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Double trouble [Avaloy & Isabel]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeDim 18 Avr - 14:32
What could possibly go wrong ?

5 juillet 2011

Roy et Avalon avaient quitté l’appartement de cette dernière une dizaine de minutes auparavant, par une douce soirée d’été qui leur permettait de marcher dans les rues de Londres en profitant des rayons du soleil qui tardait à se coucher. Le trajet depuis l’appartement d’Avalon – situé dans le quartier de Pimlico – et celui d’Isobel et Abel – qui résidaient dans Mayfair – n’était pas très long et Avalon et Roy en avaient profité pour flâner un peu dans le quartier en se dirigeant doucement vers leur destination. Au passage, ils s’étaient arrêtés acheter deux bouteilles de vin chez un caviste, un merveilleux gâteau dans une pâtisserie qui faisait office de salon de thé et qu’Avalon adorait depuis qu’elle s’était installée à Londres.

L’acquisition d’un appartement – deux chambres, une grande pièce à vivre avec une cuisine ouverte, une belle salle de bain et un petit balcon – était probablement ce qui avait signé son entrée irrémédiable dans le monde adulte. Avalon était devenue propriétaire, ce qui avait ses avantages – elle avait organisé, dans un premier temps, de gros travaux dans l’appartement pour le remettre à neuf et il était désormais parfaitement à son goût – et des inconvénients – vraiment, le prêt qu’elle avait dû contracter à la banque pour l’achat de ce bien. Malgré ce dernier point – qui lui faisait dire adieu à une partie de son salaire chaque mois – Avalon était plus que ravie de cet investissement. Elle se sentait chez-elle, avait pu choisir l’intégralité de la décoration, et avait même une chambre supplémentaire pour accueillir Vivianne aussi souvent qu’elle le souhaitait. Evidemment, elle avait choisi un quartier moldu pour s’établir – elle n’allait pas non plus vendre son âme au monde de la magie – et appréciait de pouvoir retrouver des marques de son monde d’origine lorsqu’elle rentrait d’une folle journée au ministère, où les papiers volaient seuls dans les couloirs, et où des employés sortaient de cheminées en s’époussetant.

Avalon aimait d’autant plus son appartement que Roy y passait la majeure partie de son temps, délaissant un peu son immense villa – ce qu’il ne se gardait pas de souligner, surtout depuis que l’été était bien installé et que la seule source d’eau à proximité de l’appartement d’Avalon était la Tamise. C’était vrai, son logement ne présentait pas autant d’avantages que le sien mais ils étaient tous les deux tombés d’accord pour dire qu’il leur garantissait surtout bien plus d’intimité. La villa de Roy était aussi – surtout ? – un lieu de passage pour plusieurs Veilleurs – dont son cher Toni, qu’elle aimait tendrement mais qui avait une faculté spéciale pour toujours intervenir au mauvais moment.

Le jeune couple se retrouvaient donc majoritairement à Londres, bien que la plupart de leurs soirées se trouvaient à Bristol, où la majorité de leurs amis proches résidaient. Ce soir, c’était pour une occasion toute particulière qu’ils s’étaient apprêtés ; un dîner avec Abel et Isobel, dans le bel appartement où ils vivaient ensemble depuis maintenant plusieurs mois. Sur le papier, cela ne semblait pas aberrant : Roy et Isobel étaient les meilleurs amis depuis des années, Avalon et Isobel s’adoraient, Abel et Isobel allaient se marier, Avalon appréciait ce qu’elle connaissait d’Abel (ils avaient d’ailleurs en commun leur large appétit), et Roy et Avalon formaient un couple harmonieux depuis le mois d’avril. Le point de tension résidait dans les relations entre Abel et Roy, qui avaient la particularité d’être à la fois inexistantes et très tendues. Il suffisait d’entendre Roy parler d’Abel pour comprendre que l’américain était loin d’être sa personne favorite. Soit. Sauf qu’Isobel allait épouser Abel, donc qu’elle allait passer sa vie à ses côtés et que, dans ces conditions, il paraissait impossible que la situation perdure de la sorte. Ce dîner avait pour but de briser la glace – mais une glace solide qui ferait pâlir de jalousie Danielle Coleman – entre eux. Avalon le savait ; d’ailleurs, elle avait eu longuement Isobel au téléphone à ce sujet. Un moment sympathique, organisé par des personnes sympathiques pour apaiser un conflit avec pacifisme.

Sauf que la façon dont Roy attaquait le sol avec des pas décidés alors qu’ils traversaient Green Park main dans la main n’avait rien de pacifique.

« Tu sais, on s’apprête à prendre l’apéro, pas à partir en guerre sur nos chevaux de bataille. » releva Avalon en observant les traits impatients de son petit-ami.
Ce dernier haussa les épaules avec un sourire. « Réflexe, y a des habitudes dures à perdre, j’ai trop l’habitude de casser du Laveau. »
Avalon eut un rire et secoua la tête. « Pas du tout le bon état d’esprit, recommence. » Elle précisa avec un sourire en coin. « Et il s’appelle Abel. »
« Je vois, on a une coach en résolution de conflits ici, entre ça et boxeuse sur canapé, tu cumules beaucoup d’activités avec ton poste. Vas-y, quels sont tes conseils ? »
« Evidemment, je t’ai dit que j’avais des talents en médiation. » En négociation, vraiment. « Et t’as raison, fais-moi penser à demander une augmentation. » Elle haussa les épaules à son tour. « Commence par l’appeler par son prénom ? Et évite d’être… » Elle le considéra du regard en ralentissant un peu. « En fait, évite le coup de l’égo et de la fierté, le côté « mâle dominant alpha » là. » Avalon eut un sourire en coin : « On connaît la vérité de toute façon. »
Roy eut une expression circonspecte. « On peut savoir quelle est cette vérité, madame ? »
« Mhh, » Avalon fit mine de réfléchir. « Tu fais pas le poids face à Isy et moi, donc sois gentil ? »  
Son partenaire eut un grand rire moqueur. « C’est justement parce que je suis gentil que je vais te laisser dire ça sans relever ! Alors tu vois, je suis adorable. »
Ce fut au tour d’Avalon d’avoir l’air sceptique ; son regard sérieux fut cependant rapidement contrecarré par son sourire amusé. « Tu n’es pas adorable, ça s’appelle l’instinct de survie, et après toute cette année je suis surprise de constater que tu en as encore un. »

Ils arrivaient désormais au niveau de l’immeuble qui abritait l’appartement d’Abel et Isobel. Avalon retint la main de Roy dans la sienne quelques secondes supplémentaires le temps de lui voler un baiser. « Ça va être une très bonne soirée. » décida-t-elle avec son légendaire optimisme, avant de pénétrer dans le bâtiment. Quelques secondes plus tard, ils se tenaient devant une porte qui ne tarda pas à s’ouvrir sur le visage souriant d’Isobel.

« Coucou ! » fit joyeusement Avalon en se penchant pour serrer son amie dans ses bras. « Comment ça va ? »



Avalon Calder

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Isobel Lavespère
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeDim 2 Mai - 23:50
Le gombo traditionnel d’Isobel cuisait à feu doux depuis presque deux heures. Elle avait passé la journée en cuisine pour sortir ce plat, prenant le temps de refaire un bouillon maison, en ajoutant cette fois-ci des écrevisses dedans comme le faisait la mère d’Abel. Le choix de ce repas n’était pas anodin : elle tentait clairement d’amadouer son fiancé par l’estomac. Elle avait envie qu’il soit dans les meilleures dispositions possibles, c’est bien pour cela qu’elle avait repris l’astuce de sa mère à lui plutôt que celle de sa grand-mère (qui était parfaitement secrète mais, évidemment, meilleure que la recette des Laveau.)

Ce soir, Abel faisait un grand effort pour elle, pour eux : ils recevaient Roy (et Avalon, mais ce n’était pas elle qui posait problème) à dîner. Elle peinait d’ailleurs à croire que cela puisse arriver : depuis qu’ils étaient ensemble, Abel n’avait jamais souhaité approcher son meilleur ami et elle n’avait jamais insisté dans ce sens. Elle se sentait bien trop responsable des tensions qui pouvaient exister entre eux. Quand Abel était revenu dans sa vie, il y a plus de deux ans maintenant, il l’avait fait de manière un peu... brusque. Et elle s’était sentie plus que menacée. Elle avait demandé de l’aide à Roy, elle voulait effrayer Abel et s’assurer qu’il ne tenterait pas de lui nuire. Les choses étaient finalement allées un peu trop loin. Quand elle y repensait, elle était mortifiée et se consumait de culpabilité. Elle s’en voulait d’avoir tenté d’effrayer Abel mais leur relation était tellement différente à l’époque... Ils n’en reparlaient jamais. En revanche, elle ne pouvait pas le blâmer pour l’animosité qu’il ressentait à l’égard de son ami. Elle n’avait jamais invité Roy en présence de son fiancé, elle se contentait de le voir dans son coin.

Les choses s’étaient compliquées avec le mariage. Isobel voulait que son meilleur ami soit là, bien évidemment. Il tenait une place importante dans sa vie et elle ne pouvait pas imaginer organiser son mariage sans pouvoir l’inviter. Elle était prête à faire des concessions, elle était prête à ce qu’il ne soit pas son témoin, comme elle aurait pu le vouloir, mais elle voulait qu’il soit là. Abel semblait avoir cela. De toute manière, la situation ne pourrait peut-être pas durer éternellement : ils allaient faire leur vie ensemble, cela lui semblait compliqué de garder tout un pan de sa vie loin de son mari... Elle aurait voulu que les choses soient plus simples, qu’ils puissent de temps en temps boire un verre avec Roy et Avalon.

