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Wrecked [Avalon/Nora]

Nora Weaver
Nora WeaverProfesseur de Soins aux Créatures Magiques
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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeDim 26 Déc 2021 - 9:53
2 juillet 2011 - QG du Lexit

Wrecked [Avalon/Nora] 474p
Eliott Warlock - 26 ans - Barman

Eliott ne fréquentait plus très régulièrement le quartier général du Lexit. Il espaçait ses visites au maximum mais il s’y rendait encore parfois pour des réunions importantes, comme aujourd'hui. Contrairement à lui, certains membres du Lexit résidaient de façon permanente au QG, rarement par choix. Il avait pris l’habitude de croiser Jeremy et Juliet lors de ses rares visites, ainsi que Nora dont l’état semblait s’être légèrement amélioré.

Ses cheveux avaient commencé à repousser, de façon asymétrique, et lui tombaient un peu sur les yeux. Elle était toujours aussi pâle mais paraissait un peu moins cernée, et il n’était pas rare de la voir bavarder avec animation avec d’autres membres du Lexit. Il y avait encore des moments où on la devinait absente, et perdue dans des pensées qui devaient être bien sombres, mais ils se faisaient de plus en plus rares.

La jeune femme faisait justement partie des dernières personnes encore présentes dans la cuisine du QG. La réunion avait pris fin vingt minutes plus tôt et tout le monde était rentré chez soi, mis à part quelques bavards qui discutaient encore des dernières décisions prises, et Nora qui était occupée à débarrasser les tasses et les verres abandonnés sur la table. Eliott se leva et ramassa quelques assiettes qu’il vint déposer dans l’évier où il suffirait d’un coup de baguette pour les laver.

"C’était délicieux, lança-t-il en levant devant lui une assiette dans laquelle ne restaient plus que quelques miettes de la tarte à la myrtille préparée par Nora. Ne te sens pas obligée de nous nourrir à chaque réunion, on va tous devenir énorme, ajouta-t-il avec un sourire.
Merci, lui répondit la jeune femme en lui rendant son sourire. Ça m’occupe, de cuisiner.
Les journées doivent être longues ici.
- Un peu trop, avoua-t-elle en hochant doucement la tête.
- Tu ne pourrais pas sortir de temps en temps, en faisant attention ? »

Il vit l’hésitation passer sur son visage amaigri avant qu’elle ne secoue doucement la tête, comme pour se débarrasser de cette idée tentante.

"Non, ce serait trop risqué. Ça ne vaut pas la peine."

Eliott était forcé d’admirer un choix si raisonnable dont il aurait lui-même été incapable. Nora affirmait que cela ne valait pas la peine de prendre des risques simplement pour pouvoir sortir d’ici mais il n’était pas du même avis. La liberté en valait toujours la peine. Nora avait à peine l’âge de Paige, elle avait encore toute la vie devant elle et n’aurait pas dû être condamnée à l’enfermement et à la solitude pour le restant de ses jours.

"Il suffirait de changer d’identité, suggéra-t-il en guettant les réactions de la jeune femme. On pourrait te trouver des faux papiers, une fausse baguette. Ce serait une occasion de… repartir de zéro…" termina-t-il maladroitement.

Il réalisa un peu trop tard que ce n’était peut-être pas ce dont elle avait envie. Il comprendrait qu’elle n’ait pas envie de tourner la page, et de continuer à avancer dans la vie maintenant que celui avec qui elle aurait voulu la partager n’était plus là. C’était pourtant un mal nécessaire.

"Ma tête est dans tous les journaux du pays, il faudrait que je change carrément d’apparence,
- C’est possible aussi, avec un peu de chirurgie magico-esthétique – Il la vit clairement grimacer à cette idée, mais aux grands maux les grands remèdes ! A sa place il aurait été prêt à subir n’importe quelle opération pour retrouver un peu de liberté et d’anonymat.
Je n’y ai jamais pensé, avoua-t-elle. Et je n’aurais pas confiance, n’importe quel chirurgien pourrait me dénoncer à la milice. Effectivement, il n’avait pas pensé à ça. Il était toujours possible de corrompre un médicomage mais difficile de s’assurer qu’il garderait le silence après avoir procédé à l’opération.
Il suffirait de faire ça côté moldu, répondit-il, assez fier de son idée. Se réfugier en monde moldu était toujours une solution efficace, à son humble avis.
Je ne sais pas si ça marcherait, répondit-elle hésitante. Et puis je n’ai rien pour payer tout ça."
Il la sentait franchement réticente et un peu effrayée, mais il voyait aussi comme elle dépérissait ici et comme ses yeux recommençaient à briller dès qu’on lui rapportait des nouvelles de l’extérieur. Il ne pouvait pas la laisser comme ça.
10 août 2011- QG de la résistance

Nora était allongée sur son lit et profitait du rayon de soleil qui tombait par sa fenêtre et venait réchauffer la peau de son visage. Elle aurait rêvé d’être à la mer, à cet instant. Elle songea aux vacances en Sicille qu’elle avait réservé pour Irving et elle cet été et sentit une boule se former dans sa gorge. Elle se souvenait encore parfaitement de ce soir de noël en compagnie de Jeremy, Juliet et Gabrielle, où elle lui avait offert les billets. Ils avaient passé une soirée merveilleuse, à bavarder, rire et manger près du feu à Mallowsweet. Un souvenir tellement heureux qu’il lui faisait atrocement mal aujourd’hui.

Quelqu’un frappa à sa porte et l’arracha à ses douloureuses pensées. Elle se redressa, invita la personne à entrer, et fut un peu surprise de reconnaitre Eliott.

"Tout va bien ? s’inquiéta-t-elle immédiatement. Chaque fois que quelqu’un venait la trouver, elle redoutait une mauvaise nouvelle, tout en sachant qu’on ne pourrait rien lui annoncer de pire que ce qu’elle avait déjà vécu.
- Tout va bien, je passais juste te déposer ça. Il lança doucement une épaisse enveloppe sur le lit.
- Qu’est-ce que… ? Nora ouvrit l’enveloppe, qui contenait plusieurs liasses de billets d’une monnaie qu’elle ne connaissait pas mais qu’elle devinait être de l’argent moldu.
- Il est grand temps que tu partes d’ici, lui répondit-il avec un sourire un peu triste. Tu as le droit à un nouveau départ.
- Non, je ne peux pas accepter, répondit-elle aussitôt en reposant l’enveloppe sur le lit. Et puis je ne saurais même pas…
- Il y a aussi un liste de plusieurs chirurgiens esthétiques moldus qui acceptent d’être payés en liquide. »

Elle resta un instant silencieuse, partagée entre une immense reconnaissance et une peur bleu de tout ce que cette enveloppe pouvait impliquer. Elle n’était pas prête pour tant de changements et n’était pas certaine de vouloir prendre tous ces risques.

"Tu n’es pas obligé de t’en servir, lui assura Eliott, comme s’il avait deviné ses craintes. Mais maintenant tu as le choix.
- Merci beaucoup, je… Je te repaierai la totalité, affirma-t-elle alors même qu’elle n’avait aucune idée de la somme concernée.
- C’est pas la peine, répondit-il en balayant sa proposition d’un geste de la main. J’aurais préféré ne jamais le toucher, cet argent.
Elle devina qu’il faisait référence à l’héritage touché à la mort de son père et lui adressa une grimace compatissante.
- Je suis désolée...
- Je suis désolé aussi. Fais-en bon usage. Il se rapprocha de la porte, comme s’il s’apprêtait à partir. Et n’hésite pas à mettre quelques personnes de confiance dans la confidence, reprit-t-il. Pas moi, ajouta-t-il précipitamment. Enfin, pas forcément, mais tu as peut-être envie de garder contacts avec quelques personnes.
- Est-ce que ce ne sera pas dangereux pour elles ?"

Dans l’hypothèse où elle changerait complètement d’apparence et d’identité, connaitre son véritable nom serait un secret qui pourrait coûter cher. Elle n’était pas certaine de vouloir faire peser ce risque sur les épaules de qui que ce soit, mais la perspective de disparaitre et de couper les ponts avec tous ceux qui faisaient partie de sa vue lui était insupportable. Elle s’était reconstruite ici, entourée de Juliet, Jeremy, Urban, et tous les autres. Elle s’en voudrait de les abandonner sans donner d’explications, même si elle était consciente que sa présence ici les mettait en danger.

"On n’est plus vraiment à un risque près, lui répondit Eliott avec un haussement d’épaules. C’est à toi de voir, conclut-il. Fais ce qui te semble le mieux.
- Merci beaucoup, répéta-t-elle, gênée par ce geste qu’elle ne pourrait jamais lui rendre.
- Y’a pas de quoi ! Prends soin de toi, surtout. Au revoir Nora.
- Au revoir."

19 août 2011 - QG de la résistance

"Tu veux une ou deux tresses pour dormir ?
- Deux !"

Nora ne put retenir un sourire face à l’enthousiasme de Gabrielle, ravissante dans son petit pyjama d’été. Son sourire était toutefois emprunt d’une tristesse différente aujourd’hui. En coiffant délicatement les fins cheveux blonds de la fillette, elle songeait que c’était peut-être la dernière fois avant très longtemps.

Elle avait longuement réfléchi à la proposition d’Eliott. Elle avait passé des nuits entières à douter, à s’imaginer une nouvelle vie, une nouvelle tête, une nouvelle identité, et le bénéfice de l’anonymat. Elle pourrait être tellement plus utile à la résistance, en devenant quelqu’un d’autre. Elle n’avait plus rien à perdre et elle était prête à tout sacrifier à leur cause, mais ces derniers mois elle n’avait rien pu faire pour aider le Lexit, condamnée qu’elle était à rester enfermée entre les murs du QG. Elle rêvait de pouvoir agir, de pouvoir prendre des risques sans mettre en péril tout ceux qui l’avaient protégée.

Une part d’elle rêvait de ce nouveau départ, mais une autre était purement terrifiée. Cela revenait à abandonner tout ce qu’elle avait. Ses amis, cet endroit qui était devenu sa maison, et tout ce qui lui restait d’Irving. Si elle changeait d’identité, elle ne représenterait plus officiellement ce qu’il avait laissé derrière lui, elle ne pourrait plus publiquement honorer sa mémoire, elle ne serait plus celle qui l’avait perdu. Il devrait rester son secret, et elle s’en voulait de le réduire au silence, lui qui aurait mérité tout la considération du monde.

Pourtant sa décision était prise. Elle avait écrit deux lettre, la nuit dernière. Une à l’attention de Jeremy et Juliet, l’autre à l’attention d’Urban. Elle leur expliquait qu’elle devait partir, qu’elle avait un plan pour regagner sa liberté, qu’elle allait changer. Elle leur demandait de ne pas lui en vouloir, et de ne surtout pas la chercher. Elle les contacterait, un jour, plus tard, quand tout irait mieux, quand elle serait certaine de pouvoir le faire sans danger. Elle leur disait combien elle les aimait et à quel point elle était désolée de les abandonner ainsi. Que c’était nécessaire. Qu’elle reviendrait. Et elle leur disait merci, pour tout.

Ecrire ces lettres lui avait déchiré le coeur mais elle savait qu’il aurait été encore plus insupportable de leur faire ses adieux de vive voix. Elle ne se faisait pas assez confiance pour leur tenir tête et savait qu’ils essaieraient certainement de la faire changer d’avis. Elle devait partir en douce, cette nuit. Mais il y avait une personne à qui elle tenait à dire au revoir de vive voix avant son départ.

"Et voilà, prête pour le dodo ! s’exclama-t-elle d’une voix déjà enrouée de larmes. Tu me fais un câlin avant ?"

Gabrielle se hissa sur le rebord de son lit, où Nora s’était installée pour lui faire ses tresse, et grimpa sur les genoux de sa marraine sans prêter attention à ses yeux humides.

"Gaby, ma puce, je…Je ne serais peut-être pas là quand tu vas te réveiller, demain matin, commença-t-elle d’une voix tremblante. La fillette leva la tête et fronça ses sourcils blonds avec inquiétude. Je vais devoir partir…
- Où partir ?
- Pas très loin, promis, je…
- Je pars ave’ toi !
- Non, mon chat, tu ne peux pas venir avec moi. Je pars toute seule, d’accord ? Nora vit les yeux clairs de la fillette se remplirent de larmes et sentit son coeur se serrer. Mais je reviens, je te le promets, je ne pars pas longtemps.
- Quand ?
- Je ne sais pas, bientôt.
- Quand bientôt ?
- Très vite, mentit-elle. Je reviendrai te voir dès que je peux, c’est promis. Tu seras sage en m’attendant ? Gabrielle hocha la tête, les joues mouillées de larmes.
- Je veux pas…
- Moi non plus mais c’est pas pour longtemps, et je penserai très très fort à toi, tous les jours."

Nora resserra ses bras autours du petit corps de Gabrielle et posa ses lèvres sur le sommet de ses cheveux blonds pour y déposer un long baiser et s’imprégner de son odeur de shampoing pour bébé.

"Tu peux dormir avec moi ? La fillette leva vers elle une moue suppliante et deux grands yeux pleins de larmes.
- D’accord, viens là."

Nora se décala sur le petit lit pour que Gabrielle puisse s’allonger et s’installa à côté d’elle en essayant de prendre le moins de place possible. Elle caressa doucement les cheveux blonds de la fillette jusqu’à ce qu’elle s’endorme, puis sortit de sa chambre sans faire de bruit, les yeux rougis par ses pleurs.

Elle se rendit dans sa propre chambre où elle récupéra le sac qu’elle avait préparé dans l’après-midi. Elle n’emportait que le nécessaire, et rien qui puisse la relier à Nora Weaver. Elle avait décroché les photos des murs et les avait rangé en sécurité dans une boite, sous une latte du parquet. Elle viendrait les récupérer un jour. Elle n’en avait gardé qu’une, d’Irving, qu’elle conservait en permanence dans sa poche. Elle savait à quel point il était dangereux d’avoir ce cliché sur elle, mais elle ne pouvait pas se résoudre à s’en séparer.

Elle balaya la chambre du regard un dernière fois, résista à l’envie de réveiller Jack, son vieux chat, pour le glisser dans son sac lui aussi mais se contenta de lui accorder une dernière caresse, convaincue qu’on s’occuperait bien de lui ici. Tout était parfaitement rangé, à l’exception des deux enveloppes posées sur son lit. Puis elle quitta la pièce, le coeur lourd.

30 août 2011 - Clinique privée de South Hampstead, Londres

Nora s’éveilla et essaya d’ouvrir les yeux. Son champ de vision était étrangement réduit, comme si elle avait quelque chose de collé sur le visage, et elle voyait flou. Elle avait l’impression de plus pouvoir respirer, et réalisa soudainement qu’elle avait un tube en plastique dans dans la gorge,. Elle se mit à paniquer et voulu s’agiter mais ne parvenait pas à bouger ses membres, ce qui l’effraya encore davantage. Un visage fou apparut au-dessus d’elle et une voix féminine lui assura que tout allait bien, que c’était les effets de l’anesthésie, que tout s’était bien passé.

