, il y a un trou dans son estomac, quelque chose qui voudrait le pousser à aller le voir, à le prendre dans ses bras, à imprimer son corps tout contre le sien, plonger son visage dans son cou, inspirer son odeur, faire de lui son monde pour les cinq minutes qu’on lui accorde avant de l’enfermer loin.

Mais il reste immobile ; la peur, ça l’empêche de faire quoique ce soit.

Pour se rassurer, il se dit que si ça se trouve, Ivar aurait même pas envie qu’il l’approche.
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeSam 13 Avr 2024 - 9:52
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Iv10
Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste d'accord mais pas trop dans le soin envers lui-même

[TW : Trouble du comportement alimentaire]

Cette sensation au fond de son être, Ivar ne l’a pas ressentie depuis longtemps, probablement des mois. Mais dès qu’elle apparaît, il la reconnaît aussitôt.

Le vide.

Mais alors, le vide. Avec tout ce que ça implique de terrifiant. La nature a horreur du vide. Ivar aussi.

Il ouvre les placards de sa cuisine, la porte du frigo. Le plan de travail se remplit de paquets et de boîtes sortis aléatoirement. Pain de mie, cornichons, yaourts, confiture, cheddar, biscottes, pâté, tablette de chocolat, chips, olives. Ivar ne prend pas le temps de faire quelque chose d’appétissant avec tous ces ingrédients rassemblés sans logique. Il n’y a aucune gourmandise dans ses gestes.

Seulement le besoin dévorant et incontrôlable de combler le vide.

Il trempe les cornichons dans du yaourt, attrape les olives par poignées, étale du cheddar sur des biscottes, croque sa tablette de chocolat sans prendre la peine de découper les carrés, avale des chips en les mâchant à peine. Plus il mange et plus ça va vite. Il faut aller vite pour rattraper le vide qui se creuse. Encore, encore. Encore.

Il a tellement envie de pleurer que sa gorge laisse difficilement passer les aliments mais il continue, obsédé par une seule idée qui a le mérite de l’empêcher de penser au reste.

Combler le vide.

Il ne s’arrête pas avant de se remplir l’estomac au point d’en avoir mal. Ça prend tellement de place que ça finit par étouffer le désespoir qui le grignote de l’intérieur. Cette sensation-là, très brève, Ivar la savoure en fermant les yeux et en poussant un soupir de soulagement.

Juste le temps d’arrêter de penser. Juste pour apprécier la sensation de contrôle avant que ça ne lui échappe de nouveau.

Quand il rouvre les yeux, le plan de travail est jonché de miettes, de conserves vides, de restes de plastique.

C’est atroce comme la chute est violente et comme il finit toujours par se haïr dans ces moments-là.

La suite de ce rite, Ivar la connaît par coeur. Maintenant, il ne lui reste plus qu’à aller faire la seule chose qui lui permet de se purger de cette honte étouffante ; littéralement purger son estomac de cette violence qu’il vient de s’infliger.

Quelques minutes plus tard, la chasse d’eau brise le silence glaçant de son appartement. Ivar sort de la salle de bains et se réfugie dans sa chambre pour s’affaler sur son lit. Il est de nouveau vide, mais pas comme tout à l’heure. Là, c’est un vide qui le fait se sentir mieux. Lavé de son mal, débarrassé de ses émotions indésirables, trop épuisé pour réfléchir. Malheureusement pour lui, cet état d’hébétude ne dure pas aussi longtemps qu’il l’espérait. Trop vite, derrière ses yeux clos dansent les images de cette journée atroce.

Ce qui finit par le faire éclater en sanglots sous ses couvertures, c’est de penser que dans tout ça, il n’a même pas pu dire au revoir à Garlan, parce qu’il n’avait que quelques minutes pour enlacer ses proches avant de se faire conduire en prison. Et qu’est-ce qu’il est lui, Ivar, une fois qu’ils se retrouvent à la lumière du jour, sous les yeux de toutes les personnes à qui Garlan veut tant cacher son existence ?

Rien. Rien comme le vide qui revient en lui.
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeSam 13 Avr 2024 - 23:34
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Whatsa10
Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, pardon, pardon, pardon.

Un jour. Plus que cent vingt-et-un. Il ne va pas tenir.

Y a du bruit partout, tout le temps. Des gars qui crient, des gars qui rigolent, des gars qui parlent, des portes qui s’ouvrent et qui se ferment, des gardiens qui gueulent. Garlan n’a pas fermé l’œil de la nuit, il a de grosses cernes violettes sous les yeux et le teint du mec qui a envie de crever. En même temps, c’est vrai ; il a envie de crever. Ça, ça lui reste dans le ventre depuis qu’Ivar est parti de la salle d’audience après son jugement. Garlan n’a pas dit un seul mot pour le retenir. Il en avait envie, pourtant, une furieuse envie dans la gorge mais il est resté silencieux, comme toujours. Silencieux et à moitié mort.

Depuis, cette image hante ses pensées. Cette image et une idée : Ivar va le quitter. C’est certain. Il ne lui donne aucune raison de rester ; il n’est pas vraiment un bon copain – il le sait, franchement, qu’il a baladé Ivar pendant des mois – pas vraiment un bon gay non plus – sinon, il n’aurait pas aussi honte de ça – et, ce que vient dire cette condamnation, c’est qu’il n’est même pas une très bonne personne.

Il a tout gâché et ça, ça lui donne envie de chialer, encore plus que la perspective de passer quatre mois enfermé dans cette foutue prison.

La première journée défile comme un cauchemar. Garlan apprend les codes de la prison – globalement : fermer sa gueule et éviter de regarder les autres. Il passe de la cafétéria aux ateliers, des ateliers à la cour. Seul, il promène son regard sur cette minuscule étendue d’herbe, avec une dalle en bêton pour délimiter un terrain de basket. Sa vie, pendant cent vingt-et-un-jour, elle va se résumer à ça : une heure de soleil par jour, juste assez pour lui donner envie de se barrer d’ici le plus vite possible.