D’où l’organisation de ce dîner. Elle avait remercié mille fois Abel d’avoir accepté et avait suggéré que tout se déroule chez eux, pour que son fiancé soit en « terrain connu. » Elle avait donc préparé un gambo et des petits plateaux apéritifs, qu’elle avait disposé sur la table basse de leur salon. Un peu nerveuse, elle souffla un coup en s’observant dans l’un des miroirs de leur grand espace de vie. Elle releva la tête en entendant Abel pénétrer dans le salon et lui adressa un sourire avant de se diriger vers lui. Elle glissa ses bras autour de son cou et lui donna un baiser.

- Ça va mon cœur ?
- Oui oui.

Sauf qu’elle le connaissait, elle voyait bien que cela n’allait pas vraiment. Elle caressa doucement son torse et lui adressa un sourire en coins ans vraiment savoir quoi dire.

- Besoin d’aide en cuisine ?
- Non, ne t’en fais pas, ça cuit doucement et j’ajouterai les crevettes au moment de passer à table.

En entendant la sonnette de l’appartement retentir, elle planta un dernier baiser sur la joue d’Abel avant de se diriger vers la porte d’entrée. Elle ouvrit sur le visage souriant d’Avalon et la serra dans ses bras. En organisant ce dîner, l’idée d’en faire une soirée entre couples lui était parue évidente : la présence d’Avalon allait permettre de détendre un peu les choses.

- Coucou ! Super, et toi ? Et vous ?

Elle s’effaça pour les laisser entrer et adressa un sourire à Roy, pressant son bras alors qu’il la saluait. Elle savait aussi que son meilleur ami faisait un effort : il ne portait pas vraiment Abel dans son cœur. Elle prit leurs manteaux qu’elle accrocha dans la discrète penderie de l’entrée et les invita au salon. Les lumières éclairaient chaleureusement la pièce, les rideaux sombres n’étaient pas tirés et on distinguait au travers des voilages la grande terrasse qui bordait le salon. Les lumières de Londres s’offrait à eux. Un air de musique jouait en fond sonore et quelques bougies crépitaient sur la table basse, entourées des plateaux apéritifs. Tout présageait une bonne soirée... mais l’ambiance était étrange, elle le sentait dans les auras de tout le monde.

- Allez-y, lança-t-elle, installez-vous. Nous avons du vin, du bourbon, du rhum, de quoi faire des cocktails...

Et du sans-alcool, évidemment, mais elle avait l’impression qu’il fallait un peu détendre l’atmosphère.


« I never knew you were the someone waiting for me »
Abel Laveau
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeSam 8 Mai - 14:08
Rationnel. Un adjectif qu’on attribuait souvent à Abel. Il n’y avait pas besoin de le connaître beaucoup pour percevoir qu’il était le genre d’homme à s’appuyer avant tout sur la logique et les faits pour prendre ses décisions. Tout chez lui donnait cette impression : il semblait imperturbable en toutes circonstances, n’élevait jamais la voix, tenait des discours clairs et concis, posait des questions précises, expliquait ses raisonnements, et attendait des autres le même type de rigueur. Pour Abel, c’était sa zone de confort, celle où il se sentait en maîtrise. En sortir était très rare et avait donc tendance à le perturber assez profondément.

C’était sans doute ce qu’il détestait le plus dans la perspective de ce dîner de couples : il sentait que cette situation risquait de lui faire adopter des attitudes peu rationnelles, de laisser voir ses émotions, et pire encore, ses insécurités. On ne pouvait pas dire d’Abel qu’il était quelqu’un d’insécure, bien au contraire, il était plutôt très solide, il prenait souvent le rôle d’appui fiable plutôt que de personne en détresse dans ses relations. Rarement, il ressentait le besoin d’être rassuré, en somme, car il avait une saine confiance en lui et une résilience à toute épreuve.

Et pourtant, comme tout le monde, il avait ses propres fragilités. Roy Calder appuyait allègrement sur certaines d’entre elles.

Abel était trop pudique pour en parler en ces termes, mais il savait ce qui se tramait au fond de lui. Il pouvait se le dire à lui-même, au moins, et Isobel l’avait certainement deviné plus ou moins, à travers les quelques conversations tendues qu’ils avaient pu avoir sur le sujet. Roy représentait beaucoup de choses qui menaçait ou avait menacé Abel, parfois littéralement. Isobel le désignait comme son meilleur ami, autrement dit, la place qu’Abel occupait encore, avant qu’elle ne fugue de la Nouvelle Orléans, des années plus tôt : difficile de ne pas se sentir remplacé et de songer au fait que pendant qu’Abel peinait à tourner la page de leur amitié passée, Isobel nouait une nouvelle relation très forte, avec un autre homme. Abel n’avait jamais eu de nouvelle meilleure amie, lui.

Mais si encore il ne s’agissait que d’amitié ! Mais non, il avait fallu qu’ils partagent aussi l’intimité auquel Abel avait fini par prétendre bien plus tard. Le problème n’était évidemment pas qu’Isobel ait connu d’autres hommes avant lui, mais plutôt qu’elle ait conservé un lien aussi fort avec l’un d’entre eux. Abel n’était resté ami avec aucune de ses ex, lui, il lui semblait que c’était la bonne manière de tourner la page pour s’ouvrir à la possibilité d’une nouvelle histoire. Alors il avait beaucoup de mal à comprendre comment on pouvait rester très proche d’une personne qui avait été un amant régulier, pendant des années, sans jamais ressentir des restes d’attirance.

Mais Isobel lui assurait qu’il n’y avait rien d’autre que de l’amitié entre eux et Abel devait la croire, pour le bien de la confiance dans leur couple.

C’était déjà beaucoup à gérer, sans prendre en compte le fait qu’Abel avait une rancoeur bien plus personnelle et plus légitime à l’égard de Roy, qui prenait racine dans un événement dont il ne parlait jamais mais l’avait marqué. Il n’avait pas envie d’en parler avec Isobel, parce que c’était une époque passée, où il avait lui aussi eu des comportements dont il n’était pas très fier, et sur laquelle il ne voulait pas revenir. Ils avaient dépassé les bornes, tous les deux, il en était conscient. Il l’avait blessée, elle l’avait blessé aussi. Ils s’étaient pardonnés mutuellement et Abel préférait rester là-dessus, sans remuer les vieilles blessures qu’ils avaient eu tant de mal à panser tous les deux. Blâmer Roy pour ce qui s’était passé était plus facile. Abel songeait que, si cet homme était vraiment quelqu’un de bien, il ne se serait pas introduit chez un inconnu pour le menacer, même pour rendre service à sa meilleure amie.

Mais tout ça, au fond, c’était du passé aussi. Plus de deux ans s’étaient écoulés depuis. Les choses avaient évolué. Le discours rationnel était de considérer qu’Isobel avait toute la liberté de nouer les relations qu’elle souhaitait, qu’en l’occurrence celle qui la liait à Roy était l’une des plus importantes de sa vie, et que puisque Abel s’apprêtait à l’épouser, il n’allait pas pouvoir faire l’autruche plus longtemps et éviter éternellement la personne qu’elle considérait comme son meilleur ami. Abel s’efforçait de coller à ce discours rationnel et avait donc fini par accepter de rencontrer plus formellement Roy. Quand il prenait une décision, il s’y tenait toujours, il ne revenait pas dessus.

Alors Abel était là, au milieu de la salle à manger où il avait disposé les assiettes, à tenter de se faire croire que peut-être, ce ne serait pas si terrible. Au fond, il l’espérait. Il n’avait aucune envie de passer le reste de ses jours à se sentir toujours crispé à l’endroit d’une relation qui, de toute évidence, n’allait pas disparaître de la vie d’Isobel. Il devait se faire une raison. Il savait bien faire ça, normalement.

Alors il feignait que ça allait, face à Isobel, mais il ne feignait jamais très bien, contrairement à ce qu’on pouvait penser de lui. Ses attitudes impassibles n’étaient jamais feintes. Il en fallait simplement beaucoup pour l’atteindre, mais quand c’était le cas, eh bien, cela se voyait. Alors, cela devait se voir qu’il était un peu anxieux, pas vraiment à l’aise, surtout au moment où la sonnette retentit. Le moment était arrivé.

Il vit d’abord Avalon entrer dans la pièce. Un visage souriant, joyeux, rassurant. Rassurant parce qu’elle était la preuve vivante qu’il n’y avait plus rien entre Isobel et Roy : ils étaient tous les deux passés à autre chose. Abel ne connaissait ni l’histoire ni la dynamique de ce couple qu’Avalon et Roy formaient mais il allait partir du principe qu’ils étaient très amoureux, car c’était rassurant.

