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911 [Roy et Avalon]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 2 Jan 2022 - 18:55
15 octobre 2011

L’appartement que Roy et Avalon avaient fini par acquérir – après de multiples visites infructueuses – se trouvait dans le centre-ville moldu de Bristol, au bord de l’Avon. Il était situé au quatrième et dernier étage d’un immeuble ancien en pierres blanches, avec un accès privatif à la terrasse qui se trouvait sur le toit. L’appartement avait été le coup de cœur du couple, avec ses grandes pièces lumineuses, ses quatre chambres, sa belle salle-à-manger ouverte sur le séjour par une arche, et surtout sa grande terrasse qui leur garantissait un bel espace extérieur. Evidemment, il avait tout même fallu négocier leur déménagement dans le monde moldu – ce qui n’avait pas été facile mais, comme Avalon ne cessait de le répéter, elle avait toujours excellé en négociation au BDA puis à la milice. Un soir, Roy et elle s’étaient installés en face-à-face autour d’une table et avaient mené de très sérieux pourparlers. Avalon avait mis en évidence la situation de l’appartement – en plein centre-ville, dans un quartier agréable, au bord de l’Avon – son agencement, sa terrasse – et elle avait souligné qu’il y avait largement l’espace d’y installer un jacuzzi car elle savait que cet argument ferait mouche chez son compagnon. Elle avait évidemment évoqué Vivianne et le fait que déménagement dans le monde magique serait une transition plus douce pour elle que s’ils achetaient immédiatement dans le monde sorcier. Lorsqu’elle avait senti que son partenaire était sur le point de faiblir, elle avait sorti sa dernière carte : Roy et elle investissaient aujourd’hui dans un appartement dans le but d’investir mieux, plus tard, dans une demeure plus grande ; aussi, elle lui avait proposé de le laisser choisir le monde – sorcier ou moldu – de cette prochaine habitation. Vivianne serait plus grande, à Poudlard la majeure partie de l’année, et si Roy voulait bien faire l’effort de vivre dans son monde de naissance pendant un temps, alors elle voulait bien faire la même chose pour lui.

Ils s’étaient mis d’accord, et avaient signé l’achat de leur appartement quelques jours plus tard. Les démarches avaient été faites assez rapidement, et puis ils avaient dû faire face à une nouvelle épreuve : celle de la décoration et de l’ameublement de ce logement. Roy trouvait qu’Avalon avait des goûts « de meuf » (elle trouvait ça hautement insultant), et Avalon ne se privait pas pour dire à Roy que non, sa bite n’allait pas tomber s’il meublait son appartement autrement que comme un lieu de tournages pour vidéos épicées. Finalement, ils avaient fait le choix de faire appel à Abel pour trouver un compromis entre leurs exigences – ce qui n’avait pas été si compliqué que ça à partir du moment où ni l’un ni l’autre n’était en charge de cette tâche.

Cela faisait quelques jours que Roy, Avalon et Vivianne avaient emménagé dans ce bel appartement entièrement redécoré et meublé. Ils s’appropriaient assez bien les lieux, même si Roy devait s’habituer à certaines particularités moldues – ce qui ne manquait pas de le faire râler, évidemment. Ce monde avait tout de même plusieurs avantages – notamment celui de ne pas être bloqué au Moyen-Age, soutenait Avalon, et donc d’avoir de l’électricité – douce invention humaine.

Cela leur permettait d’avoir une télévision par exemple, ainsi qu’un accès à des vidéos et des films de façon plus ou moins illimitée. Vivianne pouvait suivre les programmes qu’elle connaissait depuis son enfance – Avalon, en revanche, avait en tête d’éduquer Roy à la culture cinématographique moldue.

« Non mais Roy, » fit-elle en s’installant à côté de lui, « la culture sorcière, oui, c’est important, évidemment mais moi, je passe ma vie dedans. Je bosse au ministère de la magie je veux dire, comment tu veux que je dois encore plus intégrée ? Maintenant, comme tu as décidé de t’installer avec née-moldue, il faut t’éduquer un peu à la culture moldue. Non, non, » lança-t-elle comme pour lui éviter de répondre quoique ce soit, « il fallait y penser avant de signer un achat avec moi, tu peux avoir le seum en silence maintenant. »

Elle lui embrassa le dos de la main avec un sourire rieur.

« Alors, écoute, avec Toni on s’est mis d’accord pour dire que c’est un scandale que tu aies jamais vu Die Hard, donc je pense que… »

Elle buta sur la fin de sa phrase.
Chercha à la reprendre.
Ne parvint pas à trouver les mots.
Ou même un seul mot.

« Que… »

Ses sourcils se froncèrent. Ses lèvres bougeaient sans son.


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Roy Calder
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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeJeu 6 Jan 2022 - 19:56
Roy n’avait jamais compris cette fierté si grande que les moldus et né-moldus tiraient de leur invention de l’électricité. Avalon -comme tous les autres nés-moldus qu’il connaissait- n’avaient de cesse de dire que les sorciers vivaient « au Moyen-Âge » sous prétexte qu’ils écrivaient avec des plumes sur des parchemins et utilisaient des lampes à huile. Et pourtant, maintenant que Roy vivait totalement dans le monde moldu, il avait encore plus d’arguments pour soutenir le contraire. Tout était beaucoup plus simple, facile et rapide chez les sorciers. Attendre plus d’une heure pour laver et sécher son linge, tout autant de temps pour laver sa vaisselle dans ces grosses machines qui faisaient un bruit infernal, c’était ça, le Moyen-Âge. Et puis, avoir un jacuzzi c’était très bien, mais il était déçu de ceux qui existaient dans le monde moldu et qui ne faisaient pas grand-chose à part faire des bulles. Sans compter que tout risquait de tomber en panne ! Une panne d’électricité et pouf, plus rien ne marchait dans la maison, et en plus il fallait la payer cette électricité. Est-ce que la magie tombait en panne et est-ce qu'il fallait la payer ? Non, mais Avalon continuait de soutenir qu’elle préférait vivre de cette manière et puisqu’il avait donné son accord pour emménager ici, Roy essayait tant bien que mal d’apprendre à en faire de même.

Mais ce qui manquait le plus à Roy n’était pas tant la magie que le cadre de vie du Bristol sorcier qu’il trouvait bien plus agréable que le Bristol moldu : la ville était plus petite, plus pittoresque, et surtout elle faisait face à la mer, alors que les moldus ne voyaient que le fleuve qui passait dans la ville. Oui, il y avait un petit port de plaisance sur le fleuve, mais ce n’était pas pareil. Il ne cessait de le répéter à Avalon, d’ailleurs : ce n’était pas pareil ici.

Toutefois, il aurait été de mauvaise foi de dire qu’il n’y avait pas quelques bons côtés dans ce déménagement côté moldu. L’un d’entre eux était cette nouvelle occupation qu’ils pouvaient partager avec Avalon, à regarder des films sur grand écran. Roy connaissait le principe de la télévision et des DVD, pour en avoir déjà regardé chez Jayce, et il voulait bien reconnaître que c’était agréable d’en avoir chez soi, même si cela signifiait endurer les remarques régulières d’Avalon sur son manque de culture moldue, auquel elle essayait tous les jours de pallier.

« Mais j’ai jamais dit que je voulais pas le faire ! protesta Roy face à Avalon qui le bassinait encore sur le sujet. Mais t’abuses aussi, je m’y connais un peu, hé, Jayce m’a déjà montré plein de films, là, les films de boxe comment ça s’appelle déjà, Roxy quelque chose. Et crois-moi, avec Meera et Chandra, j’ai maté au moins douze -il exagérait- dessins animés Disney, c’est pas ça vos grands classiques ? »

Avalon avait d’autres projets car elle mentionna un film qu’il ne connaissait pas mais dont le titre promettait -même si Roy avait du mal à faire confiance aux goûts cinématographiques de Toni. Il se préparait déjà à contre-attaquer, attendant simplement la fin de la phrase d’Avalon qu’elle peinait à formuler. Roy crut d’abord qu’elle s’emmêlait les pinceaux dans sa répartie.

« Quoi ? C’est un scandale si gros que tu sais plus quoi dire ? » se moqua t-il.

Mais sa blague ne rencontra pas d’écho chez Avalon. Elle ne riait pas du tout, elle faisait une tête très étrange comme si elle restait bloquée sur cette phrase qu’elle ne parvenait pas à formuler. Roy comprit que quelque chose n’allait pas quand elle se cramponna à son bras, avec une lueur de panique dans le regard. Il se redressa du dossier du canapé.

« Av’ ? Ça va pas ?
-De… Je peux pas parler.
-Hein ?
-Je peux pas parler. Je… »

Elle ne semblait pas s’apercevoir de la contradiction de ses propos, mais un tel affolement se lisait dans son expression que Roy s’alarma à son tour :

« Comment ça tu peux pas parler ?
-Je…. peux pas parler, répéta t-elle. Je peux pas… »

Son élocution hachée trahissait les efforts qu’elle faisait pour s’exprimer. Sa respiration se faisait sifflante, signe d’une panique que Roy essaya d’apaiser, à défaut de savoir quoi faire d’autre :

« Respire. Tu es en train de paniquer, calme-toi. » Il s’approcha d’elle, en glissant ses mains autour de son visage. « Tu es en train de me parler, je t’entends. »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeJeu 6 Jan 2022 - 21:27
Les mots ne venaient pas. Pas comme lorsqu’elle était submergée par une émotion si forte qu’elle en perdait la parole ; cette fois-ci, ils ne pouvaient pas venir. Elle voulait mais quelque chose ne lui obéissait plus. Pourtant, ses lèvres bougeaient et, quand Roy se pencha vers elle, elle put comprendre l’intégralité des phrases. Mais elle ne pouvait pas répondre.

Elle pouvait penser. Elle pouvait visualiser ce qu’elle voulait dire. Mais elle ne pouvait pas répondre.

Ce fut cette pensée, si obsédante, qui finit par franchir ses lèvres de manière hachée, suffoquée, sous les yeux d’un Roy d’abord surpris, puis alarmé.

Elle ne pouvait pas parler.

Avalon écarquilla les yeux, prise par un sentiment de panique qui saisit son corps et crispèrent ses mains autour du bras de Roy. Elle sentait que quelque chose l’empêchait de verbaliser ce qui, pourtant, se formulait assez clairement dans sa tête. Comme un barrage, quelque chose de mécanique, quelque chose de…

« Je peux pas parler » répéta Avalon, en boucle, alors que Roy encadrait son visage de ses mains pour lui intimer de se calmer, en lui assurant qu’il entendait ce qu’elle disait.

