-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeMar 13 Déc 2022 - 21:17
12 février 2012

Avalon étouffa un bâillement en versant de l’eau chaude dans une tasse, qui se colora de rouge au contact de l’infusion en sachet qui reposait à l’intérieur. Les doigts glissés dans l’anse de la tasse, elle se dirigea vers le canapé qu’elle avait quitté quelques minutes plus tôt et retrouva avec plaisir le confort de l’assise et la douceur du plaid qu’elle rabattit sur ses jambes repliées. L’appartement était silencieux, presque trop calme quand on connaissait ceux qui l’occupaient. Ce silence s’expliquait par le fait qu’Avalon y était seule ; Roy était parti dans la matinée pour la Nouvelle-Orléans et Vivianne passait la journée chez une camarade de classe qui fêtait son anniversaire.

Avalon, quant à elle, avait abandonné l’idée de sortir en sentant une lourde fatigue la cueillir, quelques heures seulement après son réveil. Depuis sa sortie de l’hôpital, elle avait drastiquement réduit ses activités. Si les médicomages n’avaient pas tracé de lien entre sa pathologie et un quelconque surmenage, ils lui avaient cependant vivement conseillé de se reposer. Etrangement, appliquer ce conseil lui demandait un effort particulier ; Avalon n’avait jamais été familière avec l’inactivité – ni avec la solitude qui allait parfois de pair. Même lorsqu’elle vivait encore à Londres, sans Vivianne, elle était toujours très entourée. Elle passait ses journées au ministère et ses soirées aux Folies, ne rentrant chez elle que pour dormir quelques heures avant de recommencer une nouvelle journée. Avalon adorait le monde, le bruit ; curieusement, elle se ressourçait davantage en plein milieu des interactions sociales.

Cependant, même si elle passait plus de temps chez elle, elle était rarement seule – pour ne pas dire jamais. Roy ne la quittait que lorsqu’on ne pouvait pas se passer de lui aux Folies ou sur la Voie et, lorsqu’il était amené à quitter le sol anglais pour aller voir Teresa, leurs amis prenaient le relais. Avalon attendait d’ailleurs la visite de Toni, qui était censé passer « dans l’après-midi » (mais la notion « d’après-midi » pour Toni était parfois aussi vague que les plages de livraison à domicile.)

Elle occupait donc son temps libre, penchée vers un carnet qu’elle maintenait sur ses genoux. Elle s’était remise au dessin quelques jours plus tôt, après avoir complètement délaissé cette activité depuis le mois d’août. Absorbée par le croquis qu’elle réalisait – un portrait de Roy qui tenait Teresa, emmitouflée dans un linge blanc le jour de sa naissance – elle ne releva la tête qu’en entendant le tintement caractéristique de l’ascenseur, dont les portes venaient visiblement de s’ouvrir.

« Toni ? » appela-t-elle en se mettant debout.

Elle quitta le salon, abandonnant son carnet sur la table basse, persuadée de trouver son meilleur ami dans l’entrée. Aussi, lorsqu’elle se retrouva face à Elena Calder, la surprise dut se lire sans difficulté sur son visage.

« Elena ? Qu’est-ce que… » Elle fronça les sourcils, confuse. « Désolée, j’ai oublié que tu passais aujourd’hui ? » Elle baissa rapidement les yeux vers sa tenue – le pyjama qu’elle portait depuis son réveil – et eut un vague sourire embarrassé.


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeLun 2 Jan 2023 - 21:55
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] 1EyMj1pLcLrDOqkUM9sNKJs7zF8
Elena Calder, mère de Roy, 57 ans

Elena Calder était la Mary Poppins du monde sorcier. Elle avait un talent pour dégainer de son sac l’objet qu’il fallait en toute occasion. A ce propos, elle disait simplement qu’être mère de quatre enfants nécessitait d’être toujours prévoyante, pour pallier aux oublis du plus grand et aux bobos du petit dernier. Les gens qui la connaissaient le savaient : dans son petit sac en cuir de salamandre bon marché, il y avait tout un monde très bien ordonné, comme tout ce qui touchait les mains d’Elena.

Cette fois-ci, elle avait rajouté quelques éléments dans son attirail, avant de prendre le chemin du Bristol moldu. Elle était déjà venue une fois dans l’appartement que Roy avait acheté quelques mois plus tôt avec Avalon. Ce n’était que la deuxième fois qu’elle s’y rendait -les enfants avaient cette manie de ne jamais inviter leurs parents chez eux, et Roy en était le plus bel exemple- aussi son oeil fut de nouveau attiré par le luxe qui imprégnait le hall d’entrée. Le parquet de bois sombre qui luisait sous les lustres élégants craquait sous ses pas. Le long d’un mur, un bureau pour le portier vêtu d’un costume faisait face à un large canapé en cuir qui accueillait les invités. Des plantes exotiques disséminées dans les coins et près des ascenseurs apportait la bonne touche de chaleur dans cet univers de bois et de marbre.

« Madame ? » l’interrogea le portier avant qu’elle ne s’approche trop près des ascenseurs.

