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In my bones [Joséphine, Roy et petit bébé]

Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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In my bones [Joséphine, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 4 Aoû 2022 - 13:58
1er octobre, à la Nouvelle-Orléans, aux alentours de 7h

Roy n’avait pas fermé l’oeil de la nuit. Pas à cause de la soirée du mariage d’Isobel -qui avait été très réussie- car il aurait pu suivre le mouvement entre cinq et six heures du matin, quand les plus fêtards avaient quitté les lieux pour aller dormir quelques heures en attendant le brunch prévu pour onze heures et demi. Mais un imprévu, de la taille du ventre de Joséphine, avait totalement bouleversé le reste de sa soirée. Nombreuses avaient été les blagues autour de Joséphine qui s’était déhanchée sur la piste de danse comme si elle ne portait pas du tout un foetus de trois kilos dans son utérus. « Dis donc, le bébé va finir par avoir la tête à l’envers ». « A ce rythme-là, elle va accoucher sur la piste ». Evidemment personne n’avait sérieusement songé que cela arriverait. Quand Roy avait vu Joséphine avoir ses premières contractions vers quatre heures du matin, il était devenu blême. Après quelques minutes de chamailleries à base de « Je t’avais dit de ne pas bouger autant ! », « T’es qui pour me dire des trucs comme ça », « Mais le bébé va arriver en avance !», « Onze jours c’est pas en avance, c’est à l’heure, et tout va bien, c’est pas mon premier, t’y connais rien », Joséphine avait fini par se laisser emmener au temple par les doulas. Roy les avait suivies, pensant naïvement qu’il pourrait accompagner Joséphine, mais les sorcières Lavespère avaient été très claires : pas de profane au temple, pas même le père du bébé.

Retenu par ses proches de faire un scandale, Roy se trouvait donc depuis un peu plus de deux heures, à faire les cent pas dans le jardin du temple, guettant le moindre signe à travers les fenêtres fermées du bâtiment. Quelques minutes plus tôt, Fergus et Jayce s’étaient proposé pour aller chercher de quoi grignoter, car la faim après cette nuit sans sommeil commençait à tous les tenailler. Toni était on ne sait où -même si tout le monde avait une idée assez claire d’où il pouvait se trouver à l’issue d’une fête bien arrosée, peuplée de belles femmes. Il ne restait donc qu’Avalon, assise sur un des bancs du jardin, qui le regardait marcher en long, en large et en travers des allées.

« Tu veux pas venir t’asseoir ? »

Suspendant ses pas, Roy tourna la tête vers les fenêtres derrière lesquelles il entendait quelques bribes -un cri par-ci, des femmes qui s’agitaient par-là- sans pouvoir savoir exactement dans quelle pièce se déroulait la naissance de sa fille. L’ignorance -mais surtout l’impuissance- commençait à le rendre fou. Il accepta néanmoins de rejoindre Avalon sur le banc, conscient que faire les cent pas n’allait pas faire naître son bébé plus vite. Frustré, il se mit à pester :

« Personne ne prend la peine de nous dire comment ça se passe, ça rend fou.
-Sûrement parce que ça se passe très bien. Tu vas voir, Joséphine va faire naître votre fille en moins de temps qu’il te faut pour quitter la salle de bain le matin, et tu l’auras bientôt dans tes bras. »

Trop anxieux pour parvenir à plaisanter, Roy hocha vaguement la tête, le regard rivé vers le temple. Il préférait penser que pas de nouvelle voulait dire bonne nouvelle, plutôt que d’imaginer les femmes du coven en train de gérer une urgence que personne n’aurait prévue. Joséphine n’avait eu de cesse de dire que c’était son troisième accouchement et qu’elle n’aurait même pas besoin de pousser pour que le bébé « glisse tout seul sur l’autoroute ». Mais de son point de vue, cela faisait déjà trop longtemps qu’elle était dans cette salle d’accouchement, et toujours pas de nouvelle.

« Tu crois que c’est normal, trois heures de travail ? »

Il n’avait aucune idée de combien de temps c’était sensé durer, pour une femme qui avait déjà accouché plusieurs fois.

« Oui. » Avalon posa sa main dans le dos de Roy, cherchant à capter son regard. « C’est même assez court, trois heures. Regarde, pour Vivianne, ma mère a accouché en cinq heures alors qu’elle avait eu huit enfants avant elle. C’est normal, tout est normal, et tout se passe bien. » lui assura-t-elle en faisant courir ses doigts jusqu’à sa nuque.