Le truc, c’est que Garlan n’est même pas certain d’avoir envie de retrouver ce qu’il a à l’extérieur. Sa vie, c’est quoi ? Un boulot de merde, une famille qui ne le connait pas vraiment, des potes qui le lâcheraient peut-être aussi s’ils savaient qu’il était gay. Et Ivar. Ouais, Ivar, c’est le truc le plus lumineux de son existence, le truc qui lui donne la sensation de vraiment respirer. S’il part, c’est fini tout ça. Cette pensée, ça lui creuse déjà un vide dans le corps.

Il est dix-huit heures lorsque les gardiens les appellent pour rentrer. L’un d’eux s’approche de lui, lui tend une carte magnétique. “C’est pour appeler” lui explique-t-il “quelqu’un vient de la créditer pour toi.” Garlan la saisit entre ses doigts et la fourre dans sa poche. Il a terriblement conscience de tenir, dans sa main, le seul moyen d’apaiser un peu le manque qui l’engloutit.

De l’apaiser, ou de le creuser définitivement.

Pendant le temps libre, il s’approche des cabines téléphoniques. Il y en a plusieurs, les unes à côté des autres et Garlan doit attendre son tour pour pouvoir y avoir accès. Son cœur bat trop vite dans sa poitrine, il se trompe même en composant le numéro d’Ivar et doit s’y reprendre à deux fois. Finalement, la sonnerie retentit. Une fois, deux fois.

Il ne va pas répondre.

Peut-être qu’il ne veut plus lui parler.

Ivar décroche juste avant la dernière sonnerie.

“Iv’ ? C’est moi.”

Il ne sait même pas pourquoi il s’annonce. Ce n’est pas comme si son mec connaissait d’autres taulards. Un silence s’installe, si lourd, si gluant, si douloureux. Il a une boule dans la gorge, une autre dans le cœur, une autre dans l’estomac et les yeux remplis de larmes qu’il contient en se mordant la lèvre. Les premiers mots qui s’élèvent sont écrasés par la culpabilité et la tristesse :

“Je suis tellement désolé...”
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeDim 14 Avr 2024 - 10:07
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Iv10
Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste, déçu et fâché, pardon

Tellement de colère. C’est tout ce qui tient Ivar debout aujourd’hui. Hier, il se sentait désespéré, vide, seul. Aujourd’hui, il y a un monstre qui lui dévore les entrailles et lui donne envie de tout casser. C’est si fort comme émotion qu’il se reconnaît à peine ; lui, c’est un garçon calme, sage, conciliant. Pas du tout le genre à vouloir renverser des tables. C’est tellement confus et intense, cette colère, qu’il a du mal à savoir contre quoi il la dirige ; ou plutôt contre qui. Il en veut à Garlan, à lui-même et au juge qui a détruit tout son équilibre en un coup de marteau, sans savoir ce qui prend le dessus.

Le plus insoutenable, c’est qu’il n’a absolument rien vu venir. Le garçon qu’il aime et celui dont on a détaillé les méfaits hier au tribunal ne peuvent pas être les mêmes personnes. Peut-être que c’est ça, finalement. Peut-être qu’il ne connait pas vraiment Garlan.

Cette pensée-là en particulier, elle lui tord les tripes. C’est immédiat, ça lui donne la nausée dès qu’il effleure cette hypothèse.

En même temps, ça lui pendait au nez et il n’a simplement pas voulu le voir. Ça fait six mois qu’ils sont officiellement en couple, après une période un peu floue et instable où Garlan ne cessait de lui envoyer des signaux contraires. « Officiellement » est un grand mot puisque les termes ne sont connus que d’eux deux. L’essentiel de leur existence de couple reste contenue entre les quatre murs de l’appartement de Garlan, là où ils n’ont rien à cacher. Ivar parle un peu de leur relation à ses amis les plus proches et à certains membres de sa famille mais sans jamais entrer dans les détails. C’est tout. Ils ne se sont jamais présentés les uns aux autres.

Alors Ivar ne sait pas grand-chose de ces « amis » que Garlan a décidé de suivre pour commettre un délit, au détriment de sa sécurité et de celle de cette pauvre famille qui n’a rien demandé. Et maintenant, il se sent tellement stupide de l’avoir cru quand il lui promettait qu’il se tenait loin de ses mauvaises fréquentations, tellement honteux de ne pas avoir cherché à creuser le sujet. Comme d’habitude, il a voulu laisser du temps à Garlan, le laisser s’ouvrir à lui, parce qu’il sait que c’est un taiseux et qu’il est encore loin d’être prêt à assumer son homosexualité au grand jour, alors il cloisonne tout.

En fait, Ivar a choisi en toute connaissance de cause de s’engager dans une relation compliquée et peu sécurisante, il s’est laissé maintenir à distance d’une grande partie de la vie de Garlan en pensant que c’était mieux pour eux deux pour le moment et maintenant, il se plaint des conséquences de ses propres choix.

Il y a de quoi pleurer d’ironie.

Hier, il se sentait malheureux, aujourd’hui il se déteste. Et comme toujours quand il se déteste, Ivar rouvre ses placards à l’instant où il rentre chez lui après sa journée de travail interminable.

Dix-huit heures. Il n’a toujours pas débarrassé le bar de sa cuisine où s’entassent les cadavres de son orgie alimentaire. Il est retourné sous ses draps avec l’envie de ne plus jamais en sortir. La seule chose qui le fait bouger, c’est la sonnerie de son Pear One posé sur sa table basse, affichant un numéro inconnu.

Il ne sait pas pourquoi ni comment, mais il est certain que c’est Garlan.

Pendant un instant, il envisage de ne pas décrocher parce qu’il n’a aucune envie de lui parler. C’est trop tôt, c’est trop vif, encore. La seule chose qui le retient de reposer son Pear, c’est de se rappeler que maintenant, Garlan est en prison. Et ça implique notamment qu’il ne sera pas joignable quand lui, Ivar, aura décidé qu’il veut bien lui parler.

Il accepte l’appel, d’un geste morne. Sa voix n’est rien qu’un filet quand il dit « allô » sur un ton machinal.

« Iv’ ? C’est moi. »

La douleur.

Ça le saisit d’un coup à la gorge, au coeur, à l’estomac. La voix brisée de Garlan à l’autre bout du fil, c’est tout ce qui suffit à faire remonter chez Ivar un profond désespoir, sans que ça ne remplace la colère qui s’agite encore en lui. C’est pire encore, tout se mélange.

