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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeJeu 23 Mar 2023 - 11:34
22 mars 2012

Avalon et Roy se retrouvent seuls sur cette plaine herbeuse balayée par le vent. Les vagues s’écrasent contre les rochers dans un remous bruyant mais cela n’empêche pas le silence entre eux d’être lourd. Lourd de pensées, lourd de tristesse, lourd de colère, lourd de peur. Toutes ces émotions se mélangent, intrinsèquement liées les unes aux autres. Elle se sent en colère contre Roy et contre ce monde sans pitié dans lequel il évolue, en colère contre elle parce qu’elle savait exactement ce qui pouvait l’attendre au tournant et qu’elle s’y est engagée avec une insouciance qui la révolte. Sauf que la colère n’est rien à côté de l’appréhension qui lui serre le ventre, à côté de la terreur qu’elle ressent. Avalon observe son mari et les mots se bousculent contre ses lèvres ; elle a tant à dire et si peu de temps pour le faire. Ils s’apprêtent à se jeter dans la gueule du loup, sans savoir s’ils en ressortiront indemnes et cette incertitude lui retourne l’estomac. Elle pourrait tout perdre ; sa fille, son mari, sa vie et son cœur tremble à cette idée.

Avalon sait que Roy se dit exactement la même chose. Ils se regardent et pensent que c’est peut-être la dernière fois. La peur les propulse l’un vers l’autre.

Lorsque les bras de son mari se referment sur elle, Avalon se blottit contre lui puis ferme les yeux, envahie par les odeurs et les sensations familières qui se dégagent de leur étreinte. Elle a la gorge nouée, tellement nouée qu’elle n’arrive pas à lui dire qu’elle l’aime, qu’elle a peur, qu’Alma lui manque tellement qu’elle pourrait en crever. Elle sent les larmes lui monter aux yeux et quelques-unes s’en échappent pour aller s’écraser contre la laine du pull de Roy. Elle prend le temps de se ressaisir, consciente qu’elle n’a pas le droit de s’effondrer maintenant. Lorsqu’elle s’écarte de Roy, ses yeux sont un peu rouges. Elle consulte sa montre.

« On doit y aller… »

Le temps les presse et ils n'ont que quelques minutes pour régler les derniers détails du plan qu'ils ont élaboré. Ils repassent chez eux pour s'équiper correctement, dissimuler leurs armes et récupérer quelques cheveux d'Alma dont Isobel a besoin pour réaliser son sort. Ils trouvent de minuscules cheveux noirs sur sa couverture blanche et les apportent à leur amie, déjà en train d'installer une carte sur la table de son salon. Ils repartent sans tarder, se cachent dans une ruelle étroite mais, juste avant de transplaner, Avalon retient Roy en posant une main sur son bras.

« Roy… » Il tourne un regard hagard vers elle. Elle ne sait même pas quoi lui dire. « Fais attention, je t’en supplie. » finit-elle par lâcher d’une voix étouffée.

Ils disparaissent dans un craquement sonore et lorsque leurs pieds retrouvent le contact du sol, ils sont immédiatement cernés par plusieurs baguettes magiques, toutes pointées vers eux. Avalon lève les mains avant même que la voix nasillarde de Norvel ne leur parvienne :

« N’essayez même pas d’attraper vos baguettes. »

Avalon doit déployer un effort monstrueux pour ne pas se ruer sur l’homme qui les observe avec un petit sourire. Il a sa fille, il lui a arraché sa fille et la haine qu’elle ressent à son égard est tellement violente, tellement profonde qu’elle n’aurait aucun scrupule à le tuer de sang-froid. Mais si elle fait un pas vers lui, ses hommes la descendent. Alors elle ne bouge pas. Elle reste ainsi, mains levées en signe de reddition et utilise les quelques secondes qu’elle a sa disposition pour analyser les lieux. C’est un entrepôt – visiblement désaffecté car les immenses étagères sont recouvertes de poussière et que les quelques objets qui sont entreposés ont l’air en mauvais état. Il est éclairé par la lumière de vacillante des néons qui sont fixés sur le plafond, à plusieurs mètres du sol. Avalon tend l’oreille et perçoit le bruit lointain d’une autoroute.

Il y a six hommes qui les entourent et qui n’ont pas baissé leurs baguettes, même face à leur reddition évidente. Norvel est appuyé contre une table, Bonham – son second – se tient à ses côtés.

« Fouillez-les. » ordonne Norvel et deux autres hommes s’approchent.

Le cœur d’Avalon s’accélère. Sa baguette magique est dans la poche de sa veste et celle de Roy est en évidence aussi. Ce qu’ils ont veillé à dissimuler, ce sont les armes supplémentaires dont ils se sont équipés ; une seconde baguette magique chacun, accrochée au niveau du mollet et le revolver d’Avalon, masqué par sa veste. Un sort de dissimulation les entoure et est censé les rentre indétectables au toucher. Si les hommes de Norvel ne sont pas trop observateurs, ils ne sentiront qu’un renflement mou – comme du tissu – là où ils ont caché leurs armes. S’ils ne sont pas trop observateurs, s’ils n’utilisent pas la magie pour les fouiller, si…

L’homme qui fait face à Avalon fouille d’abord dans ses poches et, sans surprise, lui retire sa baguette magique. Il la lance à Bonham, qui la rattrape au vol, puis reprend son examen méticuleux. Avalon ne dit rien, serre les dents, laisse les mains de cet homme parcourir son corps – ses épaules, ses bras, ses cuisses – s’attarder sur ses hanches, sa taille, le creux de son dos, ses fesses. Elle fixe Norvel qui sourit en regardant Roy.

Ce n’est même pas par prudence, qu’il fait ça. Il sait qu’ils ne peuvent rien faire contre lui, qu’ils ne tenteront rien qui puisse mettre en danger la vie d’Alma.

C’est de l’intimidation, de la provocation, une façon vicieuse, immonde, de montrer à Roy qu’il détient le pouvoir, désormais.

Ça la met hors d’elle. Elle fait un pas vers l’arrière, sans baisser ses mains.

« C’est bon. » Norvel tourne la tête vers elle. Il se délecte de la situation. « On n’est pas venus ici pour se battre et de toute façon, vous avez déjà nos baguettes. » Elle désigne Bonham du menton. « Cassez-les si vous voulez, je m’en tape. » Lorsqu’elle prononce la question qui lui brûle les lèvres, elle a l’impression que chaque mot pèse une tonne : « Où est ma fille ?
-Entre de très bonnes mains, lui assure Norvel. Enfin… Comme je vous le disais, ça ne dépend que de vous. » Il fait tourner machinalement une pièce entre ses doigts. « Si par mégarde mes hommes n’ont aucune nouvelle de moi pendant plus de cinq minutes, ils tueront la gamine. » Il simule une grimace empathique. « Et j’imagine que ce n’est pas ce que vous voulez.
-Tu sais très bien ce qu’on veut, le coupe Avalon. La question c’est : qu’est-ce que tu veux, toi ? »


Avalon Calder

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Roy Calder
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeJeu 23 Mar 2023 - 23:54
Roy a l’impression de laisser un morceau de lui dans cette couverture épaisse imprégnée de l’odeur de sa fille qu’il laisse à Isobel. Puis dans la dernière accolade qu’il offre à ses trois amis, ses frères d’armes, avant de les voir partir mener leur mission. Et au creux des bras d’Avalon qui le supplie de rester en vie. Il se sépare d’elle, le teint livide, incapable d’articuler le moindre mot.

Encore une fois, le souffle de la Mort le suit de près et jamais Roy n’en a été aussi terrifié.

Jamais il n’a eu tant de choses à perdre. Pour la première fois de sa vie, il est un homme heureux, un mari amoureux, un père comblé, un fils réconcilié avec ses parents, un frère mieux intégré dans sa fratrie. Les derniers jours, les dernières semaines ont été les moments les plus heureux de son existence.

Des moments presque trop beaux.

Sa réalité le rappelle désormais à l’ordre et le force à affronter les conséquences de douze années de prises de risque inconsidérées. Au fond de lui, il sait déjà que c’est la dernière fois. La dernière guerre, celle qui lui fera tout arrêter d’une manière ou d’une autre. Parce que c’est son dernier combat, le plus important et le plus difficile de tous, Roy se tient prêt à y jeter tout son être. Il n’a pas le choix, c’est tout ou rien. Il enterre au fond de lui tous ses doutes, toutes ses frayeurs et rappelle à lui tout son courage au moment de transplaner.

C’est en plein milieu d’un traquenard qu’il atterrit, au centre d’un cercle de huit hommes, baguettes pointées vers eux.

Au moment où il aperçoit Norvel face à lui, Roy esquisse un pas dans sa direction par réflexe. Si entendre sa voix proférer des menaces sur sa fille par l’intermédiaire d’un Pear One l’a terrorisé une heure plus tôt, maintenant qu’ils se font face, c’est une haine brutale qui prend possession de lui. Rester immobile, les mains levées en signe de reddition, lui coûte à cet instant où tout son corps lui hurle de se jeter sur son pire ennemi pour l’étrangler.

Norvel se dresse face à eux, presque méconnaissable. Il a probablement perdu une dizaine de kilos depuis l’année précédente, signe que sa fuite n’a pas été de tout repos. Il ne porte plus ses tenues élaborées, faites de capes argentées et de noeuds papillons distingués, mais une simple tenue noire. En revanche, il arbore le même sourire vicieux et triomphal que celui qui trônait sur son visage cette fois où il avait tenté de l’empoisonner.

Par fierté et pour ne pas donner plus d’accroche à son pire ennemi, Roy soutient son regard pendant que des hommes se mettent à le fouiller. Il les laisse prendre sa deuxième baguette magique qu’il avait laissée en évidence, conscient qu’il serait probablement désarmé dès son arrivée. Il sent contre la peau de son mollet, accrochée et dissimulée par un sortilège, sa vraie baguette et s’efforce de rester calme pendant que l’homme qui le fouille palpe cette zone.

Roy profite de ce moment de flottement pour observer brièvement les alentours, de quelques coups d’oeils assez vifs pour ne pas éveiller l’attention de ses ennemis. Il ne connait pas l’entrepôt dans lequel ils se trouvent. La pièce qu’ils occupent est relativement large, aménagée par une succession de racks. Il y a une porte au fond qui semble donner sur un autre hangar mais d’ici, il n’a pas moyen d’estimer la taille réelle des lieux. Parmi les sept hommes qui accompagnent Norvel, Roy en connaît cinq, tous d’anciens hommes de Griggs, avec qui il avait travaillé par le passé avant de provoquer la scission du gang. Francis Bonham, le second, un homme élancé et d’un sang-froid remarquable. Les jumeaux Lucas et Tobias Pearson, duo redoutable en duel. Tiago Montero, un vieux gaillard vicieux, et Mikael Hansen, anciennement garde du corps de Griggs. Les deux autres ne lui disent rien, impossible d’estimer leurs talents, mais leur carrure de catcheur suffit à leur donner une aura menaçante.

Assez rapidement, la fouille s’arrête pour lui, Lucas Pearson s’éloigne avec sa baguette en main. Celle d’Avalon, en revanche, sous la supervision de Tobias, le deuxième frère, s’éternise. En tournant la tête vers elle, Roy s’aperçoit que l’homme semble prendre un malin plaisir à laisser ses mains s’éterniser sur le corps d’Avalon, sur des zones qui ne laissaient pas de doute quant à l’interprétation de ses gestes. A nouveau, une bouffée de fureur et de haine le saisit, tandis qu’il fusille du regard le jeune mafieux. Il ne parvint pas à retenir un grincement entre ses dents.

« Bouge, c’est bon, là. »

Tobias échange un regard avec Norvel qui semble savourer la situation. Il esquisse un sourire narquois en palpant une dernière fois Avalon qui finit par s’écarter d’un pas en arrière. Roy le suit d’un regard noir pendant qu’il s’éloigne. Il a très bien compris le message derrière cette petite scène immonde. Il songe avec amertume que si Norvel a demandé à ce qu’Avalon soit présente lors de cette entrevue, ce n’est pas seulement pour s’assurer qu’elle ne puisse pas agir de son côté. C’est aussi pour utiliser la présence d’Avalon pour asseoir son ascendant sur lui et se mettre en scène. Je fais ce que je veux de ta femme, semble dire le petit sourire vicieux que Norvel tournait vers lui, désormais.

A cet instant, Roy fulmine, peine à contenir sa rage. Avalon se montre un peu plus maligne que lui, en prenant un ton dégagé pour montrer patte blanche face à leurs ennemis. Elle lance l’échange avec la seule question qui les amène ici.

« Où est ma fille ? »

Il n’y a aucune chance pour que Norvel leur révèle cette information, Roy ne l’attend pas une seconde. La seule raison de leur présence ici avec Avalon est de gagner un maximum de temps pour permettre à leurs amis de retrouver Alma et préparer l’arrivée des renforts. Toute la réussite de leur opération repose sur leur capacité à retenir suffisamment longtemps Norvel sans éveiller sa méfiance et sur la rapidité d’Isobel et Toni pour récupérer leur fille.

Une petite pièce dorée brille dans la main de Norvel et accroche le regard de Roy. Il reconnaît les pièces que Griggs utilisait à son époque pour communiquer en toute discrétion avec ses hommes en mission. Elles étaient ensorcelées pour ne fonctionner qu’avec la baguette magique à laquelle elles étaient liées. Aussi, quand il ne recevait pas de message à travers ces pièces dont il possédait les doubles, Griggs savait que quelque chose se passait mal et qu'un de ses hommes avait été neutralisé.

Roy comprend alors qu’il ne pourra rien tirer de ces pièces, à moins de réussir par miracle à immobiliser Norvel et lui voler sa baguette magique. Autant dire une mission impossible, vu les huit sorciers armés qui leur font face.

Huit… Et peut-être d’autres, ailleurs dans le bâtiment ou à l’extérieur, songe t-il en tendant l’oreille pour essayer de percevoir quelque chose.

A défaut de pouvoir obtenir plus d’informations, Roy replace sa concentration sur Norvel qui leur livre enfin une réponse :

« C’est très simple. Je veux récupérer tout ce qu’on m’a volé. » Il fait quelques pas vers eux, en caressant du bout de ses doigts sa baguette magique. « C’est pour ça que je m’en suis pris à votre fille, d’ailleurs. Pour que vous sachiez un peu ce que ça fait de se voir ôter quelque chose de précieux… Un peu d’empathie ne tue jamais personne. »

Il fallait être sacrément dérangé pour établir une comparaison aussi foireuse. Les fanfaronnades et les petits traits d’esprit de son ennemi excèdent déjà Roy, qui retient pour lui le fond de sa pensée et s’efforce de rentrer dans le jeu. Faire parler Norvel -et Merlin savait qu’il aimait s’écouter parler- est leur meilleure chance de gagner du temps.

« Ce qu’on t’a volé… ? Et qu’est-ce que je t’ai volé, au juste ? Aux dernières nouvelles, tout ce que j’ai fait c’est t’offrir tout un gang sur un plateau, sans même que t’aies à te salir les mains. » Gros lâche, se retient-il d’ajouter. « Ça t’a bien arrangé que je nous débarrasse tous les deux de Griggs, non ? De mon point de vue, tu devrais plutôt me remercier. »

Il ne peut s’empêcher de tirer une brève satisfaction de voir le visage de Norvel se froisser légèrement d’une grimace au coin de la bouche.

« Te remercier de m’avoir laissé un marché en miettes à Londres, pendant que t’allais tranquillement t’installer à Bristol ? Tu t’es bien arrangé pour prendre la meilleure part du gâteau avant de te casser avec la moitié des hommes, Calder… Gâteau qui devait me revenir de droit. »

Quel droit ? Ce n’est pas la monarchie ici, songe Roy avec sarcasme. C’est la même rengaine que Norvel lui a déjà servie un an plus tôt, pour justifier ses attaques répétées envers les Veilleurs jusqu’à ce terrible conflit au restaurant. Mais à l’époque, il paraissait bien plus en maîtrise et bien plus puissant. Son attitude diffère légèrement, Roy le voit, malgré tout l’orgueil dont se drape son ennemi : après une année de fuite, il n’a plus du tout la même prestance. S’il ne détenait pas Alma dans un lieu à part, il lui aurait paru ridicule.

Mais il détient Alma et cela fait toute la différence. Roy échange brièvement un regard avec Avalon. Il se sent naviguer à vue, il ne sait pas encore exactement quel est le meilleur angle d’approche pour faire parler le plus longtemps possible Norvel. Connaissant le personnage, il pressent qu’une certaine dose de provocation, suffisamment mesurée pour ne pas lui faire perdre ses gonds, mais assez piquante pour le pousser à répondre, pourrait les aider. Il rebondit :

« La moitié des hommes, à l’époque, c’était quand même un beau pactole, une bonne cinquantaine de soldats à ta botte… Me dis pas que vous n’êtes plus que vous huit, maintenant ? » lance t-il en balayant son regard autour d'eux.

