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Never enough [Eiluned & Leonard]

Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeVen 11 Aoû 2023 - 19:29
14 avril 2012 - Pays de Galles

C’était la première fois que Leonard ne passait pas le week-end de Pâques chez ses parents ou ceux d’Eiluned. Quand était venu le jour de célébration, une semaine plus tôt, il se trouvait trop fatigué et nauséeux pour pouvoir sortir de son lit. Eiluned avait d’abord envoyé un message à leurs proches pour leur signaler qu’ils ne pourraient pas être de la partie et ils pensaient rester tous les trois à la maison, avec leur bébé, pour la journée.

Une heure plus tard, ils avaient eu la touchante surprise de voir leurs deux familles sonner à la porte, les bras chargés de victuailles et de paniers d’oeufs en chocolat.

Le déjeuner avait été délicieux et l’après-midi chaleureuse, il avait même fait assez beau pour que les enfants puissent faire la chasse au oeufs dans le jardin plutôt qu’à l’intérieur de la maison. Mais malgré les sourires et les conversations légères, chacun gardait en tête une question qui voilait leurs regards par moments.

Combien de week-ends de Pâques Leonard allait-il pouvoir passer avec eux ?

Son état se dégradait lentement, les jours qu’il passait au lit avec de fortes migraines se multipliaient et se rapprochaient. Entre ces moments difficiles et éprouvants, Leonard connaissait quelques belles éclaircies, qu’il mettait à profit pour passer du temps avec Eiluned et leur fille, Victoria. L’année avait commencé dans une grande joie puisque Victoria était née le 1er janvier, après un accouchement à domicile qui s’était déroulé selon toutes les volontés d’Eiluned. Quelques jours plus tard, Leonard quittait officiellement son travail à la Milice, désireux de profiter pleinement de la présence de ses proches.

Puisque Eiluned était toujours en congé parental, ils vivaient tous les trois dans un cocon de douceur et d’amour, dans la belle et grande maison qu’ils avaient achetée en bord de mer. Tout y était parfait, baigné d'une atmosphère paisible, entourée de nature, où ils s'imaginaient fonder leur foyer. Ils avaient été conquis par la vieille pierre et les poutres en bois présentes un peu partout dans la maison, la charmante cuisine qu'ils avaient agrémentée de plusieurs plantes, les chambres sous les combles aux parois lambrissées, les banquettes sous les fenêtres, le jardin foisonnant autour de la demeure.

Dans cette maison, entouré des deux femmes de sa vie, Leonard n’avait jamais été aussi heureux et paradoxalement si mélancolique. Les deux émotions cohabitaient en lui, s’entrechoquaient à chaque fois qu’il prenait Victoria dans ses bras. Il la regardait avec l’amour et le bonheur d’un jeune père, tout en éprouvant un douloureux pincement au coeur dès que ses pensées s’égaraient vers le temps qu’il lui restait.

Alors il contrait son chagrin en s’occupant le plus possible, dès que son corps le lui permettait. Il y avait toujours quelque chose à faire dans la vieille maison qu’ils modifiaient à leur goût ; un objet à réparer, un coup de peinture à faire, une haie à tailler, un nouveau meuble à imaginer et fabriquer. En se levant ce matin, Leonard s’était senti en meilleure forme, suffisamment pour se rendre dans le garage qui lui servait d’atelier. Il avait repris une petite boîte en bois qu’il avait commencé à fabriquer un mois plus tôt.

Le son de la pluie qui battait contre la toiture en tuiles et les carreaux des fenêtres offrit à Leonard l’atmosphère parfaite pour se concentrer sur son ouvrage. Quand Eiluned pénétra dans la pièce, la tasse de café posée sur sa table qu’il avait emportée avec lui après son petit-déjeuner était froide et à moitié pleine. Jetant un coup d’oeil à l’horloge accrochée au mur, Leonard sut que c’était le moment de la sieste matinale pour leur fille. Il adressa un sourire à sa femme.

« Coucou. Vicky s’est endormie ? »


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeSam 12 Aoû 2023 - 12:32
Cela faisait un peu plus de trois mois que Leonard et Eiluned étaient devenus les heureux parents de Victoria. Ils la découvraient un peu plus chaque jour et s’étonnaient de voir que sa personnalité et ses goûts se manifestaient aussi tôt. Ils se plaisaient à imaginer son avenir. « Elle sera musicienne, comme toi, » disait Eiluned en la voyant si attentive aux mélodies jouées par son père. « C’est une future danseuse, c’est sûr. » riait Leonard face aux mouvements maladroits de ses jambes. Et ils souriaient, complices et heureux.

Sans avoir besoin d’expliciter la part d’ombre qui hantait leurs yeux.

