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About last friday night [OS]

Elio Davies
Elio DaviesCapitaine de l'Equipe de Quidditch
Messages : 27
Profil Académie Waverly
About last friday night [OS] Icon_minitimeMar 5 Mar 2024 - 10:43
18 août 2023, chez Néro Davies


"Et là, fit Aimee en soufflant une volute de fumée, il commence à faire le mec et à vouloir faire genre il est menaçant. »

Assis sur un fauteuil de bureau sur lequel il s’amusait à tourner, Elio cessa ses mouvements pour se tourner vers sa cousine, interpelé par cette tournure de phrase. Il fronça les sourcils, méfiant.

« Comment ça menaçant ? Il a fait quoi ?
-Rien, il faisait trop le mec, c'est tout. À avancer un peu comme ça, tu sais. » Elle se redressa pour imiter une posture surplombante. « Et à sortir des dingueries.
-‘tain mais quel gros bouffon, râla Elio. T’as fait quoi, toi, du coup ?
-J'l'ai enchaîné jusqu'à ce qu'il baisse les yeux. » Un sourire se glissa sur les lèvres d'Aimee. « A un moment il a dit "j'baise ta mère" et j'ai répondu "elle est morte " et il s'est senti trop con, du coup il s'est barré. »

Elio secoua la tête -parce qu’il trouvait qu’Aimee avait un humour un peu trop noir parfois- tout en pouffant légèrement -parce que bon, elle était quand même drôle.

« Bien fait pour sa gueule. »

Ce qui le faisait moins rire en revanche, c’était cette propension qu’avait sa cousine à fréquenter les pires types, les plus violents et toxiques. Ce n’était pas la première histoire tordue de ce genre qu’elle lui racontait. Et même si Aimee était pleine de caractère et qu’elle ne se laissait pas marcher dessus, Elio s’inquiétait un peu pour elle. Et si un jour elle tombait très amoureuse, au point de ne pas voir les signaux les plus inquiétants ? Et si elle tombait sur un type manipulateur ? Ou qui décidait d’asseoir son ascendant physique sur elle ? Il exprima ses préoccupations en déclarant :

« Quand même, tu traînes trop avec des connards, meuf, c’est abusé. J’vais te présenter des types bien, moi, avant que tu finisses avec un chien d’la casse, là.
- Oh oui, minauda Aimee. Présente-moi un gentil sorcier en robe… » Elle eut un sourire en coin et ajouta : « J'ai hyper envie de découvrir tout ce que vous pouvez faire avec vos baguettes magiques… »

Le sous-entendu sexuel n’était pas difficile à saisir et dans d’autres circonstances, Elio aurait simplement rigolé mais comme on parlait quand même de sa cousine et que c’était donc un peu gênant, il y eut une forme de protestation dans son hilarité :

« Putaaaain Aim’s ! T’es sérieuse, t’es en roue en libre, là !
- Bah quoi ! se défendit-elle. J'suis sûre que les gens ont trouvé un moyen de les utiliser quand ils baisent. Les gens sont malins dès que ça concerne le cul.
- Mais aaah, arrête ! Je vois des baguettes magiques tous les jours, moi, j’ai pas envie de penser à ce que mes profs font avec, ça m’deg.
- T'es trop pur, Elio, ricana Aimee en écrasant sa cigarette dans un cendrier. T'en es où d'ailleurs avec la meuf sur qui tu baves depuis huit ans, là ? Louise ? »

A cette question, Elio s’entortilla un peu sur sa chaise et changea de position, en ramenant ses grandes jambes contre lui.

« Lou. Et je bave pas sur elle depuis huit ans, t’abuses ! » corrigea t-il en détournant les yeux. « Juste, genre… deux ans. » L’honneur était presque sauf. « Comment ça, j’en suis où, tu veux savoir quoi ? »

Peut-être il essayait de gagner un peu du temps, oui.  

« Bah, je sais pas, t'as tenté un truc ?
-Mmmmmoou…non, pas vraiment » avoua Elio. Voyant l’air d’Aimee, il ajouta précipitamment : « Mais j’vais le faire ! J’attends juste le bon moment.
-Le bon moment depuis deux ans ? Deux ans ? répéta Aimee en haussant les sourcils. Mais Elio, tu sais combien de mecs j'ai pécho en deux ans ?
-Euh… Nan, mais j’veux pas savoir ? »

Aimee balaya cette remarque d'un geste de la main.

« Non mais c'est pour dire : t'as genre mille bons moments dans une année pour tenter un truc. C'est quoi qui bloque ? »

La question laissa Elio silencieux. Elle méritait tout à fait d’être posée et parfois, il s’en voulait et il se trouvait nul de ne pas réussir à faire comme tous les mecs de son âge : pécho la fille qui lui plaisait, sans se poser mille questions. Tout le monde avait l’air de penser que c’était facile et qu’il n’y avait qu’à se lancer mais dès qu’Elio se projetait sérieusement dans le fait de tenter sa chance avec Lou, c’était la paralysie totale. Le bug dans son cerveau.

« Bah… J’sais pas. » Gêné, il bougea à nouveau sur sa chaise, pour changer de position. « Imagine elle dit non ? »

La perspective d’échouer le bloquait totalement. Combien de fois Elio s’était t-il retrouvé devant une feuille d’examen et avait préféré ne rien écrire plutôt que de dire des bêtises ? Un réflexe bien ancré qu’il répétait ici et en plus, les enjeux étaient plus importants encore et donc plus effrayants. On ne parlait pas d’obtenir une note acceptable à un contrôle de métamorphose mais de finir avec un coeur brisé.

Il n’avait pas envie. Il préférait encore croire que c’était possible plutôt que de savoir que c’était sans espoir.