Il l’entendait, mais elle ne pouvait rien dire ! Rien dire d’autre, du moins, que ces quatre mots qui n’exprimaient rien, qui ne représentaient rien, qui avaient même perdu leur sens maintenant. Ils étaient là parce que le reste de son vocabulaire avait brusquement disparu.

Avalon secoua la tête, ferma les yeux, comme pour se concentrer. Mais rien, absolument rien ne lui permit de sortir de ce silence qui lui était imposé. Elle pouvait se lever, se laissa même conduire sur leur balcon par Roy qui, en désespoir de cause, dut songer que l’air frais lui ferait du bien. Mais rien n’y fit.

Un certain temps s’écoula, Avalon ne sut l’estimer. Elle l’avait passé dans un état second, détachée de la réalité, concentrée uniquement sur ce barrage qu’elle ressentait et qui bloquait sa parole. Un barrage rigide, qui n’avait cédé à rien et qui, tout aussi brutalement qu’il était survenu, disparut.

Avalon était assise sur un fauteuil d’extérieur, sa tête reposée entre ses mains. Elle leva les yeux vers Roy, les sourcils froncés par l’incompréhension et la stupeur.

« Ça va, c’est bon je… Je crois que ça va. » lâcha-t-elle avec prudence, presque inquiète de voir sa parole reprise aussitôt par ce mystérieux mal. « Je comprends pas ce qui s’est passé, je comprenais ce que tu me disais mais je pouvais plus parler, c’est comme s’il y avait eu un… »

Elle ne termina pas sa phrase, encore une fois. Pas parce que les mots lui échappaient à nouveau mais parce qu’une douleur éclata dans son crâne, lui vrilla les temps. Elle eut une exclamation de douleur mêlée à de la surprise, et posa ses mains sur sa tête comme pour soulager cette sensation de compression intense.

« Putain mais… » jura-t-elle entre ses dents. La douleur monta en pic, tambourinant contre les parois de son crâne. Elle voulut se lever mais le mouvement qu’elle fit pour se redresser lui arracha un grognement de souffrance, qu’elle étouffa en se mordant l’intérieur des joues. Le sol avait l’air de tanguer et, devant ses yeux, des points blancs dansaient et brouillaient sa vue.

« Av ? Ça va ? » La voix de Roy lui parvint en écho. Elle hocha la tête difficilement.

« Ouais, ouais. » Ses doigts crispés contre l’accoudoir racontaient une autre histoire. « J’ai juste mal à la tête. »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeVen 7 Jan 2022 - 20:33
Très vite après la surprise et l’incompréhension vint le désemparement. Roy se sentit démuni face à Avalon qui semblait perdre ses moyens. De son point de vue, elle faisait une crise d’angoisse, ce qui le poussa à lui proposer d’aller prendre l’air sur le balcon. Il crut que l’air frais lui ferait du bien et l’aiderait à retrouver ses moyens, mais Avalon resta pétrifiée, assise sur une chaise de leur terrasse. Roy s’agenouilla devant elle, cherchant à croiser son regard alors qu’il lui demandait avec inquiétude :

« T’as besoin de quelque chose ? Tu veux que je te donne de quoi écrire ? »

Mais Avalon ne réagit pas et Roy ne sut comment interpréter son silence : est-ce qu’elle l’entendait, au moins ? Est-ce qu’elle arrivait à comprendre ce qu’il disait, à défaut de réussir à lui répondre ? De plus en plus préoccupé, il allait reprendre la parole, quand elle finit par répondre, avec une phrase complète, cette fois.

Malheureusement, le soulagement de Roy fut de courte durée. Avalon fut interrompue par ce qui semblait être une montée de douleur si brutale qu’elle fit sursauter son partenaire. Il l’interpela plusieurs fois, avec une nervosité évidente désormais :  

« Ça va ? Qu’est-ce qui se passe ? T’as mal où ? Av’ ? 
-Ouais, ouais, j’ai juste mal à la tête.
-Comment ça juste mal ? » répéta Roy, en fronçant les sourcils. « Ça avait l’air hyper violent… Tu as toujours mal ? »

A en juger à la manière dont elle s’agrippait à son fauteuil et dont les traits de son visage se tendant, elle était en train de souffrir. Il n’en fallut pas plus à Roy pour qu’il se mette en action. Il se redressa, en tendant sa main vers Avalon pour qu’elle le suive.  

« Tu peux transplaner ou pas ? Je t’emmène à l’hôpital. »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeVen 7 Jan 2022 - 21:48
Avalon tombait rarement malade. Les rares fois où elle avait été hospitalisée, cela avait fait suite à des blessures sur le terrain ou, plus récemment, la déconvenue qu’elle avait subi avec Roy face à Norvel. L’hôpital n’était globalement pas un lieu qu’elle affectionnait particulièrement et elle n’y mettait les pieds qu’en dernier recours, généralement contrainte et forcée. Elle n’avait pas le réflexe d’aller consulter un médecin – ou un médicomage – au moindre signe qui sortait de l’ordinaire ; on ne l’avait, après tout, jamais élevé ainsi. Elle attendait plus ou moins consciemment que les choses passent d’elles-mêmes, s’inquiétant rarement d’une toux qui durait un peu trop longtemps ou d’une douleur à l’épaule qui faisait suite à une intervention un peu musclée qu’elle avait eu dans le cadre de son travail. Elle reléguait toute consultation médicale à plus tard, pas tant parce qu’elle ne croyait pas en la médecine (ou en la médicomagie, même si elle avait un avis très tranché dessus) que parce qu’elle n’était pas franchement habituée à prendre soin d’elle-même.

Et parce qu’elle détestait se sentir vulnérable.

La douleur qui lui vrillait la tête, les tempes et lui donnait des sensations de vertiges, la rendait pourtant très vulnérable. Si elle avait été honnête avec Roy – et avec elle-même - Avalon aurait pu admettre qu’elle n’avait pas seulement « juste mal à la tête ». La vérité était qu’elle n’avait jamais connu une douleur aussi lourde, c’était comme si un étau lui compressait le crâne et que quelque chose lui envoyait des décharges électriques particulièrement violentes, par vague. Elle ne releva pas les yeux lorsque Roy se leva, ne saisit pas la main qu’il tendit vers elle mais se contenta de serrer les dents. A la mention de l’hôpital, elle secoua la tête de gauche à droite.

« Non laisse, c’est rien. » fit-elle d’une voix tendue. Rien que l’idée de transplaner, d’attendre des heures à l’hôpital sous une lumière blanche et agressive lui donnait la nausée. Elle n’aspirait qu’à s’allonger dans une pièce sombre. « Ça va passer. » Elle se redressa et se leva dans le but de rentrer à l’intérieur. Comme la douleur lui donnait des vertiges, elle tituba un peu et se raccrocha au bras de Roy. « Je vais pas aller à l'hôpital pour un mal de tête. Franchement j’ai juste envie d’aller m’allonger là, ça passera dans la nuit. »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeJeu 20 Jan 2022 - 19:00
Evidemment, Avalon ne se montra pas coopérative. Roy la connaissait assez pour savoir qu’elle était la première à se soucier de ses proches, et la dernière à reconnaitre qu’elle avait besoin d’aide ou de soins. Il ne pouvait même pas le lui reprocher : il faisait la même chose. La dernière fois qu’il avait mis les pieds dans le cabinet d’un médecin remontait à très loin. Les seuls moments où il daignait franchir la porte d’un hôpital, c’était quand il manquait de mourir -ce qui était arrivé un peu trop souvent ces derniers temps.

Toutefois, s’il prenait sa propre santé pas très au sérieux, il était tout à fait prêt à tenir le rôle de celui qui se souciait de celle d’Avalon pour elle. C’était ce qu’ils étaient l’un pour l’autre : des gardes-fous face à l’insouciance de l’autre. Il ne se montra donc pas convaincu par l’esquive de sa partenaire et insista :

« C’est pas qu’un mal de tête, là, t’as l’air de souffrir le martyr… Et tu étais incapable de parler il y a encore une minute. » Il pressa le bras qu’elle avait posé contre le sien en s’agrippant à lui. « Ça fait au moins deux signes alarmants qui méritent qu’on aille voir un médecin. 
-C’est bon, » fit Avalon en secouant la tête, « j’ai juste besoin de dormir. »

Roy l’observa un instant, incertain de la réaction à adopter. Il n’avait pas envie de forcer Avalon à le suivre et de toute manière, elle ne semblait pas vraiment en état de transplaner. Il finit par céder partiellement :

« Ok, repose-toi…. Mais si ça va pas mieux tout à l’heure, on ira voir un médecin. »

Il la laissa rentrer à l’intérieur et s’installer dans leur chambre à l’étage. Une vingtaine de minutes plus tard, Roy revint vers elle et la découvrit allongée sur leur lit, dans la pénombre, immobile. Il crut qu’Avalon s’était endormie, mais en s’approchant il la vit bouger légèrement la jambe. Assis sur le matelas, il effleura son front, la voix assez basse pour ne pas perturber le calme dont elle semblait avoir besoin :

« Tu as encore mal ? »


Roy Calder

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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeVen 21 Jan 2022 - 14:51
Allongée dans le noir, Avalon avait fermé les yeux comme si cela lui garantissait de pouvoir s’endormir. En réalité, la douleur qui martelait son crâne et qui ne passait pas l’empêchait de sombrer dans le sommeil. Elle restait désespérément éveillée, la main droite serrée sur le tissu de son oreiller, dans un geste vain pour lutter contre cette algie.

Lorsque Roy pénétra dans la pièce, une vingtaine de minutes plus tard, ni la douleur, ni la nausée, ni les sensations de vertige qu’elle ressentait ne s’étaient véritablement atténuées. Il s’installa à ses côtés et elle lutta pour lever les yeux vers lui. Son champ visuel était parsemé de points noirs.

« Un peu. » répondit-elle d’une voix tendue qui trahissait son mensonge. Elle perçut l’expression qui passa sur le visage de Roy et leva une main comme pour arrêter ce qu’il s’apprêtait à dire : « Y a aucun moyen que tu me fasses bouger de ce lit, je te préviens. » maugréa-t-elle en saisissant sa main. « Ça sert à rien qu’on aille à l’hôpital, ils vont rien à faire à part me filer des antidouleurs que je pourrais pas prendre. Et puis on va pas laisser Viv’ toute seule ici. » ajouta-t-elle en posant trois doigts sur sa tempe pour la masser légèrement. D’accord, il y avait ce trouble de la parole qui était peut-être légèrement inquiétant mais elle s’exprimait très bien désormais, comme si cet incident n’était jamais arrivé. L’idée de patienter dans une pièce aussi éclairée qu’une salle d’attente était vraiment la dernière chose à laquelle elle aspirait. Allongée, elle se sentait légèrement mieux.


