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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva]

Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
Messages : 382
Profil Académie Waverly
Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeJeu 1 Avr 2021 - 18:58

6 Juillet 2011

La dernière fois que je me suis rendu chez quelqu’un pour y dîner je crois pouvoir dire que j’étais encore mineur, et c’était sans doute accompagné de mes parents. Un genre de plaisir que je ne consomme pas beaucoup. Ce n’est pas tellement que je manque d’occasions – ou peut-être que je manque d’occasions – mais le Département ne me laisse pas un temps libre suffisant pour avoir envie de passer le reste de mes soirées en compagnie de mes collègues, qui sont les plus promptes à me proposer ce genre de sauteries. Danielle travaille autant que moi, autant dire qu’on préfère se retrouver au Ministère, quant à Leonard, je le reçois plutôt chez moi.

Sasha Benson n’est pas exactement le genre de personnes avec qui j’adore passer une soirée à discuter de nos aspirations respectives.

Bref. Autant dire que lorsque Peter Virtanen, après plusieurs rencontres au sein de la guilde des mages runiques que j’ai enfin fini par rejoindre (et c’est vrai, absolument vrai, que la majorité des gens là-bas ont plus de cent cinquante ans,) m’a aimablement proposé de venir passer la soirée chez lui, je n’ai pas vraiment su comment dire non.

Je ne dis pas que ça va être désagréable par principe. Il m’est arrivé suffisamment de choses dernièrement pour qu’un simple dîner me semble beaucoup plus appréciable qu’il ne l’aurait été il y a un an. Approcher des réponses avec Danielle, la présence de Joséphine dans ma tête et maintenant dans mon corps – vraiment je n’ai plus de mots pour ça, c’est juste… Là. Gênant. Bizarre. Très déstabilisant ? Parfois, j’ai envie de vomir.- Les premières leçons forcées avec Sasha… Je suis épuisé. Je me sens épuisé. De plus en plus, parce que je le suis toujours, après tout je fais rarement des nuits complètes ou sans cauchemars. Mais la fatigue de Joséphine m’atteint sûrement et pose sur la mienne une couverture en plus qui rend mes journées longues et difficiles. Parfois je pique du nez sur mon travail. C’est très pénible. Et puis donc par là-dessus il y a Peter.

Premièrement quand j’ai soumis ma candidature à la guilde, je n’avais aucune idée que je prenais le risque de l’y croiser. Autrement c’est simple je ne m'y serais pas rendu, malgré ma curiosité. Alors en arrivant la première fois, autant dire que ma surprise a été plutôt contradictoire, entre le sursaut et le sourire franchement heurté. Il n’a pas vu grand-chose : au départ je n’avais pas l’air de l’intéresser plus que ça (à moins qu’il ait été très concentré sur son analyse de rune, et qu’il ne m’ait pas vu tout de suite, c’est possible.) Jusqu’ici je n’avais pas un grand intérêt à entrer en contact avec l’ancien amant de Chloé Hellsoft, et le père de Lou. J’ai eu un élan de culpabilité. Je l’ai scruté malgré moi, et je me suis rappelé cet instant volé à Poudlard où, venu inspecter la salle sur demande, je l’avais croisé et était brutalement entré dans l’esprit de sa fille. Je n’en suis toujours pas fier. Mais j’ai dû faire bonne figure.

Ça, je l’ai fait très bien.

Pour être honnête, depuis mon rapprochement avec Melchior, il y a parfois des regards que je m’autorise et qui sont différents. C’est comme découvrir subitement qu’on a toujours donné un sens différent à l’esthétisme qu’on voyait chez les autres et qu’on marquait uniquement d’un équilibre structurel sans se rendre compte que ça résonnait bien au-delà de l’intellect. Parfois il y a des gens qui rayonnent et on sait très bien à quel endroit ça frappe. Pour moi c’est si rare que ça peut alors demeurer dans ma pensée pendant des semaines. C’est le cas de Peter Virtanen que j’ai découvert sourcils froncés, air fermé, avec à l’angle de la mâchoire un trait viril et contracté de concentration. Son regard glacial m’a heurté lorsqu’il a relevé la tête pour me considérer en silence. Il m’a instinctivement rappelé Danielle, avec une sorte d’aura plus malléable et moins rentrée, une possibilité d’échange plus directe. En tout cas ce qui est certains c’est que j’ai noté l’équilibre de ses traits, le courant de ses yeux, l’aura profonde et directive qui émanait de lui comme un ordre silencieux auquel n’importe qui aurait voulu se plier par plaisir. En fait, je lui ai rendu son regard avec un sourire neutre. Mais il m’est resté dans la tête. Et j’ai compris une chose.

Désormais il y a les hommes que je comprends que je désir, et il y a les autres.

