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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier]

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Profil Académie Waverly
Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Mar 2023 - 0:20
Le repas s’était terminé sans que Dubois ait d’autres occasions de l’embarrasser en public et Charlie en était plutôt content. Cette anecdote avec Fanny était déjà terrible... Et dire que son ami avait conservé cette cartouche dans sa manche pendant plus de vingt ans, en attendant le moment de la lui ressortir ! S’il avait su à l’époque qu’il venait de traumatiser l’un de ses jeunes joueurs... En même temps, il n’y avait bien que Olivier pour venir coller son nez à une fenêtre des vestiaires en pleine nuit. Fanny et lui s’étaient fréquentés quelques semaines à peine mais il n’avait pas souhaité rentrer dans les détails pour défendre son honneur : c’était déjà suffisamment gênant que Dubois ait déballé tout cela devant Juliet. Il avait eu de la chance que sa femme et son fils soient présents ! Le cas contraire, il ne se serait pas privé de raconter quelques rencontres qu’il avait pu avoir avec des fans quand il était jeune père célibataire... À côté, sa petite soirée avec Fanny pouvait passer pour du catéchisme.

Il s’était levé pour aider Amanda et Olivier à débarrasser, abandonnant le reste des convives qui devisaient gaiement. Son ami était en train d’ensorceler les assiettes dans l’évier pour lancer la vaisselle et son épouse versait le reste de sauce dans un petit bol. Tout en remettant les épices à leur place sur le comptoir, Charlie avait lancé, en laissant apparaître un peu sa contrariété :

- Tu n’aurais pas pu trouver mieux comme histoire à raconter devant Juliet, Olivier ?
- Et devant ton fils de seize ans, c’est vrai que c’était un peu limite...
- Déjà, Andrew n’a rien pu entendre car je l’ai ensorcelé...
- Ce que font tous les bons parents.
- Et ensuite, c’était drôle comme anecdote !
- C’était très gênant ! J’ai raté mon examen de transplanage deux fois, tu aurais pu raconter ça.
- Ne sois pas prude, Charlie, elle se doute bien qu’à quasi quarante ans, tu as déjà pratiqué une ou deux fois.
- Ce n’est pas la question, Olivier, ce n’est juste pas l’histoire qui me met le plus en valeur, tu ne penses pas ?
- Juliet semblait amusée, intervint Amanda en s’appuyant contre l’îlot de la cuisine, je ne pense pas que ça l’ait dérangée, assura-t-elle pour le rassurer.
- En plus, je trouve que ça te met en valeur.
- Comment est-ce que ça pourrait me mettre en valeur ?
- Ça montre ta virilité.

Amanda eut un soupir sonore et roula des yeux.

- C’est la chose la plus stupide que tu aies prononcé ce soir, et c’est dire !

Charlie eut un petit recul.

- Toujours le mot tendre, ma chérie, merci, ça fait plaisir, cingla son ami.
- Je vais chercher le gros plat pour mettre à tremper, lança-t-il en abandonnant les deux époux.

Il prit tout son temps pour ramener l’objet mais les trouva heureusement plongés dans le silence et pas dans une dispute. Lorsque la table fut débarrassée, tout le monde se retrouva de nouveau dans le salon. Juliet et Andrew discutaient et Charlie vint se glisser à côté de Rory, profitant de cet instant pour lui demander des nouvelles de sa femme, qui avait eu un petit accident de transplanage sans gravité voilà deux mois. Il releva la tête pour saluer Andrew qui allait se coucher, un peu poussé par ses parents. Cela donna l’occasion à la petite assemblée de se lancer dans un de ses sujets préférés : le partage de l’argent d’Olivier, de préférence avec eux. Il est vrai que leur ami avait très bien réussi et ils avaient tous joué avec lui. Pire que ça : il les avait tous faire souffrir à sa manière dans sa quête de réussite. Ce n’était que juste compensation !

- C’est même moi qui l’ait recruté, rappela Charlie. Tout jeune, tout boutonneux et sur un vieux Brossdur.
- Un grand service pour le monde du Quidditch, lança Angelina avec théâtralité, un grand malheur pour le reste de la société.
- Une grande occasion de se faire inviter en tribune VIP à Flaquemare.
- J’adore me faire servir les petits fours et le champagne en observant les Pies se faire éclater, soupira Katie avec un sourire.

Alicia, qui ne perdait jamais le nord, tourna son regard vers les immenses baies vitrées qui occupaient tout un pan du salon. La nuit était claire et on distinguait la terrasse, suivie de la large piscine recouverte pour l’hiver. Elle lança, tout à fait innocemment, que le terrain qu’avait fait construire Olivier était impressionnant... Si seulement quelqu’un pouvait le montrer à Juliet. Rory enfonça légèrement son coude dans ses côtes, comme si Charlie n’avait pas compris l’allusion. Les regards de ses amis s’étaient tournés vers lui et il ne put s’empêcher d’avoir un sourire amusé. Ils étaient terribles... mais ils avaient raison. C’était l’occasion d’échanger avec Juliet un peu plus tranquillement, loin des anecdotes de Dubois et de la subtilité de ses amis. Bien sagement, il lança alors :

- Tu veux le voir, Juliet ? Je pense que je suis un moins bon guide qu’Andrew mais...

Lorsqu’elle accepta, il eut un nouveau sourire. Elle était vraiment jolie. Elle avait le visage lumineux et ces grands yeux clairs. Il se leva pour pousser une partie de la baie vitrée, laissant passer le froid de décembre que la cheminée crépitante avait tenu à distance. Il la referma bien vite.

- Les manteaux sont peut être une bonne idée.

Ils se dirigèrent vers le hall d’entrée, Amanda leur déverrouillant le grand placard de bois. Elle leur conseilla de passer par la salle à manger plutôt que de retraverser le salon, ce qu’ils firent sans se faire prier. Une fois dehors, Charlie alluma sa baguette magique d’un Lumos. Le terrain des Dubois était immense. Le devant de la baie vitrée était occupée par ce grand espace de terrasse, avec ses fauteuils, ses canapés, une grande table autour de laquelle ils organisaient des déjeuners l’été. La piscine et le bain à remous étaient un peu plus loin, suivis d’une grande partie d’herbe qui dévalait jusqu’à la falaise. Il prit légèrement à droite, en direction de la côte, suivi par Juliet. De grands arbres dissimulaient un peu leur destination.

- Sacré dîner hein, lança Charlie. Et encore, là ils étaient sages et pas au complet. Quand Sean, le meilleur ami d’Olivier est là, c’est intenable. J’espère que tu n’as pas été trop... terrifiée, choquée, scandalisée ? Dérangée.
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Mar 2023 - 1:06
Juliet réprima un sourire lorsqu’Alicia lança qu’il fallait que quelqu’un lui montre le terrain d’entraînement des Dubois. On pouvait difficilement faire moins subtil… Et en même temps, elle espérait secrètement que Charlie saisisse cette perche et qu’ils puissent s’éclipser brièvement loin des regards et des commentaires goguenards des autres invités. Aussi, elle n’hésita pas lorsqu’il se tourna vers elle avec un sourire.

« Oui, avec plaisir. » lança-t-elle en quittant sa place sur le canapé pour le suivre jusqu’à la baie vitrée qui séparait le salon du jardin.

Le froid qui s’engouffra à l’intérieur lorsque la baie vitrée glissa sur son rail la fit frissonner et elle ne s’opposa pas à l’idée d’aller récupérer son long manteau et son écharpe qu’elle passa autour de son cou. Désormais mieux équipés pour affronter les températures hivernales, Charlie et Juliet se dirigèrent vers le jardin légèrement éclairé par la lune presque pleine qui diffusait une lumière blanchâtre. Le sort que lança Charlie ne fut cependant pas de trop pour dévoiler les installations extérieures qui tirèrent à Juliet un léger sifflement.

« Ah, fit-elle en observant les lieux, quand même. »

La grande terrasse était occupée par du joli mobilier de jardin et, un peu plus loin, on devinait une piscine qui semblait recouverte pour l’hiver. Le bruit de la mer leur parvenait depuis l’endroit où ils se tenaient, signe que la villa des Dubois était placée sur les hauteurs des falaises et Juliet regretta de ne pas pouvoir apprécier la vue en pleine journée. Elle avait rarement vu une aussi belle habitation. Pourtant, sa famille maternelle était très fortunée – mais ils avaient une vieille fortune et possédaient davantage des manoirs que des villas résolument modernes. Juliet, quant à elle, avait grandi dans une maison assez banale dans la périphérie de Londres. Sa mère avait renoncé à l’argent de sa famille en épousant son père, modeste libraire moldu. Elle n’avait jamais manqué de rire mais elle n’avait pas vécu dans un cadre aussi luxueux que celui-ci et qu’elle ne cessait de découvrir davantage en laissant son regard courir autour d’elle.

Le commentaire de Charlie lui tira un sourire et elle tourna la tête vers lui.

« Ça va, lui assura-t-elle. Bon, c’est vrai que je m’attendais plus à apprendre que tu t’endormais toujours avec un dragon en peluche, lui confia Juliet, les yeux brillants d’amusement. Mais écoute, j’ai passé toute ma scolarité avec des personnes plus ou moins semblables, je n’étais pas trop dépaysée. » Visiblement, les Gryffondor ne changeaient pas beaucoup de génération en génération. « J’ai passé un bon moment, affirma-t-elle avant de se corriger : je passe un bon moment. »
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Mar 2023 - 1:26
- Oui, hein, commenta Charlie alors que le regard impressionné de Juliet se portait sur une partie du jardin des Dubois. Visiblement ça paye bien, joueur de Quidditch international ?

Il s’était un jour permis de demander à son ami combien il gagnait, par curiosité. Olivier lui avait répondu très franchement et il avait un instant cru qu’il lui faisait une blague devant l’incongruité de la somme mensuelle. Dubois avait bien perçu son choc et s’était empressé de lui donner d’autres éléments : il était dans la fourchette très haute, en tant que joueur d’un club majeur, il avait été recruté par des clubs prestigieux à l’étranger, il était capitaine, il était surtout joueur de l’équipe nationale... Tous ces éléments - en plus de ses réussites impressionnantes sur le terrain - faisaient monter sa valeur. Il avait également des contrats publicitaires, notamment avec les balais Nimbus et une marque de sport et, selon ses propres mots, de bons conseillers financiers. Il y avait une grande majorité de joueurs qui gagnaient beaucoup moins, notamment dans les plus petits clubs de la Ligue. Charlie était donc allé chercher ce que Olivier appelait « la fourchette basse » et avait donc pu découvrir que les joueurs de cette fameuse fourchette faisaient à peu près en un mois ce qu’il gagnait en un an. Pas de quoi le faire regretter d’avoir renoncé à une carrière professionnelle, mais assez pour se dire qu’il était passé à coté d’être le premier Weasley avec une chance d’être millionnaire un jour.

- Je pensais qu’ils allaient raconter la fois où, en passant mon permis de transplanage, j’ai atterri sur une pauvre moldue qui faisait ses courses... Autant te dire que je l’ai raté, confessa-t-il avec un sourire. Malheureusement Dubois, en bon impulsif, avait choisi sans réfléchir la première chose qu’il associait au mot « embarrassant. » C’est le désavantage de la maison Gryffondor, ça, tu as toujours l’impression d’être dans la salle commune avec celui qui veut parler le plus fort.

Il disait ça avec beaucoup d’affection, puisqu’il avait également fait partie de ces fameux rouge et or bruyants. Pour autant, Juliet passait une bonne soirée. Cela fit sourire Charlie.

- Moi aussi, répondit-il en accrochant son regard.

La plaisanterie lui vint aux lèvres alors qu’il contemplait Juliet.

- Même si c’est vrai que quand Dubois a commencé à raconter cette histoire, j’ai sérieusement regretté mon retour à venir en Angleterre. Je pense que le voir une fois tous les quatre ou cinq mois était le bon rythme.

Il leva sa baguette magique pour mieux éclairer devant eux alors que le terrain devenait un peu plus pentu.

- Ta fille est chez son papa, ce soir ? demanda-t-il, en espérant ne pas apprendre l’existence d’un sympathique petit-ami qui aurait accepté de baby-sitter.
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Mar 2023 - 2:32
En effet, le milieu du Quidditch professionnel rapportait bien et, même si Juliet ne pouvait pas prétendre aux mêmes sommes qu’un joueur international, elle était particulièrement bien rémunérée par Flaquemare. Son salaire dépassait deux millions sur une année, ce qui était plutôt vertigineux et, en même temps, très confortable pour faire face à son quotidien de mère célibataire. Elle n’avait pas à s’inquiéter pour l’argent, à craindre les fins de mois difficiles... Elle pouvait offrir à Gabrielle une sécurité financière qui la tranquillisait grandement, surtout après l’instabilité des derniers mois.

