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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy]

Roy Calder
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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 16 Aoû 2022 - 21:05
28 décembre 2011, chez Avalon et Roy

« Je comptais y aller le week-end du 7 et du 21 mais je peux décaler si le 14 vous arrange plus. Ouais. Bah je vais voir avec Joséphine. Hum ? Moira ? C’est comme tu veux, si tu veux la ramener avec toi, y a pas de problème. »

En plein milieu de son salon se tenait une conversation qu’aucun Calder n’aurait crue possible, encore quelques mois plus tôt. Et pourtant, Roy était bien en train d’échanger avec l’hologramme Pear de Jason, sur un ton dénué de toute animosité, pour organiser le voyage de leur famille aux Etats-Unis. Et pour cela, il fallait rendre grâce à l’arrivée de la première petite fille des parents Calder.

Pour plusieurs raisons, Roy voyait la naissance de sa fille Teresa comme un miracle. La première était que ce petit être avait la beauté et la douceur d’un petit ange venu du paradis et en toute objectivité elle avait clairement hérité des traits de son père. La deuxième se trouvait dans l’amour puissant et inconditionnel qu’il éprouvait pour elle et qui avait gonflé son coeur, à l’instant même où elle était née, alors que quand on y réfléchissait cinq minutes, c’était tout de même bizarre de ressentir ça pour une personne qu’on venait à peine de rencontrer.

Roy pouvait encore en lister d’autres, des miracles, et parmi eux, il y avait le pouvoir magique de réconciliation que ce bébé avait apporté entre lui et sa famille. Roy y avait assisté sans trop en croire ses yeux, sans avoir l’impression d’avoir fourni tellement d’efforts pour que tout à coup, le dialogue se recrée entre lui, ses frères et soeurs, et ses parents. Evidemment, il avait préparé le terrain, tout le monde l’avait fait, ils avaient tous fait des efforts, des pas les uns envers les autres, pendant le temps de la grossesse de Joséphine, ce qui leur avait permis d’accueillir sereinement le bébé. Mais il sentait que l’arrivée de Teresa avait déclenché quelque chose en plus, d’un peu inqualifiable, quelque chose comme un élan de motivation pour les pousser à sortir de leur zone de confort, une envie de saisir leur Pear pour s’envoyer un message ou s’appeler, un sujet inépuisable de conversation, une source de joie sincère à partager et cela avait commencé dès le jour de la naissance de Teresa. Même son père l’avait appelé et discuté plus de cinq minutes avec lui pour le féliciter.

On ne pouvait pas non plus dire que tout était réglé et que tout allait bien dans le meilleur des mondes chez la famille Calder. Cependant, une nette amélioration s’était produite, se voyant dans de multiples détails. Roy allait plus souvent chez ses parents et il se sentait bien mieux accueilli dans les grandes assemblées familiales avec leurs cousins, comme si le fait d’avoir agrandi cette famille lui donnait la légitimité dont il s’était longtemps senti dépourvu. La conversation Pear qu’il partageait avec ses frères et soeur était également plus active, plus détendue. De nombreuses photos de Teresa la parsemaient, à chaque fois que Roy retournait la voir aux Etats-Unis. Il parlait à Irina plusieurs fois par semaine, au téléphone ou autour d’un verre, aussi bien pour ses conseils de médicomage concernant le bébé que pour papoter de leurs vies respectives. Ses conversations avec Adrian s’étaient également détendues et élargies à d’autres sujets que tous les dîners de famille qu’il avait pris l’habitude de manquer, auparavant. Quant à Jason, il échangeait moins souvent avec lui mais ils communiquaient sans l’entremise d’Adrian ou d’Irina -ce qui était déjà un net progrès- et surtout ils parlaient de sujets étonnamment sérieux. Jason lui avait apporté des conseils avisés et précieux pour rétablir le dialogue avec ses parents, quand Joséphine était encore enceinte et Roy ne l’avait pas oublié. Alors, il ne saisissait pas souvent son Pear pour lui parler des broutilles de sa vie comme il pouvait le faire avec Irina dont il était plus proche, mais quand il le faisait, les deux frères avaient généralement une conversation intéressante et éclairante.

Entre l’arrivée bénie de sa fille qui grandissait à vue d’oeil et l’amélioration de ses liens avec sa famille, Roy se sentait plus épanoui, plus détendu, de manière évidente pour tous ses proches. A la maison, tout allait bien également, ou mieux en tout cas. Vivianne s’acclimatait bien à sa nouvelle vie dans cette nouvelle maison et retrouvait peu à peu une vie normale de petite fille. Avalon allait mieux, ses migraines avaient presque disparu, si bien que Roy avait cessé d’y penser tous les jours. Et pour couronner le tout, ils venaient de passer de très belles fêtes. Le 24 au soir, ils avaient tous les trois passé un joli réveillon chez les parents Calder, qui avaient par la même occasion rencontré Vivianne. Le lendemain, ils avaient pris un généreux brunch chez eux, juste tous les trois, pendant lequel ils s’étaient offert leurs cadeaux de Noël et Roy avait été particulièrement touché d’en recevoir un de la part de Vivianne, qui avait soigneusement choisi un très beau noeud papillon pour compléter sa collection. Puis le soir, ils avaient reçu les frères et soeurs d’Avalon qui avaient bien voulu venir pour dîner chez eux, ce qui avait empli Vivianne d’une immense joie.

Ils sortaient tout juste de cette série de beaux moments alors en somme, tout allait bien dans la vie de Roy. Tout allait bien, du moins, jusqu’à cet étrange message qu’Avalon lui avait envoyé tout à l’heure. « Je suis avec Toni, je vais rentrer un peu tard. Est-ce que tu peux t’occuper de Vivianne ? » Puis elle avait ajouté un terrible « Est-ce que tu peux m’attendre ? Il faut qu’on parle. » suivi très vite d’un « Je vais pas rompre avec toi, hein ! » qui n’avait pas vraiment rassuré Roy. Il ne doutait pas vraiment du fait qu’Avalon prévoyait de rester avec lui, puisque tout allait bien dans leur couple mais il y avait plein d’autres mauvaises nouvelles possibles.

Malheureusement, Avalon n’avait pas répondu à ses messages suivants qui tentaient d’en savoir plus, certainement occupée par il ne savait ce qu’elle faisait avec Toni alors il avait dû prendre son mal en patience une fois que Vivianne s’était couchée.  

« Ok on fait comme ça. Je te tiens au courant. Ouais. Bonne nuit ! »

Sur ces mots, il raccrocha et le silence retomba sur la maisonnée, lui laissant tout le loisir de laisser ses pensées revenir sur Avalon. Elle ne se décidait toujours pas à passer le pas de cette porte, mais il n’était que dix heures du soir. La connaissant, quand elle était lancée avec Toni, les soirées pouvaient s’éterniser. Il songea en faisant un rapide calcul qu’il était environ seize heures à la Nouvelle-Orléans. Pas une heure à laquelle Joséphine aimait être appelée car elle était occupée avec ses deux grandes filles généralement. Il s’apprêtait à lui envoyer tout de même un message pour savoir si elle était disponible mais le bruit de la porte d’entrée l’interrompit dans son entreprise.

Surpris qu’Avalon soit rentrée si tôt, il se leva de son canapé pour aller à son encontre dans le vestibule.

« C’est toi, bébé ? T’es pas restée longtemps avec Toni finalem… » Ses paroles se suspendirent face à l’étonnante vision qui se présentait à lui. C’était bien Avalon face à lui, en train de retirer ses chaussures, tournée de profil dans une position qui lui permit de voir un arrondi très marqué au niveau de son ventre. Un arrondi vraiment pas naturel, qui ne pouvait pas être dû à un dîner trop généreux. A un mal passager ou à un maléfice, plutôt. Surpris, il s’approcha. « Bah, qu’est-ce que t’as au ventre ? Ça va ? »


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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 16 Aoû 2022 - 22:12
Il était à peine vingt-deux heures lorsqu’Avalon quitta Toni, à la fois rassérénée par leur conversation et légèrement anxieuse de la prochaine étape de sa soirée. Elle marchait désormais dans Bristol, en direction de l’appartement qu’elle avait acquis quelques mois plus tôt avec Roy. Elle savait qu’il serait chez eux, à l’attendre. A cette heure-là, Vivianne serait probablement déjà endormie, ce qui leur laisserait tout le loisir de parler tranquillement. Roy n’avait probablement aucune idée de ce qu’elle s’apprêtait à lui annoncer – même si elle lui avait, pour une fois, signifié qu’elle souhaitait discuter de quelque chose d’important avec lui. Cette introduction avait visiblement intrigué son partenaire, qui lui avait envoyé plusieurs messages pour en savoir plus. Elle avait éludé ses questions, peu désireuse de faire cette annonce par écrit – de toute façon, Roy ne l’aurait jamais cru.