Elena n’aimait pas forcément savoir que son fils pouvait se permettre d’habiter dans ce genre d’endroit grâce à ses activités illicites mais elle ne pouvait nier que savoir que ses futurs petits-enfants ne manqueraient de rien et vivraient dans un lieu aussi sécurisé avait quelque chose de rassurant.

« Je suis la mère de Roy. Roy Calder, s’annonça t-elle. Il a dû vous prévenir de ma venue ? »

Le portier jeta un oeil à un écran devant lui.

« En effet, confirma t-il avant de désigner l’ascenseur aux portes dorées derrière lui. Je vous ouvre l'accès, c’est au dernier étage. »

La première fois, Elena avait été étonnée de ne pas avoir d’indication sur la porte, mais elle avait compris en découvrant sur quoi s’ouvraient l'ascenseur : un palier privatif, qui faisait partie de l’appartement de Roy. Elle se souvenait avoir échangé un regard éloquent avec son mari. C’était donc ce genre d’appartement de riche. Les lieux lui avaient parus immenses quand elle était venue : autant de salles de bains que de chambres, une cuisine généreuse, même les couloirs étaient longs et lumineux. Elle ne savait dire qui de Roy ou d’Avalon avait bon goût, mais elle avait reconnu beaucoup d’élégance dans le choix des meubles et des couleurs, et une certaine subtilité dans la manière dont la modernité se mêlait au charme de l’ancien du vieil immeuble moldu.

Toutefois, son attention ne fut pas accaparée par la décoration cette fois-ci, mais plutôt tournée toute entière vers la femme qui l’accueillit. D’un regard, Elena évalua l’état d’Avalon qui se présentait à elle, vêtue d’un pyjama. Si elle vit dans sa tenue le signe positif qu’elle se reposait, comme les médicomages l’avaient recommandé, Avalon, elle, parut gênée de se présenter ainsi.

« Ce n’était pas tout à fait prévu, la rassura t-elle, je suis venue aussi vite que j’ai pu après l’appel de Roy… Il ne t’a rien dit ? » demanda t-elle en s’approchant pour lui faire la bise. « Il m’a demandé de venir voir si tout allait bien et si tu avais besoin de quelque chose. Son message n’est peut-être pas passé depuis les Etats-Unis ? »

Si Elena ne connaissait pas encore très bien la compagne de son fils, leurs quelques rencontres lui avait laissé une bonne opinion d’elle. Elle avait été ravie de voir enfin Roy, éternel coureur de jupons célibataire, leur présenter une femme. Elle savait reconnaître une histoire d’amour durable et celle qu’Avalon vivait avec Roy en était une, sans l’ombre d’un doute, il y avait donc de grandes chances que la jeune femme reste parmi eux pendant un long moment. Et puisqu’elle portait sa future petite-fille, aux yeux d’Elena, Avalon faisait déjà partie de la famille. Elle la traita donc avec la même chaleur qu’elle réservait à ses enfants :

« Comment vas-tu ? » demanda t-elle en posant une main affectueuse sur son épaule.
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeMar 3 Jan 2023 - 16:42
Avalon et Elena ne s’étaient pas souvent retrouvées en tête-à-tête depuis qu’elles se connaissaient, outre quelques moments passés en cuisine toutes les deux – qui étaient rapidement interrompus par un Roy venant s’enquérir de leur conversation. Si leurs rencontres s’étaient toujours bien déroulées, elles ne se connaissaient pas encore très bien et Avalon était forcément un peu embarrassée de la recevoir chez elle alors qu’elle était emmitouflée dans son pyjama. (Cependant, lors de leur dernière rencontre, elle était habillée d’une robe d’hôpital ; le pyjama constituait donc une certaine amélioration.)

« Roy ? Non… » fit Avalon en se penchant vers Elena pour l’embrasser sur la joue. A la mention d’un message, son regard s’éclaira et elle chercha des yeux son téléphone, qu’elle avait abandonné sur une console en allant se chercher une boisson chaude dans leur cuisine. Lorsqu’elle était retournée au salon, les mains chargées par sa tasse (et par un cookie), elle n’avait pas pensé à le récupérer. Puis, elle s’était mise à dessiner et n’avait pas relevé la tête avant d’entendre la sonnerie caractéristique de l’ascenseur, croyant que celle-ci annonçait l’arrivée de Toni.  

Elle fit quelques pas pour récupérer son téléphone, dont l’interface lui indiquait en effet plusieurs messages non-lus de la part de son partenaire. Elle les parcourut rapidement. Le premier lui expliquait que Toni ne pourrait finalement pas se libérer pour passer la voir. Le second lui apprenait que Roy s’était renseigné auprès de leurs amis communs, mais que ces derniers n’avaient pas la possibilité de passer avant demain. « Ça me fait chier que tu passes la journée toute seule… ça te dérange si j’appelle ma mère ? » lui avait-il demandé dans un troisième message. Devant son absence de réponse, il avait pris sa décision : « Bon, je l’appelle. »

« J’ai pas vu ses messages, j’étais en train de dessiner. » reconnut Avalon en glissant son téléphone dans la poche de son jogging, après l’avoir verrouillé. « Excuse-moi, si j’avais su je me serais habillée. » lança-t-elle avec un sourire contrit.