Norvel ne va peut-être pas tomber dans ce piège tendu pour obtenir quelques informations sur les forces mobilisées dans cette opération, mais cela vaut le coup de tenter. Au pire, l’écouter le rembarrer fera toujours tourner la montre.


Roy Calder

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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeVen 24 Mar 2023 - 11:32
C’est un théâtre, songe Avalon sans quitter Norvel des yeux. Une mise en scène pour asseoir son ascendant sur Roy, une démonstration de son pouvoir et de sa puissance. Elle ne dit rien, serre les dents, endure la fouille méticuleuse de son corps qui fait enrager Roy à côté d’elle. Evidemment, Norvel est ravi, il se délecte de ce moment où il peut montrer à son rival qu’il est capable de posséder tout ce à quoi il tient : sa fille et, s’il le désire, sa femme. C’est immonde, répugnant mais malheureusement prévisible.

Car Norvel est en représentation et que, pour lui, Avalon n’est qu’un personnage de sa pièce perverse, tordue.

Sauf qu’en réalité, il n’est pas le seul à jouer un rôle.

Après l’avoir lancé, Avalon se met légèrement en retrait pour laisser Roy mener l’échange avec Norvel. Elle observe ce dernier, son sourire satisfait, son visage qui se froisse, ses lamentations ridicules. Elle fait l’effort de ne rien laisser paraître du mépris qu’elle ressent pour cet homme mais ne parvient pas à contenir un sursaut de nervosité lorsqu’il compare l’enlèvement de leur fille avec le prétendu vol qu’il aurait subi des années auparavant. Elle doit mordre l’intérieur de ses joues pour contenir une remarque acide et s’enferme dans un silence brûlant de colère.

Elle connaît l’histoire des Veilleurs, le meurtre de Bill Griggs, la scission du gang, le départ de Roy pour Bristol où il a réussi à bâtir un empire. Elle a assisté à ça aux premières loges, du fait de leur relation qui remonte à une dizaine d’années et de sa qualité de lieutenante au sein de la milice qui en a fait l’une de ses interlocutrices privilégiées pour sceller les accords entre son groupe et le gouvernement. Si les Veilleurs prospèrent autant sur la ville, c’est parce qu’ils ont accepté de se plier aux règles de la milice. En échange d’une surveillance accrue de la ville – siège de cellules terroristes – ils ont obtenu l’impunité. Evidemment, face à cela, les autres gangs n’ont pas tenu et, doucement mais sûrement, les Veilleurs sont devenus les seuls à régner sur le marché bristolien.

Et forcément, Norvel en crève de jalousie.

C’était pourtant un pari risquer de la part de Roy d’aller s’établir dans une ville marquée par des conflits mafieux, dont le plus récent avait aussi été le plus meurtrier. Les Veilleurs – fragilisés par la scission – auraient pu disparaître en quelques mois, bouffé par un autre gang, une autre guerre sanglante. Roy a réussi à tirer son épingle d’un jeu où on voulait sa tête et doit sa réussite à des alliances finement négociées.

Ce n’est pas exactement de sa faute si Norvel est incapable de faire la même chose, pense amèrement Avalon en se retenant de lever les yeux au ciel face à ses jérémiades.

Norvel paraît peut-être ridicule mais pas le genre à supporter qu’on se moque de lui. Il lui inspire une folie désespérée et en quête de vengeance qui force à la prudence. Ils ne peuvent pas se permettre d’être véritablement eux-mêmes dans cet échange où la vie de leur fille est menacée.

Cet entrepôt est un théâtre, cet échange est une pièce et Roy et Avalon font partie d’un spectacle qu’ils mènent à l’insu de Norvel.

Roy arrondit les angles, discute, fait mine de vouloir comprendre, négocier, soutirer des informations à son ennemi.

« Tu veux que je te donne leurs identités et leurs positions, aussi ? » relève d’ailleurs Norvel lorsqu’il le questionne sur les hommes qui l’accompagnent. « Tu n’es pas en position pour me prendre pour le dernier des cons, Calder. » Il enchaîne, son regard perçant fixé sur son rival. « J’étais le second de Griggs, ce n’est pas la moitié du gang qui était censée me revenir. Tu t’es tiré à Bristol pour bâtir ton empire main dans la main avec le Ministère… » Un petit rire lui échappe. « Tu tiens davantage de l’indic’ très bien rémunéré que d’un parrain de la mafia mais, passons… »

Roy arrondit les angles, discute, fait mine de vouloir comprendre, négocier, soutirer des informations à son ennemi. C’est son rôle, son personnage.

Avalon, elle, explose.

Pas contre Norvel ; elle n’a pas envie de le faire sortir de ses gonds et de risquer d’empirer leur situation.

Mais contre Roy.

Ils doivent trouver un moyen de gagner du temps avec Norvel sans envenimer les choses ou attirer sa méfiance. Ils connaissent le personnage ; un homme narcissique, mégalomaniaque, qui adore se donner en spectacle et qui se délecte du chaos qu’il sème. Quoi de mieux qu’un conflit qui éclate sous ses yeux ?

« Mais c’est pas le sujet ! » Elle se tourne vivement vers Roy, en ignorant les baguettes qui suivent son mouvement. « Tu crois vraiment que c’est le moment de faire une rétrospective des cinq dernières années pour comprendre où t’as merdé dans cette histoire ? »

Elle sent des sourires s’étirer sur les visages des hommes qui les observent. Evidemment ; c’est encore plus jouissif de voir Roy Calder se faire reprendre avec virulence par sa femme.

« Il a notre fille ! File-lui ce qu’il veut putain, je vais pas assister à une heure de négociations juste parce que t’as envie de prouver que t’as la plus grosse ! »

Ce n’est pas difficile de simuler une dispute avec Roy ; elle sent une telle colère bouillir en elle que, faute de pouvoir la déverser sur Norvel, elle peut très bien l’abattre sur son mari.

« Qu’est-ce que tu veux ? Récupérer son territoire ? Des hommes ? Un marché à Bristol ? De la thune ? » Avalon interpelle Norvel. Il a un insupportable petit sourire aux lèvres, signe qu’il est ravi de la tournure des évènements.
« C’est ta nouvelle associée ? demande Norvel à Roy avec un sourire narquois. Tu as bien fait d’en changer, elle m’a l’air un peu plus sensée que Bowers… »
« Ta gueule, lance-t-elle, les sourcils froncés. La seule chose que je veux, c’est récupérer ma fille, d’accord ? J’en ai rien à foutre de vos petites disputes de cours de récréation. »

Un éclat de colère passe sur le visage de Norvel ; suffisamment pour heurter son ego, pas assez pour qu’il explose à son tour. Avalon y a veillé ; elle a attaqué Roy pour gonfler l’orgueil de Norvel avant de diriger sa colère vers lui.

« Tiens ta femme, Calder. » ordonne-t-il en croisant les bras.

C’est un théâtre, songe à nouveau Avalon en retenant l’insulte qui lui brûle les lèvres. Une mise en scène pour satisfaire sa suffisance et sa mégalomanie. Et, si elle n’a jamais été une excellente menteuse, il est impossible de ne pas croire en son visage froissé, son regard noir, ses dents serrées. Elle joue le rôle de sa vie ; et peut-être le dernier.


Avalon Calder

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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeVen 24 Mar 2023 - 17:08
Comme attendu, Norvel balaie sa tentative d’obtenir des informations sur les forces en présence, usant de sarcasme pour le rabaisser. A travers ses paroles venimeuses, il laisse voir toute la jalousie qu’il nourrit envers la réussite des Veilleurs. Au fond, la rancune de Norvel est compréhensible : c’est effectivement un cadeau empoisonné que Roy lui a laissé, après avoir tiré profit de scissions internes au gang de Griggs et fait tuer son chef en toute discrétion. Il lui a soigneusement caché ce qu’il allait en tirer de son côté. Il s’est fait passer comme celui qui se mettait en retrait pour laisser à Norvel toute la place à Londres pendant qu’il allait s’occuper d’un marché en crise à Bristol mais en vérité, il avait déjà bien amorti son atterrissage avant de le faire, en trouvant de nombreux alliés de choix pour assurer une ascension fulgurante, notamment le Ministère. Une ascension si fulgurante que beaucoup des hommes qui avaient d’abord choisi de rester dans les rangs de Norvel ont fini par retourner leur veste et rejoindre le clan plus prometteur des Veilleurs. Comme son ennemi le souligne, ce sont des miettes qu’il lui a laissées.

Mais Roy connait assez son ancien collègue pour déceler autre chose qu’une simple frustration de se voir arnaquer, quelque chose qu’il soupçonne d’être un complexe d’infériorité vis-à-vis de lui et qui a pris de l’ampleur depuis la scission du gang originel. Roy n’a jamais apprécié Norvel, pire encore, il l’a toujours méprisé et déjà à l’époque, ils faisaient mutuellement des mauvais coups, pour monter plus vite que l’autre dans la hiérarchie, s’attirer les faveurs des hommes au-dessus d’eux. Parce que Norvel restait dans l’antenne principale de Londres pendant que Roy peinait à Bristol, il était parvenu à se hisser à la place enviée de second du gang. Mais les choses ont menacé de se renverser au moment de la guerre contre les sharacks qui a mis Bristol à feu et à sang et provoqué des scissions entre ceux qui voulaient récupérer du territoire à Bristol et ceux qui ne souhaitaient plus s’engager dans une telle prise de risque. Bill Griggs a alors proposé un marché à Roy que Norvel ne lui a sans doute jamais pardonné : prendre la place de Norvel en échange de sa coopération dans la lutte contre les sharacks.

Et Roy n’a pas refusé, bien au contraire. Il a fait mine d’accepter le marché, il s’est engagé dans l’élimination pure et simple des sharacks à travers des négociations et des opérations musclées, tout en préparant secrètement de son côté l’assassinat de Griggs. Était venu dans la foulée une opportunité de s’allier avec le Ministère, qu’il avait aussitôt saisie, quitte à trahir et se mettre à dos d’anciens alliés mafieux. Puis il a prévenu Norvel au tout dernier moment, ne lui laissant que peu de temps pour réagir et le forçant à marcher dans sa combine pour survivre dans ce nouvel échiquier politique, même si cela devait rendre plus difficile sa légitimité de chef auprès du reste des hommes.

Un coup de maître, en somme, le coup qui lui avait permis de prendre le monopole sur la Voie des Miracles et inscrire son nom et celui des Veilleurs dans la tête de tous les mafieux du pays. Il n’allait pas s’excuser pour cela. Tant pis si cela avait eu pour prix d’humilier Norvel en lui volant la vedette. Au fond, il y avait tiré un certain plaisir.  

Sa seule erreur dans toute cette affaire, celle que Roy regrette sincèrement maintenant, c’est d’avoir grandement sous-estimé Norvel. Et c’est sûrement ce dont ce dernier se délecte autant en le regardant comme un rat coincé dans son piège.

Alors évidemment, Roy n’a pas sa superbe habituelle, il ne peut plus se le permettre dans une telle position de faiblesse. Il ne peut pas rétorquer tout ce qu’il aurait envie de répondre pour humilier Norvel, le rabaisser, comme il l’a si souvent fait par le passé. Maintenant c’est au tour de son vieil ennemi de montrer son ascendant et il ne se prive guère de le faire.

Sa remarque sur les alliances des Veilleurs avec le gouvernement pique et agace Roy mais il s’efforce de ne pas entrer dans son jeu. C’est à lui de mener la danse, s’il veut pouvoir gagner du temps pour Isobel et Toni. Et c’est dans cette optique qu’Avalon et lui ont pris quelques minutes avant de partir pour discuter de la meilleure approche possible.

Roy comprend aussitôt qu’elle saisit l’occasion de ce petit échange de piques avec Norvel pour mettre leur plan en route. Elle se tourne vers lui en faisant mine de se mettre en colère contre lui. Même si Roy sait que c’est ce dont ils ont convenu comme petite mise en scène pour faire tourner la montre sans éveiller les soupçons, une part de lui ne peut s’empêcher de se sentir atteint par ses mots. Il voit bien qu’Avalon ne fournit aucun effort pour crier ses reproches, qu’elle est animée d’une colère sincère qu’elle n’a peut-être pas l’intention de diriger vers lui mais qui sonne malgré tout très juste. Il ne sait toujours pas dans quelle mesure elle le tient responsable de toute cette situation, et cette inquiétude au fond de lui ne disparaît pas sous prétexte qu’ils font semblant de disputer.

Alors, c’est plus difficile pour lui de rentrer dans son rôle et de prendre un ton brusque pour répliquer :

« Ça n’a rien à voir, putain ! Et t’énerve pas, tu vois pas que c’est tout ce qu’il veut, ce salaud ? Laisse-moi faire ! »

Et Avalon remplit parfaitement sa part en refusant de l’écouter et en se tournant vers Norvel. Elle tient un rôle très crédible dans la situation où elle se trouve, celle d’une mère inquiète et en colère de voir les affaires de son mari menacer la vie de leur fille, et donc par conséquent, prête à écourter l’échange le plus vite possible en donnant tout ce que Norvel demande.

Quant à Roy, son instinct naturel le pousse tout autant à accepter n’importe quelle demande de son pire ennemi si cela peut sauver la vie de sa fille mais il se force à le masquer. Son rôle à lui est  de montrer des scrupules, d’essayer de marchander, de faire durer les négociations le plus longtemps possible pour faire tourner la montre. Il enfouit donc le mépris et le dégoût que lui inspire l’ordre révoltant de Norvel qui semble considérer qu’Avalon n’est rien d’autre que sa possession. A la place, il saisit cette chance de se faire passer pour le pire des maris et alimente leur faux conflit :

« Tais-toi, laisse-moi faire.
-Te laisser faire quoi ? C'est à cause de ce que tu fais qu'on est ici » cingle-t-elle en se redressant, bien loin de se laisser impressionner.

Refoulant sa culpabilité qui s’agite en lui à cette remarque, Roy rétorque :

« Et alors, tu crois que c’est le moment de parler de ça ? J’essaye de régler la situation, là, je te signale, tu m’aides pas, merde !
-Oh, pardon, fait-elle avec une ironie mordante, j'ai dû rater le moment où tu parvenais à régler ou à gérer quoique ce soit. »

Quelques ricanements s’élèvent autour d’eux. Les jumeaux Pearson semblent trouver leur petite dispute de couple très divertissante, tout comme Norvel qui les observe avec un sourire en coin. Roy fait durer le spectacle en s’exclamant :

« Tu me casses les couilles, t’es conne, ma parole ! C’est de mon gang qu’on parle là, c’est moi qui gère, pas toi ! »

Roy entend ses propres mots déchirer l’atmosphère. Il se déteste de les prononcer, même si cela fait partie de leur plan. Il déteste l’idée que cela puisse être les derniers mots qu’il adresse à sa femme. Il voit dans le regard d’Avalon un choc similaire. Ils sont tellement en dehors de leurs habitudes et de leurs réelles personnalités qu’elle a un léger mouvement de recul. Devoir poursuivre leur petite mascarade semble lui coûter autant qu’à lui.

« Va te faire enculer. » crache-t-elle, le regard sombre. « C'est pas de ton gang qu'on parle, c'est de notre fille ! »

A cet instant, un raclement de gorge retentit du côté de Norvel et les interrompt :  

« Aussi divertissant cela soit-il de voir votre tout récent mariage battre de l’aile… » Il arbore un sourire mielleux détestable. « Il se trouve que je n’ai pas que ça à faire. » Il tourne un regard plus sérieux vers Roy. « Figure-toi que j’ai bien une raison d’avoir fait venir ta petite copine. J’ai quelques demandes à lui faire. Parce que vois-tu, pendant toute cette année où j’ai dû me planquer à cause de votre traque à tous les deux, j’ai perdu beaucoup de forces… Alors miss Davies va commencer par libérer tous les hommes qui travaillaient pour moi et qu’elle a fait emprisonner avec sa Milice. »

Son ton ne souffre d’aucune contradiction, ses petits yeux cernés lancent désormais des éclairs. Le temps du jeu est terminé, semble dire sa figure sombre. Il s’avance de quelques pas et Roy voit les hommes autour de lui s’agiter, serrer leurs baguettes magiques, comme pour se préparer à la suite. Une suite qui ne présage rien de bon pour eux, pressent t-il comme une certitude glaçante.