« J’imagine, oui… réagit Juliet avec un rire lorsque Charlie lui raconta son examen de transplanage. Et peut-être que si Olivier avait raconté ça, il n’aurait pas été obligé d’ensorceler Andrew. »

Ce qui avait évidemment indigné l’adolescent qu’il était. Cependant, Juliet était persuadée qu’il n’avait pas vraiment envie d’entendre certains mots sortir de la bouche de son père. Et Olivier, comme il avait pu le leur prouver ce soir, était visiblement un excellent conteur avec une redoutable mémoire visuelle – peut-être un peu trop redoutable vu la précision des détails qui avaient été donnés.

« Mais on peut dire que ça fait partie de notre charme, peut-être ? tenta-t-elle avant de nuancer : Ou alors, c’est la raison pour laquelle les autres maisons ne nous supportent pas. Le mystère reste entier. »

Ce n’était pas complètement vrai ; elle s’entendait très bien avec d’autres élèves mais, il fallait l’avouer, les Gryffondor étaient souvent les plus bruyants, les plus agités, ceux qui prenaient le plus de place dans les assemblées.

Evidemment, ils n’étaient pas toujours ainsi et la façon dont Charlie la contemplait en était une preuve supplémentaire. Elle sourit à sa plaisanterie.

« Parce que ça te laissait le temps d’oublier, entre chaque visite, comment il était ? le taquina-t-elle. Si ça peut te faire sentir mieux, dis-toi que je passe plusieurs heures de chaque journée avec lui. Et crois-moi, entre Olivier l’entraîneur et Olivier qui raconte des anecdotes douteuses sur ses amis, je choisis le deuxième sans hésitation. »

Et elle disait cela avec tout le respect et toute l’admiration qu’elle lui vouait en tant qu’entraîneur et ancien joueur professionnel.

La pente sur laquelle ils avançaient s’accentua légèrement. Autour d’eux, les arbres masquaient toujours l’horizon. La question de Charlie lui fit tourner la tête vers lui.


« Non, elle est avec son grand-père. » lui répondit-elle. « Son père vit à l’étranger, au Pérou, donc… C’est juste moi. » dit-elle, un peu maladroitement, sans trop savoir ce qu’elle voulait qu’il entende par là.
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Mar 2023 - 19:13
Charlie sourit à la plaisanterie de Juliet et secoua la tête avec amusement en repensant à la tête qu’avait fait l’adolescent quand le sortilège l’avait touché. Il avait un peu boudé après ça et il avait fallu attendre le dessert pour qu’il se déride de nouveau un peu, comme George s’était mis à faire rire toute la tablée.

- J’espère que tu as pris des notes sur ce bel exercice de parentalité offert par Dubois.

Son ami avait bon dos ce soir mais il était un père impliqué, tout le monde pouvait le voir. Une fois lancé sur le sujet de ses enfants, ce n’était pas facile de l’arrêter. Il savait à quel point l’accident de son aîné l’avait impacté, il suffisait de voir comment il l’avait couvert du regard toute la soirée. Les gens le pensaient souvent distant et froid mais Charlie le connaissait assez pour savoir qu’il était loyal et prêt à beaucoup pour ses proches... un bon Gryffondor, en somme, avec les qualités et les défauts de leurs maisons qui, comme l’évoquait Juliet, n’était pas toujours la plus appréciée. Il ne l’avait pas vraiment réalisé quand il était à Poudlard et qu’ils se prenaient pour les rois du monde, surtout à la grande époque de la rivalité contre les Serpentard, cette maison remplis de vipères. Sauf qu’en dehors du microcosme rouge et or, les gens les trouvaient souvent désagréables ou du moins vantard, bruyants et un peu envahissants.

- Peut-être que c’est juste de la jalousie, peut-être qu’ils rêvent tous secrètement d’être à Gryffondor ! Qu’ils veulent tous notre courage, confiance en nous et noblesse de coeur. C’était du moins la chanson du Choixpeau quand j’ai été réparti.

Courage que certains appelaient témérité, confiance qui devenait de l’arrogance et noblesse de coeur... Certains Gryffondor avaient fait des choses assez moches. Mais dans le fond, Charlie y croyait un peu car il avait fait la guerre auprès de nombreux camarades, qui n’avaient pas hésité à risquer et perdre leurs vies pour apporter la paix au monde sorcier. Pour autant, ces qualités n’étaient pas réservées aux Gryffondor et il lui suffisait de penser à Tonks, à Fleur, Shacklebolt, Marissa ou Sarah pour en avoir la preuve.  

- C’est précisément cela et crois-moi que là, il va bien falloir six mois pour oublier cette soirée. Plusieurs heures de chaque journée... Pas de doutes, tu es bien une Gryffondor. Je n’aurais pas aimé le voir après la défaite contre les Chauve-Souris il y a deux mois, tu vois...

La presse sportive avait épinglé Flaquemare, notamment le jeu du gardien. Le pauvre bougre n’avait pas rejoué depuis, collé sur le banc. Pris par surprise, Charlie fit un léger écart pour éviter un ballon de football abandonné, sûrement par les enfants d’Olivier et accentua un peu son Lumos pour que Juliet et lui y voient plus clair. Le terrain était juste après les grands arbres. Il avait innocemment posé la question de savoir qui gardait la petite Gabrielle ce soir. Après tout Dubois disait que la jeune femme était célibataire mais on ne pouvait pas vraiment lui faire confiance sur ce genre d’information... Pour autant, elle sembla le confirmer, en disant que le père de sa fille vivait au Pérou. C’était « juste elle. » Il n’y avait évidemment pas de bonne manière de réagir à cela, il n’allait pas lui dire qu’il trouvait cela mieux étant donné qu’il la trouvait très séduisante... Il se contenta donc de hocher la tête.

- Ce n’est pas trop difficile, avec ton boulot ? Les matches en extérieur, les déplacements en Europe, les soirées presse ?
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeLun 6 Mar 2023 - 10:49
Juliet eut un rire lorsque Charlie mentionna la traditionnelle chanson du Choixpeau. Evidemment, seules les qualités inhérentes à chaque maison étaient énumérées ; courage, bravoure, noblesse et force d’esprit… En revanche, on ne parlait pas des tendances arrogantes de certains Gryffondor, ni de leur fâcheuse habitude à vouloir attirer l’attention sur eux.

« Les mauvaises langues te feraient remarquer que courage, bravoure et hardiesse sont plus ou moins des synonymes mais les vrais Gryffondor connaissent la nuance. » souligna-t-elle avec un sourire amusé.

Elle en plaisantait mais elle avait beaucoup d’affection pour ses camarades. Elle-même était un pur produit de Gryffondor – le Choixpeau n’avait pas hésité une seule seconde avant de la répartir là-bas – et elle s’était épanouie dans cette maison bruyante et agitée. Elle avait pris part à la rivalité entre les différentes maisons de Poudlard, avait défendu les couleurs de Gryffondor avec fierté. Mais forcément, lorsqu’elle avait quitté l’école, cette répartition artificielle avait perdu une part de son sens.

« J’aurais préféré ne pas le voir non plus, rebondit Juliet avec une grimace lorsque Charlie évoqua la cuisante défaite de Flaquemare face aux Chauve-Souris. Notre gardien a passé un sale moment. »

Cela avait été le match le plus difficile de la saison. Les Chauve-Souris avaient d’excellents attaquants et, face à eux, leur gardien n’avait pas fait le poids. La presse sportive avait été particulièrement virulente envers l’équipe titulaire de Flaquemare ce qui n’avait pas aidé Olivier à décolorer après le match. Après ça, ils n’avaient pas eu une seconde pour souffler et leurs entraînements avaient été plus qu’éprouvants pour les préparer à la suite du championnat.

« Si, admit-elle quand Charlie l’interrogea justement sur l’impact de sa carrière sur sa vie de famille. Flaquemare a une garderie donc quand on joue là-bas ça va, mais sinon… » Ce n’était pas évident de concilier ses obligations professionnelles avec son statut de mère célibataire. « J’essaie de la prendre avec moi le plus possible et si c’est impossible je la laisse à mes parents ou à sa nourrice. Ce n’est pas toujours facile, reconnut-elle, mais je m’y attendais. »

Les choses s’étaient un peu apaisées depuis que Gabrielle s’était habituée à ce nouveau rythme. Elle ne rechignait plus (trop) à aller à la crèche ou à passer une soirée chez son grand-père. Juliet, en revanche, avait toujours le cœur serré lorsqu’elle devait quitter sa fille.

« Tu as passé presque vingt ans en Roumanie, c’est ça ? reprit-elle en glissant un regard vers lui. Tu reviens seul en Angleterre ou… ? » Elle ne sut pas exactement quoi mettre derrière ce « ou » et laissa donc sa question en suspens.

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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeLun 6 Mar 2023 - 19:39
Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Le-prince-harry
Charlie Weasley, 39 ans

- Les mauvaises langues sont sûrement à Serpentard, répondit Charlie d’un air désolé.
Il en plaisantait car il savait à quel point cette répartition n’avait plus de sens quelques années après l’école. S’intéresser à la maison de quelqu’un était un peu comme demander le signe astrologique : un fun fact, qui était parfois très en adéquation et d’autres fois très surprenant. Les maisons de Poudlard permettaient de s’inscrire dans un esprit de corps, de famille, qui était nécessaire pour des enfants qui s’éloignaient de leur foyer. C’était, après tout, leur maison. Les camarades de dortoir étaient souvent les premiers amis et même si d’autres affinités se forgeaient par la suite, ils restaient un peu comme des cousins éloignés qui avaient tendance à laisser traîner leurs caleçons et à faire des traces de dentifrice sur le miroir. Sans leur maison commune, il n’aurait sûrement pas été aussi proche de Rory par exemple et des hommes aux personnalités aussi différentes - au premier abord - que Percy et Olivier ne seraient jamais devenus amis. Il hocha justement la tête à la mention de Dubois, grimaçant lorsque Juliet confessa que leur gardien avait passé un mauvais moment. Il était un entraîneur défensif exigeant et étant donné qu’il avait joué comme gardien... Il savait parfaitement de quoi il parlait.

- Ça m’étonne que le pauvre bougre n’ait pas été prêté en représailles à un obscur club du fin fond du Péloponnèse...

Le monde du Quidditch pouvait être cruel et les joueurs être déplacés comme des pièces parfois. La presse, la notoriété écrasante, le rythme de vie difficile... Charlie ne disait pas qu’ils étaient les plus à plaindre, car ils étaient grassement rémunérés pour cela, mais voyait suffisamment de contraintes dans cette carrière pour avoir choisi de ne pas l’embrasser alors que les portes s’ouvraient devant lui. Juliet, elle, composait avec son métier et ses responsabilités de mère, sans le père pour l’aider.

- J’imagine, répondit-il avec douceur lorsqu’elle confia que ce n’était pas toujours pas facile. Mais il y aura plein de choses positives à sortir de tout cela, suggéra-t-il avec positivité. Elle va pouvoir voyager, découvrir plein de choses et, peut-être un jour, qui sait... Devenir capitaine de l’équipe de quidditch de Gryffondor !

Il avait l’air malicieux en déclarant cela. Il conservait facilement avec elle, il avait envie de la faire rire. Il redressa un peu la trajectoire pour passer sous un noyer, en direction du terrain dont les contours commençaient à se dessiner face à eux.

- C’est ça, acquiesça-t-il alors que le rayon de lumière de sa baguette magique éclairait une petite forme qui s’empressa d’aller se dissimuler dans des fourrés. La question qui s’en suivit ne put s’empêcher de lui tirer un sourire. Cela lui faisait plaisir. Il avait l’impression de ne pas être le seul à tâter le terrain. Je reviens seul, oui. Enfin seul si tu ne comptes pas mon immense famille et mes, comme tu as pu le voir, amis très envahissants. Mais sinon seul, oui, répéta-t-il en lui adressant un sourire en coin.

Il redressa le bras face à eux.

- Tiens, regarde.

Le terrain de Quidditch des Dubois se dressait sur le bord de la falaise. Comme aimait à le dire Olivier, il était « miniature. » En effet, un véritable terrain, aux normes de la Ligue internationale, faisait 152 mètres de longueur pour 56 mètres de largeur. En raison de la topographie, celui-ci ne faisait « que » 97 mètres sur 39. Les poteaux étaient également un peu moins hauts, pour donner une moindre prise au vent de la côte. Un grand ovale blanc sur l’herbe délimitait la zone où les cognard se déplaçaient, pour permettre aux rares spectateurs (pour qui quelques chaises de jardin avaient été déplacées) d’être en sécurité.

- Du Dubois tout craché, quoi.

