Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Trouble is a friend... of mine [OS]

Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 478
Profil Académie Waverly
Trouble is a friend... of mine [OS] Icon_minitimeLun 16 Mai 2022 - 20:41
Vendredi 2 décembre 2011

La nuit s’était déjà installée sur Poudlard depuis plusieurs heures. Un vent glacial soufflait dehors, s’engouffrait dans les cheminées, poussait contre les carreaux givrés des fenêtres. Andrew avait passé de longues minutes à contempler les flocons qui tombaient, se demandant si cela continuerait jusqu’au lendemain matin, jusqu’au match. Gryffondor / Serpentard, leur premier affrontement de la saison. Un grand classique toujours très attendu, la rivalité sportive des deux maisons n’ayant pas disparu avec les années. Il fallait aussi dire que leurs matches d’ouverture respectifs n’avaient pas été glorieux : s’il avait pris beaucoup de plaisir à voir Serpentard se faire écraser par Poufsouffle, il n’avait pas été autant amusé lorsque Serdaigle les avait laminés quelques semaines plus tard. Jarod, déstabilisé par l’enchaînement de plusieurs buts au début de la partie, avait complètement perdu ses moyens. La capture du Vif par Keller n’avait pas arrangé leur cas. Rien n’était perdu, ce n’était que le début de la saison mais le match du lendemain était capital pour redresser la barre. Il fallait absolument qu’ils gagnent et surtout, qu’ils gagnent fort afin de rattraper leur écart de points au classement. Serpentard, qui était dans une position encore plus précaire que la leur, était sûrement tout aussi déterminé. Tout se jouerait demain, la défaite n’était pas une option. Ce match l'obsédait depuis des semaines, il avait passé des jours entiers à imaginer leurs techniques de jeu contre Serpentard, il avait entrainé l’équipe comme jamais pour ne pas reproduire les mêmes erreurs que face à Serdaigle. C’était la première soirée calme qu’il s’accordait depuis longtemps.

La vapeur avait complètement recouvert les miroirs de la salle de bains des préfets, dont Andrew avait l’accès en tant que capitaine. Il avait toujours trouvé que l’endroit relevait plus d’une grande piscine que d’une salle de bains mais il ne s’en était jamais plaint. A la veille des matches, il préférait souvent s’isoler pour réfléchir et se concentrer, désertant la Salle Commune qui était toujours très bruyante le vendredi soir, encore plus les veilles de jeu. En sortant de l’eau, il avait attrapé le Pear qu’il avait laissé sur le rebord de la vasque, pour constater qu’il lui restait un petit quart d’heure avant le couvre-feu. Il se rhabilla donc sans se presser et se contenta de vaguement sécher ses cheveux avec une serviette blanche, qu’il lança comme un ballon dans le panier à linge.

La sensation de froid le frappa dès qu’il sortit de la pièce, posant un pied dans le couloir du cinquième étage. Il eut un frisson et s’arrêta au bout de quelques mètres pour refermer les boutons de sa cape d’uniforme. Un bref bruit de pas derrière lui le fit se retourner et son regard se posa sur Clayton, qui semblait sortir de nulle part. Surpris, il le contempla quelques secondes. Son camarade avait le regard fatigué, des cernes violacés et les traits tirés. Derrière son épaule, Andrew aperçut ce qui devait être son sac de cours, abandonné près de la statue de Boris le Hagard. Cette constatation lui fit froncer les sourcils.

« T’étais planqué dans le noir à m’attendre ou quoi ? »

Clayton sembla hésiter à répondre puis eut un vague hochement de tête.

« C’est bien, pas du tout creepy. Ça veut dire quoi, faut que je m’inquiète ? T’as caché des caméras dans la salle de bains aussi ? »

Le Serpentard eut l’air d’encaisser le sarcasme avec un peu de difficulté mais il ne rebondit pas dessus. Il secoua la tête avant d’ouvrir la bouche, prenant la parole d’une voix un peu rauque.

« Gowan est venu te parler ? »

Interloqué, Andrew fixa Clayton du regard.

« De quoi ? »

Son camarade leva les yeux au ciel, ce qui eut pour effet de le contrarier un peu plus. Depuis leur énorme dispute le soir de la rentrée, suite aux évènements du Poudlard Express, Andrew refusait de lui adresser la parole. Clayton n’avait pas cherché à le faire non plus et ce brusque revirement ce soir, avec en plus visiblement l’intention de se moquer de lui, était loin de lui plaire.