Il serait bien obligé de la croire lorsqu’il la verrait, songea Avalon en baissant les yeux vers son ventre. Tout au long de la journée – puis de la soirée – elle avait senti qu’il se gonflait, allant même jusqu’à rendre désagréable le port de son pantalon. Elle avait agrandi ce dernier d’un sort quelques heures après avoir retrouvé Toni, constatant avec effarement qu’elle abordait désormais un ventre légèrement arrondi. Ventre qui aurait pu passer inaperçu si Avalon avait été plus grande ou plus en chair. Mais sa petite taille et sa corpulence menue faisaient ressortir la protubérance de son ventre. Son manteau le masquait pour l’instant mais, une fois arrivée chez elle, il n’y aurait plus rien pour le dissimuler aux yeux de ceux qui vivaient là.

En pénétrant dans la cage d’escalier, Avalon sentit son cœur rater un battement. Elle salua le gardien d’un sourire et appela l’ascenseur qui descendit avec une lenteur infinie jusqu’au rez-de-chaussée. Lorsque les portes se refermèrent, elle inséra sa clé pour pouvoir accéder au dernier étage. L’ascenseur se mit en route et s’ébranla silencieusement, la menant vers une discussion qu’elle n’aurait jamais pu anticiper. Lorsque les portes s’ouvrirent sur l’entrée de leur appartement, Avalon s’avança de quelques pas. Elle se débarrassa de son manteau d’hiver, avant de se pencher pour quitter ses chaussures.

Ce fut à ce moment-là que Roy apparut. Sa question mourut lorsqu’il l’aperçut et Avalon se redressa pour lui faire face. Il l’interrogea sans tarder, les yeux rivés sur le gonflement étonnant qu’elle abordait. Mal-à-l’aise, elle jeta un regard vers le couloir qui menait aux chambres. Soucieuse de ne pas réveiller sa sœur, elle proposa à son partenaire :

« Attends, viens, on va dans le salon. » Ils s’éloignèrent tous les deux jusqu’au grand salon qui accueillait un immense canapé – en cuir (pour satisfaire Roy) blanc (pour satisfaire Avalon, qui avait aussi rajouté des coussins.) Ils s’installèrent tous les deux dessus mais Avalon, ne parvenant pas à rester en place, ne tarda pas à se relever. « J’ai un truc à te dire. »

Avalon sentait que son attitude perturbait son compagnon, qui ne l’avait jamais vu prendre de telles précautions pour introduire ce qu’elle avait à lui dire. Elle sentait cependant que la situation était différente – si différente qu’Avalon ne savait pas exactement comment l’exposer à Roy. Elle tournait chaque formulation dans sa tête, sans parvenir à en trouver une adéquate pour la lui livrer. Sous son regard curieux et nerveux, elle s’immobilisa et s’appuya contre l’accoudoir d’un fauteuil pour lui faire face.

« Ecoute, la clinique m’a appelé aujourd’hui pour me demander de venir faire une consultation. Comme je ne savais pas trop à quoi m’attendre, j’y suis allée sur ma pause déjeuner. Je pensais que j’allais juste récupérer une autre ordonnance, ou les résultats de ma dernière prise de sang, quelque chose du genre. Mais j’ai eu un rendez-vous avec le docteur Turner et il m’a dit que… » Avalon baissa les yeux vers son ventre. Elle avait l’impression que le corps qu’elle observait n’était pas le sien. Cette vision lui provoqua un rire – pas un rire incrédule ou émerveillé, mais un rire nerveux et plein d’incertitudes. « Que j’étais enceinte, en fait. » Premier coup. « Depuis cinq mois et neuf jours. » K.O technique. « Alors, ça » elle désigna son ventre d’un geste vague, « c’est sorti tout au long de la journée, tu vois. Car apparemment toi et moi on a fait un bébé qui s’est caché quelque part vers ma colonne vertébrale pendant tout ce temps, et qu’en plus de ça je n’avais aucun symptôme lié à la grossesse puisque j’étais trop « stressée » pour que mon cerveau puisse reconnaître que j’étais enceinte. » Un nouveau rire nerveux lui échappa. Elle se mordit la lèvre pour le réprimer et secoua la tête. « Pardon, c’est nerveux. » Son expression faciale, n’exprimait en rien l’hilarité ; c’était davantage l’anxiété qui se peignait sur les traits de son visage.

Elle se pencha vers son sac pour en tirer le dossier qu’elle avait déjà tendu à Toni, quelques heures plus tôt. Elle l’ouvrit pour se retrouver face à la série de clichés tirés de l’échographie.

« Voilà. » fit-elle en lui tendant le document, les doigts un peu tremblants.



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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 17 Aoû 2022 - 0:28
Si Roy s’alarma du malaise lisible sur le visage de sa compagne, il s’alarma encore plus de l’annonce qu’elle lui fit. Avalon n’avait pas pour habitude de dire par message « il faut qu’on parle » puis de répéter en face « j’ai un truc à te dire ». C’était beaucoup de préparation pour des déclarations qu’elle avait plutôt l’habitude de faire sans introduction, elle était d’ailleurs célèbre pour sa capacité à mettre les pieds dans le plat. Alors pourquoi tant de précautions tout à coup ? Roy la suivit jusqu’au salon sans pouvoir s’empêcher de dire :

« Tu me fais peur, là… Ça va pas ? »

Elle ne répondit pas, se contentant de se relever du canapé, comme si finalement elle n’avait plus envie de rester assise, trop agitée pour rester immobile. L’inquiétude de Roy grandissait en la voyant mettre un temps beaucoup trop long pour lui répondre. Quand elle prononça le mot « clinique », il eut aussitôt la sensation que son coeur chutait dans sa poitrine. Aussitôt, des hypothèses terrifiantes déferlèrent dans son esprit, réveillant des peurs qui s’étaient tassées ces derniers mois. Il pensait Avalon sortie d’affaire, avec ses migraines qui s’étaient espacées jusqu’à disparaitre mais peut-être avait-il crié victoire trop tôt. Elle était allée à la clinique parce que les médecins avaient fini par trouver un diagnostic. Et il était mauvais. Il était forcément mauvais, vu l’attitude qu’elle adoptait. C’était une maladie. Une maladie chronique. Un truc contre lequel ils ne pouvaient rien faire. Ou alors il faudrait une opération lourde, le genre d’opération pour laquelle ils avait des chances minimes de réussite et de gros risques de dégâts.

Roy resta suspendue à ce « il m’a dit que… » qu’Avalon laissait terriblement traîner. Le cerveau en feu, le coeur en panique, l’estomac en pièces, il attendait déjà les pires annonces. Comme Toni, quelques heures plus tôt, il s’attendit au mot cancer. Et comme Toni, il crut à une mauvaise blague quand elle finit par dire « enceinte ».

Enceinte. Enceinte de quoi ? Enceinte comment ? Enceinte pourquoi ?

« C’est une blague… ? »

Une mauvaise blague. Un truc qu’elle venait d’imaginer avec Toni, un poisson d’avril de nouvel an, forcément.

« Depuis cinq mois et neuf jours.
-Pardon ? »

Non mais là c’était beaucoup trop gros, comment pouvaient-ils espérer qu’il gobe ça ? C’était délirant. Aussi délirant que le ventre arrondi qu’Avalon pointait comme une preuve. Là où Roy avait vu quelques minutes plus tôt un estomac gonflé par il ne savait quel dérèglement intestinal, Avalon lui désigna un foetus qui se serait logé dans sa colonne vertébrale pendant cinq mois, avant de magiquement redescendre dans son utérus.