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 13 Fév 2022 - 17:04
A en juger par la tension qui tirait les traits de sa compagne, Roy comprit qu’elle souffrait toujours de ses douleurs, peut-être moins que tout à l’heure, mais ce n’était pas complètement disparu. Il s’apprêtait donc à répliquer, mais elle le devança en lui opposant aussitôt des arguments. Fronçant les sourcils, Roy répéta :

« Que tu pourras pas prendre ? »

Avalon ne prenait jamais de médicaments, réalisa t-il alors. Il n’y avait pas vraiment prêté attention jusque là. La boîte à pharmacie contenait des potions qui venaient de chez lui. Avalon n’avait rien amené quand ils avaient aménagé ensemble, pas même des antalgiques basiques. Elle ne prenait rien. Quand elle avait une migraine ou des crampes au moment de ses menstrues, elle restait allongée sur le canapé en disant que ça allait passer. Roy avait pensé parfois qu’il s’agissait de sa méfiance envers la médecine sorcière, mais il entrevit une autre explication à cet instant, en songeant qu’il avait été bête de ne pas y penser plus tôt.

« C’est à cause de… tes anciennes addictions ? »

Sans parler, Avalon se contenta de hocher la tête. Pendant un instant, Roy conserva le silence, la main posée sur les cheveux de sa compagne qu’il caressait doucement. Il songea à certaines conversations qu’il avait déjà eues avec Jayce, quand il lui demandait pourquoi il se rendait toujours aux réunions des Alcooliques Anonymes, alors qu’il était sobre depuis presque dix ans. « Même sobre, on est toujours addict » lui avait-il répondu. Une fois exploré, le terrain de l’addiction restait ouvert pour toujours, même s’il pouvait faire le choix de ne plus y retourner, c’était là, en lui. Si ce n’était pas l’alcool, cela pouvait devenir une autre substance. Avalon semblait partager ce point de vue, en évitant de consommer toute substance qui pourrait raviver de vieilles et mauvaises habitudes.

Pour cette fois, Roy ne chercha pas à lutter contre cet argument qu’il sentait sensible chez Avalon. Il n’était après tout pas le mieux placé pour lui expliquer comment gérer son addiction. En revanche, il insista sur un autre point :

« Un médicomage pourrait trouver une explication, au moins, et peut-être un autre remède qu’un anti-douleur, on ne sait pas. Quoiqu’il te dise, on avisera. Ca t’engage à rien du tout d’aller en voir un… Et puis, on est pas obligé de laisser Viv’ ici, on peut faire venir un médicomage ici. Tu peux pas te déplacer de toute façon donc on a pas le choix. »

Le soupir qu’elle poussa était sans doute contrarié mais Roy obtint gain de cause, cette fois.

« Ok. Mais pas un médicomage. Je veux un médecin. Un moldu. »

Pour des raisons que Roy ne comprenait toujours pas, à part peut-être l’anonymat qu’elle voulait conserver quand il s’agissait de ses maladies, Avalon avait toujours refusé de mettre un pied à Sainte-Mangouste ou même chez n'importe quel médicomage de campagne. Soi-disant que la médecine moldue était plus performante et plus fiable. Mais enfin, ces branquignols ne savaient même pas faire repousser des os, qu’est-ce qu’on pouvait attendre de leur science ?

Toutefois, Roy était conscient qu’il venait déjà de gagner une bataille en convaincant Avalon de voir un médecin, il n’allait pas en gagner une autre, alors il se plia à sa demande :

« Ok. » Il se leva du lit, avant de se rendre compte qu’il ne savait pas comment procéder. « Hum. Comment on appelle un médecin moldu ? »

Le profond soupir qui émana d’Avalon était, cette fois-ci, sans aucun doute de la contrariété. Elle marmonna quelque chose que Roy ne put entendre -certainement un « ces sorciers qui savent rien faire là »-  avant de réclamer son Pear. Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Roy de râler car selon lui le médecin ne venait pas assez vite : voilà le problème avec les moldus aussi, ils mettaient trois plombes à faire le moindre déplacement. Après une bonne demi-heure, ils accueillirent un certain M. Anderson, vêtu d’un manteau noir, avec une mallette à la main de la même couleur. Elle contenait un certain nombre d’outils non identifiés que Roy le vit sortir, avec méfiance. Vraiment étranges, ces moldus.


Roy Calder

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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeLun 14 Fév 2022 - 11:04
Si Avalon céda sur la consultation médicale, elle requéra un médecin moldu d'une voix qui ne laissait aucune place à la contradiction. Roy lui donna gain de cause, probablement peu enclin à se battre contre elle sur ce sujet-là. Avalon voulait bien le reconnaître ; la médicomagie avait ses avantages. La science des potions était d'une richesse infinie, capable de merveilles que les moldus rêveraient de pouvoir accomplir. Mais, et sans être capable d'identifier pourquoi, Avalon avait davantage confiance en la médecine moldue, qu'elle trouvait plus sûre, plus exacte, plus au fait des dernières avancées techniques et, évidemment, plus familière. Il se cachait probablement, sous cette obstination, deux choses. La première, c'était qu'Avalon préférait éviter de dévoiler son adresse personnelle à des membres de la communauté sorcière. Elle se savait cible du LEXIT et avait été trop bien formée pour laisser quoique ce soit entre les mains du hasard. Vigilance constante. La seconde, c'était qu'Avalon - qui n'était pas tout-à-fait apaisée avec sa condition de sorcière - se rattachait à ses origines pour ne pas les oublier. Sans surprise, si la première raison fut limpide dans son esprit, la seconde ne lui traversa pas la tête.

Les yeux plissés pour éviter de souffrir de la lumière projetée par l'écran de son Pear, Avalon composa le numéro du MGCU - Médecins Généralistes pour Consultations d'Urgences - et approcha le téléphone de son oreille. En quelques mots, elle expliqua la situation, donna sa localisation, et une consultation médicale à domicile fut programmée. Avalon l'attendit, couchée dans son lit, se contentant de lever les yeux au ciel lorsque Roy se mit à râler sur l'attente qu'il estimait trop longue. Le médecin finit par arriver au bout d'une demi-heure.

"Excusez-moi pour le retard," fit-il en s'avançant dans la salle-à-manger où Avalon était désormais assise, "la circulation dans l'hypercentre de Bristol est..."
"Désastreuse." compléta Avalon, et l'effort qu'elle mettait dans cette conversation se lisait nettement sur son visage. "Il vaut mieux éviter les quais à cette heure-là."
"Ne m'en parlez pas." Docteur Anderson s'installa sur une chaise devant elle et posa sa malette sur la table de la salle-à-manger. "Votre entretien téléphonique avec le coordinateur mentionnait un migraine ?"
"Sûrement. J'ai mal à la tête depuis..." Elle consulta sa montre. "Une heure environ ?"
"Vous pouvez m'estimer votre douleur ? Sur une échelle de 0 à 10 ?"
"5 ?" En sentant le regard réprobateur de Roy, elle ajouta : "Peut-être 6, tout-à-l'heure."
Le docteur Anderson eut un sourire en coin : "Des nausées ?" Elle hocha la tête. "Vous avez l'impression d'être plus sensible à la lumière ?" Elle hocha la tête à nouveau. "La douleur est apparue comme ça ?"
"Oui. Enfin," corrigea Avalon, "pas exactement. Je... Je ne pouvais plus parler."
"Avant votre crise ?"
"Oui. Je parlais mais... Tout ce que j'arrivais à dire, c'était que je ne pouvais plus parler." Sa voix s'était un peu tendue. "Je ne me souvenais plus des mots."
"Et ça s'est dissipé naturellement ?" Le docteur Anderson avait froncé les sourcils.
"Oui, au bout d'une quinzaine de minutes."
"Mhhhh."

Le docteur marmonna quelque chose d'intelligible, et ouvrit sa malette pour en sortir quelques objets. Il lui fit passer un test neurologique complet avant de contrôler ses paramètres vitaux, qui semblaient normaux, et lui demanda plus de détails sur la douleur qu'elle ressentait.

"Écoutez, ce n'est pas inhabituel. Rare, mais pas inhabituel. Plusieurs signes laissent à penser que c'est une migraine avec aura, c'est-à-dire que des troubles neurologiques transitoires apparaissent juste avant la crise. L'aphasie n'est pas le cas le plus fréquent mais c'est une explication plausible."

Avalon lança à Roy un regard qui avait tout du "je te l'avais bien dit" mais déjà, le docteur Anderson reprenait :

"Cela dit, ça m'ennuie un peu, la douleur que vous décrivez, davantage localisée à l'arrière du crâne, ce n'est pas vraiment typique. Écoutez, je vais vous prescrire un scanner cérébral, d'accord ? Histoire de ne laisser aucune hypothèse de côté."

Quelque chose, dans la formulation de cette dernière phrase, fit tomber un lourd poids au creux de son estomac. Pâle, elle hocha la tête pour acquiescer.

"Et en attendant..." Le docteur Anderson lui tendit une première feuille, avant de griffonner sur une seconde. "Je vais vous prescrire de quoi soulager les douleurs. Disons... Du kétoprofène en première intention. Et de l'Oxycotin si jamais la douleur devenait plus sévère."

Il tendit la feuille à Avalon, qui la saisit entre ses doigts, les yeux baissés vers l'écriture du médecin, étonnement ronde et lisible. Une sensation de nausée s'empara d'elle qui, cette fois, n'était pas apparentée à ses céphalées. Trois lettres, "Oxy", se détachaient nettement du papier. Elle le reposa sur la table et leva les yeux vers le médecin, qui remettait déjà son manteau.

"Est-ce que vous avez des traitements qui ne nécessitent pas d'avoir recours à des médicaments ? Pour éviter les crises ?" demanda-t-elle d'une voix posée, qui lui sembla un peu lointaine.

"Vous voulez dire, comme du thé à la camomille et des pousses d'épinards ?" Le médecin avait un sourire en coin mais, devant le regard d'Avalon qui ne cillait pas, il répondit : "Il est difficile de comprendre les survenues d'une crise migraineuse. Vous pouvez tenir un journal pour essayer de comprendre les moments où elles apparaissent et déterminer un ou plusieurs facteurs. Il est conseillé d'éviter le stress, les nuits trop courtes, d'avoir une alimentation équilibrée..."