«  C’est bien ce qu’il me semblait, reprit Clayton sans laisser à Andrew le temps de réagir. Et bah on va lui demander de venir, hein.
- On ne va rien lui demander du tout, répondit-il. Je ne sais pas de quoi tu parles et franchement, j’ai pas envie de savoir donc tu vas… »

Mais Clayton avait déjà sorti son Pear de sa poche et semblait avoir sélectionné le numéro de Gowan, qui devait être rentré à la Tour de Gryffondor. Abasourdi par le culot de son ancien ami, Andrew le vit passer son coup de téléphone, comme si ses récriminations ne voulaient rien dire.

«  Ouais Gowan, bah je suis avec Andrew et… Oui. Si, si. Bah au cinquième étage, devant la salle de bains des préfets, tu vois. Non…. Non. Ouais bah figure-toi qu’il est très intéressé par ce que je lui expliquais et… Non, non, je ne la ferme pas. Soit tu te ramènes, soit je finis de tout lui dire. Bah au cinquième étage. Ouais. Bah ouais. ‘tout de suite. »

C’était surréaliste comme scène. Le Serpentard raccrocha et rangea son appareil dans la poche de son pantalon.

« Il arrive » se contenta-t-il de déclarer.

L’agacement d’Andrew – qui avait déjà une jauge de patience assez limitée quand on en venait à Clayton Payne ces derniers temps – monta d’un cran.

« Mais c’est quoi ce plan ce que tu me fais là ? Ça veut dire quoi ? Tu me n’as rien expliqué du tout et…
- Gowan va le faire, le coupa Clayton. Il doit déjà le faire depuis presque une semaine et là, je n’ai plus le temps d’attendre. S’il ne le fait pas, moi je le ferais.
- Mais de quoi tu me parles ? s’emporta-t-il.
- De Sasha Benson. »

Entendre le nom de sa meilleure amie le déstabilisa assez pour qu’il garde le silence quelques secondes. Il fixait Clayton avec colère, le défiant de dire quoi que ce soit sur Sasha. Son camarade sembla le percevoir puisqu’il baissa les yeux et recula légèrement. Ce fut à ce moment-là qu’un bruit de cavalcade retentit dans le couloir : Gowan semblait avoir dévalé à toute vitesse les deux étages qui les séparaient de la Tour. Son meilleur ami débarqua auprès d’eux, les joues rouges, le souffle court et une lueur inquiète dans le regard. Il posa sa main sur l’épaule d’Andrew et se pencha en avant, comme pour mieux retrouver sa respiration. Il semblait avoir couru le sprint de sa vie.

« T’es… vraiment… une… enflure… Clayton, haleta-t-il avant de se redresser, posant ses mains sur ses hanches. Pfiou.
- Oui bah excuse-moi mais au bout d’un moment, faut que les choses soient dites. T’es là, tu n’oses pas mais là on a plus le temps.
- On en a déjà parlé, ça ne chang…
- Mais de quoi vous parlez, putain ? »

Le regard d’Andrew allait de Gowan à Clayton, complètement perdu. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se jouer devant lui. Il savait bien que son meilleur ami n’avait pas vraiment cessé de parler à Clayton, qu’il lui avait trouvé des excuses mais cette fois-ci, il voyait bien que cela allait beaucoup plus loin. Le regard du Serpentard se posa sur Gowan et se fit insistant. Une conversation silencieuse sembla se dérouler entre eux. Comme le silence perdurait, Clayton finit par craquer.

«  Gowan sait qui a diffusé la vidéo de Benson à toute l’école.
- Non ! Non, réagit immédiatement ce dernier en levant les mains. Non, ce n’est pas ça, ce n’est pas exactement ça.
- Si c’est ça ! s’emporta Clayton. Arrête de mentir, tu me l’as dit ! Tu sais qui c’est et tu ne veux juste pas le dire ! Mais tu sais !
- Tu sais ? »

Interloqué, Andrew s’était tourné vers Gowan. Son ami avait les joues toujours aussi rouges mais cela ne semblait plus être uniquement le fait de sa course. Il ne comprenait pas qu’il ne lui en ait pas parlé. Ils se disaient tout, ils avaient déjà parlé longuement de cette histoire et de ses répercutions.

«  Je… Gowan balbutia. C’est plus compliqué que ça.
- Qui c’est ?
- Je ne peux pas le dire… » murmura-t-il.