Des frissons se répandent sur sa nuque, son coeur s’accélère. Tous ses sens sont en alerte, dans l’attente du prochain mouvement de Norvel. Roy s’attend à tout moment à voir un sortilège fuser dans sa direction et sa main droite tressaille légèrement, comme pour se préparer à attraper la deuxième baguette dissimulée sur son mollet.

« Quant à toi, Calder… J’ai longtemps réfléchi à la meilleure manière de mettre fin à notre conflit qui n’a que trop duré. Bien sûr, je pourrais te faire tuer sur-le-champ » lance t-il en faisant un léger mouvement de la main, comme s’il ne s’agissait là que d’un détail. « Bien que cela me procurerait beaucoup de satisfaction, je me doute que tes acolytes vont s’empresser de te venger. Et je ne veux pas d’une guerre. »

Tu ne peux pas te le permettre plutôt, songe Roy avec amertume, les lèvres serrés.

« Qu’est-ce que tu veux, alors ? Crache ce putain de morceau » lance t-il, plus tendu que jamais.

Norvel cesse enfin sa petite procession et répond :

« Je veux que ton gang disparaisse une bonne fois pour toutes. Je veux que les Veilleurs déposent les armes et cessent de constituer une menace pour les miens. Et je veux ton trône à Bristol. »

Roy secoue la tête, de plus en plus impatient et anxieux face à ce discours qui n’en finit pas et face aux hommes de Norvel qui n’attendent qu’un mouvement de sa part pour lui jeter un sort.

« De quoi tu parles, putain ? Comment tu penses que je peux faire ça à moi tout seul ? Je peux pas convaincre cent hommes de s’incliner devant toi et abandonner toutes leurs affaires en claquant des doigts, c’est pas d’une armée qu’on parle ! »

Ce n’était pas une demande réalisable. Les Veilleurs lui étaient loyaux parce qu’il pouvait assurer leur prospérité. A partir du moment où il perdait ce pouvoir, ils feraient en sorte de le renverser pour prendre sa place, c’était aussi simple que cela. Norvel était en train de lui demander de se suicider pour au final n’obtenir aucun résultat. Il secoua la tête, avec un sourire moqueur :

« Qui t’a parlé de convaincre qui que ce soit ? Finalement, tu n’es pas aussi malin que tu le prétends, Calder… Je t’ai dit, je n’ai pas fait venir ici miss Davies pour rien ! C’est elle qui détient un pouvoir qui nous dépasse, toi et moi. Quelle bonne idée tu as eu d’épouser la cheffe de la Milice ! Parce qu’elle peut coffrer qui elle veut, n’est-ce-pas ? Et ça inclut l’ensemble de tes hommes, si ça lui chante. Ça devrait pas être difficile de trouver des prétextes pour faire une descente dans la Voie des Miracles et envoyer tous tes copains pourrir à Azkaban. »

Roy écarquille les yeux, saisi par le choc. De toutes les machinations qu’il avait pu imaginées de la part de Norvel, celle-ci n’en fait pas partie. Demander à Avalon de faire emprisonner tout le gang de son propre mari, y compris leurs amis, pour les faire tous couler ? La vie d’Alma contre celle de nombreuses autres personnes qui comptent pour eux, en somme.

C’est de loin la manoeuvre la plus tordue et redoutable que Norvel n’ait jamais réalisée.

Et ce n’est pas fini. Son ennemi ajoute, avec un sourire retors, une déclaration qui est pire que la promesse de sa mise à mort :

« Et comme je me doute que ça va prendre un peu de temps et que je n’ai pas envie que vous en profitiez pour renverser la vapeur, je suis désolé de vous le dire, mais vous n’aurez pas votre fille avant que toutes mes demandes auront été exécutées. »


Roy Calder

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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeVen 24 Mar 2023 - 20:50
La profonde colère que ressent Avalon ne rend pas son échange avec Roy plus supportable. Il jure, la somme de se taire, l'insulte et elle se sent presque vaciller sous la violence de ses mots. Bien sûr qu'ils jouent un rôle, qu'ils font comme si pour gagner du temps et tromper la vigilance de leur ennemi. Mais ces choses qui sont dîtes sont les seuls mots qu'ils s'échangent, le seul contact qu'ils ont au cœur de cette situation où la peur leur ravage l'estomac. Avalon n'a pas envie de crier contre Roy ; elle veut s'effondrer dans ses bras parce qu'elle a peur, parce que son bébé lui manque et que, plus le temps passe, plus ce vide vertigineux lui donne envie de mourir. Elle a envie d'entendre que tout ira bien, qu'ils parviendront à récupérer leur fille, que tout sera bientôt fini.

Mais Roy l'insulte et elle répond, parce que c'est exactement ce que Norvel s'attend à voir.

Lorsqu'il les interrompt finalement, sans masquer sa satisfaction, Avalon se tourne vers lui, la gorge nouée par une lourde tension. Elle n'ose pas regarder sa montre, de peur d'éveiller les soupçons des hommes qui ne les lâchent pas des yeux mais espère de tout cœur que cette petite scène de ménage leur aura fait gagner du temps. A ce stade, même quelques minutes peuvent être précieuses et renverser le cours des choses. Quelques minutes pour permettre à Isobel de localiser Alma, quelques minutes pour que Fergus et Jayce mobilisent les Veilleurs, quelques minutes pour que Toni élimine les hommes chargés de surveiller son bébé.

Mais Norvel s'impatiente et pose enfin sa première condition : il veut qu'Avalon fasse libérer ses hommes enfermés à Azkaban. Elle s'efforce de ne rien laisser paraître et se contente d'hocher la tête avec raideur. La traque menée par la milice a en effet mené à plusieurs arrestations au cours de l'année, mais Norvel se trompe s'il croit qu'elle peut faire sortir ses hommes de prison aussi facilement. Son statut au Ministère ne lui donne pas le droit de braver les jugements rendus par le Magenmagot. Elle aurait pu négocier la sortie d'un prisonnier ; pas de tous ses hommes qui croupissent en prison.

Norvel l'ignore peut-être - ou pense qu'elle détient personnellement les clés d'Azkaban - mais Avalon fait sagement le choix de ne pas le démentir.

Elle reste silencieuse, les yeux fixés sur Norvel qui prend un malin plaisir à faire grimper la tension. Roy s'impatiente à ses côtés ; Avalon sent qu'il est prêt à sauter à la gorge de Norvel. Mais parle, enfoiré, songe-t-elle alors qu'il fait trainer en longueur ses phrases, parle et on pourra rebondir sur chacun de tes putains de mots pour gagner toutes les secondes nécessaires pour récupérer notre fille.

Sauf que le choc qui suit la prise de parole de Norvel est si grand qu'aucune phrase ne lui vient. Elle le dévisage, les yeux légèrement écarquillés, alors qu'il croise les bras sur sa poitrine, très satisfait de l'effet qu'il provoque. L’idée est cruelle, perfide, ingénieuse et les oblige à faire un choix : la vie de leur fille contre la liberté d’une centaine d’hommes, dont certains qu’elle considère comme ses frères. Respire, s’intime-t-elle alors qu’elle sent son cœur s’accélérer dans sa poitrine, réfléchis. Norvel sait parfaitement qu’il ne peut pas survivre tant que les Veilleurs sont en place ; la condition qu’il pose est nécessaire pour son grand retour. Il a donc besoin d’elle et, par conséquent, ne l’éliminera pas tant qu’il pense qu’elle peut lui obtenir ce qu’il lui demande. Les baguettes tournées vers elles lui semblent moins menaçantes et elle s’efforce de garder cette information dans un coin de sa tête.

Au fond, Avalon sait très bien qu’elle n’aura jamais à faire ce que Norvel lui demande. Si leur plan fonctionne, Toni et Isobel récupèreront Alma et ils élimineront Norvel. Sinon… Ce dernier les fera probablement tuer sur le champ.

Alors elle s’efforce de repousser le dégoût que lui provoque l’idée de trahir ses plus proches amis. Elle s’accroche à ce qu’elle doit faire, à ce temps précieux qu’elle veut gagner. Elle ouvre la bouche pour répondre mais Norvel la devance et lui donne l’occasion rêvée pour entrer en négociation avec lui.

« Non, lance-t-elle immédiatement en croisant les bras sur sa poitrine.
-Non ? relève Norvel, les sourcils légèrement haussés comme pour témoigner de sa surprise.
-Non. Elle a trois semaines, c’est hors de question que je reste loin d’elle aussi longtemps.
-C’est exactement pour cette raison que je sais que tu feras au plus vite. » rétorque-t-il avec un petit sourire en coin qui la révolte.

Avalon réfléchit à toute vitesse, sans quitter Norvel des yeux. Elle ne peut pas refuser intégralement sa proposition – ce serait prendre le risque que les choses dégénèrent – mais ne peut pas non plus y répondre immédiatement car cela signerait la fin de leur rencontre, or elle veut à tout prix éviter qu’il quitte cet entrepôt pour retourner là où Alma est gardée captive.

« Non. Tu crois quoi ? Que je peux débarquer devant Azkaban pour exiger la libération de tes hommes ? Je ne suis pas la putain de Ministre ! Ça va me prendre du temps.
-Mais ce n’est pas mon problème, ma chère. » Il ajoute, perfide : « Je t’ai connu plus inventive quand il s’agissait de fabriquer une fausse identité de milicienne à ton petit copain pour essayer de m’assassiner…
-Ce n’est pas la même chose. » En refusant de céder sur ce point, Avalon espère gagner du temps tout en faisant croire à Norvel qu’elle peut envisager de se plier à son ordre. « Ce que tu demandes, ça prend du temps. Surtout si tu veux que ça reste loin des yeux de la directrice de la justice magique. Alma aura le temps de mourir de faim dix fois d’ici à ce que je puisse faire quoique ce soit !
-Et ça prendrait moins de temps si c’était pas l’intégralité de mon gang que tu voulais coffrer » souligne Roy, les dents serrés.

Norvel tourne un regard froid vers lui.

« Ça, c’est non négociable. »

Mais il semble ennuyé, comme si les arguments d’Avalon l’avaient quelque peu atteint. Il tourne la tête vers son second, comme pour obtenir son avis. Bonham s’éclaircit la gorge.

« Je suppose qu’on peut trouver une solution pour nourrir la petite.
-Laissez-moi la voir pour la nourrir quand elle a besoin, propose immédiatement Avalon.
-Pour prendre le risque que tu viennes avec tous les petits soldats de ton mari pour récupérer ta fille ? Non, on trouvera quelqu’un pour lui donner un biberon, tu nous diras ce qu’elle doit prendre.
-Mais elle ne prend pas le biberon ! » Elle hésite une seconde avant de tenter un coup de poker : « Elle est née prématurément, je l’allaite exclusivement au sein, elle est encore trop petite pour prendre la tétine d’un biberon. »

Norvel échange un regard avec ses hommes, comme s’il espérait que l’un d’entre eux aurait des connaissances particulières à apporter sur l’allaitement d’un bébé prématuré. Evidemment, le silence se fait. Contrarié, il finit par concéder à la demande :

« Très bien, on s’arrangera pour organiser des visites. Mais t’avises pas d’en profiter pour gagner du temps. Je m’en fous de la quantité de paperasse que tu dois faire et des leviers que tu dois soulever pour ça, tu te démerdes. T’as trois jours. Après ça…
-Trois jours ? réagit Avalon. Mais c’est complètement… »

Elle n’a pas le temps de finir sa phrase car un des hommes de Norvel se dirige vers lui, le visage froissé dans une expression indéchiffrable. Ses doigts sont serrées sur sa baguette magique qui semble tressaillir dans sa main et le cœur d’Avalon rate un battement. Il se penche vers Norvel, chuchote à son oreille quelque chose que personne ne peut entendre à part lui. Avalon voit ses poings se refermer, ses jointures blanchir.

« Roy, Avalon… » Il a une voix doucereuse et le regard froid. « Je vous avais pourtant prévenu de ne pas essayer de jouer aux plus malins. »

Avalon perçoit son geste peut-être une demi-seconde avant que Norvel ne l’esquisse. Elle attrape Roy par le bras.

« BAISSE-TOI ! » hurle-t-elle mais sa voix est couverte par les sorts qui s’entrechoquent au-dessus de leurs têtes.

Sa main vole jusqu’à sa baguette dissimulée au niveau de son mollet. Elle conjure immédiatement un bouclier puis avise les racks métalliques autour d’eux. Son sortilège les fait s’effondrer dans un vacarme assourdissant, en soulevant une tonne de poussière. Sur leur droite, les hommes de Norvel sont obligés de faire un bond de côté pour éviter la chute d’une barre métallique. Avalon et Roy en profitent et s’engouffrent dans cette brèche pour s’enfoncer dans l’entrepôt et mettre le plus de distance possible avec leurs rivaux.  


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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeVen 24 Mar 2023 - 21:58
Roy met quelques secondes à revenir dans le moment présent, tant l’annonce de Norvel le laisse sans voix. Le marché qu’il leur propose est particulièrement cruel. Et d’ailleurs, Roy ne peut s’empêcher de noter qu’il ne leur promet pas leur survie en échange de tout ça. Seulement celle de leur fille.

Complètement taré, pense t-il avec force, sans pouvoir le dire. Il n’a pas seulement sous-estimé les capacités de Norvel, il a également sous-estimé la taille de la rancoeur qu’il lui voue pour se montrer aussi impitoyable. En somme, soit ils meurent après avoir perdu leur fille. Soit ils meurent après avoir trahi tous leurs amis.

Finalement, la mission suicide qu’il a du bricoler avec ses amis en une heure à peine pour tenter de sauver leur peau et celle de sa fille a le mérité de leur offrir un dilemme plus acceptable. Roy préfère encore mourir en mettant tout en oeuvre pour sauver ses proches, quitte à se lancer dans une mission dont l’issue était très incertaine et à priori pas vraiment en leur faveur. Beaucoup de choses pourraient se passer dans le plan qu’ils ont établi avec les autres. Mais c’est toujours moins effrayant que d’accepter la proposition que Norvel leur fait.

Roy s’efforce donc de refouler l’angoisse et la fureur que lui inspirent ses derniers mots pour revenir dans ses propres objectifs. Encore et toujours gagner du temps.

Avalon parvint à le faire avec brio, en jouant sur un terrain que ses ennemis connaissent mal. Elle parvient même à les surprendre en lançant un ferme « Non ». Même Norvel, déstabilisé, échange un regard avec ses hommes qui semblent tout aussi confus. De toute évidence ils ne s’attendaient pas à une réponse aussi catégorique dans une situation où ils avaient un tel ascendant sur elle. En voyant leurs mines troublées par les arguments et l’aplomb d’Avalon, Roy remercie le ciel d’avoir mis une femme aussi forte et audacieuse sur son chemin.

Malheureusement, leur brève victoire s’achève vite avec le mouvement de Montero. Il s’approche de Norvel, la mine fermée, sous les yeux de Roy qui se retrouve saisi d’un mauvais pressentiment. Sa première pensée va vers leurs amis. Est-ce que l’un d’entre eux s’est fait repérer ? Isobel ou Toni, qui doivent être en train d’abattre les hommes que Norvel a chargés de surveiller leur bébé ? Ou Fergus et Jayce, sensés être placés à quelques dizaines de mètres ici, avec les Veilleurs, prêts à venir en renfort dès l’instant où ils auraient la confirmation qu’Alma est sauvée ?

Il n’a la réponse à aucune de ces questions. Mais il comprend que l’une d’entre elles doit être juste, car Norvel a le temps d’articuler un avertissement avant de lancer ses hommes sur eux.

La suite se passe très vite. Roy se baisse juste à temps pour échapper aux éclairs qui visent sa tête. Avalon déploie un bouclier autour d’eux. Il en profite pour extirper sa baguette magique de sa cachette. Un vacarme résonne dans l’entrepôt, des nuages de poussière se soulèvent sous l’effet du sortilège d’Avalon qui a fait tomber plusieurs rangées de racks entre eux et leurs assaillants. Ils profitent de cette brève diversion pour se jeter en avant, vers le premier chemin qu’ils trouvent pour fuir les hommes de Norvel.

« Attrapez-les ! Je les veux vivants !! » mugit le chef de la bande.

Roy a seulement le temps d’apercevoir deux hommes coincés sous les décombres avant de se jeter dans une des nombreuses allées de l’entrepôt avec Avalon. Ils courent aveuglément à travers les allées, changeant à plusieurs reprises de direction pour semer la confusion. Sans rompre leur course, Roy attrape la main de sa femme et se concentre de toutes ses forces pour visualiser une destination. Mais rien ne se produit. Il comprend très vite que l’entrepôt est soumis à un charme anti-transplanage, une précaution assez courante qu’il a déjà lui-même mis en oeuvre pour réussir un traquenard.