Avalon haussa les sourcils, dubitative. Elle finit par hocher la tête. Une grimace d'excuse s'étira sur les lèvres du médecin. Ils se saluèrent et, quelques secondes plus tard, il est reparti. Avalon laissa retomber sa tête dans sa main, épuisée par la conversation qu'elle venait de tenir et qui avait accaparé l'intégralité de son énergie. D'une main, elle se massa la base du crâne.

"Bon," fit-elle en levant les yeux vers Roy, "c'était plus ou moins ce que j'avais dit." Elle plia les ordonnances rédigées par la main du médecin et se leva pour les poser sur le plateau en marbre du buffet. Elle ne s'attarda pas sur l'inquiétude formulée par le médecin, pas plus sur les ordonnances d'opiacés qui trônaient désormais chez elle. "Je suis crevée, bébé, je vais aller me coucher."

Et surtout ne pas en parler.


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 27 Mar 2022 - 12:57
Quand le médecin moldu fit son entrée dans leur appartement, Roy ne put s’empêcher de le dévisager longuement et l’observer tout le temps de la consultation, avec un brin de méfiance dans le regard. Il ne connaissait pas bien la médecine moldue, mais ce qu’il en savait le poussait à la considérer comme moins efficace que la médecine sorcière. Il lui avait toujours semblé évident qu’on pouvait, de manière générale, faire beaucoup plus de choses avec la magie, même si Avalon s’évertuait à ne pas le reconnaître. Mais Roy mettait cette bataille de côté pour ce soir : les négociations avaient été déjà suffisamment compliquées pour que sa partenaire accepte de voir un médecin tout court, sans qu’on y ajoute l’exigence qu’il soit sorcier.

Cela ne l’empêcha pas d’observer avec suspicion le matériel du médecin pendant qu’il auscultait Avalon. Il n’intervînt que lorsque cette dernière sous-estima grandement sa douleur, pour rétablir la vérité :

« Voire 7 ou 8, même. »

Roy fit fi du regard noir de sa compagne. Il n’était pas dans le corps d’Avalon mais il la connaissait suffisamment pour savoir que si elle était incapable de se lever, elle devait grandement souffrir et seule sa fierté l’empêchait de le reconnaître. Très alerte, Roy ne manqua pas l’expression du médecin qui changea lorsqu’elle mentionna son épisode de tout à l’heure, où elle semblait incapable de parler. C’était le point qui inquiétait le plus Roy : avoir mal à la tête violemment, c’était courant, il pouvait s’agir d’une simple migraine mais ne plus réussir à articuler des mots ? C’était beaucoup plus rare.

Pourtant, après un examen plus précis, le médecin déclara qu’il ne s’agissait que d’une migraine avec « des troubles neurologiques transitoires », une explication qui fit froncer les sourcils de Roy et réveilla sa méfiance :

« Vous êtes sûr que c’est ça ? Il n’y a pas d’autre explication possible ? »

Le médecin reconnut alors qu’il valait mieux faire un autre examen, un « scanner cérébral » -Roy n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait mais cela semblait sérieux. Il retint ce mot dans son esprit et se promit de se renseigner dessus. Il eut plus de mal à retenir les noms des médicaments que le médecin prescrivit et qui lui parurent franchement barbares : kétoprofène ? Oxycotin ? Cela ne voulait rien dire. Au moins quand on parlait de Poussos ou de Pimentine, tout le monde pouvait deviner à quoi cela servait.

Roy vit dans le regard d’Avalon qu’elle n’avait aucune envie de prendre les médicaments prescrits et il se remémora leur bref échange à ce sujet, avant l’arrivée du médecin. C’était un sérieux problème auquel il n’avait pas de solution pour le moment. Malheureusement le médecin ne leur fournit aucune autre alternative, mis à part éviter le stress, les nuits trop courtes et l’alimentation déséquilibrée : autant dire changer de métier et changer de vie, concernant Avalon. Plutôt insatisfait de cette visite, Roy raccompagna le médecin jusqu’à la porte d’entrée, sans le remercier.

Quand il revint, Avalon s’esquiva rapidement, visiblement trop fatiguée pour avoir une conversation. Il n’insista donc pas, se promettant d’en reparler le lendemain. Pour le moment, Avalon semblait vidée et avait clairement besoin de repos, ce qui était assez rare chez elle pour qu’il le prenne au sérieux.

« Tu veux que je vienne avec toi ? »

Quelques minutes plus tard, il l’enlaçait dans leur lit, en caressant doucement ses cheveux pour l’aider à trouver un sommeil qu’il eut du mal à trouver lui-même.


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 27 Mar 2022 - 17:57
20 octobre 2011 –Clinique Saint-Barthélemy, Londres.

L’hôpital n’avait jamais été le lieu préféré d’Avalon. Elle détestait les chaises alignées dans les salles d’attente, l’odeur de détergent qui s’immisçait partout, le bruit des machines médicales et celui des sonnettes. Et encore, cela ne pouvait pas être pire que Ste-Mangouste, ses patients gravement défigurés par des sortilèges qui défilaient dans les couloirs et le sol abimé par le temps. Rien n’attirait Avalon dans le milieu médical – que ce soit moldu ou sorcier – mais son monde de naissance avait l’avantage de lui offrir un certain anonymat et un contrôle total de l’information qu’elle recevait.

Depuis sa crise migraineuse, une quinzaine de jours plus tôt, Avalon avait expérimenté d’autres céphalées – moins intenses, cependant – qu’elle s’était efforcée de masquer à son partenaire qui, inquiet, était à l’affût du moindre signe de faiblesse chez elle. Elle allait bien, lui répétait-elle. Ses maux de tête étaient probablement dus au stress lié à son activité professionnelle qui, depuis la mort de Leopold, n’avait cessé de se majorer. Elle était sur la sellette au ministère et redoublait donc d’efforts pour rendre l’agence des renseignements indispensable au sein de la justice magique. Sans oublier la préparation de la coupe du monde de Quidditch, qui était une tâche titanesque à laquelle elle consacrait plusieurs heures par jour. Aussi, contacter un médecin était bien loin dans l’ordre de ses priorités. Elle n’avait évidemment jamais avoué à personne qu’elle redoutait de creuser à un endroit où quelque chose pourrait être trouvé.

Après une énième altercation avec Roy, Avalon s’était résolue à contacter un médecin de la clinique Saint- Barthélémy qui l’avait convoqué pour une batterie d’examens. Elle avait réussi à caler son rendez-vous dans l’après-midi et s’y était rendu directement depuis le ministère. Elle avait retrouvé Roy devant, qui avait tenu à l’accompagner, prétendument parce qu’il était « curieux de découvrir la médecine moldue », plus sûrement parce qu’il voulait s’assurer qu’elle entre réellement dans cette clinique.

Avalon avait été accueillie par le docteur Joseph Turner, et avait eu un long entretien avec lui avant de passer entre les mains de plusieurs infirmiers et de radiologues. On lui avait posé des questions sur son alimentation, son sommeil, son cycle menstruel, ses habitudes de vie, la douleur qu’elle avait ressentie et les médicaments qui lui avaient été prescrits pour la soulager. On avait d’abord prélevé son sang, puis on l’avait conduit jusqu’à l’aile de radiologie, où elle avait patienté avant de passer un scanner.

Puis, elle avait attendu devant le bureau du médecin pour qu’on lui transmette, enfin, ses résultats. Elle avait échangé des messages avec Roy – qui patientait dans le hall de la clinique – et n’avait relevé la tête de son téléphone que lorsque le docteur Turner avait appelé son nom. Elle s’était levée, en essayant d’oublier la boule qui s’était formée au creux de son ventre.

Ce nœud ne s’était pas délié au cours de son entretien avec le médecin – sûrement était-il encore plus serré à présent, la rendant presque nauséeuse. Les paroles du docteur Turner tournaient encore en boucle dans son esprit lorsqu’elle pénétra dans le hall de l’hôpital. Son visage, qui s’était décomposé, se ferma dès qu’elle croisa le regard d’une infirmière. Elle réajusta son sac à son épaule et fit quelques mètres, jusqu’à trouver Roy, installé sur une chaise. Elle s’avança jusqu’à lui, le cœur battant, la gorge un peu nouée.

« On y va ? » lui demanda-t-elle en arrivant à sa hauteur.


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 29 Mar 2022 - 15:24
Roy ne faisait toujours pas confiance à la médecine moldue. Mais il y avait au moins une chose qu’elle avait en commun avec la médecine sorcière : l’atmosphère étouffante de ses hôpitaux. Il détestait se rendre à Sainte Mangouste, il n’aima pas plus pénétrer dans l’enceinte de la clinique Saint-Barthélémy qu’Avalon avait choisie pour faire ses examens. Ce n’était pas tout à fait la première fois que Roy entrait dans un hôpital moldu, il était déjà venu au moment de la naissance des filles de Jayce, puisque sa femme n’étant pas sorcière, elle avait très logiquement bénéficié d’un suivi gynécologique moldu. Mais, à priori, il ne venait pas pour une heureuse nouvelle cette fois, alors tous les petits désagréments de l’hôpital lui apparurent avec plus de clarté. La lumière très blanche, les locaux impersonnels, le ballet des médecins et des infirmières, les patients qui faisaient la queue en râlant, l’odeur du désinfectant.

Pendant qu’il patientait dans une salle d’attente au rez-de-chaussée, le temps qu’Avalon fasse ses examens, Roy eut tout le loisir d’observer les lieux. Il entraperçut des engins moldus à travers les portes semi-entrouvertes, sans réussir à bien les voir. La salle où il se trouvait disposait d’une télévision grésillante et d’un distributeur de snacks excessivement chers. Il trouva les lieux étonnamment calmes. A Sainte-Mangouste, il n’était pas rare d’entendre des détonations dans les couloirs, de tomber sur des pluies d’étincelles en passant devant les chambres, de voir sur des patients métamorphosés en animaux se bousculer dans le hall d’entrée en espérant être délivrés de leur maléfice. Dans cette clinique, même les médecins parlaient à voix basse. Roy renonça à trouver quelque chose d’intéressant à regarder, puisque la plupart des locaux n’étaient pas accessibles aux visiteurs. L’ennui le saisit rapidement et il attrapa son Pear pour demander à Avalon des nouvelles de sa consultation.

Voyant que le temps filait sans qu’elle ne sorte de la salle où elle était entrée, Roy commença à s’impatienter et surtout, à s’inquiéter. Il avait demandé à Avalon de lui décrire exactement en quoi consistait un « scanner cérébral », car l’image qu’il avait de la médecine moldue, en ce qui le concernait, c’était des gens en blouse blanche prêt à découper au scalpel tout ce qui passait sur la table d’opération. Avalon avait levé les yeux au ciel en lui assurant que personne n’allait ouvrir son crâne et qu’il ne s’agissait que de passer dans une machine capable de voir l’intérieur de son corps. Roy s’était rappelé de l’échographie de Joséphine à laquelle il avait assisté et avait convenu que cela semblait en effet sans danger -même si on ne voyait pas grand chose sur les images qui en ressortaient, quand même.