Andrew fronça les sourcils, aussi surpris que contrarié devant cette annonce. Depuis quand ? Depuis quand est-ce qu’il avait les clés de cette histoire ? Depuis quand avait-il la solution qui aurait pu permettre de punir les coupables, dans l’espoir qu’on passe enfin à autre chose ?

« Non, s’énerva Clayton, tu peux le dire, c’est juste que tu ne le veux pas. Tu m’emmerdes Gowan, tu comprends ça ? Il avait crié, sa voix retentissant dans le couloir. Tu fais chier ! Tu sais quoi, Andrew ? lança-t-il en se tournant vers lui. On va y aller directement hein. Ce cher petit McGregor m’a demandé la vidéo de Benson à la fin de l’été, trois jours avant la rentrée, soi-disant pour « prouver quelque chose à quelqu’un. » Moi, comme un con, je lui ai envoyé. A la rentrée, quand ça a commencé à se diffuser dans le Poudlard Express, forcément je lui ai demandé des comptes parce qu’il n’y avait que trois personnes qui avaient la vidéo…
- T’es vraiment un gros menteur toi hein, le coupa brusquement Andrew, tu avais juré que tu l’avais effacée !
- Bah oui, j’ai menti, ça va, t’es content ? J’ai menti, bravo, mais c’est pas la question, là en fait. James n’a pas diffusé, je n’ai pas diffusé mais figure-toi que Gowan si ! Il a envoyé la vidéo à quelqu’un, ce quelqu’un l’a envoyée à tout le monde et il refuse de dire qui ! Le problème c’est que maintenant, Benson est au courant de tout ça et qu’elle menace de le dire à la police et à toute l’école !
- Mais très bien ! cracha Andrew. Qu’elle le fasse, elle aurait dû te balancer à tout le monde depuis le début, tu ne mérites que ça !
- T’es con toi, hein, vraiment ! répliqua Clayton en levant les bras. C’est Gowan aussi qu’elle va dénoncer ! Aux flics ! »

Cette remarque le fit brusquement taire. Enfoncé dans sa colère, il n’avait pas réalisé la portée des confessions que venait de faire Clayton. Gowan avait demandé la vidéo à la fin de l’été, pour « prouver quelque chose » et, non content de la réclamer au Serpentard, l’avait envoyée à quelqu’un d’autre. A la personne qui en avait fait une diffusion massive et qu’il refusait désormais de dénoncer. Confus, il se détourna de Clayton pour se tourner vers son meilleur ami.

« T’as vraiment fait ça… ?
- Je… Je pensais pas que ça finirait comme ça Andrew, je te jure. Je pensais pas qu’elle… Enfin que ça serait diffusé comme ça, je pensais que ça resterait secret…
- Mais pourquoi tu l’as envoyée ? Pourquoi tu l’as demandée ? Tu savais que c’était grave… Et puis, et puis, s’emporta-t-il, comment tu savais que Clayton l’avait encore ?
- On a fait une soirée quand t’étais en Italie cet été, on en a reparlé…
- Mais pourquoi tu l’as envoyée ? C’est quoi ces conneries de « prouver quelque chose » ? Tu prouvais quoi à qui ? Et pourquoi tu me l’as pas dit ?! On en parle depuis septembre, putain, pourquoi tu me mens comme ça ?
- Je ne pouvais pas t’en parler ! protesta Gowan. Parce que j’ai fait une connerie en l’envoyant et parce que je ne peux pas t’en dire plus ! »  

Andrew avait l’impression de s’être pris un cognard derrière la tête. Il se sentait complètement abasourdi, furieux, incapable de comprendre la situation qui était en train d’exploser devant lui. Gowan savait. Gowan savait depuis le premier septembre qui était à l’origine de la diffusion de la vidéo. Il avait les clés pour sortir de cette situation, pour que tout s’arrête, pour que Sasha puisse obtenir un peu de réparation. Dénoncer le coupable permettrait d’avoir le fin mot de l’histoire : la PM bouclerait son enquête et Clayton, dont l’identité était protégée par l’instruction en cours, serait enfin mis en accusation au grand jour. Les coupables pourraient être punis, justice pourrait être faite, même si cela ne pourrait pas effacer l’humiliation de sa meilleure amie. Ils pourraient commencer à mettre l’histoire derrière eux. Il ne serait plus accusé d’être à l’origine de cette vidéo, on le laisserait tranquille avec cette horrible accusation. Gowan avait la solution de tout ça, depuis le premier septembre.