Pour une fois qui n'était pas coutume, Aimee garda le silence pendant quelques secondes. Elle n'avait pas la langue dans sa poche et ne se privait jamais d'exprimer le fond de sa pensée sans détour mais, sur ce sujet en particulier, elle préférait se mordre la langue plutôt que de dire une bêtise. Elio était gêné, cela se voyait à la manière dont il fixait le sol, la tête rentrée dans ses larges épaules et Aimee n'était pas insensible à la vulnérabilité qu'il laissait voir dans cette réponse. Son premier réflexe fut de le rassurer :

« Elle dirait non à 1m90 de muscles et à ton sourire de mec parfait, là ? » Aimee haussa les sourcils, visiblement sceptique. « Si c'est le cas, c'est peut-être juste qu'elle est lesbienne. » Elle reprit, plus sérieusement : « Vous parlez un peu, tous les deux ? »

Elio eut un vague sourire au compliment de sa cousine. Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait remarquer qu’il était beau, qu’il avait du charme. Oui, sans doute, mais pas le genre de charme qui faisait effet chez Lou, visiblement.

« Bah… Ouais, elle est dans la même maison que moi. Tu sais, Poufsouffle. » Il avait déjà expliqué le concept à sa cousine, même si elle avait du mal à retenir les noms qu’elle trouvait un peu ridicules. « Du coup, on fréquente la même salle commune et on a quelques cours en commun, alors ça nous arrive de parler, ouais. Mais c’est pas grand-chose, on est pas vraiment amis, quoi, conclut-il en haussant les épaules. Ça serait plus facile, sinon. J'sais pas trop quoi lui dire pour qu'elle s'intéresse à moi, en fait, confessa t-il en détournant les yeux.
-Bah... Pourquoi tu t'intéresses à elle, toi ? »

Cette question tira un léger sourire à Elio. Ça, il voulait bien en parler. Il se mit en tailleur sur sa chaise.

« Bah… Déjà elle est hyper belle. Puis j’aime bien la regarder quand elle dessine, elle est genre hyper concentrée, tu vois ? Ça se voit que ça la passionne, en plus elle dessine trop bien. Et… Elle est dans la même maison que moi, ça veut dire qu’on a plein de trucs en commun, justement. Les Poufsouffle c’est des gens qui sont hyper fidèles et justes alors… En fait, elle fait un peu la meuf inaccessible mais moi j’sais qu’il y a plus, tu vois ? Parce qu’une fois, bah, elle m’a aidé pour un truc genre… ‘fin bref j’étais pas hyper bien et elle était trop cool avec moi, elle m’a écouté, elle était là pour moi. En vrai, elle est grave gentille. 

- Non mais toi t’es là à me donner des conseils sur les mecs avec qui je sors mais tu parles comme une meuf qui vient de rencontrer un mec toxique mais qui veut croire qu’au fond, il a des failles » commenta Aimee avec un sourire en coin.

Outré de la manière dont elle retournait ses confidences contre lui, Elio tendit le bras pour attraper un coussin sur le lit de sa cousine et le lui lancer en pleine figure.

« Mais vas-y tu soûles ! »

Aimee esquiva mollement le coussin en riant puis le renvoya un peu loin sur le lit. Le ton d’Elio la dissuada de poursuivre ses moqueries et elle se redressa en tailleur pour lui faire face.

« Je déconne, ça va. » Elle le considéra un bref instant du regard. « Le problème c’est que tu l’idéalises trop, cette meuf. Genre je sais pas, tu la vois ici. » Elle leva la main pour donner la mesure. « Et toi, tu te vois là. » Cette fois, sa main se positionna bien plus bas. « Donc forcément ça peut pas marcher. »

Elio se tut brièvement face à cette affirmation. Il ne pouvait pas dire qu’Aimee avait tort. Il tenait en effet Lou en haute estime, il pensait même qu’elle était un peu trop bien pour lui : trop jolie, trop cool, trop assurée. Est-ce que c’était un problème ? Il ne l’avait jamais vu de cette manière. Il lui semblait au contraire qu’en amour, c’était assez normal de placer la personne qu’on aimait sur un piédestal. Curieux de savoir comment Aimee voyait les choses, elle, il l’interrogea :

« Bah… Qu’est-ce que j’devrais faire, du coup, pour toi ? 
-Tu devrais pécho quelqu’un d’autre » déclara tranquillement Aimee en jouant avec le coin de son édredon.

Elio ne s’attendait pas à une telle réponse et cela se vit sur sa figure abasourdie. Il eut un mouvement de recul. Il lui parlait de sentiments forts pour une fille qu’il ne savait pas comment aborder et Aimee lui conseillait de s’intéresser à une autre ?

« Euh… J’vois pas bien le lien, là. 

-Mais si, insista-t-elle. Ca va t’aider à avoir un peu plus confiance en toi. Tu sacralises trop le truc, c’est pour ça que ça te paraît impossible d’aborder Lou. La drague, c’est de l’entraînement, expliqua-t-elle d’un ton docte. Plus tu essaies et plus c’est facile.
-Mouais… » admit Elio face à ce raisonnement qui avait une certaine logique. « J’sais pas. Genre j’vais draguer une meuf pour de faux ?
- Mais non, pas pour de faux. » Aimee roula des yeux. « J’ai pas dit que tu devais lui déclarer ton amour ou j’sais pas quoi. Mais… Y a bien d’autres filles que tu dois trouver jolies, à part Lou ? »

Elio réfléchit un instant. Oui, il y avait bien des filles qu’il trouvait mignonnes dans sa promo. Liv, par exemple, elle avait des beaux yeux bleus. Megan avait un joli sourire (mais elle était terrifiante).

« Ouais… Ouais. Mais je vais pas draguer des meufs de Poudlard, alors que Lou est juste à côté, ça craint, objecta t-il.
-Non, ça, c’est clair. » approuva Aimee. « Heureusement que tu connais quelqu’un qui peut te présenter à quelques meufs vraiment canons et sympas… lâcha-t-elle avec un regard entendu.
-Ah ouais, qui ? » rebondit t-il sans réfléchir, les sourcils haussés dans un signe de léger intérêt.

Cette fois-ci, ce fut à Aimee d’attraper un coussin pour le lancer à la figure de son cousin.

« Bah, moi ! » Elle leva les yeux au ciel, partagée entre le rire et l’exaspération. « Non mais toi, jpp. »

Elio ne dut qu’à ses réflexes de joueur de Quidditch d’attraper le coussin avant qu’il ne l’atteigne en pleine tête car la bougre, elle savait bien viser.