Mais alors pourquoi c’était si long ? Est-ce qu’ils avaient trouvé quelque chose ? Avalon ne répondait plus à ses messages, signe qu’elle devait encore être avec le médecin. Une dizaine de minutes plus tard, elle apparut enfin devant lui, avec une expression étrange sur le visage.

« Euh… Ouais » fit Roy en se levant. Il cherchait le regard de sa compagne mais celle-ci ne semblait pas vouloir le croiser. « Ça va ? Ils t’ont dit quoi ? »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 29 Mar 2022 - 15:48
Il y avait une certaine tension qui se dégageait d’Avalon, à la fois dans ses gestes et dans l’expression de son visage. Elle se sentait incapable de la maîtriser ; de toute façon, elle n’avait jamais excellé dans l’art de camoufler ce qu’elle ressentait. Elle préféra donc fuir le regard de Roy, qui pourtant la questionnait et cherchait à en savoir davantage sur sa consultation médicale. Les mots refusaient de franchir la barrière de ses lèvres, comme une réalité qui valait mieux ne pas verbaliser. Si elle était silencieuse, peut-être n’existait-elle pas vraiment.

« On peut sortir ? » demanda Avalon, sans répondre aux interrogations de son compagnon. Elle n’attendit pas sa réponse pour se diriger vers l’extérieur et franchit les portes automatiques sans un regard en arrière.

Après avoir passé une heure sous l’éclairage artificiel d’une salle de consultation, la lumière du soleil parut particulièrement vive à la jeune femme, qui plissa légèrement les yeux. La clinique Saint- Barthélémy se trouvait en plein cœur de Londres, à quelques rues d’Hyde Park, dans un quartier assez animé où il était impossible de transplaner sans se faire remarquer. Enfonçant ses mains dans les poches de sa veste, Avalon se mit en marche, Roy à ses côtés.

« Ils ont dit qu’ils savaient pas exactement ce que c’était. » finit-elle par dire à son partenaire, du bout des lèvres. « Il faudrait que je revienne pour faire d’autres examens. »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 29 Mar 2022 - 16:01
Sans répondre à ses questions, Avalon lui proposa de sortir de la clinique. Roy sentit son inquiétude monter d’un cran face à ce mutisme inattendu. Il avait plutôt prévu qu’elle redescende en clamant que tout allait bien, que c’était bien ce qu’elle avait prédit et que c’était pas la peine d’en faire toute une histoire car Avalon ne manquait jamais une occasion de souligner qu’elle avait raison. Qu’elle ne le fasse pas était plutôt mauvais signe. Tout n’allait pas bien.

Il la suivit à l’extérieur, dans une rue passante qu’ils avaient du longer tout à l’heure depuis l’endroit plus calme d’où ils avaient transplané. Ils avaient quelques minutes de marche devant eux et Roy crut un moment qu’Avalon comptait les passer dans le silence, mais il n’eut pas besoin de la relancer pour qu’elle réponde à sa question.

Et chacune de ses phrases eut le poids d’une pierre dans son estomac.

« Comment ça ? » Il ne comprenait pas. Il détestait le ton d’Avalon, la manière dont son visage se fermait soudainement. « Comment ça, ils ne savent pas ? Ils ont des hypothèses, au moins ? Ils t’ont dit quoi exactement ? »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 29 Mar 2022 - 17:33
Lorsque le docteur Turner s’était installé face à elle, Avalon avait senti un lourd poids tomber au creux de son estomac. Il y avait eu une seconde de silence, puis une deuxième, pendant lesquelles le médecin avait gardé les yeux baissés vers son dossier médical qu’il venait d’ouvrir. Avalon s’était raclée la gorge, avait croisé les jambes.

« Miss Davies… » avait commencé le docteur Turner. « Les résultats ne sont malheureusement pas concluants. »
Et son cœur s’était arrêté un bref instant. Une expression de stupeur s’était peinte sur son visage, juste avant qu’elle ne se reprenne pour questionner le médecin. Comment ça « pas concluants » ?
« Les images du scanner ne nous permettent pas de nous arrêter sur un diagnostic. »
Avalon n’avait rien dit.
« Vous présentez un kyste, au niveau du cervelet, à l’arrière de la tête. Généralement, la plupart des kystes sont bénins – il s’agit de kystes arachnoïdiens qui restent petits et asymptomatiques durant l’intégralité de la vie. »
Alors c’était ça ? Un kyste bénin, voué à rester asymptomatique ?
« Peut-être. » avait répondu le médecin avec précaution. « Il est possible que votre migraine n’ait été qu’une coïncidence fortuite. Mais c’est également possible qu’il s’agisse d’un kyste épidermoïde et que certains symptômes que vous ressentez soient dus à son développement. »
Avalon avait froncé les sourcils. Son développement ?
« Le kyste épidermoïde est une tumeur congénitale, c’est-à-dire qu’elle se forme in utero. Elle reste silencieuse pendant des années, et peut parfois se mettre à grossir, causant une symptomatologie brusque et assez caractéristique : céphalées, troubles visuels, vertiges… »

Le reste, Avalon ne l’avait entendu que d’une oreille. Elle avait répondu aux questions du docteur Turner par automatisme : non, elle ne savait pas si elle avait des antécédents dans sa famille. Oui, elle avait eu des maux de tête régulièrement ces dernières semaines et, souvent, les douleurs étaient plus fortes à l’arrière du crâne. Elle avait retenu quelques informations autour d’une opération qui pourrait être envisagée mais surtout des examens qu’il fallait prévoir pour établir un réel diagnostic. Il fallait qu’elle reprenne rendez-vous. Pour les douleurs, elle pouvait continuer à prendre ce qu’on lui avait prescrit. Avalon ne lui avait pas dit qu’elle ne prenait rien du tout.

Elle était ressortie du bureau avec cette étrange impression que tout avait changé et, qu’en même temps, rien n’était différent. La vie suivait son court, le ballet des médecins et des infirmiers dans les couloirs était exactement le même et, paradoxalement, elle se sentait très loin du moment où elle avait parcouru ces quelques mètres en sens inverse. Le médecin avait dit « kyste bénin ». Il avait aussi dit « tumeur congénitale ».

Alors, lorsque Roy l’interrogea frontalement sur les hypothèses données par le corps médical, le visage d’Avalon se ferma immédiatement. Elle aurait préféré être seule, ne pas avoir à se confronter immédiatement aux questions de son partenaire. Elle détestait l’angoisse sourde qui nouait son ventre et trouvait insurmontable l’idée de la verbaliser. Dire « C’est peut-être un kyste, ou une tumeur » rendait la réalité bien trop tangible pour Avalon.

La maladie, voilà bien quelque chose qui la terrifiait.

« Ils ont dit que j’avais un kyste, à l’arrière du cerveau. » indiqua-t-elle finalement et, sans le vouloir, sa main se porta vers sa nuque. « Mais le scanner, ça leur permet pas de dire quel genre de kyste ça peut être. »

Roy garda le silence quelques secondes. « Mais c’est inquiétant ou pas ? »

« Peut-être. » Avalon mit un certain temps avant de poursuivre. Les yeux perdus dans le vide, elle se refusa de tourner le regard vers Roy, comme si parler aux passants qui arrivaient face à elle était une alternative moins difficile, plus envisageable pour elle. « Le médecin m’a dit que c’était peut-être un kyste bénin, asymptomatique, et que les maux de tête que j’ai depuis quelques semaines sont juste une coïncidence à cause du stress ou je sais pas trop quoi… » C’était l’hypothèse la plus rassurante, celle à laquelle Avalon avait désespérément envie de s’accrocher. Le docteur Turner avait dit qu’il s’agissait « généralement » de ça. La plupart du temps. « Ou alors, c’est une tumeur congénitale et je devrais peut-être opérée, je sais pas encore. »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeMer 30 Mar 2022 - 16:12
Peut-être. Ces deux mots plongèrent Roy dans un sentiment d’inquiétude immédiate. Si Avalon venait à en dire que c’était « peut-être » grave, autant considérer que c’était forcément grave. Elle avait passé tellement de temps à dire que ce n’était rien, que tout allait bien, elle mettait de manière générale beaucoup d’énergie à être optimiste et au-dessus de toute atteinte, que lorsqu’elle se montrait vulnérable, ce n’était pas du tout à prendre à la légère. L’entendre admettre que finalement, tout n’allait pas bien, avait donc une portée plus importante que ce « peut-être ».

Alors dans tout le discours qu’Avalon déroula, Roy ne retint que les « peut-être » qu’il n’aimait pas beaucoup, puis il sentit son coeur tomber à ses pieds au moment où elle prononça le mot terrifiant auquel il n’avait pas du tout pensé jusque là. Un sursaut le prit brutalement.

« Attends quoi ? Une… tumeur ? »

Dans le monde magique comme dans le monde moldu, ce mot n’était jamais annonciateur de bonne nouvelle. Roy comprit aussitôt pourquoi le visage d’Avalon semblait se décomposer et sa voix perdre toute tonalité positive. Elle aussi, elle avait retenu cette hypothèse et ne pouvait l’empêcher de gangréner ses pensées, malgré l’incertitude sur son diagnostic. Pendant un instant, ce fut tout ce qu’il y eut dans l’esprit de Roy également. Une tumeur. Il ralentit le pas jusqu’à s’arrêter de marcher.

Une tumeur.

« C’est pas possible… Ça peut pas être ça. L’autre jour, le médecin disait que c’était juste une migraine. Et maintenant, ça serait une tumeur ? Non mais c’est n’importe quoi, c’est des incapables ces médecins ! Ils savent pas ce qu’ils font ou quoi ? Une bande de cons ! Faut qu’on y retourne, là, ils vont pas nous laisser dans l’incertitude comme ça, c’est pas possible » pesta t-il, le coeur battant.


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeMer 30 Mar 2022 - 16:46
A chaque fois que Roy était inquiet, il réagissait avec véhémence ou avec colère. Alors, ce fut sans grande surprise qu’Avalon reçut ses paroles injurieuses à l’égard des médecins qui l’avaient reçu. « Incapables » pestait-il en ralentissant le pas, « cons » ajoutait-il, les sourcils froncés par la contrariété. Si Avalon avait pu faire un pas en arrière et prendre un peu de recul sur la situation, probablement aurait-elle accueilli ses paroles pour ce qu’elles étaient réellement : la manifestation d’une angoisse sourde qui venait de le cueillir brusquement. Mais Avalon était au cœur de cette nouvelle terrifiante, qui parasitait l’intégralité de ses pensées depuis qu’elle était sortie de la consultation. Elle était incapable de rassurer Roy ou d’agir de manière rationnelle. Alors, elle réagit exactement comme elle le faisait elle aussi lorsqu’elle était inquiète : avec véhémence et colère.