Mais la chaleur dont faisait preuve Elena à son égard la tranquillisa rapidement sur ce sujet – et, contrairement à Roy, elle ne trouvait pas cela insupportable de ne pas se présenter sous son meilleur jour.

« Ça va. » répondit-elle, presque par automatisme. Elle se corrigea légèrement, avec un sourire : « Compte tenu de la situation, ça va. Je suis un peu fatiguée, mais comme le bébé passe ses nuits à s’entraîner pour les jeux olympiques de gym, ça me paraît assez normal. Et toi ? » demanda-t-elle, avant de s’enquérir : « Est-ce que tu veux boire quelque chose ?  Je peux te faire un thé, ou un café… ? »  




Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeMar 3 Jan 2023 - 18:00
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] 1EyMj1pLcLrDOqkUM9sNKJs7zF8
Elena Calder, 57 ans, mère de Roy et ménagère de talent


« Il n’y aucune excuse à faire, voyons ! » la reprit Elena, dès qu’elle entendit Avalon se désoler de sa tenue. « Tu es chez toi et tu es au repos. C’est moi qui passe à l’improviste. Tu peux rester comme ça, ça ne me dérange pas du tout ! »

Elle-même appréciait de rester dans sa robe de chambre le dimanche, à prendre une tasse de thé en lisant la Gazette, emmitouflée sous son plaid, après sa séance de ménage hebdomadaire. Les lieux ici ne semblaient pas avoir besoin de ménage -elle reconnaissait bien là son fils- alors Avalon pouvait bien passer sa journée à se détendre chez elle. À six mois de grossesse, Elena se souvenait de journées entières passées à faire la sieste et si elle en avait culpabilisé au départ, elle avait fini par se dire que son corps était en réalité en travail permanent, à nourrir et protéger un petit être en croissance. En ce qui concernait Avalon, c’était d’autant plus vrai qu’elle se fatiguait beaucoup à compenser les dysfonctionnements de son corps. Elena baignait dans le milieu médical, avec son poste de standardiste à Sainte Mangouste, et elle était de nature curieuse alors elle prêtait l’oreille aux histoires qui se racontaient à la cafétéria, elle posait des questions, elle apprenait des choses. L’annonce du diagnostic de prééclampsie pour Avalon avait réveillé une réelle inquiétude chez elle : c’était un mot qu’elle avait déjà entendu dans la bouche de gynécomages, souvent pour évoquer de mauvaises nouvelles. Elle avait pris le temps de discuter avec Irina de toutes les implications d’un tel diagnostic, pour mieux s’y préparer et savoir ce qu’elle pouvait faire pour aider. Pas grand-chose, avait conclu sa fille experte du sujet. Prendre les potions prescrites et se reposer jusqu’à la naissance. Et prier.

Elena, en bonne catholique, prenait très au sérieux la dernière préconisation et n’y manquait pas, toutes ses prières étaient pour son fils et pour Avalon, désormais. En tant que mère et future grand-mère, elle avait également sa propre idée des soins qu’elle pouvait procurer autour d’elle et elle avait bien l’intention de la mettre en oeuvre aujourd’hui. Elle protesta donc à l’instant où Avalojn lui proposa une boisson, en agitant son doigt en l’air :

« Tututut ! No te preocupes por eso y ve a descansar*. C’est moi qui vais te préparer quelque chose. C’est par là, la cuisine ? »

Elle ne savait plus très bien comment s’organisait cet appartement gigantesque. Mais elle avait gardé en mémoire l’allure de la grande cuisine ouverte sur le salon. Elle suivit Avalon jusqu’au plan de travail où elle posa son petit sac à main. Elle se tourna vers sa belle-fille avec un sourire.

« Tu permets que je regarde un peu ce que vous avez ? »

Ses mains étaient déjà sur l’imposant réfrigérateur dont elle ouvrit les portes métallisées.

« Dios mío !** Un si grand frigo, pour si peu de nourriture ! » commenta t-elle en découvrant les étagères qui n’étaient pas suffisamment pleines à craquer à son goût. Après avoir refermé les portes, elle revint vers son sac à main dans lequel elle put enfoncer intégralement son bras, trahissant le sortilège d’Extension dont il bénéficiait. « Tu sais, quand j’étais enceinte de Roy, ma mère venait tous les week-ends pour me faire plusieurs plats, qu’elle congelait ensuite. Ça me sauvait la vie pendant la semaine, quand je rentrais trop fatiguée le soir pour me lancer dans la préparation d’un dîner. Et puis, sur le dernier trimestre, on a beaucoup trop mal au dos pour passer des heures en cuisine ! » Tout en parlant, Elena sortait plusieurs boîtes en verre et des flacons d’épices. « Tu avais aimé mes enchiladas la première fois que tu es venue chez nous. Je n’ai pas eu le temps d’en faire avant de venir, mais j’ai ramené de quoi cuisiner. Et j’ai aussi pris quelques sucreries, Roy me disait que tu aimais bien ça… » Elle posa une assiette enrobée dans du papier aluminium. « Des cookies et un reste de crumble aux myrtilles fait maison, ça te va ? J’ai posé un sortilège pour que tout reste au frais pendant le voyage. » Elle sortit sa baguette de sa poche et les pointa vers ses victuailles. « Finite. Je te sers une part ? »