Elle reconnut l’infirmière qui s’était occupée d’elle avant son opération, et tout lui revint en mémoire. Elle se souvint de la clinique, du rendez-vous avec le chirurgien et des questions qu’elle avait laissées sans réponse, et auxquelles il avait renoncé en voyant les billets. Elle avait tout payé d’avance, en cash. Elle se rappelait les photos prises sous tous les angles, les retouches qu’il avait faites sur son Pear moldu, les projections de ce à quoi elle pourrait ressembler en modifiant son nez, son menton, son front. « Je ne touche pas aux yeux », lui avait assuré le chirurgien, ce qui l’avait plutôt rassuré.

Elle entendit à peine l’infirmière lui expliquer la suite de la procédure et sombra de nouveau dans le sommeil.

13 septembre 2011 - B&B de de South Hampstead, Londres

Nora s’approcha du miroir accroché au dessus du lavabo dans la petite salle de bain aux murs recouvert d’un carrelage vieux rose tout droit sorti d’une autre époque, et grimaça face à son reflet. De gros hématomes, certains violacés et d’autres jaunâtres, s’étalaient encore sur la moitié de son visage. Elle avait les lèvres encore gonflées, et un pansement sur l’arrête du nez, mais elle avait de plus en plus une apparence humaine. Elle avait même considéré qu’elle était suffisamment présentable pour prendre rendez-vous dans un salon de coiffure de la rue et arborait désormais de longs cheveux châtains. Elle ne se reconnaissait pas vraiment dans l’image que lui renvoyait le miroir mais savait que ce n’était pas seulement dû aux cicatrices et qu’il lui faudrait probablement de longues semaines pour s’habituer à sa nouvelle apparence.

Elle logeait dans un Bed&Breakfast pas très cosy du quartier de South Hampstead, qui proposait une salle de bain privée pour un prix raisonnable. Elle sortait peu, payait ses nuits d’avance et évitait d’attirer l’attention sur elle. Elle avait besoin de temps pour cicatriser, et pour préparer la suite. Elle allait avoir besoin de nouveaux papiers d’identité, et d’une nouvelle baguette, mais l’enveloppe fournie par Eliott s’était déjà dramatiquement allégée. Elle avait récupéré tout ce qu’elle avait d’argent sorcier avant de partir, mais n’avait aucune certitude quand au fait que cela couvrirait le prix de faux papiers. Il lui faudrait rapidement un travail, mais pour ça il lui fallait d’abord obtenir des papiers, quitte à les acheter à crédit et à les rembourser sur les prochains mois.

Elle n’avait aucune idée de la façon dont elle était censée se procurer ce genre de choses. A défaut de meilleure idée, elle récupérait la Gazette tous les matins et parcourait les petites annonces tout en sachant pertinemment qu’elle ne tombera jamais sur « propose faux papiers sorciers à prix raisonnables ». Elle guettait les annonces un peu vague, les « services variés » et « assistance administrative ». Elle répondit à quelques annonces qui avait retenu son attention, sans succès. Elle n’osait évidement pas demander ce qu’elle cherchait, ce qui ne lui facilitait pas la tâche.

28 septembre 2011 - Hackney, Londres

Après deux semaines de recherches infructueuses, Nora tenait enfin une piste à peu près sérieuse. Elle avait échangé avec un sorcier qui se prétendait avocat en droit de l’immigration mais qui n’avait certainement jamais mis un pieds en cours de droit, et qui expliquait pouvoir lui trouver des papiers « provisoires » le temps de « régulariser sa situation ». Ils n’avaient pas pu échanger davantage par courrier, trop risqué, et s’étaient donné rendez-vous dans un bar du Londres moldu pour discuter plus tranquillement.

Elle avait longtemps hésité avant de s’y rendre, pas très sereine à l’idée de se frotter au milieu de la pègre londonienne, mais avait réalisé que c’était peut-être sa seule chance d’obtenir une nouvelle identité. Elle y avait rencontré un grand sorcier chauve, vêtu d’un costume gris tellement râpé qu’il semblait pouvoir se déchirer à tout instant. Elle avait tâtonné, posé des questions hasardeuses, bégayé, et elle avait redouté que son interlocuteur ne lui rit au nez mais il lui avait donné un rendez-vous le soir même. Pas avec lui, avait-il expliqué. Avec un ami qui s’occupait de ce genre de choses, et avec qui il avait l’habitude de travailler, un « gars de confiance ». Nora avait demandé le prix, craignant de ne pas avoir les moyens de payer, il lui avait répondu qu’elle verrait ça avec Owen, son ami, et qu’il était arrangeant. Cela ne l’avait pas vraiment rassuré.

Son mystérieux interlocuteur avait peut-être toute confiance en ce fameux « Owen » mais ce n’était pas le cas de Nora, dont l’instinct lui hurlait de fuir ce traquenard. Mais elle ne pouvait pas abandonner si près du but. Ces nouveaux papiers étaient la promesse d’une nouvelle vie, la possibilité de pouvoir trouver un travail et acheter une nouvelle baguette, de pouvoir exister légalement. Elle en avait désespérément besoin, et elle ne pouvait pas se permettre de faire la difficile.

Elle s’était donc équipée d’un épais sweat gris malgré les températures encore clémentes et s’était dirigé vers le point de rendez-vous. A mesure qu’elle approchait de l’adresse qui lui avait été donné, le voisinage se dégradait. Elle avait quitté les hautes tour d’immeubles surpeuplées et collées les unes ou autre pour se diriger vers une sorte de terrain vague où un chantier semblait être à l’abandon. De grands panneau à moitié recouverts de tags annonçait la construction prochaine de trois cents nouveaux logements, mais le projet était visiblement à l’arrêt.

Elle enfonça les mains dans la poche de son sweat et attendit patiemment en jetant fréquemment des regards autours d’elle, pas vraiment rassurée par cet environnement désert. Après quelques minutes d’attente, une silhouette sombre apparue à quelques mètres devant elle, certainement le dénommé Owen.

"Bonsoir… lança-t-elle d’une voix qu’elle aurait aimé plus assuré quand l’homme s’arrêta à sa hauteur. Vous êtes Owen ?"


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeDim 26 Déc 2021 - 17:24
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Nelson "Owen" O'Neil, décidemment l'homme que tu ne veux pas croiser la nuit.

TW:

Nelson était adossé contre un épais lampadaire, les mains plongées dans les poches de sa veste en cuir élimée. Il attendait, les yeux dans le vague, que sa « cliente » du soir daigne se montrer. Nelson était un peu impatient ; cela faisait longtemps que cette petite combine n’avait pas fonctionné correctement. L’été, les affaires étaient étrangement un peu plus calmes, et cela se faisait ressentir sur ses finances, qui devenaient bien maigres. Or, Nelson était acculé par les dettes ; depuis le mois de juillet, il devait plusieurs milliers à des gars franchement pas commodes, ni arrangeants. Il avait l’habitude, bien sûr, mais cette fois-ci, il avait compris qu’il avait intérêt à trouver une solution au plus vite. Or, le délai accordé par ses créanciers touchait dangereusement à sa fin. Nelson avait pu leur rembourser quelques petites sommes avec son activité habituelle – la création de faux-papiers d’identité – mais cela ne couvrait à peine le début de sa dette. Il devait passer à la vitesse supérieure, il en était plus que conscient.

Alors, quand Terence lui avait dit qu’une jeune femme l’avait contacté pour obtenir de faux-papiers d’identité via une annonce un peu vague qu’ils passaient dans la Gazette de temps à autres, Nelson s’était dit qu’il s’agissait de la chance qu’il attendait. Il voyait parfaitement le type de profil qui les contactait par ce biais : des jeunes perdus, désespérés, seuls. Des sorciers sans entourage, pour lesquels on ne lancerait sûrement pas une recherche officielle. Des proies faciles, en somme, qui pouvaient facilement rapporter des sommes conséquentes.

Nelson avait quelques contacts, au sein du marché noir moldu londonien. Des contacts prêts à payer très cher pour une tête à faire tomber à la place d’un des leurs – et encore plus pour quelques organes à revendre sur le marché. Franchement, Nelson n’avait jamais trop cherché à savoir ce que devenait les gens qu’il livrait ; il se contentait d’empocher les enveloppes et de détourner les yeux. Ce qui se passait ensuite, ce n’était pas son affaire. C’était sûrement violent, sûrement sanglant mais à vrai dire, cela lui évitait d’être à la même place. Nelson n’était pas dupe ; il savait très bien ce que l’on pouvait faire de ceux qui étaient incapables de rembourser leurs dettes : on se servait dans ce qu’ils pouvaient donner malgré eux.

Evidemment, il n’avait pas recours à cette méthode tous les jours ; cela aurait été trop risqué. Mais de temps en temps, quand la situation s’y prêtait bien… Comme ce soir, songea-t-il en repensant au récit que Terence lui avait fait : une jeune fille sûrement incapable de se défendre, probablement isolée, qui devait chercher à disparaître ou à fuir. Le profil parfait.

Sur le terrain vague que Nelson guettait attentivement, une silhouette finit par se détacher de l’obscurité. Une silhouette menue, minuscule, qui le conforta dans sa confiance. Il patienta encore quelques minutes pour vérifier qu’elle n’était ni accompagnée, ni suivie, et sortit du recoin où il s’était adossé pour se diriger vers elle. La rue était mal éclairée ; la plupart des lampadaires ne fonctionnaient plus, ou alors d’une lumière faiblarde et vacillante. Le trottoir était maculé par la terre du terrain vague – qui ressemblait davantage à une décharge désormais – et les passants évitaient de trop s’aventurer par ici.

Nelson finit par arriver à la hauteur de la jeune femme, et constata qu’il la dépassait de plusieurs têtes. Au son de sa voix – craintive et peu assurée – il songea que tout cela ne serait qu’un jeu d’enfant.

« Ouais. » répondit-il en hochant la tête. Il ne lui demanda pas son prénom en retour – de toute façon, elle lui en aurait sûrement donné un faux et puis, il s’en fichait plus ou moins. Nelson n’avait pas envie de faire durer cette rencontre publique – c’était le meilleur moyen de se faire voir par un passant. « Je sais qu’on t’a envoyé ici pour des papiers d’identité mais vaut mieux qu’on traîne pas trop, c’est risqué avec les flics. » annonça-t-il en saisissant le poignet de la jeune fille. « Viens. » lui intima-t-il, menaçant.
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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeLun 27 Déc 2021 - 8:29
Owen avait un visage fermé, aux traits durs et au regard sombre. Il était emmitouflé dans une parka noire malgré les températures encore clémentes, et répondit froidement à sa question, sans lui fournir davantage de détails. Il n'inspirait pas vraiment la confiance, et s'il n'avait pas immédiatement parlé de papiers d'identité, elle aurait même douté qu'il soit réellement celui qu'il prétendait.

Avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir à sa proposition, il lui saisit fermement le poignet avec l'intention de l'entrainer avec lui. Nora sentit tous ses muscles se tendre sous le coup de la peur alors qu'elle réalisait à quel point sa situation était précaire. L'endroit était désert, et situé dans un des quartiers les moins recommandables de la ville, elle était sous une fausse apparence, sans identité, sans baguette pour se défendre.

Si Owen l'assassinait sur le champ, personne ne le saurait. Elle avait indiqué à ses amis les plus proches qu'elle devait partir et leur avait explicitement demandé de ne pas al chercher avant qu'elle ne les contacte. La gérante du Bad&Breakfast dans lequel elle logeait s'étonnerait certainement de sa disparition soudaine mais ne prendrait certainement pas la peine de lancer des recherches, de toute façon elle ne connaissait pas son vrai nom.

Quelques mois plus tôt, elle aurait certainement suivi Owen sans protester, malgré tous les dangers qu'il représentait et la probabilité assez élevée qu'il ne finisse par l'assassiner dans une ruelle sombre, parce qu'elle avait déjà tout perdu et qu'une mort, même violente, ne lui paraissait pas une fin si terrible. Mais aujourd'hui elle avait retrouvé un peu d'espoir. L'espoir de pouvoir renaitre, et revivre. Elle ne s'était pas donné tant de peine à devenir quelqu'un d'autre pour mourir entre les mains d'un criminel. Elle avait d'autres choses à accomplir avant, elle devait aider le Lexit, venger la mort d'Irving et rétablir la vérité.

De nouveau habitée par un instinct de survie qui l'avait quitté pendant des mois, elle tira sur son bras pour se dégager de la poigne d'Owen. Elle n'avait pas l'intention de le confronter. Il était beaucoup plus grand, beaucoup plus lourd et beaucoup plus fort qu'elle, et contrairement à elle, il était certainement venu armé de sa baguette. Elle devait juste s'éloigner suffisamment de lui pour pouvoir transplaner sans l'emmener avec elle. Mais elle ne parvenait même pas à se dégager de son emprise.

"Je te suis, mentit-elle, la peur au fond des yeux. Mais lâche-moi."

Le tutoiement ne lui était pas naturel, face à cet homme qu'elle ne connaissait pas, mais elle essayait vainement de copier son attitude dans une vaine tentative de dissimuler sa qualité de novice et la terreur qui s'était emparée d'elle. Elle ne connaissait pas ce milieu mais ce n'était pas la première fois qu'elle était confrontée à quelqu'un de violent, à quelqu'un qui était décidé à lui faire du mal, et elle comprit au regard menaçant d'Owen qu'il n'avait pas l'intention de la lâcher.

Elle lui envoya un coup de pied dans la jambe tout en tirant brusquement sur son bras pour se dégager. A peine avait-elle réussi à se libérer que la poigne d'Owen se referma de nouveau sur elle sans lui laisser le temps de faire un seul pas pour s'éloigner de lui. Elle songea un instant à hurler de toute ses forces pour alerter les personnes les plus proches, mais réalisa que personne ne pourrait l'entendre dans ce quartier désert.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeLun 27 Déc 2021 - 19:40
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Nelson "Owen" O'Neil, horrible personnage.

Nelson avait saisi fermement le poignet de sa cliente et cherchait à la tirer vers lui, sans faire l’effort de se rendre moins menaçant envers elle. Il comprit au regard qu’elle lui lança qu’elle était apeurée aussi il ne prit pas la peine de desserrer sa prise. Il ne pouvait pas prendre le risque qu’elle s’échappe en transplanant et, ainsi, perdre définitivement sa trace. Il était plus grand qu’elle, sans doute plus fort physiquement. Peut-être était-elle plus douée en magie mais Nelson n’apercevait pas l’ombre d’une baguette magique à l’horizon. Probablement n’avait-elle pas pu s’en procurer avant de venir. Cruelle erreur.

Une cruelle qui, en revanche, l’arrangeait bien. Nelson n’avait jamais été très bon en magie – pour ne pas dire que son niveau était catastrophique. La magie s’était révélée très tard chez lui si bien que pendant longtemps, ses parents étaient persuadés qu’il était cracmole. Il avait fini par suivre sa scolarité à Poudlard mais le moindre sort exigeait de lui une concentration intense. La magie n’était pas naturelle chez lui, se disait-il souvent. Alors, à la sortie de l’école, il s’était rapproché du monde moldu, là où la magie ne pesait rien et ne faisait pas de différence. C’était bien pratique, pour lui, d’avoir un pied dans les deux mondes – surtout les affaires qu’il menait.

