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Like a motherless child [OS - Avalon, Célice, Galaad]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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Like a motherless child [OS - Avalon, Célice, Galaad] Icon_minitimeDim 21 Aoû 2022 - 12:52
13 janvier 2012, Londres.

« T’as pas l’air heureuse. La voix de Célice brisa un long silence.
-Célice… souffla Galaad avec un reproche dans la voix. Sa cadette haussa les épaules.
-Quoi ? C’est vrai. T’as vu la gueule qu’elle tire ? »

Avalon avait tressailli. Célice n’avait pas complètement tort : ses traits tirés, ses cernes marquées et son visage pâle lui donnaient une mine grave. Elle avait l’air malade, installée dans le canapé rapiécé de sa sœur, vêtue d’un large pull qui ne suffisait pas à masquer son ventre définitivement arrondi. Cela faisait plusieurs jours qu’elle semblait éteinte mais personne ne lui en avait fait la remarque aussi brutalement que Célice. Au contraire ; la plupart de ses proches essayaient de se montrer prévenants envers elle. On la questionnait sur sa grossesse et sur les examens qu’elle réalisait. On lui parlait prénoms, biberons, layettes. On souriait, comme si ces quelques conversations suffisaient à prétendre que la situation était normale. Roy avait été le premier à épouser cette attitude ; il se comportait en futur père épanoui. A côté de lui, Avalon faisait bien pâle figure. Elle était absente. Absente aux autres, absente à elle-même. Elle vivait comme une automate : elle se levait, mangeait, déposait Vivianne à l’école, partait pour le ministère, rentrait à la maison. Elle répondait aux questions avec une jovialité forcée qui sonnait atrocement faux. Tout le monde le voyait, mais personne ne disait rien.

Sauf Célice, évidemment.

« Ça va. prétendit Avalon en soutenant le regard de sa petite-sœur, les doigts crispés sur son verre.
-Ça va ? reprit Célice en haussant ses fins sourcils, l’air profondément sceptique. T’as appris il y a deux semaines que t’étais enceinte de cinq mois et demi, mais ça va ? »

Avalon se raidit. Galaad, sentant la tension monter entre ses deux sœurs, chercha à calmer le jeu :

« Célice, c’est bon. »

La jeune femme se tut, sans pour autant lâcher son aînée des yeux. Avalon ne disait rien, les lèvres pincées dans une expression qui trahissait autant sa détresse que sa colère. Depuis qu’elle était arrivée chez Célice, en début de soirée, aucun franc sourire n’avait éclairé son visage. Elle avait annoncé sa grossesse à son jumeau et leur cadette d’un ton presque factuel alors que leurs yeux s’étaient arrondis de stupeur à la vision du ventre proéminent d’Avalon. Elle avait dit « je suis enceinte » en forçant un enjouement qui n’avait trompé personne. L’atmosphère s’était chargée d’un malaise lourd, dont Avalon avait conscience mais qu’elle ne parvenait pas à chasser.

La remarque de Célice avait fissuré le vernis qu’Avalon s’était efforcée d’apposer sur leur conversation. Elle ne lui avait pas posé la question. Elle ne lui avait pas demandé « es-tu heureuse ? » Elle lui avait affirmé qu’elle ne l’était pas.

Elle n’avait pas complètement tort : Avalon ne se sentait pas heureuse. Néanmoins, elle ne se sentait pas malheureuse non plus. En revanche, la solitude qui l’avait envahie lorsqu’elle avait appris sa grossesse ne l’avait pas quitté. Avalon avait beau être entourée, elle se sentait atrocement seule. Elle aurait pu se retrouver en plein milieu d’une foule de visages familiers que cette impression aurait été la même. Elle se sentait seule parmi les autres et étrangère à elle-même. Son corps ne lui appartenait plus : son ventre était définitivement arrondi, sa poitrine avait gagné en volume, son dos la faisait souffrir. Elle avait brusquement dû arrêter sa pratique sportive, se mettre à un régime particulier et prendre des compléments prénataux. Outre son travail, il n’y avait plus rien, dans son quotidien, qui lui semblait familier. Même ses rapports avec Roy avaient changé, se teintant inexorablement du même malaise qui émanait d’elle.