Et il n’avait rien fait.

Et il lui avait menti.

Il était en train de tomber de haut. Abasourdi, incapable de formuler les pensées qui se bousculaient dans sa tête, il fixait son meilleur ami qui le regardait avec un air profondément désolé.

« Andrew, cette histoire a pris des proportions que je ne pouvais pas imaginer, je ne pensais pas que ça finirait comme ça, je ne voulais pas que ça finisse comme ça…
- Mais tu as laissé faire ? souffla-t-il. Tu as vu tout ce qui était en train de se passer, à quel point c’était horrible et violent pour Sasha, à quel point c’était lourd et injuste pour moi et tu as juste… laissé faire ?
- Je ne pouvais pas…
- Non, non, coupa Clayton. Tu ne voulais pas. Assume un peu hein, Gryffondor de mes deux. »

Gowan le fusilla du regard. En temps normal, il lui aurait sauté à la gorge pour cette remarque. Là, il semblait trop mal à l’aise pour dire quoi que ce soit.

« Andrew, il faut que tu parles à Sasha, reprit Clayton. Elle veut nous dénoncer. Il faut que tu la convainques de ne rien dire pour nous. Gowan va te dire qui a diffusé la vidéo, tu iras lui dire que c’est cette personne la coupable et comme ça, elle nous laissera tranquilles Gowan et moi, comme on a rien fait.
- Arrête Clayton…
- Non mais non, j’arrête pas ! Il faut qu’il le fasse ! Benson l’écoutera lui, tu balances le nom et il va lui dire, comme ça c’est la vraie personne responsable qui prend ! On inventera un truc, on dira qu’elle a pris la vidéo dans mon Pear, qu’elle l’a diffusée et qu’ensuite, prise de remords, elle te l’a avoué ! Ça peut marcher si Andrew convainc Benson, d’accord ? Il faut que tu le fasses, Dubois, ok ? Le ton de Clayton était pressant, il avait une lueur désespérée dans le regard. Tu ne le fais pas pour moi, tu le fais pour Gowan, ok ? Parce que si moi je suis accusé, lui aussi, d’accord ? On est une paire ! Alors tu lui dis ce que tu veux à Sasha mais il faut que tu lui parles d’accord, qu’elle s’en prenne au vrai coupable ! Dis-lui Gowan ! »

Le silence se fit. Gowan soutenait toujours le regard d’Andrew, qui était assommé par les révélations qui lui étaient tombées dessus. Il ne s’était jamais senti aussi trahi. Son meilleur ami lui mentait depuis des mois, il le menait en bateau depuis des mois.

« Gowan !
- Non… Non je suis désolé mais je ne peux pas. Laisse-tomber Andrew, ne dis rien à Sasha…
- Je n’en n’avais pas l’intention de toute manière » souffla-t-il d’une voix un peu rauque.

Aller voir sa meilleure amie pour plaider la cause de Clayton ? Elle le détestait suffisamment sans qu’il n’en rajoute. Elle ne lui adressait toujours pas la parole, elle le regardait avec tant de colère… Il était resté longtemps dans le déni, il avait essayé de se dire qu’il pouvait arranger les choses, qu’il pouvait se faire pardonner. Au début, il tentait toutes les semaines, de toutes les manières. Au fil du temps, il avait réalisé que les choses ne seraient plus jamais comme avant. Ces derniers jours, il commençait à comprendre qu’elle ne lui pardonnerait jamais. Ce n’était pas une histoire de persistance ou d’excuses. Elle le détestait. Ce n’était pas juste de la colère ou de la rancœur. Elle ne voulait plus qu’il soit son ami. Il avait échoué dans ce rôle. Alors c’était fini. Il n’était pas encore prêt à faire le deuil de cette relation, mais au fond de lui, il le savait.

Il n’irait pas lui faire l’affront de tenter de défendre qui que ce soit dans cette histoire. Même pas Gowan. Et au vu de la façon dont son meilleur ami le regardait, il le savait très bien. Il ne lui demandait pas. Il ne le lui demanderait pas.

Andrew avait envie de pleurer. Il sentit ses yeux s’humidifier et il baissa la tête pour se soustraire aux regards de Gowan et Clayton. Ce dernier refusait de s’avouer vaincu.