Et face à un gabarit comme celui de sa cliente, cela ne lui manquait pas spécialement de ne pas pouvoir pratiquer de magie. Si elle s’était révélée être une excellente duelliste, probablement n’aurait-il pas fait le poids face à elle mais si toute cette situation n’était basée que sur la force physique, alors Nelson avait une plutôt bonne idée de son dénouement…

Sans surprise cependant, sa cliente essaya de se débattre et lança son pied dans son tibia. Le coup le fit reculer un instant, mais Nelson revint à la charge assez rapidement pour qu’elle n’ait pas le temps de s’enfuir. Cette fois-ci, sa main se referma sur son avant-bras, encore plus fermement.

« Ecoute petite, » fit-il avec un air sombre, « tu vas me suivre bien gentiment et on verra ensuite ce qu’on va faire de toi, compris ? » Comme il n’attendait pas vraiment de réponse, il se contenta de la tirer vers lui pour la faire avancer. « J’connais des gars qui paieraient bien cher pour avoir ce qui s’trouve là-dedans. » D’un doigt, il tapota l’abdomen de sa cliente. « Donc si t’es gentille, on te trouvera peut-être une utilité moins… définitive. Ok ? »

Les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent d’effroi. Nelson profita de ce moment de stupeur pour la faire avancer sur le trottoir. Il pouvait transplaner avec elle, peut-être, mais il fallait qu’il se concentre sérieusement sur sa destination pour ne pas courir le risque d’être désartibuler. C’est ce qu’il fit, mais il fut interrompu par une plainte craintive de sa cliente et quelques mouvements de sa part pour se dégager de son emprise.

Nerveux, Nelson n’hésita pas : puisque les menaces verbales ne fonctionnaient pas, il sortit de sa poche un couteau qu’il brandit pour menacer la jeune femme. Soucieux de ne pas abimer ce qui s’apparentait pour lui à une marchandise assez précieuse, il posa d’abord la lame contre son cou.

« T’as oublié ce que j’ai dit sur le fait d’être gentille ? » Il fronça les sourcils, accentuant encore son air sombre. « Evite de trop faire la maligne avec moi. » Le couteau glissa le long de son épaule puis de son bras, qu’il entailla sur la longueur en y appuyant la lame. « Parce que tu risques pas d’sortir gagnante. »
Nora Weaver
Nora WeaverProfesseur de Soins aux Créatures Magiques
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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMar 28 Déc 2021 - 13:48
Nora avait compris bien trop tard que le dénommé Owen n'avait absolument pas l'intention de lui vendre des faux papiers. Mails il n'avait visiblement pas prévu de la laisser filer pour autant. Elle essaya de se dégager de sa poigne mais il referma ses doigts sur son avant-bras encore plus fermement et la tira violemment vers lui en lui arrachant un gémissement de peur.

Elle eut un mouvement de recul alors qu'il se penchait vers elle pour la mettre en garde et sursauta alors qu'il approchait sa main libre de son ventre pour tapoter son abdomen. Il assura que certains seraient prêts à payer très cher pour ce qu'il y avait à l'intérieur. Nora ne comprit pas tout de suite. Elle le dévisagea avec incompréhension avant que ses yeux ne s'arrondissent d'effroi à mesure que l'information se frayait un chemin dans sa tête. C'était pire que tout ce qu'elle aurait pu redouté. Son agresseur n'avait pas seulement l'intention de la dépouiller ou d'abuser d'elle, il en avait après son corps, de façon bien plus mercantile. Elle n'osait même pas formuler l'idée tant elle lui paraissait épouvantable.

Trafic d'organes. Le genre de pratiques dont on savait qu'elle existait sans pouvoir envisager une seule seconde y être confronté un jour. Le genre d'horreurs qu'on reléguait presque au même rang que les monstres sous le lit et les histoires d'horreur, des choses terrifiantes mais qui n'existaient pas vraiment, qui n'avaient leur place que dans les cauchemars. Elle n'avait jamais vraiment associé de réalité à ces termes, pourtant déjà des images de ce qui pourrait bien l'attendre s'imposaient à elle. Prise d'un brusque sentiment de panique, elle émit une plainte craintive alors qu'elle retenait difficilement un sanglot.

Elle se démena pour se dégager de l'emprise de son agresseur, qui la trainait derrière lui le long du trottoir. Elle se tordait le bras à s'en démettre l'épaule, en vain. Elle ne parvint qu'à agacer Owen qui l'attira de nouveau à lui avant de brandir un couteau sous sa gorge. Nora s'immobilisa et retint son souffle en sentant la lame effleurer la peau de son cou. Elle ferma les yeux pour se soustraire au regard menaçant de son agresseur. Le métal froid quitta doucement sa gorge, et elle sentit une pression descendre le long de son bras. Ses yeux se rouvrirent soudainement et elle laisse échapper une exclamation de douleur quand la lame déchira la manche de son sweat pour s'enfoncer dans la peau de son bras. Elle ne put retenir un hurlement de douleur alors que le couteau entaillait lentement son bras sur plusieurs centimètres de longueur. L'odeur de son propre sang la prit aussitôt à la gorge et la douleur se diffusa rapidement jusqu'à son épaule.

Les sanglots qu'elle retenait lui échappèrent en flots continus et elle abandonna aussitôt toute velléité de résistance. C'était trop tard, elle n'avait plus aucune chance de s'en sortir, il ne servait à rien de lutter. Elle accepta sa fin avec une facilité déconcertante, et se contenta de prier pour que cela finisse vite. Qu'il la tue rapidement, sans lui faire de mal.

"D'accord, hoqueta-t-elle entre deux sanglots. D'accord, répéta-t-elle. Ce que tu veux."


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Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMar 28 Déc 2021 - 22:17
Le 16 septembre, Avalon avait obtenu la garde de Vivianne. Le 16 septembre, Morgane et Garlan avaient été placés chez leur grand-mère maternelle, qui résidait à Leeds. Le 16 septembre, une enquête avait été ouverte suite au procès qui avait duré trois jours. Une enquête qui visait Dwight et Edith Davies, ainsi que le trafic qui était organisé autour d’eux depuis de nombreuses années. Le dossier avait été transmis à la brigade des stupéfiants de la Metropolitan Police. Ce n’était évidemment pas la première fois que le nom « Davies » revenait dans les fichiers de la police moldue ; Néro était un grand habitué des commissariats, Yvain avait été mis en garde-à-vue quand il était encore mineur, Dwight avait fait quelques mois de prison quelques années plus tôt… Si les faits n’avaient pas été poursuivis, c’était à la fois par manque de preuves tangibles et parce que le trafic tenu par les parents Davies n’était pas suffisamment important et menaçant pour attirer l’intérêt de la Met. Cela faisait longtemps que les Davies étaient installés à Londres, qu’ils achetaient aux mêmes personnes et revendaient à un public qu’ils connaissaient bien également ; or, dans ce milieu, personne ne parlait, le silence était d’or et synonyme de loyauté. Il y avait bien eu quelques signalements de la part des professeurs mais les services sociaux étaient débordés par des situations similaires.

Le procès intenté par Avalon avait été le premier signe extérieur, la première vraie preuve tangible d’une situation qui était longtemps passée inaperçue. La Met’, désormais en possession du jugement rendu mais également des différents témoignages, avait ouvert une enquête. Enquête à laquelle Avalon avait été convoquée comme témoin, ainsi que l’intégralité de sa fratrie. Sans surprise, Néro avait refusé de témoigner contre ses parents, tout comme Yvain. Galaad avait été entendu quelques jours plus tôt, comme Avalon. Comme d’habitude, on ne savait pas ce que Célice avait décidé ; quant à Yseut, elle ne donnait aucune nouvelle depuis le premier procès auquel avait été confronté sa famille.

De passage dans le petit appartement que louait Célice dans le quartier d’Hackney, non loin de là où résidait leurs parents, Avalon attendait patiemment que sa sœur couche Elio en observant l’intérieur du salon qui servait également de chambre pour sa petite sœur. Le canapé était déplié – elle doutait qu’il reprenne souvent sa forme initiale – et les draps, bien que froissés, avaient été tirés dans un effort de rangement. La table basse était encombrée par les dessins d’Elio – qui avait une passion pour les dinosaures depuis six mois – et plusieurs de ses jouets traînaient par terre, au pied du lit de sa mère. Avalon venait rarement chez sa sœur – souvent, lorsque Célice faisait appel à elle pour garder Elio, elle prenait son neveu chez elle pour la nuit. Elle était passée ce soir pour récupérer des affaires que Vivianne avait laissé chez leurs parents et qu’elle avait demandé à récupérer. N’ayant aucune envie de mettre un pied dans cet appartement, Avalon s’était servie de Célice comme d’intermédiaire – ce qui avait ravi sa sœur, bien évidemment. Cette dernière ne tarda pas à réapparaître dans le salon.

« Tiens j’ai fait un sac pour Vivianne. » Elle le lui désigna du menton. « Elle va bien ? » interrogea-t-elle.
« Je crois… » répondit Avalon, un peu incertaine. Au regard inquisiteur de sa sœur, elle développa : « Ça fait beaucoup de changements pour elle, c’est pas évident tous les jours. »
« Tu m’étonnes, » fit Célice, « tu l’as quand même arraché à tout ce qu’elle connaissait. » Avalon lui renvoya un regard noir. « J’ai pas dit que t’avais mal fait, calme-toi. » reprit Célice, sans s’excuser pour son indélicatesse. « Mais normal qu’elle soit perturbée. »
« Ouais. » Vivianne oscillait entre deux états émotionnels depuis une dizaine de jours, ce qui inquiétait un peu Avalon. « Puis l’enquête sur les parents, ça n’arrange rien. » ajouta-t-elle pour amener sa sœur sur le sujet. Celle-ci ne releva pas. « T’as décidé de ce que t’allais faire ? »
« Oh vous me les brisez Néro et toi à me poser cette question quinze fois par jour putain » râla Célice. « Trouvez-vous une occupation au lieu d’emmerder le monde comme ça. »
« T’as pas répondu à ma question. » releva simplement Avalon qui, elle non plus, n’était pas très impressionnée par les éclats de sa sœur.
« Je sais pas encore ce que je vais faire. » répondit simplement Célice un peu nerveusement.
« C’est facile pour personne… » reconnut Avalon en s’appuyant contre un meuble derrière elle.
« Pour toi plus que pour moi. » fit remarquer sa sœur en levant les sourcils. « Tu vis plus là. Mais tu sais ce qu’on pense des balances, par ici. »
« Je sais. » Le ton d’Avalon s’était un peu adouci. « Et j’allais pas te demander de témoigner. Je voulais juste savoir si t’avais pris une décision. Si tu le sens pas, le fais pas.
« Gal et toi vous avez fait vos dépositions ? »
« Ouais. »
« Et les petits ? »
« C’est le juge qui décidera s’il doit les entendre, en fonction du dossier et des preuves. Pour l’instant on en sait pas plus. »

Célice resta longuement silencieuse, visiblement pensive. Avalon crut qu’elle allait la relancer, mais elle dévia légèrement la conversation :

« J’ai rencontré le flic qui gère le dossier de l’enquête. » Avalon l’interrogea du regard. « Il est canon. Franchement tu vois, ça, c’est une motivation pour aller témoigner. »

D’abord surprise, Avalon finit par laisser échapper un véritable éclat de rire. Face à elle, Célice affichait un petit sourire en coin aussi.

« C’est donc ça qu’il te faut ? » la taquina-t-elle.
« Je prends juste exemple sur toi, au fond. »
« Tu sais que je suis devenue flic, j’ai pas juste couché avec un flic ? »
Célice haussa les épaules. « Chaque chose en son temps. »

Il faisait déjà nuit lorsqu’Avalon repartit de chez Célice, le sac de Vivianne accroché à l’épaule. Les deux sœurs parlaient davantage depuis quelques mois, même si leurs rapports n’étaient pas encore simples du fait de leurs caractères très éloignés. Entre elles, le ton montait parfois assez vite. Il y avait une nette amélioration depuis quelques semaines – preuve en était la plaisanterie de Célice sur la fin de leur conversation qui n’était pas franchement habituelle dans leurs rapports. Depuis que le noyau familial des Davies avait explosé au moment du procès intenté par Avalon, les relations au sein de la fratrie prenaient des tournants différents. Certaines s’envenimaient drastiquement, d’autres semblaient s’apaiser. Célice se révélait plus étonnante que l’image qu’Avalon gardait d’elle. Plus loyale, aussi.

Ce fut sur ce constat que la jeune femme quitta la tour où résidait sa sœur. Elle ne put transplaner immédiatement car plusieurs individus – des jeunes surtout – traînaient en bas de l’immeuble et aux alentours. Elle s’éloigna alors, les mains plongées dans les poches de la veste qui recouvrait ses épaules.

Avalon avait passé une grande partie sa vie dans ce quartier, qu’elle connaissait toujours aussi bien. Elle savait se repérer sans mal dans ce dédalle de rues et de ruelles sombres et sales. Combien de fois avait-elle fait ce même chemin, pour rentrer chez ses parents le soir, lorsqu’elle était adolescente ? Combien de fois s’était-elle assise sur les rebords d’un muret qui délimitait une tour de logements, exactement comme ces jeunes qui la regardèrent passer devant eux ? Si Avalon ne vivait plus ici depuis longtemps, certains souvenirs restaient profondément accrochés à cet endroit. Des souvenirs qui n’étaient pas forcément doux, pas forcément plaisants, mais qui faisaient partie de son histoire et de son vécu.

Alors, quand Avalon marchait le long de ces trottoirs peu entretenus, elle avait parfois l’impression d’avancer dans le passé. Elle reprenait instinctivement des habitudes développées au fil des années – elle avançait vite avec le pas décidé de celle qui savait exactement où elle voulait aller. Ce fut avec cette même assurance qu’elle tourna à gauche à l’angle d’une rue. Au milieu de celle-ci se trouvait un terrain vague, qui aurait dû accueillir des logements sociaux plusieurs années auparavant avant que le projet soit abandonné. Le terrain était souvent pris d’assaut la journée par des jeunes qui jouaient au foot mais il était généralement vide le soir, l’obscurité lui conférant une dimension menaçante qui décourageaient les plus téméraires à s’y aventurer. Le lieu idéal pour transplaner à l’abri des regards.

Cela faisait longtemps qu’Avalon n’avait plus peur, au milieu de ces rues sombres. A vrai dire, elle ne se souvenait pas avoir été souvent effrayée par cet environnement qui n’avait été rien d’autre que son quotidien. Lorsque la peur avait pris le dessus, lorsque cette dernière était devenue tangible, lorsqu’elle avait véritablement découvert le danger, elle était partie. Elle était revenue plus tard, plus assurée, sorcière entraînée et mieux armée que jamais.

Avalon ne craignait pas une mauvaise rencontre à laquelle elle ne pourrait pas échapper. Son métier avait fait d’elle une personne capable de s’extirper des situations les plus délicates.

Ce n’était pas le cas de tout le monde.

En s’avançant vers le terrain vague, Avalon crut apercevoir du coin de l’œil une altercation qu’elle eut du mal à distinguer tout d’abord. Il faisait sombre, et les deux formes ne se détachaient qu’à peine de l’obscurité. Ce fut lorsque les marques d’une réelle opposition apparurent – bras qu’on tire, coup qu’on donne, main qui se referme – que la jeune femme fronça les sourcils et marqua un temps d’arrêt.