Bref, il est venu vers moi. On a sympathisé. On s’est découvert des choses et des gens en commun – parler de Danielle avec quelqu’un qui l’a connaissait aussi m’a fait bizarre. – Et puis j’ai fais bonne figure pour ne pas lui laisser croire que j’avais quoi que ce soit à me reprocher.

Parce que je n’ai rien fais, n’est-ce pas ?

Maintenant je suis dans cette situation, le genre où je me mets régulièrement, ou je ne peux pas m’empêcher de me mettre, c’est à dire, à l’entrée de chez lui, prêt à sonner, pour dîner à sa table, à la table où a probablement dîner Chloé, et où Lou sera peut-être, et j’apprécie ce type, et j’ai une partie de moi qui est rongé de culpabilité et l’autre qui ne peut s’empêcher de faire semblant parce qu’elle a besoins de découvrir et de connaître, ou peut être juste d’être manipulatrice, dégoûtante et sur la brèche.

En tout cas je suis là. Et je vais dîner avec Peter Virtanen dont j’aime la conversation, l’élégance et le regard.

Et quand la porte s’ouvre c’est une gamine qui m’ouvre, et que je ne connais pas.

- Heu… Bonsoir ? »



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Maeva Virtanen
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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeLun 5 Avr 2021 - 15:55
Quand Lisa avait refermé sa valise, de grosses larmes avaient roulé sur ses joues. Elle les avait essuyées avec le dos de sa main et un sourire un peu tordu, mais elles avaient redoublé. Elle venait de refermer sept années de sa vie dans une large malle aux attaches fatiguées. Il y avait des lettres rédigées de son écriture maladroite, d’anciennes copies, des plumes cassées, des bouteilles d’encre vides, des photographies animées, des livres. Son lit était fait, sa penderie vidée ; toute sa vie avait été rangée. Maeva, allongée sur son lit, les jambes pendant dans le vide, s’était redressée sur son coude en entendant sa meilleure amie renifler. Elle avait échangé un regard avec Kasya, et les deux jeunes femmes s’étaient approchées de leur amie pour l’entourer de leurs bras.

« Non mais c’est con, » avait soupiré Lisa, « ça fait six mois qu’on a tous envie de se barrer d’ici, c’est juste que… »
« Qu’on y vit depuis qu’on a onze ans ? » émit Kasya en s’adossant contre un lit.
« Ouais. »
« Je sais. »
« Si ça se trouve, » avait alors déclaré Lisa, « on va complètement se perdre de vue en quittant Poudlard. »
« Peut-être. » avait répondu Maeva en tournant un regard vers elle.
« Maeva ! » s’était offusquée Kasya en roulant des yeux.
« Bah, c’est vrai. Peut-être. Ou peut-être qu’on va pouvoir faire un discours super gênant ensemble quand Kas' se mariera… »
« Merlin. C’est peut-être mieux qu’on arrête de se parler maintenant. »
Maeva avait étouffé un rire. « Pour l’instant, on est toujours là. » fit-elle en passant un bras autour des épaules de Lisa. « On fait un dernier tour du château avant de partir ? »

Elles avaient fait un dernier tour, pris un dernier repas, avait parcouru ensemble une dernière fois le trajet jusqu’à la gare, s’étaient enlacées encore avant de monter dans le train. Puis, Kasya et Lisa avaient rejoint un compartiment, et Maeva était retournée au château, désormais vide. Il n’y avait personne ; presque plus d’élèves, et à peine quelques professeurs. Maeva avait choisi de passer un premier temps de son été auprès de Peter et de Lou, dans le château qui avait abrité tant de moments aussi douloureux que charnières de sa vie. Après ces dernières semaines riches en émotions, Maeva ressentait le besoin de rester proche de sa famille ; elle se sentait de toute façon trop épuisée pour envisager une existence où elle serait livrée à elle-même. En s’occupant de Lou, Maeva s’occupait aussi d’elle et évitait ainsi des moments de solitude qu’elle redoutait particulièrement. Son psychomage craignait qu’elle s’enferme à nouveau dans des dynamiques d’évitement qui lui avaient été si délétères pendant des mois, et lui avait proposé d’augmenter la fréquence de leurs séances ; ils se voyaient ainsi une fois par semaine, pendant près d’une heure. Elle s’y rendait toujours à reculons – parce qu’elle passait parfois les trois quarts de la séance à articuler des mots derrière ses sanglots – mais elle y allait.

C’était d’ailleurs ce qui avait occupé une partie de son après-midi ; elle était rentrée directement après et s’était endormie pendant plusieurs heures – les séances l’épuisaient complètement. Elle avait émergé en fin de journée, pour constater que Peter était parti avec Lou, et qu’elle était seule dans l’appartement. En se souvenant que Peter avait invité « un ami » à dîner, Maeva avait revêtu une tenue un peu plus présentable que le large pull dans lequel elle avait dormi, et s’était attelée à mettre la table pour quatre personnes – Lou refusait de manger à part, elle avait récemment décidé qu’elle voulait être traitée comme une adulte, alors elle réclamait aussi des couverts qui n’étaient pas en plastique.

