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Les fleurs du mal [Famille Marchebank-Warlock]

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Les fleurs du mal [Famille Marchebank-Warlock] Icon_minitimeDim 13 Mar 2022 - 21:51
Les fleurs du mal [Famille Marchebank-Warlock] 361-39Les fleurs du mal [Famille Marchebank-Warlock] Andrew10Les fleurs du mal [Famille Marchebank-Warlock] 797c0a6f425346c1948d3793a8a7cdca93c0b2d6Les fleurs du mal [Famille Marchebank-Warlock] CnfwLes fleurs du mal [Famille Marchebank-Warlock] Mj9tLes fleurs du mal [Famille Marchebank-Warlock] Tumblr_nl82sc0MDE1ssvclao2_250


Dave Marchebank - Andrew Warlock - Rosaleen Marchebank - Eliott Warlock - Meredith Warlock - John Warlock


Manoir Warlock - 15 septembre 2011


La grande salle à manger du manoir Warlock était éclairée par quelques lampes à huile qui diffusaient une lumière légèrement vacillante. La nuit était tombée depuis plusieurs heures maintenant et, quand bien même le soleil aurait rayonné tel un jour d’été, il n’aurait pu pénétrer dans la pièce ; Andrew avait veillé à fermer les volets. De l’extérieur, le manoir Warlock paraissait endormi, silencieux. Rien n’aurait pu prédire qu’à l’intérieur, cinq personnes s’étaient réunies autour de la lourde table en bois, dans une imitation de réunion familiale qui n’en n’était pas vraiment pas une. Andrew Warlock était installé aux côtés d’une Rosaleen Lestrange soucieuse, la main posée sur son ventre arrondi. Le couple faisait face à Meredith Warlock et Dave Marchebank, les mains croisées devant lui. Eliott Warlock, quant à lui, faisait les cent pas à quelques mètres de là.

"Par balle ? s’étonna Meredith, les sourcils froncés.
-Oui par balle, dans le Londres moldu, répondit Andrew. Le rapport de la PM est très succinct, aucune trace de magie.
-Ce qui ne serait pas étonnant de la part de Léopold… marmonna Eliott depuis le fond de la pièce, s’attirant un regard réprobateur de Meredith.
-Fais-moi voir le rapport", demanda cette dernière en se penchant pour attraper le dossier qu’Andrew faisait glisser sur la table dans sa direction.

Le rapport était effectivement succinct, et tenait en seulement quelques pages. L’enquête était techniquement toujours ouverte mais il était clair que plus personne n’avait ouvert ce dossier depuis longtemps. Meredith balaya du regard la description de la scène de crime -sordide- et chercha les informations concernant l’arme du crime. Elle se figea quand ses yeux se posèrent sur les caractéristiques des deux balles qui avaient été retrouvées dans le corps de la victime. Des balles peu courantes, de fabrication autrichienne, avec un diamètre et une empreinte qui lui étaient étrangement familiers. Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Elle resta un instant silencieuse et ce fut la voix d’Andrew qui la tira de ses réflexions.

"Alors ? Son neveu était penché sur la table, en face d’elle.
-L’arme du crime… commença Meredith, qui hésitait à verbaliser ses soupçons. Cela correspond à un revolver que je lui ai offert, il y a au moins vingt ans."

Elle n’eut pas à préciser l’identité de celui à qui elle avait fait ce cadeau, et sa déclaration plongea la pièce dans le silence.  Le teint de Dave vira au blanc, presque plus translucide que la silhouette éthérée de John qui planait dans l’angle de la pièce.

"Il le porte toujours, souffla Rosaleen, ses mains pâles crispées sur le tissu de sa robe. Dans la poche intérieure de sa veste.
-Mais ça n’a aucun sens, rétorqua Dave, un peu vivement Pourquoi elle ? Quel rapport avec… ? Sa phrase s’étouffa dans sa gorge, n’osant pas achever la fin que tout le monde ici pouvait deviner.
- Ce n’est pas une question de sens, c’est une question de faits, répondit Andrew en accrochant le regard de son cousin. Leopold avait une liaison avec Clara Lorgan, qui a brutalement disparu et sa fille a été assassinée par une arme qu’il possède toujours.
-Ce serait pas la première fois qu’il s’en prend à un proche." intervint durement Eliott en jetant un regard vers le fantôme son père.

Le visage de Dave se crispa de façon perceptible. Rosaleen glissa sa main sur l’avant-bras d’Andrew, qui prit une profonde inspiration.