Il y avait un homme, qui lui tournait le dos. Il était assez grand, plutôt large d’épaule. Il semblait tenir fermement quelqu’un par le bras et se baissait vers cette personne pour lui parler. Avalon était trop loin pour saisir le début de son discours, aussi se rapprocha-t-elle de quelques pas, en silence. Elle perçut le mot « gentille » au moment où l’éclat d’une lumière vacillante qui provenait d’un lampadaire se refléta sur la lame d’un couteau posée au niveau de la gorge d’une jeune femme. Il y eut encore quelques paroles floues, puis, brusquement, des sanglots incontrôlables, déchirants, qui trahissaient autant la souffrance que la terreur. Avalon sentit son estomac se serrer.

Cela ressemblait presque à des pleurs d’enfant.

Sans réfléchir, la jeune femme accéléra le pas. Elle arrivait derrière l’homme lorsque ce dernier tira à nouveau la jeune femme pour la forcer à avancer.

« Hé ! » intervint-elle pour attirer son attention.
« Put… » jura-t-il en se retournant, sans lâcher le bras – ensanglanté – de sa victime.

Avalon lui envoya son coude au niveau de la gorge, assez fortement pour le faire tituber. Surpris, l’homme ne réagit pas immédiatement, mais fut assez rapide pour contrer le coup qu’elle voulut lui porter au niveau du plexus.

« Putain mais dégage de là ! » s’écria l’homme en brandissant son couteau vers elle, qu’il tenait encore dans sa main libre.
« Lâche-la, connard ! » répondit-elle en évitant la lame d’un geste.

Avalon n’était pas très grande et, de silhouette, elle n’était pas spécialement impressionnante. Pour cela, on la sous-estimait beaucoup – ce qui, dans un combat au corps à corps, l’arrangeait bien. Car en dépit de cette première impression, la jeune femme était formée au combat rapproché depuis plusieurs années. Dans le cadre de son métier et dans les loisirs qu’elle pratiquait assidument – de la boxe et du krav maga – à hauteur de plusieurs heures par semaine. Affronter des hommes plus baraqués, visiblement plus forts qu’elle, était un exercice auquel elle se confrontait régulièrement lors de ses entraînements. Et, si Avalon n’était pas aussi forte physiquement, elle palliait ce manque avec sa vitesse et une technique impeccable. Aussi, elle s’empara du bras que l’homme tendait vers elle et le tordit jusqu’à lui faire ouvrir la main. Le couteau tomba à terre dans un bruit sourd, étouffé par les bruits de lutte.

Il y eut des mouvements brusques, des coups donnés et reçus, des injures étouffées. Une main qui se referma sur ses cheveux et dont elle se libéra en frappant le nez de son adversaire du poing, puis son genou du pied. Elle grimaça sous la douleur d’un coup de poing dans la tempe, mais enchaîna suffisamment de mouvements pour mettre en difficulté l’homme qui se retrouva assailli de toute part, sans espace pour se défendre réellement. Dans ce combat désordonné, Avalon aperçut la jeune femme tomber à terre, libérée de l’emprise de son agresseur. Ce dernier faiblit peu à peu et recula, les doigts désormais fermés sur le poignet d’Avalon. Elle frappa au moment où son visage fut éclairé de la lueur du lampadaire sous lequel ils passaient. Son adversaire se figea une demi-seconde avant de la lâcher brusquement et de faire un bond en arrière. Il ne chercha pas à revenir à l’attaque, et s’éloigna en courant.

Avalon, interloquée, n’eut pas le temps de réfléchir longtemps aux raisons de cet abandon. Sa respiration saccadée se chargea de la rappeler à la réalité, ainsi que la douleur qui se rependait aux endroits où elle avait reçu des coups. Elle ne semblait pas être blessée grièvement, même si elle avait un peu mal dans la cuisse droite, qu’elle se frotta machinalement. Elle se tourna vers la jeune femme qui était toujours à terre, le visage livide, les joues encore mouillées par les larmes. Elle s’agenouilla devant elle, un peu difficilement, et posa sa main sur son avant-bras valide.

« Héééé, » fit-elle, « ça va ? Tu es blessée ? »


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Nora Weaver
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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeJeu 30 Déc 2021 - 8:43
Nora s'était résignée à ne pas sortir indemne de cette mauvaise rencontre, mais sentit un maigre espoir renaitre quand une voix féminine interpela son agresseur. Celui-ci n'était visiblement pas ravi d'être dérangé et se retourna brusquement, offrant à Nora un bref aperçu de la jeune femme qui venait de s'interposer, dont elle devinait à peine les traits au milieu de l'obscurité. Elle n'était pas beaucoup plus grande qu'elle, et presque aussi menue, pourtant il se dégageait d'elle une assurance sereine, comme si elle n'avait rien à craindre de cet homme armé d'un couteau.

La jeune femme frappa l'homme au niveau de la gorge. Il tituba mais ne desserra pas sa prise autour du bras de sa victime et pointa son couteau en direction de son adversaire. Nora voulut crier à cette dernière de fuir -Owen était un sorcier, une moldue n'aurait aucune chance s'il sortait sa baguette- mais elle ne lui en laissa pas le temps et s'empara du bras de l'agresseur pour le tordre jusqu'à ce qu'il lâche son arme. Cette fois-il il libéra le bras de Nora, qu'il repoussa brusquement en arrière. Elle s'effondra sur le bitume alors qu'un véritable combat s'engageait sous ses yeux.

Nora suivit l'affrontement d'un regard apeuré, impuissante. Elle avait grandement sous-estimé la jeune femme, qui semblait parfaitement capable de se défendre face à Owen malgré son gabarit. Elle frappait avec une rapidité et une précision surprenante. L'homme tendit le bras pour récupérer son couteau mais Nora fut plus rapide et s'empara de l'arme avant qu'il n'ait pu s'en saisir. Il fut forcé de se contenter d'un combat à la régulière, dans lequel il perdait progressivement l'avantage.

Elle devrait fuir, songeait-elle. Si la police moldue débarquait elle aurait des ennuis. Pourtant elle ne pouvait pas se résoudre à abandonner celle qui l'avait sauvée, quand bien même elle ne semblait pas avoir besoin d'aide pour dominer son adversaire. Cette jeune femme avait risqué gros pour lui venir en aide et elle ne pouvait pas disparaitre sans l'avoir au moins remerciée et sans s'être assurée qu'elle était sauve elle aussi.

Cette dernière venait de frapper violemment l'homme au visage, et ce dernier sembla comprendre qu'il n'avait que peu de chance de sortir vainqueur de cet affrontement. Il s'immobilisa un instant, avant de faire un bond en arrière et de partir en courant. Surprise par ce départ précipité et par le silence qui retomba brusquement sur la ruelle sombre, Nora suivit du regard la silhouette qui s'éloignait, pour s'assurer qu'il ne prévoyait pas de revenir, avant de reporter son attention sur la jeune femme qui s'approchait d'elle. Le visage de sa sauveuse passa brièvement dans le halo de lumière d'un réverbère alors qu'elle s'agenouillait en face d'elle et Nora eu un mouvement de recul instinctif.

C'était Avalon Davies, la nouvelle chef de la Milice. Aussi improbable que cela puisse paraitre dans ce quartier moldu peu recommandable. Elle aurait reconnu ce visage entre mille tant elle l'avait vu dans les journaux et autres documents qui circulaient au QG. La peur l'avait à peine quitté qu'elle s'emparait de nouveau d'elle. Merlin l'avait sauvé d'un oppresseur pour la précipiter dans les bras d'un autre. Elle réalisa alors que la chef de la milice, contrairement à elle, ne pouvait pas la reconnaitre. Elle avait changé de visage. Elle se trouvait en territoire moldu, sans baguette. Tant qu'elle restait cette jeune fille anonyme, elle ne craignait rien. Elle avait beau savoir cela, elle ne pouvait pas se débarrasser de l'angoisse qui comprimait sa poitrine. Elle devait à tout prix disparaitre avant que sa sauveuse ne découvre la vérité.

Elle secoua négativement la tête quand Avalon lui demanda si elle était blessée. Elle sentait la sang qui continuait de s'écouler de la blessure à son bras mais espérait que ce n'était que superficiel. Ignorant sa tête qui tournait et la sensation de ne plus avoir de force, elle se releva maladroitement en prenant appui sur son autre bras et fit un peu en arrière pour mettre un peu de distance entre la milicienne et elle.

"Merci, lança-t-elle d'une voix enrouée par les larmes. Merci beaucoup."

Elle déposa le couteau d'Owen au sol, comme pour signifier ses intentions pacifiques, fit un pas en arrière, et voulut partir en courant. Son cerveau voulait fuir mais son corps en décida autrement et, sous l'effet conjugué de la chute d'adrénaline et du sang qu'elle avait perdu, elle sentit ses jambes se dérober sous elle alors qu'elle n'avait pas encore fait dix mètres. Elle s'effondra de nouveau sur le trottoir, au bord du malaise.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeLun 3 Jan 2022 - 19:09
Avalon avait une respiration sifflante et son cœur battait rapidement sous le coup de l’effort qu’elle venait de fournir. Sa tête lui tournait un peu et elle avait l’impression de sentir son sang pulser dans ses veines. Le calme qui était brusquement retombé sur la rue, après cette lutte aussi soudaine que violente, n’était brisé que par les sanglots de la jeune fille, toujours assise à même le bitume. Avalon s’agenouilla à ses côtés pour s’enquérir de son état, inquiète de ce bras ensanglanté qu’elle tenait contre elle.

Visiblement effrayée, la jeune fille recula immédiatement dès qu’elle s’approcha d’elle et se releva difficilement en la remerciant d’une voix étouffée.

« Attends… » fit Avalon en la voyant lui tourner le dos pour s’éloigner.

Mais elle ne l’écouta pas et s’éloigna en titubant. Avalon se redressa à son tour, grimaçant sous le coup d’une douleur lancinante à la cuisse. Elle avait agi dans la précipitation et sous le coup de l’adrénaline alors, même si ses attaques avaient été précises, sa défense n’avait pas été aussi bonne que d’ordinaire. Tout s’était passé très vite, en l’espace de quelques minutes à peine, et Avalon avait laissé une ouverture à son adversaire qui l’avait atteint assez violemment à deux reprises : à la tempe et au niveau du fémur. Rien de grave – son os n’était pas cassé et elle n’avait pas les signes d’une commotion cérébrale – mais suffisamment pour que ses mouvements soient légèrement ralentis ; quand elle fut enfin debout, la jeune fille s’était éloignée de quelques pas déjà.

Avant que ses jambes ne se dérobent sous elle et qu’elle s’effondre à nouveau sur le trottoir.

« Merde… » jura Avalon en s’élançant à nouveau vers elle. « Attends, ne bouge pas. » lui intima-t-elle en s’accroupissant à nouveau à ses côtés. « Regarde, je reste avec toi, t’as rien à craindre,» fit-elle, complètement inconsciente que sa présence constituait une source de stress pour la jeune fille, « il reviendra pas. »

Par acquis de conscience, Avalon jeta tout de même un regard par-dessus son épaule. Elle n’avait aucune idée ce qui avait poussé l’agresseur à fuir précipitamment et espérait bien qu’il ne comptait pas revenir de sitôt – et encore moins accompagné…

« Je peux regarder ? » demanda-t-elle en saisissant délicatement le bras de la jeune fille entre ses doigts. Visiblement, elle paraissait être le point de s’évanouir. Le choc, probablement, associé à la douleur et au sang qui s’écoulait abondamment de son bras. L’entaille n’était franchement pas belle ; elle s’étendait sur la longueur de l’avant-bras et semblait assez profonde. Avalon grimaça et se débarrasser de son pull pour venir appuyer le tissu contre la blessure. « Je suis désolée, » fit-elle en pressant l’avant-bras, « il faut appuyer pour arrêter le saignement… »  

Dans un autre contexte, elle aurait pu utiliser la magie mais la jeune fille en face d’elle avait tout l’air d’être une moldue, et Avalon préférait éviter de s’inscrire en porte-à-faux avec le ministère de la magie. Aussi, elle préféra proposer :

« Ce serait peut-être bien que tu ailles à l’hôpital, pour qu’ils y jettent un œil… » Elle risquait de garder une belle cicatrice si la blessure n’était pas suturée. « Je peux t’y emmener si tu veux. » dit-elle en retrouvant le regard de la jeune fille, qui avait l’air toujours aussi apeurée. Elle se présenta, comme pour montrer ses intentions pacifiques : « Je m’appelle Avalon. Et toi ? »



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Nora WeaverProfesseur de Soins aux Créatures Magiques
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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMar 4 Jan 2022 - 19:36
Nora se redressa péniblement en position assise en prenant appui sur son bras valide. Elle s’était étalée de tout son long et ses genoux s’étaient égratignés contre le bitume. Elle avait la tête qui tournait un peu, et se sentait à bout de forces, si bien qu’elle ne chercha pas à fuir une nouvelle fois quand la chef de la milice s’agenouilla à côté d’elle. Elle aurait été incapable de la semer. Cette dernière n’avait évidemment pas la moindre idée qu’elle était la source de la peur de la jeune femme, et crut la rassurer en affirmant qu’elle restait avec elle, et qu’elle n’avait plus rien à craindre.

La gorge nouée par l’angoisse, elle ne protesta pas quand Avalon s’empara délicatement de son bras mais grimaça de douleur quand elle pressa son pull contre la blessure pour stopper l’hémorragie.

"Non, ça va aller ! protesta-t-elle avec toute l’énergie qui lui restait quand la milicienne proposa de la conduire à l’hôpital. Ce n’est pas la peine."

Elle avait certainement besoin de soins, mais elle se débrouillerait autrement. Elle achèterait une potion cicatrisante sur le chemin de Traverse ou solliciterait l’aide d’un apothicaire, mais il était hors de question qu’elle mette les pieds dans un hôpital, qu’il soit moldu ou sorcier. On lui demanderait ses papiers et on lui poserait des questions auxquelles elle serait incapable de répondre, ce qui ne manquerait pas d’éveiller les soupçons de la milicienne.

Nora était terrifiée à l’idée qu’Avalon découvre qui elle était réellement et réduise à néant tous ses efforts des dernières semaines. Elle ne donnait pas chère de sa peau en cas d’arrestation. Le souvenir du procès de Lauren hantait sa mémoire. Plus encore que la sentence, c’était la perspective d’un interrogatoire qui la terrifiait. Elle n’avait aucune confiance en sa résistance et en savait trop pour tomber aux mains de la milice. La sécurité de Jeremy, de Juliet, et de tous les membres du Lexit pourrait bien être compromise si elle se faisait interroger. Elle ne pouvait pas se faire arrêter, pas vivante.

Elle se rassurait en se répétant que, tant qu’elle passait pour une jeune moldue égarée, elle ne craignait rien, mais elle évitait malgré tout de croiser le regard de sa sauveuse. Cette dernière se présenta, confirmant ainsi qu'elle était bien ce celle que Nora avait reconnu.

"Natasha" répondit-elle, les yeux baissés sur sa blessure que la milicienne continuait de compresser sous son pull.

