Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

Your heart is all I own [mariage Isabel]

Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2376
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeSam 6 Nov 2021 - 18:31
Your heart is all I own [mariage Isabel] 355f3a1620eb501f43564c05986a76ad
Nicole Lavespère, 20 ans, cousine au 3ème degré d'Isobel, free-lance en couture de mode, militante contre le racisme, le sexisme et tous les trucs en -isme, chieuse de première catégorie mais la plus bonne de tes copines quand même

Nicole l’avait toujours dit à chaque fois qu’un mariage se déroulait à la Nouvelle-Orléans : elle ne se marierait pas en blanc. D’abord parce qu’il s’agissait là d’une coutume occidentale qui s’était imposée comme une norme dans le reste du monde, elle y voyait un énième marqueur d’une culture colonisatrice dont elle cherchait à se défaire. Elle n’aimait pas non plus le symbole de pureté et de virginité associée à cette couleur qu'on imposait qu'à la femme du couple, elle avait d’ailleurs beaucoup fait rire sa soeur Maxine en lançant un jour qu’elle était loin d’avoir une page blanche dans le domaine et qu’elle devrait « plutôt partir sur une robe arc-en-ciel pour illustrer la diversité des culs que je me suis tapé ». Sa grand-mère Agnès qui les écoutait avait beaucoup moins ri de ce commentaire.

Elle ne voulait donc se marier ni en blanc ni avec un voile sensé l’empaqueter comme un joli cadeau à déballer par son futur mari. Pour autant, à l’instant où elle avait appris que sa cousine Isobel allait faire un grand et beau mariage à la Nouvelle-Orléans, Maxine et elle avaient sauté sur l’occasion de lui proposer leurs services de couturière en herbe. Elles ne manquaient jamais une opportunité de développer leur petit commerce naissant de vêtements et bijoux faits à la main, et encore moins une comme celle-ci : elles savaient très bien qu’Isobel avait des centaines de followers sur instamag qui pourrait leur donner beaucoup de visibilité aux Etats-Unis et outre-Atlantique si elle acceptait de leur offrir un petit coup de pub. De toute manière, se rapprocher d’Isobel de manière générale était un bon calcul pour plein d’autres raisons qui concernaient des plans que les deux soeurs échafaudaient de leur côté, ces derniers temps.

Maxine et Nicole avaient donc attrapé leur cousine quelques mois plus tôt, un soir où elle passait au Chaudron en visite familiale et en plein préparatifs de son mariage. Là, elles avaient sorti le grand jeu, leurs plus beaux discours et les meilleures photos de leurs créations audacieuses pour convaincre Isobel de les laisser s’occuper de sa tenue. Si elle avait refusé pour la robe de mariée qu’elle avait déjà prévu d’acheter chez un créateur français, elle avait fini par accepter de leur laisser le soin de broder son voile et son ombrelle traditionnelle. Les soeurs avaient pris cette commande très au sérieux et s’étaient attelée à trouver de jolis symboles pour leur création. Quelques semaines plus tard, elles présentaient à Isobel des dessins sophistiqués d’un entrelacement de fleurs de lys, symboles de la Nouvelle Orléans, de pivoines, fleurs préférées de la future mariée, et d’anémones qui rappelaient celles brodées sur le voile que portait à son mariage Anne, sa grand-mère bien aimée.

Broder à la main chacune de ces fleurs de dentelle sur le très long voile en tulle leur avait pris de longues semaines de travail et Nicole était très fière du résultat. C’était peut-être l’une de leurs créations dont elle était la plus fière. Elle était particulièrement contente d’avoir réussi à convaincre Isobel d’intégrer de la couleur dans les broderies, plutôt que de tout faire en blanc. Elle trouvait l’association avec la robe très épurée d’Isobel parfaitement adaptée.

Elle appliqua la dernière épingle pour faire tenir le voile dans le chignon de cousine avant de se reculer pour admirer leur oeuvre avec sa soeur.

« Oh la la » s’extasia t-elle, en portant ses mains à son visage. « Ça te va si bien. C’est vraiment parfait avec ta robe. » Elle fit un sourire goguenard à Isobel. « J’allais nous jeter des fleurs mais hé, celles qu’on a mises sur ton voile vont suffire à éblouir tout le monde. » La reine de la punchline, c’était elle. Elle frappa dans la main de Maxine dans un geste complice. « Nan franchement t’es super belle comme ça, Is’, pas juste pour le voile. Une vraie mariée de magazine de mode. Une bombe atomique. Des applaudissements pour la beauté de la mariée, s’il vous plaît ? » demanda t-elle en haussant la voix pour interpeler les demoiselles d’honneur qui les entouraient dans le salon d’André, où Isobel achevait les préparatifs de sa tenue. Elle applaudit elle-même en tournant autour de sa cousine. « Meuf, je te le dis, en te voyant, les vaisseaux sanguins d’Abel vont péter, on va le ramasser au sol, ça va être saaaale. » Elle posa la main sur son coeur et recula le buste dans une mimique dont elle avait le secret. « Compliment ultime ? T’es encore plus canon que Maxine. Désolée, Max » lança t-elle à l’adresse de sa soeur.

Elles avaient l’habitude de s’encenser mutuellement avec Max, solidarité féminine oblige. Il fallait dire que les deux soeurs avaient comme toujours mis les petits plats dans les grands et prévu quatre tenues différentes pour ce mariage qui était sans doute le plus grand mariage du coin depuis des années, voire générations. En résumé, une occasion rêvée pour laisser s’exprimer leur grand amour de la mode. Si Nicole avait opté pour une large robe noire à sequins argentés pour l’église, elle avait prévu de faire péter le décolleté pour la soirée et la tenue haute en couleur pour le brunch du lendemain. Évidemment, elle avait également préparé une tenue traditionnelle pour la cérémonie vaudou qui suivait celle à l’église, car on ne rigolait pas avec les traditions.

Après avoir encensé sa cousine qu’elle admirait sincèrement, Nicole ne tarda pas à retrouver son sens des affaires :

« Je peux prendre des photos pour notre compte insta ? » Elle évalua de son regard d’experte les alentours. « Genre dans le coin le moins moche du salon de tonton André, mais la vérité, c’est dur avec un tel papier peint… Tu peux te mettre là près de la fenêtre, dos à nous, dans ta meilleure pose langoureuse ? Non attends. Style femme fatale ou style mariée romantique pensive en plein doute à une heure de dire oui, comme dans les films ? Je te laisse choisir. »
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2376
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeSam 6 Nov 2021 - 20:29
Your heart is all I own [mariage Isabel] Max_av10
Maxine Lavespère, 18 ans, soeur de Nicole et cousine d'Isobel, free-lance en couture, a une opinion sur tout et sûrement sur ta vie et la façon dont tu la mènes, n'a pas besoin de ton approbation mais allez, t'as quand même le droit d'être honnête : elle est stylée.

Maxine n’était pas certaine de vouloir se marier un jour – il s’agissait quand même d’une tradition sacrément patriarcale à laquelle elle n’était pas certaine d’adhérer. Alors d’accord, l’idée derrière paraissait jolie, comme ça : amour éternel, fidélité jusqu’à la mort, soutien dans toutes les épreuves de la vie… Mais bon, il ne fallait pas non plus être trop naïf : un mariage sur deux finissait par un divorce et tout ce que les époux s’étaient promis au moment des vœux disparaissait brusquement pour se battre autour de la garde des enfants ou celle – plus importante encore – de la maison. Et puis, il ne fallait surtout pas la lancer sur les traditions inhérentes au mariage lui-même : devoir remonter l’allée d’une église au bras d’un homme – généralement le père – jusqu’à atteindre le futur époux qui attendait patiemment sa promise… Très peu pour elle. Les discours trop romantiques à la « sans toi, je ne suis rien » ou « tu es la personne qui me complète » avaient davantage tendance à lui faire mimer un haut-le-cœur plutôt que de l’attendrir.

Mais elle était très heureuse pour Isobel aujourd’hui ! Et puis, les mariages avaient au moins le goût de se parer d’une ambiance festive qu’elle adorait et qui lui permettait de revêtir ses plus beaux vêtements, confectionnés spécialement pour l’occasion. Pour la cérémonie à l’église, elle avait donc passé une robe dont elle avait passé des heures à fixer les moindres détails. Le rendu était éblouissant – elle n’allait pas être modeste envers ses créations non plus – et la coiffure réalisée par sa sœur rendait l’aspect encore plus saisissant. Bon, elle avait bien compris au regard d’Adeline que cette dernière était absolument effarée de sa tenue mais elle s’était contentée d’ignorer son regard – en pensant que, sans surprise, les Laveau avaient beaucoup moins de goût que les Lavespère – et avait de toute façon consenti à revêtir une petite veste pour entrer dans l’église (ce qui était encore une fois une condition sacrément patriarcale mais c’était soit ça, soit passer une nuit dans la cave – encore – pour insubordination et elle avait vraiment autre chose à faire ce soir. De toute façon, elle quitterait cette magnifique robe pour une tenue un peu plus traditionnelle pour la cérémonie vaudou, puis une nouvelle fois pour une tenue de soirée un peu plus appropriée (selon son échelle), et qui sublimait magnifiquement son cul (ce n’était pas non plus le moment d’être modeste avec son corps). Elle n’était pas exactement certaine que toutes les prêtresses Lavespère approuveraient ses choix vestimentaires mais elle comptait sur la foule d’invités pour éviter de leur adresser la parole. Et puis, même sa mère avait trouvé ses créations fabuleuses (elle ne l’avait pas vraiment dit en ces termes, mais c’était tout comme) alors bon, mamie Agnès n’avait qu’à parler avec sa fille si elle avait des reproches à lui faire sur l’éducation qu’elle donnait à ses enfants.

De toute façon, tous les regards seraient dirigés uniquement sur la mariée, décida-t-elle en aidant sa sœur Nicole à fixer le voile d’Isobel dans ses cheveux. C’était la pièce parfaite pour sublimer la robe – magnifique, elle voulait bien l’admettre – de sa cousine. Elle se joignit aux applaudissements enthousiasmes de Nicole, et ne tarda pas à son tour à complimenter Isobel :

« Un pur canon ! » fit-elle en sautillant légèrement sur ses talons hauts. « Si on était pas cousines je te demanderai de m’épouser sur le champ, c’est sûr » poursuivit-elle en observant sa cousine sous toutes les coutures. « Non mais c’est parfait, le résultat est parfait, j’adore ! » Si bien qu’elle ne prit même pas la peine de rebondir sur le commentaire de Nicole et se contenta de lui adresser un grand sourire : elle savait qu’elle était canon, de toute façon.