« Salut » lança t-il à son égard, en lui souriant et en la laissant pénétrer à l’intérieur du vestibule. « Attends je te décharge. »

Il prit la bouteille de vin qu’elle tenait dans ses mains. Très vite -trop vite- arriva le moment où il devait faire face à cet homme qu’il avait si bien réussi à éviter jusqu’à maintenant. Le premier constat d’Abel fut qu’il était… plus petit que dans son souvenir. Une bonne tête de moins que lui. Il était beaucoup moins impressionnant quand il n’était pas flanqué de deux colosses pour le maintenir, pendant qu’il lui donnait sa leçon du soir, tiens. Abel ne voyait pas vraiment ce qu’Isobel avait pu lui trouver un jour, mais sans doute n’était-il pas objectif. Cependant, cette pensée l’aida à se recomposer une mine plus sûre de lui.

« Bonsoir. Abel Laveau » se présenta t-il, en tendant sa main parce qu’il était poli, mais pas assez hypocrite pour dire qu’il était enchanté.

Roy, lui, semblait beaucoup moins procédurier car il attrapa sa main avec un sourire en coin, en répliquant :

« Je vois, on fait semblant de se présenter histoire de repartir sur des bonnes bases ? » De toute évidence, oui, c’était la démarche, bravo champion. « Eh bien, Roy Calder. » Il lâcha sa main pour lui tendre la boîte estampillée par le logo d’une pâtisserie qu’il portait. « C’est Avalon qui l’a choisi et je te conseille de le ranger au frais, avant qu’elle n’en mange la moitié. »

Ah, il faisait une blague. Trop tôt, beaucoup trop tôt pour les blagues. Abel attrapa la boîte, un peu déconcerté.

« Ah, d’accord. »

Mais cela lui fournissait la bonne excuse pour s’éclipser dans une autre pièce, ce qu’il ne tarda pas à faire. Quand il revint dans le salon, leurs deux invités s’installaient autour de la table basse, face à Isobel qui leur proposait des rafraîchissements telle une parfaite maîtresse de maison. Lui, il resta debout, prêt à repartir préparer les boissons qu’ils désiraient car il fallait bien que quelqu'un le fasse et il préférait largement ça plutôt que rester seul avec le couple, Isobel s'en sortirait mieux que lui là-dessus.


Abel Laveau
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Avalon Calder
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeVen 21 Mai - 17:27
« Ça va ! » répondit Avalon à Isobel sans se départir de son grand sourire, avant d’entrer dans le grand appartement londonien dans lequel elle vivait avec Abel depuis désormais plusieurs mois. Bien vite, elle se retrouva face au fiancé de son ami, qu’elle salua également d’un sourire avant de lui tendre, à sa demande, la bouteille de vin qui l’encombrait. Elle sentait, derrière elle, la présence de Roy, et ne tarda pas à s’effacer pour le laisser se présenter devant Abel.

Peut-être fallait-il revoir l’ambition de cette soirée à la baisse, songea fugacement Avalon en observant les deux hommes se faire face. Peut-être que si Abel laissait repartir Roy sans avoir essayé de l’étrangler, ils pourraient tous considérer que les choses ne s’étaient pas si mal déroulées. De toute évidence, Abel était aussi ravi de recevoir Roy que de marcher pieds nus sur des braises brûlantes. Quant à Roy, évidemment, il laissa son humour piquant prendre le dessus sur les conseils – pourtant très avisés ! – donnés par Avalon quelques minutes plus tôt. Dire qu’il osait dire d’elle qu’elle était culottée. Elle le gratifia d’un regard un peu sceptique quant à la méthode utilisée, avant de lever les yeux au ciel en souriant au petit tacle qu’il dirigeait vers elle.

« Oui. » répondit-elle avec le ton de l’évidence, en observant Abel prendre la boîte des mains de Roy.  « Ce qui est une preuve que c’est objectivement délicieux ? »  

Quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient dans le salon, installés sur un large canapé qui faisait face à une table basse où étaient disposés plusieurs plateaux apéritifs et quelques bougies qui illuminaient l’espace d’une douce lueur.

« Je veux bien un cocktail, s’il-te-plait. » demanda Avalon à Isobel en souriant doucement. « N’importe quoi d’un peu sucré pour que Roy le regarde comme s’il s’agissait d’une bombe sur le point d’exploser à côté de lui. » railla Avalon avec un regard pour son petit-ami. Lorsqu’elle sentit qu’Abel était sur le point de repartir dans la cuisine, elle eut un léger mouvement vers l’avant en lui proposant : « Je peux t’aider à faire quelque chose ? »


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Isobel Lavespère
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeLun 24 Mai - 18:34
Isobel hocha la tête lorsque Avalon réclama un cocktail et sourit lorsqu’elle demanda de le faire bien sucré pour offusquer Roy. Elle allait lui mettre deux doses de sirop, rien que pour le plaisir. Le débat entre Avalon et Roy sur la quantité de sucre qu’elle avalait était bien connu dans leur petit groupe d’amis, Isobel prenait d’habitude le rôle d’arbitre : elle aimait le sucre et elle aimait des boissons plus minimalistes (rien de meilleur qu’un bon bourbon.) Mais Abel n’était pas familiarisé à ce type de blagues et elle avait à cœur de l’intégrer au mieux.

- Avalon prépare son diabète de type II depuis quelques années et cela inquiète Roy.

Elle désigna d’un geste de la main la table rempli de petits bols apéritifs.

- Servez-vous, allez-y ! J’ai fait un gombo pour le repas mais il n’est pas encore complètement prêt.  

La cuisine était ouverte sur le salon aussi Isobel put continuer d’échanger avec leurs invités alors qu’Abel et elle préparaient les boissons. Enfin, pendant qu’elle continuait d’échanger. Elle prépara un cocktail un peu à sa sauce à Avalon (mais qu’elle avait déjà testé et qui était très bon) à base de tequila et servit son verre à Roy. Pendant ce temps-là, Abel s’occupait de leurs boissons à eux. Lorsqu’ils revinrent s’installer sur le canapé, après avoir distribués les boissons, un silence de nouveau un peu gênant s’établit. Elle aurait pu proposer un toast, mais elle avait l’impression que cela ne passerait pas très bien. Abel n’était pas d’humeur. Lançant la conversation sur un sujet plutôt neutre, Isy tenta :

- On revient des États-Unis, on a notamment dégusté les propositions pour le repas... On va garder la surprise mais le gâteau pour le dessert... Tu vas te pâmer, Avalon. Abel et moi on a beaucoup hésité parce que tout était bon, mais celui-là est juste parfait. N’est-ce pas ? 


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Roy Calder
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeLun 7 Juin - 20:07
Avalon n’avait pas tort : Roy n’était pas vraiment serein. Il n’était pas anxieux toutefois, plutôt agité et impatient. Il avait envie de résoudre une situation problématique qui durait depuis trop longtemps selon lui. Laveau avait clairement des griefs contre lui et si Roy avait pu le tolérer au début de son histoire avec Isobel, maintenant qu’ils s’apprêtaient à se marier, les choses devenaient franchement compliquées. Plusieurs fois, il avait manqué des occasions de participer normalement aux événements de la vie d’Isobel, pour la seule raison que Laveau y était présent et ne pouvait pas le voir en peinture. C’était des choses bêtes de prime abord, mais cumulées, avec les mois qui passaient, elles commençaient à constituer un tas qui pesait sur les épaules de Roy et le faisait se sentir repoussé, gênant, indésirable. La situation ne pouvait plus durer, aussi bien pour lui que pour Isobel qui était forcée de jongler entre son fiancé et son meilleur ami pour leur préserver des moments à chacun. Roy devinait très bien comment ce genre de dilemme finissait par se résoudre au long terme : Isobel allait devoir privilégier l’un d’entre eux, et Roy se doutait bien qu’il ne ferait pas le poids face à un mari et serait celui sur la sellette. Il n’avait aucune envie de perdre une amitié si importante. Plutôt que de laisser ses inquiétudes grandir, il avait décidé de saisir l’opportunité du mariage à venir et d’expliquer à Isobel qu’il refusait de faire des concessions sur sa présence ou son implication à l’occasion d’un événement aussi important que celui-ci.

Il semblait qu’Abel Laveau avait au moins la qualité d’être raisonnable, puisqu’il avait fini par admettre lui aussi que la situation devait changer.

Malheureusement, la résolution d’arranger les choses ne suffisait jamais. A l’instant où Roy eut son premier contact avec Abel, en le saluant à la porte de leur appartement, il comprit aussitôt que la suite de la soirée allait être longue et difficile. Raisonnable mais pas drôle cet homme, visiblement. Zéro sens de l’humour. Ce n’était pas un balai coincé dans son cul, c’était une tour de Poudlard, à ce niveau-là. Mais Roy choisit de ne pas s’en formaliser pour le moment : il avait promis de faire des efforts et il se sentait observé, aussi bien par Isobel qu’Avalon.

Alors il se contenta d’entrer sagement dans le salon et suivre la dynamique collective. Puisque tacler sa petite amie était facile et permettait de détendre un peu l’atmosphère, Roy sauta sur l’occasion :

« Prépare ? C’est sûr qu’il est déjà présent, ce diabète, Av’ est juste dans le déni » rétorqua t-il à Isobel.

Mais Abel ne réagit pas, à moins qu’il ait fait un sourire si vague que personne n’ait pu le voir, en tout cas, Roy continua simplement de le trouver mou et chiant à mourir, ce qui se confirma pendant tout le monde où les cocktails furent préparés : toujours pas un mot d’Abel. Il fallut qu’Isobel l’interpelle au sujet du mariage pour qu’il parle, enfin :

« Oui, ce n’était pas facile à choisir. Mais on a fait le bon choix, je pense. »

Deux phrases, un miracle.