Il en plaisantait mais ce que Charlie avait toujours apprécié dans cet endroit, c’était la falaise qui s’arrêtait quelques mètres plus loin. On entendait le fracas des flots contre les rochers, le vent portait les embruns jusqu’à leurs narines, sifflait légèrement à leurs oreilles maintenant qu’ils étaient sortis de la barrière que formaient les arbres. De jour, la vue sur la mer était splendide. Il avait déjà joué quelques parties ici, toujours avec un plaisir non dissimulé.
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeMar 7 Mar 2023 - 11:51
« Olivier l’a menacé de le faire transférer au SCQ au prochain mercato, confia Juliet avec une grimace. C’est dire à quel point il était vraiment énervé. »

Le SCQ – qui avait réussi à se maintenir dans le championnat principal pendant quelques années – enchaînait désormais les saisons catastrophiques et avait récemment été reclassé en Ligue 2. Ils étaient la risée du milieu depuis que leur nouveau poursuiveur – sûrement très stressé par son premier match officiel – avait enfourché son balai… A l’envers. La presse sportive avait été – et était toujours – franchement moqueuse. Actuellement un transfert au SCQ était probablement la plus grande menace que pouvait formuler Olivier à l’encontre de ses joueurs.

Les joueurs professionnels vivaient de toute façon avec cette menace constante d’être transférés dans un autre club. Le monde du Quidditch était parfois impitoyable et les logiques financières faisaient que les principaux concernés n’avaient pas toujours leur mot à dire. Evidemment, plus le joueur était bon, plus il avait de marge de manœuvre. Mais si les résultats n’étaient pas là…

Pour l’instant, la position de Juliet à Flaquemare n’était pas menacée ; elle avait fait une bonne saison jusqu’ici et son entraîneur était satisfait de sa réintégration dans l’équipe principale. Mais son avenir demeurait incertain – ce qui, évidemment, renforçait les inquiétudes qu’elle avait en tant que mère. Aussi, le commentaire de Charlie lui tira un sourire qui se transforma en rire suite à sa plaisanterie.

« Et ça deviendra ma phrase préférée pour l’introduire. Gabrielle, ma fille, capitaine de l’équipe de Gryffondor, déclara-t-elle avec malice. Bon, elle n’est pas très convaincue par le balai-jouet pour l’instant mais tout n’est pas perdu. »

Gabrielle n’était pas une enfant particulièrement téméraire. Elle aimait bien chevaucher son balai-jouet mais uniquement si sa mère était là pour la stabiliser et l’empêcher de tomber (elle avait eu une mauvaise expérience un jour et s’était cognée assez fortement la tête contre le pied d’un fauteuil.) Actuellement, son jeu préféré était d’imiter une marchande (ou une cuisinière, ou un mélange des deux) avec les petits fruits et légumes en bois qu’elle pouvait couper avec un faux couteau car ils étaient reliés au milieu par du scratch. Elle s’appliquait beaucoup – ce que Juliet trouvait adorable et qui ne risquait pas de les conduire aux urgences pédiatriques.

« Une immense famille ? releva Juliet en souriant légèrement lorsque Charlie appuya à nouveau sur le fait qu’il rentrait seul en Angleterre. J’ai rencontré ton frère George… Et tu as une sœur, qui a joué chez les Harpies, c’est ça ? »

Sur cette question, ils débouchèrent sur une plaine qui surplombait la mer.

« Waouh. » souffla-t-elle en s’avançant de quelques pas.

C’était tout simplement impressionnant. Le terrain – plus petit que ceux sur lesquels elle jouait traditionnellement – longeait une falaise qui descendait en à-pic jusqu’à la mer. Le vent était plus fort ici car aucun arbre ne venait le couper. Face à eux, l’horizon s’étendait à perte de vue.

« C’est magnifique, commenta sincèrement Juliet en se tournant vers Charlie. Je ne suis pas du tout surprise qu’Olivier ait un terrain de Quidditch dans son jardin, par contre… » Elle eut un sourire malicieux. « Je suis étonnée qu’il ne soit pas aux normes de la Ligue. »
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Mar 2023 - 15:58
- Je l’imagine bien, répondit Charlie en secouant la tête lorsque Juliet fit le récit de ce pauvre gardien malmené par Olivier.

Son ami avait un sacré tempérament et était surtout très investi dans tout ce qu’il faisait. Le SCQ était un club de l’ouest de la France qui s’était récemment pris des défaites assez abominables et médiatisées. Les images de l’un de leurs poursuiveurs montant à l’envers sur son balai lors de son premier match avait fait le tour de la presse. Se faire menacer d’un transfert au SCQ était sûrement la menace à la mode dans tous les clubs professionnels.

- Peut-être que le balai-jouet n’est justement pas assez dangereux à son goût, suggéra-t-il à l’évocation de Gabrielle. Peut-être que c’est trop lent pour elle, peut-être qu’elle rêve de faire des loopings à trois cent kilomètres heure au dessus de la Manche.

Comme certains enfants qu’il ne mentionnerait pas. Charlie n’était pas parent - et il était assez casse-cou - mais il pouvait bien imaginer le genre de crise cardiaque que cela pouvait donner aux membres de la famille. En vieillissant, il avait eu un peu plus de compassion pour sa mère qui ne supportait pas qu’il raconte ses entrevues les plus dangereuses avec les dragons. Sa famille arriva d’ailleurs sur le tapis alors que Juliet relevait qu’il l’avait désignée comme immense. Il hocha la tête à la mention de son frère George et de Ginny.

- C’est ça, quelques années chez les Harpies, puis elle a arrêté à la naissance de son premier. Mais en réalité, on est sept.

Il s’interrompit quelques secondes. Pendant des années, tout cela avait été évident, ils étaient sept. Puis la bataille de Poudlard, la perte de Fred… Charlie n’avait jamais pu se résoudre à dire qu’ils étaient six, il avait l’impression de trahir l’existence de son frère à chaque fois. Dans le même temps, dire qu’ils étaient sept n’avait plus la même résonance, plus la même évidence. Ils étaient sept dans son esprit, dans son coeur ; dans les faits, ils n’étaient pas sept mais ils n’étaient pas six non plus.

- Mon frère Bill, l’ainé, je suis le cadet, mon frère Percy - qui est un ami proche d’Olivier, ils étaient dans le même dortoir - Fred et George les jumeaux, Ron et Ginny, qui est la petite dernière.

Sa voix était un peu plus rauque quand il lança :

- On a perdu Fred dans la Bataille de Poudlard.

L’arrivée devant le terrain de Quidditch le dispensa de s’appesantir sur ce fait douloureux. Le vent battait la lande, l’odeur salée de la mer venait frapper leur visage. Il hocha la tête lorsque Juliet déclarait que c’était magnifique.

- C’est vrai que je suis impressionné à chaque fois. Je crois que c’est ma partie préférée de la maison.

Il lui semblait que c’était également la partie préférée de son ami. La petite plaisanterie de Juliet lui tira un rire. Cette histoire de normes avait longtemps été une petite blague dans leur groupe d’amis.

- Ne m’en parle pas, c’est le grand drame de sa vie ! Il le voulait, à la base, mais il y avait des « impossibilités structurelles » cita-t-il avec ses doigts. Des histoires d’effritement de la falaise, il aurait fallu la stabiliser avec des sorts, c’était toute une histoire avec la mairie… Il a fini par renoncer… Comme quoi, l’argent ne fait pas le bonheur, ricana-t-il. Mais maintenant il te dirait qu’il y a plein d’avantages à jouer sur un terrain plus serré pour apprendre à voler, que ça a beaucoup enrichi Andrew et d’autres trucs comme ça. Dans les faits, je pense qu'il rage.

Charlie tourna la tête vers les buts du côté droit, qui scintillaient sous la lune.

- Il organise des matches des fois, avec nous tous. Ça serait sympa que tu viennes jouer, un de ces jours...
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeLun 20 Mar 2023 - 20:01
« Je crois que je préfère qu’elle organise des tea-party avec ses peluches. » admit Juliet avec un sourire lorsque Charlie évoqua chez Gabrielle une possible envie de faire des loopings au-dessus de la Manche.

Elle n’allait pas s’en plaindre – surtout si cela tenait Gabrielle loin des urgences. Elle adorait le Quidditch, la vitesse, les manœuvres compliquées qui faisaient dangereusement grimper son taux d’adrénaline mais elle n’avait pas foncièrement envie d’observer sa fille faire une feinte de Wronski et manquer de s’écraser sur le sol sur un balai lancé à pleine vitesse. Avec un peu de chance, Gabrielle se prendrait de passion pour une activité avec moins de sensations fortes (et à côté du Quidditch, n’importe quel sport paraissait bien inoffensif : même le rugby ne se jouait pas à cinquante mètres du sol, sans casque).

Juliet releva la mention de la famille nombreuse de Charlie, sans pouvoir s’empêcher de sourire lorsqu’il appuya à nouveau sur le fait qu’il rentrait seul en Angleterre. Même si, visiblement, plusieurs personnes l’y attendaient de pied ferme. Une large fratrie, comme il le lui expliqua ensuite : cinq frères et une sœur. Elle s’apprêtait à rebondir sur le sujet, lorsqu’une ombre passa sur le visage de Charlie. Il n’avait plus que quatre frères.

« Je suis désolée. » souffla Juliet en posant brièvement sa main sur son avant-bras.

Cette confession avait remué quelque chose en elle et un éclat de tristesse traversa fugacement son regard. La perte d’Irving était encore vive – s’atténuerait-elle un jour ? – et son cœur se serra doucement face à ce cruel parallèle. Elle avait aussi perdu un frère et ce souvenir ne cessait d’être douloureux. Elle avait vu son corps sans vie, son visage figé pour l’éternité, ses vêtements froissés par l’effort, tâchés par le sang… Lorsqu’ils débouchèrent sur la plaine frappée par le vent, elle prit quelques secondes pour laisser s’échapper ses pensées sombres, désormais habituée à ce qu’elles surgissent au détour d’une conversation. Elle finit par offrir un Charlie un commentaire amusé au sujet du terrain bâti par Olivier, tout en conservant au creux de son ventre la marque de cette tristesse.

Elle savait, au fond, qu’elle ne disparaîtrait jamais. Qu’elle pourrait se faire moins forte, moins vive mais qu’elle serait toujours là, tapie dans l’ombre et qu’elle serait forcée de vivre avec jusqu’à rejoindre son meilleur ami dans ce monde inatteignable qu’il avait rejoint quelques mois plus tôt.

« Il rage sûrement, confirma Juliet avec un petit sourire en tournant doucement sur elle-même pour évaluer le terrain et sa superficie. Mais ça ressemble bien à Olivier, de faire preuve de mauvaise foi. »

Même si, dans les faits, il n’avait pas tort : s’entraîner sur un terrain plus petit obligeait à une extrême précision dans les manœuvres. En revanche, il était impossible de déployer certaines tactiques de jeu, qui requéraient un plus grand espace…

« Avec plaisir. » répondit-elle à la proposition de Charlie. Elle avait un sourire sincère. Une remarque lui traversa l’esprit et elle la livra finalement, avec un regard en coin pour lui : « J’imagine que si tu demandes à nouveau à Olivier de m’inviter, il acceptera bien une deuxième fois… »
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeMer 9 Aoû 2023 - 0:07
Charlie contempla Juliet alors que cette dernière tournait sur elle-même, comme pour mieux admirer le terrain qui s‘offrait à eux. Le vent s’engouffrait bruyamment dans les anneaux et on entendait le fracas des vagues en bas des falaises, l’odeur des embruns imprégnant tout. La vue sur la Manche était à couper le souffle. En journée, par beau temps, on pouvait apercevoir les côtes françaises. Les matches qui avaient lieu ici étaient toujours drôles et intenses. Les participants se donnaient beaucoup, bien décidés à se rappeler leurs heures de gloire dans l’équipe de Gryffondor. Cela lui rappelait toujours de bons souvenirs de jouer avec Olivier et Rory. Pendant les vacances, Andrew et Susan se mêlaient fréquemment à la partie et tout se transformait en de grands éclats d rire. Ils avaient également pour tradition de jouer une partie où ils tiraient au sort leurs rôles, pour éviter que Olivier ne soit sans cesse un infranchissable gardien. Voir Katie jouer batteuse avait toujours son charme. Leurs parties se terminaient souvent par un combat acharné pour le Vif d’Or, toujours plus facile à repérer sur un terrain plus petit. Et comme Juliet le soulignait très bien, Olivier savait très bien faire preuve de mauvaise foi lorsque cela l’arrangeait.

- Dès que son équipe perd, il blâme effectivement le terrain pas aux normes. Mais dès qu’il gagne, il souligne les bienfaits de s’entraîner dans des conditions différentes, expliqua-t-il avec un sourire.

Sur le moment, l’équipe opposée poussait des cris d’orfraie et s’offusquait devant tant de mauvaise foi mais ils finissaient toujours par convenir d’un nouveau match à venir. Il était certain que Juliet s’intégrerait très bien dans cette tradition des beaux jours. L’ancien joueur en lui se disait que cela permettrait en plus d’équilibrer un peu les équipes, d’avoir deux joueurs professionnels sur le terrain... Et le reste de sa personne était juste content à l’idée de passer un peu plus de temps avec la jeune femme. Elle était drôle, vive, pleine d’esprit, ils arrivaient à converser avec beaucoup de facilité. À marcher à côté d’elle, sur cette falaise battue par les vents, il se sentait empli de quiétude.