« On peut pas transplaner, putain… ! »

A défaut de mieux, il court, jusqu’à ne plus percevoir le bruit de pas des hommes qui les suivent. Il s’arrête derrière un rack haut de plusieurs mètres, le temps de chercher son souffle et un plan qui leur permette de se sauver.

Il se rend alors compte que dans toute cette panique, ils n’ont pas pu savoir ce qui avait alerté Norvel, exactement. Ils n’ont désormais plus aucune certitude sur l’état d’Alma.

Livide, Roy croise le regard d’Avalon dans lequel il lit la même funeste pensée. Il a envie de vomir, l’angoisse et la peur le tenaillent. D’un geste, il l’invite à s’accroupir, pour être moins visible des hommes qu’ils entendent au loin faire le tour des allées en lançant des appels.

« Il faut qu’on trouve le moyen d’alerter Jayce et Fergus dehors » chuchote t-il. Il jette régulièrement des regards autour d’eux, pour s’assurer que personne n’est trop proche. « Y a sûrement des sorties quelque part dans ce fichu hangar, il faut juste qu’on les trouve… Je peux faire diversion pendant que tu vas les chercher » propose t-il.


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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeVen 24 Mar 2023 - 23:03
Avalon court, sa baguette magique serrée entre ses doigts. Elle entend des bruits de pas derrière elle, signe que les hommes de Norvel les poursuivent. Roy et elle naviguent entre les imposants racks, changent de direction, prennent à gauche et s’engouffrent dans une allée éclairée par la lumière vacillante d’un néon. Ils se prennent par la main, prêts à transplaner… Mais quelque chose les retient. Avalon jure entre ses dents ; évidemment, un enchantement les empêche de s’enfuir.

Faute d’avoir une meilleure solution, ils continuent donc leur course qui, d’abord effrénée, devient de plus en plus silencieuse au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de leurs adversaires. C’est sur la pointe des pieds qu’ils se glissent derrière un immense rack qui les dissimule partiellement. Le cœur d’Avalon bat tellement fort qu’elle a l’impression qu’il résonne partout autour d’elle. Ce n’est pas tant l’effort physique qu’elle vient de fournir que la peur immense qui vient de se déverser en elle.

Ils n’ont aucune manière de savoir si Alma est encore en vie.

Norvel les a prévenu : ses hommes ont l’ordre de la tuer en cas de problème.

Un gouffre s’ouvre devant elle et Avalon doit rassembler toutes ses forces pour ne pas y sombrer. Elle ne sait pas, se dit-elle en ignorant la nausée qui la saisit, elle ne sait pas et c’est inimaginable de formuler l’idée que, peut-être, sa fille est morte. Elle rejette cette pensée avec une telle force qu’elle en tremble.

Elle voit au regard de Roy que ses pensées suivent le même cheminement que les siennes mais, d’un accord tacite, ils font le choix de ne pas en parler. Avalon s’accroupit à côté de lui, l’oreille tendue pour percevoir les bruits autour d’eux. Sa proposition lui fit froncer les sourcils.

Elle n’aime pas l’idée qu’ils se séparent alors qu’ils sont déjà en infériorité numérique. En même temps, ils seront plus discrets s’ils ne se déplacent pas ensemble et, si l’un d’entre eux venait à être repéré, l’autre aurait toujours la possibilité d’intervenir. Elle finit par hocher la tête.

« Ok. » murmure-t-elle. Elle jette un coup d’œil aux alentours. « Je vais partir par-là et longer le mur intérieur. » Elle désigne du menton la direction. « Il y a bien une putain de porte quelque part. Si j’en trouve une… » Comment le prévenir, sans alerter l’intégralité des hommes qui seront en train de ratisser l’entrepôt pour les retrouver ? Elle baisse les yeux vers la main de Roy, avise l’alliance qui orne son doigt et pointe sa baguette sur le bijou. L’or se met à chauffer doucement et à produire une petite lumière bleutée, en miroir avec la sienne. « Si ça chauffe, c’est que j’ai trouvé une sortie, d’accord ? On se rejoint ici et on sort ensemble. »

Sa main s’attarde une seconde de trop dans la sienne. Avalon quitte Roy sur un dernier regard qui dissimule mal son appréhension.

C’est la première fois qu’ils se séparent depuis le début de ce cauchemar et quelque chose tremble en elle à l’idée qu’ils ne puissent pas se retrouver.

Elle s’éloigne discrètement et gagne le mur de gauche. Une longue allée s’étend devant elle. Elle jette un coup d’œil derrière elle : personne. Avalon avance précautionneusement, en se dissimulant derrière chaque rack et en accélérant le pas lorsqu’elle doit traverser une zone à découvert. Elle marche sur la pointe des pieds, les sens en alerte, prête à se lancer dans un combat pour sa vie.

La suite pour Roy :


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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeVen 24 Mar 2023 - 23:03
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeSam 25 Mar 2023 - 15:03
Roy non plus n’aime pas l’idée de se séparer d’Avalon, surtout dans une telle situation où ils ne sont que deux contre huit hommes. Mais il lui semble que c’est leur meilleure option, pour augmenter leurs chances de ne pas se faire repérer, le temps de trouver une sortie. Il sera plus difficile pour les hommes de Norvel de capturer deux cibles séparées plutôt que deux ensemble. Et se déplacer dans le hangar sera plus facile si l’un d’entre eux s’emploie à couvrir les arrières de l’autre.

Avalon semble se ranger à son avis, après un instant d’hésitation. Elle tend la main vers leurs alliances, pour y poser un sortilège d’alerte.

« Parfait » souffle t-il en hochant la tête. « Je l’utiliserai aussi pour t’alerter… si besoin. »

Il ne précise pas ce qui cache derrière cette éventualité, les regards inquiets qu’ils s’échangent suffisent à partager leur crainte. Mais ils n’ont pas le temps de s’y attarder. Après une dernière pression de leurs mains pour se souhaiter bonne chance, Roy laisse Avalon s’éloigner de son côté.

Il se redresse, le coeur battant, les sens en alerte, la baguette levée. L’entrepôt est brusquement calme, comme si les hommes de Norvel avaient décidé eux aussi de se séparer et se déplacer en silence pour optimiser leurs chances de les retrouver. Roy change d’allée et prend la direction opposée à celle d’Avalon. Il se met à guetter entre les rayonnages les mouvements qu’il peut percevoir d’où il se trouve, à travers les autres allées. Les familiers frissons d’adrénaline qui courent sur son dos n’ont rien de grisant, cette fois. Il aurait préféré se trouver mille fois ailleurs et il sait très bien que ses chances de s’en sortir vivant d’ici sont faibles.

Mais le besoin de retrouver sa femme, leur fille et ses amis le tient debout et sur le qui-vive. Il finit par apercevoir à travers les cartons et les matériaux qui occupent les étagères une silhouette qui se déplace, quatre allées plus loin. Il tend sa baguette vers lui et se déplace légèrement vers sa droite pour mieux le viser…

Quand brusquement un horrible son retentit dans l’entrepôt.

Sa cible qu’il reconnaît maintenant comme étant Hansen lève aussitôt sa baguette en l’air, pour faire jaillir des étincelles rougeoyantes et alertes ses coéquipiers :

« Par ici, les gars ! Ils sont aux alentours ! »

Un Cridurut ! Abandonnant sa marche prudente, Roy se met à courir pour s’éloigner le plus possible d’Hansen qui commence à ratisser les allées autour de lui en courant également. Il entend des bruits de pas se multiplier autour de lui et battre le sol en béton, des ordres se lancer à tout va :

« Fouille par ici, je prends cette allée ! »

Merde, merde. L’alarme magique ne s’arrête plus de sonner car désormais ils sont nombreux dans la zone cernée par le sortilège. Plutôt que de se cacher dans une allée, Roy prend une perpendiculaire et se plaque contre les flancs de deux racks adossés. Cette brève pause lui permet de voir une porte à quelques mètres. Son instinct le pousse à se propulse en avant pour s’y engouffrer.

Ce n’est pas une sortie, mais la porte d’un local technique où se trouve la chaudière du bâtiment. Roy prend soin de la fermer derrière lui pour ne pas alerter ses assaillants et s’adosse contre elle, l’espace de quelques secondes. Réfléchir, s’intime t-il, le coeur battant.

La bonne nouvelle c’est que les hommes de Norvel sont désormais concentrés autour de lui, ce qui laisse plus de liberté à Avalon pour se mouvoir de son côté. La mauvaise c’est qu’il doit trouver un moyen de sortir d’ici en un seul morceau.

Attaquer les hommes les plus proches pour se dégager un chemin ? De là où il est, il a l’avantage de ne pas être vu. Mais s’il lance un sort maintenant, il signale du même fait sa position.

Et de l’autre côté, les hommes s’impatientent.

« Putain où est-ce qu’ils se planquent encore ? entend t-il Hansen pester.
-Vous allez pas pouvoir fuir éternellement ! » crie Montero de sa voix rocailleuse.

C’est vrai. Plus le temps s’écoule, plus ils ont une chance d’être repérés. Au moment où Roy entrouvre la porte pour évaluer la position des hommes autour de lui, il sent une chaleur salvatrice au niveau de son annulaire qui émet une légère lumière bleutée.

Avalon a réussi !

Une bouffée de soulagement l’envahit. Maintenant, il n’a plus qu’à rejoindre leur lieu de rendez-vous, le plus discrètement possible et… courir pour leur vie, avec Avalon.

Il attend qu'un des jumeaux Pearson qu’il voit rôder autour s’éloigne davantage avant de sortir du local. Il choisit de se déplacer sur la longue contre-allée, perpendiculaire aux racks, pour atteindre plus rapidement l’allée où il est sensé retrouver Avalon. Sa progression se passe au départ sans difficulté, puis…

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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeSam 25 Mar 2023 - 15:03
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeDim 26 Mar 2023 - 11:19
Le déclenchement strident de l'alarme arrache un sursaut à Avalon qui plonge derrière un rack pour se dissimuler. Son cœur bat à toute vitesse et elle retient sa respiration, l'oreille tendue vers l'origine du bruit. Les voix des hommes de Norvel lui parviennent sans mal - tout résonne dans ce fichu entrepôt - et elle comprend que Roy a par mégarde activé un sortilège du Cridurut. Il n'a pas encore été repéré, déduit-elle en guettant néanmoins une chaleur autour de son annuaire ; elle entend les pas précipités sur le béton, les ordres qui sont lancés mais pas le bruit d'un affrontement. Elle réprime sa première impulsion qui est de courir retrouver son mari et se force à se remettre en marche.

Cette alarme assourdissante lui offre la diversion parfaite et couvre le bruit de ses pas. Elle accélère sa progression, consciente que chaque seconde peut être cruciale pour eux. Son rapport à l'espace et au temps doit sûrement être faussé par la peur dévorante qui lui enserre la gorge, mais Avalon a l'impression que cet entrepôt est long de plusieurs kilomètres et qu'elle l'explore depuis des heures. Et pas une putain de porte en vue. Elle doit encore parcourir plusieurs mètres avant d'apercevoir la sortie principale de l'entrepôt : une immense porte coulissante en métal, fixée sur des rails. Avalon grimace ; le temps qu'ils parviennent à l'ouvrir, tous les hommes de Norvel auront déjà rappliqué, prêts à en découdre pour les empêcher de s'enfuir. Elle avise une fenêtre - trop petite - avant de découvrir une porte minuscule, étonnement basse, masquée par une pile de cartons marqués par l'humidité et la moisissure. En jetant des regards prudents autour d'elle, Avalon s'approche, fait léviter les cartons pour dégager l'ouverture et observe cette sortie de fortune. Elle a l'air verrouillée mais rien qu'un sortilège ne saurait pas ouvrir. Satisfaite, elle pointe sa baguette sur son alliance pour alerter Roy avant de faire prudemment demi-tour.

Faire le trajet en sens inverse n'est pas bien difficile même si, depuis que l'alarme s'est éteinte, Avalon a l'impression que chacun de ses pas fait un bruit monstre. Elle veille à amortir le poids de son corps mais accélère l'allure, désirant de tout cœur mettre fin le plus rapidement possible à ce jeu insupportable où elle est la proie. Elle a presque atteint son point de rendez-vous avec Roy lorsqu'un mouvement à sa droite la fait bondir en avant.

Un sort frappe le mur, pile à l'endroit où elle se tenait quelques secondes auparavant.

Merde.

Avalon fait volte-face et riposte immédiatement. L'homme blond qui court vers elle doit être aussi haut que large ; il pare son sortilège puis attaque férocement.

C'est une brute ; il envoie chaque sort avec une force phénoménale et, à quelques reprises, le bouclier d'Avalon peine à les retenir. Il est puissant mais, note Avalon en repoussant ses attaques, pas très précis. Et, comme le lui a ordonné son chef, il ne cherche pas la tuer.  A l'immobiliser, à la désarmer, à la blesser, mais pas à la tuer.

Évidemment ; Norvel a besoin d'elle, il ne veut pas qu'elle meurt dans un affrontement. L'inverse n'est pas vrai ; Avalon n'a pas de scrupule à essayer d'éliminer les hommes qui ont fomenté et orchestré l'enlèvement de sa fille.

Ses attaques se font de plus en plus agressives, de plus en plus ciblées aussi, au fur et à mesure qu'elle appréhende la technique de son adversaire. Un cri retentit, un peu plus loin :

« CALDER ! ON TIENT CALDER ! »

Avalon jure entre ses dents.

« J'AI SA F... »

Un sort d'Avalon le frappe et sa langue se retrouve bloquée contre son palais, le rendant incapable de produire le moindre mot. Déstabilisé, il ouvre sa garde et un nouveau sortilège le cueille, au niveau de l'abdomen cette fois. Il est propulsé vers l'arrière, heurte une étagère et s'effondre sur le sol. Avalon se précipite vers lui, s'assure qu'il est hors d'état de nuire et, par précaution, ramasse sa baguette pour la briser en deux.

Elle n'a pas le temps de s'attarder sur cette première victoire et repart en courant, toute prudence oubliée. Elle n'a aucun mal à se diriger vers Roy - les bruits du combat qu'il mène résonnent suffisamment fort pour la guider - mais ralentit en approchant, le temps d'évaluer la situation. Roy est aux prises avec deux hommes, qu'il parvient à garder à distance mais qui ne lui laissent aucun répit.

Avalon se propulse vers l'avant ; elle avance dans le dos de leurs adversaires et Roy l'aperçoit avant qu'elle se fasse remarquer par les hommes qui l'attaquent. Du menton, elle lui indique sa cible.

« Hé ! » lance-t-elle d'une voix forte, baguette brandie devant elle.

Montero tourne la tête, juste assez pour offrir à Roy la possibilité de prendre le dessus. Le sort d'Avalon heurte Hansen au niveau de la nuque et il s'écroule à terre, le visage éternellement figé dans une grimace. Elle rejoint Roy en quelques enjambées, le cœur battant la chamade et les traits froissés par la concentration. Ils échangent un regard chargé par l'inquiétude alors que, déjà, le bruit d'une course effrénée vers eux leur indique qu'ils sont à nouveau en fâcheuse posture.

Impossible de fuir ; tous connaissent désormais leur position et, déjà, les jumeaux remontent l'allée en courant. Le combat s'engage immédiatement, les sorts fusent.
Et...:


Avalon Calder

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Roy Calder
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeDim 26 Mar 2023 - 15:26
Au moment où Roy se pense presque sorti d’affaire, il sent l’éclair d’un sortilège fuser près de son oreille et échauffer sa joue. D’un bond, il s’écarte pour échapper à un second sort et se retourne. Hansen, le visage tordu par un mélange de satisfaction et de rage, lui fait face.

« Diffindo ! » enchaîne t-il, dans l’espoir de blesser son adversaire.

Roy part le sortilège d’un charme du Bouclier. Il sent alors l’enceinte protectrice autour de lui vaciller sous l’effet d’un second, puis d’un troisième sort : Montero vient de rejoindre Hansen et s’acharne tout autant sur lui.

« Protego Maxima ! » lance t-il à voix haute, pour donner plus de force à son sortilège.

Son bouclier s’épaissit et donne à Roy quelques précieuses secondes pour analyser la situation. Hansen et Montero lui font face et envoient sans s’arrêter une salve de sortilèges sur lui. En étant à découvert à ce point, il a peu de chances de prendre le dessus. Sa seule chance d’échapper à ce bombardement est de créer une diversion pour les dérouter et échapper à leur regard.

« CALDER ! ON TIENT CALDER ! » hurle Montero pour faire rappliquer les autres.

Le début de phrase que Roy entend plus loin lui glace encore plus le sang.

« J’AI SA F… »

Le cri d’un des hommes quelques allées plus loin ne se termine pas, laissant Roy dans le flou. Avalon a t-elle réussi à s’échapper ?