Lorsque quelques coups furent toqués à la porte, Maeva se dirigea vers l’entrée pour l’ouvrir. Elle tomba nez-à-nez avec un homme dont le visage lui était familier, sans qu’elle ne puisse pour autant y associer un nom. L’homme en face d’elle paraissait surpris de la trouver là, lui aussi.

« Bonsoir, » répondit Maeva en s’effaçant pour le laisser entrer. « Maeva, » se présenta-t-elle. « Je suis la fille aînée de Peter. Sa belle-fille. » corrigea-t-elle un peu machinalement. « Il est sorti avec Lou, il ne devrait pas tarder à rentrer… Et vous, vous êtes ? » l’interrogea-t-elle en le guidant jusqu’au salon.



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Constantine Égalité
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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeLun 5 Avr 2021 - 20:17
Je trouve extrêmement peu de ressemblance entre le souvenir que j’ai de Peter Virtanen et la personne qui m’ouvre la porte. Cheveux couleur feu nuit, sourcils arqués, yeux sombres cernés de noir, scrutatrice, on dirait qu’elle s’est habillée pour recevoir comme si elle savait que je devais venir sans qu’on m’ait prévenu que nous allions être plus de deux. Outre le fait que ne pas m’être préparé psychologiquement à l’idée de gérer un dîner incluant d’autres personnes dont j’ignore tout, je suis un peu déçu de réaliser que l’invitation de Peter n’a plus rien n’à voir avec un tête à tête.

Je reconnaît que ma curiosité me pousse vers lui et l’envie de le connaître mieux, et seul, pare que je suis plus à l’aise dans cette conformité (ou alors je cherche à le séduire, mais n’ayant aucune idée de la façon dont je dois m’y prendre, préfère que mon échec potentiel ne soit pas trop visible.) Or, il me semble évident que la jeune fille qui me fait face s’est habillée pour une occasion. Peut-être un dîner avec ses propres amis ? En attendant j’ignorais qu’il avait deux filles. Je fronce légèrement les sourcils tout en conservant un semblant de sourire. Son visage me dit quelque chose pourtant je n’ai pas l’impression de l’avoir déjà croisé. « Belle-fille, » corrige-t-elle en me laissant la place. Je réalise alors que cette gamine, Maeva, doit être Maeva Hellsoft, la fille de Chloé, et que ses traits me rappellent ceux de sa mère. J’ai un haut le cœur que je dissimule parfaitement en pénétrant l’appartement, affectant un calme que mes tripes retournées ne partagent pas du tout.

- Constantine Égalité, réponds-je. J’ai travaillé avec ta mère pendant longtemps…

Il y a un bref silence et nous deux, désormais plantés au milieu du salon. Habiter dans un château et du même coup sur son lieu de travail doit faire oublier à quel point il peut être gênant pour un invité de se présenter avant l’arrivée de son hôte, d’autant plus s’il s’avère que cet invité est, comme moi, absolument dénué de la maîtrise des codes sociaux. Je fais appel à toutes mes connaissances pour tenter de me souvenir de ce qu’on fait dans de pareilles circonstances.

- Mes condoléances… Finis-je par dire. Chloé était une Directrice brillante. »

Là, c’est vraiment très bizarre. Faire face aux conséquences de ce que je crée est toujours un exercice difficile, parce que je me rappelle d’à quel point mon ambition détruit autours d’elle des personnes qui ne sont responsables de rien. Et je sais que ça ne m’arrêtera pas. Mais voir le visage déformé d’une adolescente à qui j’ai pris la mère n’est pas quelque chose dans lequel je trouve du plaisir. Le départ de Chloé était nécessaire. Pour le Département, pour moi, pour le gouvernement aussi, bien que cela m’importe moins, mais je ne trouve aucun plaisir dans sa fuite, sa mort, ou ce que ces évènements ont dû produire sur cette jeune fille qui n’a manifestement rien demandé à personne. Et il est certain qu’elle a quelque chose dans le regard qui parle pour elle, une tristesse assez profonde qu’elle dissimule relativement, mais elle ne sourit pas tellement, et j’imagine que rien de ce que je viens de lui dire ne va la faire sourire plus encore.

J’espère d’ailleurs qu’elle n’a pas perçu mon trouble lorsqu’elle a évoqué Lou.

La petite fille dont j’ai violé la mémoire pour trahir la mère.

Je considère sérieusement l’idée de faire demi-tour et de partir d’ici.


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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeLun 5 Avr 2021 - 22:46
Maeva comprit rapidement, au regard curieux qui se posa sur elle, que l’invité de Peter ne pensait pas la trouver là. Elle laissa passer sa surprise en l’invitant à entrer, refermant la porte derrière lui alors qu’il pénétrait dans le salon. En hôte polie – elle avait été bien élevée – Maeva attendait désormais que l’homme se présente à son tour, ce qu’il fit en lui donnant un nom qui résonna longuement à ses oreilles.