« Oui bah c’était pas clair… » protesta t-il en lâchant le coussin au sol.

Sa figure était pensive, incertain de ce qu’il ressentait. Est-ce qu’il était tenté par la proposition d’Aimee ? Oui et non. Mais en même temps, il n’avait pas forcément envie d’y fermer la porte. Après tout, Elio était un garçon de seize ans comme un autre : curieux de plein de choses, et notamment de découvrir des filles.

« Mais genre t’as qui en tête ? s’enquit t-il. 

-Laisse-moi gérer. » fit Aimee avec un sourire mystérieux. « Je m’occupe de tout. Toi, t’as juste à te contenter d’être BG. » Ses sourcils se froncèrent légèrement et elle agita son téléphone dans les airs. « Et à répondre à mes messages. Elio, tu me mets tellement de remis, sérieux c’est l’abus de ouf… »

To be continued...
Elio Davies
Elio DaviesCapitaine de l'Equipe de Quidditch
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About last friday night [OS] Icon_minitimeMer 6 Mar 2024 - 0:39
19 août 2023

Cette fois, Elio n’avait pas mis de « remis » à sa cousine quand il avait vu le début de son message s’afficher sur son écran. « Viens chez moi on fait lmur. Met des vraies fringues. Pas tes sweat de clodo »

Il avait bondi hors de son lit où il était avachi. Quand Aimee lui avait dit la veille qu’elle s’occupait de tout, il ne pensait pas qu’elle allait l’inviter à une soirée dès le lendemain. Une brève panique s’empara de lui. Il n’avait même pas eu le temps de se préparer mentalement ! Il n’en avait même pas parlé à Clifford, encore ! Un second message de sa cousine lui donna un autre coup de pied au cul.

« Bouge toi on pars à 22. »

Mon Dieu. En comptant le temps d’aller chez Aimee, ça lui laissait à peine trente minutes pour se préparer.

Trente minutes chaotiques, ponctuées de bruits de trucs qui tombent dans la salle de bains, d’insultes murmurées quand il manqua de glisser en sortant de la douche, de longs « pshhhht » de déodorant, de gémissements devant son miroir parce que ses cheveux voulaient jamais se mettre correctement, de mains qui farfouillent dans son armoire en y mettant le plus grand bazar pour trouver un jean et son plus beau T-shirt.

Évidemment, dans cette mise, il attira l’attention de sa mère en passant dans le salon :

« Tu vas où comme ça, chéri ?
- Chez Aim’s.  
- C'est pour les jolis yeux de ta cousine que tu acceptes de lâcher le jogging que tu as porté toute la journée ? »

Toujours trop perspicace, la daronne.

« Bah… J’sors avec elle, avoua t-il, mais promis j’rentre pas trop tard.
-Tu t'attires pas d'ennui, hein, lui rappela sa mère. Et si t'as besoin qu'on vienne te chercher, tu envoies un message. Et, ajouta-t-elle après une seconde de silence, tu laisses pas ta cousine monter dans la voiture du premier type qui passe, sinon ton oncle va faire un infarctus.
-Promis, mam’s » assura t-il. Il dut se pencher pour pouvoir embrasser sa mère qui faisait trois têtes de moins que lui. « À plus ! »

Quelques arrêts de métro plus tard, Elio arrivait au bas de l’immeuble en briques sombres où vivait Aimee. Prudemment, il lui envoya un message pour dire qu’il était en bas, plutôt que de monter ; les relations entre Néro et sa fille n’étaient pas toujours au beau fixe, Elio pariait toutes ses économies qu’ils étaient probablement en train de s’écharper sur la tenue qu’Aimee portait pour sortir, à savoir le truc le plus dénudé de sa garde-robe. Il sut instantanément qu’il avait raison en la voyant pousser la porte du hall d’un geste excédé.

« Putain, mon daron me casse les couilles, lâcha-t-elle avant même de lui dire bonjour. "Tu sors où habillée comme ça ?" » fit-elle en empruntant une voix basse pour imiter celle de son père. « "Ca couvre rien, ton haut là" » Elle roula des yeux. « Quel gros boomer, il comprend R à la mode en plus. »

Elio étouffa un sourire. Une part de lui avait toujours admiré le culot monstre d’Aimee, qui ne laissait rien ni personne lui dicter sa conduite, pas même son père -qui était pourtant un type plutôt impressionnant.

« On va où, du coup ? demanda t-il.
-Chez Kathleen, une meuf de mon lycée. Elle déteste son prénom donc on l'appelle Kate » précisa-t-elle. Elle coula un regard vers lui et hocha la tête. « J'ai eu peur que tu mettes un de tes vieux joggings troués là.
-Ça va, j’mets pas que ça non plus » protesta t-il pour la forme.

Aimee et lui s’engouffrèrent dans une bouche de métro et descendirent sur le quai. Le voyant orange affichait six minutes.

« Et y aura qui à cette soirée ? demanda Elio en s’appuyant contre le mur carrelé.
-Des potes à moi, répondit Aimee en consultant son téléphone.
-Ah ouais, plus précis tu meurs, râla-t-il.
-Ohhh mais ça va. » souffla sa cousine. Son regard se releva vers lui et un sourire se glissa sur ses lèvres. « T’es stressé ?
-Mais pas du tout. » Si, un peu. « C’est juste pour savoir.
-Y aura des potes à moi… répéta Aimee d’une voix un peu traînante. Mais y a surtout une pote à moi que je veux te présenter. »

Elio s’agita un peu. Il était à la fois curieux et un peu embarrassé.

« Et elle s’appelle comment ?
-Riley. Tu verras, elle est cool. » conclut Aimee alors que le métro approchait.