Il s’efforce de repousser son inquiétude pour se concentrer sur le duel désavantageux dans lequel il se trouve. Au moment où il sent son bouclier s’affaiblir, Roy profite d’une brève ouverture de ses assaillants pour lancer un sort informulé.

Cumulus.

Une nuée de fumée surgit et s’amasse autour de ses deux adversaires, fournissant à Roy quelques précieuses secondes pour s’échapper. Sa seule priorité est de fuir, courir jusqu’au lieu où Avalon doit le retrouver. Il s’élance à travers les allées, mais Montero et Hansen restent à ses trousses et il entend les autres hommes de Norvel se rapprocher également.

A nouveau, un sortilège fuse mais cette fois, Roy le voit arriver. Il le pare d’un geste de la main, sans s’arrêter de courir. Mais l’un de ses adversaires parvient à lui barrer la route en faisant tomber une flopée de cartons devant lui, d’un Expulso bien placé.

Forcé de leur faire face, Roy se retourne. Il a l’avantage de connaître les deux duellistes, pour les avoir déjà vus se battre par le passé et même avoir combattu à leurs côtés. Il sait que Hansen est rapide et précis tandis que Montero lui démontre d’une force brute mais également d’une certaine impatience et imprudence.  Il a plus de chances de s’en sortir s’il parvient à neutraliser Hansen en premier.

Quant à Roy, il n’a peut-être pas le talent de Toni en duel, mais ses réflexes sont très bons, acérés par la pratique et par les entraînements réguliers que Toni a eu la bonne idée de leur imposer. A cela s’ajoute ce qu’il a pu apprendre de la part Fergus, expert en enchantements et notamment en sorts de magie noire.

Et cette fois, il n’a aucun scrupule à en faire usage face à ses deux adversaires, quand bien même ils ont été camarades par le passé. Si les hommes de Norvel ont reçu l’ordre de ne pas le tuer, Roy, lui, n’a pas cette contrainte, bien au contraire : il ne désire rien d’autre que tous les voir agoniser au sol, pour avoir osé s’en prendre à sa famille.

Sa colère alimente sa puissance et réveille sa rage de vaincre. Cette fois-ci, c’est Roy qui prend temporairement de court ses deux adversaires, en enchaînant des sortilèges tous plus mortels les uns que les autres, sans leur laisser une seconde de répit. Il infuse toute sa haine dans sa magie, exige de sa fidèle baguette toute la puissance ce qu’elle peut lui offrir, et il voit ses ennemis peiner à répliquer et se faire déborder par cet assaut massif.

Mais les deux mafieux sont bien rompus à l’exercice du duel, eux aussi, et bientôt, ils parviennent à contre-attaquer à leur tour.

Les traînées de lumière strient l’obscurité, les sorts claquent sur leurs boucliers, les cartons explosent autour d’eux, l’atmosphère crépite de leur bataille acharnée. Roy avance, recule, s’écarte, s’élance.  Il attaque avant d’utiliser les étagères pour se masquer temporairement à ses adversaires, puis revient à découvert pour reprendre le combat de plus belle. Il se retrouve pris dans une danse avec ses adversaires que chacun mène tour à tour, sans que personne ne prenne définitivement le dessus.

Il parvient à taillader le bras d’Hansen et ralentir du même fait ses mouvements. Mais il reçoit en retour une blessure à la joue, une longue estafilade qui lui laisse une sensation de brûlure.

C’est à moment où il est touché que Roy aperçoit la silhouette d’Avalon, venu le secourir. Il sent une montée d’énergie et d’espoir lui revenir et se prépare à concentrer ses efforts sur Montero. Au moment où il le voit détourner la tête, déconcentré par l’appel d’Avalon, Roy fait jaillir de sa baguette un funeste éclat vert.

Montero tombe au sol, inerte.

Roy a à peine le temps de rejoindre à Avalon et d’échanger un regard aussi soulagé qu’inquiet avec elle, avant qu’ils ne se fassent à nouveau déborder. Trois hommes les ont rejoints, les jumeaux Pearson et le grand homme brun aussi large qu’une armoire à glace. Instinctivement, les deux époux se rapprochent en se tournant le dos, pour s’offrir une vision périphérique de la situation et garder mutuellement leurs arrières.

« Putain de merde ! » crache Roy, contrarié.

Ils sont à nouveau en fâcheuse posture, surtout qu’il voit dans le regard de leurs adversaires une colère renouvelée. Lucas Pearson, qui aperçoit ses deux acolytes morts, gisant au sol, s'écrie :

« Bande de salauds ! »

Ce nouveau duel prend alors une toute autre énergie, où Roy sent chez ses adversaires une envie d’en découdre plus violente encore. Cette fois, il peine à parer les sorts des jumeaux qui ont décidé de s’en prendre à lui. Et ces derniers, contrairement à ses précédents adversaires, prennent un malin plaisir à accompagner leurs assauts de commentaires cyniques et provocateurs :

« Tu ferais mieux de te rendre maintenant, Calder ! Vous êtes faits comme des rats !
-Va te faire foutre, tu crois que je vais te laisser ce plaisir ? » peste Roy en tournant son bouclier vers un sort qui fuse dans sa direction.

Tobias émet un ricanement moqueur.

« T’es bien en colère, mec… C’est parce que j’ai touché ta femme, tout à l’heure ? »

Roy tourne un regard noir de haine vers le jeune homme. Il sait exactement ce qu’il essaye de faire avec ses provocations : le déconcentrer pour prendre le dessus sur lui. Si Roy ne lui laisse pas ce plaisir, en revanche, il se montre encore plus agressif dans ses sorts. Il dirige l’un d’entre eux, particulièrement féroce, vers Tobias mais ce dernier parvient à le parer.

Le jet d’énergie se dirige alors vers une pile de cartons qui prend feu, les prenant tous de court.

Roy profite du bref mouvement de panique qui s’ensuit pour tirer Avalon en arrière et les mettre tous les deux derrière une étagère à l’abri des flammes. Il entend un hurlement de douleur derrière eux, espère que l’un des hommes s’est brûlé. En tournant la tête vers le feu qui a contaminé des cartons voisins, il se rend compte qu’une fumée importante s’en dégage et une idée lui éclaire l’esprit.

Puisqu’ils ne peuvent pas sortir tout de suite, ils peuvent utiliser le feu pour alerter Jayce et Fergus qui attendent aux alentours !

Il cherche un échappatoire dans la toiture, aperçoit plusieurs fenêtres de toit. Au moment où il s’apprête à jeter un sort pour les faire exploser, Tobias Pearson se jette vers lui. Tout en déployant un bouclier pour se protéger de son attaque, Roy crie à l’adresse de sa femme, en espérant qu’elle va suivre le chemin de ses pensées :

« Av’ ! La lucarne ! Pour la fumée ! »


Lancer de dés:


Roy Calder

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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeDim 26 Mar 2023 - 15:26
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Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeDim 26 Mar 2023 - 16:59
Les sorts fusent, éclairent l’entrepôt, heurtent les meubles dans des bruits assourdissants. Avalon pare, riposte et lance des attaques que son adversaire repousse inlassablement. Il se dresse face à elle, brun, immense, le visage tordu par la rage depuis qu’il a aperçu ses camarades étendus morts dans l’allée. Il combat avec force et précision et Avalon, restreinte dans ses mouvements, n’a pas d’autre choix que de parer ses attaques avec un bouclier qu’elle dresse magiquement entre eux. Derrière elle, elle entend Roy mener une bataille acharnée contre les jumeaux.

Trois contre deux. Ils ont déjà éliminé trois hommes. Norvel et Bonham ne semblent pas se décider à venir prendre part à l’affrontement. Par lâcheté ? Parce qu’ils sont occupés à appeler des renforts ? Avalon n’en sait rien et, pour le moment, il ne s’agit pas de sa première préoccupation.

Trois contre deux. Les pronostics ne sont pas en leur faveur.

Mais la rage de vaincre et l’urgence de vivre défient ces statistiques.

« T’aurais dû accepter le marché de Norvel, chérie, lui lance l’homme brun d’une voix grave, un peu enrouée. Admettons que vous vous en sortiez vivants, tu gagnes quoi ? Le droit d’enterrer ta gamine ? »

Un cri de rage glisse entre les lèvres d’Avalon. Qu’il évoque Alma la rend folle, la renvoie à ce vide qui s’est ouvert en elle, à ce manque vertigineux, à cette peur douloureuse. Un sortilège violet fuse depuis l’extrémité de sa baguette et s’écrase contre le bouclier que son adversaire a dressé in extremis. Il a un rire insupportable.

« Quel gâchis… » Il secoue la tête, riposte d’une attaque qu’Avalon dévie vers une étagère qui s’effondre dans un vacarme fracassant. « Et dire que… »

Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Un maléfice lancé par Avalon brise sa garde et vient lui entailler profondément le visage. Elle jure ; elle visait sa carotide.

« Sale pute ! hurle-t-il en essuyant de sa main libre le sang qui coule dans son cou.
-Mais ta gueule, putain. » vocifère Avalon qui lève le bras pour lui asséner une dernière attaque.

Elle n’en a pas le temps ; le déclenchement d’un feu fait brusquement cesser leur affrontement. Roy la tire vers une étagère et ils échappent de justesse aux flammes qui se propagent à toute vitesse dans l’entrepôt. L’homme barbu qu’elle affrontait quelques secondes plus tôt n’a pas cette chance. Aveuglé par le sang, il n’a pas le temps de se mettre à l’abri et son pantalon s’embrase, lui arrachant un cri de douleur.

La fumée se répand immédiatement dans les locaux, rendant l’air difficilement respirable. Ses yeux la piquent, sa gorge la brûle mais Avalon s’efforce de maintenir sa garde, bien trop consciente que leurs ennemis peuvent profiter de cette distraction pour les faire ployer. Un des jumeaux se jette d’ailleurs sur Roy qui lui crie quelques mots qu’elle saisit difficilement dans le bruit environnant. Lucarne. Fumée. Avalon lève la tête vers le plafond où plusieurs velux sont accolés les uns aux autres. Si Jayce et Fergus ont eu le temps rassembler les Veilleurs pour leur venir en aide, la fumée pourrait faire office de signal d’alarme…

Avalon se dégage de quelques mètres pour viser la fenêtre. Son sort fuse jusqu’à elle et elle éclate en en pluie de verre de laquelle elle se protège en baissant vivement la tête. Pendant une brève seconde, elle est à découvert.

Et un jet de lumière rouge la cueille au niveau du ventre.

Avalon tombe par terre. Le monde vacille, puis disparaît.

Il n’y a que la douleur, la souffrance atroce et terrible qui se propage dans chacune des cellules de son corps. Son corps est traversé par un feu incandescent, ses os sont frottés contre de la glace, ses membres sont écartelés, des insectes semblent courir sous sa peau et dévorer sa chair brûlante. Avalon hurle à en déchirer l’atmosphère, incapable d’ouvrir les yeux, incapable d’émettre le moindre mouvement. Elle est allongée à terre, entièrement vulnérable.

Et elle se surprend à espérer que quelqu’un l’achève pour la sortir de cet enfer.


Avalon Calder

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Roy Calder
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeDim 26 Mar 2023 - 18:17
Au moment où Roy parvient à se débarrasser de Lucas en l’expédiant d’un violent sort d’expulsion qui l’assomme contre les étagères, Avalon, elle, réussit à comprendre son message et à réagir à temps. Avec soulagement, Roy voit la lucarne exploser et la fumée s’engouffrer vers cet appel d’air.

Il n’a pas le temps de célébrer cette brève victoire. Derrière lui, un mot hurlé dans le vacarme le fige sur place.

« ENDOLORIS ! »

Mais ce n’est pas lui qui est visé par le sortilège. C’est pire.

Le cri d’Avalon fend l’espace autour d’eux et déchire le coeur de Roy. Affolé, il se redresse pour revenir vers elle. Sur son chemin, à travers la fumée épaisse, il aperçoit la silhouette de son agresseur s’avancer.

Il semble qu’il ne reste plus que Tobias Pearson debout et que ce dernier est empli de fureur de trouver son frère et tous ses autres camarades morts ou blessés. Il ne semble plus d’humeur à faire des mauvaises plaisanteries comme tout à l’heure. Il darde un regard noir de colère sur Avalon et maintient son sort sur elle d’une gestuelle ferme. Son sourire cruel trahit son plaisir à la voir se tortiller de douleur.

Fou de rage, Roy s’élance vers lui.

« ENFOIRÉ ! »

L’Avada Kadavra qu’il lance dans sa direction n’atteint pas Tobias car il déploie un bouclier juste à temps, ce qui a le mérite de l’obliger à rompre son sortilège sur Avalon. Désarçonné, il laisse une ouverture dans sa garde dans laquelle Roy s’engouffre aussitôt.

« Strangulatio ! »

Ce deuxième sort de magie noire atteint Tobias en plein ventre, cette fois-ci, et la mort qui s’ensuit est plus cruelle encore qu’un Avada. Ce n’est pas un trait de lumière mais une matière fumeuse, noire, qui s’empare du corps du mafieux et envahit ses entrailles. Telle une onde qui remonte vers sa gorge, elle secoue violemment tout l’abdomen de Tobias et le fait suffoquer. Les dents serrées, le visage concentré, le souffle court, Roy maintient ce sort puissant qui puise dans son énergie jusqu’à voir les yeux de Tobias se révulser, les couleurs quitter sa peau et une écume jaillir de sa gorge.

Il s’écroule au sol, comme une poupée de chiffon.

Le bras de Roy retombe le long de son corps éreinté par les combats. Les cris de rage et les incantations mortelles ont cessé de résonner dans l’entrepôt. Seul le bruit des flammes qui crépitent et soufflent brise le silence.

Gêné par la fumée toxique qui trouble sa respiration et humidifie ses yeux, Roy se fraye péniblement un chemin jusqu’à Avalon, toujours au sol. Elle a cessé de convulser mais il est évident que la souffrance a laissé des traces sur elle. Des traces qui ne partent pas si vite et Roy est bien placé pour le savoir. Il a déjà reçu des Endoloris au cours de sa vie de mafieux où l’usage des Impardonnables est monnaie courante et il n’a rien connu de plus terrifiant que ce sort si douloureux qu’il détruit toute envie de vivre.

Parce qu’il sait exactement ce que sa femme vient de traverser, il s’effondre à genoux près d’elle, pris d’une vive émotion.

« Av’ ? Ça va ? Mon amour… »

Ses mains salies par la fumée viennent encadrer le visage d’Avalon troublé par la lueur des flammes derrière eux. Il dépose un baiser dans ses cheveux, retenant difficilement des larmes de fatigue et d’angoisse, maintenant que l’adrénaline des combats est retombée.

« Faut qu’on y aille. Faut qu’on se casse d’ici, viens… » dit-il en la sentant bouger et revenir à elle.

Ils devaient absolument partir tout de suite avant qu’ils ne se fassent rattraper par d’autres hommes de Norvel ou par les flammes. Où se sont tirés Norvel et son second d’ailleurs ? songe t-il amèrement tout en aidant Avalon à se relever. En fuite peut-être…

Leur sort lui importe peu, pour le moment, tout ce qu’il veut c’est regagner l’air libre et retrouver ses amis, leur demander s’ils ont des nouvelles de Toni et d’Isobel. S’ils savent ce qui s’est passé pour que Norvel soit alerté par l’un de ses hommes.

S’ils savent si Alma est toujours en vie.

Son cœur se serre si fort dans sa poitrine à cette pensée qu’il en ressent une douleur physique. Sa voix lui semble être celle d’un autre quand il demande à Avalon :

« Elle est où la sortie que t’as repérée ? »

Ils commencent à peine à se mettre en marche quand un grand bruit derrière eux les arrête. Un bruit puissant et continu comme des jets d’eau qui s’écoulent à l’infini.

Quand Roy se retourne, une bonne vingtaine d’hommes sont en train de s’avancer vers eux. Plusieurs dégagent le chemin en faisant jaillir des grandes gerbes d’eau de leur baguette pour éteindre le feu qui s’est étendu dans l’entrepôt.

Au milieu, Norvel et Bonham se tiennent, baguettes tendues vers eux. Roy se fige, pris d’un brusque et intense sentiment de désespoir.

Ils sont fichus.

« On peut savoir où est-ce-que vous allez comme ça ? » lance Norvel d’un ton glacial, emprunt d’une colère froide.


Roy Calder

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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeDim 26 Mar 2023 - 21:02
Avalon ne s’entend même pas hurler. Elle n’entend rien, ne perçoit rien, ne voit rien car son monde s’est brusquement résumé à la souffrance qui déchire son corps et lui ôte toute envie de vivre. Pitié, se répète-t-elle en boucle, seule pensée cohérente au milieu de cette douleur, faîtes que ça s’arrête.