Constantine Egalité.

Elle aurait pu le reconnaître, songea-t-elle, c’était l’homme qui avait succédé à sa mère à la tête du département des mystères. Il avait été nommé comme directeur après la disparition de Chloé ; elle se souvenait avoir lu un article sur lui dans la Gazette du Sorcier. Elle avait songé, un peu mesquine, que sa mère dégageait au moins une assurance qui sied à ce genre de poste. Un professionnalisme rigoureux, une confiance tranquille ; sur la photo que les journalistes avaient utilisée, Constantine Egalité paraissait simplement perdu. Le cliché ne lui rendait peut-être pas justice ; mais dans le décor familier de l’appartement que Maeva occupait avec Peter et Lou, il semblait tout aussi confus.

Peut-être pas suffisamment confus, cependant, pour ne pas évoquer immédiatement ce sujet qui aurait très bien rester en suspens. Il aurait pu amorcer une discussion sur la météo – il faisait très doux depuis quelques jours – sur la récente victoire des Harpies, sur les circonstances de sa rencontre avec Peter. Mais non. Non, il fallait qu’il aborde immédiatement sa mère. De façon très perceptible, comme toujours lorsque la mort de ses parents étaient évoqués par des inconnus, Maeva se raidit.

Pendant longtemps, elle s’était tendue de colère. On lui disait « toutes mes condoléances » et elle avait envie de crier qu’on la laisse tranquille. Mais, comme Maeva n’exprimait pas sa colère en criant, elle se contentait d’un rire un peu ironique et d’une remarque sarcastique profondément déstabilisante. « On s’habitue » avait-elle répondu à Dean Forbes. « Elle était visiblement meilleure directrice que mère » aurait-elle pu souligner à Constantine Egalité, quelques semaines plus tôt.

Mais quelque chose, dans la colère de Maeva, ne sonnait plus de la même façon. En s’autorisant à pleurer, en s’autorisant à souffrir, elle avait laissé la possibilité à son deuil de se poursuivre. Elle n’était plus bloquée au stade de la colère – au stade de la rage, même. Elle n’avait pas totalement disparu, mais elle avait été nuancée à la fois par d’autres sentiments, et par le travail que Maeva faisait avec son psychomage, qui œuvrait à rétablir une vision moins tranchée de sa relation avec sa mère – celle avec son père faisait l’objet, quant à elle, d’une sensibilité particulière.

« Merci. » répondit donc Maeva, d’une voix un peu étouffée, la gorge serrée par l’émotion. Depuis quelques semaines, elle avait des difficultés à évoquer ses parents sans avoir envie de fondre en larmes. Elle ferma d’ailleurs brièvement les yeux pour faire passer cette émotion. « Vous la connaissiez bien ? » interrogea-t-elle finalement en s’appuyant contre l’accoudoir d’un canapé. « Elle adorait son travail, je crois. Elle ne pouvait pas vraiment en parler, » commenta Maeva avec un léger haussement d’épaules, « mais elle était passionnée. »

C’était une façon de décrire Chloé : passionnée. Avec un tempérament entier, explosif, égoïste aussi, suffisante parfois, assurée. Maeva lui ressemblait sur certains points ; et, quand elle se mettait en colère, ceux qui avaient connu Chloé jurait de la retrouver dans le visage de sa fille aînée. Et, ce que Chloé et Maeva partageaient aussi, c’était une méfiance des étrangers – ou appelons ça de la prudence – qui poussa la jeune femme à considérer Constantine du regard dans un instant de silence.

« Comment est-ce que vous avez rencontré Peter ? » finit-elle par demander, comme pour chasser un genre de malaise que son cœur, pourtant, conserve.


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Constantine Égalité
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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeMar 6 Avr 2021 - 18:51
Ho, je connais cet air. Ce merci qui sonne comme une obligation polie brûlée de colère à peine digérée, de haine et d’injustice aussi, de désir de dire plutôt foutez moi la paix. Je le connais intimement, intensément. J’en sens encore le goût amer de sel dans ma bouche, comme si c’était hier que Camille mourrait et qu’on se retrouvais tous autours de sa tombe. Avec les larmes, les sourires contrits, les signes gênés, les condoléances. Et les merci.

Cette gamine a la rage. Elle fait semblant que ce n’est pas le cas mais je sais quelle douleur elle a dans le ventre quand elle répond et je regrette d’avoir abordé le sujet. J’ai eu le même réflexe idiot, copié sur les dizaines et les dizaines de personnes qui sont venus me serrer l’épaule en tentant d’avoir l’air aussi malheureux que je l’étais pour ne pas avoir honte de ne pas être triste. À sa place pourtant j’avais détesté voir ces étrangers, ces gens qui le connaissaient si peu parler de lui, évoquer son nom. Leurs regards me rendaient fou de rage. Peut-être que c’est le premier sentiment que je donne à Maeva. La rage et la tristesse. Elle les dissimule derrière ses paupières une seconde, à peine le temps d’un souffle. Elle réprime.