« Je suis tellement désolé... »


Ivar ne peut même pas douter de la sincérité de Garlan, parce qu’il entend toute sa culpabilité et tout son mal-être dans sa voix. D’être témoin de ça sans pouvoir le voir ni le toucher, ça lui tord les boyaux, ça lui donne immédiatement envie de pleurer. Il lui manque tellement, c’est vertigineux.

C’est la première fois que cette part de lui qui aime toujours follement Garlan et qui est prête à tout lui pardonner vacille face à un obstacle de taille ; une autre part de lui-même qui, elle, se sent trahie et pas assez entendue. Ivar a la sensation d’avoir tellement pris sur lui pour faire marcher leur relation. Il a déployé des trésors de patience, de compréhension, d’écoute, de compassion avec lui.

Tout ça pour se retrouver là aujourd’hui, à l’entendre marmonner des excuses qui ne sont pas du tout à la hauteur de ce qu’il mériterait.

Non, en fait, il lui a trop facilité la vie, décide Ivar. Alors, cette fois, il ne complètera pas ses phrases à sa place. Après un long silence, il répond d’une voix tremblante de toutes ces émotions contradictoires qui bouillonnent en lui :

« Tu es désolé de quoi, Garlan ? »

Un silence interminable s’étire entre eux.

« De… De tout. J’aurais jamais dû faire ça, je… »

Et un nouveau silence.

Garlan pleure, c’est évident. Ivar l’entend, ça le remue. Lui aussi, il essuie les larmes qui coulent sur ses joues. Cette conversation a à peine commencé et elle est déjà atroce. Il ne peut pas dire qu’il entend ce qu’il aimerait entendre. En même temps, ce n’est sans doute pas à travers la distance de ce combiné, sur le temps limité qu’il a pour l’appeler, qu’il pourra avoir la discussion dont il a besoin.

Alors Ivar pose une autre question, celle qui le hante depuis qu’il a vu Garlan sur le banc des accusés :

« Est-ce que c’est vrai, tout ce que ton avocate a dit, pendant le procès ? 
-Ouais… » A l’autre bout du fil, il se racle la gorge. « Ouais, c’est vrai. Y a un mec qui m’a demandé de conduire une caisse et… Et je l’ai fait mais j’aurais pas dû, putain, je sais que j’aurais pas dû faire ça. »

Évidemment. C’est souvent comme ça, avec Garlan. Il renvoie cette impression qu’il n’a aucun contrôle sur sa vie, aucun pouvoir de décision, alors que c’est faux. C’est la première fois qu’Ivar en ressent un vif agacement.

« Pourquoi tu l’as fait, alors ? réplique t-il.

- J’en devais une à ce gars… Un truc qu’il avait fait pour moi il y a quelques années… Un truc de merde. Une raison de merde. Je sais que j’ai pas d’excuse. » Il prend une inspiration. Ça s’entend dans le combiné. « Ecoute, Iv… Je sais que j’ai trop merdé. Avec ce cambriolage à la con, avec toi… » Silence, à nouveau. Puis il achève, à voix basse : « Je comprendrai, si tu me quittes. »

Ivar garde le silence, sonné par cette sentence qui lui fait l’effet d’une gifle en pleine figure. Avant-hier encore, c’était inconcevable qu’il puisse rompre. Depuis hier, il ne sait plus du tout où il en est. Il sent que quelque chose lui échappe chez Garlan, une part entière de son être à laquelle il n’accède pas. D’ailleurs, cette explication qu’il lui déroule en est bien la preuve : sa logique lui semble totalement ahurissante. A quel moment c’est acceptable pour lui de participer à un cambriolage pour la seule raison qu’il… devait rendre un service à quelqu'un ? Depuis quand on se demande ce genre de service entre amis ?

Honnêtement, ça lui fait peur. Accompagner Garlan sur son cheminement tortueux vis-à-vis de son homosexualité, Ivar s’en sent à peu près capable. Être avec quelqu’un qui semble avoir un référentiel du bien et du mal différent du sien, ça, il ne sait pas.

C’est ce qu’il finit par avouer, d’une voix tremblante :

« Je… Je sais pas. J’ai besoin de réfléchir. »
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeDim 14 Avr 2024 - 22:29
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Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, vit une mauvaise journée parmi les 122 mauvaises journées.

11 juillet 2023

Sept jours depuis son transfert à la prison de Pentonville. Dès le lendemain de son arrivée, les autres détenus se sont mis à l’appeler “la chialeuse” parce qu’il est sorti de son appel avec Ivar avec les yeux rouges et une envie de crever au fond de son ventre. Depuis, il entend ses mots en boucle dans sa tête. La colère dans sa voix. La déception dans ses silences. Et cette phrase laissée en suspens, juste avant qu’il ne raccroche.

“Je sais pas. J’ai besoin de réfléchir.”

Et en même temps, il ne lui a pas donné une seule raison de rester. Il a marmonné des excuses, la voix alourdie par la culpabilité et le chagrin, sans même lui expliquer les véritables raisons de cette décision merdique qu’il a prise. Il ne l’a pas supplié de rester, ne lui a pas dit : “je t’aime, t’es la personne la plus importante de ma vie, me quitte pas s'il-te-plaît” pas parce qu’il ne le pense pas – au contraire, même, tout son corps le hurle – mais parce qu’une part de lui est intimement persuadée qu’il n’est pas digne de dire ces mots. C’est bon, il s’est trop grillé. Il a merdé les premiers mois de leur relation, à disparaître pendant des jours. Il a merdé le jour où Ivar lui a dit qu’il pensait à repartir en Norvège. Et il a merdé là, avec cette condamnation, après lui avoir promis au moins deux fois qu’il avait arrêté toutes ses conneries.

Au fond, il pense vraiment qu’Ivar serait mieux sans lui.

Même si lui, sans Ivar, c’est le vide. Mais alors le vide, un truc vertigineux qui lui donne envie de vomir. L’éloignement lui fait prendre conscience de ça à chaque heure qui passe. Il a été tellement con qu’il pourrait s’en éclater la tête par terre. Mais Garlan ne fait rien, bien entendu. Il ne fait rien et il attend que les heures passent, que les jours passent, avec du vide dans les yeux et dans le corps. Ce matin, c’est encore plus fort que tous les autres matins parce qu’il se réveille en se disant deux trucs : il a perdu le mec qu’il aime vraiment et son frère est mort depuis huit ans.