Et brusquement, ses muscles se relâchent, le feu la quitte, le froid cesse de la mordre et sa voix s’étrangle dans sa gorge. Avalon ne bouge pas, craignant de raviver son supplice. Son corps lui semble lourd, encombrant, comme s’il ne lui appartenait pas véritablement. Elle a le souffle court et un goût métallique dans la bouche qui lui indique qu’elle s’est mordue jusqu’au sang lorsqu’elle convulsait au sol.

Epuisée et tremblante, Avalon n’ouvre les yeux que lorsque Roy s’agenouille à côté d’elle. Ses mains passent sur son visage, chassent la sueur de son front. Il l’embrasse dans les cheveux et elle se redresse péniblement contre lui en s’accrochant à son épaule. Il faut partir, lui intime-t-il avec un ton qui respire l’urgence. Le bâtiment est en feu, la fumée les aveugle, les empoisonne et ils n’ont aucune certitude que les produits entreposés ici ne sont pas de dangereux explosifs. Avalon hoche la tête.

« D’accord, attends… »

Elle prend appui sur lui et se relève difficilement. La douleur a marqué son corps mais elle se force à l’ignorer pour entamer une progression difficile entre les racks effondrés au sol et les cartons enflammés.

« Par-là, lui indique-t-elle en se couvrant la bouche pour éviter de respirer la fumée. Sur la droite. »

Ils ne sont plus qu’à quelques mètres. Quelques mètres avant de retrouver l’air libre, avant de retrouver Fergus, avant d’avoir une réponse à cette question entêtante qui ne l’a pas quittée depuis des heures.

Où est sa fille ?

Avalon et Roy marchent penchés, les mains liées comme pour s’assurer de la présence de l’autre. Ils avancent doucement, portés par l’espoir de mettre fin à ce calvaire.

Jusqu’à ce qu’un torrent d’eau se déverse derrière eux.

Avalon sursaute et se retourne en même temps que son mari. Vingt hommes s’avancent vers eux, le visage sombre. Certains s’emploient à éteindre le feu qui se propage rapidement dans l’entrepôt, d’autres les menacent, baguettes brandies.

Ils ne peuvent pas fuir. Ils ne peuvent pas se battre. Tout est fini.

Avalon ne trouve même pas en elle les ressources de répondre à la question de Norvel. Ses épaules s’affaissent légèrement et elle serre si fort la main de Roy dans la sienne que ses doigts en deviennent blancs. Tout est fini. Toni et Isobel ont échoué, Fergus et Jayce ne sont pas arrivés à temps, Roy et elle n’ont pas réussi à s’échapper. Tout est fini. Un violent sentiment de désespoir la saisit à la gorge.

Bonham lève sa baguette et, immédiatement, des cordes s’enroulent autour d’elle et de Roy et les plaquent tous les deux contre le mur intérieur. Ils ne peuvent plus bouger, ne peuvent plus utiliser la magie. Tout est fini.

Impuissante, Avalon observe Norvel s’approcher d’eux.

« Et encore une fois, Calder fait preuve de tant d’orgueil qu’il se pense capable – écoutez-moi bien – capable de venir à bout de nous tous. » Une expression doucereuse apparaît sur ses traits. « Je lui ai pourtant proposé un marché honnête ! Vous ne trouvez pas ? » Il se retourne vers ses hommes qui observent la scène. « Très honnête, même, puisqu’il a passé les trois dernières années a essayé de m’enculer si souvent que je peine à croire à la véracité de son mariage ! » Norvel a un petit rire, visiblement très fier de son trait d’humour. Il s’approche d’Avalon en caressant le manche de sa baguette magique. « Avalon… Je te propose de sauver ta fille et c’est comme ça que tu me remercies ? Voyons… » Son ton est insupportablement méprisant. « Je me dis que, peut-être, c’est parce qu’on ne se connaît pas assez bien, toi et moi ? Est-ce que tu pensais que je n’étais pas sérieux ? »

Avalon garde les dents serrées.

« Parce que j’étais – je suis – très sérieux. Tout ce que tu veux, c’est moi qui le possède, désormais. Alors, maintenant, tu vas me donner tout ce que je veux, c’est clair ? » Il se recule légèrement. « Peut-être qu’il te faut une motivation supplémentaire ? »

Norvel fait mine de ne pas entendre son « Non ! » sonore. Il fait signe à Bonham d’approcher et ce dernier se dirige vers Roy. Avalon tourne la tête vers son mari, les yeux écarquillés par l’effroi. Bonham pointe sa baguette vers lui, murmure un sort et, immédiatement, le corps de Roy est saisi par des convulsions. Il s’agite, se débat, secoue la tête et ses yeux se révulsent.

« Chaque parcelle de son corps le démange comme si des cafards courraient dessous. » lui souffle Norvel alors qu’elle se débat violemment contre les cordes qui lui enserrent les membres. « Il paraît que les gens peuvent devenir complètement fous si le sort est maintenu trop longtemps…
-C’est bon ! C’est bon, je ferai tout ce que tu veux ! » Avalon voit le visage de son mari se tordre. « Arrête ça ! Arrête ça, putain ! » hurle-t-elle. Les larmes qu’elle a tant retenues coulent sur ses joues noircies par la fumée.
« Oh, elle pleure, c’est adorable. » susurre Norvel. Il essuie une larme avec son pouce. « Continue. » ordonne-t-il d’une voix froide à Bonham, qui réitère son sort.
« ARRETE ! LAISSE-LE ! J’ai compris ! Laisse-le et je ferai ce que tu veux, j’irai libérer tes hommes à Azkaban moi-même, je ferai une descente dans la Voie, je… Je… » Avalon perd ses mots et ses moyens en voyant Roy se débattre inlassablement, le corps secoué par des tremblements incontrôlables.

Bonham lève brièvement son sort.

« Je te crois, déclare Norvel en haussant les épaules. Mais, un peu prévention ne peut pas faire de mal et, entre nous, je trouve ça très divertissant de le voir se tordre dans tous les sens… »

Il s’apprête à faire signe à son second mais Avalon lui crache au visage en dardant sur lui un regard chargé par la haine. La suite est très confuse.

Norvel se recule, l’air profondément outré. Il lève la main, l’abat sur sa joue.

Puis un bruit énorme retentit dans l’entrepôt. La porte principale tombe à terre. Avalon capte le regard de Fergus au moment où il entre, secondé par Jayce.


Avalon Calder

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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeDim 26 Mar 2023 - 23:25
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Jayasimha Vijayan, dit Jayce Bowers, 32 ans, chef des Veilleurs


« Des nouvelles ? »

Fergus hoche la tête en signe de négation. Il consulte son Pear toutes les vingt secondes, dans l’attente infinie et terrible d’un message de Toni. Cela fait vingt-sept minutes qu’il est parti secourir Alma avec l’aide d’Isobel.

Les vingt-sept minutes les plus longues de toute leur vie.

Jayce soupire, le visage froissé par l’impatience, la mine grave. Il n’a même pas eu le temps de passer chez lui prévenir Sundari, embrasser leurs filles. Il a fallu être le plus réactif possible pour aller mobiliser les Veilleurs en nombre et les préparer à l’assaut.

Il n’aurait de toute manière pas pu faire face à sa femme dans une telle situation.

Il n’aurait pas pu, parce que dans les yeux désespérés de son meilleur ami face à l’enlèvement de sa fille, Jayce a vu ses propres terreurs, celles qui l’ont déjà empêché de dormir à plusieurs reprises par le passé. Il porte d’infinies précautions à garder sa vie familiale et privée très loin de sa vie mafieuse, par chance sa femme est moldue et leurs filles n’ont pas encore déclaré de capacités magiques, ce qui l’aide à garder leur existence loin de ses ennemis. Mais il sait que ses précautions ne résisteraient pas à l’examen méticuleux d’un ennemi voulant s’en prendre à lui.

Et Jayce s’en veut parce qu’il sait que dans un autre contexte, il aurait pu être à la place de Roy ou au moins à ses côtés. Sa famille aurait pu être la cible de représailles de la même manière. Si Norvel voue une haine si féroce à Roy et non pas à lui, alors qu’ils ont monté le même coup ensemble contre lui et la clique de Griggs, c’est aussi parce que, d’un commun accord depuis longtemps établi entre eux et devenu tacite, Roy est la façade publique de leur entreprise, pendant que Jayce est son associé de l’ombre, si bien que certains en arrivent à oublier que les Veilleurs sont dirigés par deux hommes et non un seul. Jayce n’a jamais contesté cette différence de popularité parce qu’il sait quels avantages cela lui offre et quel prix cela coûte à Roy. Pendant longtemps, son meilleur ami a été un électron libre, presque sans attaches, tandis que Jayce a épousé Sun dans sa toute jeune vingtaine et eu ses filles quelques années plus tard à peine. Il est l’homme de leur duo qui a une vie de famille, qui réserve ses week-ends pour ses enfants, qui essaye de ménager son couple, qui a plus à perdre d’une certaine manière. Assez naturellement, les responsabilités se sont réparties entre eux de sorte que, même s’ils disposent de la même autorité au sein de leur gang, Roy est celui qui prend les plus grands risques sur sa personne.

Et Roy ne s’en est jamais plaint. Bien au contraire, il a souvent fait en sorte de couvrir Jayce, de prendre pour lui les missions les plus dangereuses, de le protéger le mieux possible, en somme. Alors même si Jayce devait mourir aujourd’hui en tentant de sauver la vie de son meilleur ami et celle de sa famille, il savait qu’il honorerait simplement une longue dette envers lui, forgée sur plusieurs années.

Il s’en veut seulement de ne pas avoir réussi à le protéger de son côté. De ne pas avoir cherché à ajuster les choses pour alléger la pression qui pèse sur Roy, alors même qu’il a fini par devenir un heureux époux et le père de deux filles à son tour.

Jayce sait que ça ne change rien à la situation et que personne ne lui reprochera rien car si Chandra et Meera avaient dû se faire enlever en même temps qu’Alma, les choses auraient simplement été encore plus insupportables pour tout le monde. Mais il ne peut s’empêcher de se sentir coupable. Coupable d’avoir échappé à la terrible sentence qui ne s’est abattue que sur Roy. Et surtout, coupable, encore et toujours, de ne pas avoir saisi l’occasion de quitter la mafia quand il en était encore temps, quand ils n’étaient tous que de jeunes délinquants et qu’ils ne trempaient pas jusqu’au cou dans des affaires qui les submergeaient régulièrement.

De tous les quatre, Jayce est sans doute celui qui a un rapport le plus distant et le plus lucide sur cette vie de mafieux dont il voit très bien qu’elle leur coûte au moins autant qu’elle ne leur rapporte. Au fond, Jayce sait que s’il avait été seul dans cette affaire, s’il n’avait pas bâti les Veilleurs avec trois de ses frères, il serait déjà parti depuis longtemps. C’est en grande partie pour eux trois qu’il continue d’y rester.

Alors c’est aussi pour eux trois que Jayce se tient debout, sur le flanc de colline protégé par un sous-bois dans lequel il se cache avec une cinquantaine d’hommes. Ils commencent à tous s’agiter, à trouver le temps long, à sentir leurs membres s’engourdir d’impatience et d’envie d’en découdre. A plusieurs reprises, Jayce doit répéter des ordres qui le frustrent lui aussi. Ils doivent rester à distance tant qu’ils ne reçoivent pas de signe de Toni.

Et le temps s’étire dans cette attente tendue et silencieuse, jusqu’à ce qu’un évènement vienne renverser le cours des choses.

Le regard de Jayce attrape la fumée noire qui s’échappe massivement du toit du grand hangar qui leur fait face et qu’il n’a pas quitté des yeux.

« Là ! » s’exclame t-il à l’adresse de Fergus qui lui, fixe obstinément son Pear. « Y a un feu à l’intérieur ! » Il se redresse, tendu comme un piquet, face aux hommes qui commencent à échanger des commentaires en murmurant furieusement. « Faut qu’on y aille. »

Fergus ne répond pas tout de suite, la figure crispée, plongé dans une intense réflexion. Jayce voit à son regard fixe et concentré qu’il est en train de mesurer leurs différentes options et qu’il pèse chacune de leurs conséquences. Ce n’est pas leur plan initial qui était d’attendre d’être certains qu’Alma soit saine et sauve avant de lancer l’assaut, pour ne prendre aucun risque. Mais ce n’était pas non plus dans leur plan initial de voir le bâtiment où leurs amis sont sensés se trouver brûler. Jayce insiste, saisi d’un sentiment d’urgence et d’inquiétude :

« Mec, on a pas de nouvelles de Toni et on peut pas attendre indéfiniment non plus, au bout d’un moment, ça met Roy et Avalon en danger aussi. Soit ils sont en train de cramer là-dedans, soit ils essayent de nous envoyer un message ! » s’exclame t-il en tendant la main vers la fumée visible de loin. « On y va, on élimine les hommes qui patrouillent autour du hangar et on défonce la porte ! »

Fergus finit par consentir d’un hochement de tête. Il se tourne vers Finn, juste à sa droite, pour lui donner un ordre :

« Prends deux hommes avec toi et transplanez là où Toni et Isobel se trouvent. Soyez discrets, on ne sait pas quelle est leur situation là-bas. Ils ont peut-être besoin de renforts eux aussi. »

Jayce note qu’il ne mentionne pas l’autre probabilité, celle que leurs deux amis puissent avoir échouer ou s’être faits capturer mais il ne relève pas. Lui non plus ne préfère pas y penser.

Il lève sa baguette en l’air, sous le regard des cinquante hommes qui se redressent comme un seul, et s’écrie sans autre forme de procès :

« À L’ATTAQUE ! »
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeLun 27 Mar 2023 - 0:52
Roy ne sait même pas ce qui le retient de s’effondrer sur place, en voyant autant d’hommes se diriger vers eux. Un reste d’orgueil, probablement, qui l’empêche de manifester son désespoir à ses pires ennemis. Si Avalon et lui ont réussi à éliminer sept personnes qui les traquaient, non sans difficulté, il ne se fait pas d’illusion cette fois. Leurs exploits s’arrêtent ici. Ils sont cernés. Ils sont perdus.

Tout est fini.

Il ne dit rien mais ses épaules s’affaissent, son regard s’obscurcit et sa main serre avec force celle d’Avalon comme pour se cramponner à elle. Ils sont tout ce qu’il leur reste, l’un et l’autre.

Mais brusquement, ils sont séparés, plaqués contre le mur par des cordes enchantées qui les empêchent de bouger. Roy se débat instinctivement, essaye désespérément de retrouver le contact d’Avalon. A cet instant où il sent sa mort arriver, où il sait que ce n’est que l’affaire de quelques minutes ou quelques heures, il ne peut pas supporter l’idée d’être séparé d’elle. Le discours de grand méchant que Norvel prend un malin plaisir à dérouler ne lui fait plus du tout le même effet que tout à l’heure.

Roy n’est plus furieux, ni contrarié, il est terrorisé.

Il est terrorisé, parce qu’il voit que désormais tout le pouvoir est concentré entre les mains de Norvel, qu’ils sont devenus ses marionnettes qu’il peut agiter et torturer à sa guise et que même si par miracle leurs amis devaient débarquer dans les prochaines minutes, beaucoup de choses affreuses peuvent encore se passer sur ce laps de temps. Pris d’effroi et de rage en le voyant s’approcher d’Avalon et s’adresser directement à elle, Roy tente de le retenir :

« Putain, laisse-la ! Laisse-la, enfoiré, c’est entre toi et moi, cette histoire ! »

Mais il a beau s’écrier dans tous les sens et bouger comme un diable, les cordes qui le maintiennent demeurent aussi inflexibles que Norvel. Bien décidé à mettre en oeuvre son plan originel, il se tourne vers son second. Roy le voit marcher vers lui d’un pas ferme, avec une expression qui ne laisse aucun doute sur ses intentions. Avant même qu’il ne brandisse sa baguette sur lui, Roy sait ce qui l’attend, parce que dans d’autres circonstances, il a déjà été cet homme qui en torture un autre de quelques sorts de magie noire bien choisis, pour leur faire payer un méfait ou leur arracher de précieuses informations.