Un instant j’imagine que le sujet va changer parce que Maeva ne désire peut-être pas mon avis sur sa mère disparue, défunte. Mais au contraire, elle commente. Mon cœur se met à battre sourdement, se sert, j’ai du fiel dans l’estomac. Les paumes moites, la nuque glacée. Elle me parle d’elle avec sincérité. Ses mots n’ont rien d’extravagant, rien qu’elle ne pourrait dire à n’importe qui, mais elle y met un accent de manque terrible. Un trou sourd et sombre qu’elle ne peut pas dissimuler tant il est grand. Son amour et là, pudiquement exposé à ma vue qui le salit. J’ai la gorge serrée. J’ignore ce que ça fait de perdre ses parents aussi jeune. Je n’ai jamais vraiment eu l’impression d’avoir de vrais parents moi-même, mais je peux concevoir, en pensant à Camille, combien la terreur et la solitude doivent être profondes.

- Oui, je la connaissais bien, dis-je en baissant les yeux. J’ai honte de son regard, pourtant je suis déterminé. Je ne peux regretter un acte qui devait être commis. Pour moi. Pour mon accomplissement. Chloé savait le jour où elle a œuvré contre son intérêt, elle a choisi son camp, pris position dans un jeu où elle n’avait pas l’avantage. Elle a perdu et sacrifié avec elle ceux dont elle s’est entourée pour se sentir moins seule. C’est comme ça. Cette histoire n’a rien n’à voir avec Maeva, ou Lou, ou Peter. Il y a des avantages à être seul. « J’ai été son sous-directeur quelques années. C’est grâce à elle si j’ai eu les faveurs pour prendre sa suite. » On pourrait croire que Chloé m’avait dans ses petits papiers pour le cas où elle quitterait son poste, que ce genre de choses étaient prévus à l’avance. La vérité, c’est que je n’en sais rien. Mais que je ne mens pas tout à fait. Je lui dois mon poste. Si elle n’avait pas fait d’erreur, je n’aurais jamais pu la vendre contre ma promotion. « Je ne peux pas vraiment te parler non plus de ce qu’on faisait ensembles, dis-je encore en haussant un peu les épaules. Dans un accès de culpabilité emprunte d’une bienveillance absurde, hypocrite, mais irrépressible, j’ajoute : mais si tu veux me poser des questions auxquelles je puisse répondre, n’hésite pas. »

Elle me détaille d’un regard un peu méfiant. Je reconnais l’intelligence de sa mère au fond de ses yeux sombres et comprends qu’elle réfléchit. Peut-être trop. Qu’il faut que je fasse attention.
- Comment est-ce que vous avez rencontré Peter ? Demande-t-elle comme si cela pouvait la débarrasser d’un doute. À nouveau, je sers, naturellement, mon mensonge par omission :
- Au sein de la guilde des mages runiques. Je ne sais pas s’il t’a parlé de ça ? Une bande de vieux agonisants qui scrutent des cailloux rayés et s’échangent des mémos comme si c’était des pin’s ? » Je souris. « J’ai le même genre de passion seulement je n’avais pas pris le temps de me joindre à eux. Il se trouve que Peter et moi sommes les seuls sorciers de moins de deux cent ans. Par conséquent il était le seul à comprendre mes références. Ça rapproche.

Pendant que nous parlons, je suis réceptif à l’ambiance de cet appartement dont, je note, je n’ai pas encore vraiment dépassé l’entrée. Je me demande s’il est agréable d’habiter dans Poudlard : pour moi qui n’y ai pas fait mes études, qui n’y ai aucun souvenirs, j’imagine simplement l’humidité glacial du château, pendant l’hiver, quand il est déserté de toute âme. Je me demande aussi si Maeva a toujours un père quelque part, pourquoi elle habite chez son beau-père, quelle genre de relation ils ont, tous les deux. S’ils s’entendent bien. S’il aimait Chloé autant que Maeva semble l’aimer.

-Ha ! » Je sursaute en me rappelant que j’ai dans ma poche quelque chose pour eux. J’en sors une bouteille ainsi qu’une boîte en bois, ronde et ciselé d’or, dont j’annule le reducto. Je tends la bouteille à Maeva : un Côte du Rhône. Je garde dans la main la boîte en bois.« Si tu as quelques glaçons, il faudrait la faire refroidir cinq minutes. Si j’avais su que tu étais là j’aurais apporté… Je m’interromps, réalisant qu’elle a sûrement largement l’âge de boire de l’alcool. Peut-être que tu voudras en prendre ? Je veux dire… Tu dois être diplômée ? Peut-être que tu travailles déjà ? »

Et dans mon attitude rien ne montre à quel point je suis responsable de sa souffrance.