Finalement, devant le silence têtu de sa sœur aînée, Célice reprit la parole.

« Je dis juste que, si j’étais à ta place, ma seule envie ce serait de descendre une bouteille de tequila. »

Face à la franchise de sa sœur, une expression de surprise passa sur le visage d’Avalon. L’immense barrière de solitude qui s’était érigée depuis quelques semaines sembla s’abaisser légèrement.

« C’est clair… renchérit Galaad en faisant tourner sa bouteille de bière entre ses mains, les sourcils haussés dans une mimique qui témoignait de son effarement.
-C’est pas que je suis pas heureuse, déclara finalement Avalon après un temps de silence qui parut interminable. C’est juste que je ressens… Rien.
-Pour le bébé ? s’enquit son jumeau en l’observant.  
-Ouais. Il est juste là. »

Cet aveu s’arracha à Avalon plus qu’elle ne le confia volontairement. La lourde culpabilité qu’elle portait depuis plusieurs jours désormais paraissait trop immense pour qu’elle puisse la garder secrète plus longtemps. Elle n’avait pas pu se résoudre à en parler à Roy : elle craignait que cela ne fasse que creuser le fossé d’incompréhensions qui s’était créé entre eux. Elle ne pouvait pas non plus en parler à Fergus : il ne comprendrait pas. Quelque chose, au fond d’elle, lui soufflait que personne ne pouvait réellement comprendre ce sentiment abject, qu’elle avait toujours craint.

« Mais tu pensais quoi, Av ? Célice s’était penchée vers elle. Son ton n’était pas agressif, mais elle s’exprimait sans douceur. Que t’allais te réveiller le lendemain matin, le cœur gonflé d’amour pour ta gosse dont tu viens d’apprendre l’existence ? Que t’allais la voir à l’échographie et que ta première réaction ce serait de demander à ton mec s’il trouve pas qu’elle a déjà ton nez ?
-Célice, tu vas trop… gronda Galaad en jetant un regard réprobateur à sa sœur.
-Alors quoi ? réagit vivement Avalon en coupant son jumeau. Tu vas me dire que c’est normal d’être comme ça ? Que c’est normal de rien ressentir ? Parce que c’est la vérité : je ressens rien. J’ai aucun lien avec ce bébé. C’est pas comme si je l’attendais ou que je mourrais d’envie d’accoucher ! J’ai envie de rien. »

Sur sa dernière phrase, le ton d’Avalon était monté, si bien que Célice jeta un coup d’œil vers la chambre d’Elio, comme pour s’assurer qu’elle ne l’avait pas réveillé. Puis, elle reporta son regard vers sa sœur. Elle reprit, plus doucement :

« Tu sais ce que c’est, ton problème, Avalon ?
-Je sens que tu vas te faire un plaisir de me le dire, cingla cette dernière.
-Il faut toujours que tu sois parfaite. Tu peux traverser les pires merdes qu’il faudra que tout soit toujours parfait. Même si tu te casses la gueule, faut que tu le fasses proprement.
-N’importe quoi.
-Mais bien sûr que si ! Tu dois être la fille parfaite, la sœur parfaite, l’amie parfaite, la copine parfaite, la mère parfaite ! Dans chaque situation, il faut que t’aies la réaction appropriée, sinon… Célice fit un geste de la main vers elle.
-Mais pas du tout ! se défendit Avalon avec véhémence.
-C’est pas complètement faux, Av… intervint Galaad, prudent comme à son habitude.
-C’est complètement vrai ! Avalon, t’es enceinte depuis cinq minutes et t’es là, à culpabiliser parce que tu ressens pas pour ta fille un amour inconditionnel, infini, immense ou je sais pas quelle connerie. C’est pas parce que t’es une sorcière qu’il faut croire aux contes de fée, hein. Je sais que ça donne envie, le mythe de l’amour maternel, mais on est dans la vraie vie, ici. »

Le ton brusque de Célice, comme les mots qu’elle lui asséna, fit l’effet d’une claque à Avalon qui resta interdite, les yeux vrillés sur sa petite-sœur. Cette dernière ne se démonta pas pour autant et poursuivit, imperturbable :

« Moi aussi, je suis tombée enceinte alors que je l’avais pas prévu, d’accord ? J’étais paumée quand j’ai appris pour Elio. J’ai hésité à avorter pendant des semaines. Toi, t’as eu quoi ? Quelques jours pour prendre ta décision ? Respire, Avalon, tu vas faire un ulcère. »

Loin de décolorer, Avalon se redressa, les sourcils froncés par la colère. En même temps, cette conversation était la première où elle était véritablement honnête avec les autres… Et avec elle-même.