Riley était effectivement cool. Elle souriait beaucoup et riait fort. Malgré sa petite taille, elle prenait beaucoup de place et ne semblait pas être impressionnée par grand-chose. Parce qu’Aimee lui avait dit qu’elle voulait la lui présenter, Elio ne l’approcha pas comme une simple fille qu’il rencontrait en soirée. Son regard était déjà un peu biaisé lorsqu’il se posa sur elle ; sans surprise, il la trouva assez jolie. Peut-être pas aussi jolie que Lou – qui avait un visage terriblement régulier et doux – mais elle avait beaucoup de charme avec ses yeux bruns étirés en amande et ses cheveux châtains qui encadraient son visage.

« Riley, j’te présente mon cousin, Elio.
-Ahh mais c’est toi le fameux cousin d’Aimee ! » s’exclama Riley en s’avançant vers lui. Elio dut se pencher pour l’étreindre car elle était beaucoup plus petite que lui. « Aim’s parle souvent de toi.
-Ah ouais ? réagit-il en glissant un regard vers sa cousine.
-Oh ta gueule, râla cette dernière en souriant.
-Ouais, ouais, va faire ton numéro de meuf inaccessible avec Kyle, il vient d’arriver » lui indiqua Riley en lui désignant un garçon d’un geste de la main.

Elio tourna un regard soucieux vers le garçon qu’elle venait de désigner, auquel s’intéressait visiblement sa cousine, juste histoire de jauger son attitude. Le prochain connard en chef de la vie d’Aimee ou quelqu’un de plus sympa ? Il la vit approcher un type qui portait une chaîne autour du cou, une casquette de baseball vissée sur le crâne, tenait une bouteille de bière dans une main et un joint dans l’autre. Ça commençait mal, déjà. La voix moqueuse de Riley, plus proche de lui que tout à l’heure, le tira de ses pensées :

« Protecteur avec ta cousine ? »

Le regard d'Elio se détacha de la silhouette d'Aimee pour retrouver le visage de Riley. Il eut un sourire un peu gêné et haussa les épaules.

« Ouais... Enfin, je fais gaffe à elle, quoi. T'es au lycée avec elle, toi aussi ? s'enquit-il en attrapant une bouteille de bière sur une table.
-C’est mignon » ricana t-elle. Elle se hissa face à Elio sur le plan de travail de la cuisine, juste à côté du pack de bières. « Ouais, c’est ça. On était au collège ensemble aussi. Toi t’es pas du coin, c’est ça ? C’est ce que Aimee me disait.
-Euh… Non. » Comme il était sorcier, il devait toujours mentir sur son lieu de vie. Et comme Elio n'était pas un très bon menteur, il préféra se contenter du minimum. « Mais j'ai de la famille à Londres alors j'viens de temps en temps.
-Cool, t’es là jusqu’à la fin des vacances, alors ? lança t-elle avec une lueur d’intérêt dans les yeux.
-Ouais, c'est ça. Jusqu'au premier septembre. » Elio masqua sa gêne dans une gorgée de bière - amère et chaude ; dégueulasse en somme. Aimee avait sûrement parlé de lui à Riley et c'était un peu embarrassant de ne pas savoir quoi. Le pire, c'était qu'il connaissait sa cousine ; elle n'avait sûrement pas fait dans la subtilité. Il s'efforça de chasser cette pensée pour relancer la conversation : « T'as bougé un peu, pendant les vacances ? Ou t'es restée à Londres ?
-Nan je suis restée là, mais j’ai de la famille de Corée qui est venue nous voir. On leur a fait le grand tour pour les touristes, là, Saint Paul, le Tate, le Globe, tous ces trucs-là… »

Ils discutèrent une dizaine de minutes, avant que Riley ne soit alpaguée par d’autres personnes. Plus détendu, Elio se laissa entraîner dans le groupe et fit la connaissance de plusieurs amis d’Aimee. Si sa sociabilité naturelle lui permit de se sentir à l’aise dans le registre des conversations amicales, il eut besoin de quelques verres alcoolisés pour renvoyer les sourires que Riley lui offrait. Plus entreprenante que lui, elle commença à venir chercher son contact, au fur et à mesure des heures qui avançaient. Un coup de coude complice. Une main caressante sur son bras. Son genou qui frôlait le sien. Entreprenante, mais pas brutale, exactement le bon dosage qu’il fallait pour qu’Elio se laisse doucement attraper.

Riley était très drôle, très charmante comme fille. Elle avait plein d’anecdotes à raconter pour amuser la galerie, elle vannait ses amis sans vergogne, mais elle les écoutait aussi. Et puis, elle sentait bon, aussi. Et elle avait l’air d’avoir des cheveux doux. En plus, elle s’intéressait à lui de manière visible, elle flirtait avec lui et cela mettait Elio en confiance. Ce n’était pas comme avec Lou. Il n’avait pas l’impression qu’il allait rater son coup, ici. Et surtout, même si c’était le cas, les conséquences ne seraient pas dramatiques : il pouvait décider à tout moment de partir et ne plus jamais revoir Riley.

Plus tard dans la soirée, ils se retrouvèrent juste tous les deux sur le petit balcon qui donnait sur le salon bondé. L'appartement des parents de Kathleen se trouvait au dixième étage d'une grande tour et, si l'ascenseur tombait régulièrement en panne, la vue depuis le balcon était assez appréciable. Elio se laissa happer par la hauteur - ce n'était pas pour rien qu'il jouait au Quidditch - quand Riley, au contraire, rechignait à approcher de la balustrade.

« Ça va pas ? » demanda-t-il en tournant un regard vers elle.

Elle esquissa un vague sourire et haussa les épaules, en restant proche de l’encadrement de la baie.

« J’ai un peu le vertige » avoua t-elle.

Elio haussa légèrement les sourcils, surpris. C'était la première fois que Riley montrait un léger manque d'assurance ; elle avait passé toute la soirée à rayonner de confiance en elle. Lui se sentait parfaitement à l'aise sur ce balcon, un peu à l'écart des amis de sa cousine qui ne faisaient pas non plus dans la subtilité eux non plus et qui commençaient à leur lancer des regards suggestifs depuis qu'ils avaient été partenaires de beer-pong et que Riley lui avait sauté dans les bras après une victoire. Cette fois-ci, il fit le premier pas vers elle et lui tendit la main.