Un sourire flegmatique s’installa sur son visage à la petite remarque de la jeune femme. Il secoua doucement la tête, amusé. Il se doutait bien que cela finirait par lui revenir au visage... Pour autant, elle ne semblait ni contrariée ni agacée. Elle souriait, elle aussi.

- On peut toujours compter sur la subtilité de Dubois, hein, commenta-t-il en enfouissant ses mains dans les poches de son manteau.

Rassemblant tout son courage, Charlie pencha légèrement la tête.

- J’ai aimé discuter avec toi à Flaquemare Juliet, et j’ai passé une très bonne soirée ce soir aussi... Il fit une légère grimace et tempéra, malgré la petite humiliation publique gratuite fournie par Olivier.

Haussant légèrement les épaules, il posa son regard clair sur elle.

- J’aimerais bien te revoir, si cela te dit aussi. Tu peux tout à fait dire non, je ne le prendrais pas mal, assura-t-il avec sincérité. Mais si cela te va, on pourrait aller boire un café la prochaine fois que je suis en Angleterre. Cette fois-ci, sans mes amis. Je les aime beaucoup mais je vais avoir besoin de passer beaucoup de temps en Roumanie pour me rappeler à quel point je les aime...


******

Et du temps en Roumanie, Charlie n’en n’avait plus beaucoup. Son retour définitif au pays était prévu pour le début du mois de mars. Il avait vidé son appartement, mis en carton les vingt dernières années de sa vie. C’est avec un pincement au coeur qu’il contemplait les paysages familiers de la réserve. Il était heureux de ce nouveau départ, heureux de retrouver sa famille et ses amis mais il avait construit sa vie ici pendant de nombreuses années. Ces dernières semaines, il avait enclenché le compteur des dernières fois. Sa dernière garde de nuit à veiller sur les couveuses, la dernière fois que ses collègues et lui partaient ensemble dans la forêt pour chercher des traces de nidification, la dernière pinte de țuică dans le bar du petit village sorcier local, au coeur du parc naturel des Monts Maramures...

Des dernières fois qui s’entremêlaient ce soir de premières fois. Par un hasard du calendrier, le match qui avait lieu ce soir au nord du pays voyait s’affronter l’équipe locale des Vampires de Vatra et le club de Flaquemare. Un match amical mais prometteur, qui rassemblait les foules. Charlie ne soutenait pas particulièrement les Vampires mais il ne se voyait pas rater l’événement, pour plusieurs raisons. Il était toujours heureux de croiser Olivier et son ami lui fournissait toujours des places en tribune VIP, parfaites pour ne rien manquer du spectacle. En tant qu’ancien joueur, il appréciait toujours une bonne rencontre. Ces deux motifs étaient les raisons les plus rationnelles qui pouvaient le pousser à assister à ce match... La dernière et la plus décisive était que Juliet jouait ce soir.

Cela faisait quelques semaines qu’ils échangeaient régulièrement par téléphone et par messages. Pour pouvoir rester en contact avec la jeune femme, Charlie s’était vite fait à ce petit appareil qu’il avait précédemment tendance à laisser de côté. Il ne l’avait pas évidemment pas dit à ses amis, qui auraient été trop heureux de le charrier.

Suite à la soirée chez les Dubois, Juliet et lui avaient eu un premier rendez-vous. Ils avaient pris un café à Glasgow et avaient discuté pendant des heures. Ils s’étaient découverts de nombreux points communs, en dehors des plus évidents qui les avaient réunis jusqu’alors. L’inclinaison qu’il avait pour elle n’en n’avait été que renforcée. Il la trouvait drôle, intéressante, malicieuse et en même temps impressionnante et déterminée. Lorsqu’ils échangeaient, il ne percevait jamais leur différence d’âge. Juliet avait déjà fait beaucoup de choses dans sa vie et Charlie l’admirait. Il admirait la tendresse qui se dégageait de sa voix lorsqu’elle évoquait sa fille, il admirait la passion qui illuminait ses yeux lorsqu’elle lui parlait de son intérêt pour le Quidditch, il admirait la manière dont elle avait de s’intéresser aux détails, trahissant selon lui une grande empathie pour le monde. Il la trouvait également terriblement belle. Il n’avait pas pu s’empêcher de remarquer la manière dont elle parlait en agitant ses mains fines, le charme qu’elle avait lorsqu’elle souriait, la façon dont elle se déplaçait dans une pièce. Il s’était séparé à contrecoeur d’elle lorsque le soir était venu. Lorsqu’il était revenu en Angleterre voilà quelques semaines, toujours à la recherche d’un logement, ils avaient dîné tous les deux et Charlie avait senti ce même sentiment l’envahir. C’était à la suite de cela qu’ils avaient commencé à beaucoup discuter par écrit et il se surprenait à guetter ses hiboux. Le matin, lorsqu’il se réveillait, il attrapait entre ses mains encore un peu engourdies son Pear pour lire ses réponses et le soir, il ne manquait jamais de lui envoyer une pensée. Même s’il ne l’avouerait pas à voix haute, il s’était un peu langui ces dernières semaines et était heureux de la recroiser ce soir.

Il lui avait alors écrit en lui disant qu’il serait présent au match s’il le pouvait. Un oeuf de Cornelongue pouvait éclore d’un instant à l’autre et il devrait être présent à la réserve si cela arrivait. Il était passé à la couveuse dans la journée et le bébé semblait encore bien au chaud mais ces choses-là pouvaient arriver très vite. Ils avaient trouvé ces oeufs dans un nid abandonné dans la montagne et ils n’étaient certain de leur âge exact. Au dernier instant, il avait envoyé à Juliet une photographie de la coquille aux reflets rougeoyants.

Une heure avant le match, rien ne semblait bouger à la réserve aussi avait-il pris la décision de se rendre au stade, en assurant à ses collègues qu’il serait joignable en cas d’évolution. La ville magique de Vatra était protégée de charmes anti-transplanages en ce soir de jeu aussi avait-il emprunté une cheminette publique. Charlie avait débarqué dans une assemblée vêtue d'un vert sombre, caractéristique des couleurs de l’équipe et qui évoquait la forêt au sein de laquelle Vatra était dissimulée. Le stade se trouvait en contrebas du quartier historique. Entièrement construit de bois, il semblait presque disparaître au milieu des arbres. Sa forme particulière évoquait celle d’un oeuf de dragons, les poutres s’entremêlant pour former les écailles.

Cette fois-ci, pas de tribune VIP pour lui. Il avait obtenu une place sur le virage gauche, à distance des supporters ultras. Pourtant, il avait signifié à Olivier qu’il irait assister au match, en s’attendant à ce que son ami lui propose, comme toujours, de lui envoyer des billets. Mais pas cette fois-ci. Dubois s’était figé dans la cheminette, avait froncé ses sourcils épais et avait déclaré « Je ne vais pas te laisser déconcentrer une de mes joueuses avant un match ! » Charlie en avait été outré. « Je n’ai pas l’intention de la déconcentrer, je viens juste voir le  match ! » De toute manière, avoir accès à la tribune VIP ne donnait pas pour autant accès aux joueurs avant la rencontre. Ces derniers étaient jalousement protégés pour qu’ils puissent se concentrer au mieux. « En plus » avait-il ajouté « c’est un match amical. » Au vu de la tête de son ami, il avait visiblement prononcé des mots interdits. « Amical ou pas, ça reste un match ! Et je te connais, tu vas vouloir venir faire le joli coeur, venir papillonner avec tes yeux bleus et déconcentrer ma joueuse. » Charlie n’avait pas pu s’empêcher d’avoir un rire. « Je ne savais pas que mes yeux bleus te faisaient tant d’effet, Olivier. »

Dubois n’avait été sensible ni à sa plaisanterie ni à ses arguments : Charlie n’était pas la bienvenue près du club de Flaquemare avant la fin du match.

C’est donc au milieu des supporters des Vampires qu’il avait observé le club anglais évoluer. Il avait poliment applaudi lorsque les sept joueurs étaient entrés sur le terrain dans leurs robes bleues signées du jonc d’or : il valait mieux ne pas faire trop de vagues quand on était assis à sa place, surtout au vu du déroulé du match. Flaquemare avait dominé toute la rencontre sans difficultés, enchaînant les buts. Le taux de possession du souaffle avait largement été en faveur des anglais et les batteurs n’avaient pas permis aux roumains d’approcher souvent des anneaux bleus. La saisie du Vif par Flaquemare était venue couronner une victoire déjà écrasante en moins de cinquante minutes : 360 à 20. Lorsque l’arbitre avait sifflé la fin du match, Charlie n’avait cette fois-ci pas applaudi, histoire de ne pas prendre de risques inutiles.

En revanche, il ne s’était pas dirigé vers la sortie du stade comme la plupart des spectateurs. Olivier - dans sa grande mansuétude - l’avait tout de même invité à venir saluer ses compatriotes une fois la victoire remportée (il n’était pas parti du principe qu’ils allaient perdre.) Un assistant aux couleurs de Flaquemare - qui s’était fait copieusement insulter par quelques supporters roumains - était venu le trouver à la porte G pour lui demander de le suivre dans les galeries souterraines, en direction de la zone mixte.

Il avait dépassé les quartiers des Vampires, relativement calmes après une telle défaite, pour rejoindre ceux de leurs invités du jour, bien plus animés. Quelque chose en Charlie se réchauffa alors que des accents et intonations familières lui revenaient aux oreilles. Dans les couloirs qui menaient aux vestiaires des anglais, le staff de Flaquemare discutait avec animation, le sourire aux lèvres. On remettait dans des sacs du matériels, les portes s’ouvraient et se fermaient. L’équipe médicale du club était assise sur un banc et semblait échanger des plaisanteries tandis que dans le fond, des sorciers dont la cravate affichait les armoiries du club semblaient échanger avec un responsable du stade. Les portes des vestiaires étaient ouvertes et on entendait les exclamations de joie de l’équipe, quelques chants et un peu de remue-ménage. Un grand homme blond, que Charlie identifia immédiatement comme Nicks Bergssön, le gardien de l’équipe, en émergea, les cheveux encore détrempés de la douche. Une petite fille toute aussi blonde que lui et vêtue d’un jersey siglé du nom de son père se jeta à son cou, accompagnée d’une femme qui devait être sa mère. L’assistant les dépassa avec un sourire poli et fit un signe à Charlie.

- Monsieur Dubois est sûrement encore en conférence de presse, expliqua-t-il en désignant une lourde double-porte en bas d’une volée d’escaliers. Vous pouvez entrer mais ne faites pas de bruit, s’il vous plaît. Ils ont sûrement bientôt fini.

Charlie le remercia brièvement avant de descendre les marches, poussant doucement la porte battante. Une vingtaine de journalistes étaient installés sur des chaises, face à une scène légèrement surélevée. Assis à une grande table en longueur, devant des panneaux représentant les sponsors du club et de la Ligue Européenne de Quidditch, plusieurs membres de Flaquemare se tenaient assis. Olivier était à gauche, aux côtés d’un autre des coachs de l’équipe. Au centre était Cian Murphy, le recruteur, avec à ses côtés Antoine Levasseur, le capitaine actuel et un des poursuiveurs. À droite de Levasseur se trouvait Juliet, encore dans sa robe bleue, et à côté d’elle, l’attrapeuse. Murphy était en train de répondre à une question et conclut sur la nécessité de préparation de leurs remplaçants pour faire face à la coupe d’Europe qui se rapprochait.

- Zyam Pierstroswki, pour La Gazette de Kiev, j’aurai une question pour Antoine Levasseur...

Charlie se sentait dissimulé par la foule de journaliste et cela le fit sourire. Il n’avait pas confirmé sa présence à Juliet et il avait l’impression d’être un enfant en train de faire une plaisanterie. La conférence de presse s’étira encore quelques minutes avant qu’une officielle de Flaquemare se penche vers le micro pour en déclarer la fin. Dans un raclement de chaises, tout le monde dans la salle sembla se lever. Les journalistes rassemblèrent leurs affaires dans un brouhaha. Olivier se pencha vers son voisin de droite pour lui toucher un mot, tandis que Levasseur et le recruteur Murphy se levaient tranquillement. S’avançant en dépassant deux reporters roumains, Charlie se rapprocha légèrement de la droite de la table, où se trouvait Juliet.

- J’avais une dernière question pour miss Wilson... lança-t-il avec un sourire, en attendant qu’elle relève la tête vers lui. Après un match si brillant, que fait-elle pour décompresser ? Son sourire s’agrandit légèrement et il fit mine de désigner un match imaginaire. Charlie Weasley, pour la Gazette de... de... La gazette du curieux.
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Aoû 2023 - 1:13
Il y avait d'abord eu un café. « Juste un café » avait tempéré Juliet face au sourire goguenard de sa cousine. Cette dernière avait eu une expression dubitative. « Ça a quand même plutôt l'air d'être un rendez-vous. » avait-elle souligné.