Vertige.

La journée s’écoule comme toutes les autres ; Garlan a l’impression de flotter à côté de son corps. Il parle à peine ; il préfère se faire oublier et le bleu qui s’étend sur sa mâchoire est moins douloureux quand il se tait. Ce coup, c’est un cadeau de bienvenue qui date d’il y a deux jours. Ici, on n’aime ni les tapettes qui pleurent au téléphone, ni les poucaves qui balancent leurs potes. Le message est clair.

Depuis, Garlan évite de parler.

Vers dix-sept heures, un gardien vient le chercher. Il y a quelqu’un pour lui au parloir. Immédiatement, Garlan pense à quelqu’un de sa famille. Morgane est déjà venue le voir, Célice aussi. Et puis, il sait que ses frères et soeurs ont passé la journée ensemble, aujourd’hui. Ils font ça depuis huit ans et, même si personne ne parle d’Yvain dans ces moments-là, tout le monde sait que c’est pour lui.

Alors il avance vers le parloir sans imaginer une seule seconde que son regard va croiser celui d’Ivar au moment même où il va pousser la porte.

Il se fige et il faut que le gardien le pousse dans le dos pour qu’il avance.

Son cœur bat à toute vitesse dans sa poitrine, c’est douloureux et ça fait un bruit monstre dans sa tête. Ça remplace toutes ses pensées, ça chasse tous les mots qui voudraient s’incarner dans sa bouche.

Alors il le regarde juste comme un con, avec la gorge nouée. Il a une envie féroce de se jeter dans ses bras, un truc violent qui lui tord le ventre quand il se contente de s’asseoir face à lui.

“Salut” lâche-t-il. Il a mille questions dont il n’est pas sûr de vouloir les réponses. Tout s’embrouille dans sa tête, ça fait un mélange confus qui se lit dans son regard. “Je savais pas si tu viendrais.”

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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeLun 15 Avr 2024 - 4:42
Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Iv10
Ivar Haavik, 22 ans, frère de Liv, infirmier à Sainte-Mangouste, beaucoup trop amoureux pour rester fâché longtemps

Ivar est un garçon organisé. Il tient tous un tas de notes et de listes dans un carnet qu’il a toujours sur lui, en plus d’un agenda qu’il tient à jour. Sur la date du 11 juillet figure une phrase qu’il a écrite quelques mois plus tôt.

« Prendre soin de Garlan ».

Juste ça. Il n’a pas voulu écrire des termes comme « anniversaire de la mort du frère de Garlan » qui lui semblaient trop crus et indélicats pour un sujet aussi sensible. Alors il a simplement inscrit cette phrase en sachant qu’il saurait ce que ça voulait dire.

Ivar a mis du temps à sortir du lit ce matin. Sous ses draps, il est resté plongé dans ses pensées, avec un noeud dans l’estomac. Entre Garlan et Yvain, ce grand frère qui est décédé huit ans plus tôt, il y a cinq ans de différence. Exactement la même différence d’âge qu’il y a entre Ivar et l’une de ses grandes soeurs, Freyja. S’il se met à la place de Garlan, ça veut dire qu’il aurait pu voir Freyja disparaître brusquement de sa vie, à un moment où il n’avait que quatorze ans.

Rien que l’idée lui paraît insoutenable.

Forcément, Ivar fait le parallèle. Il ne sait pas grand chose de la famille Davies mais ce qu’il sait, c’est qu’ils sont aussi nombreux que des Haavik, avec tous ces rapports particuliers de relations quasi-filiales qui existent dans les grandes fratries. Freyja, Finn, Sigrid, Thyra… les quatre aînés de la famille, ce ne sont pas seulement les plus grands d’entre eux. Ce sont aussi les papas et les mamans quand les vrais parents n’ont pas l’énergie ou le temps de s’occuper d’eux, les trois derniers, Liv, Ivar et Anja. Et ils ont tous leur petit rôle bien défini et bien rôdé depuis des années. Thyra est leur oreille compatissante, celle qui les console quand ça ne va pas, qui les appelle quand ils sont malades et qui leur dit de faire attention quand ils sortent, même encore aujourd’hui qu’ils sont tous majeurs. Sigrid, la grande soeur rigolote qui les charrie gentiment, les emmenait tout le temps au parc d’attractions, leur filait discrètement quelques pièces pour qu’ils aillent s’acheter des bonbons et les couvre de cadeaux à Noël sans se préoccuper de l’état de son compte en banque. Finn, celui qui aide aux devoirs et qui rend service, toujours à faire du transplanage d’escorte pour les petits, à s’occuper de la paperasse et à donner de sages conseils. Freyja, plus discrète et distante en apparence, mais qui veille férocement sur eux - Ivar la soupçonne d’avoir plusieurs fois joué des mauvais tours de magie à des enfants qui le harcelaient, plus jeune.

Ivar sait qu’il y a quelque chose de cet ordre-là chez les Davies aussi, parce que forcément, les grands écarts d’âge créent ce type de rapports. Il ne sait pas exactement ce que représentait Yvain pour Garlan car il s’est montré très pudique à son sujet la seule fois où ils en ont parlé. Tout ce qu’il sait, c’est que cette perte brutale a construit en partie le jeune homme méfiant, défensif et mal à l’aise dans les hôpitaux qu’il est devenu aujourd’hui.

Aujourd’hui, c’est le triste anniversaire de la mort d’Yvain et Garlan doit l’endurer tout seul, derrière les barreaux de sa cellule.

Comme ni son amour ni de sa compassion pour lui n’ont disparu, Ivar passe la journée avec cette boule dans l’estomac jusqu’à dix sept heures, heure à partir de laquelle les visites à Pentonville sont autorisées. Aujourd’hui, il vient rendre visite à Garlan. Il a décidé ça hier et ce matin, pendant ce long moment passé dans son lit, il a confirmé cette décision.