Non, cela n’avait juste pas de sens et d’ailleurs, il l’exprima aussitôt :

« Mais ça n’a pas de sens. »

Autant pour Joséphine Lavespère, il voulait bien admettre ses manquements. Il avait été un peu léger sur la contraception pendant la semaine qu’ils avaient passé ensemble, à faire confiance à la potion qu’elle avait affirmé prendre pour se passer une ou deux fois d’une capote. Il avait merdé. Mais Avalon, c’était différent. Ils se protégeaient depuis le début, d’abord avec des préservatifs, puis, leur couple durant, ils avaient fini par se mettre d’accord sur un mode de contraception très fiable, moldu certes, mais fiable : un implant qui agissait sans qu’Avalon n’ait à penser à prendre quoique ce soit, pour leur tranquillité d’esprit à tous les deux. Une contraception qui avait fait ses preuves pour Avalon, depuis des années, elle la tolérait très bien, tout allait bien en somme, elle n’avait jamais eu d’accident.

Alors pourquoi ?

Il avait toujours du mal à y croire alors même qu’il sentait bien que le rire d’Avalon était tout à fait forcé. Le genre de rire qu’on a quand les nerfs lâchent. Pour appuyer son discours, elle lui tendit des images dont Roy comprit aussitôt la nature. Il voyait d’ici les images en noir et blanc un peu floues caractéristiques d’une échographie, qu’il avait déjà eues entre les mains pour Teresa. S’y confronter lui fit un choc terrible, qui le laissa silencieux pendant une bonne minute. Les preuves du réel se tenaient sous ses yeux et pourtant quelque chose ne voulait toujours pas coller dans son cerveau. Il parla avec beaucoup moins d’aplomb, toutefois :

« Mais… Tu… Tu n’as pas eu de symptômes… T’as eu tes règles, t’étais pas… Enfin, tu… » Pas de symptômes, vraiment ? « Attends, tes migraines, c’était à cause de… ? »

Cette hypothèse qu’il esquissait rendait la situation encore plus incroyable. Eux qui pendant des mois avaient enchaîné les examens, à la recherche d’on ne savait quel tumeur ou kyste dans son cerveau, pour finir sans réponse, fous d’inquiétude, pour qu’au final, la réponse soit qu’elle faisait un déni de grossesse ? Et les médecins n’avaient pas été fichus de le repérer plus tôt ? A croire que cette grossesse était si incompréhensible et inattendue que même des spécialistes n’avaient rien vu ? A cet instant, Roy était trop choqué pour se mettre en colère contre eux. Le hâle de sa peau s’étaient changé en pâle. Ses yeux ne parvenaient pas à quitter la forme beaucoup trop familière du foetus sur les images. Si on pouvait encore appeler ça un foetus. Il avait bien plus forme humaine que la toute première échographie qu’il avait vu de Teresa, alors cela faisait beaucoup trop d’informations à ingérer d'un coup.

La vue des imageries lui parut brusquement insupportable et il les laissa tomber sur la table basse. Son regard hagard chercha celui d’Avalon.

« Cinq mois… Tu es enceinte depuis quoi… fin juillet ? »

Ils avaient officialisé leur couple en avril. Cela lui paraissait beaucoup trop vertigineux de penser que quatre mois plus tard, ils faisaient un bébé sans le savoir. Que pendant tout ce temps où ils construisaient et consolidaient tranquillement leur vie à deux, un troisième petit être se développait avec eux, sans même qu’ils ne le sachent.

Et que, putain de bordel de merde, il avait réussi à concevoir sans le vouloir deux bébés, avec deux femmes différentes, à six mois d’écart.


Roy Calder

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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 17 Aoû 2022 - 2:44
« Mais ça n’a pas de sens. »

Avalon grimaça mais n’eut pas le cœur à contre-argumenter. Si elle était tout-à-fait honnête, elle non plus ne trouvait pas beaucoup de sens à toute cette histoire. Elle ne comprenait pas comment elle avait bien pu tomber enceinte alors qu’elle était sous contraception – une contraception qui ne lui avait jamais fait défaut jusque-là. Elle ne comprenait pas non plus comment cette grossesse avait pu passer inaperçu pendant tout ce temps. Elle avait beau chercher, elle ne parvenait pas à déceler les signes traditionnels de la grossesse : elle n’avait pas l’impression d’être nauséeuse ou particulièrement fatiguée. Elle se sentait plutôt en forme, même, depuis qu’elle avait cessé d’avoir ses migraines. Elle avait repris le sport et son corps ne lui avait pas fait défaut. Rien n’aurait pu laisser croire qu’elle était enceinte. Sauf, comme Roy le souligna avec effarement, ses migraines à répétition.

« Visiblement, oui. Une histoire d’hormones. » indiqua-t-elle, sans pouvoir donner à Roy davantage d’explications. Le docteur Turner lui avait pourtant expliqué plus en détails ce phénomène mais Avalon, trop abasourdie par la nouvelle, n’en n’avait pas retenu le quart.

Un long silence tomba entre Avalon et Roy, alors que ce dernier observait les clichés de l’échographie qu’elle venait de lui tendre. Il était blanc et ses traits étaient tirés par l’effarement. Avalon pouvait presque entendre ses pensées se bousculer dans sa tête, voire même suivre leur cheminement. Elle avait l’impression de se voir, quelques heures plus tôt, installée sur la table d’examen, alors qu’un médecin – qui, pourtant, se voulait prévenant – avait bouleversé le cours de sa vie.

« Ouais. » confirma-t-elle d’une voix blanche à Roy qui avait levé un regard hagard vers elle.

Avalon sentait son cœur battre beaucoup trop vite dans sa poitrine : si vite qu’elle en avait presque mal. Elle ne savait pas quoi faire. Elle sentait que Roy était aussi perdu qu’elle, que la nouvelle venait de l’assommer. Elle ne pouvait pas le blâmer : elle se sentait complètement dépassée par les évènements. Elle avait l’impression de vivre dans un corps qui ne lui appartenait pas, qu’elle ne maîtrisait pas entièrement. Elle peinait à mettre de l’ordre dans ses pensées et à formuler une phrase cohérente, si bien qu’elle garda le silence pendant un long moment. Elle était incapable de rassurer Roy, alors qu’elle avait l’impression que son enfer personnel s’était ouvert sous ses pieds quelques heures plus tôt. Et, comme elle ne parvenait pas non plus à lui dire ce qu’elle ressentait – elle n’était même pas certaine de le savoir non plus – elle préféra lui rapporter les propos des médecins, se réfugiant sur le terrain neutre et vaguement plus rassurant des faits.

« Les médecins m’ont dit que je n’étais pas obligée de le garder. J’ai encore la possibilité d’avorter en Angleterre. Enfin, il ne reste plus beaucoup de temps mais, voilà, c’est une possibilité. » annonça-t-elle d’une voix tendue. « Et, si on veut, hé bien, poursuivre, j’ai plusieurs examens à passer, comme je n’ai eu aucun suivi jusqu’ici. Mais le médecin avait l’air de dire que tout allait bien pour tout le monde. » Dire « garder le bébé » ou « lui et moi » paraissait pour l’instant au-dessus des forces d’Avalon. D’ailleurs, elle s’était exprimée d’une voix blanche, presque dénuée d’émotions.

Ce n’était pas qu’elle n’en ressentait pas – au contraire, elles tempêtaient violemment en elle. C’était simplement qu’elle ne savait pas comment les exprimer. Elle avait la sensation d’avoir envie de rire et de pleurer en même temps, sans parvenir à définir ce qui prenait le dessus sur l’autre. Finalement, ce fut le rire qui prit le pas ; face à la mine déconfite de Roy et en croisant son propre reflet livide dans le miroir accroché au-dessus du canapé, Avalon éclata de rire.

Un rire toujours nerveux mais, cette fois-ci, incontrôlable. Un rire qui finit par la plier en deux, les larmes lui montant aux yeux. Ses nerfs venaient de lâcher complètement.