Et puis, pour le moment, il y avait encore plus important : Nicole et Maxine avaient demandé à Isobel de poser avec leurs créations pour alimenter le contenu qu’elles postaient sur instamag. Elles espéraient bien ainsi gagner un peu en notoriété et peut-être avoir davantage de commandes sur la boutique en ligne qu’elles avaient lancé toutes les deux quelques mois plus tôt. Maxine commençait déjà à faire des photos (elles étaient toujours meilleures lorsqu’elles étaient prises sur le vif de toute façon), en commentant les propos de sa sœur aînée :

« Ouhhh, mariée romantique pensive… Va-t-elle faire demi-tour au milieu de l’allée de l’église ? Son amant secret va-t-il chercher à interrompre la cérémonie ? » interrogea Maxine en prenant plusieurs clichés. « Ou alors attends, donne-moi une attitude qui dit « mon futur mari mérite le dixième de ce que je suis, tellement je suis une des sorcières les plus stylées de ma génération, et je l’aime » (même si c’est un Laveau, pensa-t-elle en son for intérieur, ce qu’elle censura car Adeline était dans la salle) « malgré tout. » Elle s’interrompit pour consulter les photos de son téléphone : « Ahhh mais c’est top Is, t’es grave photogénique comme meuf, ça fait plaisir. C'est de famille » expliqua-t-elle à l'assemblée. « On pourra juste retoucher le mur un peu dégueu à droite. » fit-elle à l’attention de Nicole en lui tendant son téléphone.

Your heart is all I own [mariage Isabel] Tumblr_pe2yswZxsk1sddr1ro1_250
Avalon Davies, 29 ans, songe que l'adolescence c'est amusant quand on possède des boules quiès.

Avalon assistait à la scène avec un sourire amusé : elle aimait bien les adolescentes exubérantes, elles avaient tendance à lui rappeler sa petite-sœur (les faux-ongles en plus). A elles deux, Maxine et Nicole occupaient une grande partie de l’espace, à la fois parce qu’elles bougeaient beaucoup et parce qu’elles parlaient beaucoup. Installée sur une chaise, occupée à déguster une coupe de champagne qu’on lui avait remis quelques minutes plus tôt, Avalon ne put s’empêcher de s’esclaffer face au shooting photo à la fois très improvisé et très professionnel organisé par les cousines d’Isobel. Quand ce dernier fut terminé, elle se leva et fit quelques pas vers Isobel pour lui remettre son verre entre les mains, qu’elle lui avait confié pendant que son voile était fixé dans ses cheveux.

« Dis donc t’es vachement douce comme Lavespère en fait. » lui glissa Avalon avec un sourire. « Mais elles ont raison, t’es canon. » lança-t-elle avec un regard appréciateur. « Tu as tout ce qu’il te faut ? »

Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2376
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeDim 21 Nov 2021 - 17:15
Your heart is all I own [mariage Isabel] Krysten-ritter
Jessica Bradshaw, 33 ans

Jessica s’était mariée l’année dernière. Un mariage en grandes pompes, avec calèche, sublime robe de créateur en taffetas et dentelle de calais, service à table, feu d’artifice et champagne à volonté. C’était un très beau mariage. Mais pas exactement le mariage de ses rêves. Parce que ses parents avaient financé et ses parents n’avaient pas les moyens de lui offrir tous ses rêves. Le Plaza, à New-York, en juin ? Hors de prix. Le traiteur le plus à la mode de Soho ? Inaccessible. Le photographe des stars à qui elle était abonnée sur instamag ? Une liste d’attente de trois ans. Alors, comme une grande, elle avait fait des concessions (après deux ou trois soirées de déprime à considérer que sa vie était un échec.) Après tout, le mariage, c’était plus qu’un bar à huîtres, des serviettes en soie et les salons luxueux du Plaza (même quand on rêvait de se marier là-bas depuis l’enfance.) C’était un bel engagement, c’était affirmer son amour devant sa famille et ses amis. Alors peu importait si sa bague de fiançailles n’avait clairement pas coûté deux mois de salaire à son fiancé ou ne venait pas de chez Tiffany (même si elle avait toujours dit qu’elle voulait une bague de chez eux pour son mariage.) Ou si l’hôtel dans lequel elle s’était mariée était à Brooklyn. Ou bien si elle n’avait pas pu avoir un gâteau de chez Antoine pour le dessert. Ou bien qu’elle n’avait pas eu de robe sur mesure. Ou bien qu’elle avait dû réduire les arrangements floraux parce que son plan initial dépassait le budget de plusieurs milliers de dollars.

L’essentiel, c’était l’engagement qu’elle avait pris à passer sa vie avec Ben (même si ce dernier s’était complètement raté sur la bague de fiançailles.)

Alors en tant que femme mariée épanouie, elle n’était pas du tout jalouse de sa meilleure amie Isobel qui se mariait aujourd’hui. Certes, sa bague était deux fois plus grosse que la sienne. Si ce n’est trois. Et venait de chez Tiffany. Certes, elle avait une robe sur-mesure d’un couturier français. Et pas un gâteau de chez Antoine, mais deux. Et un lieu splendide, des arrangements floraux énormes pour l’église et pour la réception, un traiteur gastronomique, deux cent invités et tout ce dont Jessica avait pu rêver pour son propre mariage. Elle n’était pas jalouse. Elle avait juste pensé – une fois, ou deux, ou trente – que c’était ironique que ce soit Isobel qui ait un tel mariage alors qu’elle avait toujours dit qu’elle ne voulait pas se marier. Alors qu’elle, bien que ce soit son rêve depuis qu’elle était toute petite, elle avait dû faire des concessions. Tant mieux pour Isobel qu’elle n’ait pas de concession à faire. Tant mieux pour elle que son fiancé puisse lui offrir tout ce dont elle rêvait. Tant mieux. Elle était contente pour elle.

Elle était demoiselle d’honneur, dans sa jolie robe bleue, et prenait ce rôle très au sérieux. Comme elle s’était déjà mariée, elle avait pu donner beaucoup de conseils à Isy et s’était rendue très disponible pour aider à choisir les fleurs, les serviettes, les nappes, les chaises, la vaisselle, la décoration, tout, tout, tout. Elle s’entendait très bien avec Coco, la wedding planner (qu’elle avait aussi voulu pour son propre mariage mais dont les tarifs étaient, selon Ben, « exorbitants. ») Et aujourd’hui, pour le grand jour, elle avait donc pour objectif de faciliter la vie de la mariée. Et évidemment, en tant que femme d’expérience, elle savait ce dont la mariée avait besoin.

Isobel avait passé la nuit chez son grand-père, après le dîner de répétition d’hier soir. Et ce matin, elles s’étaient toutes réunies pour les préparatifs dans ce salon jaune délavé. La pièce n’était pas immense et était donc remplie : entre la maquilleuse (son assistante était dans la chambre du rez-de-chaussée pour maquiller les demoiselles d’honneur), le coiffeur d’Isobel, l’autre coiffeur qui s’occupait encore une fois des demoiselles d’honneur, Coco qui faisait des allers-retours sur le perron pour passer des appels aux différents prestataires pour coordonner les derniers arrangements, une des assistantes de Coco, qui distribuait le champagne et vérifiait l’heure, l’une des photographes (car l’autre était chez le marié), le vidéaste qui était passé tourner quelques plans des préparatifs, toutes les demoiselles d’honneur, la cousine très enceinte d’Isobel dont elle avait oublié le prénom, les deux cousines qui avaient fait le voile et le fixaient maintenant que le coiffeur avait terminé, tout était bondé. Il y avait un sacré brouhaha, qui fut accentué avec les interventions bruyantes des cousines-qui-brodaient.

Jessica avait vécu la même chose le jour de son propre mariage et s’était sentie oppressée par toute cette cohue et tous ces gens qui voulaient tirer la couverture à eux pour sa journée à elle (comme sa cousine Dottie qui avait annoncé sa grossesse pendant les préparatifs, pour justifier que sa robe de demoiselle d’honneur ne se fermait plus dans le dos. Quel égoïsme ! Elle en était encore fâchée.) Isobel s’était levée pour se plier aux demandes de Maxine et Nicole de prendre quelques photos, laissant échapper un léger rire lorsque l’une des deux l’invita à prendre une pose « mon futur mari ne mérite pas le dixième de la sorcière que je suis. » Jessica bondit à côté des deux jeunes filles, posant un regard suspicieux sur les Pear qu’elles tenaient entre les mains.

« Vous n’allez rien poster sur les réseaux hein ? Personne ne peut voir la robe avant l’église ! »

Elle avait posé ses mains sur ses hanches, bien décidée à garder un œil sur les deux adolescentes (qui, à son sens, n’étaient pas des demoiselles d’honneur donc n’avaient rien à faire là.) Avalon, une amie anglaise d’Isobel, lui avait rendu son verre de champagne, glissant une remarque que Jess n’entendit pas bien. Isy hocha la tête.

« Je vous le dis depuis des années » répondit-elle « mais personne ne me croit. »

Elle prit une gorgée de champagne. Jess la connaissait bien : elle voyait bien à sa mine qu’elle était stressée. Elle était aussi étonnamment silencieuse depuis le début de la matinée. La cousine enceinte – Dominique ? – interpella bruyamment Maxine et Nicole, sans bouger du canapé dans lequel elle était semi-allongée, dans une robe rouge très très moulante pour une femme dans son état. Le tissu satiné était très tendu sur le ventre et faisait des plis sur les cuisses, remontant un peu.

« Hé, ça va, baissez le volume ! On va vous entendre jusqu’au Mississippi là ! »

Elle ajouta quelque chose en français que Jess ne comprit pas mais qui ne fut pas prononcé de manière très sympathique. Coco, la wedding planner, pénétra dans la pièce à ce moment là, l’air fort occupé. Elle s’arrêta en apercevant Isobel, complètement prête.

« Mais qu’est-ce que vous êtes belle ! La plus belle mariée que j’ai jamais vue ! »

Isobel formula à voix haute ce que Jessica avait pensé en entendant cette phrase.