Et Ariane avait raison ; c'était effectivement un rendez-vous. Charlie et elle avaient convenu d'une date, d'un lieu, d'une heure. Ils s'étaient retrouvés, un samedi après-midi, dans un café du centre-ville de Glasgow. Juliet était arrivée un peu en avance, le ventre noué par l'appréhension. Elle s'était installée à une table sans parvenir à faire taire la petite voix qui lui soufflait qu'elle n'avait rien à faire ici. C'était trop tôt. Trop tôt après son retour en Angleterre, trop tôt après son divorce, trop tôt après toutes les pertes et toute la souffrance.

Puis la porte s'était ouverte, faisant tinter une cloche. Son regard avait trouvé celui de Charlie et ce contact avait suffi à faire taire la voix pourtant insistante dans son esprit.

Ils avaient parlé pendant des heures, si bien qu'elle avait complètement perdu la notion du temps. A nouveau, elle avait été surprise de la facilité avec laquelle ils conversaient ; ils passaient de sujets légers à des sujets plus sérieux avec fluidité et évidence. Et ils riaient. Ils avaient tellement ri, ce jour-là, que lorsqu'elle était rentrée chez elle, elle avait gardé la trace de ses rires au creux de ses joues.

Quelques semaines plus tard, ils s'étaient retrouvés pour un dîner. Et cette fois-ci, Juliet n'avait pas pu faire semblant qu'il ne s'agissait « que » d'un dîner. Elle l'avait attendu avec trop d'impatience et s'était changée deux fois avant d'y aller. Ils avaient passé toute la soirée ensemble et ne s'étaient quittés que tard dans la nuit après une longue balade sur les quais de la Tamise. En marchant aux côtés de Charlie, Juliet s'était sentie bien. Elle aimait la force tranquille qui se dégageait de lui, la douceur de son rire, la tendresse dans sa voix lorsqu’il évoquait sa famille. Son regard s’illuminait dès qu’il parlait de son métier et l’enthousiasme dans sa voix lui donnait envie de l’écouter pendant des heures. Et puis, elle le trouvait beau. Elle n’avait pas pu s’empêcher de remarquer ses yeux clairs, les taches de rousseur qui parsemaient son visage et les tatouages dessinés sur sa peau. Lorsqu’ils s’étaient séparés, Juliet avait senti son ventre se nouer – pas tant d’appréhension cette fois-ci que d’impatience.

Elle avait déjà hâte qu’ils se retrouvent.

Depuis, ils échangeaient tous les jours et Juliet avait du mal à ne pas consulter fréquemment son téléphone. Ils s’envoyaient des pensées, poursuivaient les conversations qu’ils avaient laissé en suspens la dernière fois, échangeaient des plaisanteries. Quelques jours plus tôt, Juliet l’avait informé qu’elle venait en Roumanie pour disputer un match amical contre les Vampires de Vatra, espérant le voir à cette occasion. Malheureusement, le travail de Charlie l’obligeait à rester à la Réserve ; quelques heures avant la rencontre, il lui avait envoyé la photo d’un œuf qui s’apprêtait à éclore. « Chante-lui une berceuse pour moi » avait-elle répondu, avant d’ajouter dans un autre message : « Oui, j’ai décidé que les bébés dragons aimaient la musique (sûrement le rock). Si c’est faux, laisse-moi vivre dans mon rêve. »

Elle avait rangé son téléphone face au regard insistant d’Olivier qui venait d’entrer dans les vestiaires avec les autres entraîneurs. Elle avait rassemblé ses cheveux en une queue de cheval haute en écoutant leurs dernières recommandations. « C’est un match amical » avait conclu Olivier, « donc on peut leur faire amicalement manger la poussière. » Juliet avait ri.

En cinquante minutes, Flaquemare avait marqué vingt-et-une fois. L’affrontement n’était pas très équilibré ; l’équipe anglaise était largement supérieure. Cependant, l’absence d’enjeux majeurs leur permettait de tester de nouvelles combinaisons et de nouvelles formations, qui s’avérèrent payantes. Le trinôme de Poursuiveurs qu’elle formait avec Antoine Levasseur et Arthvawr Keelan fonctionnait particulièrement bien et s’affirmait au fil des matchs. Face à l’équipe roumaine, ils parvinrent à enchaîner les buts, malgré les tentatives des batteurs pour les déstabiliser.

Lorsque le vif fut attrapé, la liesse s’empara des spectateurs anglais et l’équipe gagnante parada quelques instants, s’octroyant des étreintes en vol avant de descendre serrer la main des joueurs adverses – qui n’étaient pas franchement ravis d’avoir été battus avec un si grand écart à domicile. Juste après le match, les joueurs avaient été priés de rejoindre le point presse, où les journalistes se pressaient déjà, calepins et enregistreurs à la main. Juliet avait été installée entre Antoine et Arthvawr, qu’un journaliste essayait courageusement d’interviewer :

« Une question pour Art… Artw… Arthva… Pour monsieur Keelan. »

Juliet dissimula un sourire en sentant son coéquipier se crisper légèrement à ses côtés. S’il ne laissa rien paraître et répondit poliment à la question, elle sentait qu’il maugréait intérieurement contre « ces foutus anglais incapables de prononcer correctement son nom » (comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises depuis sa sélection à Flaquemare.)

« Bonjour, Samuel Patel pour Le Souafle est dans votre camp. J’ai une question pour Juliet Wilson. Est-ce que ces enchaînements de matchs amicaux ont été une vraie répétition pour vous en vue de la coupe d’Europe ?
-Bien sûr, confirma Juliet en se penchant vers le micro. La coupe d’Europe se rapproche et les matchs amicaux sont la parfaite occasion de tester nos formations et nos combinaisons. C’est notre première saison tous les trois puisque Arthvawr a rejoint Flaquemare au dernier mercato et je pense que nos dernières rencontres nous ont vraiment permis de trouver un équilibre dans notre trinôme et notamment vis-à-vis de notre ligne défensive. »

La conférence se poursuivit pendant encore quelques minutes avant qu’une officielle de Flaquemare n’en annonce la fin. Alors que les journalistes se levaient pour quitter la salle, Juliet s’empara du verre d’eau qu’on lui avait servi un peu plus tôt pour en avaler quelques gorgées. Le regard légèrement levé vers le plafond, elle ne vit personne arriver et tressaillit légèrement en entendant son nom.

Lorsque ses yeux se posèrent sur Charlie, un sourire naquit sur son visage et elle sentit une chaleur s’emparer brusquement d’elle.

« Excellente question pour votre gazette, rebondit-elle avec humour. L’équipe ne repart que demain matin, alors c’est l’occasion de découvrir brièvement le pays… Ou du moins un endroit où manger. » commenta-t-elle avec un regard appuyé. Elle se leva pour lui faire face, sans se départir de son sourire. « Alors comme ça, pas de naissance prévue pour ce soir ? » s’enquit-elle en faisant référence à la photo qu’il lui avait envoyé en fin d’après-midi. « Je suis contente que tu aies pu venir. » ajouta-t-elle, un peu plus bas.
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Aoû 2023 - 20:44
Les yeux de Juliet rencontrèrent ceux de Charlie et ils se sourirent. Elle semblait heureuse de le voir ici et il était heureux de la retrouver ce soir. Elle rebondit sur sa petite plaisanterie et il ne put s’empêcher d’entrer dans le jeu de la fausse interview.

- Cela tombe très bien puisque notre gazette a une rubrique culinaire avec tous les bons plans du pays.

La taverne d’Alexandru, dans une petite rue pavée en contrebas de Vatra était particulièrement renommée chez les locaux, notamment pour ses plăcinta, des petits feuilletés à la viande ou bien au miel, qui étaient servis tout au long du repas. Il les imaginait bien prendre un peu le large, se perdre dans les ruelles de la ville, se réchauffer à l’intérieur des logis pour discuter comme ils l’avaient fait les deux premières fois.

- Pour le moment en tout cas, le dragonnet se fait attendre. J’aimerais bien qu’il pointe le bout de son museau avant mon départ mais nous n’avons pas de contrôle sur ce genre de choses. Dans la nature, la mère dragonne émet des cris particuliers qui permettraient d’accélérer l’éclosion... Mais autant te dire que les miens n’ont pas été très efficaces.

Ils avaient quelques enregistrements de ces fameux cris qu’ils diffusaient dans la nursery mais les oeufs n’en n’étaient que rarement affectés, comme s’ils reconnaissaient qu’il ne s’agissait pas de leur mère.

- Moi aussi, répondit-il en adaptant le grain de sa voix à la sienne alors qu’elle déclarait qu’elle était contente qu’il ait pu venir. C’était un beau match pour Flaquemare, tu as très bien joué et...
- Tiens tiens tiens, Charlie Weasley.

Charlie secoua doucement la tête, sans quitter Juliet du regard. Évidemment que Olivier n’avait pas pu le manquer.

- Olivier, mon pote, répondit Charlie en daignant enfin tourner la tête.

Son ami se tenait au bout de l’estrade, vêtu d’un costume au bleu de Flaquemare, comme le recruteur et l’autre coach. Il l’avait déjà entendu râler sur cette obligation, lui qui était toujours plus à l’aise en tenue de sport.

- Je vois que tu as finalement trouvé ton chemin jusqu’à Flaquemare, le tanna Olivier, c’est toujours sympa d’avoir des fans dévoués comme ça.

L’homme qui était assis à la gauche de son ami, un des autres coachs, le coach Wade, il lui semblait, haussa ses larges sourcils foisonnants mais ne dit rien. Charlie secoua de nouveau la tête, amusé.

- Tu connais mon amour du sport.
- Du sport, c’est ça, oui... La vue n’était pas trop obstruée dans les tribunes roumaines ? interrogea-t-il en se rapprochant d’eux.

Quel Cognard, songea-t-il avec amusement, il savait très bien qu’il avait dû aller dans les tribunes opposées car il lui avait refusé une entrée VIP.

- Elle était très bien, j’ai pu admirer toute la technicité du jeu de Flaquemare. Beau travail du gardien, il s’est rattrapé depuis le match contre les Chauve-Souris. Comme quoi, le coaching par la violence, ça marche aussi.

Olivier fronça les sourcils, semblant ne pas comprendre si son ami se moquait de lui ou pas. Changeant de sujet, il tourna les yeux vers Juliet.

- Vous aviez des plans pour ce soir ?
- Rien qui ne t’implique, je te rassure, badina Charlie, tu dois avoir plein de débriefing à faire, monsieur le coach.

Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeVen 11 Aoû 2023 - 20:08
« Oh mais c’est parfait, rebondit Juliet avec un sourire. Quelle heureuse coïncidence d’avoir un spécialiste ici ce soir. »

Ils partagèrent un regard un peu complice. Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis leur dernière rencontre et, s’ils avaient échangé des messages tous les jours, il y avait une vraie saveur à leurs retrouvailles. Et, comme à chaque fois qu’ils se voyaient, la conversation s’engagea naturellement et avec une étonnant simplicité.

« Je suis très curieuse de te voir imiter les cris d’une maman dragon, commenta Juliet en riant. Ça devait valoir le détour. »

En même temps, elle était contente que le dragonneau ait un peu tardé à naître, ce qui avait permis à Charlie de se libérer ce soir. Elle le lui confia d’une voix plus basse, pour éviter que leur conversation ne soit entendue par les autres membres de l’équipe. Dans le monde sportif, les rumeurs et autres potins pouvaient se répandre assez rapidement. Juliet en faisait parfois les frais ; les journalistes adoraient lui prêter des intérêts amoureux pour l’ensemble de ses coéquipiers masculins. C’était une expérience commune pour les joueuses professionnelles ; elles étaient malheureusement habituées à ce que leur vie privée soit décortiquée et interrogée – quand leurs collègues masculins se voyaient davantage questionnés sur leurs techniques de jeu. Aussi, Juliet préférait ne pas trop attirer l’attention sur la venue de Charlie à la fin de ce point presse… C’était évidemment sans compter la discrétion légendaire d’Olivier Dubois.

Face au regard résigné que Charlie lui renvoya, elle soupira légèrement et tourna la tête vers Olivier. Ce dernier eut toutefois la décence de ne faire que des remarques plus ou moins voilées.

« Tu n’as pas eu une entrée dans les tribunes VIP ? » s’étonna cependant Juliet, bien loin de se douter que son coach avait scrupuleusement gardé Charlie loin d’elle avant la rencontre. « Tu aurais dû me dire, j’ai toujours des places pour nos matchs. »

Lorsqu’elle jouait en Angleterre, elle trouvait facilement des amis ou des proches susceptibles d’être intéressés. Sans surprise, aucun d’entre eux n’avait souhaité faire le déplacement jusqu’en Roumanie pour voir un match amical entre Flaquemare et les Vampires. « Vous allez les rétamer en moins d’une heure, avait souligné Olivia. Tu sais bien que je suis ta plus grande fan mais, vraiment, ça vaut pas le déplacement. »

« Si tu veux tout savoir, Charlie me proposait de me faire découvrir un peu Vatra. Et comme j’ai rempli toutes mes obligations sportives ici, je vais accepter avec plaisir. » fit-elle en souriant à Charlie.
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeSam 12 Aoû 2023 - 21:12
- Non, tu ne veux pas voir ça, déclara très sérieusement Charlie lorsque Juliet plaisanta sur ses imitations de cris de maman dragonne. Il y a des choses qu’il vaut mieux laisser à l’imagination.