« Non mais les choses ne fonctionnent pas comme ça en fait, tu peux pas entrer dans une clinique et claquer des doigts pour avoir ce que tu veux. » le reprit Avalon en fronçant les sourcils à son tour. « Faut que je reprenne un rendez-vous pour faire d’autres examens, je les appellerai demain. » Comme elle sentit que Roy s’apprêtait à protester, elle le coupa : « C’est bon, le médecin a dit que c’était pas urgent, quoiqu’il arrive. C’est bénin normalement, même si c’est une tumeur. » Seulement, s’il s’agissait réellement d’une tumeur qui grossissait en engendrait des symptômes, alors il faudrait envisager une opération pour la retirer – si cela était possible. « C’est pas parce que tu entres là-dedans pour insulter leurs ancêtres que ça va changer quoique ce soit à ma vie. »

Avalon s’arrêta de marcher pour faire face à son compagnon, dont le regard n’avait pas décoloré. Elle trouvait cela étrangement apaisant de pouvoir diriger vers lui son inquiétude transformée en colère, aussi elle poursuivit :

« Puis si ça se trouve, c’est rien du tout et c’est juste une putain de coïncidence. »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 12 Juin 2022 - 14:11
Roy aurait voulu faire demi-tour, pousser la porte de la clinique, exiger de revoir le médecin ignorant qui avait ausculté Avalon afin qu’il creuse ses investigations. Habitué à avoir ce qu’il voulait en « claquant des doigts » comme le souligna sa partenaire d’un ton cinglant, Roy oubliait parfois qu’il y avait des terrains sur lesquels il n’avait pas de pouvoir. Personne ne connaissait le nom de Roy Calder dans cette minable clinique moldue. Ils n’allaient voir chez lui qu’un excité de service que les vigiles allaient s’empresser de faire sortir et Roy ne pourrait même pas riposter d’un ou deux maléfices bien placés.

Cette prise de conscience ne lui fit pas plaisir car il détestait plus que tout de se retrouver en situation d’impuissance, surtout si cela concernait l’un de ses proches. Mais en voyant Avalon prendre le même ton que lui, en lâchant des jurons et en le remettant à sa place, Roy se rappela qu’ils étaient exactement pareils, elle et lui. Ils détestaient l’idée d’être vulnérables.

La dernière phrase qu’elle prononça lui apparut alors comme la preuve la plus évidente de l’inquiétude qu’elle ressentait, derrière les couches de sa colère. Elle n’émettait pas une hypothèse. C’était une prière. Il fallait que ça soit une coïncidence.  

Roy se tut, les traits de son visage crispés. Une part de lui voulait des réponses, rapidement, pour calmer son inquiétude dans le meilleur des cas ou savoir ce qu’ils devaient combattre dans le pire. A cet instant, il ne pouvait s’empêcher d’envisager le pire et c’était précisément ce qui le mettait en colère : l’éventualité que peut-être, la personne qu’il aimait le plus au monde soit en danger et qu’il ne puisse rien y faire. Mais jeter ses peurs à la figure d’Avalon n’aurait aucun effet, si ce n’était aggraver cette inquiétude qui transparaissait derrière sa véhémence. Alors Roy inspira un grand coup, comme pour enterrer au fond de lui ses appréhensions, et s’efforça de se ranger du côté de sa compagne.

« Ouais… Peut-être. » Son regard n’était pas beaucoup plus assuré que sa voix. Il tenta d’enfouir ses doutes en attirant Avalon dans ses bras. « Y a intérêt. »


******


12 novembre 2011


« Mais alors ça consiste en quoi l’arithmancie exactement ? »

Tout en remplissant l’assiette de Vivianne d’une grosse portion de spaghettis, Roy échangea un regard avec Avalon qui ne semblait pas plus savante que lui sur la question. Ces derniers temps, Vivianne leur posait beaucoup de questions sur Poudlard, poussée par une grande curiosité naturelle chez elle et son envie de savoir ce qui l’attendait bientôt. Elle se montrait tantôt fascinée, tantôt critique face aux récits que son entourage sorcier lui faisait de cette école par laquelle ils étaient tous passés. Comme sa grande-soeur, elle semblait trouver beaucoup de choses peu logique ou étranges dans le monde magique et la dernière en date était sa déception d’apprendre qu’elle ne poursuivrait aucune des matières qu’elle étudiait dans son école moldue.

« Je suis pas un grand spécialiste, tu devrais demander à Jayce, la prochaine fois qu’on le voit. Mais c’est une sorte de… technique de divination, avec plein de calculs.
-Des calculs ? Le regard de Vivianne s’éclaira aussitôt. C’est des maths alors ? »

Un bref sourire amusé passa sur le visage de Roy.

« Ah c’est vrai, t’es une tête en maths toi, j’aurais du commencer par là. Je sais pas si on peut dire que c’est pareil, mais ça y ressemble. Je t’avoue que j’en ai jamais fait, c’est pas une matière obligatoire.
-Tu aimais quoi comme matière, toi ?
-Pas grand-chose, avoua t-il en ricanant. J’étais très bon en potions et en botanique. Le reste, c’était beaucoup trop théorique et chiant. Mais faut pas faire comme moi, faut faire comme ta soeur. Une vraie tête. Y a que les têtes qui rentrent chez les Aurors. »

Il se tourna vers Avalon, attendant une répartie qui ne vint pas. Elle avait radicalement changé d’expression de visage et suspendu tous ses gestes.

« Av’ ? Ça va ? »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 12 Juin 2022 - 15:22
Elle avait commencé à avoir mal à la tête à la fin de l’après-midi, alors qu’elle était encore au ministère. La douleur, comme d’habitude, partait de l’arrière de la tête et irradiait ensuite vers l’intégralité du crâne. Elle n’était pas encore insupportable, juste désagréable. Elle allait et venait par à-coups qui lui laissaient un répit plus ou moins long. La fin de sa journée avait donc été marquée par cet effort particulier qu’elle devait faire lorsqu’elle souffrait mais que le contexte ne lui permettait pas de s’enfermer quelques heures dans une pièce sombre pour se reposer. Elle avait quitté le ministère après une réunion qui rassemblait les différents acteurs de la justice magique et où elle avait été obligée de faire bonne figure – l’avenir de la milice reposait essentiellement sur ces réunions et les accords qui suivraient.

Elle était partie du ministère un peu plus tard que prévu et avait dû se presser pour récupérer Vivianne après son cours de karaté. Elles étaient rentrées toutes les deux dans un appartement encore vide – Roy devait rentrer des Folies Sorcières l’heure suivante – et Avalon en avait profité pour s’allonger quelques minutes, avant que Vivianne ne l’appelle à l’aide pour un devoir de géographie, sur lequel elle avait peiné à se concentrer.

Puis, Roy était arrivé et il l’avait regardé avec cet air soucieux qu’il avait depuis qu’elle avait commencé à avoir des crises. Elle lui avait souri, comme pour le rassurer et l’avait embrassé sans rien lui dire de marteau qui martelait sa tête depuis plusieurs heures déjà. C’était gérable. Douloureux, mais gérable et – selon l’expérience qu’elle en avait – cela passerait sûrement après la nuit.

C’était tout ce qu’elle pouvait faire, de toute façon. Attendre. Dormir. Manger des légumes. Les médecins avaient été unanimes : les images ne montraient aucun lien entre l’apparition de ses migraines et le kyste qu’elle présentait. « Bonne nouvelle » avait dit le médecin qui l’avait reçu, elle n’aurait pas à subir d’opération. Ses migraines étaient sûrement le fruit d’une coïncidence car, en tout cas, rien n’expliquait leurs survenues. Et si elles persistaient ? avait demandé Avalon avec une certaine appréhension. Eh bien, elle pouvait prendre l’oxycodone qu’on lui avait prescrit – les migraines ne résistaient pas longtemps à un tel traitement. Et sinon ? avait-elle demandé, en soulignant sa réticence à prendre des opioïdes. Le médecin s’était senti un peu désemparé et avait fini par lui conseiller de boire une petite tasse de café noir et, éventuellement, d’utiliser l’huile essentielle de menthe poivrée. « Si vous y croyez » avait-il ajouté. Elle n’avait pas vraiment le choix.

Pourtant, force était de constater que ni le café, ni la menthe poivrée ne parvenait à venir à bout de ses maux de tête persistants. A eux s’associaient également plusieurs symptômes de manière assez aléatoires : vision floue, difficulté à parler, tremblements dans les mains ou les jambes. Ce soir, c’était une nausée de plus en plus forte qui saisissait Avalon – la vision du repas qui trônait sur la table n’arrangeait rien. Au milieu d’une conversation qu’elle ne suivait qu’à moitié, elle sentit une douleur bien plus forte affluer brusquement, à tel point que les traits de son visage se figèrent.

La douleur déferla d’un coup, comme une vague qui ravagea sur son passage les dernières barrières érigées comme défenses. Un cri étouffé s’échappa des lèvres d’Avalon alors qu’elle lâchait sa fourchette pour saisir sa tête entre ses mains. Dans un réflexe absurde pour échapper à la douleur, elle se recroquevilla, posant ses coudes sur ses genoux.

« Avalon ? » l’appela Vivianne d’une voix inquiète. « Av ? Av ? » répéta-t-elle en se penchant vers sa sœur.

Le cœur au bord des lèvres Avalon se leva, blanche comme un linge. Ses yeux se plissèrent pour échapper à la lumière de la pièce, brusquement trop vive. Son ventre se contracta et, sans répondre aux appels inquiets de sa petite-sœur, elle se dirigea d’un pas urgent vers les toilettes, dans lesquelles elle s’enferma.


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 12 Juin 2022 - 17:05
Avant même qu’Avalon n’émette un son, Roy comprit qu’elle souffrait de ses maux de tête. Il savait que depuis sa première crise, Avalon avait régulièrement des migraines, pas toutes handicapantes -heureusement. Certaines passaient en quelques minutes, d’autres restaient comme un fond de douleur permanent, dont elle s’accommodait à peu près. Les pires restaient les douleurs qui semblaient lui couper le souffle et la rendaient incapable de communiquer de quelque manière que ce soit. Celles-ci étaient plus rares mais Roy sut qu’ils y faisaient face en voyant Avalon étouffer un cri, sans répondre aux multiples sollicitations de sa soeur. Il posa la marmite qu’il tenait et contourna la table pour rejoindre sa compagne.