Même s’il aurait préféré pouvoir le constater de ses yeux, Roy s’accrocha à ces mots, tout en espérant que son attente durerait moins de cinq heures, quand même : deux heures de plus lui paraissaient insurmontables. Il noua sa main avec celle d’Avalon et le couple resta dans cette position pendant quelques minutes, avant que l’apparition d’une silhouette au loin ne mette fin à cette attente terrible. En reconnaissant la mère de Joséphine, Roy bondit aussitôt sur ses jambes.

« C’est terminé, vous pouvez me suivre. »

Le sourire sur son visage rassura aussitôt Roy. Dans le même temps, un coup de panique le prit, comme un coup brutal au coeur. Ils y étaient. Tout ce qu’il avait d’abord redouté puis attendu plus sereinement venait de se réaliser. Là-haut, à quelques pas de lui, se trouvait le bébé pour qui il avait une pensée tous les jours, depuis plusieurs mois. Il n’avait jamais été aussi intimidé à l’idée de rencontrer quelqu’un -et pourtant il avait déjà rencontré des pontes de la mafia très peu commodes.

« Je t’attends ici avec les autres. » annonça Avalon, en pressant sa main dans la sienne.

Roy hocha la tête puis se mit en marche vers le temple. Toutes les portes sur son chemin étaient fermées mais il ne chercha même pas à se montrer curieux de ce lieu d’ordinaire interdit. Toute son attention était rivée vers les sons qu’il percevait à l’étage. Il fut conduit jusqu’à une pièce dont la porte était entrouverte. Derrière elle, Roy découvrit une chambre où trônait un lit à baldaquins protégé par des moustiquaires. Joséphine y était allongée, entourée par des femmes de sa famille que Roy ne connaissait que de vue. Il ne fit guère attention aux regards méfiants qu’on lui adressait alors qu’il faisait quelques pas en avant. Ses yeux étaient rivés sur le petit amas de linges que Joséphine portait entre ses bras mais il n’osa pas s’approcher tout de suite. Il interrogea d’abord Joséphine qui semblait fatiguée et détendue à la fois :

« Ça va ? »



Roy Calder

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In my bones [Joséphine, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMar 11 Oct 2022 - 15:27
In my bones [Joséphine, Roy et petit bébé] Mini_161101014325822953
Joséphine Lavespère, 32 ans

Les fenêtres de la chambre avaient été ouvertes et laissaient passer une légère brise qui faisait du bien à Joséphine. Elle se sentait un peu étourdie, elle avait chaud, et ne supportait plus très bien le contact des draps sur sa peau.

- Rajoute-lui un petit lange, qu’elle n’ait pas froid, suggéra sa mère en lui tendant un tissu aux motifs colorés.
- Elle n’a pas froid, répliqua-t-elle en attrapant tout de même la couverture, qu’elle rajouta autour de son bébé, couvrant légèrement son front.

Sa fille était dans ses bras, toute petite, plus petite que ne l’avaient été Alice et Iris. Elle était née une dizaine de minutes auparavant, après un travail douloureux. Jo avait oublié à quel point cela faisait mal. Elle le savait, bien sûr, elle en avait des souvenirs, de son premier accouchement notamment, malgré les potions qui lui avaient été données alors. Mais la véritable sensation de la douleur s’était effacée au fil des mois, cette impression terrible qu’elle n’y arriverait jamais. Pourtant, l’accouchement avait été rapide, les doulas étaient restées auprès d’elle tout du long, sa mère lui avait tenu la main, frotté le dos, embrassé le front mais cela n’avait pas suffi à éloigner la brûlure de la naissance. À cet instant, elle ne supportait que le contact de son bébé qui reposait sur sa poitrine. Sa mère en fit les frais, lorsqu’elle lui dispensa une caresse sur le front.

- Arrête, s’il te plaît, fit-elle en décalant son visage.

Caroline retira sa main et lui fit un sourire.

- Tu as fait du bon travail, ma fille, souffla-t-elle.
- Comme toujours, ajouta Desirée, la doula la plus expérimentée du coven. Regarde-moi ce beau bébé.

Jo eut un sourire en contemplant les traits de sa fille, qui était encore toute rouge de la naissance. Elle avait d’épais cheveux noirs, comme ses soeurs avant elle, ses petits poings étaient tout serrés contre la poitrine de sa maman et elle respirait rapidement. Elle avait crié tout de suite, de longs pleurs qui venaient juste de s’apaiser, quand Joséphine s’était mise à lui caresser doucement le dos.

- Joséphine va nous repeupler le coven de filles, plaisanta Nicolette, alors qu’elle rangeait ses potions dans sa mallette de cuir.

Elle ne répondit rien, se contentant de déposer un baiser sur la tête de son nourrisson, fermant les yeux.