« Vous le dites à toutes vos mariées ça, non ? »

Mais elle avait un sourire sur le visage. Coco secoua la tête en levant les mains devant elle.

« Pas du tout ! Vous êtes renversante. »
« Mais oui » intervint Ellie, un sourire très doux sur le visage. « Tu es splendide Is’, vraiment. »

Elle avait l’air un peu ému et Isobel sembla l’être aussi devant ce compliment si sincère. Les autres demoiselles d’honneur s’empressèrent de l’inonder de compliments, nuée que conclut Coco en frappant dans ses mains.

« Tout se met bien en place en tout cas. Les invités commencent à arriver devant la cathédrale et mon équipe termine la mise en place à l’intérieur. Nous sommes parfaitement à l’heure sur le programme. Tout est dans les temps du côté du futur marié aussi. »

Isobel hocha la tête et souffla en posant ses mains sur sa taille. Jess glissa un bras autour d’elle, en faisant attention à ne pas déplacer le voile épinglé dans son chignon.

« J’étais super nerveuse aussi avant la cérémonie » rappela-t-elle d’un ton d’évidence.

Isy hocha la tête.

« Je sais. Tu nous as beaucoup crié dessus. Surtout quand la photographe a marché sur ta robe. »

Ellie hocha la tête. Blair eut un rire nerveux en repensant à cette horrible matinée. Ellie avait fini en larmes. Emily avait manqué de passer Jess dans l’Hudson.

« Elle aurait pu la déchirer ! » protesta l’ex bridezilla.

Isobel ne répondit rien, elle qui était toujours prompte à répliquer : elle semblait trop nerveuse pour vraiment entrer dans la discussion. En entendant le cliquetis de l’appareil de la photographe, elle se tourna vers elle.

« Il y a une balancelle dans le jardin, au fond. Il y a une photo de moi petite dessus, j’aimerais bien en reprendre une dans ma robe. »
« Ça ne risque pas de salir la robe ? » s’inquiéta Emily en contemplant la soie délicate.
«  Il faut absolument porter la traîne » intervint l’assistante de Coco « même si on va l’ensorceler pour la protéger du sol, il ne faudrait pas que ça s’accroche quelque part. »

Jessica se précipita pour être celle qui allait aider avec la très longue traine cathédrale de la robe de son amie, pendant que l’assistante posait un sortilège sur le tissu pour éviter que son blanc éclatant soit altéré. Elle s’était mariée l’année dernière : elle savait parfaitement ce qu’elle faisait.

****

La cathédrale saint-Louis étincelait sous le soleil de septembre. Il faisait encore très chaud mais plusieurs touristes affrontaient la température pour parcourir les allées arborées de Jackson Square, observant le ballet qui se déroulait sur les marches de l’église. Plusieurs personnes vêtues de noir faisaient des allers-retours, d’impressionnantes composition florales dans les mains. Sur le parvis, plusieurs invités se rassemblaient déjà, cherchant un peu d’ombre. Les conversations étaient encore un peu timides entre les groupes qui ne se connaissaient pas. Un homme en costume trois pièces baissa les yeux sur sa montre.

« Treize heures trente. Plus qu’une demie-heure. »
« Voire plus ! » répliqua une femme avec un fort accent. « Un mariage à la Nouvelle-Orléans ne commence jamais à l’heure !  »  
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeMer 29 Déc 2021 - 21:03
Roy s’aimait beaucoup dans son costume de témoin. On pouvait même dire qu’il se trouvait vraiment très beau et qu’il louait encore une fois le choix du couple des mariés d’avoir choisi le rose pêche pour les costumes des garçons d’honneur. Cette couleur n’allait pas à tout le monde, mais elle seyait parfaitement au teint de Roy qui se le répétait avec satisfaction pour la dixième fois ce matin, en passant devant l’un des miroirs disposés dans le grand salon des Laveau. Amoureux de son propre reflet, il mit un instant à s’en détacher, en écoutant d’une oreille les conversations plutôt agitées des autres hommes autour de lui, sur un sujet éminemment important :

« Dawkins est un excellent poursuiveur chez vous, je te l’accorde, mais notre nouveau gardien est un vrai mur. Record des arrêts de but cette année !
-Record américain. Soyons honnêtes, vous êtes meilleurs joueurs de Wizball que de Quidditch, alors que l’Angleterre est une grande nation du Quidditch, vous passerez pas le premier match… »

C’était à croire qu’un mariage ne se préparait pas ici, tant les hommes présents parlaient de tout sauf de ce sujet. Roy imaginait assez bien que du côté d’Isobel, les choses devaient être bien différentes : il avait notamment rencontré la veille, au dîner de répétition, son amie Jessica qui donnait l’impression d’être celle qui se mariait, tellement elle était à cheval sur chaque détail, à la limite de l’agressivité. Roy l’imaginait assez bien pester sur chaque fil qui pourrait dépasser du voile d’Isobel. Il aurait aimé être là-bas pour voir ce spectacle qu’il trouvait plutôt divertissant, mais aussi pour échanger avec sa meilleure amie qui devait certainement être stressée -sans le montrer évidemment. A défaut de pouvoir s’y rendre puisque son devoir se trouvait parmi les garçons d’honneur, il prit quelques secondes pour envoyer un message Pear à Avalon.

Puisque la conversation sur la Coupe du Monde de Quidditch ne l’intéressait pas spécialement, Roy laissa ce débat entre américains et britanniques sans y participer, mais il lança à Ignacio une boutade sur le sujet :

« Tu ne vas pas défendre ta fière patrie d’accueil ? »

Sans doute pas, car Roy avait pu constater qu’Ignacio était comme tous les américains : beaucoup trop fier de ses origines. Il fut interrompu par une voix polie et douce près de lui :

« Excusez-moi, messieurs, est-ce que par hasard vous avez aperçu la boutonnière d’Abel ? Je l’avais entre les mains, je pensais l’avoir déposée sur cette commode, mais visiblement, elle n’y est plus… »

La première fois que Roy avait croisé Edgar Grant pendant le dîner de répétition, il n’avait même pas eu besoin qu’on le lui dise pour qu’il devine aussitôt qu’il s’agissait du père d’Abel. A part pour la taille -Edgar était plus petit que son fils- les deux hommes se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Il avait toutefois cet air constamment aimable et ouvert qu’Abel, lui, n’avait pas vraiment. Forcément, on avait envie de lui rendre service et puisque c’était de toute manière le travail de Roy pour la journée, il s’y plia :

« Vous avez regardé sur la table basse ? Je l’ai aperçue là-bas, je crois.
-Ah, vous avez raison ! Je suis beaucoup trop étourdi, pardonnez-moi, je passe mon temps à semer les objets que j’ai entre les mains… Merci beaucoup, heureusement que vous êtes plus attentif que moi. »

Roy hocha la tête en songeant que décidément, à part leur physique, père et fils ne partageaient pas grand-chose : Abel n’était pas non plus le genre à passer son temps à se répandre en excuses et en remerciements.

« Et voilà, c’est accroché. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

Isaac daigna sortir de sa conversation passionnée sur le Quidditch pour observer Abel, qui venait d’ajouter le dernier accessoire à sa tenue, une fleur blanche en guise de boutonnière.

« C’est parfait ! » Il fit mine d’applaudir, rejoint par quelques uns des cousins d’Abel présents dans la pièce. « Quelle beauté ! »

Il ajouta un sifflement qui en fit rire certains. Abel reçut tour à tour des boutades et des compliments de ces garçons d’honneur, tandis qu’Edgar leur proposait de se resservir en champagne. Roy prit le prétexte d’apporter un verre à Abel pour s’approcher de lui et le prendre à part. En lui tendant le verre, il en profita pour lui poser une question qu’il avait en tête depuis la veille, d’une voix discrète :

« Alors, Isobel a réagi comment en voyant le collier ? »

A cette question, quelque chose sembla s’illuminer dans le regard d’Abel.

« Elle a adoré. Elle ne s’y attendait pas du tout. Elle était très émue. »

Un sourire largement victorieux prit place sur le visage de Roy. Il fut avide de davantage de détails :

« Tu lui as raconté nos déboires ?
-Oui. Ça l’a fait beaucoup rire. Mais je crois qu’elle ne m’a pas cru pour la moitié du récit.
-Ha ha ! J’enfoncerai le clou en lui racontant tout alors. »

Abel hocha légèrement la tête, avec l’un de ces espèces de micro-sourires qu’il avait parfois.

« Merci encore pour ton aide. Ça aurait été compliqué de le faire seul. »

Des remerciements d’Abel Laveau en personne, cela valait son pesant de Galions ! Roy les reçut avec un sourire narquois.

« Impossible, tu veux dire ! Mais ça m’a fait plaisir. »

Il se permit de donner une petite tape amicale sur le bras du marié, un geste qu’il n’aurait jamais fait quelques semaines plus tôt encore. Isobel avait certainement du croire à un miracle en découvrant son fiancé la vieille, lui offrir un dernier cadeau hautement symbolique pour la veille de leur mariage : un très joli collier serti d’un lapis-lazuli qui avait appartenu à sa grand-mère bien aimée, Anne Lavespère. Cette dernière l’avait reçu en cadeau pour son propre mariage, mais avait été plus tard contrainte de le vendre, à une époque de sa vie maritale très difficile financièrement parlant. Abel, qui connaissait cette histoire, s’était mis en tête de le retrouver afin de l’offrir à Isobel et compléter ainsi une vieille tradition des mariages américains : posséder quelque chose d’ancien et de bleu.

En découvrant que le collier avait été vendu à un prêteur sur gages au fin fond du Mexique, qui ne parlait pas un mot d’anglais, Abel avait fini par demander l’aide de la seule personne de son entourage qui maitrisait cette langue et avait de surcroit des talents avérés en négociation commerciale. Roy avait été très surpris par sa demande, mais il avait rapidement accepté, d’abord par loyauté envers Isobel qui méritait d’avoir ce cadeau, mais aussi dans le but de montrer à Abel qu’il tenait suffisamment à Isobel pour faire l’effort de travailler avec lui malgré leurs dissensions.

Le résultat avait été au-delà de ses espérances, puisque cette aventure les avait rapprochés suffisamment pour qu’ils se retrouvent à plaisanter ensemble le jour du mariage, alors que quelques mois plus tôt, Roy doutait encore de pouvoir être leur témoin.