« Pardon mais, » parvint-elle à articuler, « c’est quand même incroyable ce qu’il se passe. Je veux dire, toi et moi, on a fait un bébé alors que ça faisait quatre mois qu’on était ensemble et on s’en est pas aperçus pendant cinq mois ! » Elle secoua la tête, sans parvenir à se calmer. Avec peine, elle se laissa glisser au sol, les genoux remontés devant elle. « Et j’ai fait je sais pas combien de tests dans cette putain de clinique et, en fait, j’étais juste… Enceinte. De toi. Alors que tu viens d’être père. » Elle s’essuya les yeux avec le revers de la main. « J’ai passé l’après-midi à écouter un mec me parler d’utérus développé vers l’intérieur et d’organes repoussés et là, je finis la journée avec… Avec ça. » De la main, elle désigna à nouveau son ventre. Son rire repartit de plus belle. « On dirait pas… On dirait pas un mauvais scénario de télénovelas ? Ca n’a pas de sens, c’est juste… » Son hilarité factice retomba brusquement, la laissant essoufflée et vulnérable : « C’est juste n’importe quoi. »


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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 17 Aoû 2022 - 11:46
Entendre que l’explication de toutes ces migraines se cachait finalement dans un événement plutôt inoffensif d’une grossesse ne réussit pas à créer de soulagement chez Roy pour le moment. Il nota l’information dans un coin de sa tête, comme toutes les autres informations incroyables qu’il venait de recevoir, en décidant qu’il la traiterait plus tard. Cela faisait beaucoup. C’était plutôt une bonne nouvelle en soi, cela signifiait qu’Avalon ne souffrait pas d’un mal incurable et inconnu, mais pour le moment, il avait du mal à en prendre la mesure. Le choc qu’il ressentait prenait toute la place.

Comme si ce n’était pas assez, Avalon continua de lui débiter de nouvelles informations qui créèrent chez lui des petites bombes intérieures. Le mot « avorter » fut le premier coup en pleine tête. Alors que cette option lui avait paru si attirante quand Joséphine lui avait fait la même annonce de grossesse, quelques mois plus tôt, cette fois-ci il ressentit un recul instinctif qui se matérialisa par un léger mouvement de son buste, comme si on venait de le gifler. Peut-être parce que cette fois, il venait de passer quelques minutes à observer les contours de ce qu’il avait engendré avec Avalon. Et, paradoxalement, le mot « poursuivre » lui procura le même sursaut. Pourtant, il connaissait ce dilemme, il était très simple, il n’y avait que deux issues possibles : assumer ou refuser. Pas de troisième voie possible, comme un petit retour en arrière pour défaire ce qu’ils avaient fait sans le vouloir.

Dans une situation aussi délirante que celle-ci, Avalon eut brusquement une réaction qui pouvait paraître insensée, mais finalement, elle ne l’était pas plus que ce qu’ils étaient en train de vivre. Elle éclata d’un rire incontrôlable, un rire qui n’avait pas les mêmes intonations joyeuses que d’habitude, un rire vraiment bizarre, inapproprié. Et pourtant, Roy ne sut comment c’était possible, mais ce rire eut un étrange pouvoir de contagion sur lui. D’abord léger, très nerveux, comme un pouffement quand elle souligna qu’ils avaient passé cinq mois à ne rien voir, il eut un vrai éclat quand elle prononça les mots suivants :

« Et j’ai fait je sais pas combien de tests dans cette putain de clinique et, en fait, j’étais juste… Enceinte. De toi. Alors que tu viens d’être père.
-Je te jure, au début j’ai cru que tu me faisais une putain de blague, tellement c’est n’importe quoi. Ha ha ! Non mais t’imagines quand je vais devoir dire ça à ma famille ? » Un rictus incontrôlable sur les lèvres, il poursuivit : « Dire qu’ils me voient presque comme un mec responsable maintenant que j’ai Teresa. Imagine leur tronche quand je vais leur dire que j’ai réussi à concevoir deux gosses sans le vouloir ! »

Un gag, vraiment. Une bonne blague dont il aurait aimé avoir l’idée plus tôt pour pouvoir la faire, car n’oublions pas que même papa, Roy restait un troll. Sauf que malgré le rire qui l’agitait, ce n’était pas drôle du tout quand c’était vrai. Ce n’était pas drôle, c’était catastrophique. Mais son cerveau avait l’air de décider que le seul échappatoire pour sa santé mentale était d’en rire, actuellement. Rire pour prendre le recul nécessaire de regarder les faits en face. Rire pour rendre ces faits un peu moins graves et donc un peu plus abordables une fois que l’hilarité serait retombée.

« On dirait pas un mauvais scénario de télénovelas ?
-Non mais là à tout moment, on découvre que ce n’est pas moi qui t’ait mise enceinte mais mon jumeau maléfique, tellement c’est absurde. »

Et justement, l’hilarité retomba bientôt, les laissant dans un silence qui permit à Roy de retrouver ses esprits. Avalon était enceinte de lui. Cette information s’imprima enfin dans son cerveau, comme un fait réel qu’il ne pouvait repousser. Il pourrait le décortiquer dans tous les sens, chercher le pourquoi du comment, cela ne changerait rien, donc autant ne pas gaspiller son énergie inutilement. Il aurait aimé le découvrir autrement, pas après cinq mois d’ignorance qui ne leur laissait que quatre devant eux pour prendre une décision. Même moins que ça : il ne connaissait pas le délai exact d’avortement en Angleterre, mais Avalon venait de dire que c’était peu. Avorter, c’était un mot qui lui avait paru peu tangible, comme un concept, quand il y avait pensé au sujet de Joséphine. A cette époque, Joséphine n’était pas devant lui, avec un ventre rond, à lui présenter des images d’un foetus qui avait déjà les traits d’un bébé.

Cette pensée fit lever les yeux de Roy vers Avalon. Il découvrit sur son visage une mine totalement défaite, un regard vide, comme si elle venait de perdre toute énergie après cette crise de rire impromptue. A cet instant, il perçut le fossé entre eux et comprit que lui, il allait bien finalement. Tout était plus facile pour lui. Il était passé par là, il avait déjà réussi à gérer le choc, à se construire un chemin vers l’acceptation d’une parentalité non désirée, à y trouver son compte finalement. Et ce n’était pas son corps, cela ne l’avait jamais été. Il ne s’était jamais retrouvé dans cette position, assis par terre dans un salon, avec un ventre gonflé, le corps occupé par un autre sans l’avoir décidé. Un réflexe le poussa aussitôt à s’agenouiller devant à Avalon dont il percevait la détresse, comme si elle émanait de tous les pores de sa peau. Les pleurs de rire avaient laissé des traces sur ses joues qui avaient un autre aspect maintenant que son visage était défait. Roy les essuya du bout de son pouce, plus inquiet pour elle à cet instant que pour cette grossesse qu’ils devaient gérer.

« Mon amour… » l’interpela t-il sans obtenir de réaction. Il l’enveloppa dans ses bras, comme un cocon autour d’elle. « Je suis désolé. » Il eut la prudence de ne pas en dire plus car il ne savait pas de quoi Avalon avait besoin à cet instant. Est-ce qu’elle voulait en parler ? Est-ce qu’elle préférait repousser la difficile conversation qu’ils devaient avoir à plus tard ? Est-ce qu’elle voulait être rassurée et ne pas y penser pour le moment ? Est-ce qu’elle avait simplement besoin d’oublier toutes ses pensées dans une étreinte ? Il finit par lui demander, en caressant sa nuque : « A quoi tu penses, mi alma ? »


Roy Calder

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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 17 Aoû 2022 - 13:05
Le fou-rire d’Avalon était aussi nerveux que salvateur. A en rire ainsi, la situation paraissait moins catastrophique. Son hilarité redoubla lorsqu’elle entendit Roy pouffer puis s’esclaffer franchement. Quand il mentionna sa famille, elle souffla bruyamment, les épaules secouées par des tressautements.

« Et dis-toi que, que, » elle peinait à retrouver son souffle, « que je vais devoir me pointer au ministère avec ce ventre ! Je suis même plus sûre de rentrer dans mes pantalons ! »

C’était comme si, pour mieux repousser l’anxiété générée par cette situation, son cerveau avait préféré la déconnecter complètement avec ce qui était approprié de ressentir. En réalité, Avalon ne savait pas comment elle allait bien pouvoir justifier cette soudaine grossesse avancée – ni auprès de ses supérieurs, ni auprès de ses agents, ni auprès de ses proches ou de ceux de Roy. Mais l’idée de retourner au ministère, demain matin, avec un ventre brusquement imposant, lui paraissait tellement risible qu’elle avait dû mal à contenir son hilarité. Pouvait-on blâmer un repas un peu trop copieux pour un tel gonflement ? se demanda-t-elle brièvement en passant une main sur son ventre qu’elle ne reconnaissait désormais plus sous ses doigts.  