Dans sa vie de mafieux, Roy a été torturé et a torturé à plusieurs reprises, mais il n’a jamais subi le supplice que lui inflige Bonham avec une précision et une puissance redoutables. Sa peau le brûle, le démange, s’arrache à lui, laisse sa chair à vif bouillante et grouillante, comme si une main invisible venait déposer une colonie d’insectes sur lui le dépecer et dévorer ce qu’il reste de son corps. Si le sortilège de Doloris inspire une implacable envie de mourir, celui-ci donne l’impression à Roy que son corps n’est plus le sien et qu’il se fait posséder par une multitude d’assaillants. Il hurle, tremble de douleur, se débat comme une bête enchaînée, sent les cordes lui scier les coudes et écorcher sa peau. Il n’entend plus rien autour de lui, à part un atroce mélange des rires sadiques de Norvel et de la voix de la femme qu’il aime.

Si le sort vicieux de Bonham détruit son corps, les cris désespérés d’Avalon, eux, déchirent son âme.

Les secondes s’égrainent comme des heures avant que le sortilège ne cesse enfin, laissant Roy dans un épais brouillard. Il met du temps à retrouver possession de son corps marqué par la magie noire. Ses yeux hagards voient la scène qui se déroule sous ses yeux comme s’il n’en était qu’un observateur extérieur. C’est le bruit d’un claquement qui le réveille, la gifle que Norvel assène à Avalon qui le fait tressaillir et le pousse dans la réalité.

Mais avant même qu’il ne puisse s’insurger, un autre bruit retentit, un bruit qui annonce cette fois-ci un sauvetage inespéré.

Tels les insectes qui grouillaient sur le corps de Roy quelques instants plus tôt, les Veilleurs s’infiltrent dans l’entrepôt en une gigantesque masse noire qui détruit les hommes sur leur passage dans une cacophonie de cris, de pas désordonnés et de crépitements de sortilèges. Tout se passe très vite. La charge magique de l’assaut est telle que des racks s’effondrent sous les sorts perdus, une poutre finit même par tomber du plafond dans un fracas métallique, abattant les hommes qui se trouvent dessous.

Tout se passe très vite. Roy sent les cordes qui le retenaient se faufiler jusqu’au sol tels des serpents et le libérer de leur emprise. Il tombe à genoux, incapable de se relever.

« Ça va ? Roy, tu n’as rien ?? »

Jayce s’est accroupi pour pouvoir le soutenir. De son regard inquiet, il cherche celui de son ami. Roy se cramponne à lui comme à une bouée de sauvetage. Au milieu du soulagement et de la reconnaissance, la panique s’impose et chasse le reste. Il y a mille prières dans le regard qu’il accroche dans celui de Jayce.  

« Al… Alma ? » est le seul mot qu’il parvient à balbutier.

Ont-ils eu des nouvelles ? C’est tout ce qu’espère Roy à cet instant mais malheureusement, la réponse de Jayce est en demi-teinte :

« On ne sait pas encore… Mais on a envoyé des hommes sur place, en renfort. Ça va le faire » déclare t-il d’un ton ferme qui ne souffre d’aucune contradiction.

Roy ne parvient pas totalement à s’accrocher à cette promesse. Son coeur saigne de cette terrible incertitude qui demeure sur le sort de sa fille. Instinctivement, il cherche sa femme du regard, un peu plus loin, agrippée à Fergus. Il ramasse toutes ses forces pour se relever et la rejoindre, aidé par Jayce. La bulle de protection que leur offre leurs deux amis permet aux époux de se retrouver pendant un instant bref mais salvateur. Roy enlace Avalon dans ses bras encore tremblants, pris d’un profond besoin de la sentir en vie après ce qu’ils viennent de traverser.

Mais le moment n’est pas tout à fait adapté à des retrouvailles car les combats font encore rage autour d’eux. Jayce s’écrit « Attention ! » au moment où un sort perdu vient faire exploser un luminaire au-dessus d’eux. Il déploie un Protego pour les protéger tous les quatre des éclats de verre qui pleuvent sur eux.

Les hommes de Norvel -ou plutôt ce qu’il en reste- se démènent encore comme de beaux diables, malgré leur infériorité numérique.

« Ramenez-en vivants ! » hurle Fergus à l’adresse des Veilleurs. « Ne les laissez pas s’échapper ! »

Il s’élance en avant, pour prendre part aux combats. En le suivant du regard, Roy aperçoit alors dans la cohue, la silhouette de Norvel masquée par deux de ses hommes qui le couvrent. Ils courent ensemble, protégés par un charme du Bouclier, loin des conflits. La panique le saisit alors à l’idée que son ennemi puisse encore une fois leur échapper et fomenter une énième vengeance à l’avenir.

« Il s’enfuit… Il s’enfuit ! » s’écrie t-il en pointant le trio du doigt.


Roy Calder

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Avalon Calder
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeLun 27 Mar 2023 - 12:05
Les cris de Roy, ses mouvements désespérés pour échapper à la torture, le rire sadique de Norvel, la douleur fantôme qui fait encore trembler les jambes d’Avalon, la brûlure de sa gorge, la fatigue, le désespoir ; tout cela s’évanouit brièvement lorsque la porte principale s’écrase à terre et que des dizaines d’hommes envahissent l’entrepôt. Parce qu’elle reconnaît plusieurs visages familiers, Avalon sait qu’ils sont sauvés ; les Veilleurs sont arrivés.

Il ne faut que quelques secondes à Fergus pour les repérer. Lorsqu'il arrive près d'elle et la libère des cordes qui l’entravent, elle s'effondre dans ses bras. Il accompagne doucement son mouvement vers le sol en la maintenant contre lui.

« Ave...» souffle-t-il pour attirer son attention. « Tu es blessée ? »

Avalon secoue la tête. Elle a mal partout ; son corps est lourd, ses muscles sont ankylosés, sa tête lui tourne, ses yeux la piquent, sa respiration est sifflante et chaque inspiration exerce une pression douloureuse sur ses poumons. Elle a mal partout, elle est épuisée, elle garde au creux de son estomac la terreur des dernières minutes pendant lesquelles elle a cru tout perdre, pendant lesquelles elle a hurlé à s’en rendre folle. Mais ce n’est rien en comparaison avec la terrible angoisse qui lui serre le cœur et voile son regard. Elle lève un regard désespéré vers Fergus :

« Alma… Est-ce que… »

Elle ne parvient même pas à formuler la question qui lui brûle les lèvres.

« On n’a pas de nouvelle. » Avalon vacille. « Ça va aller, lui intime-t-il en étouffant le sanglot qui s’échappe d’elle dans une étreinte. Ça va aller, Toni sait ce qu’il fait. »

Mais l’incertitude et la peur lui vrillent le cœur. Cela fait deux heures qu’Alma a disparu. Deux heures qu’elle est loin d’elle. Cent-vingt minutes qu’elle a passé sous la surveillance d’hommes qui ne voient en elle qu’un moyen de faire ployer ses parents. A-t-elle faim ? A-t-elle froid ? Qu’a-t-elle vu ? Un frisson d’effroi traverse Avalon dont le regard se voile. A-t-elle subi quelque chose ? Son âme tremble sous le poids d’une inquiétude si massive qu’elle efface tout le reste. C’est un cauchemar. Non, c’est même pire qu’un cauchemar duquel elle finirait par s’arracher. Avalon est en train de vivre son enfer personnel.

Roy la trouve ainsi, tremblante contre Fergus dont l’étreinte peine à la contenir. Elle se relève difficilement et, dans un geste aussi salvateur que désespéré, enlace son mari dont le cœur bat aussi rapidement et fort que le sien. Le sentir en vie contre elle lui procure un soulagement qu’elle exprime par des murmures désordonnés :

« Oh mon Dieu, j’ai cru… J’ai cru… » Sa phrase reste en suspens alors qu’elle étouffe sa peur dans le creux de son cou. Elle a l’impression de pouvoir encore entendre les hurlements de Roy, ces hurlements qui ont glacé son sang et déchiré son âme.

Leurs retrouvailles ne s’étirent que sur quelques secondes car, bien vite, la réalité se rappelle à eux. Les combats font rage, les sorts fusent, l’entrepôt semble vibrer sous l’effet des affrontements. Fergus se précipité dans cette mêlée confuse, sous le regard inquiet d’Avalon qui, en même temps que Roy, aperçoit Norvel courir loin la bataille, protégé par deux hommes qui assurent ses arrières.

Il s’enfuit.

Avalon échange un regard avec Roy. Un regard où l’épuisement cède place à une détermination sombre, une folie presque instinctive et vitale.

Ils se lancent à sa poursuite.

L’idée que Norvel réussisse à s’échapper est insupportable mais pas autant que cette peur qui lui retourne l’estomac lorsqu’elle se projette dans un monde où il se dissimule, encore, pour mieux frapper ensuite. Il lui a déjà pris sa fille ; de quoi est-il encore capable ? Qui sera sa prochaine victime ? Qu’imaginera-t-il pour se venger d’eux ? Non.

Tout doit prendre fin aujourd’hui. Maintenant.

Une violente haine anime Avalon qui a déployé un bouclier pour éviter les sorts perdus. Son premier sortilège vise l’homme à la gauche de Norvel. Elle s’acharne sur lui jusqu’à ce que sa garde tombe et il finit par s’effondrer à terre. Le deuxième garde-du-corps vacille à son tour et tombe sous le coup d’un sortilège envoyé par Roy. Norvel jette un regard par-dessus son épaule, accélère le pas. Avalon le voit amorcer un geste avec sa baguette.

« N’y pense même pas ! » rugit-elle alors qu’un éclat de lumière rouge file vers lui. Son sortilège de désarmement le frappe dans le dos et sa baguette magique lui échappe des mains. Elle saute à plusieurs mètres et roule sur le sol.

Norvel pousse un cri rageur et s’engouffre dans une porte. Avalon et Roy s’élancent à sa suite. Ils pénètrent dans une seconde salle préservée des flammes et des affrontements. Elle est plus délabrée que la première, plus sombre aussi. Ils ne bénéficient que d’une lumière qui filtre difficilement à travers des fenêtres voilées par la poussière et la saleté.

« Il n’a pas pu… » murmure Avalon.

Mais son murmure est étouffé par un cri.

Un cri féroce qui déchire l’atmosphère au même moment qu’une main se referme dans ses cheveux et la tire en arrière. Déstabilisée, Avalon perd l’équilibre et Norvel utilise ce bref laps de temps pour lui arracher sa baguette magique. Avalon se débat, envoie son coude dans les côtes de son adversaire qui grogne mais ne bouge pas. Elle s’apprête à le frapper au visage avec l’arrière de son crâne lorsque la pointe de sa baguette magique se pose dans le creux de son cou.

Derrière elle, Norvel est suant et souffle bruyamment.

Pendant quelques dixièmes de secondes, un lourd silence s’abat entre eux.

« Pose ta baguette, Calder. » ordonne Norvel. « Maintenant. »

Avalon et Roy se font face et échange un long regard. Ses yeux à elle semblent dire non. Non, ne te désarme pas, ne lui offre pas cet avantage sur toi. Elle jette un coup d'œil à la porte qu'ils viennent de franchir, comme pour appuyer son argumentaire dans cette conversation silencieuse qu'ils mènent. Jayce nous a vu partir. Tous tes hommes sont là. Quelqu'un va arriver.

Voyant que son ennemi hésite et ne s’exécute pas immédiatement, Norvel souffle à l’oreille d’Avalon :

« Et après tout ça, il peine encore à prendre mes menaces au sérieux. »

Son bras fuse, la baguette file le long du ventre d’Avalon, déchire ses vêtements, déchire sa peau et, immédiatement, un liquide épais et rouge s’écoule de cette plaie. Ses yeux se révulsent sous le coup de la douleur et un gémissement s’échappe derrière ses dents serrées.

Déjà, Norvel caresse son visage avec la pointe de sa baguette magique.

« Tu as envie que je la défigure ? » Il pointe l’arme sur sa gorge. « Que je l’égorge ? » Il fixe Roy. « Pose. Ta. Baguette. »



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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeLun 27 Mar 2023 - 13:23
La raison aurait voulu que Roy et Avalon ne s’engagent pas à nouveau dans une situation à risque en prenant leur ennemi mortel en chasse, après tout ce qu’ils venaient de subir. Mais ce n’est pas l’instinct qui s’empare d’eux. A cet instant, prendre un dernier risque leur paraît mille fois moins insupportable que l’idée de laisser Norvel s’échapper. Il leur a déjà prouvé à deux reprises quels plans mortifères il était capable de construire de l’ombre, même avec des forces réduites.

Roy n’a aucune envie de découvrir quels seront les prochains si Norvel survit encore à cette bataille.

Le poursuivre relève de leur survie à tous alors il n’hésite pas une seconde avant de s’élancer à la suite d’Avalon. Il se sent revivifié et protégé par l’arrivée de ses hommes et de ses amis qui couvrent leurs arrières. Sa rage peut prendre toute la place et chasser la terreur qui l’assaillait encore quelques minutes plus tôt. C’est toute sa fureur qu’il projette dans les sorts mortels qu’il lance sans s’arrêter sur les hommes protégeant Norvel. Il parvient à en abattre un. L’autre tombe sous les coups d’Avalon.

En voyant Norvel diriger sa baguette non pas vers eux, mais vers lui-même, Roy comprend ce qu’il s’apprête à faire et pousse un cri de rage. Il les as déjà eus par le passé à plusieurs reprises en utilisant ses facultés d’Animagus pour se transformer en araignée et s’il parvient à le faire cette fois-ci, il leur échappera définitivement.

Mais heureusement, Avalon a le réflexe de le désarmer avant qu’il ne puisse lancer un sort. Pris d’un sentiment de victoire, Roy accélère le pas jusqu’à déboucher dans la pièce où il a vu Norvel s’engouffrer, suivi par Avalon. La pénombre ne leur permet pas de repérer leur ennemi immédiatement.

Pourtant, très peu de temps s’est écoulé, il n’a pas pu fuir. A moins que le charme anti-transplanage ait été levé ? Agacé et tendu, Roy se met à pester :

« Putain mais où est-ce que tu te planques encore, sale fils de pute ?? »

C’est un cri déchirant qui lui répond, et pas celui de Norvel. Roy bondit en entendant la voix de sa femme derrière lui et tressaille en la voyant captive.  

Leur ennemi leur fait à nouveau face mais cette fois-ci, ce n’est plus Roy mais Avalon qui se retrouve prise en otage pour faire ployer l’autre.

« Bordel mais LÂCHE-LA ! s’écrie Roy en faisant instinctivement un pas vers eux.
- T’approche pas ou je la bute ! » rétorque Norvel sur un ton agressif.

Il resserre son emprise sur la chevelure d’Avalon, fait deux pas en arrière pour maintenir une bonne distance avec Roy. Norvel ne fait plus du tout aussi bonne figure que tout à l’heure. Sa respiration est haletante, sa figure rouge, la panique se lit dans son regard malgré son apparente position de force. Il sait très bien qu’il est en mauvaise posture et qu’il tente un véritable coup de poker face à eux. A tout moment, les Veilleurs débarquent dans la pièce et le forcent à déposer les armes. Il est presque sûr que Jayce les a vus partir dans cette direction.

Mais en attendant, il détient à Avalon et attend que Roy cède face à la menace. Pris d’une immense frustration de se trouver à nouveau piégé, il échange un regard avec sa femme et comprend le silencieux message qu’elle veut lui faire passer. Il choisit de maintenir sa baguette brandie contre leur agresseur. Ils ont l’avantage, tous les deux, ils le savent.

Mais Norvel le sait aussi et il décide de leur forcer la main en mettant en partie sa menace à exécution.

Les yeux de Roy s’écarquillent d’horreur à la vision de la blessure qui s’ouvre dans la chair de sa femme et macule ses vêtements de sang, au niveau de son ventre. Ce ventre déjà fragilisé par la difficile grossesse qu’elle vient de mener à terme, ce ventre où elle a porté leur fille. Ce ventre auquel Norvel a déjà porté atteinte en enlevant leur bébé et qu’il attaque à nouveau bien plus directement. Il aurait pu atteindre Avalon sur d’autres endroits de son corps, mais qu’il ait fait ce choix-là précisément fait porter à son geste un atroce symbole. Une haine violente et une immense inquiétude tordent les nerfs de Roy et le poussent à hurler :

« ARRÊTE ÇA PUTAIN ! » L’espace d’une seconde, il envisage d’appeler à l’aide pour alerter les hommes à côté mais il pressent que s’il prend ce risque, ce n’est pas un sortilège d’entaille qui va s’échapper de la baguette de Norvel mais un funeste éclat vert. Et même s’il désire plus que tout arrêter son ennemi, la vie d’Avalon a un prix bien plus grand à ses yeux. Il finit par lâcher sa baguette et la laisser rouler au sol. « C’est bon, je pose ma baguette, là, déconne pas ! Laisse-la partir ! »

Il échange un regard pressant avec Avalon. Avec un peu de chance, tout n’est pas perdu et elle peut l’attaquer à mains nues au moment où il relâche son emprise sur elle ?