Surtout face à une femme qui lui plaisait autant. Les sourires qu’ils échangeaient étaient légers, taquins, ils retrouvaient bien vite la complicité découverte lors de leurs premiers rendez-vous. Il avait très envie de passer la soirée à venir avec elle... et c’était sans compter son emmerdeur préféré, Olivier Dubois.

Son vieil ami ne l’avait évidemment pas raté dans la salle de presse et au vu du regard qu’il posait sur lui, il était visiblement décidé à ne pas jouer les wingman ce soir (un peu décevant car Charlie l’avait connu bien plus coopératif de ce côté-là...)

- Non, répondit-il simplement à Juliet qui s’étonnait qu’il n’ait pas eu de place en tribune VIP. Petit regard entendu pour Olivier, ce faux-frère. Je n’allais pas t’embêter, surtout que je n’étais pas certain de pouvoir venir. Ma place était très bien, je n’ai rien raté du match.

Mais la prochaine fois, il n’hésiterait pas à court-circuiter Dubois.

- Ton virage était très bien, confirma son ami. Tu pouvais parfaitement te concentrer sur le match, sans distraction.

Peu subtil, songea Charlie, mais c’était bien Olivier. Il tourna les yeux vers Juliet lorsque cette dernière déclara tranquillement qu’il lui avait proposé de découvrir la ville, rappelant au passage que ses obligations sportives étaient terminées.

- Il y a encore le couve-feu, répondit Dubois automatiquement et, à cet instant, Charlie vit parfaitement pourquoi lui et Percy étaient très amis.

Il est vrai que les joueurs de Quidditch étaient extrêmement contrôlés par leur club pendant la saison, surtout en déplacement. On surveillait leur régime, leur prise de poids, ils avaient des consignes d’hygiène de vie assez strictes. Grâce à Ginny et Olivier, Charlie avait beaucoup entendu parler du milieu. Il n’était pas rare qu’un joueur se fasse convoquer par son entraîneur et la présidence du club s’il était plus vu en soirée les week-end qu’à s’entraîner bien sagement, surtout si les résultats sportifs ne suivaient pas. En déplacement, ils étaient tous logés dans le même hôtel avec un couvre-feu et il était assez mal vu de sortir aller faire la fête en boîte de nuit, même après une victoire.

Pour autant, il savait également très bien qu’il y avait des exceptions : son ami et lui étaient déjà sorti alors qu’il était en déplacement, discrètement. Ils avaient passé des soirées ensemble après des matches, notamment quand il jouait en Bulgarie pour les Vautours de Vratsa. Olivier était extrêmement impliqué dans sa carrière et dans son jeu, mais il n’était pas le dernier à faire le mur. Après tout, on parlait d’adultes (à peu près) raisonnables et d’athlètes professionnels. C’était un peu incongru de les gérer comme des adolescents qui seraient encore élèves à Poudlard.

- Oui, concéda donc Charlie à la mention du couvre-feu, mais premièrement il est tôt et deuxièmement... Je crois me rappeler d’une soirée à Sofia avec toi, après que les Vautours l’aient emporté contre les Manticores de Mykonos. De mémoire, ça impliquait une boite de nuit, des magnums de champagne et des serveuses qui servaient des shots entre leurs se...

Olivier eut un geste impatient de la main. Il avait l’air scandalisé.

- Je ne m’en rappelle pas.
- Sûrement les shots de vodka, ça, Dubois, répliqua Charlie d’un air compatissant. Tu sais, ajouta-t-il en se tournant vers Juliet, Olivier tient très bien l’alcool en temps normal mais la vodka bulgare, c’est quelque chose. À la fin de la soirée, je l’ai retrouvé...
- La ferme, s'agaça Dubois. Je vois très bien ce que tu es en train de faire. Tout ça pour pouvoir cou...
- Olivier, l’interrompit Charlie. Toi et moi, on est amis depuis longtemps, non ?
- Hum.
- Si. On est amis depuis très longtemps, même. Et pourtant, qu’est-ce que tu me fais ? Tu joues le coach tyrannique face à moi ? Charlie secoua la tête d’un air accablé. Toi mon ami depuis vingt ans ? Mon... joueur ? Tu fais à ton capitaine ?

Il avait touché la corde sensible. Il vit quelque chose chanceler en Dubois. Son regard allait de Juliet à lui, visiblement partagé entre sa dévotion à son club et sa dévotion à la Sainte Hiérarchie du Quidditch dans son esprit. Après un instant de silence, il capitula.

- T’es vraiment une enflure.

Un grand sourire naquit sur le visage de Charlie. Il secoua avec affection l’épaule de son ami.

- Mais non.

Olivier secoua la tête et envoya un regard d’avertissement à Juliet.

- Si tu te fais prendre...

Il laissa planer la menace un instant avant de se détourner. Charlie attendit quelques secondes pour glisser à voix basse :

- Si tu te fais prendre, c’est trente points en moins pour Gryffondor et une soirée à récurer des chaudrons.

Olivier avait attrapé ses affaires et quittait la pièce avec le recruteur.

- N’empêche, Dubois est le seul homme sur terre que tu peux véritablement contrôler avec un badge de capitaine vingt ans après... ça me fascine. Drôle de mec.
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeLun 14 Aoû 2023 - 0:29
Les commentaires d'Olivier n'étaient ni subtiles, ni franchement délicats. En l'entendant parler de « distraction », Juliet lui lança un regard en biais mais fit, comme Charlie, le sage choix de ne rien répondre. En revanche, lorsqu'il mentionna le couvre-feu auquel elle était soumise, elle ne put s'empêcher d'intervenir :

« Olivier, franchement... »

La saison n'était peut-être pas finie mais une semaine les séparait de leur prochain match. Ce n'était pas comme lorsqu'ils enchaînaient les rencontres tous les trois jours... D'autant plus que Juliet trouvait Olivier bien culotté de lui faire cette remarque ; du fait de son statut de mère célibataire, elle avait un rythme de vie relativement tranquille. Contrairement à la plupart de ses coéquipiers - qui ne portaient pas de charge familiale, soit parce qu'ils étaient célibataires, soit parce qu'ils étaient mariés - elle n'avait pas l'occasion de sortir si souvent que ça. Et Olivier avait beau appeler au couvre-feu, cela n'avait jamais arrêté quiconque... Évidemment, ils étaient solidaires entre joueurs et veillaient à ne pas se trahir face à la direction du club. Elle avait couvert Antoine et Art lorsqu'ils avaient joué en Espagne contre le BarQua en prétendant qu'ils l'avaient aidé à s'occuper de Gabrielle pendant une partie de la soirée (ce qui était faux mais on attaquait plus difficilement la parole d'une jeune mère célibataire).

Et puis, au-delà du fait que ce couvre-feu était autant bravé que celui de Poudlard, son existence même était un peu absurde ; on les surveillait comme des adolescents mineurs, incapables de connaître leurs limites. Pendant la saison, ils étaient plus suivis que des enfants en pleine croissance : on surveillait leur poids, leur régime alimentaire, la qualité de leur sommeil... Et certains coachs étaient connus pour être particulièrement stricts et à cheval sur les règles. Bien sûr, Olivier était de ceux-là.

Prudemment, Juliet laissa Charlie mener cette conversation ; avec les années, elle avait appris à éviter d'argumenter avec Olivier (il était tellement têtu qu'il valait mieux agir d'abord et le prévenir ensuite.) Elle se contenta de hausser légèrement les sourcils à la mention d'une soirée très arrosée après une victoire, du temps où Olivier jouait pour les Vautours.

« Quoi ? fit-elle mine de s'offusquer. Tu bravais le couvre-feu ? Toi, Olivier Dubois ? »

En réalité, elle n'était pas trop étonnée non plus ; la vie d'Olivier Dubois, capitaine de Flaquemare et capitaine de l'équipe nationale d'Angleterre avait longtemps défrayé les chroniques. Une vie que Charlie connaissait bien puisque, comme il le rappela, ils étaient amis depuis très longtemps. Suffisamment longtemps en tout cas pour qu'il sache parfaitement sur quels boutons appuyer pour faire ployer Olivier. Face à cette démonstration, Juliet réprima un rire. Évidemment que Dubois ne pouvait rien dire quand on en appelait à la hiérarchie du Quidditch. Il s'éloigna après une dernière menace et elle secoua la tête.

« Oh non, répondit-elle à Charlie sur le même ton. Pas samedi, c'est la soirée de fin d'année... »

Elle eut un rire en récupérant ses affaires. C'était effectivement l'effet que lui faisait parfois cette organisation très strict ; l'impression d'être de retour à Poudlard, plusieurs années après avoir quitté l'école.

« Ah ça, réagit Juliet lorsque Charlie qualifia Olivier de « drôle de mec », plus j'apprends à le connaître et plus je suis... » Elle eut du mal à trouver le mot adéquat et se décida pour celui qui résumait le mieux son état d'esprit : « Stupéfaite. » Son regard retrouva celui de Charlie et elle proposa : « Je passe me changer et je te rejoins dehors ? »

Quelques minutes plus tard, elle quittait la salle de conférence pour les vestiaires. Elle s'était douchée après le match mais ils étaient obligés de porter leurs tenues officielles pour les apparitions publiques. Elle la troqua contre des vêtements qui ne criaient pas son appartenance à Flaquemare et dénoua ses cheveux maintenus dans une tresse. Avisant Antoine qui passait un pull par dessus son t-shirt blanc, elle l'interpella :

« Antoine ?
-Oui ?
-Ça te dérange de prendre mes affaires et de les ramener à l'hôtel ?
-Tu rentres pas ? s'étonna-t-il
-Non, je sors dîner dans Vatra.
-Oh. » Il se tourna plus franchement vers elle. « Ooooh. C'est un rendez-vous ? » lui demanda-t-il en français, sa langue maternelle. Il reprit en anglais, taquin : « Avec le très bel homme qui est venu à la fin de la conférence ? Celui avec des tatouages un peu partout ?
-C'est un ami, répondit Juliet sans pouvoir retenir un sourire.
-Un « ami », bien sûr, ricana Antoine. Un ami avec lequel tu vas t'envoyer en l'air pendant que je ramène sagement tes petites affaires à l'hôtel. » Il posa une main sur sa poitrine, faussement outré. « Je suis quoi pour toi ? Ton majordome ?
-Oh, s'il-te-plaît, rit Juliet. Je te sers d'excuse au moins deux fois par mois quand tu sors en boîte. Je laisse ma fille te servir d'excuse !
-Et je serai éternellement reconnaissant envers Gaby de me permettre de cou... »

Il n'eut jamais l'occasion de terminer sa phrase ; Juliet lui avait lancé sa cape bleue pour le faire taire. Elle s'éloigna en agitant la main :

« Merci Antoine ! »

Elle quitta les vestiaires sur un « Amuse-toi bien Wilson ! » chargé d'un sous-entendu qu'elle ne prit pas la peine de relever. Parcourant les couloirs du stade, Juliet finit par déboucher sur la sortie. La plupart des spectateurs étaient déjà partis ; sur la place devant le stade, il n'y avait plus que quelques groupes éparpillés qui parlaient avec animation. Avisant Charlie qui lui tournait le dos, elle s'approcha de lui :

« Je suis prête, annonça-t-elle en se glissant à ses côtés. Prête à faire le mur, visiblement, ajouta Juliet en secouant la tête. Quelle curieuse expérience de faire ça à l'âge adulte. » rit-elle. « Alors. Quelles sont les recommandations culinaires de ta fameuse gazette ?  »

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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 0:17
- Et si, confirma Charlie en secouant la tête avec dépit, puis avec tous ces points perdus, c’est certain que Poufsouffle va nous doubler dans la Coupe des Quatre Maisons...

C’était tout ce que pouvait leur évoquer le contrôle que les clubs exerçaient sur ces athlètes professionnels. Dans quel autre emploi devait-on rendre des comptes à son employeur sur son régime alimentaire ou sur ce qu’on faisait de ses soirées lors d’un déplacement professionnel ? Néanmoins on pouvait facilement rétorquer « dans quel autre emploi gagnait-on des millions et des millions de gallions ? » Ce n’était peut-être pas la justification à tout mais cela devait aider à supporter les soirées à l’hôtel entre deux matches, sous l’étroite surveillance de ses entraîneurs (pour ne pas dire Olivier Dubois).