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Maeva Virtanen
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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeMer 7 Avr 2021 - 22:55
Il y a quelque chose, chez Constantine Egalité, qui dérange Maeva. Elle ne parvient pas exactement à mettre le doigt dessus, ce n’est pas exactement une intuition, mais plus un mauvais pressentiment qui l’anime brusquement alors qu’elle lui fait face. Elle cherche d’abord à le rationnaliser et se dit que c’est sûrement parce que cela fait bien longtemps qu’elle n’a pas côtoyé une nouvelle personne capable de lui parler de sa mère. Quelqu’un de ce monde si secret, au ministère, dont elle ne savait presque rien quand Chloé y travaillait encore. Et dont elle n’a jamais rien su, parce que sa mère, un matin, est partie travailler et n’est jamais rentrée le soir. Elle s’est réveillée à côté de Peter, a embrassé Lou avant de partir au ministère, a transplané à Londres… Et s’est volatilisée. Alors c’est peut-être pour ça que Maeva se sent mal à l’aise en présence de Constantine ; il lui rappelle sa mère et les derniers moments qu’elle a passé avant de disparaître pendant de longs mois. Il incarne ce qui a été son monde, son travail, son univers, celui que Maeva n’a jamais pris la peine de connaître lorsqu’elle était encore vivante et qu’elle effleure, ce soir, sans y avoir été préparée.

C’est peut-être ça, songe-t-elle en observant le directeur du département des Mystères.

Ou alors, c’est peut-être qu’elle ne parvient pas à croire aux coïncidences. La disparition de Chloé a profité à Constantine, qui lui a succédé à la tête de son service. Il a pris sa place, littéralement, quand elle était traquée pour trahison. Le ministère a déployé des ressources phénoménales pour la retrouver – Maeva le sait parce qu’elle a été interrogée plusieurs fois par la milice dans le cadre de l’enquête. Sur le principe, ce n’est pas étonnant que le sous-directeur des Mystères accède à une promotion comme celle-ci. En revanche, c’est étrange qu’il se lie d’amitié avec l’ex-conjoint de sa supérieure disparue, et qualifiée de « traitre à la nation » par la plupart des journaux anglais. A ses mots, c’est le hasard qui les a réunis dans une guilde. Maeva est trop méfiante pour croire au hasard.

En revanche, elle est douée pour mentir, pour dissimuler son trouble et pour mettre un masque – elle fait ça comme elle respire. Alors, elle se contente de sourire, et hoche la tête.

« Oui, je vois de quelle guilde il s’agit. » confirme-t-elle. « Je suis déjà allée à une réunion, il y a quelques années. » Parce qu’elle avait montré un intérêt pour les runes et que Peter avait sauté sur l’occasion. « La plupart des sorciers avaient l’air morts. Ou endormis. Et je suis à peu près certaine que la moitié ne voyait même plus quelles runes étaient inscrites sur les pierres. »

Au fond, Constantine n’a pas l’air méchant, et Maeva ne souhaite pas se montrer hostile non plus. Une voix lui souffle qu’elle est parano – comme sa mère, tiens – et qu’elle voit des signes là où il n’y a rien d’autre qu’une vague coïncidence, pas si étonnante que ça quand on sait à quel point le monde sorcier est minuscule. C’est juste un mauvais pressentiment, un genre de vieux réflexe qui vient la protéger de souvenirs potentiellement douloureux. Elle se rassure comme elle peut en attrapant la bouteille que lui tend Constantine et écoute ses indications.

« J’ai dix-huit ans. » l’informe-t-elle simplement, comme pour répondre à sa question. « Je viens de passer mes ASPIC, et je commence une formation en apprentissage chez Laveau&Wells en septembre. L’agence d’archimagie. » précise-t-elle en se dirigeant vers la cuisine. D’un geste de baguette magique, elle fait venir un large sceau qu’elle remplit d’eau et transforme en glace. Elle glisse la bouteille à l’intérieur. « Alors moi ça va, je peux boire légalement. C’est plutôt de Lou dont il faut vous méfier. Elle a décidé de tout faire comme les adultes, alors elle réclame les mêmes boissons. » commente Maeva avec un sourire en coin en revenant dans le salon où l’attend Constantine. « Lou, c’est la fille de Peter. » précise-t-elle finalement, incertaine des informations qu’il possède. « De Peter et de ma mère. »