Pour le moment, tout s’annonçait pour le mieux en cette belle journée de fête.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2376
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeMar 4 Jan 2022 - 20:14
Your heart is all I own [mariage Isabel] Adelin10
Adeline Laveau, 66 ans, mère d'Abel

Adeline avait imaginé courir à droite à gauche le jour où son fils se marierait, comme les parents le faisaient souvent dans ces situations. Elle s’était plusieurs fois projetée dans cette journée, elle s’était imaginée diriger des préparations, organiser le travail de toute la famille qui contribuerait à la fête, tout ce travail qu’elle avait, au fond, toujours aimé faire. Le rôle de grande prêtresse de coven lui seyait bien, car elle s’était toujours naturellement soucié de la bonne organisation des choses et elle n’avait pas de difficultés à se faire entendre dans la cohue que pouvaient parfois être les regroupements de famille.

Mais elle devait l’avouer, le mariage d’Abel ne se déroulait pas vraiment comme elle l’avait imaginé. Son fils lui avait rapidement dit que tout serait organisé par une société professionnelle -qu’il payait trop cher au goût d’Adeline-, qu’elle n’aurait rien à faire et qu’elle aurait donc tout le temps de profiter de la fête. Adeline s’était trouvée quelque peu déstabilisée par cette annonce. Elle ne pouvait nier que c’était plaisant d’avoir l’esprit assez libre pour jouir des festivités comme tous les invités, mais d’un autre côté, elle se sentait un peu frustrée de n’avoir pas pris beaucoup part à la mise en place du mariage, comme elle s’était imaginée le faire en tant que mère.

Elle avait donc sauté sur chaque occasion de se rendre utile, ne manquant jamais de répondre aux questions d’Abel quand il en avait, de lui demander régulièrement s’il avait besoin de quelque chose. Elle avait coordonné la famille Laveau sur le choix des cadeaux de mariage de la liste faite par les fiancés, participé au choix de la robe d’Isobel et du costume d’Abel, donné une contribution financière sur l’enveloppe globale, et c’était à peu près tout.

Toujours animée par ce besoin de se rendre utile, elle faisait actuellement le tour de la cathédrale, pour surveiller l’installation des arrangements floraux. Sur ses talons, sa soeur cadette Gabrielle l’interrogeait :

« Abel est sensé venir dans combien de temps ?
-Une trentaine de minutes. Il viendra avec son père et les garçons d’honneur, on va l’attendre directement ici.
-Il y a déjà des invités dans la cour, on ferait mieux d’aller les accueillir en attendant… 
-J’arrive dans quelques minutes. »

Après s’être assurée que les livrets de messe étaient bien en place, Adeline sortit sur le parvis, sans manquer de déployer son ombrelle pour se protéger du soleil, au plus haut dans le ciel. Ils n’avaient pas choisi l’heure la plus clémente pour un mariage en cette fin d’été. Le regard de la prêtresse balaya les lieux, elle adressa un signe de tête aux quelques invités qui avaient fait l’effort de venir en avance, alla en saluer certains. Après ce petit tour de politesse, elle revint près de Gabrielle et glissa un commentaire critique, avec un regard lourd de sens :

« Pas une seule Lavespère en vue… »

Si Adeline avait essayé de s’impliquer du mieux qu’elle pouvait dans ce mariage, elle n’avait pas vu la famille d’Isobel en faire de même, à l’exception de son grand-père André. Mais les hommes n’avaient que peu de place dans ce type d’événement, les femmes s’occupaient de tout, traditionnellement. Isadora Lavespère, qui était la grande prêtresse de leur coven, n’avait de toute évidence pas cherché à en faire un sujet important.
Ignacio Walker
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
Messages : 193
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeMer 2 Fév 2022 - 20:53
Ignacio avait été agréablement surpris lorsqu’Abel et Isobel lui avaient proposé d’être garçon d’honneur à leur mariage. Il avait accepté – évidemment – et avait pris part à plusieurs évènements tout au long de la préparation de ce mariage. L’enterrement de vie de garçon d’Abel, l’essayage de son costume, le dîner de répétition… S’il avait d’abord été étonné qu’on lui offre la possibilité d’occuper une telle place, il devait avouer qu’il en était plutôt honoré. Cela lui avait fait un choc, évidemment, de découvrir qu’Isobel était sa demi-sœur. Ils avaient mis du temps, tous les deux, à faire fonctionner leur nouvelle relation mais Ignacio avait l’impression qu’ils y étaient parvenus. Au fond, ils se ressemblaient un peu tous les deux, alors ce n’était pas bien difficile. Avec Elijah, cela semblait plus compliqué. Son père lui en avait déjà touché deux mots, après des mots qu’il avait eu à l’égard d’Isobel et qui l’avait visiblement heurté. Ignacio avait simplement conseillé à son père de laisser à Isobel le temps et l’espace nécessaire pour digérer cette nouvelle composante dans sa vie, en songeant que si sa mère était réapparue dans son quotidien, il se serait probablement montré bien plus froid et distant que la jeune femme.

Elijah semblait avoir écouté ses conseils – son père était un homme qui parlait facilement de ses émotions (parfois, Ignacio doutait qu’ils soient effectivement liés par le sang) alors se taire n’était pas une chose aisée pour lui. Il avait paru cependant très touché d’assister au mariage d’Isobel et s’était montré particulièrement intéressé lorsqu’Ignacio avait mentionné venir accompagné. Son fils n’avait pas pour habitude de lui présenter ses compagnes, aussi ne s’était-il pas privé pour lui poser des questions – questions auxquelles Ignacio avait répondu de manière assez vague.

Il fallait dire que la situation n’était pas particulièrement évidente. Joséphine et lui étaient ensemble – vraiment ensemble, désormais, et ils mettaient un point d’honneur à respecter cette décision qu’ils avaient prise – mais la composante du mariage planait toujours au-dessus d’eux. Le fait que sa compagne soit enceinte d’un autre homme n’aidait en rien à expliquer les choses simplement. Il avait mentionné cette grossesse à son père – aux Etats-Unis, les parcours de GPA étaient beaucoup plus courants qu’en Angleterre, il ne s’était donc pas montré particulièrement surpris. Quant à la question du mariage… Ignacio l’avait plus ou moins passée sous silence, ne souhaitant pas donner à croire à son père que son couple avec Joséphine ne reposait que sur une vision. Il avait simplement évoqué la possibilité d’une union prochaine, sans laisser la possibilité à Elijah de le questionner davantage.

Il se doutait que ce moment finirait de toute manière par arriver au cours de la journée. Pour le moment, il s’inquiétait surtout pour Joséphine, qui attendait avec les autres invités vers la cathédrale – à tout moment, son père se décidait à avoir une petite conversation en tête-à-tête avec celle qui allait devenir sa belle-fille. Ignacio, quant à lui, était installé avec Abel et les autres garçons d’honneur et attendait patiemment que le marié finisse de s’habiller. Lui-même avec revêtu un joli costume pêche, qui soulignait à la fois la couleur de sa peau et celle de ses yeux. Il suivait de loin une conversation sur la coupe du monde de Quidditch qui serait lancée sous peu sur le territoire anglais et répondit à la remarque de Roy par un regard chargé d’évidence : bien sûr que non, il n’allait pas défendre les couleurs de l’Angleterre.

« Cela dit, » intervint Ignacio dans la conversation, « les anglais sont incapables d’avoir une équipe correcte de Wizball, alors que les américains ont des équipes nationales dans les deux sports. » Car ils étaient polyvalents, eux.

Leur débat fut coupé par quelques applaudissements et sifflements appréciateurs destinés à Abel, désormais prêt à se rendre à la cathédrale. Ignacio profita d’un moment où l’attention du marié était accaparée par Roy pour envoyer un message à Joséphine. Il rangea son Pear dans sa poche en se relevant du canapé dans lequel il était assis, et se dirigea vers Abel, qui se tenait debout près d’un imposant buffet en bois.

« Tout est prêt. » lui annonça Ignacio qui avait consulté un canal de conversation que partageaient les garçons d’honneur avec les demoiselles d’honneur – qui se trouvaient en ce moment-même en compagnie de l’assistante de Coco, la wedding-planneuse du jour. Jessica (cette femme terrifiante) venait de leur annoncer que la cathédrale était prête pour la célébration. « Tu te sens comment ? » s’enquit-il en posant une coupe de champagne vide sur le meuble, à côté de deux autres. Abel, comme à son habitude, paraissait tranquille, presque serein (Ignacio se doutait qu’Isobel, de son côté, n’avait pas exactement la même attitude).

Ils ne purent échanger que quelques mots – pendant lesquels Ignacio plaisanta sur son propre mariage (il était comme ça maintenant, plein d’humour sur sa situation maritale compliquée) – avant que le père d’Abel ne les appelle tous pour les inciter à sortir et à se rendre à la cathédrale.

Le soleil brûlant les accueillit à l’extérieur.



I bet my life on you
I've told a million lies but now I tell a single truth, there's you in everything I do
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeJeu 3 Fév 2022 - 20:37
Un soleil de plomb tapait dans la petite cour qui jouxtait la cathédrale où aurait bientôt lieu le mariage d'Isobel et Abel. Joséphine était arrivée un quart d'heure plus tôt, en compagnie d'Ignacio qui avait dû l'abandonner pour rejoindre les garçons d'honneur. Quelques autres invités étaient également en avance et elle essayait justement d'éviter le regard d'un employé du Ministère qui ne cessait de jeter des coups d'oeil dans sa direction. Elle l'avait évidement reconnu puisqu'il s'agissait d'un de ses anciens clients réguliers, qui devait être un collègue d'Isobel. Les seules personnes qu'elle connaissait parmi les invités étaient donc cet ancien client ainsi que ses anciens employeurs. Formidable.

La jeune femme essaya de chasser sa mauvaise humeur pour se concentrer sur le positif. Aujourd'hui était une belle journée, qui célébrait l'amour. Elle avait toujours adoré les mariages, depuis toute petite. Elle aimait les jolies salles de réceptions richement décorées, les immenses bouquets de fleurs, les robes de princesse et toutes les traditions qui allaient avec. Pourtant cette fois-ci elle avait du mal à se mettre pleinement dans l'ambiance. Elle ne savait pas si cela était lié à la perspective de son propre mariage à venir qui continuait de lui occuper l'esprit ou au fait qu'elle soit enceinte de presque cinq mois.