« Viens, » lança-t-il. Il ajouta sur le ton de l'humour : « Avec ta mini taille, si tu te mets devant moi, tu verras même pas la ville… »

Riley eut un petit rire. Après une brève hésitation, elle avança d’un pas réservé et tendit la main vers Elio.

« Ok mais tu m’attrapes parce que je pourrais faire une crise de panique, je déconne pas. 
-Promis, » répondit-il en se penchant vers elle pour attraper sa main. Elle s'avança de quelques pas hésitants, le visage froissé dans une expression inquiète. « C'est tranquille, tu vas voir. Il fait vachement plus frais, en plus, ça fait du bien. » Riley finit par s'avancer réellement sur le balcon. Elio la trouva un peu touchante, comme ça et fut un peu moins intimidé que lorsqu'elle n'affichait qu'une assurance sans faille. Son cœur battait un peu vite lorsqu'il fit glisser ses bras autour d'elle pour l'encadrer de sa présence. « Et voilà. Tu vois ? » Il baissa les yeux vers elle. « C'est tranquille.
-Ouais » souffla t-elle. Elle leva les yeux vers Elio. Un sourire amusé remplaça sa mine tendue. « C’est vrai que t’es vachement grand. »

Il y avait bien trente centimètres d’écart entre eux, ce qui faisait que les yeux de Riley arrivaient juste en-dessous de sa clavicule. Lentement, elle posa à son tour ses mains sur Elio, dans son dos, pour initier une étreinte. Leurs yeux parlaient pour eux jusqu’à ce que la jeune femme rompe le silence.

« T’es trop grand pour que je puisse t’embrasser toute seule, là. »

Depuis qu'il était arrivé à cette soirée, Elio savait qu'un moment comme celui-ci pouvait se dessiner entre lui et Riley. Elle lui avait fait comprendre à plusieurs reprises qu'elle était intéressée par lui, en posant ses mains sur ses bras et dans son dos, à se pencher vers lui lorsqu'il était assis pour lui souffler quelques mots amusés à l'oreille, à s'emparer de son verre pour boire dedans... Il s'était vite laissé prendre au jeu. Aimee avait raison ; c'était plus facile pour lui de se laisser aller avec Riley, qui lui envoyait des signaux très clairs. Elle avait envie d'être proche de lui alors elle glissait ses mains dans son dos. Elle avait envie de l'embrasser alors elle le lui disait. Son cœur rata un battement mais son regard resta ancré dans le sien.

Il avait très envie de l'embrasser, réalisa-t-il à ce moment. Elle lui souriait, elle avait les yeux brillants et ça lui donnait très envie de se sentir plus proche d'elle, de répondre à cet appel qu'elle lui lançait.

Ce fut avec une légère fébrilité qu'Elio se pencha vers Riley pour poser ses lèvres sur les siennes.
Elio Davies
Elio DaviesCapitaine de l'Equipe de Quidditch
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About last friday night [OS] Icon_minitimeMer 6 Mar 2024 - 6:05
28 août 2023

Elio consulta son téléphone pour la troisième fois en deux minutes. Un message de Riley lui tira un sourire et il déverrouilla l’interface pour pouvoir lui répondre.

« Mes darons ont essayé de m’expliquer ce qu’ils allaient voir ce soir, ça a l’air cryptique de ouf.
- Mdr, ça parle de quoi ?
répondit-il en ne prêtant qu’une vague attention aux conversations autour de lui.
- Hé j’sais pas, un délire de pêcheurs et de perles, j’ai pas compris. Le seul truc que j’ai retenu c’est que ça durait au moins trois heures, sans compter les entractes. »

Le sourire d’Elio s’accentua.

« Trop bien, on va pouvoir se faire un marathon Star Wars, alors.
- Franchement au moins les deux premiers facile »
fit mine d’approuver Riley.

C’était une blague entre eux, depuis qu’ils s’étaient rencontrés. La saga Star Wars était la préférée de Riley et Elio avait été forcé de lui avouer qu’il n’avait jamais réussi à regarder le premier film jusqu’au bout ; il s’endormait toujours avant la moitié ou alors il traînait sur son téléphone (du coup, il n’avait jamais trop compris le délire entre Luke et Leïa : ils étaient ensemble ou frère et sœur ?). Elle lui avait dit en riant qu’il serait obligé de le regarder avec elle et il était rentré dans son jeu. Ils s’étaient revus deux fois après la soirée, juste tous les deux. La dernière fois, elle lui avait demandé s’il avait envie de venir chez elle samedi prochain. Elle serait seule chez elle, avait-elle expliqué, parce que ses parents sortaient pour aller à l’opéra. Ce serait l’occasion de regarder Star Wars, avait-elle dit avec un sourire, avant de rajouter qu’elle était sûre de trouver un moyen pour qu’il ne s’endorme pas, cette fois.

Bon, Elio n’était pas idiot au point de ne pas saisir le gros sous-entendu de cette phrase. Il avait été un peu déstabilisé – il n’avait pas l’habitude qu’une fille lui propose si clairement de faire des choses avec elle – mais, à bien y réfléchir, ce n’était pas plus mal. Au moins, il avait eu le temps d’y réfléchir, de se préparer un peu, au lieu d’arriver chez elle avec un paquet de chips et des bières, prêt à mater un film qu’il trouvait chiant à mourir juste pour les jolis yeux d’une fille.

Et Riley avait vraiment de très jolis yeux.

« Tu bouges bientôt de chez toi ? s’enquit-elle alors par message. Mes parents partent dans trente minutes.
-Ouais, je vais prendre le métro de 37,
lui indiqua Elio.
- Trop cool, j’ai hâte Ship » lui envoya Riley et, à nouveau, Elio eut un sourire.