« Ah bah vous avez pas le temps de tergiverser en plus, avec les délais que vous vous fixez ! » Roy n’avait pas caché sa surprise face à Isobel quand elle lui avait annoncé se fiancer en juin, pour se marier fin septembre. A son tour, il voulut interroger Abel directement, songeant que c’était peut-être la technique pour parvenir à lui tirer quelques mots et comme il était doté d’intelligence sociale, lui au moins, il dévia sur un sujet qu’Abel était sensé maîtrisé, en supposant qu’il y serait plus à l’aise : « Quoique, ce n’est pas plus impossible que de construire une ville en trois mois, j’imagine ? »

Abel marqua un temps d’arrêt, avec une expression que Roy ne sut pas interpréter : difficile de savoir si ce léger froncement de sourcils marquait de la contrariété ou un simple temps de réflexion.

« C’est très différent. »

Seulement quatre mots, il était jaloux des talents d’Isobel.


Roy Calder

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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeLun 5 Juil - 20:28
Cette soirée ne se déroulait pas trop mal, à l’exception du fait que la conversation était majoritairement faite par Isobel et Avalon, qui bavardaient distraitement en s’échangeant quelques regards lourds de sens. Roy et Abel n’étaient de toute évidence pas trop à leur aise lorsqu’ils se trouvaient dans la même pièce l’un de l’autre, et ne faisaient pas beaucoup d’efforts pour arranger la situation. De ce qu’Avalon avait compris de l’histoire – parfaitement objective, évidemment – racontée par son compagnon, lui et Abel avait un passif assez houleux depuis que l’américain était venu s’installer en Angleterre pour y ouvrir une agence. Il y avait eu des disputes avec, au milieu d’elles, Isobel – l’amante de l’un et la meilleure amie d’enfance de l’autre. Et les choses s’étaient encore compliquées lorsqu’Abel et Isobel avaient commencé à se fréquenter de manière romantique. Il était possible qu’Abel ne soit pas ravi que sa fiancée soit aussi proche d’un homme qui avait été son amant pendant plusieurs années. Avalon pouvait le comprendre ; tout le monde ne pouvait pas être aussi à l’aise qu’elle avec un tel sujet. (Cette dernière phrase était bien évidemment ironique, et une certaine Cindy s’en rappelait peut-être encore.)

Non, vraiment, Avalon ne pouvait pas blâmer Abel de ne pas être complètement à son aise dans cette situation. Si ce n’était pas son cas, c’était bien parce qu’elle était proche d’Isobel depuis longtemps et qu’elle avait assisté à l’histoire sans attache qui avait lié Roy et son amie. Elle avait confiance en Isy et en Roy. Abel, en revanche, n’avait pas vraiment de raison d’avoir confiance en Roy. Bon. C’était légèrement problématique, dans le sens où l’amitié qui liait Isobel et Roy était véritablement sincère, que la première s’apprêtait à se marier et qu’il aurait été dommage que de vieilles animosités viennent empêcher des choix ou ternir l’ambiance festive.

Aussi, Avalon esquissa un léger sourire dans son verre en entendant Roy relancer directement Abel sur un sujet neutre – peut-être avait-il saisi son regard outré lorsqu’ils étaient entrés dans l’appartement. Après un temps de silence, Abel se contenta d’une réponse évasive en quatre mots, qui pesa longtemps dans la petite assemblée. La jeune femme se redressa légèrement en gardant son verre dans ses mains. Elle voulait bien inculper Roy de quelques torts, mais cette première main tendue vers une atmosphère un peu lourde avait été sciemment ignorée. Formidable, il ne lui restait plus qu’à parler de la météo anglaise.

« Enfin, j’imagine que tu t’y connais dans la gestion de projet dans l’urgence, du coup. » lança alors Avalon avec un léger sourire à l’attention d’Abel, pour soutenir cependant les propos de son petit-ami – c’est bon, elle avait décrété qu’il était temps de faire face dans l’adversité. « En tout cas, j’ai hâte de découvrir le lieu de la réception. Isy m’a montré quelques photos et ça a l’air magnifique, vraiment. » fit-elle avec un regard pour son amie. « Ça vaut clairement le coup de tout organiser en trois mois ! » Un sujet qui n’était pas la météo. Vite. « Il y a quelque chose qui vous pose problème dans l’organisation, ou tout roule pour le moment ? » s’enquit-elle alors en s’appuyant contre le dossier du canapé et en posant sa main libre sur celle de Roy.

Allez, ensemble dans le même malaise.


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Isobel Lavespère
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeDim 26 Sep - 16:54
C’était gênant. Il n’y avait pas d’autres termes : l’atmosphère était pesante et la jovialité que Avalon et elle tentaient d’infuser dans leurs prises de paroles ne suffisait pas à lancer les conversations. Même Roy tenta de faire un effort - en plus de celui d’être présent, évidemment - en lançant une perche à Abel, dans l’espoir de lui tirer quelques mots. Il y avait même un compliment à demi-mot dans sa tentative ! Malheureusement, son fiancé n’y fut absolument pas réceptif et répondit, après un instant de réflexion, que c’était très différent. Un léger silence s’établit. Le pire étant que Isobel savait très bien qu’il n’avait pas voulu être vexant : il avait réfléchi et avait estimé que c’étaient des projets incomparables. Il avait juste été sincère. Et très bref.

Elle ne pouvait même pas lui demander de faire un effort parce qu’elle savait à quel point il prenait sur lui en étant présent ce soir. Il faisait déjà un énorme effort, pour elle, en acceptant ce dîner, elle ne pouvait pas lui demander en plus de faire semblant d’être heureux d’être là : c’aurait été mentir et Abel ne se livrait jamais à ce genre de faux-semblants. Avalon vola au secours de Roy et Isobel fit de même avec Abel, développant un peu la réponse.

- En tout cas, ça aide à ne pas paniquer quand on voit la masse de choses qu’il reste à faire ! répondit-elle avec un enthousiaste un peu forcé. Haha, on passait un bon moment. Elle posa sa main sur le genou d’Abel, dans l’espoir que cela l’apaise un petit peu. Mais oui, comme tu dis Avalon, ça vaut le coup, ça va être si beau... Son sourire se fit plus sincère alors qu’elle échangeait un regard avec Abel, repensant aux visites qu’ils avaient fait sur leur futur lieu de mariage. Surtout de nuit, avec les ambiances lumineuses... Abel a vraiment eu l’oeil pour les dispositions, ça va être à tomber. Elle était à chaque fois ravie lorsqu’elle regardait les planches de la soirée. Le mariage était un bon sujet, neutre, sur lequel il était facile d’enchaîner, comme le fit Avalon. Écoutez, reprit Isobel, après un nouveau regard pour son fiancé - qu’il n’hésite pas à l’interrompre s’il voulait dire quelque chose, surtout pas - tout roule pour le moment mais on a une super wedding planner qui a l’air de bosser comme une folle dessus. Tout est toujours prêt à temps, elle arrive à nous trouver des prestataires qui nous plaisent encore disponibles à nos dates, et c’est vraiment un petit miracle.

Coco méritait vraiment le salaire exorbitant qu’elle touchait. Elle était capable de déplacer des montagnes et n’avait jamais raté un de leurs coups de téléphone. Son pouce caressait toujours le genou d’Abel, alors qu’elle se tournait un peu plus vers lui.

- J’ai très hâte en tout cas, souffla-t-elle. Ça va être une journée merveilleuse.

Elle eut un sourire plus tendre pour lui, avant de reprendre.

- Je vous avoue que ma crainte, c’est soit la chaleur, soit la pluie. Le fameux climat tropical de la Nouvelle-Orléans. Dans les deux cas, on a un plan B pour que le repas, la cérémonie vaudou et la réception se tiennent en intérieur mais ce n’est pas notre choix favori. L’idéal serait qu’il pleuve la veille, pour rafraîchir l’atmosphère mais je n’ai pas encore les pouvoirs de décider de cela. Peut-être que ta mère peut tenter de nous offrir ça en cadeau de mariage, taquina-t-elle son fiancé, dans l’espoir de le dérider.


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Abel Laveau
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeSam 2 Oct - 22:40
Abel n’avait pas jugé la question de Roy stupide ou déplacée. Il ne se sentait simplement pas assez à l’aise pour développer sa réponse, comme il aurait pu le faire dans un autre contexte, avec d’autres personnes. Pour autant, il avait promis à Isobel de faire des efforts, alors il ne fit pas la mauvaise tête au point d’ignorer la question posée. Il y répondit, avec sincérité, mais surtout sobriété. Et il sentit dans le silence qui pesa suite à sa réponse qu’il avait jeté une espèce de malaise.

Cela ne l’aida pas à se sentir plus détendu. Malgré son introversion, Abel n’était pas quelqu’un d’inapte socialement parlant, alors il perçut tout à fait les tenants et les aboutissants de la situation dans laquelle il se trouvait. C’était une situation dans laquelle il s’était déjà trouvé dans le passé, surtout dans sa jeunesse, quand il pouvait se montrer particulièrement renfermé sur lui-même -le temps et la construction d’amitiés solides l’avaient aidé à s’ouvrir. Tout pouvait se résumer en une phrase : il ne parvenait pas à répondre aux attentes de ses interlocuteurs qui s’en retrouvaient embarrassés. Il sentait bien que Roy avait cherché à le faire parler en lui posant spécifiquement une question sur l’architecture, qu’Avalon tentait la même entreprise en évoquant le mariage et qu’Isobel s’empressait de voler à son secours à renforts de réponses enthousiastes et de regards répétés dans sa direction.