« C’est pas la même chose, Célice. T’avais quoi ? Vingt-ans ? J’en ai quasiment trente aujourd’hui. T’étais toute seule, tu savais même pas si tu voulais des enfants…
-Et alors ? N’importe qui flipperait ! A vingt-ans, à trente ans, c’est pareil, que tu sois en couple ou pas.
-Roy flippe pas, rétorqua Avalon en haussant les épaules. Il a l’air heureux, même.
-Mais normal ! s’exclama Célice en faisant un geste avec les mains, visiblement agacée. Il a rien fait dans l’histoire ! Vous avez niqué il y a cinq mois et vous avez fait un gosse, ok, mais lui dans l’histoire, il vit pas le truc. Il te caresse le ventre et il achète des vêtements ? Super, c’est facile d’être heureux.
-Ecoute, Célice, je suis pas sûre qu’Av ait besoin qu’on…
-Tu sais pas de quoi elle a besoin, Gal. Face aux sourcils froncés de son frère aîné, Célice se radoucit. Moi je suis mère, d’accord ? Je sais. Je comprends. Je suis passée par là. Pas exactement par là, ajouta-t-elle avant qu’Avalon puisse l’interrompre, mais quand même. »

Cette fois-ci, la cadette s’interrompit et le silence retomba dans le salon. Avalon affronta sa sœur du regard pendant de longues secondes, avant d’abandonner sa posture défensive. Ses épaules s’affaissèrent légèrement alors qu’elle se penchait vers la table basse pour y déposer son verre d’eau, toujours plein.

« J’ai peur de… Avalon hésita à finir sa phrase, qui resta en suspend quelques instants. De pas réussir à l’aimer. Je pensais que je finirais par ressentir quelque chose, n’importe quoi, mais j’ai l’impression d’être… vide ? »

Cet aveu lui avait coûté, cela se voyait dans la grimace qui étirait ses lèvres. Jamais elle n’avait été aussi sincère, depuis le début de cette grossesse. Sûrement pas avec Roy, à qui elle n’avait jamais révélé le vrai fond de ses pensées. Elle les trahissait par ses actes, évidemment, mais elle trouvait toujours une excuse pour justifier son comportement. Elle craignait son jugement, sans doute parce qu’elle se jugeait assez durement elle-même. Elle le connaissait, elle voyait bien qu’il s’était fait plus rapidement qu’elle à cette grossesse. Il lui parlait des prénoms, de la décoration de la chambre… Il agissait comme si cette grossesse était parfaitement normale et qu’ils devaient en profiter d’autant plus qu’ils avaient été privés des cinq premiers mois. Elle n’y arrivait pas. Pas encore.

« C’est juste que j’imaginais les choses différemment. » finit-elle par conclure d’une voix un peu enrouée.

Elle avait imaginé sa première grossesse comme une expérience douce, où elle aurait été émerveillée des changements qui s’opéraient doucement dans son corps. Elle aurait attendu ce bébé avec impatience, aurait eu plusieurs mois pour préparer son arrivée, pour discuter de toutes ces choses qui, pour le moment, lui paraissaient encore inaccessibles. Ce n’était pas seulement sa grossesse qu’Avalon devait vivre ; c’était aussi le deuil de cette grossesse idéalisée qu’elle s’était représentée pour contenir ses craintes autour de la maternité.