Souvent, Eiluned avait l’impression de porter la nostalgie de toutes ces premières fois qui en étaient aussi des dernières. Elle luttait perpétuellement contre ce sentiment en s’exhortant de profiter des moments qu’ils passaient ensemble, comme si cette pensée suffisait à effacer la peur qui la rongeait. Elle assistait, aux premières loges, à la dégradation de l’état de santé de Leonard. Elle voyait sa fatigue s’amplifier, ses crises devenir plus fréquentes et plus longues. Et parce qu’elle était médicomage, Eiluned ne pouvait pas faire semblant d’ignorer ces signes qu’elle connaissait ; la multiplication et l’intensité des symptômes qu’il présentait signifiaient que la tumeur grossissait. Nausées, vomissements, migraines, fatigue, puis faiblesse des membres, altération de la parole, de la vision, de la mémoire, perte des capacités motrices.

Et lorsqu’ils parlaient d’avenir en évoquant Victoria, ils veillaient soigneusement à ne rien dire de l’absence de Leonard. Comme si cela avait le pouvoir de la rendre moins réelle. Moins douloureuse. Moins imminente. Ils s’occupaient pour ne pas trop y penser ; en cela, leur quotidien de jeunes parents les aidait grandement.

Eiluned berçait Victoria depuis déjà une dizaine de minutes ; malgré le sommeil qui alourdissait ses paupières, la petite restait éveillée et geignait lorsque sa mère faisait mine de la poser dans son berceau. A voix basse, elle entonna :

« Peis dinogat e vreith vreith
O grwyn balaot ban wreith
Chwit chwit chwidogeith
Gochanwn gochenyn wythgeith »


C’était une berceuse galloise – la plus ancienne jamais écrite – que sa mère avait coutume de lui chanter lorsqu’elle était petite. Cela parlait d’un père avec un manteau tacheté qui allait chasser dans la montagne pour nourrir sa famille. Elle avait toujours aimé le rythme de la berceuse, avec ses intonations douces et traînantes. Elle la répéta encore et encore, jusqu’à ce que Victoria s’endorme enfin. Avec délicatesse, Eiluned la déposa dans son berceau et prit soin de poser à côté d’elle un petit appareil technomagique qui leur permettait de garder un œil sur elle lorsqu’elle dormait. Elle eut un dernier regard tendre pour sa fille – tout en vérifiant que rien, autour d’elle, n’était susceptible de la blesser ou de gêner sa respiration (on ne se refaisait pas) – et quitta la chambre sur la pointe des pieds.

Il faisait encore froid en ce mois d’avril et la pluie battait contre les carreaux. Eiluned s’enveloppa d’un épais châle en laine avant de descendre jusqu’au garage où se trouvait Leonard. Elle le trouva concentré, les sourcils légèrement froncés comme lorsqu’il était absorbé par une tâche méticuleuse.

« Oui, elle dort. » confirma-t-elle en s’approchant de lui. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour l’embrasser et jeta un regard curieux vers son ouvrage. « Qu’est-ce que tu fais ? »




Eiluned Wellington


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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeJeu 24 Aoû 2023 - 12:40
Leonard déposa ses outils sur la table, avant d’accueillir Eiluned dans ses bras. L’arrivée de Victoria n’était pas de tout repos pour les deux jeunes parents, mais le fait qu’ils aient tous les deux cessé leurs activités professionnelles leur permettait de s’inscrire ensemble dans ce nouveau rythme, ponctué par les siestes de leur bébé. Il y avait quelque chose de terriblement réconfortant pour Leonard de se trouver dans cette charmante maison, en bord de mer, au sein du cocon chaleureux de la famille qu’ils formaient tous les trois.

Il essayait de se raccrocher à ce sentiment de sérénité quand ses pensées se projetaient un peu trop loin. Il apprenait à vivre ses instants présents plus intensément que jamais et parfois, quand l’anxiété ne prenait pas le dessus, c’était une grande bouffée de reconnaissance qui l’envahissait. Il pouvait l’éprouver même dans les moments les plus simples, comme une étreinte tendre avec Eiluned.

La question qu’elle lui posa le ramena à l’ouvrage sur lequel il travaillait depuis quelques jours. Pour le moment, l’objet ressemblait à une petite boîte creuse en bois, qui tenait dans la paume de sa main. Il était en train de tailler des motifs en relief sur le couvercle, ce qu’il montra à sa femme en répondant :

« Une boîte à musique. Tu sais, un peu comme celle que je t’avais offert pour Noël, il y a quelques années… » Une bouffée de nostalgie le saisit au souvenir de leurs jeunes et insouciantes années, suivi d’un léger et inévitable pincement au coeur. Il ajouta après un bref instant de silence : « C’est pour Victoria. »