« Allez, dis quelque chose » semblaient-ils tous lui dire. Abel aurait aimé pouvoir répondre à leurs attentes. Il avait promis à Isobel d’essayer et il avait été sincère dans cet engagement : il pensait vraiment être capable le faire.

Pourtant, quelque chose le figeait sur place, emmêlait ses pensées et lui faisait perdre ses mots. Il se sentait très conscient de la présence de Roy dans la pièce, alors même qu’il faisait en sorte d’éviter de regarder dans sa direction. C’était comme si cet homme prenait tout l’espace de la pièce alors que pourtant, il ne parlait pas tant que ça : pour le moment, c’était surtout Isobel et Avalon qui s’efforçaient de faire la conversation. Et si fiancée avait beau l’interpeler de compliments et de sourires, il ne parvint pas à donner le change. Il n’y arrivait juste pas. Cette soirée débutait à peine et il avait déjà envie d’y mettre fin et renvoyer tout le monde chez soi, ce qui fait naître chez lui un sentiment d’échec. Or la gestion de l’échec chez Abel induisait très vit un repli sur lui-même, tant il détestait cela.

Il commença donc à perdre le fil du discours d’Isobel, jusqu’au moment où elle l’interpela directement en évoquant sa mère, au sujet d’un cadeau qu’elle pourrait leur faire. Il répondit en pilote automatique, pas certain d’avoir bien saisi le sujet :

« Euh… On peut essayer de voir, oui. »

Abel comprit assez vite qu’il venait de répondre quelque chose qui était à côté de la plaque, face aux regards interloqués qu’on lui adressa, ce qui le fit se sentir encore moins à sa place. Il se tut, sans prendre conscience que là où il prenait soin de ne pas poser son regard, un homme commençait à bouillir intérieurement.


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Roy Calder
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeDim 3 Oct - 0:00
Roy n’était pas connu pour sa patience. Et la faible quantité dont il disposait était toujours fortement mise à mal dans les situations où il se sentait à l’épreuve. Cette soirée était une épreuve, puisqu’elle devait évaluer les possibilités d’entente entre lui et le fiancé de sa meilleure amie, ce qu’il prenait très au sérieux. Or, il était évident à chaque minute qui passait qu’il se confrontait à un échec et c’était bien connu : Roy détestait l’échec.

Il comprit le message silencieux d’Avalon qui posait sa main sur le sienne en signe d’apaisement et de soutien. Alors, pour une fois, il commença par tenter de prendre sur lui et ne pas céder à son envie d’aller secouer Abel Laveau pour qu’il cesse de faire la tête et décroche plus qu’un mot. Il laissa à Isobel le soin de nourrir la conversation à laquelle il participa un peu :

« Vous allez faire une cérémonie à l’église aussi ? Ou seulement vaudou ? »

Les minutes passèrent, interminables, et peu à peu, ce qui était sensé être une conversation à quatre, passa à trois, puis très vite à deux. Roy finit par se terrer dans un silence non pas gêné, mais plein d'agacement et d’impatience à l’égard d’Abel.

Sérieusement, c’était quoi son problème ?

Il ne pouvait pas croire que tout ce malaise provenait seulement de ce passif sexuel avec Isobel qui était terminé depuis deux ans, maintenant. Cela n’avait pas de sens, Isobel était engagée avec Abel dans la préparation d’un mariage dont ils venaient passer un long moment à discuter. Quant à lui, il venait ici en présence d’Avalon, sa partenaire avec qui il formait un couple de toute évidence heureux et complice. Normalement, tous les ingrédients étaient réunis pour que Abel passe ce stade de jalousie un peu primaire et se sente rassuré.

Pourtant il était évident qu’il n’avait aucune envie de faire un pas dans sa direction, au point d’éviter même son regard. Or Roy avait bien trop de fierté pour courir après quelqu’un qui l’ignorait à ce point, il finit donc par se murer à son tour dans un silence buté jusqu’à la fin de l’apéro, ce qui lui laissa tout le temps de formuler mentalement ses hypothèses sur les raisons de cette attitude.

Et, au fond, les raisons n’étaient pas si difficiles à deviner.

Quand Isobel proposa de débarrasser l’apéro, Roy avait donc analysé la situation et préparé toute sa stratégie de réponse dans sa tête. Il fit cesser toute mascarade en lançant sans préavis :

« Ne te sens pas obligée de poser le dîner, Isy, je suis pas sûr que ton mec en ait très envie donc on va arrêter les frais, hein. » Il avait un peu espoir que cette déclaration lui accorde enfin un regard d’Abel dans sa direction, mais il fut déçu. Il le provoqua alors beaucoup plus directement, dans l’espoir d’avoir une réaction : « Il peut même pas me regarder, alors manger avec moi… Ah ! Un regard, enfin ! »

Roy était conscient de casser la fausse bonne ambiance de cette soirée avec son intervention pleine de sarcasme mais il venait d’atteindre ses limites. Mieux valait une mauvaise ambiance bien affichée histoire qu’ils puissent espérer crever l’abcès plutôt que maintenir une hypocrisie qui les mettait tous mal à l’aise. Cela avait toujours été sa manière de régler les conflits de toute manière : gueuler un bon coup pour mettre les choses à plat, pour espérer passer ensuite à autre chose.

Or il sentait que pour parvenir à un dialogue franc, Abel avait besoin d’être provoqué et poussé dans ses derniers retranchements, pour qu’il puisse enfin sortir plus de trois mots. Cela tombait bien : Roy était très fort au jeu de la provocation et il s’y jeta sans retenue.

« C’est parce que le simple fait de me voir te fait automatiquement m’imaginer en train de rouler des pelles à Isobel que tu agis comme ça, ou c’est quoi le problème ? » lança t-il en croisant ses bras dans une posture défiante. En apercevant dans le regard d’Abel un éclair glacial passer, Roy sut qu’il tenait un bon filon et évidemment il ne le lâcha pas. Il frappa encore plus bas. « Tu bloques encore sur l’idée que j’ai vu ta fiancée nue avant toi, c’est ça le souci ? Ton gros ego froissé ? »

Peut-être en partie, mais pas seulement. Roy croyait deviner ce qu’il y avait d’autre et pouvait légitimer cette attitude de rejet chez Abel sans la résumer comme celle d’un homme possessif et insécure. De ce que Isobel lui disait sur lui, ces adjectifs ne collaient de toute manière pas vraiment au personnage. Quant à Roy, il connaissait assez Isobel pour savoir qu’elle ne serait pas tombée si amoureuse et ne se serait pas engagée avec un homme à ce point jaloux et regardant sur ses relations passées. C’était donc logique, il y avait forcément autre chose pour attiser sa méfiance.

« Ou c’est notre première rencontre à toi et moi ? » Le sursaut qui saisit Abel le trahit aux yeux de Roy, qui crut y voir la preuve d’avoir touché juste. Peut-être qu’ils allaient enfin pouvoir parler sérieusement, maintenant. « C’est ça qui a du mal à passer, hein ? » l’interpela t-il.

La réponse d’Abel fut assez brutale et inattendue pour achever de convaincre Roy qu’il avait appuyé exactement sur le noeud du problème :

« Tais-toi.
-Admets-le juste.
-J’ai pas envie d’en parler.
-Pourtant c’est ça ton problème. C’est que je sois le sale type qui est venu un jour te tabasser pour que tu foutes la paix à Isobel. »

Voilà. La colère était enfin là, assez forte pour qu’elle transparaisse même chez l’homme imperturbable et maître de ses émotions qu’Abel Laveau était. Il contenait sa respiration comme si cela pouvait empêcher sa fureur d’éclater, comme un garçon à qui on a appris toute sa vie à ne pas faire de vague. Roy usa d’une dernière manoeuvre pour faire céder la retenue d’Abel, en décroisant ses bras et en annonçant :

« Frappe-moi. »

Mais plutôt que furieux, l’archimage parut surtout incrédule.

« Pardon ? »

Roy haussa les épaules, sans se préoccuper de la réaction d’Abel, ni de celles d’Isobel et d’Avalon qui assistaient à cette scène surréaliste. On pouvait penser qu’il plaisantait mais il était très sérieux. Il mesurait assez bien le sentiment d’humiliation et de malaise qu’Abel devait ressentir en sa présence, pas seulement à cause du passif qu’il partageait avec Isobel : en l’occurrence lui et Abel avaient un passif également, que plus personne n’évoquait mais qui n’était pas oublié pour autant. Peut-être même qu’Abel était traumatisé d’une certaine manière : il n’avait certainement pas l’habitude de se faire passer à tabac, encore moins par un mafieux qui venait le menacer sous son propre toit.

Roy avait conscience d’incarner encore ce personnage, puisque c’était le seul contact direct qu’il avait eu avec Abel avant cette soirée. Il avait eu l’occasion d’y réfléchir mais il n’en avait jamais parlé avec Isobel. Il avait senti, à la manière dont elle lui avait dit qu’elle et Abel s’étaient pardonné le mal qu’ils s’étaient mutuellement fait, que ce n’était pas un sujet sur lequel elle souhaitait revenir. Soit. Roy avait songé que peut-être, ce pardon s’étendait également à lui, puisque, après tout, il n’avait fait que répondre au souhait d’Isobel en agissant de cette manière.