Un sourire un peu trop large pour passer inaperçu auprès des personnes qui étaient attablées autour du même repas que lui. La voix moqueuse de Roy le tira de ses rêveries :

« Mais regardez-le, ça y est, il a atteint l’âge de préférer parler avec sa meuf plutôt qu’avec nous ! »

Elio releva la tête pour croiser le regard de son oncle. Il ouvrit la bouche pour le rabrouer mais sa tante - cette traîtresse, alors qu'ils avaient le même sang - s'empressa d'appuyer son mari avec un sourire taquin sur les lèvres :

« Elle s'appelle comment... ?
-Mais personne, c’est pas ma meuf, bougonna t-il en verrouillant son téléphone pour ne pas que Toni qui se penchait déjà par-dessus la table puisse lire ses messages.
-Mais allez, on la fait pas à nous, ricana ce dernier. T’as le sourire d’un mec qui a serré quelqu’un là !
-P’tain vous êtes trop cringe… » souffla Elio en cherchant autour de lui la silhouette de sa mère pour le tirer de là.

Elle était probablement partie s’occuper de la vaisselle, ce qui le laissait seul avec ses oncles et tantes à table, en cette fin de dîner. Toni jugea le moment opportun pour se rapprocher de lui en raclant sa chaise jusqu’à pouvoir passer son bras autour des larges épaules de son neveu.

« Non mais c’est pas des reproches, hé ! C’est bien. » Il tapota son dos avec cette poigne qui le caractérisait. Alors qu’il avait un sourire, tout à coup, sa figure devint très sérieuse et son regard s’ancra dans le sien. « Bon alors. Figliolo. »  Elio se tendit légèrement sur sa chaise : quand Toni commençait à l’appeler « fiston » ce n’était jamais bon signe. « Qu’est-ce que tu connais des femmes ? »

Ses yeux s'écarquillèrent de surprise et ses joues virèrent au rouge. Il chercha à se dégager de l'étreinte de son oncle et secoua la tête.

« Non, non, non, protesta-t-il vivement. J'parle pas d'ça avec toi. J'parle d'ça avec aucun d'vous, même. C'est bon, maman m'a déjà parlé de euh, tous ces trucs, on va pas recommencer entre les lasagnes et les yaourts.
- Tous ces trucs ? répéta Roy, peu désireux de laisser passer une si belle occasion de troller. Ces trucs, ça a un nom, nan ?
- Alleeeez faut pas faire le timide là ! rugit Toni en tapant du plat de la main sur la table. En plus, j’suis sûr que ta mère t’a pas dit les vrais trucs importants.
-Laissez-le » lança Avalon qui riait un peu trop pour que son rappel à l'ordre soit crédible.

Elio s'empressa toutefois de rebondir dessus :

« Ouais, laissez-moi, vous êtes hyper chelous franchement faut consulter.
-Attends, attends ! J’suis hyper sérieux, moi, insista Toni. Ta mère elle t’a parlé de quoi, les capotes, tout ça, j’parie ? Ouais, ouais, mets des capotes, mais hé, les vrais trucs, p’tit gars, c’est - et il leva son doigt en l’air comme s’il s’apprêtait à donner sa plus grande leçon - de savoir comment on fait plaisir à une femme. »

Au bout de la table, Roy ne put retenir un éclat de rire sonore.

« Mais rigolez pas ! S’insurgea l’italien. Moi y a des trucs que j’aurais aimé savoir à son âge !
-Quoi, tu voulais qu’on t’explique dans quel trou te mettre ? »

Elio avait envie de disparaître. Et encore, il n'était pas certain que s'enfoncer dans les entrailles de la terre lui épargne la brûlure de ses joues face à ces discours complètement lunaires. Il n'avait pas envie de parler de sexe avec ses oncles. Ni avec sa tante. Pas plus qu'avec sa mère, mais il l'avait effectivement écoutée lorsqu'elle était venue le trouver avec une boîte de préservatifs dans les mains. Il avait fixé le sol pendant une bonne partie de la conversation mais avait hoché la tête à plusieurs reprises. Se protéger, ok. S'assurer que tout le monde était vraiment d'accord, ok. Ne pas confondre la vraie vie et les films, ok. Ok, ok, ok. Maintenant qu'il avait passé cette épreuve il ne voulait pas - mais alors vraiment pas - y retourner. Et encore moins avec Toni.

« Oh mais vous êtes trop beaufs, c'est abusé, se plaignit-il. Taisez-vous, vous polluez mes oreilles avec vos conneries » maugréa Elio.

Sa tante sembla enfin se décider à voler à son secours car elle enfonça son coude dans les côtes de son mari.

« Je suis sûre que s'il avait besoin de... d'informations, il pourrait aller les chercher ailleurs qu'ici.
-Ouais, voilà ! J'ai pas b'soin d'une leçon.
-Nan mais c’est pas une leçon, juste deux ou trois tips ! Par exemple, bon, tout le monde sait que les zones les plus sensibles chez une meuf, c’est genre le cul et les seins. Mais EN FAIT, y en a tellement d’autres ! Derrière les genoux, par exemple. »

À nouveau, Roy explosa de rire.

« Derrière les genoux, mais… putain, Toni, t’es vraiment à jeter.
- Quoi ??
- Tu viens de dire à ton neveu de chatouiller sa meuf derrière les genoux là ! Y a rien qui te choque ?
-Mais quoi, ça marche !! Et puis c’est pas chatouiller, c’est… caresser doucement ! » Il se tourna vers Elio. « Doucement, c’est ça la technique, fils. »

Elio - qui avait attrapé un verre d'eau pour se donner contenance - manqua de s'étouffer avec son contenu. Il toussait quand il entendit une main s'abattre derrière la tête de Toni, dans un petit geste sec et parfaitement maîtrisé. Sa mère était revenue dans le salon, ses fins sourcils froncés au-dessus de son regard.