Il adressa un sourire à Juliet alors qu’elle rassemblait ses affaires, jetant un coup d’oeil en direction du couloir où Olivier avait disparu. Charlie réalisa à ce moment-là que son ami ne lui avait même pas dit au-revoir, occupé à être vexé. Bah, songea-t-il. Il s’en remettrait. Il lui passerait un coup de Cheminette dans quelques jours et tout serait oublié (c’était faux. Dubois lui en parlerait jusqu’à la fin de sa vie. Il attendrait l’exact moment pour lui remettre en pleine figure qu’il était venu distraire sa joueuse pendant la saison, en allant la chercher jusque dans l’enceinte du stade. Il le connaissait comme s’il l’avait fait.) Quand Juliet déclara que plus elle apprenait à le connaître plus elle était stupéfaite, Charlie pencha la tête sur le côté, s’accordant une seconde de réflexion.

- Ouais, il n’y en pas deux comme lui... Un sourire s’inscrivit sur ses lèvres. C’est le meilleur ami que j’ai jamais eu, confessa-t-il avec un élan de tendresse.

Il n’en changerait rien pour rien au monde.... Il se contentait de prendre des petites vacances de temps en temps, histoire de recharger sa jauge à Olivier, pour mieux le retrouver.

- Je t’attends dehors, sur le parvis, confirma-t-il sans se départir de son sourire, alors qu’elle glissait qu’elle allait juste se changer.

Il l’observa quitter la pièce, sa queue de cheval dévoilant le dessin de sa nuque. Se redressant de la table sur laquelle il avait appuyé ses avants-bras, Charlie réalisa qu’il était désormais dans une salle de presse vide. Les couloirs bruissaient encore des allers et retours du staff de Flaquemare alors qu’il reprenait son chemin en sens inverse. Les balais des joueurs avaient été récupérés et étaient en train d’être lustrés par les intendants avant d’être rangés dans leurs sacs de transports ; à quelques pas des médicomages encore en tenue, une jeune femme avec une oreillette Vargas, un chignon serré et un polo aux couleurs du club était en train de s’agacer.

- Non, non, on avait dit que le bus attendrait déjà devant, vous vous débrouillez, moi je ne fais pas patienter tout le monde pendant des heures, dans une demie-heure maximum on est partis d’ici, à 21 heures grand max, on est à l’hôtel. Comment ça le... Non mais je m’en fiche, le bus aurait pu être bouffé par un dragon que ça ne serait pas mon problème.

Le stade était de plus en plus calme au fur et à mesure qu’il remontait les longs couloirs. Il déboucha dans l’air froid, sur le grand parvis parsemé d’arbres. Quelques bus de supporters, venus de villages plus éloignés, étaient en train d’attendre les derniers retardataires pour les ramener dans les montagnes en toute sécurité. Les groupes se dispersaient petit à petit. Les spectateurs des Vampires n’avaient pas le coeur à la fête et les supporters de Flaquemare ne semblaient pas avoir fait le déplacement en nombre. Charlie plongea la main dans la poche de son épais blouson vert forêt pour en sortir ses gants. Il causait de la buée à chaque respiration. Les hivers roumains étaient toujours très rigoureux, on aurait pu l’oublier au sein du stade, qui était baigné de sortilèges chauffants.

Son regard s’abima dans la contemplation du quartier historique qui se dressait devant lui. Le stade était en contrebas de la ville, nichée sur un petit vallon. Le village de Vatra était principalement composé de ces anciennes bâtisses, de ces petites ruelles pentues. À y marcher, on avait parfois l’impression de revenir plusieurs siècles en arrière. À l’extrémité ouest de la ville, des quartiers plus modernes avaient vu le jour dans les années soixante-dix et quatre-vingt mais cette urbanisation avait été vite limitée par les autorités. Le village était au coeur du parc naturel des Monts Maramures, un environnement très préservé car il abritait plusieurs espèces locales de dragons. La réserve était à une quinzaine de kilomètres d’ici, un peu plus loin dans la montagne. Pour pouvoir occuper Vatra et ses alentours, les sorciers locaux avaient fait preuve de beaucoup d’imagination. Une petite bicoque biscornue était parfois sous le coup de dizaines de sortilèges d’agrandissements invisibles, réalisés au cours des siècles, et accueillait plusieurs dizaines de personnes. Le village était également connu dans tout le pays pour ses constructions souterraines : initialement bâties à l’époque médiévale pour se protéger des attaques de dragons, qui prenaient des fois les lieux pour un terrain de chasse, elles avaient été conservées et transformées en logement. Les touristes en étaient particulièrement friands. 

Il fut sorti de ses pensées par l’arrivée de Juliet, qui se glissa à ses côtés. Elle avait lâché ses cheveux, remarqua-t-il, ils tombaient sur ses épaules, les mèches blondes rougeoyant presque sous la flamme des lampadaires. Il eut un rire lorsqu’elle glissa qu’elle était prête à faire le mur, alors qu’ils étaient deux adultes.

- Tu peux remercier Flaquemare pour cette petite expérience de voyage dans le temps. Ce n’est pas donné à tout le monde !

Il glissa sa main gantée contre la sienne, lui adressant un sourire avant de glisser ses doigts entre le siens.

- Et bien je pensais à la taverne d’Alexandru, qui sert les meilleurs plăcinta que tu aies jamais mangé de ta vie... et si c’est la première fois que tu en manges, laisse-moi te dire qu’ils seront encore meilleurs. Ils servent également de très bonnes bières, enfin, si tu bois ce soir, ajouta-t-il. Ça ne paye pas de mine, mais c’est là où vont tous les locaux. Mais si tu veux une expérience touristique, le restaurant  Luminita a une vie incroyable sur tous les environs. Ça ne devrait pas être trop bondé ce soir. Et au pire, on peut manger un kebab et boire un soda sur les marches de l’église, si ça peut te ramener encore un peu à une expérience adolescente... J’ai cru comprendre que c’était la thématique, plaisanta-t-il.
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeMar 12 Mar 2024 - 2:16
Lorsque Charlie fit glisser sa main contre la sienne et enlaça leurs doigts, Juliet tourna la tête vers lui pour lui adresser un sourire. Il lui avait manqué. Cela faisait plusieurs semaines qu’ils ne s’étaient pas vus et il lui avait manqué. Ce constat remua quelque chose en elle, un sentiment naissant qu’elle chérissait au creux de son estomac. Ils s’étaient embrassés la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Ils devaient dîner ensemble à Edimbourg mais s’étaient retrouvés un peu plus tôt pour se balader dans la ville. Ils avaient parcouru les petites rues jusqu’au château perché sur une immense falaise. Ils s’étaient embrassés là pour la première fois. Juliet était incapable de dire qui d’elle ou de Charlie avait fait le premier pas ; ils étaient proches l’un de l’autre, avaient ri ensemble et, ensuite, elle ne se souvenait que de la sensation de ses lèvres sur les siennes. Ils avaient eu du mal à se séparer après ça et s’étaient longtemps attardés au restaurant. Ils ne s’étaient séparés qu’à regret, avec la promesse de se retrouver au plus vite. Depuis, ils s’écrivaient tous les jours.

Ils s’étaient accordés pour ne rien dire à personne. Ils voulaient s’offrir le luxe d’avoir le temps d’appréhender tranquillement la nature de leur lien, sans souffrir d’une quelconque pression extérieure (sauf de celle d’Olivier Dubois, évidemment, et c’était déjà bien suffisant comme ça.) Juliet avait besoin de ça pour savoir réellement ce qu’elle désirait. Elle se posait beaucoup de questions, bien évidemment. Entre sa carrière qui décollait, son divorce récent, son statut de mère célibataire... Elle avait l’impression de se tenir face à des obstacles un peu trop hauts, un peu trop menaçants. Cela faisait beaucoup de bruit dans sa tête, parfois.

Et puis, lorsqu’elle était avec Charlie, tout se calmait. C’était facile, naturel et elle savourait chaque minute qu’ils passaient ensemble. Tout n’était pas réglé, il y avait encore beaucoup de questions en suspens, beaucoup de choses dont ils n’avaient pas parlé mais, pour le moment, elle était bien et c’était tout ce qui importait.

Les alentours du stade étaient relativement vides. La plupart des journalistes étaient partis peu de temps après la rencontre et les supporters roumains n’avaient pas de victoire à célébrer dans les rues du Vatra. Par habitude, Juliet jeta tout de même un regard autour d’eux, comme pour s’assurer qu’ils étaient véritablement tranquilles. Elle n’avait pas envie d’être épinglée dans la presse et de subir les questions des journalistes. En Angleterre, cela pouvait être vraiment compliqué (actuellement, on lui prêtait une liaison avec Antoine Levasseur qui était un très bon ami et qui était, aussi, très gay.) Les déplacements qu’ils faisaient étaient parfois l’occasion d’avoir une petite bulle d’air car ils étaient moins connus sur ces territoires et que les journalistes n’étaient pas là à scruter tous leurs faits et gestes. Le goût de l’anonymat était rare et Juliet le savoura en s’enfonçant dans les petites rues de Vatra. Elle eut un rire lorsque Charlie lui proposa de poursuivre son expérience adolescente par un kebab et secoua la tête :

“Un soda ou une bière tiède qu’on aura piqué dans une petite supérette ? demanda-t-elle avec un sourire en coin. Va pour la taverne d’Alexandru. Ce serait dommage d’avoir un si bon guide et de ne pas en profiter pour voir les endroits un peu plus typiques.” Elle pouvait s’accorder une bière ce soir – surtout si c’était local, ce serait dommage de manquer ça – et mourrait de faim après le match. Et puis, elle avait bien envie de se perdre un peu dans les rues de Vatra, de profiter du village avant de retourner en Angleterre. De profiter de Charlie, surtout, dont la main gantée tenait toujours la sienne.

Il ne restait plus que quelques semaines avant son déménagement. Il lui avait envoyé de ses affaires empaquetées dans des cartons, avec une légende humoristique mais qui respirait la nostalgie. Juliet pouvait le comprendre ; la Roumanie était un pays magnifique, avec beaucoup de reliefs. Le village de Vatra était situé sur un plateau et entouré par les montagnes dont les sommets étaient enneigés. Les paysages anglais étaient beaucoup plus plats (même si les falaises de Flaquemare ne manquaient pas de charme). Et puis, ce n’était pas rien de mettre un point final à son expatriation ici, qui avait duré plusieurs années. C’était une large partie de sa vie que Charlie avait dû mettre dans des cartons ; pas seulement ses affaires mais aussi tous les souvenirs qu’il emporterait en Angleterre.

Tout en continuant de marcher, Juliet fit glisser son bras dans son dos pour se rapprocher de lui. Devant eux, les falaises qui se détachaient encore dans la nuit tombante.

“Comment tu te sens, avec ton départ qui approche ?”  
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeMer 20 Mar 2024 - 0:33
- Un soda ou une bière ? répéta Charlie. Pour une véritable expérience adolescente, je pensais plutôt à une bouteille de manzana...

Sa première expérience avec l’abus d’alcool, un soir de fête après une victoire au Quidditch. Des bouteilles avaient été remontées dans la Salle Commune et il avait voulu essayer. La liqueur était sucrée, l’ambiance endiablée et il avait eu la main leste. Il avait été malade dans le dortoir toute la nuit, au point que Rory était allé prévenir Bill, à défaut du professeur McGonagall. Son frère était monté le voir, avait pris soin de lui, l’avait aidé à se recoucher avec une bassine à côté de son lit et, en échange, avait obtenu une anecdote savoureuse qu’il ressortait de temps à autre. Il aimait dire que les joints de la salle de bains de son dortoir de l’époque s’en souvenaient encore. Charlie, lui, s’était contenté de ne plus jamais approcher une bouteille de manzana. Rien que l’odeur lui donnait encore presque la nausée.

- Et tu as raison, en plus tu vas voir, tu vas te régaler, affirma-t-il, pendant que tes coéquipiers restés à l’hôtel mangeront des pâtes et du poulet sans sauce. C’était l’idée qu’il se faisait du régime des sportifs professionnels en pleine saison. Avec un petit peu de champagne pour le principe.

La Roumanie n’était pas réputée pour sa gastronomie, Charlie le savait et le regrettait. Il y avait plein de choses excellentes et la bière y était très bonne, comme aimait-il l’affirmer à chaque personne qui lui rendait visite. Il était heureux de faire lui découvrir une petite partie de sa vie ici. Il était heureux, à marcher dans les petites rues de Vatra avec elle. Il se sentait comme un adolescent qui avait son premier rencard à Pré-au-Lard, il lui semblait qu'ill arborait le même sourire un peu benêt. Elle avait passé son bras autour de son torse et il sentait sa chaleur à travers sa veste. Il était heureux tout court d’être avec elle ce soir, l’occasion du match était trop belle, il aurait été dommage de la manquer... Tout comme Juliet lui avait manqué. Ils s’étaient séparés à regrets après leur rendez-vous à Edinburgh. Ils avaient dîné, ils avaient parlé, ils avaient ri et il s’étaient embrassés. Cela avait été tellement naturel et ce souvenir faisait encore naître de la chaleur à ses joues. Il y avait beaucoup repensé.

Il prit quelques seconds pour répondre à la question qu’elle lui posa, au sujet de son retour en Angleterre, de son départ de la Roumanie. Il s’était posé la même, ces derniers temps.