Maintenant, il sentait que ce n’était pas le cas, que les choses n'étaient pas si simples. Si Abel avait été hostile à son égard par pure jalousie, il aurait probablement passé le début de cette soirée à marquer son territoire en quelque sorte, en affichant sa complicité avec Isobel, en redoublant d’entrain à parler de leur mariage. Roy s’était attendu à ce type de comportement avant de venir et pourtant Abel n’en avait rien fait. Ce n’était donc pas cela, concluait-il. C’était autre chose, que Roy avait fini par déceler en percevant le soin que mettait Abel à éviter tout contact avec lui, même visuel : c’était sa présence même qui le mettait mal à l’aise, probablement parce qu’il avait peur de lui.

Evidemment, Roy ne présenta pas les choses de cette manière, car il était à peu près capable de se mettre à la place d’Abel, ayant lui-même vécu des situations humiliantes du même genre dans sa longue vie de mafieux qui avait croisé la route de plus gros poissons que lui avant d’en devenir un. Il savait donc qu’il risquait seulement d’accentuer cette honte et cette humiliation chez Abel à souligner cette peur chez lui.

Roy plaça donc volontairement le match sous le prisme d’une colère qu’il espérait attiser chez Abel, de manière à lui redonner une position de pouvoir plutôt que le laisser dans celle de victime. A ses yeux, ce préjudice pouvait trouver réparation très simplement, par le biais d’une morale qui faisait partie de son ADN désormais : oeil pour oeil, dent pour dent. Et peut-être enfin pourraient-il tous passer à autre chose.

« Je t’ai frappé. Frappe-moi aussi. Et on sera quittes. »


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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeDim 3 Oct - 19:55
Leur conversation ne menait absolument nulle part. Pourtant, Avalon et Isobel essayaient de l’alimenter avec un entrain qu’elles feignaient avoir et même Roy avait cherché à y participer, au moins au début. Il était désormais enfermé dans un silence tendu et impatient ; Abel, face à lui, ne disait pas à un mot non plus. Cela ne faisait même pas une heure qu’ils étaient arrivés, et Avalon désespérait à l’idée de savoir qu’un repas entier les attendait dans une ambiance similaire. A ses yeux, l’ambiance ne pouvait pas se détériorer encore davantage ; le malaise était déjà trop grand, trop épais.

C’était mal connaître Roy, évidemment, qui brisa toute mascarade amicale en provoquant directement Abel. Un bref soulagement s’empara cependant d’Avalon car, au moins, toute la tension qu’elle sentait à sa droite s’était relâchée. Peut-être n’était-ce pas plus mal d’attaquer le problème de front, plutôt de le laisser planer entre eux pendant des heures, sans jamais chercher à l’approcher. En réalité, Avalon et Roy fonctionnaient de la même façon : la colère n’était pas vraiment un sentiment qu’ils savaient garder pour eux, bien au contraire. Et la libérer, la laisser éclater une bonne fois pour toute était un moyen comme un autre de régler un conflit et de se diriger vers l’apaisement de la tension. Du moins, cela était le cas lorsque le cadre s’y prêtait.

Et très vite, le cadre ne s’y prêta plus vraiment.

Avalon avait tourné vers Roy un regard un peu incertain lorsqu’il avait commencé à prendre la parole. Elle connaissait bien son compagnon et voyait à son expression qu’il était décidé à pousser Abel sans ses retranchements, coûte que coûte.

« C’est parce que le simple fait de me voir te fait automatiquement m’imaginer en train de rouler des pelles à Isobel que tu agis comme ça, ou c’est quoi le problème ? » Les sourcils d’Avalon se haussèrent. Fort bien, l’image était agréable, elle était ravie de l’avoir en tête également. « Tu bloques encore sur l’idée que j’ai vu ta fiancée nue avant toi, c’est ça le souci ? Ton gros ego froissé ? » Encore mieux, cela avait le mérite d’être à la fois gênant et piquant pour tout le monde, une performance assez impressionnante, même pour Roy.

Ce n’était pas qu’Avalon était jalouse d’Isobel ou de la relation qu’elle avait entretenu avec Roy ; elle était terminée depuis longtemps et elle avait confiance en son amie. En revanche, il y avait certains sujets sur lesquels Roy, comme Avalon, s’étaient accordés pour ne pas trop s’étendre : leurs relations passées respectives était l’un d’eux. Pas qu’ils soient jaloux d’un passé auquel ils n’appartenaient pas, mais il y avait certaines images auxquelles ils n’avaient pas spécialement envie de se confronter. Et vraiment, son aventure avec Isobel était une image qu’elle n’avait pas envie d’avoir en tête, encore moins quand la principale concernée lui faisait face, à côté de son fiancé sur le point d’exploser. Avalon pinça légèrement les lèvres, ramena ses mains sur ses cuisses et quitta Roy du regard. Elle passait vraiment un très bon moment.

Qui ne cessa d’ailleurs de gagner en qualité.

De la tension qui régnait entre Abel et Roy, Avalon ne connaissait que les grandes lignes. Elle se doutait que le fiancé d’Isobel n’était pas forcément ravi de savoir son ancien amant aussi investi dans sa vie, et elle avait vaguement l’idée que la première rencontre entre les deux hommes ne s’était pas bien déroulée. Elle savait que Roy avait cherché à intimider Abel pour venir en aide à Isobel. En revanche, le verbe « tabasser » n’avait jamais été prononcé en sa présence. D’accord. Voilà une nouvelle information dont elle ne disposait pas en arrivant ici – peut-être aurait-elle sinon fait le choix éclairé de ne pas participer à ce règlement de compte où elle n’avait absolument pas sa place. Donc Roy avait frappé Abel – sur demande d’Isobel, visiblement – et, depuis ce jour, le courant avait du mal à passer entre les trois. Sans. Blague.

Spectatrice d’une scène qui devenait de plus en plus désagréable, Avalon se rendit compte qu’elle retenait à moitié son souffle lorsqu’elle expira assez brusquement suite à la proposition assez surréaliste de Roy. Pas si surréaliste que cela lorsqu’on connaissait le code de leur milieu : œil pour œil, dent pour dent. Roy proposait à Abel de lui rendre ce qu’il lui avait fait, pour remettre les compteurs à zéro. Un peu piquée par la façon dont son compagnon avait réagi – peut-être y avait-il certaines choses dont il pouvait discuter lorsqu’elle n’était pas là (à tout hasard ses ébats avec Isobel) –, manifestement tombée dans un traquenard qu’elle aurait préféré éviter, Avalon songea fugacement que, si Abel ne saisissait pas sa chance, elle le ferait peut-être à sa place.

Quelle bonne soirée.



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Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeMar 26 Oct - 18:34
Rien ne semblait pouvoir alléger la situation. Ni l’enthousiasme (forcé) qu’Avalon et elles mettaient dans leur conversation, ni les tentatives de Roy pour faire parler Abel, ni les quelques verres qu’elle avait pu resservir au cours de l’apéritif. Abel ne s’impliquait pas dans les conversations et lorsqu’il le faisait, c’était pour émettre quelques syllabes. Roy, quant à lui, s’agaçait de plus en plus. Même pas besoin de lire son aura pour le savoir : il avait la mine renfrognée et le regard sombre. Lorsque sa petite plaisanterie sur Adeline et la météo de leur mariage tomba à l’eau, Isy se dit qu’il était temps de mettre fin à l’apéro.  

Elle se leva donc, attrapant quelques bols désormais vides, et s’efforça de continuer d’infuser un peu de bonne humeur dans sa voix, comme si cela allait changer quelque chose à la situation gênante dans laquelle ils se trouvaient. Avec un peu de chance, le gumbo réchaufferait les cœurs – et la bouteille qui allait avec, la conversation. Debout à côté de la table basse, elle annonça :

« On peut passer à table si vous voulez. »

Mais avant que qui ce soit ait pu amorcer un mouvement en direction de la salle à manger, la voix de Roy claqua dans les airs. Il avait atteint son point de non-retour et ne pouvait plus prendre sur lui pour tolérer cette lourde et embarrassante soirée. Il provoqua Abel, directement, en annonçant qu’ils allaient arrêter les frais. Objectivement, c’était sûrement la meilleure solution car l’ambiance était assez terrible. Mais elle eut immédiatement envie de protester, parce qu’elle voyait très bien où cela allait les mener : ils allaient se séparer, Roy et Avalon allaient rentrer, et rien ne serait réglé alors que le mariage approchait. Abel n’allait pas accepter de reproduire l’expérience deux fois et Roy serait frustré de laisser les choses comme cela, ce qui voulait dire qu’il allait être en colère, estimant qu’il avait fait l’effort et que c’était Abel qui avait fait blocus.  

Il était déjà en colère, elle le vit à la manière qu’il eut de s’adresser à son fiancé, le piquant jusqu’à ce qu’il le regarde. Debout avec ses bols vides à la main, Isobel se sentait brusquement démunie. Elle ne pouvait rien dire : pas à Roy qui ne faisait que dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas en mettant fin à leur calvaire ; et rien à Abel, qui prenait déjà énormément sur lui en acceptant cette soirée. Ils étaient dans un cul-de-sac.  