Elle avait eu largement le temps de se choisir un nouveau nom pendant sa convalescence, et avait songé à de nombreuses options. Toute sa vie tenait désormais dans une valise gravée de ses initiales, N.W., et elle avait décidé de les conserver pour choisir sa nouvelle identité : Natasha Watson. Une personne qui n’avait pas encore d’existence légale et qui, à en croire sa première tentative d’obtenir des faux papiers, n’était pas prête d’en avoir une.

"Ça va aller, répéta-t-elle, même si son teint livide et les tremblements de ses membres criaient le contraire. Vous n’êtes pas obligée de rester."

Par pitié, laissez-moi, aurait-elle voulu lui dire.


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Avalon Calder
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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMer 5 Jan 2022 - 20:08
Avalon ne savait pas si c’était la peur ou l’inconscience qui poussait la jeune fille en face d’elle à refuser son aide. Elle paraissait pourtant terrifiée, choquée, particulièrement pâle sous la lumière vacillante des lampadaires. La blessure qui s’étendait sur son avant-bras ne mettait peut-être pas en jeu son pronostic vital, mais elle était suffisamment importante pour qu’Avalon s’en inquiète. Mais Natasha – puisque c’était ainsi qu’elle se prénommait – s’enfermait dans des refus catégoriques, qui contrastaient largement avec son teinte livide et les tremblements qui parcouraient ses membres.

Si elle avait été une autre personne, Avalon aurait peut-être pu entendre ce désir d’être laissée seule que semblait vouloir formuler Natasha. Elle aurait pu admettre que son rôle s’arrêtait là, qu’elle n’avait pas à s’immiscer dans la vie d’une personne qu’elle ne connaissait pas. Mais c’était sans compter deux choses ; le syndrome du sauveur très gryffondorien que portait Avalon – bien que répartie à Poufsouffle – et cette projection inconsciente massive qu’elle faisait sur cette jeune fille perdue qui lui faisait face.

Des jeunes perdus, Avalon en connaissait plein. Il s’agissait de ses frères et sœurs, de la plupart de leurs amis, des personnes avec qui elle avait grandi. Il s’agissait de sa propre histoire, tristement banale. Sa vie telle qu’elle la connaissait aujourd’hui, elle ne la devait qu’à un homme qui s’était arrêté à sa hauteur alors qu’elle était effondrée sur un trottoir, pâle et tremblante, exactement comme Natasha au moment où elle la regardait. De cette nuit-là, beaucoup de choses étaient encore floues, mais elle se souvenait très bien de la peur, de la réticence, de la colère envers celui qui était devenu plus tard un pilier dans sa vie. Elle n’avait jamais su pourquoi il était venu, pourquoi il était resté ; Fergus ne le lui avait jamais raconté. Mais sa vie, elle la devait à cette décision.

Alors forcément, inconsciemment, dans cette répétition si propre à l’existence humaine, Avalon prit exactement la même.

« Ça n’a pas l’air d’aller. » constata-t-elle simplement sans faire le moindre geste pour se lever et s’éloigner. « Ecoute… Je vais pas te forcer à aller à l’hôpital mais il faut au moins qu’on trouve quelque chose pour panser ta plaie, sinon elle va jamais cicatriser. » Le tissu de son pull, pressé sur l’avant-bras de Natasha, avait l’air de contenir l’hémorragie mais ce n’était pas une situation péréenne.

Avalon découvrit rapidement la blessure, le temps de verser dessus un peu d’eau d’une bouteille qu’elle avait conservé dans son sac et de l’observer. Sans soin, elle risquait de s’infecter rapidement.  La jeune femme la recouvrit précautionneusement avec le tissu.

« Je m’en voudrais de te laisser. Le quartier n’est pas très… sûr » – doux euphémisme – « et puis j’ai peur que tu t’évanouisses dans dix mètres si tu te lèves. » confia-t-elle avec un maigre sourire. « Laisse-moi t’aider. Je ne te demande rien en retour. » lui assura-t-elle, comme si c’était la raison pour laquelle Natasha refusait son aide. « Tu sais qui est la personne qui t’a agressé ? Ce qu’il te voulait ? »



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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeJeu 6 Jan 2022 - 8:14
Nora luttait contre l'envie de baisser complètement sa garde et de s'abandonner aux bons soins d'Avalon, qui semblait déterminée à l'aider. Son bras lui faisait terriblement mal et, si elle était honnête, l'idée de se retrouver seule et vidée de ses forces dans cet environnement l'effrayait un peu. Sa sauveuse se montrait si bienveillante qu'il aurait été tentant de s'en remettre à elle. Il aurait été presque facile d'oublier qu'elle était une des chef de la milice et que, si elle avait su qui elle était réellement, elle l'aurait probablement arrêté sur le champ.

Mais elle ne pouvait pas l'oublier. Elle ne devait pas l'oublier, et ce peu important la gentillesse que lui témoignait la milicienne à cet instant. Pour la première fois depuis leur rencontre malheureuse quelques instants plus tôt, Nora se força à considérer réellement la personne qui se tenait en face d'elle. Avalon Davies n'était pas seulement la chef de la milice, cette entité menaçante qui pouvait la confondre et l'arrêter à tout moment, elle était aussi une des principales cibles du Lexit. Depuis le début Nora ne pensait qu'au danger qu'Avalon représentait pour elle, sans avoir conscience du danger qu'elle-même aurait dû représenter pour Avalon.

D'un seul coup, le rapport de force s'équilibrait un peu. Elle était blessée, épuisée, et terrifiée, mais elle avait reconnu son adversaire, ce qui lui donnait un avantage sur elle. Elle avait connaissance de leur statut d'ennemies naturelles, là où Avalon pensait venir en aide à une jeune moldue égarée.

Nora se tenait à moins d'un mètre d'une des chef de la milice, et elle avait un avantage qui aurait pu lui permettre d'agir, pourtant elle ne fit rien. Elle était tout simplement incapable de songer à s'en prendre à celle qui lui avait sauvé la vie. Et puis, de toute façon, qu'aurait-elle bien pu faire ?

"D'accord", répondit-elle d'une petite voix quand la milicienne indiqua qu'elle devait trouver de quoi panser sa plaie.

Elle frissonna quand la milicienne versa un filet d'eau sur son avant-bras et lui adressa un maigre sourire qui se changea en grimace quand elle compressa à nouveau la blessure avec son pull.

Avalon acheva de la convaincre de la laisser se faire aider en assurant qu'elle ne lui demanderait rien en retour. Ce ne serait que l'affaire de quelques heures, ensuite elles se sépareraient et Nora ferait en sorte qu'elles ne se croisent plus jamais. Le risque que quelque chose se passe mal était minime, et elle savait, au fond, qu'elle avait besoin d'aide.

"D'accord, répéta-t-elle simplement. Merci. Elle secoua négativement la tête quand la milicienne lui demanda si elle connaissait son agresseur et si elle savait ce qu'il lui voulait. Il s'appelle Owen, je crois. Même s'il s'agissait probablement d'un faux nom, ce qu'elle était mal placée pour juger. On avait rendez-vous, mais je l'avais jamais vu avant, c'est un... ami, à lui, je crois, qui m'a orientée ici."

Nora n'avait jamais été une excellente menteuse, aussi avait-elle décidée de coller au plus près de la vérité. Avalon pouvait bien deviner qu'elle cherchait à acheter de faux papier, de la drogue, ou d'autres choses illégales, tant qu'elle la pensait moldue elle ne lui chercherait surement pas d'ennuis.



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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMer 12 Jan 2022 - 16:17
Petit à petit, Natasha semblait abandonner son attitude méfiante et alla même jusqu’à répondre aux questions d’Avalon. Cette dernière n’avait pas trop de doutes quant aux raisons qui pouvaient motiver une rencontre dans de telles circonstances ; elle avait suffisamment fréquenté le quartier pour savoir qu’on ne faisait pas d’échanges légaux dans un tel décor. Avalon ne savait pas ce que recherchait Natasha mais vu comme la rencontre avec ce prétendu « Owen » s’était terminée, elle doutait que la jeune femme ait obtenu ce qu’elle voulait. De peur de la braquer, elle ne lui posa pas davantage de questions et se décida de parer d’abord au problème le plus urgent.

« Viens, on va essayer de trouver quelque chose pour te soigner. Je connais un endroit… Je crois qu’il est toujours ouvert. » réfléchit Avalon à voix haute. Elle se remit debout : « Tu peux marcher ? »

Soutenant Natasha le temps qu’elle se redresse, Avalon rebroussa le chemin qu’elle avait parcouru en sortant de chez Célice. Elle bifurqua à droite à une intersection, et les deux femmes s’enfoncèrent dans une rue plus grande que la ruelle dans laquelle elles s’étaient fréquentées, mais toujours aussi mal éclairée. Finalement, elles passèrent devant un magasin à la devanture vaguement illuminée. Avalon l’indiqua à Natasha de la tête :

« C’est là, viens. »

Elle poussa la porte. Cela ressemblait à une épicerie de quartier – petite, avec seulement quelques produits en rayon. Avalon navigua entre les packs de bière et les paquets de papier toilette pour s’avancer jusqu’à un comptoir visiblement inoccupé.

« Maddie ? » appela-t-elle d’une voix incertaine.

Il y eut un temps de silence, pendant lequel Avalon se pencha par-dessus le comptoir pour essayer d’apercevoir l’arrière-boutique. Puis, au bout d’une minute, on entendit la voix d’une femme s’élever :

« J’ai plus de… » Elle s’interrompit en apercevant Avalon. Ses sourcils se haussèrent. « Ça alors. Avalon Davies. Ça faisait longtemps. »
« Salut Maddie. »

Maddie était une femme âgée d’une soixantaine d’années. Des cheveux blonds visiblement décolorés, un gros trait d’eye-liner au-dessus des paupières qui paraissaient lourdes, le teint un peu trop maquillé pour cacher sa couleur grisâtre. Elle tenait ce magasin depuis… Depuis tellement longtemps qu’Avalon ne se souvenait pas avoir connu un autre propriétaire. Dans le quartier, tout le monde connaissait Maddie – et savait qu’il valait mieux éviter de la contrarier.

« Ben tiens, on peut pas dire qu’tu sois la bienv’nue par ici toi en c’moment. » Avalon haussa les épaules. « C’est vrai c’qu’on dit alors ? Pour la p’tite ? Tu l’as prise avec toi ? »
« Oui, elle vit chez moi maintenant. »
« C’est tes vieux qui doivent faire la gueule, » ricana Maddie, « en même temps c’est l’karma hein, Dwight avait qu’à pas passer sa vie à enculer les autres, s’faire livrer aux flics par sa fille, ça lui apprendra hein. »

Si Avalon avait toujours apprécié la franchise de Maddie, elle aurait préféré éviter de s’étendre plus longtemps sur sa situation familiale. Du menton, elle désigna alors Natasha :

« Maddie, t’aurais pas de quoi nettoyer une plaie ? »
« J’ai l’air d’être une pharmacie ? » répondit la femme en fronçant les sourcils.
« Elles sont fermées, » rétorqua Avalon avec une légère impatience, « allez, juste pour dépanner, j’ai de quoi te payer. »

Maddie grommela quelque chose et alla dans l’arrière-boutique, où on l’entendit farfouiller dans un tiroir. Avalon esquissa un sourire d’excuse en direction de Natasha. Elle savait bien que ce n’était pas la solution la plus conventionnelle, mais les pharmacies du coin étaient fermées depuis plusieurs déjà. La véritable solution aurait été de se rendre à l’hôpital, mais vu le refus catégorique de Natasha, Maddie était un bon compromis ; en plus, on pouvait être sûr que la commerçante ne dirait pas un mot de sa visite impromptue.

« Tiens, il m’reste ça. » fit-elle en tendant vers Avalon un sachet.

Cette dernière inspecta le contenu. Elle sélectionna un antiseptique encore fermé, plusieurs compresses stériles, et une large bande autoadhésive. Elle sortit de son sac son porte-monnaie moldu, et en tira un billet qu’elle tendit à Maddie. Cette dernière le fourra dans une boîte métallique et lança :

« Tu r’passe dans cinq ans alors ? »
Avalon lui sourit :
« Salut Maddie, à la prochaine. »

Elle fit signe à Natasha de sortir et lui emboîta le pas. De retour dans la rue, Avalon se tourna vers elle :

« Est-ce que tu habites dans le coin ? On pourrait peut-être aller vers chez toi pour te soigner, histoire que tu sois tranquille après ? »



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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeLun 17 Jan 2022 - 8:16
Nora attrapa la main que la milicienne lui tendait pour l'aider à se relever. Elle tenait à peu près sur ses jambes et ses membres avaient cessé de trembler. L'adrénaline commençait à retomber doucement. Plus aucun danger ne menaçait sa vie de façon immédiate et elle pouvait finalement prendre la mesure du danger moins pressant mais tout aussi important que représentait Avalon Davies. La jeune femme ne l'avait évidement pas reconnue et semblait la croire moldue puisqu'elle n'avait pas proposé de soigner magiquement sa plaie, et Nora comptait bien entretenir cette illusion.

Elle aurait dû fuir. Il aurait été bien plus prudent de mettre un maximum de distance entre la milicienne et elle, pour ne pas lui laisser la moindre chance de la confondre. Il suffirait d'une erreur, d'un détail négligé ou d'une parole malheureuse pour être reconnue. Elle aurait dû fuir et pourtant elle n'en ressentait pas le besoin. Protégée par ses mensonges et par sa nouvelle apparence, elle se sentait étrangement en sécurité, alors même qu'elle se tenait à moins de quelques mètres de celle qui la pourchassait depuis des mois. Elle était au coeur de la tornade, encerclée par le danger mais miraculeusement intacte.

Elle hocha la tête quand la milicienne lui demanda si elle pouvait marcher et la suivit jusqu'à un endroit qu'elle disait connaitre. Avalon provoquait chez Nora un mélange de crainte et de curiosité. Elle avait parfaitement conscience de celle qu'elle était et de ce dont elle était coupable, mais son attitude protectrice et bienveillante tranchait complètement avec l'image qu'elle s'était construite d'elle. Il était presque difficile à croire qu'elle puisse être une des pièces maitresse de la milice du FREE, mais Nora ne pouvait pas se permettre de l'oublier.

La jeune femme évoluait dans ce quartier avec l'aisance de celle qui le connaissait comme sa poche et elle s'arrêtèrent finalement devant une vitrine à moitié vide, faiblement éclairée par des néons blafards. Nora la suivit à l'intérieur de la boutique, apparement déserte. Avalon appela un prénom et une femme apparut derrière le comptoir. Son maquillage ne suffisait pas à dissimuler ses traits usés et son regard fatigué et elle dégageait une forte odeur de tabac froid.

Nora suivit avec attention les échanges entre Avalon et la propriétaire des lieux, qui semblaient bien se connaitre. Cette dernière évoqua la famille de la milicienne sans s'embarrasser de la présence de Nora, qui enregistra toutes les informations qu'elle pouvait, sans chercher à les analyser immédiatement. Il était question d'une petite fille qui vivrait chez la jeune femme, et d'une dénonciation de ses parents à la police. Elle n'avait encore aucune intention ni aucun projet d'utiliser ces informations, mais elle savait qu'elles représentaient des données importantes pour le Lexit et les archiva dans un coin de son cerveau.