« Non, il faut que tu lui parles ! Toi, elle t’écoutera, il faut que tu lui donnes le vrai coupable pour qu’elle puisse se venger de la personne qui a vraiment diffusé la vidéo. Dis-lui Gowan, dis-lui qui c’est !
- Clayton, ça changerait quoi ? Franchement, ça changerait quoi à ta situation, là, maintenant tout de suite ? Rien. Tu es mouillé jusqu’au cou dans cette histoire, y rajouter quelqu’un d’autre n’y changera rien. C’est fini mec, c’est fini pour toi et moi. Tu rêves si tu crois que Sasha te laissera en paix sous prétexte que tu lui livres quelqu’un d’autre. Tu as filmé le truc Clayton, la police le sait. C’est fini. Y’a aucun moyen qu’elle te laisse passer ça. »

Clayton semblait avoir pris une claque. Ses yeux brillaient aussi sous les lueurs des chandelles du couloir. Sa voix tremblait lorsqu’il reprit la parole, fébrilement.

« Pas si on lui donne le vrai coupable ! C’est ça qu’elle veut !
- Mais putain Clayton, s’emporta Gowan, c’est toi le vrai coupable ! C’est de ta faute à toi cette histoire, tout est parti de là ! Tu es coupable et tu devras payer, c’est fini, ça ne changera pas, on en a déjà parlé !
- Toi aussi tu… tu es coupable, toi aussi tu… bégaya le Serpentard, qui voyait sûrement ses maigres espoirs de s’en sortir s’écrouler devant lui.
- Oui, reconnut Gowan. Moi aussi je suis responsable. Et comme je te le disais hier, je vais l’assumer. Je dirai que c’est moi qui ai diffusé la vidéo dans le Poudlard Express et voilà. »

Les yeux de Clayton s’écarquillèrent de surprise et Andrew releva la tête vers son ami.

« Quoi mais… Pourquoi ? Ce n’est pas toi ! Tu m’as dit que ce n’était pas toi ! J’ai dit à Benson que tu ne l’avais pas fait !
- Et je ne l’ai pas fait. Mais je vais dire que c’est moi, comme ça, ça sera fini. Ça ne sert à rien d’impliquer une autre personne dans cette histoire, qu’est-ce que ça changerait ?
- Ça t’éviterait un mensonge supplémentaire. »

Gowan pencha légèrement la tête sur le côté.

« Andrew…
- Non mais oui, quel est l’intérêt de punir la personne qui a diffusé massivement une vidéo porno de Sasha à toute l’école ? On se le demande ! De la personne qui s’est dit, un beau matin, « tiens, je vais ruiner la vie de quelqu’un sans raison ! »
- Ce n’était pas sans raison…
- Mais tu te fous de ma gueule ? Il était désormais incapable de retenir sa colère. Vas-y, donne-les-moi ces raisons ! Je t’écoute ? C’est quoi ton explication ? C’est quoi sa défense ? »

Silence.

« Bah ouais, c’est bien ce qui me semblait, y’en a pas. C’est indéfendable ce qui s’est passé. Mais toi, tu tentes. Non, pire que ça, tu décides de prendre pour cette personne. C’est qui ? C’est qui pour que tu décides de prendre pour elle, pour que tu décides qu’elle doit s’en sortir comme ça ?
- Tu ne comprends pas…
- Non, non, effectivement Gowan je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment tu peux défendre une personne comme ça. En fait, je ne comprends rien. Je ne comprends pas que tu aies demandé la vidéo, ou que tu l’aies envoyée ou que tu sois prêt à te dénoncer à la police pour quelqu’un qui ne peut pas en valoir la peine. Et aussi, je ne comprends pas que tu te sois foutu de ma gueule depuis le début de l’année !
- Je ne me suis pas…
- Si, putain, si ! On en a parlé je-ne-sais-pas-combien de fois ! Et depuis tout ce temps-là, tu me mentais ? Tu me mentais en me regardant dans les yeux ? Tu sais à quel point je m’en veux de cette histoire, tu sais qu’on m’accuse d’être le mec sur la vidéo, tu sais que ça a tout flingué entre Sasha et moi et tu me mens depuis le début ?
- Andrew, je te jure, c’est plus compliqué que ça, je ne voulais pas…
- Mais bien sûr que si tu voulais ! Regarde-toi ! Même là tu refuses de me dire la vérité !
- C’est compliqué ! tonna Gowan, cédant lui aussi à l’emportement. Tu crois que ça me fait plaisir cette histoire, que j’en suis heureux, que je suis content de devoir cacher des choses à mon meilleur ami ? Que j’envie d’aller voir la police ? Tu crois que j’ai envie de me faire virer de l’école ?
- Mais c’est ton choix ! Tes choix ! Personne ne te force ! Tu es sous Imperium ? Tu as fait un Serment Inviolable ? Pourquoi est-ce que tu fais ça à la fin ? Qui est-ce que tu couvres ? Dis-moi la vérité ! Gowan, je te le demande : dis-moi la vérité ! »

Ils s’affrontèrent du regard quelques secondes. Andrew avait la gorge serrée.