- De la nostalgie, avoua-t-il, en passant son bras autour des épaules de Juliet. J’ai enclenché le compteur des dernières fois. Dernière expédition dans la montagne avec les gars pour aller observer nos dragons balisés, dernière garde de week-end, dernier match de Quidditch à Vatra...

Il avait passé près de vingt-ans en Roumanie, plus de la moitié de sa vie et l’intégralité de sa vie d’adulte. Cela lui faisait un pincement au coeur de quitter le pays, la réserve, ses collègues, ses petits protégés. Il avait mis ses affaires en carton et avait été surpris de pouvoir résumer les vingt dernières années à ces boîtes, posées sur le sol de son salon.

- Mais d’un autre côté, je suis heureux, ajouta-t-il en baissant le regard vers elle, un léger sourire sur le visage. Je sais que de belles choses m’attendent aussi au pays... Il promena ses yeux sur les courbes de son visage, flâna sur la ligne de sa bouche, effleura ses pupilles claires. Je suis vraiment content de te voir ce soir, souffla-t-il après un instant.

Il se pencha vers elle pour l’embrasser, venant encadrer son visage de ses mains gantées. Lorsqu’ils se séparèrent, il ne recula pas, son visage constellé de tâches de rousseurs se plissant sous la malice de son rire.

- Ça valait le coup de t’avoir volée à Flaquemare.
 
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeDim 24 Mar 2024 - 23:16
Charlie n’était pas loin de la vérité lorsqu’il décrivait le régime des sportifs en pleine saison. Leurs repas étaient davantage pensés pour être fonctionnels que gustatifs ; des protéines, des glucides, des fibres et des aliments pauvres en matière grasse. Au petit-déjeuner, les muffins et autres viennoiseries étaient remplacés par des flocons de son et des œufs brouillés sur du pain complet. Toutefois, après chaque match, ils avaient une relative liberté sur ce qu’ils consommaient le soir, pour célébrer la victoire ou se remettre de la défaite. Ils faisaient rarement d’excès – il fallait assumer de les payer sur le terrain le lendemain – mais la pizza quatre fromages avait une tout autre saveur lorsqu’on mangeait du riz cuit à la vapeur, du blanc de dinde et des brocolis depuis une semaine.

Ce soir, Juliet était très heureuse d’échanger cette petite célébration avec ses coéquipiers pour un repas en tête-à-tête avec Charlie. Il lui avait manqué et elle avait beaucoup pensé à lui depuis qu’ils s’étaient quittés à Édimbourg. Ils échangeaient tous les jours mais ce n’était pas pareil que de pouvoir entendre le son de sa voix, voir le relief de son sourire et sentir la chaleur de son bras glissé autour de ses épaules. Elle leva les yeux vers lui lorsqu’il répondit à sa question et hocha la tête en silence. C’était vertigineux de quitter l’endroit qui avait été sa maison pendant toutes ces années. Charlie avait quitté l’Angleterre juste après sa sortie de Poudlard et avait construit toute sa vie ici. C’était là qu’il avait ses repères, ses habitudes. Revenir en Angleterre devait lui donner la curieuse impression de revenir dans un “chez-lui” qui ne l’était plus vraiment. Mais il était heureux, disait-il, de belles choses l’attendaient là-bas. Juliet savait qu’il avait fait le choix de rentrer pour prendre la tête d’un projet qui lui tenait réellement à cœur : la création d’un sanctuaire de réadaptation des Verts Gallois dans leur milieu d’origine. C’était ambitieux mais il en parlait toujours avec des étoiles dans les yeux. Et puis, il lui avait déjà dit qu’il avait envie de retrouver des liens plus proches avec sa famille, et notamment avec ses neveux et nièces qui grandissaient à vue d’œil.

Mais il y avait autre chose dans la manière dont il fit traîner sa phrase en laissant courir ses yeux sur son visage, une question suspendue dont il ne prononça pas les mots. Juliet sentit son cœur rater un battement alors qu’ils s’interrompaient brièvement dans leur marche pour se tourner l’un vers l’autre. Elle savait que ce mélange d’espoir et d’inquiétude qui s’agitait au creux de son ventre n’était pas anodin et était nourri par toutes les interrogations qui émergeaient dès que ses pensées creusaient un peu trop longtemps ce lien si naturel qui s’était créé entre eux. Elles furent toutefois réduites au silence lorsque Charlie se pencha vers elle pour l’embrasser et elle fit glisser ses mains dans son dos pour refermer leur étreinte. Elle se sentait vraiment bien, réalisa-t-elle lorsqu’ils se séparèrent sans se quitter des yeux.

Sa remarque la fit rire doucement.

“Fais attention à ce que tu dis, Olivier pourrait très bien être caché dans un buisson...” Et trouverait probablement scandaleux que son ami ose dire qu’il avait volé une joueuse de son équipe. “Moi aussi je suis heureuse que tu sois là... Tu m’as manqué” souffla-t-elle avant de l’embrasser à nouveau, faisant fi du froid qui s’engouffrait sous ses vêtements. Glissant à nouveau sa main dans la sienne, elle lança : “Et puis, c’est un peu une première fois, aujourd’hui. Première fois qu’on dîne ensemble en Roumanie !” Et elle était contente de pouvoir découvrir un bout de sa vie ici, même s’ils n’avaient que quelques heures pour le faire.

Ils s’éloignèrent ensemble jusqu’au restaurant indiqué par Charlie. La taverne d’Alexandru ne payait pas de mine depuis l’extérieur ; l’enseigne était assez vieillotte et la devanture semblait avoir traversé les années. Ils furent toutefois accueillis par une chaleur bienvenue ; le feu qui crépitait dans la cheminée réchauffait l’atmosphère et projetait de douces lumières sur les murs. Il y avait quelques clients, attablés devant des bières et des plats en sauce qui dégageaient une délicieuse odeur. Juliet loucha sur une assiette qui passait – son ventre commençait à crier famine après l’effort qu’elle avait dû déployer pendant le match – et suivit Charlie jusqu’à une table un peu éloignée du centre de la salle. Sur le chemin, elle reconnut les maillots rouges des supporters des Vampires de Vatra. Ils avaient tous une bière à la main et ne semblaient pas ravis du déroulé de leur soirée.

“Si on demande, ma ressemblance avec la Poursuiveuse de Flaquemare est complètement fortuite, plaisanta-t-elle en suivant le regard de Charlie qui s’était aussi arrêté sur le petit groupe derrière eux. C’est évident que je suis en Roumanie pour... Une recherche approfondie sur le... patrimoine culinaire” improvisa-t-elle en baissant les yeux vers la carte. “Une étude comparative avec le Royaume-Uni, bien sûr. Que vaut la ciorbă de burtă – elle n’avait aucune idée de la manière dont il fallait prononcer ces mots – à côté du haggis, par exemple ?”
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeLun 1 Avr 2024 - 19:31
Les bras de Charlie vinrent entourer les épaules de Juliet alors qu’elle l’enlaçait en retour, plaisantant au passage que Olivier pouvait très bien être caché dans les buissons pour les observer. Presque inconsciemment, le regard de Charlie vint sonder les environs alors qu’il répondait :

- Il n’irait pas jusque là, quand même, il a d’autres joueurs à torturer, enfin, surveiller.

Elle l’embrassa de nouveau et Charlie prit la décision de reléguer son ami très loin de son esprit pour le reste de la soirée. Il aurait bien le temps d’en entendre parler lorsque Dubois reviendrait lui faire un scandale dans les jours à venir.

- Tu m’as manqué aussi, chuchota-t-il en retour.

Il entremêla leurs doigts alors qu’elle attrapait sa main et qu’ils reprenaient leur marche pour échapper au froid mordant de l’hiver roumain.

- C’est vrai, et j’espère que tu ne seras pas déçue du voyage ! C’est par là.

Il l’entraîna dans le dédale des petites rues pavées, où personne ne s’était attardé après la défaite des Vampires. Il avait déjà connu des scènes de liesse où la bière coulait à flots, où les supporters chantaient et acclamaient, où des fois les joueurs eux-mêmes se mêlaient à la fête. Rien de tout cela ce soir, après l’écrasante victoire de Flaquemare. Alors qu’il poussait la lourde porte en bois de la taverne d’Alexandru, les mines étaient plutôt moroses. Plusieurs cheminées de pierre réchauffaient l’atmosphère, de longues tables en bois occupaient la grande salle pendant que des plus petites étaient disposées en contrebas des escaliers qui menaient à la salle inférieure. Ils y seraient plus tranquilles, songea Charlie alors qu’il guidait Juliet. Il rit à sa plaisanterie, se retournant pour lui adresser un regard.

- Bien sûr que oui, tu es juste... Julia Wilson, sa soeur jumelle.

Ils s’installèrent en bas, où seules quelques personnes étaient attablées, des bol en cuivre fumants posés devant eux. Charlie se débarrassa de son manteau sur le dossier de sa chaise et frotta ses mains entre elles pour les réchauffer. Ils étaient à proximité de la cheminée qui ronronnait et dégageait une agréable chaleur. Il aimait l’odeur de la fumée.

- Et bien je ne te la conseillerai pas, répondit-il au sujet de la ciorbă de burtă, c’est de la soupe de tripes de mouton. C’est assez fort en goût. Après si tu aimes le haggis, tu ne seras pas vraiment dépaysée, mais c’est plus liquide. On peut commander plusieurs choses si tu veux, pour grignoter et pour que tu goûtes... Je pensais à de la mămăliga, c’est une sorte de semoule, comme de la polenta, des sarmale, ce sont des feuilles de choux farcies , des mititei, il faut absolument que tu goutes, ce sont les meilleures saucisses que tu aies mangé de ta vie. Y’a d’autres trucs qui te vont envie sur la carte ? Dis-toi qu’en plus tu pourras te vanter auprès de tes coéquipiers qui auront mangé leur filet de poulet sans saveur.
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Back on my feet [Juliet, Charlie, Olivier] - Page 2 Icon_minitimeJeu 18 Avr 2024 - 2:14
Juliet entra à la suite de Charlie dans la taverne et soupira d’aise en sentant la chaleur trancher avec le vent vigoureux qui s’était engouffré sous ses vêtements pendant leur marche. Les lieux n’étaient pas bondés mais plusieurs tables étaient occupées par des supporters roumains qui ne semblaient pas être d’excellente humeur après la défaite de ce soir. Juliet le fit remarquer à Charlie et sa petite plaisanterie lui tira un rire.

“Exactement, abonda-t-elle. Et d’ailleurs, je ne trouve même pas que son club soit si bon que ça.”

Heureusement qu’Olivier n’était pas là pour l’entendre, songea-t-elle avec humour en s’installant devant une petite table en bois, juste à côté d’une cheminée où ronronnait un feu. Elle se débarrassa de son manteau et de son écharpe, les doigts un peu engourdis par le froid. Un sourire étira ses lèvres lorsqu’elle croisa le regard bleu de Charlie et elle se pencha vers la carte pour suivre son explication détaillée. Une moue passa sur son visage lorsqu’il mentionna la soupe aux tripes de mouton – effectivement, cela pouvait rivaliser avec le haggis – et elle préféra s’intéresser aux plats un peu plus conventionnels. Elle se sentait affamée, comme souvent après un match et les bonnes odeurs qui flottaient dans la salle principale ne l’aidait pas à apaiser ce creux au fond de son estomac.

La remarque moqueuse de Charlie l’arracha à la contemplation de la carte (qu’elle ne parvenait pas à déchiffrer, à vrai dire) et elle secoua doucement la tête en souriant.

“Pas après un match, quand même. Nos entraîneurs ne sont pas si tyranniques.” Mais ils suivaient effectivement un régime personnalisé et très surveillé, pour répondre aux besoins de leurs corps sollicités de manière intensive pendant la saison. “Mais j’avoue, ajouta-t-elle avec malice, que ça fait une semaine que je mange du riz, du poulet des brocolis donc tout va me paraître merveilleux. Sauf peut-être une soupe de tripes...” Elle eut un rire et reprit : “Ça me va bien de commander un peu de tout. Et tu m’avais parlé des plă... cinta ?” tenta-t-elle approximativement. “On peut prendre ça aussi. Et une bière, ce serait dommage de ne pas goûter une spécialité locale !”

Ils passèrent commande auprès d’une serveuse – ou plutôt, Juliet laissa Charlie passer commande pour eux, puisqu’il maîtrisait le roumain alors qu’elle venait d’apprendre à dire “bonjour” et “merci”. Pendant qu’ils attendaient leurs plats, elle ne résista pas à faire glisser sa main contre la sienne. Cette fois-ci, ce fut elle qui entremêla leurs doigts réchauffés par le feu qui crépitait à côté deux.

“Qu’est-ce qui t’a plu, dans le fait de vivre ici ?” l’interrogea-t-elle en traçant, sans y penser, des entrelacs sur le dos de sa main. Charlie avait passé presque vingt ans en Roumanie et, s’il adorait son métier, il y avait sûrement d’autres aspects qui l’avaient poussé à s’établir aussi longtemps dans ce pays.
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