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeJeu 24 Aoû 2023 - 14:38
Si Leonard et Eiluned étaient différents à bien des égards, ils partageaient cependant le même penchant pour les activités créatives et manuelles. Ils s’étaient beaucoup investis dans l’aménagement et la décoration de leur maison, y voyant l’occasion rêvée de laisser libre-court à leur imagination. Ils avaient récupéré, retapé et repeint plusieurs meubles, affectionnant particulièrement le charme ancien du mobilier. Cela les avait grandement occupé pendant la grossesse d’Eiluned mais la naissance de Victoria et la dégradation de l’état de santé de Leonard avait brièvement mis un terme à ces moments insouciants. Eiluned avait repris des activités plus solitaires comme le tricot, le crochet ou la couture – des choses qu’elle pouvait faire en veillant sur le sommeil de sa fille et sur celui de son mari, qui avait récemment connu quelques jours difficiles. Le voir debout, des outils dans chaque main, lui réchauffa le cœur et elle ne put s’empêcher de venir lui voler un baiser.

Passant une main dans son dos, elle observa l’objet sur lequel il travaillait. Son visage s’éclaira d’une lueur tendre lorsqu’il mentionna la boîte à musique qu’il lui avait offert quelques années auparavant. Elle trônait toujours dans leur chambre, bien en évidence sur une étagère. Eiluned l’adorait ; elle lui rappelait toujours ce Noël qu’ils avaient passé ensemble à Godric’s Hollow et surtout cette soirée où, emmitouflés sous des couvertures, ils avaient failli s’embrasser.

De tous les cadeaux que Leonard avaient pu lui faire, c’était sans doute celui qu’elle préférait ; sûrement parce que c’était aussi le plus symbolique. La musique qui s’élevait lorsqu’on soulevait le couvercle était une composition de son mari, dont elle connaissait toutes les notes par cœur. C’était une preuve d’amour magnifique, une qui lui donnait envie de rire et de pleurer en même temps. Rire de ce bonheur si précieux et pleurer de sa disparition si proche.

Eiluned fit de mieux qu’elle put pour refouler cette amertume. Sa voix était cependant un peu étouffée lorsqu’elle commenta, avec un sourire un peu tremblant :

« Je suis sûre qu’elle va l’adorer. » Elle posa son doigt sur le couvercle pour suivre le tracé des arabesques. « Est-ce que tu veux composer quelque chose pour elle aussi ? » l’interrogea-t-elle en relevant les yeux vers lui.



Eiluned Wellington


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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeJeu 24 Aoû 2023 - 18:49
Régulièrement, les conversations entre les deux époux se chargeaient d’une douce amertume et d’une amère douceur, parce qu’ils étaient tout à fait conscients de vivre un sursis ensemble. Même s’ils ne posaient pas les mots dessus par crainte de venir ternir leurs moments de bonheur, ils savaient tous les deux ce qu’ils ne disaient pas. Parfois, leurs secrètes pensées transparaissaient dans un regard soucieux, un tic au coin des lèvres, un tremblement dans la voix.

Leonard n’en dit rien mais il entendit la douleur derrière le sourire de sa femme. Il en eut un pincement au coeur. Un léger voile passa devant le regard qu’il laissa glisser le long de la petite boîte en bois. Ils savaient tous les deux ce que cet innocent objet représentait : plus qu’un cadeau pour sa fille, c’était un héritage. Il fit le choix de ne pas le souligner en répondant :

« Oui… J’ai déjà commencé. Je cherche encore quelques passages mais je pense que c’est pas loin d’être fini. » Tout à coup, rester bras ballants lui parut insupportable. Il proposa sans réfléchir : « Tu veux que je te joue un morceau ? »

Leonard attrapa la main d’Eiluned pour l’entraîner vers le salon, songeant que jouer un peu de musique lui mettrait du baume au coeur. Il prit soin de fermer la porte pour que le son ne remonte pas vers l’étage, avant de prendre place devant le piano qui occupait un angle de la pièce, près d’une grande fenêtre. Ses doigts effleurèrent les touches, comme pour chercher leur positionnement, avant qu’il ne se décide à taper les premières notes.

Des notes joyeuses, légères, libératrices se répandirent dans le salon. Leonard n’avait pas hésité une seconde pour trouver le ton du morceau qu’il voulait léguer à sa fille. Une musique de victoire, comme le prénom qu’ils avaient choisi pour elle. C'était aussi sa personnalité à lui qu'il voulait lui transmettre à travers ce morceau. Il aimait l'idée qu’en actionnant sa boîte à musique, elle perçoive l’homme enthousiaste et joueur qu’il était. Il fut cet homme-là en jouant les premières notes. Il leur fit honneur en leur donnant le rythme ample et endiablé qu’elles méritaient. Ses mains cavalaient sur le piano, alors qu’il libérait ses émotions dans sa musique.

Inévitablement, elle se teinta alors de toutes celles qu’il refoulait.