« -Non mais là à tout moment, on découvre que ce n’est pas moi qui t’aie mise enceinte mais mon jumeau maléfique, tellement c’est absurde.
-Et dans l’épisode suivant on découvre que ce sont aussi des jumeaux. »

Ils échangèrent un regard à la fois brillant et hagard, avant que leurs rires s’éteignent de concert en les laissant essoufflés. Le nœud au creux de son estomac semblait moins lourd que lorsqu’elle était arrivée, mais ne demeurait pas moins présent. Assise sur le sol dans un environnement brusquement silencieux, Avalon retrouvait doucement ses esprits. Sa mine déconfite se recomposa alors qu’elle baissait les yeux vers son ventre. D’un geste, elle lissa les plis de son pull comme pour prendre réellement conscience de la forme qu’il avait désormais. Elle l’observait avec stupeur comme on regarde quelque chose de fascinant, un peu repoussant, qui ne nous appartient pas réellement. Elle avait beau faire glisser ses mains dessus, elle ne reconnaissait pas le corps avec lequel elle s’était réveillée ce matin.

Ce constat était terrifiant et Avalon en ressentit un profond malaise. Cinq mois. Est-ce qu’elle pouvait sentir quelque chose bouger, à ce stade-là ? se demanda-t-elle avec effarement. Elle n’était pas du tout prête à sentir quoique ce soit bouger à l’intérieur de son corps. Pas du tout. C’était terrifiant !

Plongée dans ses pensées, Avalon ne releva la tête que lorsque Roy s’agenouilla devant elle pour poser ses mains sur ses joues encore humides. Hagarde, elle se laissa entraîner dans ses bras, posant son front contre épaule pour fermer le cocon qu’il construisait autour d’elle. Elle apprécia ses mots en silence, perdue dans les méandres des questions qui ne trouvaient aucune réponse. Aussi, lorsque Roy l’interrogea plus frontalement en caressant sa nuque, elle resta longuement silencieuse.

A quoi pensait-elle ?

C’était comme si son esprit était vide, anesthésié par une nouvelle qu’elle avait dû mal à s’approprier. Elle parvenait parfois à saisir des bouts de réflexion, mais tout allait bien trop vite pour ses pensées engourdies. Elle se décala légèrement pour croiser le regard de Roy. Avec franchise, elle répondit :

« Je sais pas. » Elle secoua doucement la tête et poursuivit, incertaine : « J’ai l’impression d’être complètement… Déconnectée ? Un peu comme si ça ne m’arrivait pas vraiment, tu vois. J’ai du mal à croire que ce soit mon corps qui ait fait tout ça. C’est… Bizarre. »

La sensation d’étrangeté était probablement la plus forte, parmi toutes les émotions qui se battaient dans l’esprit d’Avalon. Etrangeté au monde, étrangeté à son propre corps, étrangeté vis-à-vis de cet être qui se développait depuis cinq mois en elle sans qu’elle ne soit mise au courant.

« Pourtant, j’ai passé la journée à me répéter que j’étais enceinte, hein. J’ai vu les échographies. J’ai même entendu le cœur à un moment. » précisa-t-elle à Roy. « C’est comme si je le savais, que mon corps le savait enfin aussi mais qu’une partie de moi continuait à l’ignorer alors… Je sais pas trop quoi penser. » Elle soupira. « Quand le médecin a commencé à me parler d’avortement, d’examens gynécos et d’amniocentèse, j’étais tellement paumée. »

Avalon passa une main lasse sur son visage pour effacer les dernières traces de larmes sur ses joues.

« C’était pas du tout ce qu’on avait prévu. En plus tu sais à quel point je voulais choisir le moment où on déciderait d’avoir un enfant, pour éviter que… » Elle ne termina pas sa phrase, mais il lui sembla que Roy en avait saisi les contours : elle lui avait déjà expliqué sa position sur la maternité non-désirée. « Le médecin a dit que j’étais tombée enceinte fin juillet et, tu sais, en août, il y a eu le truc avec ma famille, Vivianne, puis le procès et… Enfin il a dit que c’était sûrement pour ça que j’avais rien vu. C’est comme s’il avait su que c’était pas le moment. » fit-elle en baissant les yeux sur son ventre arrondi. « Et toi ? T’en penses quoi, de tout ça ? » demanda-t-elle finalement avec un moment de silence pensif.





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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 17 Aoû 2022 - 19:51
Roy avait rarement vu Avalon dans cet état. Même pendant le procès de ses parents, elle n’affichait pas cet air perdu, désolé, désemparé, comme si elle se trouvait incapable de savoir quoi faire. Elle eut même du mal à répondre à la question qu’il lui posa. Son discours décousu le mena à observer ce ventre qu’elle avait tant de mal à appréhender. Cela lui faisait un choc à lui aussi de la voir avec ce corps et ce n’était même pas le sien. C’était bizarre en effet, c’était le moins qu’on puisse dire. Très bizarre de savoir qu’un troisième être était là, entre eux, à les écouter, avec un coeur qui battait et qu’ils pouvaient entendre.

Il ne pouvait qu’imaginer la scène à l’hôpital que lui décrivait Avalon et il se sentit désolé de ne pas avoir été là, avec elle. Peut-être que la situation aurait été moins dure s’ils avaient pu la découvrir à deux. Il l’énonça, en pressant l’épaule de sa partenaire dans sa main.

« C’est juste dingue… Je suis désolé que t’aies dû vivre ça toute seule. »

Elle avait dû se sentir tellement terrifiée. A cet instant seulement, Roy prit conscience qu’il s’était écoulé un sacré bout de temps entre le moment où elle avait appris tout ça, pendant sa pause déjeuner, et maintenant. Elle lui faisait cette annonce littéralement dix heures plus tard. Elle ne lui avait rien dit, elle avait laissé sa journée s’écouler puis elle avait passé la soirée… avec Toni. Toni était forcément au courant, alors, elle n’aurait pas pu lui cacher un tel événement, vu l’état dans lequel elle était. C’était donc à Toni qu’elle avait choisi de faire cette annonce en premier.

Roy ne put s’empêcher de se sentir piqué. Ce n’était pas de la jalousie, il ne le pensait pas, en tout cas. Il ne se sentait pas insécure vis à vis de Toni, il savait que lui et Avalon n’éprouvaient rien d’autre qu’une solide amitié fraternelle. Pour autant, il se sentait un peu contrarié de ne pas avoir été la première personne à qui Avalon avait partagé cette nouvelle. Cela les concernait directement tous les deux, après tout. Pourquoi n’était-elle pas venue vers lui ? Est-ce qu’elle avait eu peur de le lui dire ? Est-ce qu’elle avait craint sa réaction ? Est-ce qu’il devait s’inquiéter de quelque chose, d’une faille potentielle à un endroit, dans la confiance qu’ils s’accordaient mutuellement par exemple ?

Pour le moment, Roy choisit de repousser ces pensées, conscient que ce n’était pas le moment de poser ce type de questions à Avalon. Il aurait le temps de s’en préoccuper plus tard, la priorité était de rassurer et de réconforter sa compagne qui semblait accablée.

« C’était pas du tout ce qu’on avait prévu. En plus tu sais à quel point je voulais choisir le moment où on déciderait d’avoir un enfant, pour éviter que…
- Je sais » affirma t-il pour lui éviter d’avoir à terminer sa phrase.

Comme beaucoup de couples qui se sentaient très amoureux, Avalon et Roy avaient déjà discuté de leur avenir ensemble. Ils en avaient même discuté particulièrement tôt dans leur histoire, à cause des événements de leur vie. Comment ne pas en parler, alors que Roy s’apprêtait à élever un enfant et qu’Avalon décidait d’accueillir sa soeur chez eux ? Très vite, il leur était apparu assez certain et évident que leur relation était sérieuse, ce genre de relation qui pouvait durer pour la vie. Ils ne s’étaient pas mariés, pas encore en tout cas, mais ils n’en avaient pas eu besoin pour se confirmer leur désir de construire une vie à deux, avec tous les projets qui allaient avec.

Forcément, ils avaient déjà discuté de leurs désirs respectifs de parentalité. Pour Roy, la réponse avait été plutôt facile puisqu’il s’agissait d’un désir qu’il était déjà en train de réaliser. Avalon, elle, lui avait confirmé qu’elle se voyait bien avec des enfants un jour. Quand Teresa était arrivée, ils s’étaient mis à en parler plus souvent. Ils étaient d’accord, ils voulaient faire des enfants ensemble un jour. « Un jour » oui, mais pas tout de suite. Un jour quand ils se sentiraient prêts, bien stables dans leurs vies. Et au milieu de leurs rêves et leurs confidences, Avalon lui avait une fois avoué que prendre le temps de choisir le moment où ils feraient des enfants était très important pour elle, parce qu’elle savait qu’elle n’avait pas été désirée par ses propres parents. Comment pouvait-on aimer un enfant qu’on n’avait pas désiré ? disait-elle. Elle ne voulait surtout pas accueillir un bébé dans les mêmes conditions. Alors Roy lui avait simplement assuré qu’ils feraient les choses bien.