« J’étais malheureuse, quand j’étais enceinte d’Elio, confia alors Célice avec une honnêteté dont elle faisait rarement preuve. J’étais jeune, mon mec venait de me larguer, je vivais encore chez les parents, j’avais aucun avenir…
-Pourquoi t’as pas avorté ? demanda Galaad avec curiosité en tournant la tête vers elle. Célice haussa les épaules.
-Je sais pas trop. J’ai hésité, je voulais pas avoir un gosse pour pas m’en occuper, comme les parents. Mais je sais pas, un jour je crois que j’ai su que je pourrais faire mieux. »

Célice avait parlé d’un ton dégagé mais le léger tremblement de sa voix, lorsqu’elle avait évoqué leurs parents, n’avait pas échappé aux jumeaux. S’ils choisirent, sans se concerter, de ne pas relever, ils échangèrent un regard éloquent auquel Célice répondit par un haussement d’épaules. Ils ne discutaient jamais de ça, même si tous connaissaient plus ou moins le contexte de leurs naissances. Avalon n’avait jamais parlé avec Célice de ce sentiment pourtant ancré dans sa chair de n’avoir pas été désirée, choisie, réellement aimée. Elle ne l’avait jamais questionné sur son enfance, sur les souvenirs qu’elle en avait désormais adulte. Ce n’était pas ce qu’elles faisaient. Fugacement, les propos de Toni lui revinrent en mémoire. « S’ils te cassent tellement les couilles, c’est en partie parce qu’ils te voient un peu comme leur daronne, nan ? »

« Mais ça m’a pris du temps, Av. Et même après avoir décidé de le garder, il y avait des jours où je me réveillais et j’étais persuadée d’avoir fait la pire connerie de ma vie. »

Touchée par cette confession que Célice ne lui avait jamais faite, Avalon hocha doucement la tête. Sa cadette venait de toucher avec justesse une pensée qui tournait en boucle dans son esprit, lors de ses nuits sans sommeil. Elle sembla s’en apercevoir mais ne la questionna pas davantage.

« Tu vois, c’est pour ça que je dis que ton problème, c’est de toujours vouloir être parfaite. Faut toujours que tu fasses tout bien. Pour toi, pour les autres, pour nous… Faut apprendre à être un peu plus égoïste, hein.
-Ah bah ça, intervint Galaad avec un sourire taquin, tu pourrais nous donner des cours, Lili.
-Peut-être, répondit cette dernière en haussant les épaules, mais en attendant, je ressens pas le besoin de me fouetter dès que quelque chose se passe pas comme je veux.
-La ferme, Célice, j’ai compris, c’est bon. » maugréa Avalon en levant les yeux au ciel. Sa cadette esquissa un petit sourire satisfait.

Pourtant, Avalon ne s’était jamais perçue comme une personne particulièrement perfectionniste. Au contraire, elle se trouvait brouillonne, désorganisée et plutôt du genre à s’adapter rapidement aux situations et aux personnes qu’elle fréquentait. Vraiment ? l’interrogea une petite voix. Elle évoluait pourtant au sein du même cercle depuis plus de dix ans maintenant, malgré les évidentes incompatibilités entre ce dernier et sa profession. Cercle qui, de surcroît, était ancré dans le même univers que son environnement familial. Mais elle n’était pas exigeante, argua-t-elle intérieurement. Elle n’attendait rien des autres. Non, contra cette même voix, elle n’avait des exigences qu’envers elle-même. Elle attendait d’elle ce qu’elle n’aurait jamais imaginé avoir des autres. C’était encore pire, au fond. Célice pointait avec justesse ce que Toni lui avait déjà souligné, quelques semaines plus tôt : elle avait la conviction – solidement ancrée – que tout reposait entre ses mains.

Ce n’était pas entièrement de sa faute ; son contexte familial et l’environnement dans lequel elle avait évolué lui avaient fait effectivement apprendre cette leçon alors qu’elle était encore très jeune. Chez les Davies, on ne pouvait compter sur personne d’autre que sur soi-même. Dans le monde magique, alors que la guerre des sorciers pour la pureté de sang faisait rage, c’était peu ou prou la même chose. Alors, Avalon avait appris à se débrouiller seule. Toujours seule. Plus encore, elle avait fini par devenir la personne sur qui on pouvait compter, à la fois pour ses frères et ses sœurs mais également en embrassant la carrière d’Auror.