Un passage qu’il cherchait encore fut le réceptacle de ses doutes et ses inquiétudes, de sa colère contenue, de sa douleur profonde. La mélodie s’enraya, se perdit entre ses doigts qui s'égaraient. Leonard finit par suspendre ses gestes, trop ému pour poursuivre. Ses yeux s'humidifiaient et sa voix tremblait alors qu’il s’excusait.

« Je… Je bloque sur ce passage mais ça sera prêt. »

Prêt à temps. Prêt avant qu’il ne soit trop tard. Même s’il n’avait aucune idée du temps que cela représentait et que cela lui semblait déjà bien trop proche.


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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeVen 25 Aoû 2023 - 14:11
Eiluned suivit Leonard jusqu’au salon, où un feu ronronnait dans l’âtre de la cheminée. Elle s’appuya contre le piano tandis que son mari s’installait et l’observa effleurer délicatement les touches avant que les premières notes ne résonnent. Un sourire s’étira sur ses lèvres alors que cette image se superposait à tous les souvenirs qu’elle conservait précieusement de lui, penché vers cet instrument qu’il affectionnait tant, le regard absorbé par la musique qui s’élevait. Elle se mit à battre la mesure du bout de son index pour suivre le rythme endiablé de la mélodie. Une mélodie enjouée et légère qui correspondait bien à la personnalité solaire de Leonard. Il se présentait à travers cette musique, disait son enthousiasme légendaire et sa joie de vivre. Le ventre d’Eiluned se serra légèrement face à ce constat ; il disait ici ce qu’il ne serait pas capable de montrer à leur fille. Elle dut se mordre l’intérieur de la joue pour combattre les larmes qui humidifièrent ses joues. Comme un écho à ses pensées, les notes se mirent à devenir plus graves, plus urgentes. La mélodie s’enraya, devint fausse puis s’arrêta brusquement.

D’une voix écrasée par la douleur, Leonard s’excusa. Les larmes qu’Eiluned retenait difficilement roulèrent sur ses joues et elle s’avança vers son mari. S’installant à côté de lui sur le banc qui faisait face au piano, elle l’entoura de ses bras.

« Oh, mon amour… » souffla-t-elle en posant sa tête contre son épaule. Elle réprima les sanglots qui brûlaient sa gorge, les étouffa dans cette étreinte.

Plus les mois passaient et plus il était difficile de contenir la tristesse qui les habitait. Ils n’avaient même pas besoin de parler pour savoir qu’une part d’ombre ne quittait jamais leurs pensées ou leurs regards. La maladie de Leonard prenait de plus en plus de place dans leur quotidien ; il se retrouvait souvent cloué au lit par une migraine ou pris de nausées qui l’empêchaient de s’alimenter.

Plus les mois passaient, plus Victoria grandissait et plus Leonard s’apprêtait à disparaître.

Et Eiluned avait souvent envie d’hurler, de briser des vases et des verres, de crier, de pleurer, d’implorer.

Alors elle serrait les poings, à s’enfoncer les ongles dans la paume, comme pour détourner la douleur qui écrasait son cœur.

Aujourd’hui, celle-ci était si vive qu’elle ne parvint pas à l’écarter comme elle en avait parfois l’habitude. Elle se contenta de rester blottie contre Leonard, embrassant son cou, sa mâchoire, sa joue, autant pour le réconforter que pour s’abreuver de ces contacts dont ils ne tarderaient pas à être privés.



Eiluned Wellington


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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeVen 25 Aoû 2023 - 21:23
Tout comme son état de santé, les émotions de Leonard fluctuaient beaucoup, plus que jamais. Il pouvait se sentir habité d’une grande joie et finir par fondre en larmes quelques minutes plus tard. L’amour cohabitait avec la mort dans son existence marquée par la maladie. Inévitablement, cela créait de grands chocs en lui, qu'il ne savait pas toujours contenir.

Dans ces moments où il finissait par éclater en mille morceaux, Eiluned l’accueillait toujours avec toute la douceur et la compassion dont elle était capable, malgré la douleur qu’elle pouvait éprouver de son côté. Leonard la voyait prendre sur elle, avec cette retenue qui la caractérisait. Elle ne voulait pas ajouter à sa peine.

Parfois, il avait l’impression de prendre beaucoup trop de place et il s'en voulait terriblement.

« Pardon » souffla t-il contre le cou de sa femme. « Ça va » assura t-il. « Ça va… »

Mais ses larmes ne tarissaient pas. Leonard délaissa son piano pour passer ses bras autour de la taille d’Eiluned. Il s’accrocha à elle comme à une bouée, il laissa sa tristesse se déverser et se mêler à celle de sa femme. Il resta un long moment dans cette position, à se vider de toute forme d’énergie et d’espoir. Il songea qu’il n’y avait rien de plus terrible que de savoir qu’il avait très peu de chance d’être témoin de l’effet que produirait sa mélodie quand sa fille serait en âge de l'entendre.