« Attends, on va te… »

Il allait lui proposer de s’allonger mais Avalon ne lui en laissa pas l’occasion. Elle se leva brusquement pour se diriger vers les toilettes, laissant Roy deviner qu’elle était prise de nausées. La minuscule voix inquiète de Vivianne perça le silence :

« C’est ses migraines encore… ? »

Le coeur serré, Roy posa brièvement la main sur l’épaule de la jeune fille.

« Ça va aller, ne t’inquiète pas. Ça finit toujours par passer. Je vais la voir…
-Je viens avec toi !
-Non, reste. » Il s’efforça de ne pas céder face au regard contrarié de Vivianne. « Reste ici pour… lui préparer de l’eau bouillante. Le médecin lui a conseillé de prendre ça avec des huiles essentielles. Tu peux faire ça ? »

En vérité, cela n’avait que très peu d’effet sur Avalon mais ce prétexte suffit à donner le sentiment à Vivianne de se rendre utile et l’écarter d’une scène qu’elle n’avait pas besoin de voir. Avalon tenait absolument à épargner sa petite soeur les détails de ses problèmes de santé et Roy respectait son souhait. Il le comprenait, même, il la rejoignait sur l’idée qu’il valait mieux garder les enfants en dehors de leurs soucis pour ne pas les inquiéter outre mesure.

Ils étaient déjà deux à se sentir désemparés face à cette situation, c’était bien suffisant.

Roy s’approcha de la salle de bains où Avalon s’était réfugiée et resta quelques instants derrière la porte, pour lui laisser l’intimité dont elle avait besoin. Quand il comprit qu’elle avait cessé de vomir, il frappa à la porte.

« Av’ ? Je peux entrer ? »

Un bruit continu, comme un jet d’eau mis à fond, lui répondit. Quelques instants plus tard, Avalon sortait, le teint plus blanc que les murs, avec une teinte de désespoir au fond de son regard qui mit un coup à Roy. Elle avait plutôt tendance à être de mauvaise humeur quand ses douleurs survenaient. C’était la première fois qu’il la trouvait si abattue et il ne sut pas tout de suite quoi faire face à cette fragilité qu’elle laissait brusquement voir, comme si toutes ses défenses l’avaient abandonnée.

« Ça va ? » Question stupide. « T’as encore mal ? » De toute évidence. Il eut envie de se frapper la tête contre un mur. A la place, il prit Avalon dans ses bras, sans pouvoir s’empêcher de se demander si elle allait éclater en sanglots. Il ne savait pas comment c'était possible mais il ne l’avait pas vue pleurer une seule fois depuis le début de leurs mésaventures médicales qui les menaient à des impasses. Personne ne semblait en mesure d’expliquer à Avalon ce qu’elle avait, exactement, ni les médecins moldus, ni même les médicomages que Roy avait finir par la convaincre d’aller voir. Ils se contentaient de lui proposer des remèdes contre la douleur, qu’elle ne pouvait pas prendre. Ils étaient tout simplement coincés dans une situation douloureuse qui ne s’améliorait pas. Plus les jours passaient et plus Roy se laissait gagner d’un sentiment d’impuissance et d’inquiétude qui le rongeait de l’intérieur. « Qu’est-ce que je peux faire ? » demanda t-il en caressant ses cheveux et en se préparant mentalement à la réponse qui allait être aussi insupportable que d’habitude : rien.
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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeVen 17 Juin 2022 - 17:33
La douleur ravageait ses tempes, l'arrière de son crâne et irradiait jusqu'à ses yeux qu'elle maintenait mi-clos. Il lui fallut rassembler toutes ses forces pour se redresser ; tant qu'il ne lui en resta plus pour répondre à Roy, qui lui parlait derrière la porte close de la salle de bain. Elle se pencha vers le lavabo, mouillant ses mains, son visage et sa bouche avec une lenteur imposée par les élans de douleur qui la secouaient.

Le teint livide et l'estomac encore noué, elle posa sa main sur la poignée pour l'enclencher et ouvrir la porte. Son regard tomba sur un Roy véritablement soucieux mais elle n'eut pas le courage de répondre à ses questions. Cela faisait un mois qu'elle faisait face, qu'elle composait avec des douleurs quasi-quotidiennes et inexpliquées. Elle ne se souvenait plus la dernière fois qu'elle s'était réveillée sans maux de tête ou sans ce nœud à l'estomac, signe qu'elle redoutait d'y être sujette plus tard dans la journée. En l'espace d'un mois, son quotidien s'était radicalement transformé car, si elle pouvait masquer sa souffrance aux yeux de son entourage, elle était obligée de la subir.

Elle n'avait rien voulu dire à personne. D'abord parce qu'elle avait eu très peur que ces douleurs soient associées à une pathologie plus grave ; son cœur s'était figé dans sa poitrine quand son médecin avait prononcé le mot "tumeur". Elle avait prié, pour la première fois depuis une éternité. Elle avait imploré quiconque voudrait bien l’entendre de la préserver de la maladie. Elle avait oscillé entre un sentiment de désespoir évident et de révolte féroce. Pourquoi elle ? Et pourquoi après tout ça ? Pourquoi après des années de lutte contre son addiction, des années de souffrance dans un milieu familial hostile ? Pourquoi cela intervenait exactement au moment où elle avait besoin de toutes ses capacités pour jongler entre son rôle de tutrice pour Vivianne et son poste au ministère ? Ces questions n’avaient jamais franchi la barrière de ses lèvres, elle les avait gardé pour elle et ses ruminations nocturnes.

Lorsque les médecins avaient conclu que ses douleurs n’étaient pas liées à une quelconque pathologie, elle avait senti un poids immense se libérer de ses épaules. Ce n’était pas si grave, finalement. Une simple coïncidence. Mais sa souffrance n’avait pas disparu et les crises migraineuses se faisaient même de plus en plus fréquentes, provoquées par des facteurs qu’elle ne parvenait même pas à déceler. Il n’y avait rien à faire, rien à expliquer ; juste à attendre.

Et Avalon n’était pas connue pour sa patience.

Elle détestait ce sentiment d’impuissance, d’autant plus majoré qu’elle ne pouvait pas rien faire pour lutter contre la douleur ou l’apparition des céphalées. Elle haïssait sentir poindre, à l’arrière de son crâne, la douleur caractéristique d’une crise migraineuse alors qu’elle était en plein milieu de sa journée au ministère. Elle était obligée de rattraper son travail inachevé quand elle avait un moment de répit : le soir quand elle rentrait ou le matin après avoir déposé Vivianne à l’école. Si Avalon avait été capable de s’écouter, peut-être aurait-elle pu sentir qu’elle tirait sur une corde déjà largement usée par les années. Malheureusement, elle était bien loin d’avoir un tel recul pour repérer ses limites avant de les avoir déjà largement franchies.

Peut-être était-ce aussi pour cela qu’elle n’avait rien dit à personne. Elle préférait garder cet état de faiblesse dans l’intimité de son cercle proche, craignant inconsciemment les réactions de ses amis, bien plus lucides qu’elle pour certains. Elle voulait croire qu’elle pouvait s’en sortir. Car quelle autre alternative avait-elle sinon ?

Mais ce soir, la fatigue et la douleur la cueillait à un moment où ses forces l’abandonnaient doucement. Avalon s’abandonna dans les bras de Roy, les yeux fermés et les bras accrochés dans son dos. Sa question fut suivie d’un long silence, aussi pénible pour lui que pour elle. Il n’y avait rien à faire, jamais, jamais, jamais.

« Av ? » intervint timidement Vivianne en s’approchant. « J’ai fait de la menthe pour ta tête. »
« Oh. » Avalon se redressa légèrement et se força à sourire. « Merci, Viv. » La mine inquiète sur le visage de sa petite sœur lui serra le cœur et elle tendit la main vers elle. Vivianne la saisit et enlaça sa taille de l’autre bras. « C’est rien, juste une migraine. » lui assura-t-elle Avalon en luttant contre la douleur qui irradiait par à-coups dans son crâne. « Je vais aller m’allonger dans ma chambre, tu peux m’apporter ta tisane là-bas ? »
Vivianne hocha immédiatement la tête. « Oui, je vais prendre un plateau attends. »

Elle repartit vers la cuisine et Avalon l’entendit s’affairer. Elle soupira légèrement et croisa le regard de Roy. Sans rien dire de plus, ils se dirigèrent vers leur chambre. Avalon s’allongea sur l’immense lit qui trônait en plein milieu de la pièce, le dos appuyé contre le chevet, tandis que Roy baissait les stores pour maintenir la pièce dans une pénombre plus favorable. Vivianne réapparut quelques minutes plus tard, les mains chargées par un plateau sur lequel trônait une tasse fumante et une petite cuillère.

« Tiens ! » La fillette déposa le plateau sur la table de chevet avant de s’asseoir au bout du lit. Elle guetta sa sœur prendre la première gorgée de la boisson chaude et laissa un petit temps de silence avant de la questionner : « Ca te fait vraiment du bien pour ta tête, la menthe ? »
Avalon grimaça. « En tout cas, ça me fait pas vraiment de mal. » Elle reposa la tasse fumante pour masser ses tempes douloureuses.
« C’est à cause de papa et maman et des médicaments que tu prenais quand tu étais jeune que tu veux pas prendre des médicaments pour te soigner là ? » demanda alors Vivianne. Devant le lourd silence qui suivit sa question, elle se sentit obligée de se justifier : « C’est Célice qui m’a dit la dernière fois. »
Avalon hocha lentement la tête. « C’est ça. C’est compliqué. »
« Mais tu te sentirais mieux si tu prenais les médicaments du médecin pour ta tête ? »
« Je… Viv… » Désemparée de cette conversation qu’elle n’avait pas prévu de mener – et encore moins maintenant – Avalon lança un regard vers Roy. « C’est plus compliqué que ça. »


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 3 Juil 2022 - 17:58
Parfois, Roy songeait qu’une part de lui aurait préféré que les médecins diagnostiquent une maladie à Avalon, parce que, au moins, ils auraient su contre quoi ils se battaient exactement et comment. Il savait que c’était son sentiment d’impuissance qui parlait et qu’objectivement il valait bien mieux qu’il n’y ait aucune maladie dans cette histoire, mais ne rien pouvoir faire lui était insupportable. Pour Avalon, c’était certainement encore plus frustrant.