*Ne t’occupe pas de ça et va te reposer
**Seigneur !
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeMar 3 Jan 2023 - 19:58
La protestation véhémente d’Elena lui tira un sourire. Sa façon de basculer de l’anglais à l’espagnol, son accent encore perceptible dans certaines intonations… Tout cela créait un écho familier chez Avalon et lui évoquait les moments passés auprès de sa grand-mère. Cette dernière – très inquiète pour sa petite-fille – déplorait de ne pas pouvoir être plus proche d’elle. Malheureusement, il y avait presque quatre heures de voiture pour rejoindre Bristol depuis Leeds et on avait conseillé à Avalon d’éviter de transplaner seule dans un premier temps, ce qui l’empêchait de faire le trajet comme elle en avait l’habitude. Sa grand-mère ne manquait pas de l’appeler régulièrement pour prendre de ses nouvelles et s’assurer qu’elle se reposait bien, comme les médecins le lui avaient conseillé.

Elena partageait visiblement les mêmes préoccupations, puisqu’elle lui exhorta d’aller se reposer. Avalon ne batailla pas – elle savait d’avance que cela ne servirait à rien – et guida la mère de Roy jusqu’à la cuisine. Cette dernière posa son petit sac à main sur le plan de travail et un bruit – comme celui du verre qui s’entrechoque – s’éleva depuis l’intérieur.

« Oui bien… » sûr, allait achever Avalon, avant d’être coupée par l’exclamation d’Elena, qui n’avait pas attendu son approbation pour inspecter le contenu de leur réfrigérateur. En jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, Avalon dut admettre qu’elle n’avait pas vraiment tort : les étagères paraissaient bien vides. En même temps, leurs dernières courses remontaient au début de la semaine et ils n’achetaient jamais beaucoup. En temps normal, ils étaient rarement chez eux le midi pour déjeuner ; Vivianne mangeait à la cantine, Avalon au ministère, et Roy avait ses habitudes dans les restaurants et les traiteurs autour des Folies Sorcières. Le soir, elle cuisinait quand elle avait le temps – elle essayait vraiment de le faire, depuis que Vivianne vivait avec eux – mais elle sortait parfois tard du ministère et préférait passer chercher le repas du soir sur le chemin du retour. Pourtant, Avalon aimait bien cuisiner et, depuis qu’elle était sortie de l’hôpital et que ses journées s’étaient brusquement dégagées de toutes ses contraintes professionnelles, elle avait du temps à passer en cuisine. Sa grand-mère – absolument ravie d’être sollicitée pour ça – lui avait fait scrupuleusement noter ses recettes de mole poblano, de tamales, de chilaquiles et de conchas. Vivianne et elle s’étaient lancées dans la confection de tamales hier soir, ce qui avait nécessité la plupart des éléments encore présents dans le réfrigérateur.

« Oh, Elena, ne te sens pas obligée de… » commença Avalon, alors que cette dernière sortait plusieurs boîtes en verre de son sac. La mention du crumble la fit s’interrompre, et elle loucha sur l’assiette, encore couverte. « Je ne peux pas refuser une part de crumble, Roy t’a bien informé. » admit-elle avec un sourire. Elle s’installa sur la chaise qui faisait face au plan de travail et agita sa baguette magique pour faire léviter deux assiettes jusqu’à elles. Elena s’affairait déjà, ouvrant les différentes boîtes qu’elle avait extirpé de son sac. « Je suis curieuse de voir comment tu fais tes enchiladas » lança Avalon en plongeant une cuillère dans la part de crumble qu’Elena avait déposé devant elle. « Dans mon souvenir, elles sont assez différentes de celles de ma grand-mère… Je ne peux pas dire meilleures, » ajouta-t-elle en souriant, « je risquerai d’être rayée de l’arbre généalogique des Muñoz. » On ne plaisantait pas avec ces choses-là.

En observant Elena sortir les différents ingrédients, Avalon se sentit envahie par un sentiment doux-amer, qui la déstabilisa légèrement. La grossesse exacerbait de plus en plus ses émotions, la laissant parfois interdite devant ses propres réactions (pas plus tard qu’hier, elle avait senti ses yeux s’humidifier devant la rediffusion d’un épisode de F.R.I.E.N.D.S).

« Merci Elena. » souffla-t-elle finalement, après quelques secondes pendant lesquelles elle avait repris contenance. « D’être venue et de faire tout ça. Je ne peux pas encore transplaner et comme ma famille est moldue… » Elle grimaça. « A Bristol, je suis un peu loin d’eux. » Sans parler du fait qu'elle n'avait pas adressé un mot à ses parents depuis des mois. Elle conclut sur une légère plaisanterie : « Enfin, ça n’arrête pas ma grand-mère. Elle m’appelle tous les deux jours pour me dire qu’elle nous a congelé un plat et qu’elle me le donnera quand je pourrais venir chez elle. Je pense qu’on pourra manger uniquement ce qu’elle a fait jusqu’aux trois ans du bébé. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeMer 4 Jan 2023 - 15:17
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] 1EyMj1pLcLrDOqkUM9sNKJs7zF8
Elena Calder, 57 ans, mère de Roy et ménagère de talent