« Mais je fais quoi, du coup ? demanda Avalon avec une pointe d’agressivité. Célice avait beaucoup avoir visé juste, elle n’était pas habituée à ce que sa petite-sœur lui fasse la leçon.
-T’arrêtes de culpabiliser comme si t’avais assassiné ta mère, déjà.
-Incroyable ce conseil. C’est quoi le suivant ? Relativiser ? ironisa-t-elle. Célice lui envoya un regard agacé.
-Laisse-toi du temps, ça viendra.
-Comment tu peux être sûre de toi ? l’interrogea Avalon d’un ton beaucoup moins assuré.
-Tu t’es vue ? T’es une daronne depuis que t’as quinze ans genre, c’est bon, personne doute de ça.
-Ça, c’est clair, souffla Galaad dans un sourire.
-T’as le droit de prendre du temps pour te faire à l’idée, personne s’attend à ce que t’agisses comme une mère comblée maintenant. Et si ton mec te casse les couilles, ajouta-t-elle, tu lui dis que tant que du jour au lendemain il a pas senti quelque chose grandir dans ses entrailles, il a pas son mot à dire. »

Un silence approbateur de la part de Galaad accueillit ses paroles. Ce dernier se pencha vers sa jumelle pour lui serrer brièvement l’épaule dans un geste de réconfort. Avalon, qui encaissait le coup de la conversation, resta silencieuse.

« Eh ben, déclara Galaad en se redressant, qui aurait cru que Célice avait autant de sagesse à distribuer.
-Elle claque sa sagesse à la gueule des gens, tu veux dire, corrigea Avalon.
-Oui, ben, ça reste Célice.
-C’est le seul moyen pour que vous écoutiez. » rétorqua la principale intéressée.

Attrapant son verre d’eau pour en boire finalement une gorgée, Avalon considéra un instant les paroles – sensées – de Célice. Cette dernière avait raison : depuis qu’elle avait appris qu’elle était enceinte, elle s’était sentie perpétuellement en décalage avec les autres comme si ces derniers étaient déjà plusieurs lieues devant elle. Elle avait essayé de les rattraper mais, comme dans un mauvais rêve, plus elle avançait et plus ils s’éloignaient. Le conseil de Célice n’était pourtant pas révolutionnaire, elle lui disait simplement de s’accorder un peu de temps, d’arrêter de se torturer avec des pensées culpabilisantes et contre-productrices. D’accord, Roy avait visiblement des exigences envers elle qu’elle était incapable de satisfaire. En même temps, comme l’avait souligné Célice : il avait le beau rôle, dans l’histoire. Ce n’était pas lui qui vivait cette grossesse, qui sentait son corps se déformer et devenir la propriété d’un autre être. Il pouvait bien être heureux de devenir père : il ne le serait – très concrètement – que lorsque leur fille verrait le jour. Pour Avalon, c’était différent.

« C’est pas faux, ce que tu dis, finit-elle par admettre en relevant les yeux vers sa sœur. Cette dernière eut un sourire sincère, avant de retrouver son habituel ton piquant :
-Wow, Galaad, j’espère que t’as enregistré ce qu’il vient de se passer, là.
-Tu me soules, Célice, soupira Avalon avec un rire qui contredisait ses propos. Sa cadette se levait déjà et, dans un geste un peu maladroit car peu familier, passa son bras autour des épaules de sa sœur.
-Allez, ça va bien se passer. En plus, je te dois bien deux ou trois baby-sittings, alors…
-Plutôt trente, rectifia Avalon en levant la tête vers elle.
-Tu vois, c’est ça aussi ton problème, t’es toujours dans l’abus. »

Avalon eut un sourire – un vrai, cette fois. Lorsque Galaad se leva pour rejoindre cette étreinte maladroite mais fraternelle, Avalon sentit sa gorge se dénouer légèrement. Elle referma un bras dans le dos de son frère, fit reposer sa tête contre l’épaule de sa sœur et, pour la première fois depuis plusieurs jours maintenant, trouva le soutien qui lui avait tant manqué.

Et qu’elle n’aurait jamais cru trouver à cet endroit.
[RP TERMINE]


Avalon Calder

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