Elle avait du se résoudre à acheter une tenue de cérémonie au rayon grossesse après avoir réalisé qu'elle ne rentrait plus dans une seule de ses anciennes robes. Jusque très récemment, elle avait toujours réussi à plus ou moins dissimuler son ventre sous des vêtements un peu amples mais cela devenait de plus en plus compliqué. Après avoir essayé plusieurs robes larges absolument pas flatteuses, elle avait finalement pris le parti opposé et s'était rabattue sur une robe moulante qui soulignait l'arrondi de son ventre plutôt que d'essayer vainement de le cacher.

Par habitude, elle glissa une main sur son ventre et guetta les mouvements du bébé. Elle avait découvert avec surprise la sensation étrange de le sentir bouger, quelques semaines plus tôt, et il semblait s'agiter un peu plus de jour en jour, ce qui était apparement bon signe.

Elle sentit son Pear vibrer dans son sac à main à perles mais n'eut pas le temps de le consulter car un homme d'une cinquantaine d'année s'approchait d'elle, un peu hésitant. Il avait le visage à moitié mangé par des tâches de rousseur, qui devaient ressortir sous le soleil de Louisiane, et des cheveux roux.  

"Miss, est-ce que vous voulez vous asseoir ?"

Il lui désigna un banc situé à l'ombre d'un arbre, au fond de la cour. Joséphine supportait encore plutôt bien de se tenir debout, mais elle commençait à avoir sérieusement chaud et accepta la proposition avec un sourire. Elle fut un peu surprise que l'homme l'accompagne jusqu'au banc en question -elle ne pensait pas avoir l'air si fragile que ça- et encore plus quand il prit place à côté d'elle.

"Vous connaissez mon fils, je crois ?"

Joséphine l'observa avec un sourire un peu figé, sans savoir quoi répondre. Elle connaissait les fils de beaucoup de personne, il allait devoir être un peu plus précis.


Your heart is all I own [mariage Isabel] Signature-Jo
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2376
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeMar 8 Fév 2022 - 18:15
Your heart is all I own [mariage Isabel] Owen0210
Elijah Walker, historien, père (curieux) d'Ignacio Walker et d'Isobel Lavespère

Elijah avait déjà pu admirer la magnifique cathédrale Saint-Louis lorsqu’il était venu à la Nouvelle-Orléans, des années auparavant. Il avait parcouru ces rues pavées, avait admiré l’architecture des immeubles colorés, s’était intéressé à la magie telle qu’elle était pratiquée ici. Il avait fait des rencontres intéressantes, ici, dont certaines lui avaient permis de rédiger une partie de sa thèse de recherche. Et puis il avait rencontré Sophie Lavespère. De cette rencontre était née, à son insu, la future mariée du jour.

Elijah était arrivé à la Nouvelle-Orléans la veille. Il avait posé ses valises dans un hôtel du centre-ville, malgré lui un peu nerveux de la journée du lendemain. Il sentait qu’il n’avait pas toujours le bon positionnement avec Isobel et qu’il avait même déjà eu à son égard des mots malheureux. Il ne savait pas toujours comment s’y prendre, alors qu’il avait le véritable souci de bien faire. Il s’en était ouvert à Ignacio quelques semaines auparavant et ce dernier lui avait simplement conseillé de laisser du temps et de l’espace à Isobel. Ce n’était pas évident pour lui, parce que ses questions ne trouvaient aucune réponse et que cela le tourmentait parfois véritablement, mais il essayait. Il s’était mis légèrement en retrait pour rester dans l’espace qu’Isobel lui accordait.

Il était touché d’assister à son mariage avec Abel, bien qu’un peu nerveux de cette célébration. Il tâchait de se concentrer sur l’aspect positif de la journée ; malgré leur relation naissante et encore balbutiante, il s’apprêtait à assister au mariage de sa fille. Mariage auquel Ignacio avait participé de façon active, en tant que garçon d’honneur. Cette pensée lui tira un sourire ; il aimait l’idée qu’Ignacio et Isobel se soient trouvés.

Il avait pu discuter un peu avec son fils quelques jours plus tôt, au téléphone. C’était avec une surprise immense – et le mot était faible – qu’il avait appris qu’il serait accompagné au mariage par sa compagne. Ignacio n’avait dit « petite-amie », il avait dit « compagne » avec le sérieux d’un homme proche de l’engagement. Comme à son habitude, Ignacio ne s’était pas montré très loquace ; il avait mentionné qu’ils avaient récemment emménagé ensemble et avait laissé sous-entendre que la question du mariage se posait. Elijah n’avait obtenu aucune réponse à ses questions – à part des « on en parlera de vive-voix, papa ». Et à la question « Bon, et parle-moi de Joséphine, alors, comment elle est ? » Ignacio avait eu un long temps de réflexion avant de lui répondre : « Elle est assez incroyable. Elle te plairait, beaucoup. » Puis il avait hésité un moment. « Elle est enceinte aussi. » Elijah était resté silencieux, suffisamment longtemps pour qu’Ignacio enchaîne : « Pas de moi. C’est compliqué. »

C’était donc avec curiosité qu’Elijah observait la foule sur le parvis de la cathédrale, cherchant du regard une jeune femme rousse, enceinte. Ce fut sans difficulté qu’il trouva la fameuse Joséphine, dont le ventre arrondi était souligné par sa robe. Il eut un instant d’hésitation, puis se décida à se diriger vers elle. Il l’accompagna jusqu’à un banc ombragé sur lequel ils s’installèrent tous les deux.

« Ignacio Walker » précisa-t-il avec un sourire bienveillant, « je suis Elijah Walker, son père. Enchanté. » ajouta-t-il. « J’aimerais vous dire que j’ai beaucoup entendu parler de vous, mais ce serait mal connaître Ignacio. » déclara-t-il avec un petit rire. « Mais le peu qu’il a pu me dire m’a donné envie de vous rencontrer. Et puis, » lui glissa-t-il avec un sourire, « accompagner une femme enceinte sur un banc à l’ombre est aussi une excuse parfaite pour échapper au soleil sans m’attirer les regards moqueurs de tous les Louisianais. »


Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeDim 13 Fév 2022 - 8:40
L'inconnu bienveillant se révéla être le père d'Ignacio. Joséphine accueillit cette information avec surprise, les deux hommes ne se ressemblaient pas du tout même si, maintenant qu'elle le savait, elle arrivait à deviner un petit air de famille.

"Joséphine, se présenta-t-elle, même si Elijah Walker semblait déjà détenir un minimum d'informations à son sujet. Enchantée. J'ai peut-être plus entendu parler de vous que vous n'avez entendu parler de moi."

Son compagnon l'avait prévenu que son père serait présent à la cérémonie et Joséphine s'était contenté de cette information, sans chercher à savoir ce qu'Ignacio avait dit ou non à son père. Elle n'avait pas songé à l'hypothèse dans laquelle ils se retrouveraient en tête-à-tête et où elle devrait lui faire la conversation, seule. Elle n'avait donc pas la moindre idée des sujets qu'elle pouvait aborder. Etait-il au courant de leur futur mariage ? Du fait qu'elle soit mère-porteuse pour un autre homme ? Elle n'en savait rien, mais comprenait à quel point son futur beau-père pouvait être curieux à son sujet.

Dans sa jeunesse, Joséphine avait souvent été considérée comme la belle-fille idéale. Elle venait d'une bonne famille, était polie, bien élevée, elle était sociable et agréable. Les parents de Camille l'avaient toujours adorée et avaient souvent été jusqu'à prendre son parti face à Constantine. Elle avait été l'adolescente que tous les parents auraient aimé voir au bras de leur fils. Les choses étaient bien différentes aujourd'hui et elle avait conscience de ne plus vraiment avoir le profil de la belle-fille parfaite.

Elle sourit quand Elijah plaisanta au sujet du soleil de Louisiane et sauta sur cette occasion pour l'interroger. Il y avait mille questions qu'elle aurait voulu lui poser, ne serait-ce qu'au sujet du mariage qu'ils célébraient aujourd'hui. Etait-il heureux d'assister à l'union de cette fille qu'il n'avait pas connu ? Avait-il pu rattraper le temps perdu avec Isobel, avaient-ils réussi à créer de véritables liens ? Aurait-il aimé la connaitre plus tôt ? C'était des sujets qui l'intéressaient d'autant plus maintenant qu'elle s'apprêtait elle-même à donner naissance à un enfant qu'elle ne connaitrait pas, mais qu'elle jugeait bien trop personnels pour une première rencontre. Elle opta sagement pour une question d'apparence plus superficielle.

"Votre honneur est sauf, commenta-t-elle avec un sourire en balayant les invités du regard. Personne n'oserait se moquer de cet homme serviable qui proposait son aide à une femme enceinte. Vous connaissez bien la Louisiane ?"

Elle se demandait si la rencontre du père d'Ignacio avec la mère d'Isobel était le fruit d'un bref voyage ou d'une idylle plus sérieuse.


Your heart is all I own [mariage Isabel] Signature-Jo
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2376
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeDim 13 Fév 2022 - 19:04
Your heart is all I own [mariage Isabel] Owen0210
Elijah Walker, historien, père (curieux) d'Ignacio Walker et d'Isobel Lavespère

Elijah était évidemment très curieux de rencontrer Joséphine ; il fallait dire que son fils n’était jamais très loquace lorsqu’il s’agissait de sa vie personnelle. A l’adolescence, il était devenu très secret et lui tirer la moindre confession s’avérait être une tâche complexe, alors qu’il était un enfant assez ouvert, avant cela. Elijah s’était souvent demandé d’où provenait cette méfiance, si elle était intrinsèque à son caractère ou si elle était liée à un évènement extérieur dans la vie de son fils. Parfois, il se disait qu’il n’avait pas su gérer l’adolescence de son fils et qu’à une période, c’était d’une mère dont il avait eu besoin, pas de son père qui ne comprenait rien et qui ne lui ressemblait pas. Ignacio tenait davantage de sa mère – physiquement, évidemment, mais pas que. Il avait cette même réserve qu’Alice et il se dégageait de lui une force tranquille similaire à celle de son ex-femme. Alors, Elijah se disait que peut-être, les choses auraient été différentes pour Ignacio s’il avait pu avoir quelqu’un à qui parler quand il refusait de lui adresser un mot. Peut-être aurait-il pris un chemin différent, fait des choix différents.