Ça fait sept jours qu’Ivar est dans sa tête et maintenant, il n’en peut plus, il a besoin de le voir. Il n’a pas cherché à l’appeler de nouveau, préférant prendre le temps de réfléchir de son côté. Ce qu’il en a conclu, c’est d’abord que Garlan et lui ne peuvent pas continuer comme ils l’ont fait jusqu’à maintenant, dans un secret si total et un tel cloisonnement qu’Ivar en arrive à se demander s’il connait vraiment son partenaire. Ensuite, il a convenu que ce que Garlan a fait n’a pas changé ses sentiments pour lui ; il l’aime toujours, il l’aime si fort que tout son être le pousse encore vers lui et que c’est une torture de ne pas pouvoir le voir comme il le voudrait.

Ce n’est pas sur le plan de ses sentiments qu’Ivar se sent instable et attaqué, mais plutôt sur la confiance qu’il accorde à Garlan et à leur relation. Il a besoin de certaines garanties s’il veut retrouver un minimum de sérénité. Si Garlan ne lui donne pas ces garanties-là, c’est terminé, s’est-il promis. Il arrête tout et tant pis si cette perspective lui donne envie de mourir juste à y penser.

Il est tout pâle et nerveux quand il franchit la porte de la salle où des dizaines de tables sont placées, relativement proches les unes des autres, pour accueillir les détenus et leurs proches. Bon sang, c’est glauque, cet endroit. Pas du tout fait pour avoir cette conversation intime qu’il aimerait avoir avec Garlan. En même temps, au téléphone, ce n’est pas beaucoup mieux alors… Ils devront se contenter de ça.

Ivar s’installe à la table la plus à l’écart qu’il peut trouver, près de la fenêtre, et quelques instants plus tard, Garlan arrive devant lui. Ça lui fait un énorme coup au coeur de le voir comme ça, dans sa combinaison beige, le regard cerné. On dirait même qu’il a un peu maigri, est-ce qu’on peut maigrir comme ça en seulement sept jours ?

Mais ce qui retient le plus son regard, c’est cet hématome sur sa mâchoire dont la vision horrifie Ivar. Tout ce qu’il avait prévu de dire passe à la trappe et il s’inquiète aussitôt :

« C’est quoi ce bleu, qu’est-ce qui s’est passé ? »

Sa main fait un mouvement réflexe vers lui, qu’il contient juste à temps. Bien sûr que non, il ne va pas caresser sa mâchoire ici, devant tous les autres détenus et gardiens de la prison. Garlan n’était déjà pas à l’aise avec les effusions en public, mais alors dans un endroit comme celui-ci, c’est pire. Ivar noue ses mains ensemble sur la table, le coeur serré.

Garlan s’agite, visiblement mal-à-l’aise.

« C’est rien… » Il y a un silence et le regard insistant d’Ivar le force à poursuivre : « Un genre de bizutage. Les gens ici, ils aiment pas trop les balances.
-Mais… Les gardiens font rien ? »

C’est sûrement naïf de sa part comme réflexion mais Ivar est très loin de ce monde-là et dans son esprit, c’est inconcevable qu’on puisse maltraiter des prisonniers dans un Etat de droit.

« Bah… Pas quand ils voient pas ce qui se passe. Mais ça va. C’était juste une fois. Ça va. »

Ça ne va pas du tout. Ivar est catastrophé et ça se voit sur son visage. C’est à son tour de trouver sa chaise inconfortable et de s’agiter dessus. Puisqu’il n’a aucun moyen d’action, il se rabat sur la seule chose qu’il peut faire pour Garlan ; il ressort sa casquette d’infirmier.

« Il y a un bien une infirmerie ici, non ? Ils t’ont donné un truc là-bas ? » Ça doit lui faire mal, vu l’étendue et la couleur de l’hématome. « Il faut que tu mettes du froid dessus et de l’arnica, ça soulage un peu. »
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeLun 15 Avr 2024 - 6:09
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Garlan Davies, 23 ans, frère d'Avalon et oncle d'Elio, minable mais reconnaissant


Ivar s’inquiète. C’est son truc ; il s’inquiète tout le temps pour les autres. Pour ses patients, bien sûr. Pour ses parents. Pour ses sœurs et pour son frère. Pour lui. Un jour, alors qu’ils n’étaient même pas vraiment ensemble, il a débarqué en pleine journée chez Garlan alors qu’il était cloué au lit à cuver une grippe énervée avec la totale : la fièvre, les frissons, la gorge douloureuse, les courbatures dans tout le corps. Il est venu comme ça, de lui-même, parce que c’est ça qu’il fait, Ivar : prendre soin des autres, sans que personne ne le lui demande. Il lui a préparé du thé, de la soupe, a mis un linge froid sur son visage brûlant et lui a caressé les cheveux pendant qu’il délirait à moitié à cause de la fièvre. Garlan se souvient très bien de la sensation que ça lui a fait, ce jour-là ; un truc hyper tendre dans le cœur.

C’est le même sentiment, là, quand il s’inquiète de ce coup apparent sur sa mâchoire. Une tendresse dans le cœur, de la douceur dans le ventre. Ivar vient le voir en taule – en taule, putain – et la première chose qu’il fait, en le voyant, c’est de s’inquiéter pour lui.

Il n’en mérite pas un gramme.

Garlan ne manque pas le geste presque instinctif que son petit-ami amorce vers lui. Il tend sa main entre eux, comme pour venir poser ses doigts sur sa mâchoire et ça fige quelque chose en lui. La peur, c’est comme une flèche, ça fuse. Puis Ivar suspend son mouvement, ramène sa main vers lui et la flèche redescend pour laisser simplement le vide. C’est exactement comme sept jours plus tôt, dans cette salle d’audience, quand il a eu cinq minutes pour enlacer ses proches et qu’il n’a pas pu se résoudre à le retenir. Là, c’est pareil ; il meurt d’envie de le sentir contre lui, d’enfouir son visage dans son cou, de déposer des baisers sur ses lèvres mais, tout ça, ça demeure des idées dans sa tête. Jolies et cruelles.

Ses mots, sont moins prolifiques que les images qui dansent devant ses yeux. Il ne veut pas inquiéter Ivar plus qu’il ne l’est déjà, le laisser penser qu’il est en danger ici. Ça va, répète-t-il. C’est juste un coup, juste une fois. Garlan a bien compris ce qu’il doit faire pour éviter de se retrouver confronté à ces types : fermer sa gueule. Ça tombe bien, il excelle dans le domaine.