"C’est juste que les preuves commencent à s’accumuler, reprit-il, plus doucement.
-Vous avez trouvé autre chose ? intervint Meredith dans l’espoir d’apaiser un peu la conversation.
Rosaleen se pencha légèrement en avant, ses yeux clairs se posant brièvement sur Dave avant qu’elle ne prenne la parole.
-Andrew est allé à Vienne il y a quelques semaines, commença-t-elle. Charles Marchebank y est mort, relativement jeune. Il nous a semblé que cela pouvait être une piste… Les archives de l’hôpital étaient inaccessibles aux personnes de l’extérieur et nous ne voulions pas prendre le risque d’attirer l’attention. Malgré cela, Andrew a pu retrouver l’épouse du médecin qui s’était occupé de Charles, il est mort il y a quelques années mais elle vit toujours là-bas.
-Elle est assez âgée, c’était difficile de tenir une conversation avec elle, admit Andrew. Mais elle m’a dit que son mari, sur son lit de mort, avait avoué avoir été grassement payé par le fils Marchebank pour empoisonner son père. C’était en 1972, ça correspond avec le moment où Leopold était à Vienne auprès de Charles, après que ce dernier ait été gravement blessé lors d’une attaque de mangemorts. Évidemment, il n’y a aucune autre preuve de ça, outre l’aveu du médecin, mais son épouse semblait certaine de tout ce qu’elle avançait et il ne me semble pas qu’elle avait une quelconque raison de mentir."

Un long silence accueillit cet exposé. Dave semblait désormais disparaître, tant son teint devenait livide. Ses mains posées sur la table tremblaient légèrement. Quand sa mère voulut poser les siennes dessus dans un geste de réconfort, il les retira vivement, comme brûlé par le contact.

"Vous avez conscience qu’il n’y aucune réelle preuve dans tout ce que vous avancez ? Tout est circonstanciel. Et là, tu nous parles du témoignage d’une personne morte dont on ne peut absolument pas vérifier les dires, Andrew. Cette dame n’avait sans doute pas de raison de mentir, mais pardonne-moi d’accorder peu de crédit aux paroles d’un vieillard mourant et peut-être délirant. Je veux bien reconnaître que ça fait beaucoup de coïncidences et d’événements suspects, mais…"

La suite de sa phrase resta suspendue dans les airs, troublée par l’émotion qui tremblait dans sa voix. Brusquement, un éclat translucide scinda l’air. John venait de traverser la pièce, entouré par cette aura froide qu’il dégageait encore plus depuis sa mort.

Mais Dave, ouvre les yeux ! s’emporta-t-il avec une voix colérique qui lui était peu coutumière. Ton père était loin d’être un saint, il avait de nombreux vices et des secrets plus nombreux encore. Personne n’arrive où il est arrivé sans se salir les mains… et Leopold a toujours eu des ambitions qui le dépassaient.”

Dave avait littéralement sursauté en voyant son oncle fendre l’air et prendre un ton si brusque. Il ne resta toutefois pas muet dans cette discussion qui engageait beaucoup trop de questions et d’émotions chez lui. Décidé à obtenir la vérité, il demanda :

Comment ça ? Sa voix tremblait mais son regard restait fixe sur son oncle, déterminé à obtenir des réponses claires. Qu’est-ce que tu as découvert à son sujet, toi ?
Même si John était conscient qu’il bousculait son neveu, son cœur était trop agité pour qu’il se résigne à se taire.
- J’ai toujours su qu’il était prêt à tout pour obtenir ce qu’il voulait. Il est capable d’éliminer les gens qui se mettraient en travers. Je crois qu’il a tué sa maîtresse lorsqu’elle est devenue trop encombrante. Je crois qu’il a tué la fille de sa maîtresse lorsqu’elle est devenue une menace, à son image ou à son mariage. Je crois qu’il a tué son père lorsqu’il a voulu hériter de sa fortune. Et je crois qu’il m’a tué. Ses yeux s’étaient vrillés dans ceux de Dave en prononçant ces mots.
- J’en suis sûr, intervint Eliott en se tournant vers son cousin. Il pouvait lire sa détresse sur son visage, pourtant il ne pouvait pas lui épargner la vérité. Il me l’a presque avoué lui-même. C’était lui.
- Dave, reprit Andrew avec un air grave, je comprends tes réticences. Et crois-moi, je suis sincèrement désolé que nous ayons à nous réunir autour d’un tel sujet. Mais les preuves s’accumulent autour de Leopold, les témoignages se recoupent et sont terrifiants… Il dut se retenir de jeter un regard inquiet vers Rosaleen qui vivait quotidiennement auprès de Leopold. Qu’est-ce qu’il te faudrait pour que tu nous croies ?