« Parfait ! répondit Elena, ravie de voir Avalon accepter une part de gâteau. Je suis sûre que ça va te plaire, tu verras, même Roy adore mon crumble, lui qui n’est pas trop desserts… »

Elena se savait très bonne cuisinière et en était plutôt fière. Elle regrettait de ne pas avoir transmis cette passion à ses enfants qui semblaient tous préférer manger sur le pouce ou commander des traiteurs. Mais elle leur avait au moins appris à finir leur assiette quand ils venaient chez elle et même à se resservir alors elle n’avait pas tout raté. Elle sourit en découpant une part généreuse de gâteau pour Avalon, tout en répondant :

« Ah ça, ne te risque pas à critiquer la cuisine de ta grand-mère, c’est sacré ! Je n’oserais pas prétendre que mes enchiladas sont meilleures mais tu vas pouvoir prendre en note la recette pendant que je les fais, si tu veux… Où sont les cuillères, ici ? »

Elena s’autorisa à ouvrir les tiroirs pour mieux appréhender l’environnement dans lequel elle allait cuisiner. Sa cuisine à elle était à peu près aussi grande, mais elle était contenue dans une pièce à part et elle devait reconnaître que c’était plutôt agréable de pouvoir discuter avec Avalon, assise de l’autre côté de l’îlot central, tout en préparant des choses. Elle sortit deux assiettes et deux cuillères pendant que la jeune femme derrière elle la remerciait.

« Oh, je t’en prie, c’est normal. »

À ses yeux, son implication et sa présence n’étaient que son devoir de future grand-mère, mais cela semblait revêtir une importance particulière pour Avalon qui ne semblait pas très soutenue par sa famille. Elena savait qu’elle était en conflit ouvert avec eux. Elle l’avait compris à travers les quelques informations -vagues et partielles- que Roy avait donné à ce sujet. Elle savait notamment que quelques mois plutôt, Avalon avait obtenu la garde de la petite Vivianne -que les Calder avaient eu le plaisir de rencontrer lors du réveillon de Noël- et ce simple fait suffisait à montrer la gravité de la situation. Elena ne savait pas exactement quelles étaient les raisons de ce retrait de garde mais elle se doutait que quelque chose de grave devait se produire dans le foyer Davies : il fallait une réelle mise en danger pour pouvoir soustraire une enfant à ses parents.

Et si Elena était douée pour la cuisine, elle avait également un talent dans l’art d’attirer des confidences -dont elle ne s’était pas privée de faire usage pour réussir à tirer les vers du nez de ses enfants un peu trop indépendants et secrets. Elle perçut donc dans la conversation qui commençait à se nouer entre elle et Avalon une occasion d’en apprendre davantage à son sujet, sur des choses réellement importantes qui allaient faire partie de la vie de sa future petite-fille.

« C’est une bonne chose que tu aies le soutien de ta grand-mère, c'est important » commenta t-elle. Elle posa une assiette généreusement servie en crumble devant Avalon, en prit une autre plus modeste pour elle-même, simplement pour accompagner la jeune femme dans sa dégustation. « Je me souviens que tu m'as dit que tu avais passé beaucoup de temps chez elle quand tu étais petite. Tu t’entends bien avec elle ? Comment s’appelle t-elle ? »
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeMer 4 Jan 2023 - 16:49
« Avec plaisir. » lança Avalon avec un sourire, avant de lui indiquer : « Dans le deuxième tiroir, sur la gauche. »

La présence d’Elena – bien que surprenante puisqu’elle attendait un italien qui frôlait les deux mètres – était agréable. Elle s’était toujours montrée chaleureuse et avenante envers elle depuis qu’elles s’étaient rencontrées et semblait mettre un point d’honneur à la faire se sentir à l’aise lorsqu’elle venait chez eux. Cela faisait pourtant plusieurs semaines qu’Avalon n’était pas retournée au Pays de Galles, évitant les nombreuses invitations d’Elena. Le contexte de sa grossesse ne lui avait pas donné envie de partager des moments autour de la naissance de sa fille avec ceux qui s’apprêtaient à être grands-parents pour la seconde fois en l’espace de quelques mois. C’était sans compter que Roy n’avait pas pu cacher à sa famille son évident déni de grossesse et qu’une part d’elle redoutait les réactions de son entourage – ou, tout du moins, ce qu’elle projetait comme probables réactions.

Elena et elle s’étaient plus longuement revues lors de son passage aux urgences, à la fin du mois de janvier. Elle était passée la voir plusieurs fois lorsqu’elle avait été hospitalisée et elles avaient même partagé un repas ensemble, pendant une pause déjeuner d’Elena. Cette reprise de contact avait tranquillisé Avalon ; Elena semblait simplement soucieuse d’elle et de son état de santé, tout comme l’intégralité de ses proches, qui prenaient régulièrement de ses nouvelles. Toni – qui ne parvenait pas à masquer son inquiétude – passait chez eux presque tous les jours. Sa grand-mère l’appelait souvent, dans la matinée généralement, lorsqu’elle rentrait du marché. Galaad, qui savait à quel point sa jumelle ne supportait pas l’ennui, lui envoyait des messages pour la distraire. Même Célice l’appelait parfois pour « savoir comment elle allait », ce qui n’était pas dans les habitudes de sa petite sœur. Ces marques d’attention trahissaient évidemment les craintes de son entourage, ce qu’Avalon s’efforçait d’ignorer pour ne pas majorer sa propre anxiété qui ne la quittait pas et la tenait parfois éveillée la nuit.