Le problème c’est que Roy ne se contenta pas de provoquer Abel en annonçant qu’il allait partir. Il reprit la parole, d’un ton brusque, pour faire référence à leur passé commun. Evidemment, l’information n’était nouvelle pour personne ici mais ils n’en parlaient jamais, par respect pour leurs relations respectives. Avalon les avait certes connus ensemble mais c’était le passé, qu’elle n’avait sûrement pas envie de remuer, et Abel était au courant mais mal à l’aise avec cet état de fait et sa proximité avec Roy. Soufflée par cette pique, Isobel ne put que s’exclamer :

« Roy ! »  

Son intervention n’eut que peu d’effet puisque son meilleur ami poursuivit, sans quitter son fiancé du regard. Ni son ton outré ni la présence d’Avalon à ses côtés, dont l’aura venait de s’assombrir, ne semblait le convaincre de renoncer à piétiner cette corde sensible.  

« Roy ! » répéta-t-elle, plus fort cette fois-ci.  

Elle lui adressa un regard très sombre qu’il ne sembla même pas percevoir, toute son attention fixée sur Abel. Elle le connaissait bien, elle savait très bien ce qu’il essayait de faire par là. Il ne convoquait pas leur passé relationnel par pur plaisir : il cherchait à faire sortir Abel de ses gonds. Il pensait sûrement que s’il arrivait à le mettre en colère, il arriverait à le faire parler et ils perceraient l’abcès. C’était comme cela que lui fonctionnait. Il pensait qu’il valait mieux exploser et tout mettre à plat plutôt que de laisser traîner une tension larvée. Isobel pouvait comprendre ce raisonnement. Sauf que Abel ne fonctionnait pas comme cela.  

La preuve en était : il ne réagissait pas malgré les tentatives de Roy. Pourtant il s’était tendu, elle le voyait dans sa position, elle le sentait dans son aura. Et il restait maître de lui-même, comme toujours.  

Jusqu’à ce que Roy mette le doigt sur autre chose. Il mentionna leur première rencontre et Abel eut un sursaut. Isobel se pétrifia. Abel et elle n’avaient jamais reparlé de cet évènement, ils l’avaient repoussé loin d’eux lorsqu’ils avaient choisi de recommencer à construire leur relation. Ils avaient décidé de se pardonner tout le mal qu’ils avaient pu se faire réciproquement, pour pouvoir avancer. Elle n’avait jamais insisté pour revenir dessus et son fiancé non plus. Il intima à Roy de se taire de façon brusque, visiblement touché par cette mention. Loin de l’écouter, son meilleur ami choisit de poursuivre dans cette direction. La colère sembla monter d’un cran chez Abel. Le rouge aux joues d’Isobel.

Incapable d’intervenir cette fois-ci, elle resta figée, brusquement envahie par l’angoisse. Elle avait tellement honte de ce qui s’était passé, elle le regrettait tellement. Elle avait demandé à Roy de faire peur à Abel à une période où elle se sentait menacée par lui. Elle avait peur qu’il bouleverse sa vie, qu’il détruise tout ce qu’elle avait réussi à construire ici. Elle avait peur qu’il livre sa position à sa famille, à une époque où elle ne savait pas quelles seraient les représailles contre elle. Elle le regrettait amèrement aujourd’hui. Elle aurait souhaité pouvoir revenir en arrière et qu’il n’arrive rien à Abel. Elle n’avait jamais osé demander de détails sur ce qui était arrivé, ni à lui, ni à Roy. La mention du terme « tabasser » lui donna brutalement envie de vomir.  

La proposition de son meilleur ami, qui écartait les bras comme une invitation, la fit sortir de sa torpeur. Il lui proposait de le frapper, comme pour équilibrer la balance. Comme si cela pouvait apaiser les choses, les faire repartir sur de bonnes bases. La gorge sèche, elle se força à reprendre la parole. La tonalité de sa voix fut plus aigüe que d’habitude.  

«  Ça suffit, arrête. »

Ses mains tremblantes reposèrent brusquement les bols vides sur la table. Son cœur battait la chamade. Elle n’osait même plus regarder Abel dans les yeux.  


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Abel Laveau
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeMer 19 Jan - 21:41
Abel n’était pas souvent mal à l’aise. Ce n’était pas une émotion qu’il expérimentait beaucoup, malgré son air réservé qui pouvait le faire passer pour quelqu’un de timide et donc facilement impressionnable. C’était tout à fait l’inverse : Abel était introverti, il ne parlait pas beaucoup, mais il n’était pas timide pour autant. Passer une soirée avec des gens lui demandait un certain effort social qu’il n’avait pas toujours envie de fournir, car la solitude lui permettait de se ressourcer, mais il n’avait pas peur de l’extérieur ni des gens. Il avait confiance en lui, il était solide, il ne craignait pas d’exposer ses points de vue ou de prendre la parole si cela était nécessaire. Il était emprunt d’une force tranquille qui était son meilleur atout dans les situations de stress social.

Alors les moments où il perdait ses moyens, où il ressentait l’envie de se terrer dans un coin, où ses mains devenaient moites d’anxiété, restaient des épreuves exceptionnelles pour lui. Il ne s’était pas attendu à l’expérimenter ce soir, sinon il n’aurait jamais accepté cette soirée, même pour faire plaisir à Isobel. Il découvrait, en même temps que tout le monde, ce que la proximité de Roy Calder provoquait chez lui. Il détestait perdre le contrôle de ses émotions, alors il passa un certain temps à tenter de se ressaisir mentalement, ce qui ne lui laissa aucune disponibilité d’esprit pour participer à la conversation. Mais c’était vain, il se sentait mal, il avait envie que cette soirée s’arrête et il ne savait pas comment le dire.

Alors quand Roy pourfendit de ses mots acides la carapace de distance et de silence qu’il se construisait pour se protéger, Abel eut une réaction de recul encore plus défensif. Il se retrancha dans un silence encore plus dur, les yeux rivés sur l’homme qui l’attaquait, encore. Le sentiment d’impuissance qui le saisit lui parut familier et il en saisit l'origine lorsque Roy appuya exactement dessus.

« Ou c’est notre première rencontre à toi et moi ? »

Des images confuses, qu’il avait plus ou moins oubliées - ou en tout cas enfoncées dans un coin obscur de sa mémoire - rejaillirent avec violence. Abel en sursauta littéralement, mis en face d’une réalité passée qu’il n’avait jamais voulu examiner et c'était peut-être là son tort. Mais Roy était en train de lui mettre brutalement le nez dessus et ce fut insupportable pour Abel. Il se plaça immédiatement sur la défensive, refusant d’entrer dans cet échange que voulait lui imposer Roy, particulièrement en présence d’Isobel qu’il sentait se décomposer à côté de lui. Cela n’allait pas du tout. Il ne voulait pas en parler, encore moins face à Isobel, c’était un sujet qu’ils avaient décidé d’éviter, d’un accord tacite, pour ne pas remuer le mal qu’ils s’étaient faits tous les deux… Ne pas en parler, c'était mettre ça derrière lui, c'était aller de l'avant et donc c'était régler, en tout cas c'était ce qu'il s'était dit. Un vent de panique le prit, il eut un geste nerveux de la main, comme s’il voulait tout annuler, retourner en arrière, recommencer cette soirée autrement ou mieux encore, faire en sorte qu’elle ne commence jamais, tout mais… pas ça.

Puis la proposition de Roy tomba, choquante, absurde. Frappe-moi. Abel en resta profondément incrédule, d’autant plus déstabilisé que Roy, lui, semblait très sûr de lui, comme si tout ceci était très logique. Il crut pendant un instant qu’il était le seul à ne pas comprendre, que quelque chose lui échappait, qu’il avait manqué un élément. Mais en voyant l’expression atterrée qu’Avalon affichait et l’air mortifié d’Isobel, il sut qu'il n'était pas le seul à trouver la demande incompréhensible.

« Je t’ai frappé. Frappe-moi aussi. Et on sera quittes. »

Pendant un instant, Abel offrit à Roy ce qu’il lui avait refusé toute la soirée : un vrai regard, un regard scrutateur, derrière lequel défilaient toutes ses pensées. Il se surprit à examiner réellement la proposition que Roy venait d’expliciter. Il se demanda si ses mains, qui bougeaient un peu nerveusement depuis tout à l’heure, apprécieraient de décharger l’énergie qui les traversait. Il songea que ce sentiment de menace quasi-instinctif qu’il ressentait depuis tout à l’heure en présence de cet homme face à lui s’en irait peut-être s’il renversait la situation, s’il reprenait le pouvoir, s’il obtenait réparation. N’était-ce pas un concept cher à leur communauté vaudou ? La loi du triple retour. Cette justice exigeait que Roy paye trois fois les dommages qu’il lui avait causés, un an plus tôt, pendant cette agression qu’Abel n’avait jamais nommée comme telle. Son coeur s’accélérait, les fourmillements dans ses mains se multipliaient à ces pensées inattendues, il prit une inspiration, comme pour se préparer à dire ou faire quelque chose… Jusqu’à ce que la voix tremblante d’Isobel surgisse.