- Tu veux la mettre au sein ? suggéra Caroline au bout de quelques instants.
- Non, pas encore... tu peux aller chercher Roy d’abord ?

Il n’avait pas encore vu sa fille et elle savait qu’il devait être dans les rues du Carré ou dans le jardin du temple. Tout à l’heure, quand ses contractions s’étaient déclenchées, il avait bêtement paniqué, en disant même qu’elle avait lancé son accouchement en dansant trop au mariage d’Isobel. Pire que ça, qu’elle avait fait naître le bébé en avance ! Onze jours avant le terme, en avance ? La bêtise de ces hommes, franchement. Leur fille était tout simplement prête à naître. Sa famille l’avait ramenée au temple, pour qu’elle puisse donner naissance. Roy n’avait pas pu monter, c’était un profane et son statut de père n’y changeait rien. Il avait encore protesté... mais tout cela lui semblait si loin, maintenant. Les lumières du mariage d’Isobel, la soirée, la route vers le Carré, avec les contractions qui s’intensifiaient... Elle ferma de nouveau les yeux, remontant un peu plus son bébé contre son cou. Elle avait entendu les pas de sa mère qui s’éloignaient, la porte qui se refermaient. Nicolette et Désirée discutaient à voix basse, aussi sursauta-t-elle lorsque cette dernière s’adressa à elle.

- Tu veux qu’on te change les draps ?

Joséphine tourna la tête vers elle sur son oreiller.

- Pourquoi ?
- Ils sont tâchés et tu sais bien que les garçons tournent de l’oeil à la vue du sang.

Elle eut un soupir, remontant le lange sur le front du bébé.

- Je n’ai pas envie de me lever, il s’en remettra.

Désirée ouvrit l’armoire qui se trouvait dans un coin de la pièce et en tira une couverture jaune un peu vieillotte, qu’elle déposa pour recouvrir le lit. Un léger coup retentit contre la porte de la pièce, qui s’ouvrit pour laisser apparaître sa mère et Roy, l’air un peu revêche. Elle lui adressa un sourire et hocha la tête à sa question.

- Ça va. Ne résistant pas à l’envie, elle ajouta. Tu vois, ce n’était pas la peine d’être hystérique comme ça.

Les hommes et leurs émotions qu’ils ne savaient pas exprimer correctement... Décalant légèrement le lange pour dévoiler le visage du bébé, elle lui lança, voyant qu’il n’osait pas approcher.

- Viens, regarde. Elle va très bien. Tu veux la prendre ?


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Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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In my bones [Joséphine, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMar 3 Jan 2023 - 19:38


Yes I made a lot of mistakes, yeah
Guess I been in my own way

Les traits tirés de Joséphine et les draps tâchés de sang suffisaient à motiver la question inquiète de Roy et pourtant elle la balaya d’une réponse un brin ironique, avec sa fierté habituelle. Roy en fut un peu soulagé car si Joséphine avait gardé sa verve, cela signifiait qu’elle allait effectivement bien. Il répondit en haussant les sourcils :

« Permets-moi d’en douter, vu l’état de tes draps… »

Les regards en coin et les rires moqueurs que lui valut cette remarque lui firent comprendre qu’il n’avait pas dit ce qu’il fallait -ou que globalement, les Lavespère aimaient juste bien se moquer des hommes, il l’avait senti à maintes reprises. Cela ne l’aida pas à se sentir à sa place, dans cet environnement de femmes qu’il ne connaissait pas bien et en présence de son propre bébé qui l’intimidait étrangement. Heureusement, Joséphine n’était pas toujours cette femme indélicate qui mettait les pieds dans le plat et faisait parfois preuve d’une intelligence émotionnelle bienvenue. Elle lui lança une bouée de sauvetage de quelques paroles rassurantes. Roy s’efforça de faire fi du contexte et des regards qu’il sentait dirigés sur lui. Ses yeux s’accrochèrent à la petite silhouette que Joséphine tenait contre sa poitrine. Parce qu’il ne savait pas quoi dire -fait rare-, il tendit simplement les mains vers elle.

But I gotta do what it takes now
Got me feeling like I missed my time

Minuscule. Ce fut la première pensée que Roy eut en sentant le tout petit corps de son nourrisson sous ses paumes. Il pouvait presque englober toute sa silhouette dans ses deux mains et ce constat l’emplit d’un mélange de peur et de fascination. Peur de briser un si petit être en la prenant mal dans ses mains -il n’avait jamais eu de gestes aussi délicats, pas même avec sa collection de montres de luxe qu’il aimait d’amour. Fascination de voir qu’une si petite chose avait la capacité de provoquer chez lui autant d’émotions.