“Oui...” répond-il lorsqu’Ivar le questionne sur la présence d’une infirmerie dans la prison. Il n’y est pas allé, encore ; pas envie de donner des billes aux gars qui l’appellent la chialeuse. “Ouais, ok, j’irai les voir” dit-il sans trop y croire. Il ajoute : “Mais ça me fait plus vraiment mal, t’inquiète.”

Un léger silence retombe entre eux. Garlan a mille choses à dire mais rien ne sort de sa bouche. Il frotte ses mains, comme il le fait souvent quand il est mal-à-l’aise et finit par lâcher la première fois qui enserre son cœur depuis son incarcération :

“J’étais pas sûr que tu voudrais encore me voir.”

Ivar bouge un peu sur sa chaise, regarde autour d’eux. Il baisse les yeux vers ses mains nouées, hésite avant de dire d’une voix un peu plus basse :

“Tu me manquais. Et je... je voulais pas que tu sois seul aujourd’hui.”

Ça le remue, Garlan, d’entendre ça. Il sait pourquoi Ivar dit ça, il se souvient du jour où il lui a parlé de la mort de son frère. C’était le dix-neuf avril – le jour de l’anniversaire d’Yvain, pour le coup. Il s’est réveillé en pensant qu’aujourd’hui, son frère aurait eu vingt-huit ans. Ça lui a foutu un coup, comme chaque année. Pourtant, il ne pense pas si souvent que ça à Yvain. Mais il y a deux dates, le dix-neuf avril et le onze juillet, où ça le hante comme si son enterrement, c’était hier.

Yvain, ça a toujours été son grand-frère. Son vrai grand-frère, pas comme Galaad et Nero qui se sont toujours pris pour ses darons (et qui n’ont jamais arrêté de se prendre pour ses darons). Avec Yvain, il y avait moins ce rapport un peu biaisé ; il a toujours été le petit mais il n’était pas l’enfant. Ils pouvaient parler de trucs, parfois. Yvain, il avait confiance en lui. En ce qu’il pouvait faire. Il lui a dit un truc, un jour, quelque chose comme : “un jour, toi et moi on aura de la thune à plus savoir quoi en foutre et on se tirera de cette ville merdique, c’est sûr.”

Du coup, il est mort et lui, il est en taule.

Il y a de la reconnaissance dans le regard que Garlan pose sur Ivar. Une certaine émotion, aussi, qui se lit dans les plis de sa bouche.

“Toi aussi, tu m’as manqué” murmure-t-il d’une voix si faible qu’elle sort en filet.

Ivar Haavik
Ivar HaavikInfirmier à Sainte-Mangouste
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeMar 16 Avr 2024 - 9:15
C’est tellement dur d’avoir cette conversation ici. De devoir surveiller ses mots et le volume de sa voix pour garder cet échange privé. D’entendre Garlan lui dire qu’il lui manque aussi, sans pouvoir le serrer dans ses bras. De ne pas pouvoir le toucher du tout, alors qu’il a désespérément besoin de son contact.

C’est d’autant plus douloureux et insupportable que les mots, ce n’est pas le truc de Garlan. Ivar le voit lutter, pincer ses lèvres, entortiller ses mains. Il sait que s’il pouvait passer par le toucher, Garlan lui dirait bien plus de choses que ces mots qu’il articule péniblement, avec la crainte d’être entendu.

Mais ils n’ont pas d’autre choix que de s’en contenter.

Après un silence lourd de leurs émotions tues, Ivar reprend la parole dans un murmure :

« J’ai besoin de… te poser quelques questions. » D’un hochement de tête, Garlan lui donne son assentiment. Ivar poursuit, sans se rendre compte qu’il bat nerveusement une mesure avec son pied. « Le mec avec qui tu as monté ce coup… C’est qui pour toi ?
-Un pote… » Garlan s'interrompt, puis reprend : « Un ancien ami de mon frère. Milo. Ils étaient au collège ensemble et quand… » Sa bouche se crispe un peu. « Quand Yvain est mort et que j'ai commencé à faire de la merde, il m'a tiré d'un truc. Et j'ai pas monté ce coup avec lui, précise-t-il. J'ai rien monté du tout. Il m'a appelé le matin, le gars qui devait conduire les avait lâchés, il avait besoin de quelqu'un d'autre et... J'ai rien monté » répète-t-il avec l'intonation de celui qui a besoin d'être cru.

Dans sa poitrine, le coeur d’Ivar bat à toute vitesse. La défense de Garlan pendant le procès reposait effectivement sur le fait qu’il s’était fait embarqué à la dernière minute, sans participer à la préméditation du coup. Il n’apprend pas de nouveauté sur ce point, en revanche, l’entendre de la bouche de Garlan, avec sa voix et ses mots à lui -et non ceux intelligemment tournés de son avocate- ça a bien plus d’impact chez Ivar.

Garlan est sincère, ça se voit et ça s’entend.

Ce qu’Ivar apprend de nouveau, en revanche, c’est la nature de cette loyauté qui l’a poussé à faire une telle bêtise. Un ami d’Yvain, qui l’a sorti d’un mauvais pas. D’accord. Ce n’est pas rien, pas n’importe qui, comme tout ce qui touche à Yvain, pour Garlan, de manière générale. Ça ne justifie pas son acte, en revanche, ça l’explique d’une manière qui permet à Ivar de retrouver une certaine empathie pour lui.

Alors il considère ce point réglé et pose une autre question :

« Et qu’est-ce que tu étais sensé retirer de ça, je veux dire… À part régler cette dette ? »

Une pudique manière de lui demander s’il avait prévu d’empocher une part du butin au passage. Ivar reporte un regard très attentif vers Garlan. Cette question est presque la pierre angulaire de cette conversation, pour lui. Il s’est promis une chose avant de venir : si d’une manière ou d’une autre, il sent chez Garlan une appétence pour le crime, une attirance pour une quelconque forme de violence ou d’argent sale, c’est terminé. C’est la seule ligne rouge qu’il refuse de franchir, même pour un homme dont il est follement amoureux.

Alors, il attend sa réponse, la respiration suspendue, avec le coeur qui bat à mille à l’heure.

« Rien... Je te jure, lui assure t-il. On m'a proposé de la thune mais j'en voulais pas, j'voulais pas être associé à ça. J'ai... Le deal, c'était que je conduise la voiture et qu'ensuite, on me foute la paix. »

Là aussi, Garlan semble sincère.