«  Ça suffit, arrête. »

Elle ne parlait pas à lui, mais ce fut tout comme. L’animosité qui commençait à monter en Abel s’évanouit au moment où il vit l’expression mortifiée sur le visage de sa fiancée, qu’il n’avait jamais vue chez elle. Elle paraissait abattue sous le poids de l’embarras et de la honte qui l’empêchait de regarder quiconque. Le regard d’Abel passa lentement sur les trois personnes autour de lui et il eut alors la sensation très étrange de s’extraire de la scène présente, comme un observateur extérieur. Le non-sens de la situation lui sauta aux yeux. Il était là, presque prêt à frapper un homme qui était le meilleur ami de sa fiancée, lui, Abel Laveau, alors qu’il n’avait jamais frappé personne. Quelle vaste blague ! Ils avaient organisé cette soirée qui n’avait aucune chance de bien se dérouler dans les conditions actuelles, quelle grande blague aussi. Ils étaient tous profondément mal à l’aise, pour des raisons différentes, même Roy s’était tu alors qu’il semblait si sûr de lui quelques minutes plus tôt. Quand Abel croisa son regard, il ne vit plus chez lui cette superbe qui le rendait si menaçant tout à l’heure. Il le trouva au contraire ridicule, avec cette proposition déplacée qu’il avait faite, et cela le diminua bien plus à ses yeux que s’il l’avait frappé de ses poings. Abel songea qu’il préférait le voir partager son embarras, plutôt que marqué par des coups qui, probablement, ne lui auraient pas fait grand-chose.

Parce qu’il n’était plus seul dans cette profonde gêne qui l’habitait depuis le début de la soirée, Abel se sentit étrangement un peu mieux, comme si ses sentiments trouvaient une soudaine légitimité et qu’il se déchargeait d’une certaine responsabilité également. De toute évidence, il n’était pas le seul à devoir se remettre en question dans cette histoire.

Toutefois, faire cette introspection requérait de la solitude qu’il n’hésita plus à demander franchement, face au silence pesant qui s’était installé.

« Vous devriez partir » suggéra t-il à Avalon et Roy, d’une voix qui avait retrouvé un peu de maîtrise.

Il laissa Isobel les raccompagner à la porte, sans prêter attention à ce qu’ils se disaient. Ses pas hasardeux le menèrent au canapé où il s’assit, sans trop s’en rendre compte. Il se sentait dans un état étrange, plein d’émotions contradictoires difficiles à démêler. La première d’entre elles qui fit surface en voyant Isobel revenir vers lui fut une vague de culpabilité, qui le poussa à dire :

« Je suis désolé. »

L’air mortifié qu’elle affichait lui faisait mal au coeur, ce qui était suffisant pour lui tirer des excuses. Il n’avait jamais voulu que cette soirée prenne ce tournant et il avait conscience d’en être en partie responsable.




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Avalon Calder
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeVen 21 Jan - 16:48
Avalon observait Abel, de la tension perceptible au niveau de sa mâchoire jusqu’à ses poings qui s’étaient resserrés, jusqu’à faire blanchir les jointures de ses doigts. L’atmosphère dans la pièce s’était encore alourdie et était devenue tellement pesante en raison du silence qui s’était installé qu’Avalon faillit le rompre impulsivement. Tout, plutôt que de continuer à assister à cette scène surréaliste.

Isobel la devança d’une voix aigue qu’Avalon ne lui connaissait pas. Elle avait un regard aussi honteux qu’affolé, qu’elle n’osait visiblement plus poser sur son fiancé. Profondément mal-à-l’aise, la milicienne ressentit un intense soulagement lorsqu’Abel reprit finalement la parole pour les enjoindre à partir. Elle hocha la tête comme pour approuver ses paroles et se leva presque immédiatement. Roy et elle furent escortés jusqu’à la sortie par une Isobel agitée, qui referma précipitamment la porte derrière eux. En quittant le hall de l’immeuble où résidait le couple, la consternation initiale d’Avalon s’était transformée en une irritation assez familière chez elle. Ses traits étaient tirés et son regard s’était assombri.

Quelle soirée de merde.

Ce qu’ils avaient vécu dépassait largement le pire scénario qu’elle aurait pu imaginer en amont de ce moment.  Avalon s’était dit que dans le pire des cas, Roy et Abel peineraient à s’adresser la parole. Elle était loin d’imaginer une situation où son compagnon demanderait explicitement au futur mari d’Isobel de le frapper, juste après avoir remué plusieurs éléments d’un passé que trois personnes autour de lui ne souhaitaient pas évoquer. C’était classique de Roy ; perdre patience au point de tout envoyer valser, sans avoir conscience des coups qui se perdaient dans le processus. Elle connaissait, c’était souvent ainsi qu’elle fonctionnait aussi. Elle était incapable de ne rien dire de sa colère, de la contenir pendant des jours, de la garder soigneusement enfermée. Avalon vivait toujours ses émotions très intensément.

Alors, comme elle vivait également intensément son irritation actuelle à l’égard de son partenaire, elle était loin d’avoir le recul suffisant pour ne pas lui tenir rigueur d’une attitude qu’elle partageait avec lui.

Non mais parce que, non-content de la traîner dans un traquenard sans lui donner la moitié des informations utiles pour y survivre, il s’était même dit qu’en plus, cela ferait plaisir à tout le monde de repenser à la relation intime qui l’avait lié à Isobel – images mentales à l’appui, bien entendu, Roy Calder ne faisait rien à moitié. Formidable ! Avalon était ravie de l’avoir accompagné ce soir pour avoir eu la chance d’assister à ce moment. Ah oui vraiment, elle aurait été aussi déçue de rater le moment où il avait plus ou moins provoqué Abel Laveau en duel dans son salon. Brièvement, Avalon se revit quelques heures plus tôt. « Evite le coup de l’ego et de la fierté, le côté « mâle alpha dominant » lui avait-elle dit sur le chemin. C’était très réussi. (De toute façon, il ne l’écoutait jamais, alors qu’elle était une personne sensée (elle au moins)).

N’y tenant plus – elle avait gardé le silence environ une minute, c’était un exploit – Avalon tourna les yeux vers Roy alors qu’ils marchaient côte à côte.

« Donc toi t’es là, tu m’entraînes dans un repas avec un mec que t’as tabassé » – ah bah elle reprenait ses mots hein, elle n’inventait rien, c’était ça le pire – « et ta meilleure idée c’est quoi, de nous faire à tous un petit récap du passé ? » (Previously on la vie sexuelle de Roy Calder) « Mais tu t’attendais à quoi sérieusement ? »


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Isobel Lavespère
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Double trouble [Avaloy & Isabel] Icon_minitimeLun 7 Mar - 0:27
Désastre n’était pas un mot assez fort pour décrire cette soirée. Elle avait viré au cauchemar. La situation s’était brusquement figée après la proposition folle de Roy. Le coeur d’Isobel battait à tout rompre, ses oreilles bourdonnaient. Sa propre voix lui était apparue comme très lointaine. Un silence s’établit après son exclamation, Roy et Abel ne se lâchant pas du regard. Finalement, ce fut son fiancé qui rompit la lourde ambiance, en invitant Avalon et Roy à partir. Il les mettait dehors mais elle n’eut pas le coeur de protester. Elle aussi voulait que cette soirée s’arrête.

Sans dire un mot, Isobel les suivit alors qu’ils se dirigeaient vers la porte. Ses mains tremblaient un peu alors qu’elle faisait coulisser les portes des placards de l’entrée pour leur rendre leurs vestes. Elle n’eut pas le coeur à faire semblant que tout allait bien, à faire la conversation. Son regard accrocha celui de Roy pour un instant, sans savoir ce qu’elle voulait lui transmettre. Elle était en colère de toute cette situation, elle était en colère contre lui, à cause de la manière dont il avait parlé à Abel, elle était en colère contre elle-même, elle était inquiète de ce qui allait se passer, elle était triste que cette soirée se termine comme cela, elle était triste que ses amis se soient retrouvés dans cette situation, elle était bouleversée pour Abel. Mais elle ne dit rien et finit par détourner le regard alors qu’elle leur rouvrait la porte, soufflant un « Bye. »

Lorsque le large battant se referma derrière eux, elle resta quelques secondes là, incapable de bouger. Elle allait devoir retourner dans le salon et faire face à Abel, revenir sur ce qui venait d’arriver. Roy avait ressorti des enfers quelque chose qu’ils avaient consciemment choisi d’ignorer, pour le bien de leur relation. Et maintenant c’était là, au milieu, et ils allaient devoir l’affronter. Elle ne voulait pas. Elle voulait pouvoir remonter dans le temps et effacer cette horrible soirée. Elle dut prendre sur elle pour remonter le couloir et se diriger vers leur pièce de vie, où son fiancé s’était réinstallé, sur l’un des canapés. Leurs regards se croisèrent et elle sentit immédiatement ses yeux s’humidifier et ses joues la brûler. Elle avait tellement honte. Tellement honte de ce qu’elle avait fait, de ce qu’elle avait osé demander à Roy, tellement honte du mal à qu’elle lui avait fait.

Quand Abel s’excusa, elle secoua immédiatement la tête, sentant les larmes basculer sur ses joues. Ce n’était pas à lui de s’excuser : toute cette catastrophe était de sa faute. C’est elle qui avait demandé à Roy de le menacer lorsqu’ils étaient en conflit, c’est elle qui avait insisté pour cette soirée, c’était entièrement sa faute.

- Non, balbutia-t-elle, c’est moi qui suis désolée, je suis tellement désolée... Elle tenta d’effacer les larmes de ses joues. C’est ma faute tout ça, je suis désolée...



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