Souvent bien malgré lui, ses pensées dérivaient vers Alice, qu’il n’avait pas vu depuis plus de trente ans maintenant. Elle était partie du jour au lendemain, après une dispute de trop. Elijah avait longtemps cru qu’elle reviendrait, ou du moins qu’elle montrerait un signe de vie. A chaque anniversaire d’Ignacio, il s’était surpris à guetter la porte d’entrée avec ce fol espoir qu’elle la franchirait, les bras chargés de cadeaux. Mais elle n’était jamais venue. Petit, Ignacio posait beaucoup de questions sur sa mère, auxquelles Elijah s’efforçait de répondre sans laisser son ressentiment prendre le pas sur son objectivité. Quand Ignacio avait huit ans, il lui avait demandé pourquoi sa mère l’avait abandonné et si c’était vrai, qu’elle ne l’aimait pas. Quand il avait eu douze ans, il avait cessé d’en parler ; comme si Alice n’avait jamais fait partie de sa vie.

Elijah et Ignacio n’en parlaient jamais, désormais. Parfois, Elijah hésitait à aborder le sujet mais quelque chose le retenait, comme s’il avait peur de verser du sel sur cette plaie qu’il ne sentait pas très bien cicatrisée. Il avait peur qu’Ignacio se referme, comme il l’avait longtemps fait. Alors il évitait le sujet, brodait autour, ne disait rien et laissait son fils venir à lui avec cette pudeur et cette réticence qu’il connaissait désormais bien.

« Tant mieux, » confia-t-il avec un sourire, « malheureusement je ne suis pas un grand adepte du soleil. » Sa peau blanche parsemée de taches de rousseur et ses cheveux roux parlaient pour lui. « Un peu, » répondit-il à sa question, « je suis venu ici il y a… Eh bien, il y a trente-quatre ans. » Exactement l’âge de la mariée, donc. « Je suis historien de la magie, j’étais venu ici écrire ma thèse sur la pratique du vaudou. J’y ai passé quelques temps, c’est ici que j’ai rencontré la mère d’Isobel. » Il se doutait qu’Ignacio avait dû raconter à Joséphine cette folle histoire de demi-sœur retrouvée. « C’est un très bel endroit. » assura-t-il en observant Joséphine. « Vous étiez déjà venue aux Etats-Unis avant ? »
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeMar 15 Fév 2022 - 8:16
Il était assez facile de faire la conversation avec Elijah, remarqua Joséphine. Il semblait beaucoup plus bavard que son fils. Elle qui avait craint de ne rien avoir à lui dire se retrouvait avec des dizaines de questions qui se bousculaient à ses lèvres.

"C'était quoi, le sujet de votre thèse ?" l'interrogea-t-elle, réellement curieuse.

La voyance, même si elle était pratiquée de façon ponctuelle en magie occidentale, était surtout présente dans la magie vaudou. Il n'était pas impossible que l'historien en sache plus au sujet de son don que Joséphine elle-même, qui n'avait jamais vraiment consacré de temps à l'étude théorique de la divination. Elle ne s'était pas intéressée, à l'époque, aux différentes pratiques de la voyance qui existaient autour du monde, ni aux études menées sur le sujet. Elle le regrettait un peu aujourd'hui, et ces regrets avaient permis à Constantine de l'attirer jusque dans une cellule à Skye dans le but désespéré de comprendre ce pouvoir qui avait tendance à lui échapper. Si elle avait été mieux informée, peut-être aurait-elle pu s'éviter cet épisode particulièrement désagréable.

La jeune femme hocha doucement la tête quand Elijah lui expliqua que c'était justement dans le cadre de ses recherches qu'il avait rencontré la mère d'Isobel, trente-quatre ans plus tôt. Ignacio lui avait évidement raconté comment il avait découvert que la mariée était sa demi-soeur mais, fidèle à lui même, il ne s'était pas étendu sur les détails de cette histoire familiale à propos de laquelle Joséphine était assez curieuse.

"Est-ce que vous avez su, à l'époque, qu'elle attendait un enfant ?"

Une fois sa question posée, elle réalisa que son futur beau-père allait peut-être y voir une forme de jugement, alors qu'elle aurait été bien mal placée pour lui reprocher d'avoir abandonné son enfant.

"Je...Je ne vais pas élever le bébé, c'est pour ça, se justifia-t-elle en baissant les yeux sur son ventre arrondis. Mais vous n'êtes pas obligé de me répondre, je suis trop curieuse."

Le sujet de sa grossesse arrivait dans la conversation bien plus tôt qu'elle ne l'aurait voulu, mais elle savait qu'il aurait inévitablement été abordé, tôt ou tard. Elle fréquentait Ignacio, avec qui elle vivait désormais, et était enceinte d'un autre homme. Elle tenait à faire une bonne impression auprès d'Elijah, dont elle estimait qu'il avait droit à un minimum d'informations, et n'était pas certaine de ce que son fils lui avait partagé.

Elle n'avait pas eu l'occasion d'aborder le sujet de la GPA avec beaucoup de monde. Elle restait en général assez évasive sur le sujet de sa grossesse et seules quelques rares personnes étaient au courant du projet. Elle avait souvent eu droit à des réactions mêlées de curiosité et d'incompréhension. On lui avait dit qu'elle était courageuse, que ce serait difficile pour elle d'abandonner son enfant, des phrases qui étaient à mille lieux de son ressenti personnel. Elle n'avait jamais envisagé ce bébé comme le sien, alors même qu'elle lui avait transmis ses gênes, et envisageait la séparation plutôt sereinement, même si la perspective de l'accouchement commençait à l'inquiéter un peu.

Une part d'elle espérait presque qu'Elijah ait consciemment décidé de repartir en Angleterre en laissant derrière lui un enfant à naitre, juste pour avoir l'opportunité de discuter avec quelqu'un qui avait renoncé à un enfant, comme elle s'apprêtait à le faire.


Your heart is all I own [mariage Isabel] Signature-Jo
Abel Laveau
Abel LaveauArchimage urbaniste
Messages : 439
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeDim 27 Mar 2022 - 15:44
Il n'y avait pas l’ombre d’un voile d’anxiété sur le visage d’Abel. Il s’était pourtant préparé à ce que ce soit le cas : tout le monde lui avait dit que le jour du mariage était toujours très stressant pour les mariés, qu’il aurait peut-être des doutes juste avant d’aller à l’autel, que c’était normal, qu’il ne fallait pas paniquer. Abel avait songé que peut-être son calme habituel serait mis à l’épreuve par cette journée très importante et unique, qui allait rassembler beaucoup de monde. Maintenant qu’il y faisait face, il constatait qu’il ne ressentait même pas le poids dans l’estomac qu’il pouvait ressentir au moment d’un jury de concours pour un gros projet d’architecture. Le sentiment prédominant était au contraire une sérénité immense qui le rendait plus souriant que d’habitude. Il se sentait bien, apaisé, en total accord avec ce qu’il s’apprêtait à faire.

Bien sûr, il y avait quelques sujets angoissants dans sa tête, concernant principalement le déroulé de la cérémonie et il se posait des questions. Est-ce que les invités apprécieraient la fête ? Est-ce que tout allait se dérouler comme prévu ? Est-ce qu’il allait réussir à déclamer ses voeux très personnels face à une si grande assemblée de personnes, à l’église ? Il n’avait pas la réponse à toutes ces questions mais il sentait au fond de lui que ce n’était pas très grave, ce n’était pas le plus important. Il avait la conviction ancrée en lui que la seule chose qu’il attendait de cette journée était de dire oui face à Isobel, sa meilleure amie, son amour de toujours. Le reste n’était que du bonus, dont il ne retiendrait que le positif et dont il oublierait rapidement le négatif.

Alors il se sentait tranquille dans cette chambre qu’il occupait avec ses témoins, à attendre qu’on vienne leur dire qu’ils pouvaient partir. Quand Antoine, le cousin d’Isobel, vint frapper à leur porte pour leur dire que c’était l’heure, Abel se leva de sa chaise sans hésiter et lissa la veste de son costume gris. Son ami Isaac l’apostropha sur un ton plaisantin :  

« Alors prêt à dire oui devant toute ta famille ? Tu vas pas nous faire un rétropédalage de dernière minute ? »

Abel secoua la tête, pas surpris que son meilleur ami le titille jusqu’au bout, et répondit simplement :

« Je suis prêt. »

Il l’était depuis des mois et toutes les personnes qui connaissaient bien Abel le savaient : quand il décidait quelque chose, il allait au bout.

Quand il se retrouva devant le parvis de l’église, quelques minutes plus tard, il se sentit donc tout aussi résolu, et même assez impatient à l’idée de monter les marches. Au moment où il pénétra dans la nef, il sentit les regards se tourner vers lui et les éclats de voix se changer en murmures. Se sentir brusquement au centre de l’attention lui fit un effet étrange, pas totalement confortable, mais pas désagréable pour autant. L’allégresse qu’il ressentait de se trouver ici, prêt à se marier, surpassait le reste et lui faisait surmonter son habituelle réserve. Par ailleurs, il avait toujours accordé une grande importance à la famille, une valeur que ses parents lui avaient largement transmise, alors il était heureux de voir tous ses proches réunis et de voir que beaucoup de Lavespère avaient fait l’effort de venir, même pour Isobel qui avait longtemps été répudiée.

Pour ce jour, les conflits et les chamailleries qui traversaient leurs covens n’existaient pas ou en tout cas, Abel y serait aveugle. C’était le jour de leur union, une union sacrée, importante, entre deux membres importants de leurs covens respectifs, descendants directs de grandes prêtresses. C’était forcément un jour de célébration, une preuve que la bonne entente souvent mise à l’épreuve entre Laveau et Lavespère pouvait malgré tout produire de très belles choses. Si les sorcières les plus jeunes et les plus ambitieuses n’avaient pas forcément conscience de cela, les plus âgées et les plus sages mesuraient très bien le poids et le symbole d’une telle union qui ne pouvait qu’aider à raffermir les liens entre leurs covens, ce qui était dans l’intérêt de tous. Il vit dans les regards de ses aînées, ses grandes tantes, celles d’Isobel, une lueur de gravité et de fierté particulière qui réchauffèrent son coeur.