« Oui, on s’entend très bien. » confirma-elle en découpant un bout de crumble avec l’arrondi de sa cuillère, lorsqu’Elena l’interrogea sur sa grand-mère. « On vivait chez elle presque la moitié de l’année quand on était petits, mes frères et moi, lui expliqua Avalon alors, forcément, on a noué des liens un peu particuliers. » Un léger sourire étira ses lèvres. « Elle s’appelle Alma. Elle et mon grand-père, Mateo, vivent à Leeds depuis plus de trente ans, maintenant. J’ai beaucoup de chance de l’avoir, c’est une personne que j’admire énormément. » Elle porta sa cuillère à sa bouche, savourant l’acidité de la myrtille, qui explosa sur sa langue. Un soupir de plaisir lui échappa. « Mhh, c’est excellent, Elena. » commenta-t-elle en levant les yeux vers la mère de son compagnon.



Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeVen 6 Jan 2023 - 19:10
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] 1EyMj1pLcLrDOqkUM9sNKJs7zF8
Elena Calder, 57 ans, mère de Roy, en mode enquêtrice

« La moitié de l’année ? » souligna Elena.

C’était une durée inhabituelle de garde pour une grand-mère et cela fit inévitablement écho à la situation de Vivianne, dans son esprit. Les parents Davies n’étaient donc déjà pas aptes à s’occuper de leurs enfants, à cette époque ? Elle n’osa pas poser une question aussi franche sur un sujet si délicat et préféra commenter :

« J’imagine, elle doit être comme une mère pour toi, si tu as grandi auprès d’elle. »

En tout cas, Avalon avait le regard doux et le sourire aux lèvres en l’évoquant, ce qui traduisait un lien sincère et fort. A défaut de parents présents, elle semblait avoir une grand-mère aimante et attentive, ce qui était plutôt rassurant. Elena fut momentanément détournée de ses pensées par le compliment de la jeune femme, qui lui tira un grand sourire.

« Oh, je te remercie. Sers-toi autant que tu veux, c'est pour toi, il y en a encore dans la boîte ! »

Elle appréciait toujours les compliments sur sa cuisine, qu’elle réalisait avec amour. Elena aimait prendre soin de l’appétit de ses proches, c’était une manière comme une autre d’exprimer son affection. Elle éprouvait toujours une certaine fierté de pouvoir satisfaire les estomacs les plus difficiles : même Roy finissait toute son assiette chez elle, alors qu’il pinaillait beaucoup sur ce genre de choses.

Laissant Avalon savourer sa part de gâteau, Elena la relança sur le sujet de sa famille, dont elle était curieuse d’apprendre plus de détails :

« Tu disais que vous étiez une famille nombreuse, rappelle-moi tu as combien de frères et soeurs ? Tu arrives à les voir en ce moment ? Ou ils habitent loin eux aussi ? »
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeVen 6 Jan 2023 - 20:41
Avalon hocha la tête en guise de confirmation à la question d’Elena, sans pour autant rebondir dessus. Elle s’attarda en revanche sur son deuxième commentaire, qui lui tira un sourire franc.

« Oui, c’est ça. »

Sa grand-mère avait en effet toujours été une figure maternelle pour elle, comme elle l’était aussi pour Néro et Galaad. Elle les avait quasiment élevés, tous les trois. Elle avait soigné leurs genoux écorchés, lus des histoires, leur avait appris l’espagnol et les avait réprimandés lorsqu’ils se comportaient mal. Et, malgré le temps et les disputes incessantes qui secouaient leur famille, elle était restée la personne vers qui ils se tournaient lorsqu’ils en avaient besoin. Même Néro, songea fugacement Avalon. Elle savait qu’elle l’avait aidé lorsqu’il avait cherché à instaurer des visites médiatisées pour voir Aimee, sa fille. Maintenant qu’elle y réfléchissait, Alma Munoz était peut-être la seule personne à qui son frère aîné vouait un profond respect. Il était parfois dur envers leurs parents, insolent, voire même franchement odieux. Mais envers sa grand-mère, jamais.

Cette pensée s’attarda encore un peu dans son esprit et Avalon profita du moment de silence qui s’installait pour complimenter Elena sur sa cuisine. Sa réponse chaleureuse lui arracha un nouveau sourire, qui se figea légèrement lorsqu’elle l’interrogea à nouveau sur sa fratrie. Si Elena était douée pour faire parler ses enfants, c’était littéralement le métier d’Avalon de mener des interrogatoires et elle était bien trop rompue à cet exercice pour en faire les frais à ses dépens. Ce n’était pas la première fois qu’Elena la questionnait sur sa famille ; Roy n’avait pas été très loquace à ce sujet, se contentant de dire à ses parents que « c’était compliqué » et Avalon avait préféré esquiver habilement les questions dans un premier temps. Evidemment, elle n’avait pas caché avoir obtenu la garde de sa sœur Vivianne mais s’en était tenue à la version officielle : ses parents moldus vouaient une féroce haine à la magie, ce qui expliquait pourquoi sa petite sœur sorcière était venue vivre chez elle.