Pourtant elle supportait, elle serrait les dents, elle faisait avec. Elle enchaînait ses journées de boulot sans se ménager, elle se rendait disponible et présente pour Vivianne. Elle faisait tout comme d’habitude, ou presque. Presque, parce que Roy voyait le léger décalage, les moments où ses sourires semblaient forcés, son regard plus trouble, son teint plus fatigué. Leurs amis proches avaient remarqué aussi et elle mettait ça sur le dos du stress au travail. Avalon était résolue à ne pas parler de ses déboires médicaux, Roy soupçonnait que probablement lui-même n’aurait pas été au courant s’ils ne vivaient pas ensemble et n’était donc pas directement témoin de ses moments de souffrance.

Ce soir-là, toutefois, Roy sentit quelque chose de nouveau dans la manière dont Avalon s’abandonnait dans ses bras. Comme si elle s’accordait le droit de se montrer faible ou de renoncer, il ne sut pas exactement mais il la sentit fragilisée et il n’eut pas le temps de l’interroger à ce sujet. Car Vivianne avançait vers eux.

Aussitôt, Avalon se recomposa ce masque qu’elle veillait particulièrement à garder face à sa petite soeur. Roy assista cette scène et toute celle qui suivit sans vraiment être là, car une part de lui restait dans le moment précédent, celui où Avalon lui dévoilait son abattement en se laissant tomber dans ses bras. Ses gestes furent machinaux, rodés par ce qui commençait à devenir une triste routine. Accompagner Avalon jusqu’au lit, baisser les stores, revenir s’asseoir près d’Avalon, passer un bras autour d’elle pendant qu’elle buvait sa tisane. Cette fichue tisane qui n’allait rien régler. Il ne fut pas aussi bon qu’Avalon pour faire bonne figure face à Vivianne. Sa question appuya exactement là où Roy se posait lui même des questions.

Et si Avalon prenait ces putain de médicaments, est-ce qu’elle n’irait pas mieux ?

Au départ, Roy avait pensé que non, parce que Avalon avait clairement posé ses limites. Prendre ses médicaments c’était prendre le risque de rechuter. Rechuter, c’était tout l’inverse d’aller mieux. C’était la plus grande peur, la hantise profonde d’Avalon qui avait très difficilement gagné son combat contre ses addictions. Roy était sensibilisé depuis longtemps à ce type de discours, parce que Jayce avait été addict aussi. Et si Roy n’avait pas assisté au passé addict d’Avalon, il avait en revanche été aux premières loges de celui de Jayce. Il était d’accord sur le principe que s’était toujours fixé Jayce : pas une seule goutte d’alcool, même pas comme ça une fois, en soirée, pour Noël, pour un anniversaire. Pas une seule, parce qu’une seule pouvait suffire à réduire à néant ses efforts de plusieurs années.

Alors Roy avait appliqué le même raisonnement pour Avalon. Pas un seul comprimé. Très bien.

Mais à la différence de Jayce dont le refus de prise d’alcool n’entachait pas la santé -c’était même plutôt tout l’inverse-, le refus d’Avalon, lui, le faisait. Et maintenant, Roy n’était plus si sûr. Comme disait Avalon « c’est plus compliqué que ça ».

Il sentit au silence qui suivait ses mots et au regard qu’elle tournait vers lui qu’elle appelait son aide. Comment répondre à Vivianne alors qu’il n’avait lui-même pas la réponse et qu’il avait de plus en plus de mal à trouver du sens dans le choix qu’Avalon avait fait ? Un peu coincé, Roy finit par botter en touche :

« Avalon a besoin de se reposer, Viv. On en reparlera plus tard, ok ? » Il vit l’inquiétude et la frustration dans le regard de Vivianne mais il maintint sa position. « Viens, on va la laisser un peu tranquille. »

Il la laissa souhaiter bonne nuit à sa soeur et l’entraîna vers le salon, où le dîner les attendait toujours. Malgré son appétit coupé, Roy se força à dîner lui aussi pour encourager Vivianne à faire de même. Quand il put rejoindre Avalon plus tard dans la soirée, il la vit toujours allongée sur leur lit. Elle s’était glissée sous les draps. En s’approchant, Roy vit qu’elle était toujours réveillée. Il prit place sur son côté du lit et posa sa main sur le front de sa partenaire.

« Ca s’est arrangé ? »

D’un simple hochement de tête, Avalon lui signifia que non. Dépité, Roy la rejoignit sous les couvertures. Un long silence s’éternisa entre le couple enlacé, mais aucun des deux ne parvint à trouver du repos. Roy se décida finalement à faire part de ses pensées qui s’agitaient en lui :

« Je sais que c’est risqué pour toi de prendre des médicaments mais… Ça me tue de te voir souffrir le martyre alors que la solution est à trois putains de pas de nous. »

Il se voyait déjà se lever, se rendre dans leur salle de bains, ouvrir le tiroir où elle avait laissé l’ordonnance de ses médicaments. Pour d’autres personnes, qui n’avaient pas le passé d’Avalon, qui n’avait pas grandi dans une famille de camés où la seule solution pour survivre était de prendre des cachets, le problème aurait été réglé depuis longtemps. Roy n’avait probablement jamais autant détesté les parents Davies qu’à cet instant-là. Même en prison, ils continuaient de gâcher la vie de leurs enfants.


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911 [Roy et Avalon] Icon_minitimeJeu 14 Juil 2022 - 15:13
Vivianne finit par la quitter, non sans masquer son désemparement et sa frustration devant cette conversation qu’on lui refusait. Avalon soupira en s’allongeant et massa ses tempes dans l’espoir vain de calmer la douleur qui irradiait dans son crâne et alourdissait ses paupières. La question de sa petite-sœur l’avait prise au dépourvu et avait drastiquement fait accélérer les battements de son cœur. Elle savait que ce sujet planait entre Roy et elle depuis quelques semaines ; elle le voyait dans les regards qu’il posait sur elle et dans lesquels elle lisait un mélange d’impuissance, de peur et de colère. Elle sentait qu’il ne supportait pas cette passivité et qu’il voyait dans cette prescription la solution à tous leurs problèmes.

Ce n’était pas juste qu’elle le sentait chez elle. C’était ce qu’elle ressentait aussi, sous la lourde couche d’angoisse qui creusait son ventre et serrait sa gorge.

Ce sentiment la terrifiait, la paralysait et elle le repoussait avec toute la force qu’elle était capable de mobiliser. Elle évitait les questions de son partenaire, composait avec sa douleur et gardait secrète cette récente maladie inexpliquée dans l’espoir fou qu’elle soit moins tangible ainsi. Ce soir, Vivianne avait fait voler en éclat ses efforts avec sa candeur d’enfant et ses questionnements bien trop graves. La benjamine de la famille avait vécu, elle aussi, dans cet appartement miteux. Elle avait vu les ravages de la drogue sur ses parents, ses frères et ses sœurs. Elle savait, évidemment. Elle savait sûrement bien plus que ce qu’Avalon lui avait révélé, cherchant à la préserver d’une vérité qu’elle aurait préféré ne jamais connaître non plus. Les paroles de Célice lui revinrent en mémoire, lors d’une discussion houleuse qu’elles avaient eu sur le sujet : « T’as toujours fait ça avec elle, tu la mets dans une bulle et tu espères qu’elle va grandir à l’abri de tout le reste. Mais c’est sa famille, son histoire. Tu peux pas lui retirer ça, même si tu la fais vivre dans un autre monde. »

La justesse des propos de sa cadette arracha un grognement à Avalon qui posa les paumes de ses mains sur son visage comme pour se soustraire à cette réalité où tout lui échappait. Elle se leva quelques minutes plus tard pour se déshabiller et se glisser sous les couvertures, dans la pénombre de sa chambre qui offrait à ses yeux un léger répit. Elle ne trouva cependant pas le sommeil, l’esprit trop agité. La douleur reflua un peu sans pour autant disparaître. Comme d’habitude.

Avalon ne sut dire combien de temps s’écoula jusqu’à ce que Roy la rejoigne dans leur chambre. D’un haussement d’épaules, elle lui indiqua son état et il se glissa contre elle, laissant un silence pensif s’installer autour de leur étreinte. Parce qu’elle connaissait bien Roy, elle savait le moment qui précédait celui où il s’apprêtait à parler – à réellement parler, pas à simplement discuter, plaisanter ou rire. Il y eut une lueur d’hésitation au fond de son regard, une inspiration un peu plus prononcée, un froncement de sourcils décidé.

Et il se lança.

Sa phrase – pourtant construite avec une certaine précaution – heurta Avalon à un endroit sensible : celui de sa propre faiblesse. Elle vint conforter cette voix intérieure qui lui soufflait exactement la même chose depuis quelques jours : au fond, la solution se trouvait à portée de main et elle n’avait qu’à faire un geste pour sortir de ce cauchemar. C’était facile, presque enfantin : une pilule et voilà. Mais cette petite voix n’était pas inconnue aux oreilles de la milicienne : c’était la même qui, jadis, lui assurait qu’elle avait besoin de cette même pilule ; d’une seconde même et peut-être même d’une troisième, pour être sûre. Tentatrice. Dangereuse.

Elle ne s’était jamais éteinte d’ailleurs, elle était juste devenue moins forte avec les années. Parfois, il s’agissait d’un simple murmure qu’elle pouvait facilement ignorer. Aujourd’hui, elle avait l’impression qu’elle hurlait dans ses oreilles.

Après tout, elle était malade non ? Ce n’était pas comme si elle prenait quoique ce soit pour un plaisir récréatif. Elle n’avait pas vraiment le choix ; d’ailleurs, c’était pour prendre soin d’elle et de sa santé. Ce n’était pas dramatique. Cela faisait onze ans qu’elle n’avait rien pris, elle était forte ! Elle savait se contrôler. Son addiction n’était qu’une erreur de jeunesse, essentiellement liée à son environnement néfaste. Mais elle ne vivait plus à Londres maintenant, elle n’était plus cette jeune fille perdue qu’elle était autrefois. Elle était une autre personne, une femme adulte, responsable, capable de poser ses propres limites.

Tentatrice. Dangereuse.

Pour la première fois, la tentation fut légèrement plus grande que le danger associé. Pas assez pour la faire céder, mais suffisamment pour que la colère ne prenne pas le pas.

« Quelle solution ? » demanda-t-elle toutefois en secouant la tête. « C’est pas une solution pour moi, tu sais bien. Je peux pas prendre ça à la légère, pas après toutes ces années. » Pas après des années et des années à se battre dans un combat qui n’aurait de toute façon jamais de fin. « Ça tient à rien et si je replonge aujourd’hui à cause de ça, je me le pardonnerai jamais. »


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