Got me feeling like I'm lost
I'll be facing all my demons now (now)

C’était une question qui était souvent revenue dans son esprit pendant cette longue période de grossesse et d’attente. Qu’est-ce qu’il allait ressentir en rencontrant son premier bébé ? Qu’est-ce qu’on était sensé ressentir ? Et s’il ne ressentait rien ? Ou pas ce qu’il fallait ? Roy ne savait dire pourquoi cette question l’avait tant obsédé, lui qui était pourtant adepte d’une certaine spontanéité dans ses rencontres. Et pourtant, il n’avait pas réussi à se contenter de se dire qu’il verrait bien ce qui se passerait quand cela arriverait. Une part de lui était convaincue que cette rencontre serait décisive et déterminerait sa légitimité de père. Que s’il ne parvenait pas à aimer son bébé au premier regard, ce serait un échec. Il aurait échoué à être un père digne de ce nom. Car les bons parents, les vrais parents, aimaient leurs enfants très fort, sans conditions, dès leur apparition au monde.

Avec une telle pression sur ses épaules, toute cette appréhension qu’il avait ressentie en entrant dans la pièce avait sa raison toute trouvée.

Heureusement pour la santé mentale de Roy -et l’avenir de sa fille qu’il tenait dans ses mains- il ne ressentit rien de l’indifférence ou de la déception qu’il avait tant redouté d’éprouver. Il ne sut pas très bien décrire ce qui l’agitait en laissant son regard glisser le long des traits délicats de son bébé, mais ce fut une sensation agréable, chaleureuse, qui détendit ses muscles et gonfla son coeur. Fierté ? Soulagement ? Joie ? Tendresse ? Difficile de mettre le doigt dessus mais cette question qui l’avait tant travaillé perdit brusquement de son importance tandis qu’il revenait à une attitude plus naturelle chez lui : se laisser simplement aller au moment présent sans chercher à l’analyser.

I got my eyes on the road Love, oh
I'm gonna do right by you Love, oh

Il n’y avait de toute manière nul besoin de réfléchir face aux évidences qui se présentaient sous son regard. Ce tout petit bébé lui ressemblait. Elle avait les cheveux aussi noirs que les siens, le teint hâlé comme lui, une forme de nez semblable au sien, les mêmes longs cils noirs. Elle respirait, elle allait bien. Elle faisait l’expérience de son propre corps, en agitant avec maladresse ses petits poings, en expérimentant l’effet de ses timides cordes vocales, en ouvrant péniblement ses yeux vierges de la lumière du jour. Roy réalisa qu’elle était en train de découvrir tout un univers de couleurs, de sons et de sensations dont la barrière du ventre de sa mère la séparait encore quelques minutes plus tôt.

Alors naturellement, sans y penser, Roy esquissa un sourire. Il incarna tout ce qu’il désirait que sa fille ait comme première image du monde. Un père heureux et souriant, penché sur elle.

'Cause I got a feeling in my bones
In my bones, yeah baby
I gotta move like a rolling stone
Rolling stone, yeah baby

Il cessa de penser à comment la tenir pour ne pas la briser, à ce qu’il était sensé dire ou faire et il tendit spontanément sa main vers elle. Ses doigts effleurèrent la peau de son front.

« Elle est trop belle. »

Il avait pourtant toujours trouvé les nourrissons plutôt laids, voire difformes. Mais sa fille à lui n’était pas pareille. A peine venue au monde, elle était déjà parfaite. Son sourire s’agrandit alors qu’il identifiait cette fois le sentiment de fierté qui montait en lui. Son doigt se posa juste sur le bout du nez de sa fille et il se présenta à elle :

« Belle comme ton papa. »

Ain't nobody gonna talk me down
Ain't nobody gotta hold me now
I got a feeling in my bones
In my bones, we'll never touch the ground
I feel it in my bones

C’était étrange de le dire, réalisa t-il. Papa. Il était le papa. C’était lui. Il était père. Cette pensée ne soulevait plus les doutes et l’illégitimité qu’il avait pu ressentir ces derniers temps. Peut-être que cela reviendrait plus tard mais à cet instant, c’était simplement un fait établi, indiscutable et merveilleux. Il était papa et elle était sa fille.

So I'm gonna take a leap of faith
Feel this moment, find my place
No, I ain't gonna walk alone
So we can take that leap of faith
Seal the moment, find our place
We ain't gonna walk alone

Il releva les yeux vers Joséphine, sa verve revenue elle aussi :

« Désolé mais elle me ressemble clairement plus qu'à toi. »



Roy Calder

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