Elle ne s’était pas sentie d’approfondir le sujet au cours de l’un des déjeuners dominicaux auxquels elle avait été invitée, entre le plat et le dessert. A vrai dire, quand elle avait rencontré les parents de Roy, elle s’était bien gardée d’éclaircir ces points et n’avait pas vraiment réfléchi à la manière dont elle pourrait le faire plus tard – ou même si elle le ferait plus tard. Maintenant qu’elle était enceinte, c’était différent. Le bébé qu’elle portait ferait partie de la famille de Roy mais aussi de la sienne. Ses frères et ses sœurs seraient ses oncles et tantes, ses parents deviendraient grands-parents… Les questions d’Elena étaient légitimes et Avalon n’avait pas vraiment cœur à les esquiver, cette fois.

« J’en ai huit, répondit-elle alors, avec une certaine prudence qui ne la quittait pas lorsqu’elle abordait le sujet avec des sorciers, trop habituée à garder le secret pour s’ouvrir aussi facilement. Le plus âgé a seulement deux ans de plus que moi et Vivianne est la plus petite. Ils vivent tous sur Londres, sauf Morgane et Garlan qui sont encore mineurs et vivent chez mes grands-parents, à Leeds. » Elle laissa une seconde de silence passer. « On se voit… De temps en temps. On ne s’entend pas tous bien. » admit-elle. « Je suis surtout proche de mon frère jumeau, d’une de mes sœurs et des petits. »



Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeSam 7 Jan 2023 - 23:10
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] 1EyMj1pLcLrDOqkUM9sNKJs7zF8
Elena Calder, 57 ans, mère de Roy, en mode enquêtrice

Elena sentait bien que le sujet de la famille était sensible et secret chez Avalon. Les quelques fois où elle l’avait abordé avec elle, elle s’était montrée plutôt évasive. Loyal à sa compagne, Roy ne lui donnait guère plus d’informations. Pourtant, Elena gardait la conviction, peut-être naïve et optimiste, que même les plus grands drames ne pouvaient séparer totalement une famille. Et le bref récit d’Avalon prouvait son point : malgré toutes les épreuves -dont Elena ne connaissait pas précisément la teneur- qu’elle avait du vivre au sein de son entourage familial, elle avait gardé des liens avec beaucoup de ses frères et soeurs et tenait à eux. Peu de personnes auraient été prêtes à prendre la responsabilité d’une garde d’enfant, Vivianne devait avoir une grande place auprès d’Avalon pour qu’elle soit allée jusqu’à confronter ses parents en procès.

Tout ce qu’Elena savait à ce sujet, c’était ce que Roy avait bien voulu lui en dire : Vivianne était une sorcière, comme sa soeur, et les parents Davies n’acceptaient pas bien cette situation. Elle avait trouvé cette histoire dramatique, Dieu seul savait combien d’autres enfants de moldus se trouvaient dans la même situation sans qu’on ne le sache ou qu’on puisse les aider… C’était une cause qui lui tenait à coeur alors elle avait tout mis en oeuvre pour que Vivianne se sente bien accueillie quand elle était venue fêter Noël chez eux. Elle avait été agréablement surprise de découvrir une enfant plutôt vive et joyeuse. Quand, quelques années plus tôt, après les supplications de Roy, elle avait elle-même accepté de recueillir Jayce sous son toit pendant quelques années, maltraité par ses parents moldus pour sa condition de sorcier, elle se souvenait avoir rencontré un enfant blessé, méfiant, qui avait mis du temps à leur accorder sa confiance.

Les nombreux frères et soeurs de Vivianne avaient dû jouer le rôle de remparts protecteurs contre la violence de leurs parents, comprit-elle à cet instant. Les remparts qui avaient permis à Vivianne de se construire à peu près normalement. Un autre élément nouveau transparut dans le discours d’Avalon, sur lequel Elena rebondit spontanément sans réfléchir, les sourcils froncés :

« Oh tu as d’autres frères et soeurs qui ne sont plus avec tes parents ? Je croyais que vous étiez les seules sorcières avec Vivianne… » Y avait-il encore d’autres enfants qui souffraient de l’intolérance et l’ignorance de leurs parents dans ce foyer ou avait-elle mal compris quelque chose ? Alors qu’elle prenait conscience que sa question pouvait se révéler trop curieuse, elle se rattrapa : « Désolée, je pose plein de questions mais tu n'as peut-être pas envie de répondre. Tu me dis si je vais trop loin, hein ! J’essaye juste de comprendre. »
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitimeDim 8 Jan 2023 - 13:42
Parfois, Avalon songeait qu’elle avait deux vies. Dans une de ces vies, elle était Avalon Davies, sorcière, promue à l’âge de vingt-huit ans à la tête de l’agence des Renseignements du ministère. Parcours professionnel impeccable, vaste cercle amical, bel appartement dans le centre de Bristol ; Avalon Davies avait de quoi faire des envieux. Dans l’autre vie, elle était Avalon Davies, moldue, fille aînée d’une famille de neuf enfants qui vivaient dans une précarité crasse, dealeuse depuis son adolescence, accro à l’oxy l’âge de dix-huit ans. Il y avait un pont qui faisait le lien entre ces deux vies, ces deux existences radicalement différentes ; tellement différentes qu’elles ne semblaient pas pouvoir exister dans la même réalité.