Elles sortirent de la boutique après que la milicienne ait acheté de quoi nettoyer la plaie, ce dont Nora la remercia.

"Il faut prendre un bus, c'est à une quinzaine de minutes," répondit-elle avec hésitation quand Avalon proposa qu'elle aille chez elle pour la soigner.

Elle n'avait plus de baguette et n'avait pas pu appeler le Magicobus, elle s'était donc renseigné auprès de la gérante du Bed&Breakfast où elle logeait, qui lui avait fourni un itinéraire griffonné sur un vieux ticket de caisse et une carte qui servait à payer le bus.

"Le numéro 46," indiqua-t-elle à Avalon, qui semblait bien mieux connaitre le quartier.

Elles trouvèrent l'arrêt de bus sans difficulté et ne l'attendirent que quelques minutes. La situation avait quelque chose d'improbable. Nora se trouvait dans un véhicule moldu, en compagnie d'une des chef de la milice qu'elle s'apprêtait à faire entrer chez elle pour qu'elle la soigne. Si elle avait assisté à cette scène depuis l'extérieur elle se serait trouver complètement inconsciente.

"C'est là, annonça-t-elle quand elles arrivèrent à l'étage de sa chambre, après avoir traversé le hall et salué la gérante de l'établissement qui avait posé un regard suspicieux sur le bras de Nora. Je ne suis pas sûre que ce soit très bien rangé..." s'excusa-t-elle en faisant tourner la clé dans la serrure.

Elle jeta un rapide coup d'oeil à l'intérieur avant d'ouvrir la porte en grand, pour vérifier qu'elle n'avait rien laissé trainer qui puisse la relier à sa véritable identité. Il aurait été assez embêtant qu'Avalon tombe sur un exemplaire de la Gazette du Sorcier chez Natasha Watson, qui était censée être une moldue. La pièce était presque vide, à l'exception de la valise dans laquelle tenait désormais l'intégralité de ses affaires, et de quelques vêtements abandonnés sur le lit.

"Vous voulez boire quelque chose ? J'ai de quoi faire du thé," proposa-t-elle en désignant la bouilloire en plastique posée sur la table de chevet.

Quitte à recevoir un milicienne dans son espace personnel, autant le faire correctement.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeVen 21 Jan 2022 - 11:07
Avalon guida Natasha dans un dédale de rues sombres jusqu’à déboucher sur une avenue un peu plus grande, desservie par plusieurs bus. L’arrêt du bus 46 se trouvait entre un restaurant fermé pour raisons sanitaires et une vieille clinique vétérinaire. Elles patientèrent quelques instants et grimpèrent dans le véhicule à moitié vide à cette heure avancée de la soirée. Le chauffeur démarra en trombe, laissant juste aux deux femmes le temps de s’accrocher à la rampe pour ne pas être propulsée vers l’avant. Le trajet passa en un clin d’œil et, bien vite, elles se retrouvèrent devant un vieux B&B dans lequel logeait visiblement Natasha.

En montant les escaliers jusqu’à la chambre de la jeune fille, Avalon l’observa du coin de l’œil. Quelque chose, dans son attitude, trahissait un malaise perceptible. Avalon n’était pas naïve – et en plus, elle était enquêtrice – elle se doutait que la présence de Natasha dans un tel quartier de Londres ne pouvait pas relever du hasard. On ne faisait pas du tourisme à Hackney, on s’y rendait parce que c’était le lieu idéal pour toute transaction illégale. On échangeait de la drogue en bas des immeubles et dans les rues adjacentes. Mais les consommateurs, Avalon les connaissait bien et Natasha n’avait pas l’air d’en faire partie. Elle ne portait pas sur son visage les traces d’une consommation régulière – celle qui l’aurait poussé à venir ici, seule, en pleine nuit pour acheter de quoi apaiser une sensation de manque particulièrement coriace. Elle était venue de toute évidence pour autre chose – des faux-papiers, supposa Avalon en pénétrant dans une chambre impersonnelle, quasiment vide, si ce n’était une valide qui portait les initiales de la jeune fille. Elle semblait seule, isolée… Et probablement en fuite. C’était du moins la piste la plus logique, qui expliquait également sa réticence première à l’idée de la suivre.

Les pensées de la milicienne furent interrompues par la question de Natasha, qui désignait d’un doigt une bouilloire en plastique. A côté de cette dernière, une boîte en carton ouverte dévoilait plusieurs sachets de thé.

« D’abord ton bras. » décida Avalon, soucieuse de nettoyer la plaie. « Je peux me laver les mains quelque part ? » demanda-t-elle.

Natasha lui indiqua une porte, qui s’ouvrit sur une salle de bain sommaire. Après avoir nettoyé et séché ses mains, la jeune femme revint dans la chambre et avisa le sac en plastique qu’elle avait abandonné au pied du lit. Natasha s’était assise sur le matelas et Avalon s’installa à ses côtés en sortant les différents éléments du sac. Elle ouvrit un paquet de compresses et s’empara précautionneusement du bras de la jeune fille. Son pull, toujours appuyé en boule contre la plaie, était désormais taché de sang. Avalon le roula sur lui-même et le déposa au sol. La blessure de Natasha n’était pas très profonde mais les bords n’étaient pas très réguliers, ce qui compliquerait la cicatrisation.

D’une main, Avalon imbiba plusieurs compresses d’antiseptique. Le produit dégageait une forte odeur d’alcool.

« Ça risque de piquer. » prévint-elle en levant brièvement les yeux sur Natasha.

Elle entreprit de nettoyer la plaie le plus soigneusement possible. Lorsqu’elle fut satisfaite du résultat, elle saisit une boîte en carton qui contenait plusieurs sutures adhésives.

« Bon, » annonça Avalon en sortant une plaquette de la boîte, « je suis désolée de t’annoncer que je n'ai pas fait médecine, mais on va essayer de faire ça bien. »

Le principe était simple ; il suffisait de coller les bandelettes adhésives au niveau de la plaie pour aider la cicatrisation. Avalon en avait déjà utilisé dans le passé pour soigner Néro d’une méchante plaie au niveau du front – sur ce plan-là, elle devait avouer que la magie était tout de même bien pratique pour éviter les complications liées aux blessures. En tant qu’Auror, elle avait été brièvement formée aux sortilèges de soins ; rien de comparable avec une véritable formation en médicomagie, bien sûre, mais elle avait appris quelques techniques histoire de pouvoir se débrouiller sur le terrain si nécessaire.

Avalon commença à poser les sutures adhésives le long de la plaie. Elle rompit le silence qui s’était installé d’une question :

« Tu viens d’arriver à Londres ? » demanda-t-elle en désignant du menton la valise de la jeune fille, bien remplie.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMar 25 Jan 2022 - 8:26
Nora s'assit sur le bord du lit, le regard posé dans le dos d'Avalon qui se lavait les mains dans la salle de bain. Elle était seule en compagnie d'une milicienne. Elle avait souvent fait des cauchemars qui commençaient ainsi, et jamais aucun n'avait ressemblé à ce qu'elle vivait actuellement. La situation était parfaitement surréaliste, et complètement hors de contrôle. Si Avalon venait à découvrir la vérité, d'une manière ou d'une autre, elle était finie. Elle n'aurait aucune possibilité de prendre la fuite et, après la scène à laquelle elle venait d'assister, pas la moindre chance de remporter un affrontement.

Sa peur revenait vers elle en vague régulières. Un moment elle se sentait protégée par sa nouvelle identité et ses mensonges, et le suivant elle avait l'impression que son véritable nom était marqué au fer rouge sur son front et que la milicienne pouvait l'arrêter d'un moment à l'autre. Elle resta silencieuse quand Avalon prit place à côté d'elle sur le matelas et tressaillit quand elle appliqua une compresse imbibée d'alcool sur sa plaie. Elle serra les dents pour contenir la douleur qui irradiait dans son bras.

"Ça ira très bien, répondit-elle avec un sourire quand la jeune femme s'excusa de ne pas avoir fait médecine. Merci beaucoup."

Elle pourrait toujours passer chez un apothicaire le lendemain pour demander une potion cicatrisante, et peut-être même négocier un petit sortilège pour refermer un peu la plaie. En attendant, Nora observa la milicienne qui collait des petites bandelettes le long de l'entaille, en se demandant comment cela était censé fonctionner. Elle ne posa évidement pas la question, estimant que c'était peut-être un système de soin connu chez les moldus, avec lequel Natasha était censée être familière.

Ce fut Avalon qui brisa le silence en lui demandant si elle venait d'arriver à Londres. Nora se contenta de hocher la tête. Elle avait commencé à travailler sa nouvelle identité en cherchant des moyens de justifier qu'elle n'apparaisse sur aucun registre, ni au Ministère, ni à Poudlard. Elle avait quelques pistes, notamment jouer les amnésiques ou la jeune fille échappée d'une secte, mais elle n'avait pas pensé qu'elle devrait un jour prétendre être une moldue. Elle n'avait jamais été une excellente menteuse et décida que moins elle donnait d'informations à Avalon, moins elle risquait de se compromettre.

"Il y a quelques jours, précisa-t-elle. Et vous, vous habitez euh... là-bas ?"

Elle préférait de très loin poser les questions plutôt que d'y répondre. Une part d'elle était réellement curieuse de savoir comment Avalon avait pu acquérir une si bonne connaissance de ce quartier mal famé de Londres. Une autre part d'elle, avec laquelle elle était beaucoup moins à l'aise, avait conscience que ce genre de renseignements pouvaient être précieux pour le Lexit. Plus ils en savaient sur la vie de la milicienne et sur ses habitudes, mieux ils seraient armés s'il fallait un jour passer à l'offensive.

Se renseigner de la sorte sur la jeune femme qui était en train de soigner sa blessure la faisait se sentir terriblement mal, mais elle savait qu'elle aurait culpabilisé de ne pas profiter de cette occasion après tout ce que la Milice lui avait pris. Elle savait qu'elle devait abandonner ses principes et l'espoir de pouvoir suivre une certaine morale, si elle voulait survivre.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMer 2 Fév 2022 - 19:34
Avalon s’appliquait à coller les bandelettes tout le long de la plaie. Ses yeux ne quittaient pas la vilaine blessure de Natasha et pendant un temps, seul le silence accompagna ce soin. Lorsqu’elle se décida à le briser, ce fut avec une question assez vague, qu’elle posa en désignant une valise ouverte.

La jeune femme en face d’elle hocha simplement la tête, sans dire un mot de plus. Avalon ne releva pas mais se retint de meubler le silence avec une autre question. Elle attendit quelques secondes supplémentaires avant que Natasha ne se décide à élaborer davantage sa réponse, d’une façon si succincte qu’elle ne pouvait pas ne pas être louche.

Avalon travaillait au sein de la police depuis près de dix ans maintenant. Elle aimait les enquêtes, encore plus qu’elle n’aimait le travail sur le terrain. C’était pour ça qu’elle affectionnait particulièrement son travail au sein des Renseignements ; trouver des informations, les mettre en lien, les analyser, les interpréter… Elle avait toujours été bonne à ça – excellente, même. Elle avait généralement une bonne intuition et une force logique. Dans cette situation, tous les éléments concordaient autour de sa première impression : Natasha lui cachait volontairement quelque chose. Au fond, Avalon ne pouvait pas la blâmer – elles se connaissaient depuis une heure et, à sa place, jamais Avalon n’aurait accepté de confier à une inconnue la moindre information sur elle, quand bien même cette dernière lui serait venue en aide. Mais quelque chose, dans l’attitude de Natasha avait trahi à plusieurs reprises une peur presque viscérale et, désormais, un malaise perceptible.

« Quand j’étais plus jeune, oui. » répondit brièvement Avalon en collant une autre bandelette.

Elle se redressa légèrement lorsque la tâche fut terminée et observa son travail. Le résultat n’était pas trop mal – la plaie ne saignait plus et paraissait propre. Avalon voulait bien admettre que la magie, dans des situations comme celles-ci, avait de grands avantages. Mais comme elle était loin d’envisager que Natasha soit une sorcière – l’ayant rencontrée dans un quartier moldu, vêtue comme telle – elle n’envisagea pas une seconde d’utiliser un sortilège sur elle.

« Bon, ce n’est pas trop mal. » fit-elle en saisissant un large pansement blanc. « On va recouvrir la plaie d’un pansement et fixer le tout avec une bande. » expliqua-t-elle en se remettant au travail.

Quelques secondes passèrent avant qu’elle ne se décide à reprendre la parole, plus franchement cette fois-ci :

« Le mec que tu retrouvais… Tu cherchais à lui acheter quelque chose, non ? » demanda-t-elle, sans détour. Elle s’excusa d’un léger sourire. « Je connais le coin, on ne s’y aventure pas en pleine nuit sans un but précis, à moins d’y vivre. »



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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeJeu 3 Fév 2022 - 21:16
Ainsi Avalon Davies avait passé sa jeunesse dans cette banlieue plutôt mal famée du Londres moldu. Nora nota l'information dans un coin de son cerveau, incapable de déterminer si cela pourrait s'avérer utile un jour ou non. Elle était encore sous le choc et concentrée à ne pas se faire confondre. Elle avait du mal à se projeter plus loin qu'après cet échange dont elle craignait à chaque instant qu'il vire au drame, mais elle enregistrait le maximum d'éléments pour pouvoir y réfléchir plus tard, à tête reposée.

Elle resta silencieuse alors que la milicienne recouvrait sa plaie d'un pansement qu'elle fixa à son bras en enroulant une longue bande autour de son biceps.

"Merci beaucoup."

Elle tira sur la manche de son sweat pour recouvrir le pansement et se décala un peu sur le lit, presque inconsciemment, pour remettre de la distance entre Avalon et elle. Celle dernière ne tarda pas à reprendre la parole, avec une question directe qui fit baisser les yeux à Nora. Elle n'avait pas volé son poste de milicienne, et avait évidement compris que le "rendez-vous" qu'elle avait interrompu ne pouvait avoir qu'un motif commercial. Il ne servait à rien de le nier, cela ne ferait que lui donner l'air encore plus coupable, aussi Nora se contenta-t-elle de hocher à nouveau la tête.

Elle avait eu de longues semaines de convalescence après son opération pour réfléchir à sa prochaine identité et au passé qu'elle devrait s'inventer mais elle n'avait pas encore arrêté son choix définitif et préférait donner le moins d'informations possibles à Avalon. Moins elle racontait de mensonge, moins elle prenait le risque de se contredire ou de faire des erreurs. Elle réalisait toutefois que son silence était au moins aussi suspects que tous les mensonges qu'elle aurait pu inventer, et se força à se montrer un peu plus loquace.

"J'pensais qu'il pourrait m'aider", révéla-t-elle dans un souffle, sans relever les yeux.

Cela revenait presque à avouer qu'elle avait effectivement pris part à un traffic illégal, mais elle n'avait rien à craindre d'Avalon tant que celle-ci ignorait qu'elle se trouvait face à une sorcière. La milice se fichait très certainement qu'une adolescente moldue un peu paumée cherche à acheter des faux papiers, elle n'avait aucune raison de mentir. Elle choisit donc de se confier à la jeune femme, en espérant que son honnêteté endormirait un peu ses soupçons.