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Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeJeu 15 Avr 2021 - 23:38
À la place de Maeva Virtanen, je serais probablement occupé à tracer en esprit tous les scénarios possibles sur ma relation à sa mère. Qui suis-je, quel genre de rapports avions-nous, jusqu’où ais-je profité de sa disparition et surtout, avais-je connaissance des avantages que j’obtiendrais si elle désertait son poste. Je ne sais pas si elle calcule, si elle se doute, si elle pèse et suppose. J’ai le sentiment qu’elle n’est pas stupide et même sans parler de politique la disparition brutale de sa mère doit poser beaucoup de questions. Je ne peux pas l’en blâmer. Il y a vraiment une prise de risque et la conscience d’un jeu à la frontière de la stupidité, de ma part. Cette poussée intérieure qui m’oblige malgré toutes mes réticences à aller-là où le danger existe. Là où je peux vivre sur le fil, provoquer ma chance. Je ne peux pas m’en empêcher, en réalité, je ne m’en rends pas toujours compte sur le moment. Des mois plus tard, la résolution me frappe et tout ce que j’aurais pu éviter. Aujourd’hui j’ai pleinement conscience de prendre un risque et de ne vouloir y renoncer pour rien au monde.

Alors, est-ce que Maeva Virtanen croit à ma candeur, à mon innocence, à mon ton désolé ? Je n’en sais rien, et je trouve dans cette incertitude un délicieux plaisir qui me galvanise autant que la présence calme de Danielle ou la curiosité que j’ai pour Peter. Je sais que j’ai ce qu’il faut pour être convaincant parce que je pense sincèrement les excuses muettes que je profère et l’absence totale d’animosité que j’ai pour Maeva. Encore une fois, j’aurais sincèrement voulu pouvoir l’épargner.

Mais pas au point de me desservir, malheureusement pour elle.

Ça ne m’empêche pas d’avoir conscience de la cruauté des conséquences de mes actes.

- Ils sont morts. Je te garantis qu’ils sont morts. » Dis-je avec un sourire pour répondre à son trait d’humour pince-sans rire. Maeva me plaît. Elle semble avoir l’esprit fin et prompte et dissimuler à merveille beaucoup de sa douleur.

Elle se saisit de la bouteille, et je jette un vague coup d’œil vers le salon en me demandant, tout de même, si Peter n’est pas en train de me tendre un genre de traquenard. Quel type de personne invite chez lui quelqu’un qu’il connaît mal et laisse sa belle-fille gérer la réception ? Peut-être est-ce le fait de vivre sur son lieu de travail qui le rend inapte à recevoir correctement ? Non pas que je le blâme. Ce n’est pas comme si j’avais la grande habitude d’organiser des réceptions, pour qui que ce soit.

- Ha, désolé. Et félicitation, » je grimace, un peu gêné. Elle est restée de marbre mais je vois bien que ma remarque était infantilisante, même malgré mon manque de tact, par conséquent j’imagine assez comment elle a pu le recevoir. Je manque de faire une blague au sujet de la Marchebank et me retiens juste à temps. Peut-être Maeva a-t-elle eu des proches, des amis, des parents concernés par l’attentat dramatique et je pense dissimuler suffisamment de choses pour ne pas lui montrer trop vite qu’une partie de moi est un peu cynique. Après tout, je suis toujours occupé à tenter de décoder son degrès de confiance.

Et puis elle invoque Lou.

Je n’ai absolument pas bougé. Rien, ni sur mon visage, ni dans mon attitude, j’en suis absolument convaincu, n’a trahis l’effrois glacé qui s’est brutalement figé dans ma poitrine à l’évocation de cette petite fille dont je me souviens parfaitement. Elle aussi peuple mes rêves et mes cauchemars. Un bref instant je me demande si ce n’est pas la possibilité de la croiser qui m’a fait suivre Peter, plutôt que son aura magnétique. Peut-être que je cherche simplement à être découvert pour retirer de mes épaules le poids étouffant de ce que j’ai fait à cette petite fille.

Et pourtant je sais parfaitement qu’aucune once de moi n’est prêt à renoncer à quoi que ce soit. Pas maintenant. C’est trop tôt.

Je me passe une main sur la nuque, le cœur aussi froid qu’un regard de Danielle. Passé sur mode automatique, mes réflexes me sauvent, comme toujours, et je suis impressionné de percevoir, comme à l’extérieur de moi-même, à quel point je suis capable de donner le change.

- Moi qui pensais dîner avec Peter, me voilà convié à un repas de famille. Je dois dire que c’est un peu intimidant.

Ramener la conversation sur quelque-chose de sincère. Il n’y a qu’avec une part de vérité que l’on peut créer les meilleurs mensonges.