Un pont qui n’était connu que de sept personnes : Fergus, Toni, Jayce, Roy, Isobel, Angus et Danielle.

Elle n’avait rien pu cacher à Fergus, le jour de leur rencontre. Ni à Toni, vu leur proximité. Elle s’était confiée à Jayce parce que son parcours faisait écho au sien. Puis à Roy, d’abord partiellement lorsqu’ils avaient vingt ans, puis entièrement lorsque leur relation avait évolué. Elle se souvenait s’être ouverte à Isobel sur le sujet une fois lorsqu’elles étaient en vacances toutes les deux mais, d’un accord tacite, elles n’en n’avaient jamais reparlé. Elle avait dit la vérité à Angus suite à une mission désastreuse qu’ils avaient menée ensemble, où son identité avait bien failli les faire tuer. Au mois d’août, l’urgence de la situation l’avait obligé à contacter Danielle et à lui exposer un pan de sa vie familiale pour justifier sa demande de garde.

Sept personnes. En dix-neuf années passées dans le monde sorcier. Fergus, Toni, Jayce, Roy, Isobel, Angus, Danielle. Et c’était tout.

Pour les autres, elle était Avalon Davies, fille de née-moldue, excellente sorcière, lieutenante chez les Aurors, puis à la milice avant d’en prendre la direction. Elle s’autorisait à répondre à quelques questions : on savait qu’elle était la fille aînée d’une grande fratrie, on savait qu’elle avait accueilli sa petite sœur chez elle suite à un rejet de la magie de la part de ses parents. Mais du reste, elle ne disait rien.

A ne rien dire, Avalon s’était doucement divisée entre ces deux identités. Pendant des années, ce fonctionnement avait tenu et lui avait permis d’exister loin de cette souffrance familiale insupportable. Elle avait eu le privilège de pouvoir changer dans un univers où rien ne pouvait la rappeler à cette jeune fille qu’elle avait été. Elle avait pu se réinventer, s’épanouir, faire bouger les lignes figées de son existence.

Mais il aurait été illusoire de croire qu’une telle séparation puisse être maintenue bien longtemps.

L’obtention de la garde de Vivianne avait obligé Avalon à se confronter à ce passé douloureux tout en lui permettant de couper définitivement le lien avec ses parents. La ressemblance frappante avec sa petite sœur ne s’arrêtait pas seulement au physique ; Avalon avait été cette jeune sorcière perdue, effrayée par ses pouvoirs, honteuse, coupable. Lorsqu’au mois d’août, elle avait vu son père frapper Vivianne, cette image s’était superposée à des souvenirs tumultueux et la barrière entre ses deux vies si différentes avait explosé.

Il était plus difficile de la remettre en place, maintenant.

Encore moins face à Elena, dont les questions étaient plus que légitimes maintenant qu’Avalon s’apprêtait à agrandir la famille Calder. Sa main droite s’égara sur son ventre qui abritait sa fille et elle secoua la tête.

« Non, non, ne t’en fait pas. C’est normal que tu sois curieuse, je n’en parle pas beaucoup. »

Elle n’aimait pas en parler. Elle n’aimait pas la pitié qu’elle décelait dans le regard de ses interlocuteurs lorsqu’ils l’imaginaient en pauvre adolescente rejetée par ses parents. Elle n’aimait pas non plus qu’on l’observe avec un certain respect, comme si son parcours dans le monde sorcier prenait un éclat particulier maintenant qu’on connaissait son entourage familial. Elle n’aimait pas entendre dire qu’elle avait été courageuse, brave, forte.

Elle n’aimait pas en parler et, pourtant, elle sentait qu’elle ne pouvait pas repousser le sujet plus longtemps. Il reviendrait forcément plus tard, à des moments moins propices. Une partie de sa famille serait sûrement tenue à rencontrer celle de Roy et elle ne tenait pas à faire peser le poids de son secret sur leurs épaules – et en particulier sur celles de Vivianne.

« Quand j’ai obtenu la garde de Vivianne, commença Avalon, le juge a retiré à mes parents l’autorité parentale sur leurs trois derniers enfants. Ce sont les trois derniers mineurs, précisa-t-elle. Morgane a seize ans, Garlan treize, et Vivianne onze. » Elle tapota doucement le marbre du plan de travail, le temps de trouver ses mots. « Vivianne vit avec moi parce que c’est une sorcière et qu’on a pensé que son intégration au monde magique serait plus facile comme ça. Mais Morgane et Garlan ont été placés chez ma grand-mère jusqu’à leur majorité. Mes parents… » Elle hésita un bref instant. « Mes parents dealent et consomment de la drogue depuis des années, expliqua-t-elle succinctement. Et, comment dire, ça prenait beaucoup de… de place, chez nous. J’ai fini par saisir un juge au mois d’août et… Voilà. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Les grand-mères sont des mères qui ont grandi [Elena & Avalon] Icon_minitime