"Je...J'ai besoin de papiers."

Elle avait besoin de papiers, d'une nouvelle baguette, d'un emploi, d'une nouvelle vie. Et pour l'instant elle n'avait rien trouvé de tout ça. Nora était forcée d'admettre que ce nouveau départ était encore plus difficile qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle avait retrouvé une certaine forme de liberté -elle pouvait même discuter sans crainte avec la chef de Milice- mais à quel prix ? Elle avait quitté tous ceux qui lui étaient chers, avait abandonné son passé et son identité derrière elle et se retrouvait complètement seule, incapable de savoir par où commencer pour reconstruire sa vie. Elle ne s'autorisait pas à regretter son choix, parce qu'il était de toute façon trop tard, mais il était parfois lourd à assumer.

Quand elle redressa finalement la tête, ses yeux brillaient d'une détresse qui n'avait rien de factice.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMar 8 Fév 2022 - 16:30
Le murmure de Natasha causa un ouragan chez Avalon, sans qu’elle n’en prenne véritablement conscience. Il y avait quelque chose, dans sa détresse, qui la touchait profondément et à laquelle elle s’identifiait sans mal. Elle avait été cette adolescente perdue, des années plus tôt. Même teint pâle, même regard empreint de souffrance, mêmes réponses fuyantes, méfiantes. Et cette projection l’empêchait d’analyser rationnellement la situation. Parce que, rationnellement, Avalon Davies n’avait pas sa place ici, dans ce B&B un peu insalubre, à s’inquiéter de la santé d’une jeune fille qu’elle ne connaissait pas. Ce monde n’était plus vraiment le sien, cette place n’était pas la sienne non plus. Et pourtant.

Pourtant, Avalon n’arrivait pas à mettre cette rencontre sur le compte du hasard ou de la coïncidence, pas alors qu’elle intervenait exactement à ce moment-là de sa vie. La rue dans laquelle elle avait rencontré Natasha, elle l’avait arpenté des centaines, voire des milliers de fois. Elle avait assisté à des bagarres, des règlements de comptes, mais jamais à une scène comme celle-ci. Ou alors, peut-être qu’elle n’avait pas voulu voir. Jusqu’à aujourd’hui. Inconsciemment, elle avait l’impression que quelque chose se rejouait ici et cela l’empêchait de partir.

Le regard plein de détresse que Natasha releva vers elle serra le cœur d’Avalon, qui hocha la tête pour ne pas rester stoïque face à cette déclaration. C’était de faux-papiers que la jeune fille était venue chercher dans ce quartier sombre de Londres. Cela faisait sens avec la valise qui était posée dans un coin de la pièce, témoignant d’une arrivée récente dans la ville. Avalon sentait qu’une histoire lourde planait au-dessus d’elles et venait étirer leurs silences. Elle chercha à les dissiper d’une question :

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » demanda-t-elle, pour comprendre pourquoi une jeune fille à peine sortie de l’adolescence avait besoin de construire une nouvelle identité. Elle capta le regard de Natasha, toujours teinté par cet effroi qui ne la quittait pas et lança, sans trop savoir pourquoi : « Je peux peut-être t’aider, je connais des gens… »


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeLun 14 Fév 2022 - 8:10
"Je... J'ai perdu les miens", répondit Nora à la question d'Avalon en baissant les yeux.

Il était peu probable que la milicienne la croie, et ce n'était pas le but recherché. Elle n'était pas encore tout à fait décidé sur le passé qu'elle inventerait à sa nouvelle identité mais il lui paraissait peu probable qu'une jeune femme dans une situation si précaire raconte son histoire à la première personne venue. Son interlocutrice ne serait surement pas surprise par ses mensonges. La prudence et le secret feraient désormais partie de sa vie et elle n'avait pas d'autre choix que de les intégrer dans la nouvelle personnalité qu'elle était en train de se construire.

Nora s'était préparée à devoir éviter d'autres questions mais, contre toute attente, Avalon lui proposa son aide. Elle releva timidement la tête et chercha le regard de la milicienne, qui paraissait tout à fait sérieuse. Elle connaissait des gens, disait-elle. Dans le monde sorcier, ces "gens" auraient surement été des agents de la PM ou des employés des services de l'immigration, mais il devait ici s'agir de personnes moldues. Des personnes apparemment capables de lui obtenir des faux papiers. Comment une commandante de la milice connaissait-elle ce type de personne ?

Avalon Davies semblait avoir toute une vie en dehors du monde magique, ce qui attisait la curiosité de Nora et lui faisait un peu oublier le rôle occupé par la jeune femme était dans le monde sorcier. Il était plus facile de lui parler en sachant qu'elle n'était pas qu'une tête de la milice, qu'elle avait un passé, une famille. La fonction s'effaçait peu à peu pour laisser place à la personne qui se tenait derrière, mais Nora savait qu'elle ne pouvait pas abandonner sa méfiance pour autant.

Elle n'avait pas besoin de papiers moldus. C'était des papiers sorciers qu'il lui fallait, afin de pouvoir acheter une nouvelle baguette. Elle ne pouvait évidement pas offrir cette réponse à Avalon sous peine d'être immédiatement arrêtée, aussi décida-t-elle de ne pas décliner son offre pour le moment. Après tout, elle était censée être désespérée. Et quelque part, elle l'était un peu, songea-t-elle. Elle devait être désespérée pour accepter une aide dont elle n'avait pas besoin de la part d'Avalon Davies, ou inconsciente.

"Des gens comment ?" demanda-t-elle timidement.

Elle avait tous les droits de se montrer méfiante, la dernière personne vers qui on l'avait envoyée pour obtenir des papiers lui avait entaillé le bras avec un couteau.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeDim 27 Mar 2022 - 13:30
Natasha disait avoir perdu les siens, avec une telle franchise qu’il était difficile pour Avalon – pourtant méfiante – de remettre sa parole en question. Il y avait quelque chose, dans son regard, dans sa manière de baisser les yeux vers le sol, avec l’émotion qui secouait sa voix, qui paraissait vrai, comme si le drame auquel elle avait été confrontée ne cessait de se jouer, encore et encore. Avalon ne reprit pas la parole pour creuser autour des circonstances de l’arrivée de Natasha à Londres mais pour lui proposer son aide.

Elle avait fait cela impulsivement, comme poussée par un instinct qu’elle n’identifiait pas très bien encore mais qui était trop fort pour qu’elle le réprime. Elle ne se reconnaissait que trop dans le regard vide et désespéré de Natasha, qui semblait prête à accepter l’aide de n’importe qui daignerait tendre une main vers elle… Quitte à courir un grave danger auprès de criminels qui n’en n’avait pas seulement auprès de son argent. Ce désespoir, Avalon l’avait expérimenté d’une façon sensiblement similaire, dix ans plus tôt. Elle aurait accepté l’aide de la première personne susceptible de s’intéresser un tant soit peu à elle. Le destin avait voulu que cette personne soit Fergus. Elle n’était que trop consciente qu’il aurait pu en être tout-à-fait autrement.

« Des personnes que je connais depuis longtemps. » répondit Avalon à la question de Natasha.

Le trafic de faux-papiers était courant par ici. Il suffisait de connaître la bonne personne et vous pouviez disparaître sous une autre identité en quelques jours à peine. Et la bonne personne, Avalon la connaissait bien. Il s’appelait Jeff et ils avaient été à l’école ensemble avant qu’Avalon ne parte pour Poudlard. Un grand gaillard aussi large que haut, le visage épais, les sourcils broussailleux, qui ne parlait jamais trop – et souvent pas assez – mais qui faisait des faux d’une qualité impressionnante.

« Tu n’aurais pas à les rencontrer, je pourrais m’en charger. » En voyant l’air incertain de Natasha, Avalon poursuivit : « Tu n’es pas obligée d’accepter maintenant… Ou tout court. » La jeune femme fouilla dans son sac pour en extirper un bout de papier sur lequel elle inscrivit une suite de chiffres : « Tiens, c’est mon numéro de téléphone, si jamais tu as besoin de quelque chose. » Avalon baissa les yeux vers la blessure de Natasha, qu’elle venait tout juste de finir de panser : « J’ai fini. Ca devrait te permettre de cicatriser, mais il faudrait changer le pansement régulièrement pour être sûre que ça ne s’infecte pas. »


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeVen 15 Avr 2022 - 18:18
Pour une raison qui échappait complètement à Nora, Avalon Davies semblait déterminée à lui offrir son aide. La jeune femme ne parvenait pas à savoir s'il s'agissait d'un pur acte de gentillesse, ou si la milicienne avait des soupçons à son égard et se servait de cette proposition pour la tester, et l'attirer dans un piège. Elle se rappelait d'une époque, pas si lointaine, où cette deuxième hypothèse ne lui aurait même pas traversé l'esprit, mais la vie lui avait appris à se montrer méfiante, même si elle ne l'était encore pas assez.

Elle décida de ne pas refuser frontalement la proposition de la milicienne, au risque d'éveiller davantage ses soupçons, et accepta avec un sourire reconnaissant le morceau de papier qu'elle lui tendait, sur lequel figurait son numéro de téléphone. Nora aurait été bien incapable de se servir de ce numéro même si elle l'avait voulu -elle n'avait jamais utilisé de téléphone et n'avait même pas de Pear- mais elle glissa le bout de papier dans la poche de son sweat.

"D'accord, je ferai attention, répondit-elle aux conseils d'Avalon concernant les soins de sa plaie. Merci beaucoup."

Elle remercia la milicienne encore une dizaine de fois avant que celle-ci ne se décide finalement à partir, après s'être assurée que Nora ne manquait de rien et était capable de rester seule. Un profond soupir de soulagement lui échappa quand la porte se referma derrière la jeune femme et Nora appuya son front contre le montant en bois, les yeux clos et le coeur battant. Le sentiment de terreur qu'elle avait éprouvé face à l'homme qui l'avait agressé quelques instants plus tôt ne l'avait complètement quitté qu'après le départ d'Avalon et l'adrénaline cessait finalement de faire son effet. Ses jambes se mirent à trembler et elle se laissa glisser au sol, adossée contre la porte de sa miteuse chambre d'hôtel.

Elle passa ses mains sur son visage blême et souffla longuement pour se forcer à se calmer. Elle glissa la main dans la poche de son sweat pour en sortir le morceau de papier que lui avait laissé la milicienne avec l'intention de le déchirer en morceaux. Quand elle ouvrit les doigts, elle y trouva le numéro de téléphone de la milicienne, ainsi que la photo d'Irving qu'elle gardait toujours sur elle. Croiser son regard doux et affronter son sourire tranquille lui fit l'effet d'un coup en pleine poitrine. Elle se mordit la lèvre pour réprimer un sanglot qui lui secoua les épaules.

Elle avait terriblement envie de lui parler, de lui raconter ce qui s'était passé ce soir. Elle savait qu'il aurait su la rassurer, peut-être même la faire sourire, malgré la gravité des évènements. Cela faisait des mois qu'il était parti mais elle avait encore besoin de lui à ses côtés, elle n'arrivait pas à s'habituer à son absence et elle avait le sentiment qu'elle ne s'y habituerait jamais. Le vide qu'il avait laissé derrière lui était toujours aussi grand et dans des moments comme celui-ci elle avait envie de s'y laisser tomber, de se laisser définitivement emporter par ces vagues de tristesse qui l'assaillaient régulièrement. Elle dut plaquer sa main contre sa bouche pour étouffer le son de ses pleurs. L'isolation phonique du bâtiment laissait à désirer et elle ne voulait pas attirer l'attention sur elle. Elle pleura jusqu'à s'épuiser puis se traina jusqu'à son lit où elle se laissa tomber pour quelques heures d'un sommeil agité.

04 octobre 2011

Nora avait changé de stratégie. Elle n'avait toujours pas obtenu de faux papiers mais l'urgence était désormais de trouver un boulot, sinon elle n'aurait bientôt plus assez d'argent pour financer sa nouvelle identité. Il était compliqué de trouver du travail sans papiers, mais elle était convaincue que ce n'était pas impossible. Elle avait proposé au Bed&Breakfast où elle logeait de faire la plonge le soir et il le tenancier avait paru ravi de pouvoir la payer en liquide. Elle faisait donc quelques heures de vaisselle et de rangement à chaque fin de service.

Elle se préparait justement à descendre dans les cuisines où on avait fini de débarrasser les dernières tables du dîner. Avant de partir, elle releva la manche de son t-shirt pour appliquer un peu de baume sur sa cicatrice. Elle l'avait acheté chez un apothicaire du chemin de traverse et en quelques jours seulement la cicatrice avait presque entièrement disparu. La douleur aussi s'était estompé et elle ne ressentait plus qu'une petite gêne quand elle levait le bras.

Elle venait de finir d'étaler le baume sur son bras quand on frappa plusieurs coups à sa porte.

"Oui ?" invita-t-elle, surprise.

Elle s'attendait à ce que ce soit pour le service de ménage (qui se limitait à un dépôt de draps propres une fois par semaine) ou quelqu'un des cuisines pour lui demander de descendre plus tôt, mais ce fut une autre voix qui lui répondit. Une voix qu'elle n'avait pas prévu de recroiser de sitôt.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeMar 17 Mai 2022 - 21:21
Pour des jumeaux, Avalon et Galaad ne se ressemblaient pas beaucoup. Lui était très grand, avec des épaules assez carrées et des traits plus bruts. Elle était relativement petite, assez menue, avec un visage plus arrondi. Il était aussi plus brun qu’elle, avec des cheveux un peu bouclés qu’il tenait de leur grand-père maternel, Mateo. Ils partageaient en revanche le même sourire et la même expressivité faciale qui traduisait aisément leurs émotions. En ce qui concernait le caractère, Galaad était plus calme, plus tempéré que sa jumelle. Il était une force tranquille quand elle avait tendance à exploser assez facilement. Il était cependant bien plus rancunier qu’elle et bien moins optimiste. Au lieu d’être très semblables – comme cela pouvait être attendu chez les jumeaux – Avalon et Galaad étaient différents mais, ainsi, parfaitement complémentaires. Ils avaient toujours entretenu de très bonnes relations tous les deux, même à l’adolescence où les rapports d’Avalon avec sa famille étaient devenus plus compliqués.

« C’est définitivement la meilleure pizzeria de Londres. » soupira Avalon en terminant la dernière part qui trônait dans son assiette.
Galaad approuva d’un grognement, le temps de finir sa bouchée. Il poussa un soupir de contentement, avant d’aviser sa sœur d’un coup d’œil. « Tu veux une autre bière ? » lui proposa-t-il.
Elle secoua négativement la tête. « Non, t’inquiète, j’ai pas encore fini la mienne. »

Galaad se leva du canapé pour rejoindre sa cuisine, de laquelle il revient avec une bière et une assiette qui contenait un éclair au chocolat qu’il lui tendit. Un éclair ravi passa dans les yeux d’Avalon.