« Je… Je ne peux pas. »

Une pierre lourde comme le monde tomba dans son estomac. Il papillonna des paupières. Il ne voulait pas pleurer, pas là, pas devant Clayton. Un silence pesant s’était installé dans le couloir.

« Et bah j’espère que cette personne valait la peine de tout sacrifier pour elle, finit-il par murmurer, détournant son regard de celui qui avait été son meilleur ami.
- Andrew, ne le prend pas comme ça… »

Incapable d’écouter un mot de plus, il se détourna d’eux, commençant à remonter le couloir en direction du septième étage.

«  Andrew ! Gowan tentait de le rattraper. Il posa une main sur son épaule pour le faire se retourner mais il se dégagea brusquement. Andrew, s’il te plaît, pars pas comme ça, faut qu’on parle.
- Non, lâche-moi, laisse-moi tranquille. »

Il poussa la porte qui menait aux escaliers mais ne put avancer plus, la portion de marches devant lui servir à monter au septième étage étant absente. Elle était en train de se déplacer un peu plus loin, face au couloir qui desservait les salles de sortilèges.

« Andrew, écoute-moi, je suis désolé d’accord ? Je sais ce que tu dois penser mais je te jure que je ne voulais pas te blesser, tu es mon meilleur ami et…
- Arrête, laisse-moi tranquille, retourne voir Clayton, retourne voir je-ne-sais-pas qui mais laisse-moi tranquille !
- Mais écoute-moi s’il te plaît, laisse-moi t’expliquer !
- Non ! »

Andrew se retourna brusquement pour faire face à Gowan, qui ne bougea pas. Cette fois-ci, il avait senti les larmes basculer sur ses joues, incapable de les retenir et il les essuya rageusement. Il croisa le regard de Clayton, quelques pas derrière, et en eut encore pus honte.

« Laisse-moi tranquille, d’accord ? balbutia-t-il. Je ne veux plus te parler, je ne veux plus t’entendre, je… Il y a le match demain matin, d’accord ? Et… et je dois me concentrer. Juste… Laisse-moi tranquille. »

Cette fois-ci, Gowan recula d’un pas.

« On parlera après le match, alors… »

Andrew ne répondit rien, alors que la réponse fusait dans son esprit. Non, ils ne parleraient pas. Il ne voulait plus. Il n’avait pas le courage de se replonger dans cette situation. Un bruit familier derrière lui indiqua que l’escalier était revenu à sa place initiale. Il se retourna et monta les marches quatre à quatre, pour se précipiter à la Tour. Ses pensées explosaient dans sa tête, il avait envie de pleurer et de frapper dans quelque chose en même temps. Une fois le mot de passe lancé à la va-vite au portrait de la Grosse Dame, il traversa la Salle Commune sans s’arrêter, sans répondre aux quelques interpellations qui retentissaient. Il ouvrit la porte du dortoir à la volée, faisant sursauter Henry et David, qui étaient déjà en pyjama et discutaient sur leurs lits respectifs. Il se dirigea vers son lit et ferma les rideaux sans un mot, incapable de donner le change.

«  Ça va Andrew ? »

La voix inquiète d’Henry retentit dans la pièce mais il ne répondit rien, sentant de nouveau les larmes couler sur ses joues. La scène qui venait de se jouer dans le couloir tournait en boucle dans son esprit et, dans le même temps, il n’arrêtait pas de penser à Sasha. Se laissant tomber en arrière sur son oreiller, il ferma les yeux, autant pour faire cesser ses pleurs que pour se calmer.

Il ne devait plus y penser, se répétait-il. Ne plus y penser ce soir. Demain, c’était le match, il devait se concentrer sur cela. Guider l’équipe, bien voler demain, gagner le match. Il ne pouvait pas arriver dans cet état sur le terrain. Il devait emporter le match et ensuite, il verrait.

Demain.

FIN DE L'OS


Trouble is a friend... of mine [OS] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side