Ivar a brusquement l’impression de mieux respirer. Sa jambe se détend, il cesse de battre une mesure invisible. Il prend une inspiration, souffle une expiration.

Bon. Garlan a fait un truc stupide, pour des raisons stupides. Mais ce n’est pas un criminel.

Il peut continuer avec ça. Il veut continuer avec ça, crie son coeur. Il y a juste une dernière question qui lui reste en tête, celle qui vise à mesurer son degré de remords.

« Tu le referais, si tu pouvais revenir en arrière ? »
Garlan Davies
Garlan DaviesEn crise identitaire
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeMer 17 Avr 2024 - 3:33
Ivar a des questions. Bien sûr. Garlan ne sait pas exactement pourquoi il les lui pose, s’il en a besoin pour tourner la page ou pour, au contraire, pour la laisser ouverte, mais il y répond avec l’espoir fou que quelque chose puisse survivre à tout ce qui est en train de s’effondrer dans sa vie. C’est sincère, tout ce qu’il lui dit. Milo, ce n’est pas un mec lambda qu’il a rencontré dans un bar et qui lui a proposé un plan pour se faire de la thune. Non, c’est un gars qu’il connaît depuis qu’il a huit ans, un pote d’Yvain qui traînait souvent à la maison. Pas méchant. Même plutôt cool, le genre à lui prendre un Twix quand il passait au tabac acheter ses clopes. La première fois qu’ils se sont revus, après le départ de Garlan pour Leeds, c’était à l’enterrement d’Yvain. Il s’en souvient très bien ; il était au fond de l’église avec l’air gars qui avait juste envie d’en sortir. Quelques semaines plus tard, il lui a envoyé un message pour savoir comment il allait et, quand Garlan est revenu à Londres, ils ont commencé à traîner ensemble.

Ça lui a fait du bien, de retrouver ça. Auprès de Milo, il a retrouvé un peu d’Yvain et cette sensation d’appartenir à quelque chose, à une famille choisie. Une famille qui galère, ouais, mais qui te laisse pas tomber. Et Milo, vraiment, il ne l’a pas laissé tomber. Les flics l’ont choppé, un jour, et il n’a rien balancé sur lui alors qu’il aurait pu le faire et négocier sa sortie. Il n’a pas été incarcéré, cette fois-ci, mais cette arrestation a été ajoutée à son dossier et c’est pour ça qu’il a pris cinq ans, lui, soit deux de plus que tous les autres gars qui étaient avec lui dans la maison, pendant le cambriolage.

Donc oui, quand Milo l’a appelé, Garlan ne voulait pas accepter mais il l’a fait quand même. De là où il vient, l’entraide, c’est tout ce qu’ils ont. On leur refuse toujours tout à eux, les gars qui ne sont pas assez blancs ou pas assez riches ou pas assez diplômés, alors s’ils ne peuvent même plus compter les uns sur les autres, c’est fini. Et oui, c’était con de faire ça, tellement con que ça lui donne envie de se foutre des claques mais, en fait, c’est toute sa vie qui a toujours été comme ça.

Ça ne veut pas dire que ça lui plaît. Il n’a pas ressenti de l’excitation en se glissant derrière le volant de la voiture, cette nuit-là. Pas même un peu d’adrénaline. Juste une bonne grosse angoisse qui lui a bousillé l’estomac et la conscience aigue d’être en train de déconner. Il le savait depuis le début, d’ailleurs, c’est pour ça qu’il a refusé qu’on lui file la moindre thune liée à ce cambriolage. Il sait très bien comment ça se passe, Garlan, ce genre de chose : on finit toujours par remonter la trace de l’argent volé et après, c’est direct la prison. Non : lui, il a dit oui pour conduire la voiture et c’est tout. Après, on lui fout la paix avec ces services de merde.

Du coup, il est en taule et Milo aussi.

A la dernière question d’Ivar, il secoue vivement la tête.

“Jamais de la vie, je...” Il y a deux choses qui expliquent sa réaction : le fait d’avoir été confronté à la famille dans la salle d’audience – ce souvenir, ça lui laisse un goût amer dans la bouche – et les sept jours qui se sont écoulés depuis son incarcération. S’il pouvait, il effacerait tout pour ne jamais avoir à foutre un pied dans un cette putain de prison. Il prend une profonde inspiration. “Tout ce que je veux, c’est revenir en arrière pour... pour changer ça.” Là, ça devient douloureux dans sa gorge. “Et pour pas me retrouver ici aujourd’hui...”

Devant lui, Ivar ne réagit pas tout de suite. Il se mord la lèvre, son visage se baisse et son regard se trouble, avec l’air de celui qui contient son émotion.

« Tu me promets que tu recommenceras pas un truc pareil, alors ? » souffle t-il.

Et là, Garlan sent que le maigre espoir dans sa poitrine se transforme en brasier. C’est trop beau pour être vrai et, pourtant, c’est la seule chose à laquelle il peut se raccrocher. Ça lui fait une bouffée d’air, quelque chose de salvateur qui le pousse à répondre en accrochant le regard d’Ivar :

“Je te jure. Plus jamais. Je te jure” répète-t-il avec un éclat tremblant dans les yeux.
Ivar Haavik
Ivar HaavikInfirmier à Sainte-Mangouste
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeMer 17 Avr 2024 - 6:35
Garlan n’est pas doué avec les mots, c’est vrai, surtout quand il s’agit de parler de ses émotions ou de ses pensées intimes. Il bute, il bafouille, il reste pudique. Il n’est pas doué avec les mots, en revanche, il y a toujours des gestes qui le trahissent, des regards qui veulent tout dire. Ivar, fin observateur, a vite appris à les décoder ; et là, tout ce que lui dit la posture de Garlan, c’est qu’il est malheureux, coupable et rempli de remords.

Même si c’est un spectacle difficile à supporter pour Ivar, c’est ce qu’il espérait voir en venant ici. Il n’aurait pas supporté que Garlan minimise ses actes ou cherche à les justifier, parce que ça aurait signifié qu’ils ont vraiment un sens moral trop différent, tous les deux. Et ça, pour Ivar, c’est un sérieux motif de rupture.