« Je te demande si t’as encore de la place pour un dessert… » ricana-t-il en la voyant saisir l’assiette avec une joie évidente.
« Bah putain je suis hyper bien reçue quand je viens chez toi, on va se voir plus souvent toi et moi. » commenta la jeune femme en mordant dans l’éclair.
« Franchement, pour tous les jours où j’ai squatté chez toi quand tu vivais à Londres, je me suis dis que c’était la moindre des choses. »

Avalon haussa les épaules mais ne répondit rien, trop occupée à savourer son dessert. Galaad avait emménagé avec Lucy, sa petite-amie, quelques mois auparavant, pendant l’été. Ils avaient trouvé un appartement dans un quartier assez sympa, non loin de Camden. Le loyer n’était pas exorbitant parce que l’appartement était situé au cinquième étage sans ascenseur, mais la vue était jolie. Galaad et Lucy avaient l’air de s’y plaire, même s’ils avaient mis plusieurs semaines avant d’aménager entièrement les lieux.

« T’as vu Ys récemment ? » l’interrogea Galaad en s’enfonçant dans le canapé pour s’appuyer contre le dossier.
« Non… Pas depuis un moment. » avoua Avalon en grimaçant. « Mais elle est passée chez Célice il y a deux semaines, elle a dormi deux jours chez elle. »
« Ah ouais ? Et elle allait comment ? »
« Célice a dit « comme d’habitude ». » rapporta-t-elle en déposant son assiette, vide, sur la table basse.
« Mhhh. » fit son jumeau en caressant pensivement sa joue, sur laquelle poussait une barbe sombre.
« T’es inquiet ? »
« Bah, je suis passé au restau où elle est censée bosser en rentrant du supermarché y a quelques jours, et on m’a dit que personne l’avait vu depuis plusieurs semaines. »
« Ah ouais ? Elle a démissionné ? »
« C’est ça. Enfin… Elle a jamais posé sa démission, elle a juste arrêté de venir. »
Avalon fronça les sourcils. « Et on sait où elle est ? »
« Un peu à droite à gauche, à ce que j’ai compris. »

La jeune femme passa une main dans ses cheveux, la mine inquiète. Son jumeau le comprit très rapidement et poursuivit :

« T’inquiète, je vais essayer de la contacter. »
« Tu sais comment faire ? »
« Mhh, oui, je sais où elle a l’habitude de bosser le soir et je connais deux ou trois de ses amis chez qui elle doit sûrement dormir. » Il la poussa du bout de son pied, comme pour la rassurer. « Je te tiens au courant, t’inquiète. » Avalon s’apprêtait à répliquer, ce qu’il dut sentir car il reprit : « C’est bon, t’as déjà beaucoup à faire avec Viv’ chez toi. J’ai du temps cette semaine, je vais voir ce que je peux faire. »

Avalon capitula, et changea de sujet pour évoquer avec son jumeau son nouveau travail. Ils se quittèrent l’heure suivante, l’estomac bien rempli. En marchant dans le quartier de Londres où son frère s’était établi, la jeune femme enfonça ses mains dans ses poches, préoccupée par la discussion qu’ils avaient eu au sujet d’Yseut. Leur petite-sœur avait toujours été très secrète, très inhibée par rapport au reste de leur famille. Elle avait du mal à trouver sa place dans cette grande fratrie et avait tendance à s’effacer. Mais elle n’avait jamais disparu de la sorte. Cela faisait plusieurs semaines qu’Avalon n’avait pas de nouvelle d’elle, quand bien même elle lui laissait régulièrement des messages. Evidemment, cette situation l’inquiétait, mais avec le procès, le déménagement, l’arrivée de Vivianne… Elle avait été submergée et n’avait pas eu le temps de s’en préoccuper davantage.

Ses pensées dérivèrent vers tout ce qu’elle n’avait pas le temps de faire en ce moment, toutes ces choses qu’elle avait dû mettre « de côté » pour se concentrer sur les différents aspects de sa vie qui étaient en constante actualisation. Elle repensa à la rencontre qu’elle avait fait, la semaine dernière, en rentrant de chez Célice. Natasha était revenue à plusieurs reprises dans ses pensées, ces derniers temps. Avalon lui avait laissé son numéro de téléphone moldu, mais la jeune fille ne l’avait pas utilisé, ce que la jeune femme ne savait comment interpréter. Une part d’elle la sommait de laisser l’histoire là où elle en était, songeant que si Natasha avait eu besoin d’elle, elle aurait très bien pu la contacter. Une autre part d’elle la ramenait constamment à sa propre histoire, à l’état dans lequel elle était quand elle avait quitté les siens et qu’elle s’était brusquement retrouvée seule. Elle n’aurait jamais pu faire la démarche de demander de l’aide et avait été obligée d’accepter celle de Fergus.

La coïncidence faisait que l’appartement de Galaad se trouvait à quelques rues du B&B où résidait Natasha. A peine une dizaine de minutes à pied, songea Avalon en regardant sa montre, hésitante. Elle finit par trancher et se mit en route. Si Natasha était partie, elle ne chercherait pas à la retrouver et, si elle refusait à nouveau son aide… Avalon secoua la tête et se dirigea vers l’établissement. Il était tard, les derniers clients quittaient le restaurant. La jeune femme monta les marches jusqu’aux chambres, et s’arrêta devant la porte en bois de la chambre de Natasha. Elle frappa quelques coups à la porte.

« Oui ? »
« Natasha, c’est Avalon. Je venais voir comment tu allais… »


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeSam 21 Mai 2022 - 8:48
Nora se figea en reconnaissant la voix d’Avalon Davies, qui lui fit l’effet d’un seau d’eau glacé qu’on lui aurait retourné sur la tête. Elle resta un instant immobile, le cœur battant, à mi-chemin entre le lit qu’elle venait de quitter et la porte de la chambre qui la séparait de la milicienne. Puis brusquement, elle retrouva ses esprits et son cerveau se mit à tourner à toute vitesse. Elle balaya rapidement la pièce du regard, en s’affolant un peu plus à chaque fois qu’une preuve de ses mensonges lui sautait au visage. Sa baguette abandonnée sur le couvre lit, les fioles vides sur la table de chevet, qui avaient contenu la potion cicatrisante achetée chez l’apothicaire, plusieurs éditions de la Gazette du sorcier étalées sur la table en bois qui faisait office de bureau.

Elle quitta aussitôt son immobilité terrifiée et se mit en mouvement de façon frénétique, jetant toutes ses affaires au fond de sa valise ouverte.

"Je… J’arrive !" cria-t-elle à travers la porte encore fermée.

Elle rabattit prestement le couvercle de sa valise et la glissa sous son lit avant de tourner sur elle-même pour vérifier une dernière fois qu'elle n'avait laissé aucun indice de sa condition de sorcière. Satisfaite, elle s'approcha finalement de la porte, qu'elle ouvrit doucement. Elle avait le coeur qui battait la chamade de s'être activé si vite, et peut-être un peu à cause de la peur, aussi. L'attitude d'Avalon était loin d'être menaçante et pourtant Nora ne pouvait pas s'empêcher de se méfier. Pourquoi la milicienne avait-elle tenu à revenir la voir ? Elle avait prétendu être une moldue égarée, ce n'était pas le genre de cas qui intéressait normalement une cheffe de la milice. Avait-elle des soupçons ?

"Bonsoir, je...Désolée, je dormais un peu avant de descendre travailler, balbutia-t-elle pour justifier le temps qu'elle avait mis à ouvrir la porte, et pour écourter au maximum cet entretien qui la mettait mal à l'aise. C'est gentil de passer, ajouta-t-elle en se forçant à sourire. Ça va mieux."

Au moment où elle prononçait ces mots, elle se souvint qu'elle était en débardeur et que la plaie sur son bras avait presque entièrement disparu grâce aux potions cicatrisantes. Elle n'avait pas été assez attentive en cours d'étude des moldus et était incapable de se rappeler de l'efficacité des traitement moldus contre ce type de blessure, mais elle n'était pas certaine qu'ils soient aussi rapide que la magie. Elle lutta contre l'envie de jeter un regard inquiet sur son bras et se contenta de s'appuyer un peu plus contre le battant de la porte, dissimulant pour le moment son bras à la vue d'Avalon. Elle ne savait pas si la milicienne se doutait déjà de quelque chose mais il suffirait qu'elle aperçoive sa plaie magiquement guérie pour qu'elle comprenne que Nora était une sorcière. Celle-ci regretta aussitôt d'avoir rangé sa baguette dans sa valise. Elle avait conscience qu'elle ne lui aurait été que d'un maigre secours face à une milicienne surentrainée mais elle aurait été rassurée de l'avoir sur elle. Sans sa baguette et avec la peau de ses bras exposée, elle se sentait nue, et terriblement vulnérable.

Elle sentait que la politesse aurait voulu qu'elle invite Avalon à entrer mais elle ne pouvait pas se résoudre à le faire. Il y avait trop de risques qu'elle s'aperçoive de quelque chose. Pourtant elle ne pouvait pas simplement la congédier alors que la milicienne venait gentiment prendre de ses nouvelles.

"Je vais bientôt devoir descendre, annonça-t-elle en s'efforçant de ne pas paraitre trop brusque. J'aide avec la plonge."

Elle espérait avoir réussi à orienter la conversation vers sa recherche d'emploi et de papiers, plutôt que sur l'état de son bras, toujours dissimulé derrière la porte.


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeDim 12 Juin 2022 - 16:07
Devant l’attitude gênée de Natasha, Avalon secoua la tête avec indulgence.

« Non c’est moi, j’espère que je ne te dérange pas… J’étais dans le coin et je me suis dis que j’allais passer voir comme tu allais. » expliqua-t-elle avec un sourire.

Mais, ce qui aurait dû être une simple visite amicale se teinta rapidement d’un malaise perceptible et, pourtant, qu’Avalon ne sut pas comment interpréter. Brusquement, Natasha adopta une attitude distante, laissant la porte à moitié fermée entre elles deux. Son visage semblait être animé par un sentiment de peur et, dans sa voix, on pouvait percevoir une urgence qu’Avalon ne put pas ignorer.

Quelque chose n’allait pas.

Elle avait déjà eu cette sensation la dernière fois, en raccompagnant la jeune femme à son B&B. Elle avait mis cela sur le compte de la soirée éprouvante, terrifiante même, que Natasha avait passé. Mais, à plusieurs jours de cet évènement, elle s’interrogeait sur son attitude qui en disait bien plus que les rares mots qu’elle lui offrait. Bien vite, elle la congédia, prétextant travailler au restaurant. Avalon ne bougea pas, le regard accroché à celui de Natasha.

Elle mentait, c’était certain. Du moins, elle s’efforçait de cacher quelque chose, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Elle adoptait ce même ton fuyant que lorsqu’Avalon l’avait questionné sur les conditions de son arrivée à Londres ; elle parlait sans rien dire et répondait vaguement après de longs silences. Cela n’avait pas été particulièrement choquant la première fois – Avalon étant une inconnue pour elle, il était légitime qu’elle ne cherche pas à se confier à elle – mais aujourd’hui, quelque chose la gênait davantage.

Ce n’était pas le fait qu’elle ne l’invite pas dans sa chambre, c’était cette façon qu’elle avait de se dissimuler face à elle tout en lui souriant. Natasha aurait pu se montrer franchement hostile à sa présence ici, lui dire qu’elle dépassait les limites et la congédier sèchement. Elle aurait aussi pu la remercier de sa visite, s’attarder cinq minutes auprès d’elle avant de partir.

Le problème, c’était que Natasha n’agissait pas envers elle comme elle aurait pu le faire avec une illustre inconnue. Elle réagissait comme si elle la connaissait déjà et qu’elle avait quelque chose à lui cacher. Cette impression s’ancra solidement chez Avalon et encore davantage lorsqu’elle baissa les yeux sur son bras masqué par l’encadrure de la porte. Le langage corporel de Natasha lui criait de partir, quand son ton et ses sourires semblaient vouloir contrer ces paroles silencieuses.

Or, Avalon était bien trop formée aux différentes formes d’interrogatoires pour ne pas remarquer ce signe évident. Plusieurs théories se présentèrent à elle : comment Natasha pouvait la connaître ? Et, surtout, pourquoi la craignait-elle, comme le laissait penser son attitude aujourd’hui, mais également le mouvement de recul qu’elle avait eu la première fois qu’elles s’étaient rencontrées ?

Avalon enfonça ses mains dans ses poches, où l’une de ses baguettes était rangée. Elle pointa du menton le bras que Natasha cherchait à lui dissimuler et lança, avec un sourire tranquille mais un ton beaucoup plus sérieux :

« Tu es sûre, pour ta plaie ? Je peux voir ? »


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Wrecked [Avalon/Nora] Icon_minitimeJeu 7 Juil 2022 - 22:37
Nora avait la sensation de se liquéfier face au regard perçant de la milicienne. Avalon Davies semblait voir dans son jeu aussi clairement que dans de l'eau de roche. Son instinct lui criait de refermer immédiatement la porte et de se calfeutrer dans sa chambre, ou de prendre la fuite pour mettre le plus de distance possible entre elles, mais elle ne bougeait pas. Ses jambes pesaient des tonnes et semblaient s'être enracinées sur le pallier, sa main restait crispée sur la poignée de la porte et son coeur martelait ses côtes avec force. Elle était complètement paralysée par la peur.

Avalon ne devait surtout pas la confondre. Si elle comprenait qu'elle était une sorcière, elle chercherait à découvrir son identité, et Nora n'avait pas encore rassemblé de quoi documenter sa nouvelle personnalité. Elle n'avait pas encore de papier, ni de nouvelle baguette. Aux yeux du monde magique, Natasha n'existait pas, et Nora Weaver était encore recherchée. Plusieurs images se succédèrent dans son esprit alors qu'elle pensait à ce qui se passerait si la milicienne découvrait qui elle était. Toutes lui glacèrent le sang.

La voix de la milicienne la sortit de sa torpeur, seulement pour la plonger dans une angoisse encore plus oppressante. Son ton était tranquille mais sa requête menaçante. Elle voulait voir sa plaie. Elle ne pouvait pas. Si elle voyait la cicatrice déjà presque résorbée, elle y verrait l'oeuvre de la magie. Elle ne devait pas voir son bras.

Tout son être lui hurlait de répondre par la négative, pourtant Nora se vit faire un pas en arrière pour inviter Avalon à l'intérieur de sa chambre. C'était faire entrer le dragon dans la bergerie, elle en avait dramatiquement conscience, mais que pouvait-elle faire d'autre ? Un refus aurait éveillé au moins autant de soupçons.

"Euh...oui, bien sûr."

Pendant une seconde, elle caressa l'idée de bousculer la milicienne et de se jeter à l'extérieur. Dévaler les escaliers en courant et s'enfuir. Courir vers sa liberté. Mais elle savait qu'elle n'avait aucune chance, alors elle se tourna légèrement sur le côté pour présenter son bras blessé à la jeune femme, sans trop se rapprocher d'elle, comme si la faible distance qui les séparait pouvait altérer le regard qu'Avalon poserait sur sa plaie disparue. Elle était comme dans un état second. Son cerveau était parfaitement au fait qu'elle risquait d'être confondue, arrêtée, et probablement condamnée à mort, mais son corps continuait d'agir comme si une autre issue était possible.

"On ne voit déjà presque plus rien, commenta-t-elle d'une petite voix. Je n'ai plus mal du tout."



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