Une fois arrivé à hauteur de l’autel, il échangea un regard avec ses témoins et garçons d’honneur avant de se placer devant eux. Quelques minutes plus tard, une musique s’éleva dans les airs, donnant un signal que tout le monde comprit. Les murmures se turent tout à fait, les regards se tournèrent vers l’entrée de la nef. A cet instant seulement, Abel ressentit une bouffée d’adrénaline. Une adrénaline délicieuse, mêlée d’impatience, tandis que ses yeux cherchaient la silhouette de la femme qu’il s’apprêtait à s’épouser.

Sur ce moment également, il avait eu beaucoup de récits de ses cousins et ses amis qui s’étaient mariés. Des récits qui lui avaient semblé être à de la science-fiction, tant ils étaient dithyrambiques. Abel, tout rationnel qu’il était, cessa de ne pas y croire à l’instant où Isobel pénétra dans l’allée. Il vit, il comprit, il éprouva cette lumière éblouissante qui semblait entourer la mariée et dont on lui avait fait des éloges. Il lui sembla même que les mots qu’on lui avait énoncés n’étaient pas assez forts pour décrire la réalité. Happé par la beauté de sa fiancée, il ne bougea pas d’un millimètre mais dans son regard se lisait déjà l’élan d’amour qui le prenait, si immense que même lui, Abel Laveau, l’imperturbable, fut étonné de réussir à le contenir. Et s’il n’y eut pas dans ses yeux les larmes brillantes qu’on voyait souvent chez les mariés, il y eut en revanche sur ses lèvres un sourire éclatant que personne n’avait encore jamais vu chez lui avant cet instant.


Abel Laveau
« We were just kids when we fell in love, not knowing what it was »
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
Messages : 1166
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeSam 20 Aoû 2022 - 0:30
C’était une belle journée de septembre. L’été indien était bien installé à la Nouvelle-Orléans. Il avait plu pendant la nuit, ce qui avait rafraichi l’atmosphère étouffante de la veille. Abel et elle avaient vu les premières gouttes tomber lorsqu’il l’avait raccompagnée chez son grand-père après leur dîner de répétition. Ils avaient marché main dans la main dans les rues du Carré français, savourant leurs derniers instants en tant que fiancés. Il lui avait donné un dernier baiser sur le perron et ils s’étaient donné rendez-vous à l’autel, ce matin. Cela la faisait sourire rien que d’y penser : ils avaient respecté toutes les règles traditionnelles pour ce mariage, officiellement pour faire plaisir à leurs familles, officieusement parce que c’était amusant, un peu, tout ce cérémonial. Alors comme il se devait, Abel se préparait chez sa mère et elle était ici, dans la maison de son grand-père, avec toutes ses demoiselles d’honneur, certaines de ses cousines, les prestataires. Cela faisait beaucoup de monde, beaucoup d’animation et elle avait demandé un petit temps pour elle, un temps seule.

Après avoir pris les photographies sur la balancelle, tout le monde s’était donc retiré à sa demande. L’assistante de Coco avait placé plusieurs sortilèges de protection afin que sa robe et son voile ne prennent pas la poussière et en fait fait léviter les longues traines. Isobel voyait bien que les rideaux derrière les fenêtres bougeaient à intervalles régulières, signe qu’elle était très observée. Soupirant, elle posant ses mains sur les chaines métalliques de la balancelle, levant les yeux vers le ciel. Elle ferma les yeux quelques secondes, savourant le rayon de soleil qui tombait sur son visage. Elle prit quelques instants pour penser à sa grand-mère, dont la présence lui manquait particulièrement à cet instant précis. Elle aurait voulu qu’elle la voit, qu’elle encercle son visage de ses mains comme elle faisait souvent, pour lui dire qu’elle l’aimait. Elle pensa à Michelle également, qui avait toujours dit qu’Abel et elle se marierait. Elle aurait été demoiselle d’honneur, elle aurait été dans le salon avec Maxine, Nicole, Joséphine et ses amies. Ses enfants étaient les enfants d’honneur, pour lui rendre hommage. Dans son bouquet, Isobel avait fait glisser l’un de ses colliers, prêté par son mari. La délicate chaine servait à entourer les pivoines. Il y avait également un collier de sa grand-mère, placé là avant que Abel ne lui offre son présent.

Le médaillon de lapis-lazuli reposait au creux de son cou lorsqu’elle l’effleura du bout des doigts. Il avait appartenu à sa grand-mère et elle ne s’en était séparée qu’à regrets quand ils avaient eu des soucis financiers. Elle le portait dans toutes les photographies, dans tous les souvenirs d’Isy. Elle le pensait perdu à jamais. Hier, après le dîner de répétition, Abel lui avait offert. L’espace d’un instant, elle avait cru à une réplique avant qu’il ne lui précise qu’il l’avait trouvé chez un prêteur sur gages au fond du Mexique. C’était un absolu miracle qu’il l’ait retrouvé après toutes ces années. Et visiblement, toute une aventure... vécue avec Roy. Il lui en avait fait le récit, la laissant complètement époustouflée. Imaginer ces deux-là, qui avaient encore des relations complexes, se lancer dans un road-trip au Mexique pour retrouver le collier de sa grand-mère afin de le lui offrir... C’était une belle démonstration d’amour, de l’un comme de l’autre. Elle en avait été émue aux larmes. Et elle mourrait aussi d’envie d’avoir la version de Roy, qui devait être hilarante aussi.

La porte qui donnait sur la terrasse s’ouvrit et, à travers la moustiquaire, Isobel vit apparaître le visage de son grand-père, très élégant dans son costume.

- Tu es prête, mon petit ? lança-t-il.

Elle lui adressa un sourire.

- Allons-y.

****

La voiture avait remonté les rues agitées de la ville, jusqu’à la cathédrale Saint-Louis qui carillonnait déjà. Ses demoiselles d’honneur bavardaient avec animation alors qu’Isy regardait les rues de son enfance qui défilait derrière la vitre. Elle ressentait un étrange mélange de nostalgie, d’excitation, de nervosité et d’apaisement. Elle connaissait le mythe de la nervosité d’avant-mariage, les futurs époux qui doutaient brusquement quelques heures avant, voir tentaient de s’enfuir. Elle était persuadée qu’elle allait passer par là également, elle avait même déjà briefé ses amies. Avalon était parée à utiliser toutes ses techniques d’Auror sur elle pour la mener jusqu’à l’autel. Mais rien de tout cela aujourd’hui. Elle était certaine de vouloir épouser Abel. Elle ne s’était pas réveillée en se demandant si elle prenait la bonne décision. Elle l’aimait. Elle l’aimait profondément, elle l’aimait plus que tout au monde. Elle voulait être avec lui, passer sa vie avec lui. Elle voulait même un bébé avec lui.

Aujourd’hui, elle n’avait pas peur de se marier. Elle avait plutôt peur de sa famille à son mariage. De l’attitude de ses cousines, de ses tantes, de sa mère. Elle savait que les plus raisonnables seraient là pour superviser les autres, elle savait que personne n’avait de mauvaises intentions et que ses cousins allaient surveiller Sophie. Elle avait elle-même menacé des pires sortilèges vaudou qu’elle connaissait quiconque oserait causer un drame lors de la cérémonie ou de la réception. Et elle parlait tout à fait sérieusement.

La voiture ralentit à l’approche de la cathédrale, Saint-Louis se dressant devant eux.

Ses demoiselles d’honneur furent les premières à sortir, récupérant au passage les bouquets qu’un des assistants de Coco - qui avait supervisé l’installation de l’église - leur tendait. Isobel fut la dernière, aidée avec sa longue traine. Quelques touristes s’étaient arrêtés pour regarder, leur envoyant des sourires chaleureux. Son grand-père lui tendit le bras pour remonter les quelques marches qui les séparaient des portes de la cathédrale, qui avaient été refermées pour l’occasion. Coco aimait le dramatique : elles s’ouvriraient pour laisser passer les demoiselles d’honneur, dans leurs jolies robes bleues. Cette dernière était d’ailleurs en train d’ajuster la traîne de sa robe et le voile de dentelle brodée. Comme toutes les mariées, elle avait longuement hésité sur ses choix. Les avis divers et variés (notamment ceux de sa future belle-mère) n’avaient aidé en rien. Mais elle avait finalement suivi son coeur, choix quelque chose qui lui ressemblait. La robe était proche du corps, le corsage de dentelle recouvrait ses bras - pour faire plaisir aux proches les plus traditionnels - et descendait jusque sur ses hanches pour les souligner. Le dos était découvert - pour faire plaisir à Abel - et la traîne allongeait sa silhouette. Son voile cathédrale, brodé de fleurs colorées, des fleurs de lys, des pivoines, des anémones, apportait un légère touche de couleur à chacun de ses pas. Elle était certaine d’avoir fait le bon choix.

Les portes de la cathédrale s’ouvrirent, en même temps que les premières notes de musique retentissaient. Ses amies passèrent devant elle avec un sourire, Jessica lui serrant le bras au passage. Alors que la dernière des demoiselles d’honneur disparaissait à l'intérieur, Isy ressentit une vague de stress la traverser. Coco se pencha pour murmurer furieusement dans ce qui ressemblait à un mini-Pear avant de lui faire un signe de la main par qu’elle avant également.

- On y va ? souffla-t-elle à son grand-père.

Ce dernier lui fit un sourire et hocha la tête, alors qu’elle glissait son bras sous le sien. Alors qu’ils montaient les premières marches, André tapota la main qu’elle avait posé sur son avant-bras.

- Tu sais, ta grand-mère et moi, nous nous sommes mariés ici...
- Je sais, répondit-elle avec un sourire sincère.

Les photographies étaient encore sur le manteau de la cheminée, clichés sépias et en noir et blanc datés. Arrivés en haut des marches, la cathédrale familière se dévoila à ses yeux. L’assemblée était levée, tournée vers elle. Comme recommandé hier par Coco au moment de la répétition, elle prit quelques secondes d’arrêt. « Profitez » lui avait-elle dit. « Profitez du moment. » Son regard sombre remonta jusqu’à l’autel, où, enfin, elle croisa les yeux d’Abel. Aussitôt, elle sentit toute l’angoisse qui avait pu la saisir s’évaporer alors que son sourire répondait au sien. Son coeur venait de manquer un battement.  