« Qu'est-ce que t'es en train de raconter à mon fils, toi ? »

De la merde, voilà. Il lui racontait de la merde, mais le genre de merde acide qui lui brûlait les oreilles et les tympans. Elio n'avait pas du tout envie d'imaginer Toni caresser une femme derrière les genoux. D'ailleurs, il avait un peu de mal à imaginer Toni avec une femme tout court puisque son oncle vivait en « colocation » avec son meilleur ami depuis des années et qu'Elio se disait qu'ils ne jouaient pas au scrabble tous les soirs ensemble. Et puis, il n'avait pas besoin de conseils de vieux darons. Il... Il savait des choses. Un peu. Billie, la gardienne de son équipe, avait un compte militant sur instamag, Billie t'apprend la vie où elle postait toujours des trucs féministes et tout. Elle disait même qu'elle était misandre - c'était genre, elle n'aimait pas les hommes par principe, Elio avait été un peu vexé au début parce qu'il l'aimait bien, lui - et elle n'hésitait pas à râler sur les hommes et sur tout ce qu'ils faisaient de mal. Dans le lot, Elio avait capté un ou deux trucs utiles sur le sujet de la sexualité.

Bon, pas le truc des genoux.

« Quoi ! protesta Toni. Je lui apprends des trucs utiles de la vie !
- Si tu donnais de bons conseils, ça se saurait, fit remarquer Célice.
- Je vais devenir moine, ça me sauvera de vos conneries » maugréa Elio. Il capta les sourires amusés de Roy et Avalon et les alpagua : « Non mais riez, vous, hein. Riez, mais je vous rappelle que vous avez choisi cet homme, là, pour être le parrain de votre fille. Il vous reste quoi ? Cinq ans pour rire avant de regretter vos choix de vie. »

Et tout à coup, Roy riait beaucoup moins.


 
Elio Davies
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Elio Davies
Elio DaviesCapitaine de l'Equipe de Quidditch
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About last friday night [OS] Icon_minitimeVen 8 Mar 2024 - 8:13
Elio n’était pas mécontent d’avoir fui ce dîner infernal avec sa famille beaucoup trop gênante. S’il y avait un sujet dont il ne voulait pas s’ouvrir avec eux, c’était bien celui de sa sexualité. Même s’il n’y avait pas grand-chose à en dire en soi, puisqu’il n’avait jamais franchi le pas de coucher avec qui que ce soit.

Mais peut-être plus pour très longtemps.

Elio en était tout à fait conscient. Si Riley l’avait invité chez elle, en précisant que ses parents ne seraient pas là pour toute la soirée, c’était peut-être parce qu’elle avait envie qu’ils aillent plus loin que les baisers qu’ils avaient échangés jusque là. Cette idée éveillait des sentiments ambivalents chez lui. Un mélange de nervosité et d’impatience, dans lequel il avait du mal à déterminer ce qui dominait.

Il saurait en se retrouvant face à elle, lui soufflait son instinct, qu’il choisit d’écouter sans se poser davantage de questions.

Ce moment arriva rapidement. À vingt heures, Elio sonna à la porte de l’appartement de la famille Jeong. Homme cis hétérosexuel basique qu’il était, il n’eut évidemment pas du tout l’acuité nécessaire pour déceler ce qui avait changé chez Riley, car cela tenait d’un subtil équilibre de détails ; un maquillage légèrement plus prononcé autour des yeux, des boucles dessinées, une tenue qui la mettait en valeur sans en faire trop. Quoiqu’il en soit, cela produisit les résultats escomptés par la jeune fille -et toute sa bande de copines qui l’avait conseillée par messages : Elio la trouva encore plus jolie que d’habitude.

Alors qu’il pénétrait dans l’appartement petit mais chaleureux, il nota plein de détails autour de lui. Des décorations partout, des mobiles suspendus au plafond, de la vaisselle de collection sur les murs, des plantes foisonnantes un peu partout, des murs de photos et des petites sculptures aux formes mystérieuses sur les étagères.

« C’est trop sympa chez toi, commenta t-il avec un sourire, les mains enfoncées dans les poches de son large sweat.
-Ouais » réagit Riley avec un sourire. Elle avait l’air un peu nerveuse, elle aussi. « C’est ma mère, elle aime trop collectionner des trucs.
-C’est cool » conclut t-il, sans trop savoir quoi dire de plus.

Quelque chose planait et ce n’était pas difficile de savoir quoi. C’était la première fois qu’ils se retrouvaient dans une espace où ils avaient autant d’intimité tous les deux. La première fois, une soirée battait son plein autour d’eux et les suivantes, ils avaient été dans des lieux publics. Elio sentit que détendre un peu l’atmosphère ne leur ferait pas de mal alors il saisit le prétexte d’une photo amusante posée sur un meuble près de lui pour lancer :

« Oh non c’est toi là ? J’adore, on dirait que t’es prête à aller sauver le monde, s’amusa t-il.
-Bah ouais, lança Riley sans se démonter, je fais ça sur mon temps libre, entre la chimie et l’EPS… Je t’avais pas dit ? fit-elle mine de s’étonner en s’approchant de lui.
-Mmh, pas encore mais j’crois que ça m’étonne pas » répondit t-il alors qu’il passait les bras autour de sa taille.

Le familier contact de leurs lèvres apaisa quelque chose chez Elio. Tout allait bien. Tout était tranquille. Embrasser, il savait faire et c’était agréable. Lorsqu’ils se séparèrent, leurs yeux brillaient un peu plus.

« Tu veux… Tu veux qu’on prenne un truc à boire et qu’on aille se poser dans ma chambre ? J’ai des bières » proposa Riley.

Sa chambre. Se poser dans sa chambre. Le coeur d’Elio s’accéléra. Il n’avait pas mal interprété ses messages, il pouvait se passer exactement ce qu’il avait imaginé qu’il pouvait se passer dans les prochaines minutes.

« Euh ouais, ok, j’te suis. »

L’impatience plus que la nervosité, finalement.

Riley prit deux bières pour eux deux dans son frigo et le conduisit dans le couloir qui menait aux deux autres chambres de l’appartement. Elle poussa une porte et Elio pénétra à sa suite dans une petite pièce qu’il balaya du regard. C’était la première fois qu’il entrait dans la chambre d’une fille. Enfin, il était déjà entré dans la chambre d’une fille - il matait régulièrement des films avec Aimee, dans sa chambre - mais ce n’était pas une fille-fille. Il était un peu intimidé de se retrouver là et se donna contenance en prenant une gorgée de bière alors que Riley refermait la porte de son armoire qui débordait de fringues froissées.