Comme s’ils pouvaient contrôler leur futur.

Grâce à leurs conversations passées, Roy saisissait très bien la panique et probablement la culpabilité qui devait grandir chez Avalon, elle qui avait toujours mis un point d’honneur à se distinguer de ses parents. Elle qui avait même été jusqu’à se battre contre eux, dans un procès qui l’avait visiblement empêchée de voir ce qui se passait dans son propre corps. A ces paroles, Roy secoua la tête, incrédule.

« C’est juste fou qu’après tout ce temps à passer inaperçu, tout… ça soit d’un coup si visible. »

Difficile de poser les mots dessus. Roy avait du mal à quitter les yeux de cet arrondi si prégnant et significatif au niveau du ventre d’Avalon. Ce matin, quand ils étaient encore couchés, il se souvenait avoir passé sa main dessus et cette zone était parfaitement plate.

« Et toi ? T’en penses quoi, de tout ça ? »

Cette question l’arracha à sa contemplation. Ce qu’il pensait ? Roy mit un certain temps à répondre car il dut se replonger dans l’introspection qu’il avait entamée tout à l’heure, avant de s’élancer vers Avalon. Il ne chercha pas ce qu’il pensait, ni ce qu’il ressentait, mais plutôt la manière la plus adéquate de le dire.

« Bah… Ça me fait un choc, forcément. C'était pas comme ça qu'on voulait faire les choses, toi et moi. J’te jure, j’arrive pas à croire que ça m’arrive pour la deuxième fois, en si peu de temps… » Un rire nerveux lui échappa, il passa une main lasse sur son visage puis sur sa nuque, avant de lâcher un profond soupir. « Mais c’est comme ça, c’est arrivé. On aura beau prier pour revenir en arrière, c’est pas possible, alors… Je ne sais pas. Je crois qu’il faut qu’on se laisse le temps d’appréhender ce qui nous tombe dessus avant de… décider de quoi que ce soit. »

Avalon l’avait dit elle-même, elle se sentait déconnectée de son propre corps actuellement. Alors ce n’était pas le moment de discuter de ce qu’elle voulait en faire. Quant à lui, il avait mis plusieurs semaines à prendre sa décision au sujet de Teresa et il se remerciait tous les jours d’avoir pris le temps d’y réfléchir au lieu de se précipiter. Il s’appuya sur cette première expérience pour tenter de rassurer Avalon, en prenant doucement son visage entre ses deux mains.

« Ecoute, là tout de suite, c’est un peu plus facile pour moi parce que je suis déjà passé par là alors… Je sais que c’est flippant, que ça paraît insoluble. Mais ça va aller, je te le promets. Quoiqu’on fasse, tout ira bien, parce qu’on le fera ensemble » affirma t-il sans ciller. A nouveau, il l’attira contre lui et déposa un baiser dans ses cheveux. Avalon n’avait pas vraiment nommé le fond de sa crainte tout à l’heure, elle l’avait seulement esquissé, mais c’était suffisant pour Roy sache. Il lui épargna d’avoir à l’exprimer en glissant à son oreille, comme une prière : « Et je t’interdis de penser une seconde que tu fais comme tes parents. Ça n’a rien à voir. »


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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 17 Aoû 2022 - 23:52
« C’est comme ça, c’est arrivé » disait Roy après un soupir las mais résigné. Avalon leva les yeux vers lui, surprise qu’il parvienne à formuler si aisément quelque chose qu’elle peinait à encore à se représenter. Elle hocha simplement la tête, comme pour approuver les propos de son compagnon. En effet, elle ne se sentait pas capable de prendre une quelconque décision pour le moment, voire même de se projeter dans les choix qui s’offraient à eux. Garder la tête hors de l’eau, dans l’ici et le maintenant, était la seule chose qu’elle pouvait essayer de faire.

Roy paraissait plus assuré, plus confiant. Il tenta de la réconforter avec des mots qui, malheureusement, ne parvinrent pas à apaiser Avalon. Son partenaire avait beau lui assurer son soutien, elle se sentait très seule avec cette nouvelle qui la bouleversait. Parce que, Roy avait beau avoir vécu une situation similaire quelques mois auparavant, ce n’était pas non plus tout-à-fait la même chose. Ce n’était pas son corps qui se déformait brutalement, ce n’était pas sa vie qui était en train d’être transformée jusque dans sa chair. Il lui assurait sa présence – et Dieu merci – mais ça ne suffisait pas à la sortir de cet ilot solitaire sur lequel elle se sentait prisonnière.

« Ok. » souffla-t-elle toutefois en se laissant attirée contre lui.

La dernière phrase que Roy lui chuchota à l’oreille, en revanche, ne trouva pas de réponse chez Avalon. Elle se contenta de se blottir un peu plus contre lui, espérant étouffer ses peurs dans cette étreinte.

Avalon ne sut dire combien de temps ils restèrent ainsi enlacés, avant de décider de gagner leur chambre. Ils s’allongèrent sur leur lit, alternant entre de longs silences pensifs et des conversations murmurées. Cette nuit-là, le sommeil ne vint pas les chercher. A cinq heures du matin, Avalon prévint ses supérieurs qu’elle serait absente le lendemain pour la journée. A six heures, incapable de rester allongée, elle gagna la salle de bain pour se glisser sous la douche. Si la vapeur ne parvint pas à éclaircir ses pensées, elle eut au moins l’effet bénéfique de dénouer les tensions dans son dos. En sortant, Avalon croisa son reflet dans le miroir de la salle de bain. Ainsi nue, elle avait tout le loisir de s’examiner sous toutes les coutures. Elle se tint de face, de profil, observant ce ventre protubérant qui semblait encore avoir enflé dans la nuit. Elle passa ses mains dessus, non sans ressentir une pointe de répulsion. Il s’agissait d’elle, mais c’était comme si ce reflet était celui de quelqu’un d’autre.

Lorsque cet examen visuel devint insupportable, Avalon se couvrit. Elle revêtit de larges vêtements pour dissimuler son ventre au regard de Vivianne. Elle préférait éviter les questions de sa petite-sœur alors qu’elle ne détenait pour le moment aucune réponse. Heureusement, la petite fille partit à l’école, accompagnée par Roy, sans remarquer quoique ce soit.

Restée seule, Avalon erra dans l’appartement, s’occupant distraitement les mains pour éviter à son esprit de tourner à toute vitesse. Elle rangea la cuisine, fit la vaisselle, passa dans la chambre de Vivianne pour récupérer son sac de linge sale et le déposer dans la buanderie. Elle ouvrit les fenêtres pour aérer, rangea un livre dans la bibliothèque du salon, en prit un autre pour le commencer et se ravisa dès la première ligne. Elle se sentait autant engourdie que prise par un sentiment d’urgence qui l’empêchait de faire quoique ce soit. Lorsque Roy rentra, elle était lovée dans leur canapé, son Pear à l’oreille.

« Non, non, la réunion pourra attendre. » Silence. « Oui, c’est ça, le plus important c’est de mettre une seconde équipe sur l’affaire Alderman. Ciara pourra les briefer, elle connaît bien le dossier. C’est bon pour toi ? Super. Non, non, ne t’en fait pas. Euh… Je ne sais pas encore. Je te rappellerai si besoin. Merci, toi aussi. »

Avalon raccrocha son appel avec Thomas, l’un de ses agents, qui l’avait appelé pour obtenir davantage de précisions sur ses directives. Elle échangea un regard avec Roy alors que ce dernier s’approchait d’elle et lui adressa un vague sourire.

Lui aussi avait l’air épuisé et n’avait pas dû trouver le sommeil cette nuit non plus. Il abordait des cernes sous ses yeux et avait les traits un peu plus tirés qu’à l’ordinaire.