Une peur en particulier le hantait, une peur qui n’avait pas cessé de l’accompagner depuis l’instant où Victoria avait ouvert les yeux sur le monde. C’était poussé par cette peur qu’il avait commencé à fabriquer cette petite boîte à musique qui semblait insignifiante. Il finit par la souffler du bout des lèvres, à l’oreille d’Eiluned, quand il n’eut plus assez de larmes à pleurer :

« J’ai peur que… J’ai peur que Victoria ne se souvienne jamais de moi. »


Leonard Wellington

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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeSam 26 Aoû 2023 - 0:48
Si Eiluned veillait à retenir ses larmes ou à contenir sa peine, ce n’était pas seulement par pudeur ou pour ne pas alourdir la tristesse que son époux portait déjà. En réalité, elle était terrifiée de ce gouffre qu’elle sentait s’ouvrir en elle dès que ses pensées s’égaraient vers le jour où Leonard disparaîtrait. Plus les jours passaient et plus elle doutait de ses capacités à survivre à cette perte.

Ils avaient toujours été deux, depuis la plus tendre enfance. Alors souvent, au cœur des nuits sans sommeil qui se multipliaient, Eiluned se demandait comment elle parviendrait à être seule pour le restant de sa vie. Seule. Seule. Seule.

Et dès qu’elle y pensait, son cœur s’affolait, son ventre se creusait et elle avait la nausée. Alors elle fermait les yeux et elle serrait les poings jusqu’à penser à autre chose. N’importe quoi, pourvu que cela tienne la mort de Leonard à distance, juste une brève minute, juste le temps d’oublier qu’ils avançaient vers l’inéluctable.

Alors si Eiluned retenait ses sanglots, le visage écrasé dans le pull de son mari, ce n’était même pas pour se montrer forte et brave dans cette épreuve.

Elle avait juste trop peur de se laisser aller.

Les bras refermés autour de Leonard, elle le berçait autant pour apaiser ses larmes que pour faire taire cette peur acide qui lui retournait l’estomac. Elle caressa ses cheveux, son dos, ses joues humides comme pour recueillir sa détresse, sans prêter attention aux paroles faussement rassurantes qu’il lui souffla en pleurant. Plusieurs minutes s’écoulèrent, pendant lesquelles ils restèrent ainsi enlacés, entourés par le silence qui s’était abattu dans la pièce. Un silence que Leonard vint briser d’un murmure.

Et dans cette unique phrase, il explicita tout ce que leurs regards disaient parfois depuis la naissance de Victoria. Toute cette urgence à vivre vite, à accumuler les moments qu’ils passaient tous les trois, à collecter chaque seconde jusqu’à ce qu’il n’en reste aucune. Et malgré tous leurs efforts, la peur subsistait. La peur que cela ne soit jamais assez, que le temps vienne irrémédiablement à leur manquer, que Victoria grandisse sans réel souvenir de son père. A cette pensée, Eiluned sentit sa gorge se serrer. Elle se souvenait encore des craintes que Leonard lui avait confiées, le jour où ils avaient pris la décision de fonder une famille. Il lui avait dit avoir peur que ces derniers ne se souviennent pas de lui ou, au contraire, soient hantés par son souvenir douloureux. Puis, la voix écrasée par les larmes, il lui avait soufflé avoir peur que son départ soit encore plus difficile à appréhender s’il savait qu’il laissait derrière lui non pas juste une femme mais aussi ses enfants. A cette époque, Eiluned avait su trouver les mots pour le rassurer.

Aujourd’hui, elle s’en sentait parfaitement incapable.

Elle n’avait pas envie de lui dire qu’elle parviendrait à faire vivre son souvenir auprès de leur fille, qu’elle serait celle qui lui raconterait son père, celle qui lui conterait leur rencontre lorsqu’ils étaient encore de très jeunes enfants, toutes les frasques qu’ils avaient réalisées ensemble, leur premier baiser, leur mariage. Elle voulait qu’il puisse le faire lui-même. Elle voulait avoir cette éternité que tous les couples très amoureux se promettaient, sans même avoir conscience de la chance qu’ils avaient.

Le visage brouillé par les larmes, Eiluned se mordit fort la lèvre pour ne pas hurler l’injustice qui brûlait son cœur. Elle n’avait pas quitté leur étreinte lorsqu’elle répondit, d’une voix étouffée :

« Moi aussi, j’ai peur qu’elle… Qu’elle soit encore trop petite quand tu… Quand tu vas… » Elle ne put se résoudre à finir sa phrase et dut mobiliser toutes ses ressources pour poursuivre : « J’ai l’impression qu’on manque de temps pour tout… »



Eiluned Wellington


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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeSam 26 Aoû 2023 - 16:12
Quand Eiluned lui partagea à son tour ses craintes, Leonard resserra ses bras autour d’elle, dans une vaine tentative de réconfort. Il n’y avait pas de solution, il n’y avait rien pour leur offrir les réponses qu’ils espéraient, il n’y avait pas d’espoir raisonnable sur le fait que la situation change pour eux et ils le savaient depuis un an maintenant. Ils savaient, au moment où ils avaient décidé de se marier et de faire un enfant ensemble qu’ils n’allaient pas vivre l’éternité qu’ils auraient voulu vivre ensemble, comme n’importe quel jeune couple. Ils le savaient et ils avaient avancé dans leurs projets en connaissance de cause, avec une certaine douleur dans le coeur.