« T’as envie qu’on lance un film ? » lui demanda-t-elle en se tournant vers lui.

Elio saisit cette occasion pour retrouver un peu d’assurance :

« Quand tu dis un film, tu veux dire Star Wars ? la taquina t-il.
-Évidemment. Et interdiction de t’endormir » menaça-t-elle avec un sourire en attrapant son ordinateur.

Évidemment qu’il n’allait pas s’endormir en étant sur ce lit avec la jambe de Riley collée à la sienne. S’il ne ferma pas les yeux, Elio ne prêta pas beaucoup d’attention au texte qui défilait dans un effet douteux de perspective, au rythme du plus célèbre générique de la culture populaire moldue. Il était un peu trop conscient de la présence de la jeune fille à côté de lui, de l’odeur qui se dégageait de ses cheveux, de la courbe de sa joue qu’il percevait du coin de l’œil. Pendant quelques minutes, il demeura plus ou moins immobile, les yeux rivés sur l’écran en face de lui mais l’esprit entièrement concentré sur Riley. Elle l’avait invité chez elle, dans sa chambre, alors que ses parents étaient absents et il était persuadé que ce n’était pas pour regarder un film de science-fiction. Discrètement, il coula un regard vers elle et ses pensées s’emballèrent. Est-ce qu’il devait tenter un mouvement vers elle ? Est-ce que c’était trop tôt, trop prématuré ? Et si elle avait vraiment envie de regarder Star Wars (après tout, c’était son film préféré) et qu’il passait pour un gros forceur ? Est-ce qu’il devait lui demander clairement ce qu’elle voulait ? Non, c’était la honte et puis, il ne saurait pas trop quoi dire. Il se voyait déjà, à bafouiller quelque chose comme : « Euh, Riley, euh, t’as envie de faire quelque chose avec moi ? » et ce serait ridicule. Il pouvait passer son bras autour d’elle. C’était bien, ça ; pas trop entreprenant mais au moins, il montrait qu’il avait envie d’être proche d’elle. Un bon compromis.

Elio bougea légèrement pour dégager son bras et le leva légèrement avec un regard interrogateur pour Riley. Son cœur battait à toute vitesse dans sa poitrine et ne se calma pas spécialement lorsque la jeune fille vint se blottir contre lui et que ses doigts tracèrent négligemment des formes sur son torse. Il frissonnait légèrement en songeant à ce que ce serait de sentir ses mains sur sa peau nue. Par effet de mimétisme, ses doigts à lui vinrent dessiner les reliefs de son corps : l’arrondi de son épaule, son bras, le creux de sa taille, le sommet de sa hanche.

Ok, songea-t-il en perdant tout à fait le fil de l’action du film. Ils s’étaient rapprochés et Riley semblait assez contente ; elle levait parfois les yeux vers lui pour lui sourire. Elio était content aussi – et content qu’elle soit contente, il devait bien l’avouer. Il était très inexpérimenté dans ce domaine alors il se sentait un peu maladroit.

Mais pour le moment, tout allait bien.

Elio cessa bien vite de prêter attention à Dark Vador qui organisait ses troupes à l’écran quand Riley initia un autre mouvement. Il frissonna en la sentant poser sa main sur sa joue puis capturer ses lèvres dans un baiser qui ressemblait à une question ; et tout ce que répondit Elio appelait à continuer. Alors qu’il la laissait venir plus proche de lui, il sentit quelque chose de très différent dans cette étreinte. Il avait chaud partout et son cœur cognait assez fort pour couvrir tout le bruit de ses pensées.

C’était donc ça d’embrasser vraiment une fille.  

« Ça te va si on éteint le film ? » demanda Riley en se séparant de lui, le souffle court.

Le jeune homme hocha simplement la tête, à court de mots. La voix macabre de Dark Vador disparut dans un clac sonore et l’ordinateur disparut quelque part dans les draps. Ils s’embrassèrent longuement dans le silence de cette chambre chaleureuse et, bien vite, les mains de l’un s’égarèrent sur le corps de l’autre. Elio bougeait doucement, avec une certaine précaution dans ses gestes qui poussa Riley à se redresser pour lui demander :

« Est-ce que c’est ta première fois ? »

La question le déstabilisa un peu. Est-ce qu’elle lui demandait ça parce qu’il était maladroit ? Pas assez entreprenant ? Parce qu’elle le trouvait un peu nul ? Cette idée lui noua le ventre d’une appréhension qu’il avait réussi à oublier dans leurs baisers. Elio hésita brièvement sur la réponse à donner. Il n’avait pas envie de lui mentir mais, en même temps, il n’avait trop envie de lui dire la vérité non plus. Il n’avait pas envie qu’elle le voie comme un gamin – déjà qu’elle était plus âgée que lui... Son incertitude dut se lire dans son regard parce que Riley posa sa main sur sa joue et reprit :

« C’est pas grave si c’est le cas, hein. C’est juste pour savoir... »

Un peu rassuré par l’expression douce de son visage, Elio se sentit plus confiant pour hocher la tête.

« Ouais... Ouais, c’est ma première fois. »

Ses mots se perdirent dans le souffle de Riley. Elle était proche de lui, proche de ses lèvres qui ne tardèrent pas à retrouver le chemin des siennes. Le reste fut une suite confuse de gestes tendres et parfois malhabiles, de conseils murmurés, de sourires, de caresses et de baisers. Elio ne portait plus que son caleçon lorsque sa main se retrouva à dévaler la hanche de Riley, puis sa cuisse, alors qu’il l’embrassait avec ferveur. Ses doigts trouvèrent l’arrondi de son genou, s’égarèrent sur la peau fine qui se trouvait à l’arrière. Il sentit Riley tressaillir contre lui... Puis rire contre ses lèvres.

« Attends, arrête, ça me chatouille...
-Oh. » Elio remonta sa main pour la poser sur sa taille. « Pardon. »

Toni avait vraiment des idées de merde.
FIN DE L'OS (et la suite du thé en exclusivité dans le Cliffio)


 
Elio Davies
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