Avalon aurait aimé pouvoir lui dire « écoute, j’ai bien réfléchi ». Elle aurait aimé pouvoir lui demander de s’asseoir avec elle et lui détailler un long raisonnement logique pour parvenir à une décision. Elle aurait voulu lui exprimer ses envies et ses désirs mais elle était tout simplement incapable de les fixer, de les situer.

Elle se contenta donc de l’observer alors qu’il s’asseyait à ses côtés. Elle brisa finalement le silence, d’une voix un peu enrouée :

« La nuit t’a porté conseil ? »  


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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 18 Aoû 2022 - 20:38
Roy n’avait pas vraiment dormi, il avait seulement somnolé, l’esprit trop embrouillé pour réussir à lâcher prise. Il en était de même pour Avalon, leurs voix s’étaient retrouvées à plusieurs reprises, pour se murmurer une part de leurs pensées. En plein milieu de la nuit, elle avait fini par lui expliquer comment elle avait réagi à l’annonce du médecin et lui faire un aveu terrible qui avait aussitôt expliqué pourquoi elle s’était tournée vers Toni. Après y avoir résisté pendant des mois, elle avait failli céder à l’appel des anti-douleurs. Cette nouvelle avait donc été un choc plus grand et plus violent pour elle que les affreuses crises de migraine qu’elle avait subi. Roy avait mis un moment à prendre la mesure de ce que cela signifiait pour Avalon. La peur qu’elle soit brisée au point de retomber dans ses vieux travers l’avait saisi jusque dans ses tripes, il en avait eu mal au ventre pour le reste de la nuit. Quand Avalon était revenue de sa douche très matinale, il l’avait serrée contre lui comme pour s’assurer de son intégrité. Il avait senti un léger renflement contre ses bras, au niveau de son ventre à elle, ce qui l’avait précipité dans une tempête d’émotions contradictoires.

Quand vint l’heure de se lever pour accompagner Vivianne à l’école, Roy prit le temps d’envoyer un message à Jayce pour le prévenir qu’il ne viendrait pas travailler de la journée. Il ne lui donna d’explication. Ni lui, ni Avalon ne désiraient élargir leurs réflexions en dehors de leur couple pour le moment. Il dut faire appel à ses meilleurs talents d’acteurs pour donner le change à Vivianne et qu’elle ne se doute de rien.

Roy convint que la manière la plus simple d’éviter d’éveiller les questions de ses proches était de ne voir personne de la journée, au moins le temps qu’il mette de l’ordre dans ses pensées. Il ne se sentit pas capable de rentrer chez lui tout de suite et transplana vers le lieu où il aimait le plus sa solitude. Il ne resta pas longtemps assis sur les rochers plats, au bord des falaises qu’il appréciait tant. Seulement une quinzaine de minutes, le temps que la morsure du froid engourdisse son nez et ses joues, avant de revenir vers Avalon qui l’attendait.

Roy entendit confusément sa voix dans leur salon quand il réapparut dans le vestibule. Son travail, devina t-il en attrapant quelques mots. Il ignorait comment elle comptait annoncer à ses collègues et à sa hiérarchie sa grossesse soudaine, elle n’avait pas eu l’air de vouloir en parler pendant la nuit. Roy avait senti que ce sujet la mettait mal à l’aise alors il n’avait pas insisté. Il ne remit pas le sujet sur le tapis en venant s’asseoir à côté d’elle et se contenta de glisser sa main encore froide du temps extérieur le long de son dos, dans une caresse.

« La nuit t’a porté conseil ? »  

Elle l’observait avec une expression que Roy eut du mal à déchiffrer. Etait-elle confuse ? Résignée ? Inquiète ? Sans doute un mélange de tout ça et d’autres émotions qu’elle peinait à exprimer.

« Un peu. »

Bien sûr que pendant ces longues heures passées à fixer des points obscurs de sa chambre, Roy avait réfléchi. Il avait tourné et retourné le problème dans sa tête. A un moment, vers quatre heures du matin, il était descendu en prétextant prendre un verre d’eau. Il l’avait bu sur ce même canapé, devant les photos étalées de l’échographie d’Avalon qu’il avait longuement observées. Ces clichés étaient désormais logés dans la poche intérieure du manteau dont il venait de se débarrasser, parce qu’il les avait pris avec lui avant d’emmener Vivianne. Il les avait contemplés à nouveau tout à l’heure, sur son rocher, plutôt que de contempler la mer.

Roy se sentait moins dans le brouillard que la veille, il commençait à démêler ses pensées et ses désirs. Il mit toutefois un certain temps à trouver comment l’exprimer à Avalon de la manière la plus claire et délicate possible. Il détacha sa main du dos de sa partenaire et se redressa légèrement dans une position plus propice à une discussion sérieuse avec elle.

« J’ai revu l’échographie que t’as ramené et je… Je crois que je m’en remets toujours pas. C’est dingue de voir que ce… bébé qu’on a fait toi et moi -Merlin que c’était étrange à dire ainsi- ressemble vraiment à… un bébé alors qu’on vient d’apprendre son existence. »

Il ne savait pas comment le dire autrement. Ce n’était pas un amas de formes blanches et noires un peu floues, on distinguait clairement un nez, une bouche, un crâne, un bout de bras et de jambe sur cette photo. Troublé, Roy passa une main dans ses cheveux.

« Je sais que c’était pas prévu mais… C’est une part de nous, c'est ce qu’on a fait toi et moi. Et c’est ce qu’on voulait faire un jour ensemble. Pas maintenant, je sais, mais n’empêche que c’est là. »

Il avait du mal à décrire les émotions qui l’avaient saisi en observant les photos. L’anxiété, l’inquiétude, la frustration s’étaient furieusement emmêlés avec une forme d’espoir et d’étonnement admiratif. Progressivement, une part avait pris le dessus. Il chercha le regard d’Avalon en prenant dans sa main dans la sienne.

« Je crois que j’ai envie qu’on le garde. »

Il laissa à peine le temps à sa partenaire d’intégrer ces paroles avant d’en ajouter d’autres, pour mieux s’expliquer :

« C’est peut-être parce que j’ai Teresa que je peux me projeter. Je me dis que si je peux l’accueillir elle, dans ma vie, et que ça me rend heureux, je vois pas comment ça pourrait être différent avec un bébé que j’ai fait avec toi. T’es toute ma vie, Av’. »

Roy pressa la main de sa compagne dans la sienne, avec tendresse. Cette fois-ci, il laissa davantage de temps s’écouler, pour qu’elle puisse réfléchir à ses paroles. Il avait parlé avec le plus de sincérité possible, pour qu'Avalon sache où il en était, et il essayait de se montrer un peu plus positif que la veille mais une part de lui restait pleine d'inquiétude. Il n'avait jamais vu Avalon aussi démunie. Le fait qu'elle ait été tentée par ses médicaments au point d'appeler Toni pour l'empêcher d'y céder lui faisait craindre que cette situation soit une épreuve trop difficile pour elle. Quand Roy s'était formulé à lui-même ses désirs, il avait également convenu avec lui-même qu'il devait laisser Avalon cheminer de son côté. La perspective de faire appel à un avortement le mettait mal à l'aise car ce n'était pas ce qu'il voulait. Mais l'idée d'entraîner Avalon dans une parentalité qu'elle ne désirait pas restait bien plus terrible et intolérable à ses yeux.

« Je te dis ce que je pense de mon côté, mais je maintiens ce que je t’ai dit hier, finit-il par ajouter. Quoiqu’on décide, on le fera ensemble. Je veux pas te forcer à quoi que ce soit, surtout pas sur un truc aussi important. Faut qu’on soit sûrs tous les deux, ok ? Si pour toi, c’est impossible d’aller plus loin alors… Je te suivrai » promit-il.  


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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 18 Aoû 2022 - 21:46
Avalon posa sur Roy un regard indéchiffrable alors qu’il répondait par l’affirmative à sa question. Elle se décala à son tour pour lui faire face, cachant sa nervosité en coinçant ses mains entre ses cuisses. Elle ne savait pas ce qu’elle craignait : avait-elle davantage peur que Roy lui dise qu’il souhaitait poursuivre cette grossesse ou l’interrompre ? Que préférait-elle entendre ? A cette question, Avalon n’avait aucune réponse. Elle voulait… Elle voulait que tout ça ne soit jamais arrivé. Elle voulait revenir vingt-quatre heures plus tôt, quand elle finalisait les derniers préparatifs de sa demande en mariage qui aurait dû avoir lieu quelques jours plus tard.