Incapable de détacher son regard de celui de son fiancé, elle dut se retenir pour ne pas se précipiter vers lui. Elle prit le temps, comme le lui avait suggéré Coco, prit le temps de chacun de ses pas. En se rapprochant des premiers rangs, elle sentit plus qu’elle ne vit les sourires de ses amis et de sa famille. Alors que les dernières notes de la musique retentissait, elle tendit sa main pour qu’Abel puisse la saisir. Leurs doigts s’entremêlèrent alors qu’elle lâchait le bras de son grand-père. Ce dernier lui fit un sourire, pressant une dernière fois son autre main dans la sienne. Il rejoignit à petits pas sa place au premier rang, alors que Isobel se rapprochait de l’autel, sans lâcher la main d’Abel. Jessica s’approcha discrètement d’elle, pour réajuster la traîne de sa robe et son voile.

- Tu es très beau, murmura-t-elle à Abel, sans se départir de son sourire.

Du pouce, elle caressa discrètement la paume de sa main.

- Bonjour à tous, commença le Père Georges en s’avançant. Nous sommes réunis aujourd’hui afin d’unir dans les liens du mariage Abel et Isobel. Vous pouvez vous assoir.

Un mouvement eut lieu dans la nef alors que tout le monde se rasseyait, certains murmures se faisant entendre.

- Je dois dire, reprit le Père Georges, que je suis heureux de célébrer cette union en ce jour, l’union de deux enfants de la communauté. Je vous ai vus grandir, tous les deux, et j’ai même célébré ton baptême ici, Isobel, rappela-t-il. Isobel lui adressa un sourire. Je vous invite à ouvrir vos livrets de messe à la page numéro 3...

Alors que le prêtre commençait à prononcer les premiers sacrements, Isobel attrapa entre ses doigts la deuxième main d’Abel, le coeur battant. Elle lui adressa un nouveau sourire, le coeur gorgé de bonheur. Elle peinait à croire que ça y est, ils y étaient, ils allaient se marier... Elle le trouvait très beau, dans son costume, avec son sourire. Elle avait déjà envie de l’embrasser, alors que la messe ne faisait que débuter.


« I never knew you were the someone waiting for me »
Abel Laveau
Abel LaveauArchimage urbaniste
Messages : 439
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitimeSam 20 Aoû 2022 - 15:38
Il semblait n’y avoir plus qu’Isobel dans cette gigantesque cathédrale. Isobel qui avançait lentement, accrochée au bras de son grand-père, dans la plus robe qu’Abel ait pu voir de sa vie. Ils avaient coché toutes les cases des traditions, tous les deux, alors il n’avait eu aucun indice sur la robe d’Isobel. Tout ce qu’il avait su, grâce à Charlotte, c’était que le choix avait été complexe notamment parce que sa mère et Isobel avaient eu du mal à se mettre d’accord. Un bref regard vers Adeline confirma au fils que cette mésentente était réglée. Comme toute l’assistance, la grande prêtresse des Laveau avait un regard admiratif rivé sur Isobel et un sourire aux lèvres.

Il fallait dire que la vision était enchanteresse. Abel aurait voulu qu’elle dure éternellement, pour pouvoir en graver le moindre détail dans sa mémoire. Il en vit assez pour en faire une image capable de convoquer un puissant Patronus face à n’importe quelle attaque de Détraqueurs. Isobel était tout simplement sublime dans cette robe d’un blanc éclatant, qui lui dessinait une élégante silhouette. Il y reconnut le goût imparable de sa fiancée dans le subtil équilibre entre le moderne et le traditionnel que créait le mélange d’une coupe audacieuse, un jupon épuré, une dentelle graphique, un fin décolleté. Le voile était une création des soeurs Nicole et Maxine Lavespère, il le savait, puisqu’elles les avaient un jour tous les deux abordés au Chaudron pour vendre leurs talents avec force bruit. Isobel avait bien fait de leur accorder sa confiance, jugea t-il en promenant un regard émerveillé sur les multiples petites fleurs brodées qui venaient apporter juste ce qu’il fallait de touche de couleurs. Un dernier détail attrapa l’attention d’Abel et agrandit davantage son sourire : Isobel portait à son cou le très beau collier de sa grand-mère Anne, pour lequel il avait remué ciel et terre, afin de le retrouver. Il avait été au bout de cette aventure parce qu’il était conscient du symbole que représentait ce collier. Ce n’était pas qu’une histoire de cocher la case d’une tradition stipulant qu’il fallait avoir quelque chose de vieux et de bleu car beaucoup d’autres objets auraient pu faire l’affaire. Abel avait voulu ce collier en particulier, parce qu’il savait qu’il pourrait apporter à Isobel un peu de ce qui manquait cruellement à ce mariage : la présence de sa grand-mère Anne, une des femmes les plus importantes de sa vie.

Si Abel fut enchantée de la vision de sa future épouse qui s’approchait de lui, il le fut encore plus de sentir sa main dans la sienne. Cette étreinte de leurs doigts eut un sens particulier pour lui à cet instant. C’était le début de l’union qu’ils s’apprêtaient à confirmer de leurs mots. Touché, il répondit à Isobel :

« Merci. Tu es magnifique aussi. »

La voix du prêtre démarra la cérémonie, presque comme une voix lointaine. Abel avait l’impression d’évoluer en plein rêve. Il se tenait ici, à la Nouvelle-Orélans, dans la cathédrale où tous ses ancêtres avaient prononcé leurs voeux, prêt à perpétuer cette belle tradition avec la femme la plus importante de sa vie. C’était un rêve d’enfant qu’il réalisait. Son histoire avec Isobel remontait à si loin qu’il avait la sensation de ne réaliser rien d’autre que son destin à cet instant et c’était un sentiment extrêmement apaisant.

« Nous nous apprêtons à unir par le sacrement du mariage Abel Gaétan Léon Laveau et Isobel Louise Anne Lavespère. Tous les deux souhaitent prendre la parole, nous allons les écouter. »

La messe venait de toucher à sa fin, laissant la suite aux mains des deux mariés qui avaient fait la demande de prononcer des voeux. Abel et Isobel en avaient longuement discuté et avaient convenu qu’ils tenaient tous les deux à faire un discours, malgré le caractère intimidant de le prononcer face à la totalité de leurs proches, amis et famille. A cet instant, Abel ressentit la pointe de trac qu’il n’avait pas éprouvée jusqu’à maintenant. Prendre la parole face à autant de personnes sur un sujet aussi intime que son amour pour Isobel l’intimidait un peu. Il aperçut le regard encourageant de sa cousine Charlotte qui se tenait derrière Isobel, en tant que demoiselle d’honneur. Il sentit la main de son témoin Isaac se poser brièvement dans son dos, il entendit sa voix lui souffler un mot de soutien. Puis il retrouva le regard d’Isobel, si chaleureux et tendre qu’il se rappela tout ce qu’il avait envie de lui dire.

Le coeur battant, Abel extirpa le papier plié dans la poche de sa veste où figuraient ses voeux qu’il avait mis des jours à écrire. Des murmures retentissaient dans la cathédrale mais il s’efforça de ne pas y prêter attention et de faire le vide autour de lui. Cette feuille de papier et le visage d’Isobel vers lequel il leva régulièrement les yeux furent ses points d’ancrage, pendant son discours :

« Isobel » appela t-il, d’un ton sérieux que son sourire adoucissait. « Je sais que les personnes qui nous ont vu grandir pensent qu’il n’y a rien de plus logique que de nous voir ici aujourd’hui, toi et moi. Nous n’avions pas encore cinq ans que nos grands-parents nous voyaient déjà mariés. » Il crut reconnaître derrière lui un rire d’André. « Et en même temps, personne n’aurait pu prédire cette scène il y a encore deux ans. Nous, Laveau et Lavespère, croyons au destin, tout comme nous croyons en Dieu. Je crois que je n’ai jamais eu une preuve aussi évidente de leur existence que celle de notre présence ici, aujourd’hui. »

Il laissa un petit temps ponctuer cette phrase, le temps d’échanger un regard doux avec Isobel et de reprendre en main les émotions qui montaient en lui.

« C’est comme si nous avions toujours été faits pour être ensemble, tellement que même seize années sans se voir n’ont pas suffi à nous empêcher de réaliser ce destin. Tu as pourtant eu le temps de te construire toute une vie, dans un autre pays, sur un autre continent, de te faire de nombreux amis que je suis heureux d’avoir avec nous aujourd’hui. » Il eut un bref regard pour Avalon, Jessica, et toutes les autres demoiselles d’honneur qui se tenaient aux côtés d’Isobel. « Et moi, j’ai eu le temps de bâtir la mienne, de réaliser mes rêves d’archimagie, et bien d’autres encore. Parfois, j’ai encore du mal à croire que nos routes ont réussi à trouver le moyen de se rejoindre. Mais c’est ce qui fait la beauté de notre histoire. Je ne regrette aucune partie de cette histoire car je crois qu’on s’est retrouvés exactement au bon moment toi et moi, celui où nous étions prêts à nous promettre une vie ensemble. Nos ancêtres n’auraient pas laissé les choses se dérouler autrement. Je suis certain que de là où elles sont, toutes les personnes que nous avons aimées veillent sur nous et sont heureux de nous voir amoureux, prêts à unir une nouvelle fois nos deux familles. »

Abel s’arrêta parce que son esprit ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour Michelle et d’imaginer le sourire radieux qu’elle aurait eu si elle avait été toujours vivante pour les voir se marier. Il entendit des reniflements dans l’assistance qui l’émurent davantage. Il se laissa le temps de retrouver une voix moins tremblante, des yeux moins humides, avant de conclure sans regarder sa feuille cette fois. Les mots vinrent tout seul, tandis qu’il serrait les deux mains d’Isobel dans les siennes, avec un grand sourire aux lèvres :  

« Tu as toujours été, tu es et tu resteras ma meilleure amie, mon plus grand amour. Je promets de te rendre heureuse, de te soutenir et de t’aimer jusqu’à la fin et je prends à témoin toutes les personnes qui nous observent, ici et au ciel. »


Abel Laveau
« We were just kids when we fell in love, not knowing what it was »
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Your heart is all I own [mariage Isabel] Icon_minitime