Mais Leonard n’avait pas imaginé une seconde à quel point cela serait si dur.

C’était une chose de projeter sa paternité dans un futur plus ou moins proche, mais c’en était une autre de la vivre réellement, dans les conditions qui étaient les leurs. L’idée de ne pas pouvoir vieillir aux côtés d’Eiluned était déjà une souffrance profonde. Celle de ne pas pouvoir voir sa fille grandir avait quelque chose d’intolérable. Parfois il en oubliait toutes ses bonnes résolutions, celles qu’il se répétait quand il sentait la mélancolie le saisir. Il oubliait de profiter du temps présent, de voir le côté positif, de jouir de ses proches, de s’autoriser des moments de joie.

Il n’en avait plus envie. Il ne voulait plus faire comme si la vie restait belle malgré tout. Il voulait juste exploser de colère, hurler de chagrin, tempêter, protester contre cette profonde injustice qui avait voulu qu’il soit atteint d’une maladie incurable et qui lui ôtait un temps si précieux.

Blottis l’un contre l’autre, les deux époux se laissèrent le droit d’exprimer leur peine et leurs craintes, dans un lâcher prise aussi douloureux que salvateur.

« J’ai cette impression-là aussi » avoua Leonard, le visage enfoui dans le cou de sa femme. « C’est horrible, c’est comme… un sentiment d’urgence permanent. »

Un sentiment qui l’empêchait d’apprécier pleinement les moments de bonheur. Le temps était une ressource après laquelle Leonard courait presque désespérément. Il se sentait prêt à n’importe quoi pour en gagner davantage et pour cette raison, une réflexion tournait en boucle dans son esprit depuis quelques jours.

Il hésita quelques instants avant de finir par la partager à sa femme, du bout des lèvres.

« Peut-être que… Peut-être que je devrais essayer un traitement. »

Il se redressa légèrement, pour croiser le regard d’Eiluned et évaluer sa réaction. Jusqu’à maintenant, il avait toujours refusé toute forme de thérapie qui, il le savait, n’avait aucune chance de détruire son cancer. Cela pouvait éventuellement lui faire gagner du temps, mais il prenait en parallèle d’autres risques ; comme son oncomage le lui avait expliqué, face à sa tumeur très agressive, les traitements existants l’étaient tout autant, et il fallait être prêt à endurer la souffrance physique que cela pouvait causer. Leonard avait refusé, parce qu’il ne désirait pas sacrifier une part du temps qu’il lui restait en le passant à l’hôpital, à demi inconscient, juste pour gagner quelques semaines ou quelques mois de vie supplémentaire.

Mais maintenant que Victoria était dans l’équation, il se sentait vaciller sur cette décision qu’il avait prise. Sa voix était tout aussi incertaine alors qu’il poursuivait, ses yeux accrochés à ceux d’Eiluned :

« Si ça peut nous faire gagner un peu de temps… Je ne sais pas. J’ai peur de me retrouver à regretter de ne pas avoir tenté le coup quand il en était encore temps. » A nouveau, il hésita, avant de faire une autre confidence, plus difficile à admettre : « Ou qu'elle m'en veuille, elle, de ne pas avoir tout tenté, quand elle sera en âge de comprendre. »


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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeSam 26 Aoû 2023 - 22:12
Lorsqu’ils avaient fait le choix de se marier et de fonder une famille, Eiluned n’avait pas mesuré à quel point sa joie serait vive et sa tristesse serait dévastatrice. Ces deux émotions cohabitaient perpétuellement et Eiluned apprenait douloureusement à vivre avec. Elle veillait à ne pas laisser trop de place à la souffrance qui rongeait son cœur, comme pour éviter de lui accorder trop d’importance. Elle retenait ses larmes, mordait ses lèvres et s’exhortait à profiter de chaque seconde. Elle s’épuisait évidemment dans cette entreprise et les sanglots qui la gagnaient aujourd’hui en étaient les signes les plus visibles.

Eiluned jouait une course contre la montre qu’elle n’avait aucune chance de gagner.

Leonard allait mourir. Dans quelques mois, deux ans tout au plus, il ne serait plus là.

Et elle pouvait profiter de chaque minute de sa vie pour l’aimer, de chaque seconde pour le chérir, rien ne pourrait rendre cette perte plus douce ou plus acceptable.