Alors il est profondément soulagé de pouvoir constater par ses propres yeux que Garlan regrette. Il a presque envie d’en pleurer de soulagement et c’est cette émotion qui transparaît dans sa voix quand il pose une dernière question pour se rassurer un peu plus.

Garlan lui accorde alors cette promesse dont il a tant besoin pour pouvoir tourner la page et continuer à se projeter avec lui.

« Ok… » souffle t-il, avec la sensation de pouvoir enfin respirer après des jours dans le noir. « Ok » répète t-il, en passant une main fébrile sur son visage.

Les fourmis dans ses doigts, le stress qui retombe, l’adrénaline qui remonte, ça lui donne le vertige, un peu. Tout n'est pas terminé, Ivar a encore quelques zones d'ombres à éclaircir pour se sentir tout à fait serein. Mais il sait quelle décision il veut prendre sur l'avenir de sa relation avec Garlan. A cette pensée, il sent une telle vague d’espoir l’envahir qu’il sait instantanément qu’il prend la bonne décision. Peut-être qu’il est fou ou stupide mais tout lui semble revenir à sa bonne place, maintenant.

Cette certitude acquise, il relève ses yeux sur Garlan, qui le regarde d’une manière qui lui tire un mince sourire. Lui aussi, il a l’air de nourrir un fol espoir en attendant sa réponse alors Ivar quitte sa posture défendue pour lui partager ses pensées :

« Je t’attendrai. Quatre mois, c’est… » Il allait dire « pas énorme » mais il se retient. En vrai, c’est énorme, ça lui tord le ventre d’y penser, mais il n’a aucune prise là-dessus. Il préfère largement passer ces quatre mois à attendre de le retrouver plutôt qu’à devoir faire son deuil. « Je peux attendre. »
Garlan Davies
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Can't help falling in love [Garlan & Ivar] Icon_minitimeJeu 18 Avr 2024 - 6:08
Ça fait six jours que Garlan est persuadé qu’Ivar va le quitter. Il se lève avec cette pensée le matin et ça lui bousille l’estomac, il s’endort sur cette idée le soir et ça lui tord le cœur. Mais le pire, c’est qu’une part de lui se dit que leur relation est vouée à se terminer d’une manière ou d’une autre. C’est trop compliqué. Ils sont trop différents. Un jour, Ivar va bien s’apercevoir qu’il n’est pas aussi bien qu’il l’imagine et qu’il ne mérite pas tout l’amour et la patience qu’il lui offre. Puis il a vu son regard, le jour de l’audience. Et il a entendu sa voix, quand ils se sont appelé le lendemain de son incarcération.

Pourtant, là, face à lui, il ne peut pas s’empêcher de nourrir un espoir complètement fou. La voix en lui qui dit qu’Ivar ferait mieux de le larguer, elle est toujours là, bien sûr, mais elle est écrasée par le désespoir qu’il se traîne depuis une semaine. En fait, ils vivent dans une bulle depuis des mois – un truc à la fois vraiment terrifiant mais vraiment magnifique – et savoir qu’elle pourrait ne plus jamais exister ça lui donne envie de tout faire pour le convaincre de lui laisser une deuxième chance. Une troisième chance, même, s’il est honnête. Voire une quatrième.

Et c’est terrible parce que ça lui fout encore plus la honte d’espérer ça, ça accentue encore plus sa conscience aigue de ne pas du tout le mériter. Ouais, mais c’est plus fort que lui.

Alors quand Ivar lui dit qu’il l’attendra, il expire comme s’il avait retenu son souffle depuis le début de leur conversation.

Il le dévisage pendant quelques secondes, sans rien dire. Sa main tapote le bord de la table et trahit sa nervosité. Quatre mois, c’est long. Sept jours, c’était déjà l’enfer alors quatre mois, il n’imagine même pas.

“T’es sûr ?” lui demande-t-il avec la voix qui tremble.

Et Ivar est sûr.

Le soulagement qui déferle dans son corps, ça lui donne un vertige.

Son cœur bat fort dans sa poitrine et un sourire étire ses lèvres. Le plus dur, là, c’est le violent élan qui le pousse vers l’avant. Il a tellement envie de l’embrasser que ça lui fait mal de devoir se contenir et de ne même pas pouvoir tendre la main pour la serrer dans la sienne. Tout l’appelle vers Ivar, c’est comme un cri face auquel il doit rester sourd.

Le secret, il ne lui a jamais autant pesé qu’à ce moment-là.

Il lui pèse tellement qu’à défaut de pouvoir le serrer contre lui, il y a des mots qui arrivent en nombre dans sa bouche. C’est rare mais là, ça le déborde parce qu’il sait que c’est la seule chose qu’il peut lui donner. Il se mord la lèvre ; les gens autour, ça l’empêche de parler, ça noue quelque chose dans sa gorge et il ne sait pas comment s’en débarrasser.

Il finit par demander, sans quitter son petit-ami des yeux :

“Est-ce que t’as un papier ou un truc comme ça ?”

Évidemment qu’Ivar a ça sur lui ; c’est un homme organisé qui ne sort jamais sans son agenda. C’est ce qu’il lui tend, un agenda à la reliure noir où des pages et des pages sont déjà noircies de son écriture minutieuse. Il y a des couleurs à l’intérieur, quelques post-it, des rappels. Il a un sourire en feuilletant les pages, les tourne jusqu’à la date du quatre novembre. Ça lui fait mal au cœur ; matérialisé comme ça, ça lui paraît encore plus loin, encore plus inatteignable.

L’écriture de Garlan, plus brouillonne, tranche dans cet agenda bien tenu. Il inscrit quelques mots à l’encre noir.

“Je t’aime tellement. Y a rien que j'aime plus dans ma vie.”

Ça fait rougir ses joues comme un adolescent d’écrire ça. Pourtant, c’est quelque chose qu’il a déjà pu lui dire d’une manière détournée et surtout dans la manière dont il l’appelle. “Mi vida”. Mais c’est différent de le voir écrit là, gravé dans du papier. Il a le cœur un peu troublé et ça se voit dans ses yeux quand il fait glisser l’agenda vers son petit-ami.

“Merci” souffle-t-il avec une émotion contenue dans la voix. “J’ai juste envie de sortir de là...” confie Garlan en fermant douloureusement les yeux.
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