Mais c’était impossible. Roy le lui répétait à nouveau. « C’est là. » Avalon hocha doucement la tête, sans l’interrompre. Un peu plus tôt, elle avait tressailli lorsqu’il avait dit « une part de nous ». Son cœur s’était serré d’un sentiment qu’elle n’était pas parvenue à identifier. Pourtant, Roy avait raison : ce bébé était effectivement une part d’eux. Ils l’avaient conçu ensemble, c’était même le fruit d’un amour partagé. Sur le papier, c’était une belle histoire. Pas parfaite, pas exactement comme elle l’avait imaginée, mais une belle histoire tout de même.

Pourtant, Avalon ne parvenait pas à y adhérer complètement.

Quelque chose la retenait de formuler les choses aussi aisément que Roy. Elle n’arrivait pas à passer outre la trahison de son corps qui, brusquement, ne lui appartenait plus totalement. Elle avait cette curieuse impression d’avoir été abandonnée dans sa propre chair. En partant de ce sentiment, il était impossible de concevoir cette grossesse d’une manière aussi romantique que la vision que Roy lui livrait.

Oui, Avalon portait leur bébé. Un bébé qui représentait leur union, un minuscule être humain qu’ils avaient créé ensemble. Mais pour l’instant, ce n’était pas ainsi qu’elle percevait les choses. Actuellement, la pensée qui occupait son esprit – et qu’elle gardait secrète – était qu’elle partageait son corps avec un intrus. Un intrus qui avait grandi, pendant cinq mois et dix jours, à son insu.

« Je crois que j’ai envie qu’on le garde. »

Si Avalon ne fut pas surprise, la nouvelle la laissa sans voix. De toute façon, Roy ne laissa pas le temps de réagir et argumenta son propos. A nouveau, Avalon hocha la tête sans rien dire. Les quelques mots d’amour qu’il eut à son attention lui réchauffèrent un peu le cœur et elle pressa sa main en retour. Aucun mot n’était encore sorti de sa bouche.

Son cerveau, s’il tournait à plein régime, semblait cependant s’activer dans le vide.

Avalon était enceinte et Roy souhaitait garder le bébé. Il voulait qu’ils aient ce bébé ensemble, qu’ils agrandissent leur famille, qu’ils l’élèvent. Il se sentait prêt à redevenir père pour la seconde fois. Et elle ? se demanda-t-elle fugacement. Se sentait-elle prête à devenir mère ? Elle ne trouva aucune réponse à cette question. Se sentait-elle prête à avorter ? Encore une fois, seul le silence fit écho à ses pensées.

L’acte d’avorter n’était pas anodin à ce stade de la grossesse, Avalon en avait conscience. Elle était dans les derniers délais pour pouvoir bénéficier d’une interruption volontaire de grossesse, qui se ferait forcément au bloc opératoire, sous anesthésie générale. Ce n’était pas comme de se rendre compte d’une grossesse non-désirée dès les premières semaines ; les échographies étaient encore floues. Les clichés qu’Avalon avait rapporté de la clinique montrait les contours d’un être humain. Un être humain minuscule – à peine vingt centimètres – mais dont on pouvait déjà distinguer quelques traits. Et puis il y avait ce ventre qui s’était arrondi et qui témoignait physiquement de son état…

« Si pour toi, c’est impossible d’aller plus loin alors… Je te suivrai »

Les derniers mots de Roy, loin de rassurer Avalon, lui nouèrent le ventre d’une anxiété tenance. Ce n’était pas qu’elle redoutait le soutien de son compagnon – bien au contraire – c’était qu’elle était désormais en position décisionnaire. Roy le lui disait : c’était son choix. Il avait exprimé sa préférence, mais la suivrait quoiqu’elle décide.

Il fallait qu’elle décide quelque chose et qu’elle le fasse vite.

Brusquement, cette perspective lui fut insupportable. Sa main se crispa dans celle de Roy et elle posa la seconde vers son estomac, où une aigreur due au stress la brûlait.

« Pardon, fit-elle en soufflant doucement, je crois que c’est un peu beaucoup, là. »

Elle s’efforça à prendre plusieurs longues inspirations, sans pour autant que la tension dans ses épaules ne diminue. Un silence passa avant qu’elle ne reprenne la parole :

« Je crois… Je crois que j’ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça. Je suis sûre de rien, c’est… Elle ferma les yeux une brève seconde. Je suis sûre de rien. » répéta-t-elle, la gorge nouée.

Elle retrouva brièvement son regard, sans parvenir à masquer la détresse qu’elle ressentait. Elle finit par conclure, avec un sourire un peu maigre :

« On a encore un peu de temps. Je vais y réfléchir, je te jure. Face à l’expression de Roy, elle pressa légèrement sa main dans la sienne. Et je sais que je peux compter sur toi. Merci. »


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Pourtant cette fois y avait bien une capote [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 18 Aoû 2022 - 22:42
Malgré le relatif optimisme dont il faisait preuve dans ses mots, Roy était loin d’être à l’aise avec la situation. Une multitude de questions et de craintes l’assaillaient. Le contexte n’était pas du tout idéal, ils étaient forcés de prendre une décision rapide, ils ne s’étaient pas préparés mentalement à ça. Et si cela s’avérait finalement plus difficile qu’il ne l’imaginait ? Et si Avalon n’était pas du tout prête à être mère ? Et puis que diraient leurs proches ? Que diraient ses parents en le voyant se relancer dans une paternité imprévue ? Qu’en penserait Joséphine avec qui la co-parentalité se passait très bien jusqu’à maintenant ? Est-ce qu’il réussirait à être suffisamment présent pour deux bébés à la fois, qui vivaient sur des continents différents ?

Ses questions n’avaient pas encore de réponse claire dans son esprit mais Roy avait décidé de poser un couvercle dessus pour se permettre de prendre une décision, celle qui lui paraissait la plus acceptable, la plus faisable pour lui. Au creux de la nuit, pendant son interminable insomnie, il avait eu tout le temps de faire discrètement une recherche sur ce que représentait un avortement à cinq mois et il en était ressorti avec des images peu plaisantes en tête. Ce n’était pas anodin du tout, à un stade si avancé de la grossesse. L’idée que le petit être visible sur l’échographie puisse être aspiré dans un tuyau et disparaitre de cette manière l’avait mis profondément mal à l’aise.

Pourtant, il était prêt à le faire avec Avalon si c’était ce qu’elle désirait. Il priait en son for intérieur pour que ce ne soit pas le choix qu’elle fasse mais il était conscient que le dernier mot lui revenait et qu’il devait respecter cela. C’était de son corps à elle qu’il s’agissait, c’était elle qui devrait endurer l’avortement ou l’accouchement. Il l'avait appris de la plus dure des manières avec Joséphine auprès de qui il n'avait pas du tout eu son mot à dire. Cette fois, au moins, avec Avalon, le dialogue était encore possible.

Alors il attendit la réponse d’Avalon, en cherchant des indices sur son visage, sans parvenir à les déceler. Il ne vit qu’un regard confus, des gestes crispés, tandis qu’elle peinait à dire quelque chose. Une vague d’angoisse parut la saisir car elle se mit à prendre de profondes inspirations. Inquiet, Roy l’écouta articuler avec difficulté qu’elle ne savait tout simplement pas quoi penser ni faire.

« Ok. Ok, c’est pas grave » assura t-il aussitôt, en posant sa main sur son épaule pour la soutenir. « T’es pas obligée de savoir tout de suite. »

Il leur restait en effet un peu de temps, même s’il était court. Roy garda espoir sur le fait que quelques jours pouvaient faire la différence.

« Je vais y réfléchir, je te jure. Et je sais que je peux compter sur toi. Merci. »

En guise de réponse, Roy l’attira dans ses bras et déposa plusieurs baisers dans ses cheveux, pour lui transmettre son soutien. Il laissa un temps s’écouler, le temps dont elle avait besoin pour reprendre contenance et s’apaiser. Quand il lui sembla qu’elle respirait à nouveau normalement, il lança :

« Tu veux que je te prépare un de tes horribles chocolats chauds bourrés de chantilly et de caramel ? »

Ce n’était pas proscrit pour les femmes enceintes, à sa connaissance, et il voulait bien lui préparer tous les breuvages surdosés en sucre à en vomir dont elle raffolait tant si cela pouvait lui faire du bien.

FIN DU RP


Roy Calder

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