Elle pleurait de peur dans ses bras, de fatigue aussi. D’injustice surtout. Sa souffrance côtoyait une colère monstrueuse qu’elle redoutait de laisser s’exprimer.

« Je sais… » souffla-t-elle contre lui. « Et j’essaie de profiter du temps qu’on a mais… »

La suite de sa phrase s’étrangla dans un sanglot. Elle s’obligea à inspirer pour apaiser ses larmes et essuya ses joues avec le revers de sa main. Elle sentait Leonard fébrile contre elle et cette fébrilité s’accentua avec la phrase qu’il lui murmura, comme une confidence.

Eiluned, elle se figea.

Leonard avait toujours refusé d’entendre parler des traitements possibles de son cancer. A quoi bon ? disait-il ; aucun ne parviendrait à le guérir. A lui faire gagner quelques mois tout au plus mais à quel prix ? Les chimiothérapies étaient éprouvantes, douloureuses, presque invivables. Il n’avait pas envie de se battre dans un combat dont il connaissait déjà l’issue tragique.

« Mais Lenny… » réagit-elle en se redressant légèrement pour pouvoir l’observer.

Il y avait une telle douleur dans son regard qu’elle en eut mal au cœur. Elle leva la main pour la poser sur sa joue humide, essuyant du pouce les larmes qui y roulaient toujours. Il paraissait dévasté, terrassé par cette peur qu’elle lisait sur son visage. Peur de mourir. Peur de mourir trop tôt. Peur de manquer de temps. Eiluned voyait en lui l’écho de ses propres craintes, celles qui la pressaient de l’encourager dans cette voie qu’il hésitait à prendre. Quelques mois en plus, ce serait déjà tellement. Quelques mois en plus et l’espoir déraisonnable d’obtenir plus.

Sa réaction fut plus mesurée, à l’image de la femme qu’elle était :

« Tu es sûr ? Je veux dire… Tu as toujours refusé de faire de la chimiothérapie à cause des effets secondaires… » Elle inspira et vint chercher sa main comme pour s’y accrocher. « Tu sais que je ferais tout pour avoir ne serait-ce que quelques semaines de plus avec toi. Mais… J’ai pas envie que tu regrettes ou que… » Elle hésité sur cette dernière phrase et finit par la délivrer du bout des lèvres : « Que la fin de ta vie ne soit pas celle que tu aurais aimé avoir. »



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Leonard Wellington
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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeDim 27 Aoû 2023 - 12:52
Quand Leonard avait pris la décision de ne pas faire de chimiothérapie, il était habité d’un certain défaitisme qui se confrontait à la réalité des faits. Face à son pronostic, son oncomage elle-même n’avait pas jugé bon d’insister pour le convaincre de se lancer dans un traitement lourd de conséquences, qui pouvait grandement réduire sa qualité de vie sur les mois ou années qui lui restaient. A cette époque, Leonard ne pouvait pas s’imaginer passer ses derniers jours dans un lieu aussi froid et impersonnel qu’un hôpital. Il voulait plutôt saisir toutes ses occasions de rire, aimer, s’amuser, manger ce qu’il désirait, profiter pleinement du temps -même court- qu’il avait pour le vivre à l’image de ce qu’il avait toujours été ; un jeune homme joyeux, bien entouré, prêt à se lancer dans mille activités différentes. Il lui semblait que troquer quelques beaux et précieux moments contre des jours plus nombreux mais plus ternes et douloureux n’était pas ce qu’il désirait.

Mais entre temps, Victoria était née. Et à mesure des jours qui passaient, de son visage qui changeait en l’espace d’une semaine à peine, de sa personnalité qui émergeait déjà, Leonard prenait conscience d’à quel point la temporalité était très différente dans la vie d’un bébé. Pour lui qui était un adulte bien installé et stable, les journées se ressemblaient, sans forcément apporter de révolution dans sa vie. Pour Victoria en revanche, chaque instant était l’occasion d’un nouvel apprentissage. Il la voyait littéralement changer de jour en jour. Parfois il regardait les photos prises une semaine plus tôt et il s’étonnait des changements de son apparence, des nouvelles expressions qu’elle adoptait, des réflexes qu'elle acquérait. Quand il la prenait dans ses bras, elle lui semblait plus lourde, plus ronde qu’hier.

Il prenait alors conscience que pour elle, quelques semaines avaient la valeur d’années dans la vie d’un adulte.