« Eh bien voilà, c’était pas si compliqué » répond Norvel, sans toutefois lâcher son emprise sur Avalon. Il la tire à sa suite, tandis qu’il recule prudemment vers une porte de sortie sur l’un des murs de la pièce tout en maintenant sa baguette pointée dans son cou pour les dissuader tous les deux de tenter quelque chose. « Maintenant vous allez tranquillement me laisser disparaître. À charge de revanche, Calder… »

Cette promesse glace le sang de Roy. Si Norvel parvient à s’en aller, rien ne sera fini. Ils auront toujours des cibles derrière leur dos et cette possibilité ravive son désespoir. Mais il n’a pas d’autre choix que de céder pour le moment et prier pour qu’une intervention vienne faire cesser ce cauchemar…

Au moment où Norvel atteint enfin la porte qu’il visait, la tension est à son paroxysme. Leurs respirations sifflantes à tous les trois trahissent leur fébrilité. Tout peut encore se passer.

Et de tout ce qui pouvait se passer, Norvel choisit de faire le pire.

« Ou pas. »  

Roy a seulement le temps de voir sa baguette se diriger sur lui et s'illuminer d'un éclat. L’instant d’après, il s’écroule au sol.


Roy Calder

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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeLun 27 Mar 2023 - 15:32
Lorsque Norvel trace une ligne sanglante sur son ventre, Avalon tressaille, gémit et se débat, sans parvenir à échapper à l’étreinte mortelle de son ennemi. Une vive douleur lui coupe le souffle et sa vision se masque d’un voile flou pendant une brève seconde. Instinctivement, sa main trouve son ventre, ses doigts rougissent sous le sang qui s’échappe de la blessure. Ce n’est pas anodin que Norvel ait décidé de porter son attaque ici, à quelques centimètres de l’endroit où elle a porté sa fille avant qu’il le lui arrache. Le geste est symbolique, précis, calculé.

Et pousse Roy dans un état de rage et de désespoir qui imprime chacun des mots qu’il crache.

Le visage crispé dans une expression de souffrance, Avalon le regarde se débarrasser de sa baguette et accroche son regard. Elle repousse la peur, la colère et la douleur pour s’intimer de réfléchir. Norvel est armé et la menace avec la baguette magique qu’il lui a arraché quelques secondes plus tôt. Il la tire lentement vers l’arrière, utilise son corps comme un bouclier et sa vie comme une rançon. Il est désespéré ; ses hommes sont débordés par les Veilleurs et chaque seconde est cruciale pour lui.

Il est désespéré et, par conséquent, plus dangereux que jamais.

C’est cette idée qui retient Avalon d’esquisser le moindre mouvement. Norvel n’a plus rien à perdre et n’a plus aucun intérêt à la garder en vie. Son gang risque l’extinction pure et simple et, quand bien même désire-t-il le trône de Roy à Bristol, il ne pourra l’occuper seul. Tout est fini pour lui et les contacts d’Avalon au Ministère ne lui seront d’aucune aide, désormais.

Son cœur s’agite frénétiquement dans sa poitrine lorsqu’elle parvient à cette conclusion. Norvel fait peut-être mine de vouloir s’échapper mais l’instinct d’Avalon lui hurle qu’il est sur le point de commettre ce geste qu’il a tant retenu face à eux. Il va les tuer, songe-t-elle fugacement alors qu’un silence s’éternise.

Un silence brisé par deux mots funestes qui lui glace le sang.

Impuissante, Avalon voit le sort partir avant d’avoir eu le temps d’esquisser le moindre mouvement, de prononcer le moindre mot. Son cri fuse au moment où son mari, touché, s’effondre au sol.

« NON ! »

C’est un réflexe longuement éprouvé par ses entraînements auprès des Aurors et de la milice qui lui sauve la vie. Avalon profite de l’ouverture du bras de Norvel pour se dégager de son emprise. Elle envoie un coup dans sa trachée et il titube un bref instant en toussant. Sa main vole jusqu’à sa ceinture alors qu’elle fait volte-face. Lorsqu’elle retrouve son regard, son pistolet est pointé sur lui.

Elle tire quatre fois. Trois fois dans le torse. Une fois dans la tête. Norvel bascule vers l’arrière, mort avant même de toucher le sol.

Avalon lui arrache sa baguette qu’il tient toujours entre ses doigts figés et se tourne vers Roy, étendu dans une flaque rouge qui lui donne la nausée.

« Oh mon Dieu… » murmure-t-elle effarée, en se précipitant vers lui.

Ses yeux papillonnent lorsqu’elle s’agenouille à ses côtés. Il est encore conscient mais sa respiration est faible, sifflante.

« Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu. » répète-t-elle en boucle. Elle soulève son t-shirt qui, maculé de sang, colle à sa peau. De larges plaies lui barrent le torse. Avalon devient blanche. « Ça va aller, souffle-t-elle d’une voix tremblante. Ça va aller, mon amour. Reste avec moi, d’accord ? Reste avec moi. »

Des larmes dévalent ses joues lorsqu’elle relève la tête. Elle hurle, proche de l’hystérie :

« FERGUS ! FERGUS ! »

Mais Fergus ne vient pas. Personne ne vient et le sang de Roy continue de s’écouler, encore et encore. Avalon tremble. Elle connaît ce sort. Sectumsempra. Les Aurors y ont été souvent confrontés après la dernière guerre. Avalon – encore aspirante à cette époque – en a entendu des récits, surtout de la part de Stormborn, qui a été son instructeur à l’Académie. « Une vraie merde, ce sort. » disait-il en tirant sur sa cigarette. « Pas traçable comme l’Avada, mais c’est presque le même effet : tu crèves en trois minutes si t’as de la chance. » Lui-même gardait une cicatrice, au niveau de son abdomen ; vieux vestige de la guerre qu’il n'avait pas souhaité faire disparaître.

Sectumsempra répond à un contre-sortilège qu’Avalon ne connaît pas. Elle ne peut pas interrompre le maléfice.

Mais elle peut bloquer le saignement.

Elle pose sa baguette sur le torse de Roy et se met à psalmodier à toute vitesse. Les plaies ne se referment pas mais le sang cesse de couler. Avalon sait qu’il ne s’agit que d’une solution temporaire ; si elle cesse de maintenir son sortilège, l’hémorragie ne reprendra que de plus belle.

« Avalon ? Roy ? ROY ? »

Jayce passe la porte. Ses yeux hagards se posent sur eux.

« Fergus ! Va chercher Fergus ! » lui crie Avalon en retour.

Son cœur cogne contre sa poitrine. Sa main tremble. Une pellicule de sueur recouvre son visage froissé par l’effort. L’état de Roy semble se stabiliser ; au prix de l’énergie qu’Avalon déploie à le maintenir en vie.

Une énergie qu’elle puise dans des ressources limitées, entamées, éprouvées.

« Roy, Roy… » l’appelle-t-elle, la gorge nouée et le cœur au bord des lèvres. « Accroche-toi, je t’en supplie. Ne me quitte pas… »

Sa voix se brise. Parler devient trop difficile, trop coûteux et Avalon s’enferme dans un silence douloureux. Elle est épuisée, blessée, marquée par la douleur et par la peur. Son corps ne lui répond plus vraiment et il lui faut mobiliser toute sa volonté pour ne pas défaillir.

Son regard accroche le visage de Roy, sa bouche légèrement entrouverte, ses joues pâles, la longue estafilade qui court sur l’une d’elle. Il ne peut pas mourir, se répète-t-elle en boucle, comme un mantra qu’elle mobilise pour ne pas rompre son enchantement. Il ne peut pas mourir maintenant, pas alors qu’ils viennent de se marier, pas alors qu’ils viennent d’accueillir leur fille dans leur foyer. Leur fille… Avalon s’interdit de laisser ses pensées s’égarer du côté d’Alma. Il ne peut pas mourir. Pas après ces mois d’amour, ces heures frappées par la terreur et ce fol espoir de s’en sortir envers et contre tout.

Incapable de porter le poids de son corps plus longtemps, Avalon se penche vers Roy et pose son front contre le sien.

Puis frôle l’inconscience.


Avalon Calder

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Roy Calder
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Dancing with the very devil [Mafia - Acte II] Icon_minitimeLun 27 Mar 2023 - 18:30
Le contact froid et dur du sol en béton rappelle à Roy la sensation qu’il a eue, un an plus tôt, quand c’était le sol d’une cave qu’il heurtait, piégé par Norvel. La situation se répète et en même temps, elle est totalement différente.

Cette fois-ci, il ne se débat pas pour échapper à une longue et douloureuse asphyxie. Il ne se débat pas du tout. Il suffoque, pourtant, mais il ne parvient pas à lever les bras ni à appeler à l’aide. Il entend seulement plusieurs coups de feu qui éclatent contre les parois en béton autour de lui. Ses membres ne semblent plus pouvoir lui répondre. Le simple fait de bouger les doigts lui demande une énergie démesurée. Fatigué. Ses yeux peinent à rester ouverts. Il est si fatigué.

Posées au sol, ses mains tremblent. Il sent un liquide chaud sous ses paumes. Une flaque qui s’étend au-dessous de lui. Et il comprend.

Il est en train de mourir.

Ce n’est pas la première fois. Roy a déjà senti le souffle de la Mort derrière lui à de nombreuses reprises, au fil de sa vie de mafieux faite de dangers. Des duels acharnés et périlleux. La guerre des gangs à Bristol, trois ans plus tôt. Une tentative d’assassinat après une rencontre entre chefs. L’empoisonnement au restaurant. Quelque part ce n’est que la suite logique de ses actions, les conséquences attendues des choix qu’il a fait dans sa vie.

D’une certaine manière, il a mérité ce qui lui arrive. Les griffes funestes qui se renferment autour de lui ne font que réclamer leur dû. Une vie contre toutes celles qu’il a prises et fait prendre.

Entre résignation et terreur, Roy sent la vie le quitter avec la même lenteur que le sang qui s’échappe de ses veines. Et cette lenteur lui laisse tout le loisir de mesurer ce qu’il va perdre.

La présence de son père. Le regard bienveillant de sa mère. Les sages conseils de Jason. L’énergie joyeuse d’Irina. Les attentions touchantes d’Adrian. La générosité de Jayce. Les frasques de Toni. La fiabilité de Fergus. La loyauté d’Isobel. L’amour d’Avalon.

La voix d’Avalon.

« Ça va aller, mon amour. Reste avec moi, d’accord ? Reste avec moi. »

Accrocher sa conscience à cette voix lointaine, cette voix si aimée, est au-dessus de ses forces. L’abysse où il se trouve est déjà trop profonde. La lueur de la surface trop faible.

Ses pensées se noient avec lui, s’éparpillent dans l’espace impalpable où il se trouve, s’éclairent le temps d’une courte existence avant de s’évaporer presque aussitôt. Elles se fondent dans l’obscurité les unes après les autres dans un ordre qui n’a pas de sens, s’emmêlent avec des souvenirs qui rejaillissent sans plus de logique, deviennent des sensations légères, belles, douloureuses.

La première fois qu’Avalon lui a montré son carnet à dessin.

Les yeux pétillants d’Isobel dans sa robe de mariée, tournés vers l’homme qu’elle s’apprête à épouser.

Une heure de colle à Poudlard, où il rencontre Jayce et le met au défi de faire leur prochaine bêtise ensemble.

Les vagues grandioses qui s’écrasent contre les falaises implacables de Bristol.

Une balade ensoleillée au parc avec Teresa.

Une partie de poker animée où il accuse Fergus d’avoir encore triché en battant les cartes.

Vivianne penchée sur son Pear One pendant qu’ils essayent tous les deux de décrypter un tutoriel de coiffure.

Sa première rencontre émerveillée avec Alma.

Cette danse avec Avalon sur le parquet des Folies Sorcières, leur premier frisson à deux, la première lueur de désir dans leurs regards.

Une virée libératrice avec Toni dans sa voiture de course, musique à fond, cheveux au vent et grands éclats de rire tandis que Fergus se retient de vomir à l’arrière.

Un moment de lecture d'une histoire pour enfant à Adrian, alors qu'il n'a que quatre ans et qu'il est malade.

L’assiette remplie de tamales chaudes et délicieuses quand il vient déjeuner chez sa mère le dimanche, parce qu’elle sait que c’est son plat préféré.

La cérémonie de diplôme d’Irina, si fière d’avoir réussi à aller au bout de ses études de médicomagie.

Un dîner chez Jayce, où ils s’amusent tous les deux à taquiner Meera, pendant que Sundari leur demande d’arrêter de se comporter comme des enfants.

L’étreinte chaleureuse que son père lui a donnée pour le féliciter, le jour de son mariage.

« Avalon ? Roy ? ROY ? »

Il ne peut pas laisser tout ça disparaître. Il a encore tellement de choses à vivre avec toutes ces personnes qu’il aime, tellement de choses à leur dire !

Il a très envie de repartir en voyage en amoureux avec Avalon, comme quand ils avaient parcouru l’Equateur ensemble.

Cela ferait sûrement plaisir à Jason s’il l’invitait à dîner à la maison, avec sa copine, ils n'ont jamais fait ça, tous les deux.

Ce n’est pas impossible de se réconcilier avec son père, ils pourraient, s’ils trouvaient tous les deux le courage de parler vraiment.

Il faudrait qu'il cesse d'inquiéter autant sa mère.

Il veut faire plus de place à son amitié avec Isobel, ils ont du mal à trouver du temps pour se voir entre leur travail et leurs vies de couple. Leurs virées shopping lui manquent.

Depuis combien de temps n’a t-il pas proposé à Eden de prendre un café avec lui ? Ils pourraient aller ensemble au parc pour enfants avec Felicity, il n’a pas vu sa filleule depuis trop longtemps.

Il n’a pas fait assez d’efforts pour bien s’entendre avec Abel, il faut qu’il essaye davantage. C’était amusant, cette aventure au Mexique avec lui.

C’est bientôt l’anniversaire d’Adrian, il ne peut pas manquer ça.

Et le baptême de Teresa ? La rentrée de Vivianne à Poudlard ?

« Roy, Roy… Accroche-toi, je t’en supplie. Ne me quitte pas… »

Il se débat au fond de son océan, il fait des gestes désespérés pour rejoindre cette voix lointaine qui l’appelle. Il a l’intime certitude que c’est la vie qui l’attend en haut et la mort qui l’attire en bas. Mais le destin n’a pas encore rendu son jugement et le tiraille entre ces deux pôles.

Roy sait qu’il ne mérite pas plus l’un que l’autre. Parmi tous ses souvenirs heureux, il voit aussi le sang et la violence. Il voit les yeux de beaucoup d’hommes s’éteindre devant l’un de ses sortilèges. Il entend les hurlements de pauvres garçons dont il a lui-même coupé la langue avant de placarder leurs corps contre un mur de la Voie des Miracles, en guise de message à ses ennemis. Il est un homme coupable. Coupable de nombreux crimes, coupable de cupidité, d’ambition et de luxure.

Mais il est aussi un fils, un frère, un ami, un mari et un père. Il ne mérite peut-être pas la vie mais il la désire de toutes ses forces et il se débat pour la rejoindre.

Il sent la présence d'Avalon tout autour de lui, même s'il ne peut plus la voir derrière ses yeux clos. Il sent son inquiétude, son désespoir, son amour plonger avec lui. S’il coule, elle coulera aussi. Il ne peut pas laisser Avalon sans mari.

Salveo Maleficia…

Il vient seulement de prendre la décision d’acheter aux Etats-Unis pour pouvoir voir Teresa plus souvent. Il ne sait même pas si Alma est encore vivante. Comment pourrait-il les abandonner maintenant ? Il ne peut pas laisser ses filles sans père.

Salveo Maleficia…

C’est la voix de Fergus qu’il entend marmonner au-dessus de lui et celle de Jayce qu’il entend s’étouffer dans des sanglots. Isobel, Toni, où sont-ils ? Ont-il pu s’en sortir ? Ont-il besoin de lui ? Il ne peut pas laisser ses amis non plus.

Il peut devenir un nouvel homme s’il le faut. Il sera un nouvel homme, un homme meilleur. Il le promet.

Par pitié, mon Dieu.

Pitié.

« Salveo Maleficia. »

Une brusque bouffée d’air. Sa poitrine qui se soulève et se rabaisse, dans un mouvement intense et saccadé. La mort qui échoue et reflue au loin. La vie qui revient dans une vague plus puissante.

Roy entrouvre ses yeux avec difficulté sur des visages familiers. Sa gorge est si nouée de douleur, d’effroi, de soulagement et d’émotion que sa voix n’est qu’un son étouffé :

« Merci… »

Merci mon Dieu.

FIN DU RP


Roy Calder

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