Le silence qui s’instaura après cette intervention pesait si lourd qu’il sembla durer des heures entières. La question résonna longuement chez Dave qui la tournait dans tous les sens dans son esprit, sans parvenir à trouver de réponse évidente. Ce qu’il voulait, c’était des preuves si tangibles, si indiscutables qu’il ne pourrait plus avoir aucun doute sur la réalité des faits, mais il était conscient que c’était impossible à obtenir. Et une part de lui n’était pas non plus certaine d’avoir envie de savoir. Une part de lui se révoltait profondément contre le portrait que toutes ces personnes qu’il aimait lui dressaient de son propre père. Mais il ne pouvait pas rester complètement obtus à leurs arguments. Comme le soulignait Andrew, trop de témoignages se recoupaient. Il y avait ceux de sa famille et il y avait également une voix lointaine qui répétaient des mots dans sa tête, une voix qui lui serrait le coeur et l’estomac, car elle appartenait à une de ses amies les plus chères. Et si Lauren avait eu raison, pendant cette horrible soirée qui avait été celle de leur dernière discussion ? Jamais cette question ne l’avait autant hanté qu’à cet instant.

Mais il n’y avait pas seulement les témoignages des autres, soufflait une autre voix intérieure. Il y avait aussi ce que lui, Dave, pouvait percevoir. Et il ne pouvait pas nier que ces derniers mois, son père était devenu différent. Il avait du mal à poser des mots clairs sur ce qu’il percevait et sur les raisons de ce changement d’attitude. Mais, indéniablement, son père avait changé. Leopold était devenu une ombre dans leur propre manoir, le genre d’ombre qu’on avait parfois peur de croiser, car elle annonçait potentiellement des réactions violentes ou paranoïaques. Dave avait d’abord pensé qu’il s’agissait du Ministère, de la pression du pouvoir, qui pouvait changer n’importe quel homme. Maintenant, il commençait à se dire que peut-être, cette évolution avait d’autres justifications.
Toutes ces pensées bouillonnaient et se mélangeaient dans sa tête sans qu’il ne parvienne à savoir comment les exprimer aux membres de sa famille. Leurs regards le pressaient, leur attitude clairement vindicative l’oppressait. Sa mère sembla saisir son trouble et reprit la parole :

Je sais que tu ne veux pas nous croire. La voix de Meredith s’était adoucie et elle sembla hésiter à tendre une main vers son fils, mais retint son geste. Je sais à quel point il compte pour toi, mais nous avons des raisons de penser qu’il n’est pas l’homme que tu penses qu’il est. Elle balaya rapidement la tablée du regard. Nous avons tous dû affronter cette vérité un jour, et nous avons mis du temps avant d’en arriver là, c’est normal que tu aies besoin de temps aussi. Tu n’as pas à prendre tout ce que l’on te dit pour acquis, tu peux aussi chercher des réponses par toi-même.”

Meredith luttait contre la désagréable impression qu’elle manquait à son rôle de mère en impliquant son fils dans cette discussion. Mais elle ne se serait jamais autorisée à prendre une décision sans lui en parler. Il avait le droit de savoir, et de comprendre.

Elle devinait les questions et les doutes qui se bousculaient sous ses boucles parce qu’elle avait dû affronter les mêmes, des années plus tôt. Elle était tombée amoureuse de Léopold quand elle était à peine plus vieille que Dave. Elle avait tout de suite compris qu’il était un homme ambitieux, avide de pouvoir et prêt à tout pour l’obtenir, mais il était tellement charismatique qu’il suffisait de l’écouter parler pour oublier ces défauts. Elle l’avait aimée, profondément et sincèrement, mais avec le temps elle avait commencé à apercevoir les parts les plus sombres de sa personnalité.

Des accès de colère particulièrement violents, une jalousie qui le rendait paranoïaque et le besoin impérieux de soumettre tous ceux qui s’opposaient à lui. Elle s’était sentie libérée d’un poids quand il lui avait finalement accordé le divorce, après des années de disputes à ce sujet. Elle avait toujours plus ou moins su qu’il était un homme dangereux, mais elle n’avait pas conscience d’à quel point jusqu’à leurs dernières découvertes. Il lui avait fallu des témoignages et des preuves pour finalement ouvrir les yeux sur la menace qu’il représentait pour chacune des personnes autour de cette table. Et elle savait que Dave finirait par arriver à cette conclusion lui aussi.

Ses mots parurent toucher son fils, en tout cas, car il finit par répondre, après un temps de silence troublé :

Oui… Je crois que j’en ai besoin. Réfléchir et mener des recherches de mon côté.

Il ne savait pas encore comment s’y prendre exactement mais il ne comptait pas fuir devant ses incertitudes. Aussi effrayante que puisse être cette perspective, Dave avait toujours recherché les faits et la vérité. Même si c’était son père sur le banc des accusés, cette fois-ci ne ferait pas exception.