Leonard quitta les bras d’Eiluned pour se redresser sur sa chaise, alors que ses réflexions prenaient le pas sur ses émotions. Essuyant de sa paume ses joues humides, il balbutia :

« Je sais mais… Je sais plus trop ce que je veux, maintenant » avoua t-il. « Quand je vois comment Victoria change de jour en jour… J’aimerais juste pouvoir la voir grandir et être là le plus longtemps possible pour elle. Et pour toi aussi » ajouta t-il d’une voix tremblante en posant sa main sur le poignet de sa femme. « Je veux pouvoir vivre le plus de moments possible avec vous deux. »


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Eiluned Wellington
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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeJeu 28 Déc 2023 - 22:48
Eiluned faisait des listes. Des recherches. Elle prenait des notes, soulignait, encadrait les informations les plus importantes. C’était sa manière à elle de contenir son angoisse ; elle anticipait pour se préparer au mieux à l’avenir. Quand elle avait découvert la maladie de Leonard, elle lui avait promis de ne pas se perdre dans des manuels médicaux obscurs et ne pas dévorer tous les papiers écrits par des oncomages du monde entier. Et elle avait tenu. Quelques mois.

Un peu avant la naissance de Victoria, elle n’avait pas pu résister à ce besoin urgent de se renseigner. De savoir si quelque chose était possible, quelque part sur cette planète. Un traitement, même à l’essai, qui pourrait lui donner un peu d’espoir. Elle avait juste besoin de ça ; un peu d’espoir pour ne pas avoir l’impression de marcher vers une mort inéluctable. Paradoxalement, elle ne s’était pas sentie capable d’évoquer avec Leonard les quelques pistes qu’elle avait réussi à glaner auprès de ses collègues. Il n’y avait aucune solution miracle, seulement un choix à faire entre la peste et le choléra.

Alors elle n’avait rien dit.

Mais maintenant que Leonard s’ouvrait à cette idée, Eiluned ne pouvait penser à rien d’autre qu’à ces conversations informelles dans les couloirs de Ste-Mangouste.

Elle ne pouvait pas renoncer à lui, à eux, à la famille qu’ils formaient avec Victoria. Deux ans, ce n’était pas assez. Elle voulait plus, même quelques mois, quelques années.

Et peut-être la vie entière, soufflait une voix déraisonnable dans sa tête. La recherche allait si vite, maintenant que les technomagies faisaient entièrement partie de leur quotidien. Peut-être que quelques mois pouvaient faire la différence.

Cet élan d’espoir la désarçonna et Eiluned resta brièvement muette face à son mari. Elle avait la main posée contre sa joue, comme pour accueillir la détresse qu’il manifestait face à elle. Il semblait si désespéré, si terrifié et elle eut l’impression que son coeur se déchirait face à cette vision. Immédiatement, l’urgent besoin de faire quelque chose la saisit à nouveau à la gorge.

« Je sais, mon amour… Moi aussi, j’ai envie qu’on puisse vivre le plus longtemps possible ensemble. C’est… c’est trop dur de se dire à chaque fois qu’on célèbre quelque chose que ce sera peut-être la dernière fois. » confia-t-elle, la voix enrouée par les larmes. « Alors… Peut-être qu’on peut se renseigner, pour voir quel traitement pourrait être envisageable pour toi… » Elle se mordit la lèvre et avoua : « J’ai déjà… J’ai déjà parlé avec des oncomages. Juste pour avoir des informations, au cas-où. Et… Je pense que tu pourrais faire partie d’un essai clinique, si tu en avais envie. » révéla-t-elle, le menton tremblant.




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Never enough [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 2 Jan 2024 - 3:53
Leonard avait bien conscience de se retrouver face à un carrefour. La suite de son trajet était entre ses mains ; soit il continuait sur cette voie sur laquelle il marchait lentement mais sûrement depuis un an. Soit il prenait cette bifurcation qui se profilait et sur laquelle il n’avait aucune visibilité. Lui qui pensait avoir déjà pris sa décision depuis longtemps se retrouvait complètement bouleversé par l’arrivée de Victoria dans sa vie.

Elle méritait qu’il prenne tous les risques possibles pour elle.

C’était la conclusion à laquelle il arrivait doucement et il vit dans le regard de son épouse qu’elle n’allait pas l’en empêcher. Au contraire : elle avait été la première à tenter de le convaincre de prendre des traitements. Il ne fut pas vraiment surpris d’apprendre qu’elle s’était renseignée. Dans d’autres circonstances, quelques mois plus tôt, cela l’aurait sûrement contrarié, parce qu’il ne voulait pas qu’elle nourrisse de faux espoirs, ni qu’elle cherche à le faire changer d’avis. Cette fois, Leonard l’accueillit avec beaucoup plus de philosophie. Eiluned faisait simplement ce qui l’aidait à contenir ses angoisses et ce ne serait pas juste de sa part de chercher à l’en empêcher.

Et puis, maintenant, il était beaucoup plus enclin à la laisser le convaincre.

« Oui, on peut se renseigner… » approuva t-il. Il posa une main sur la joue de sa femme, dans un geste de réconfort. « On peut faire ça ensemble » promit t-il.

Leonard sut qu’il prenait une bonne décision parce qu’un poids qui oppressait son coeur se relâcha légèrement à ces mots.

FIN DU RP.


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