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I've been throwing stones, waiting by the river, I've been on my own, praying like a sinner, and you've been gone too long, I'm waiting out the winter, I've been on my knees, praying like a sinner© by Sun, avatar by hedgekey

Spoiler:
Peter Virtanen
Peter VirtanenMais qui es-tu, Peter, pour voler la place de directeur ?
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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeJeu 29 Avr 2021 - 13:49
Peter n'avait pas vu l'après-midi passer. Les résultats des BUSE et des ASPIC étaient tombés ce matin et avaient été immédiatement suivis par l'arrivée de plusieurs courriers de contestation et de réclamation de copie. Il avait même reçu une beuglante de la mère d'un élève qui trouvait scandaleux que son fils ait obtenu un P en Soins aux créatures magiques alors que cette option était censée remonter sa moyenne. Ce qui était scandaleux, de l'avis de Peter, était qu'elle s'en prenne à l'équipe enseignante plutôt qu'à son enfant prodige qui avait confondu un botruc avec un bout de bois pendant toute la durée de l'examen. La beuglante avait au moins eu le mérite de faire rire Lou, occupée à dessiner sur un coin de son bureau. Elle s'amusait depuis à en livrer une imitation assez fidèle malgré sa voix fluette.

Quand le directeur sortit finalement la tête de la pile de courrier reçu dans la journée, il remarqua avec surprise qu'il était presque l'heure d'accueillir son invité de ce soir. Il avait proposé à Constantine de venir dîner à Poudlard afin qu'ils puissent discuter sans être interrompus par les autres membres de la guilde des mages runiques. Ce n'était pas tant qu'il s'inquiétait de la confidentialité de leurs échanges -les trois quarts des mages de la guilde étaient sourds- mais il avait envie d'apprendre à mieux connaitre le directeur des Mystères.

Peter développait pour cet homme une curiosité inhabituelle qu’il s’expliquait par le poste occupé par ce dernier. Il ne savait pas si c’était simplement l’aura mystérieuse qui entourait le département des Mystères, ou le fait qu’il ait été une des personnes les plus proches de Chloé dans cet univers dont elle ne lui avait presque rien dit. Son ex-compagne était toujours restée très secrète sur son travail aux mystères et si à l’époque Peter avait respecté cette réserve sans insister, il restait aujourd’hui avec beaucoup de questions auxquelles il n’obtiendrait jamais de réponses. Il s'était fait une raison concernant ses questions relatives à la fuite soudaine et inexpliquée de Chloé, puis sa mort, mais il avait encore espoir d'en apprendre un peu plus sur son passage aux Mystères.

"C'est fini pour aujourd'hui, annonça-t-il en se levant. Tu viens ma puce ?
- Regarde ! Lou lui tendit le morceau de parchemin sur lequel elle avait dessiné un carré rouge avec ce qui ressemblait très vaguement à une bouche au centre. Sans l'incident de cet après-midi Peter n'aurait jamais réussi à identifier l'objet en question.
- C'est la beuglante de tout à l'heure ?"

La petite fille lui répondit par un vif hochement de tête et recommença à pouffer de rire en se rappelant cet épisode. Amusé par sa réaction, Peter joignit son rire au sien et ils prirent ensemble le chemin de l'Aile Sud, Lou trottinant derrière les grandes enjambées de son père, qui faisait pourtant exprès de ralentir pour ne pas la semer.

"Attend, il faut qu'on fasse un détour par les cuisines !" réalisa-t-il.

Même si la plupart prenaient des congés -souvent imposés contre leur grés- il restait toujours quelques elfes de maison à Poudlard pour s'occuper du château pendant l'été et préparer les repas des enseignants qui restaient à l'école. Et il avait oublié de leur demander de prévoir un couvert supplémentaire.

Peter fut assez surpris de voir Lou prendre le chemin des cuisines sans marquer d'hésitation, comme si elle s'y était déjà rendue à plusieurs reprises. Elle s'arrêta juste sous le tableau qui en masquait l'entrée et leva le bras au dessus de sa tête pour le désigner à son père afin qu'il ouvre le passage.

"Avec qui tu es venue ici toi ?
- Mes copines."

Peter avait déjà eu l'occasion de croiser Lou en compagnie de jeunes élèves qui semblaient la prendre pour une mascotte ou une poupée, mais était surpris de l'entendre en parler comme de ses amies. C'était certainement une bonne chose, que sa fille se socialise un peu, même avec des filles plus âgées.

Evidement les elfes étaient déjà au courant de la venue de Constantine, par une forme de magie qui leur était propre, et avaient déjà prévu un dîner pour quatre personne, avec un plat différent pour Lou qui avait décidé depuis quelque temps qu'elle n'aimait plus le poisson. La fillette semblait particulièrement populaire dans les cuisines puisque tous les elfes la saluèrent par son prénom et que l'un d'entre eux insista pour lui préparer ses gâteaux préférés. Peter eut toute la peine du monde à quitter les lieux, en répétant à plusieurs reprise qu'il était attendu, et il avait quelques minutes de retard quand il arriva finalement devant son appartement, suivi par Lou dont les bras étaient chargés de sablés à la confiture de fraises. Il espérait que ce qu'on racontait sur les français était vrai et que le directeur des mystères serait plus en retard que lui.

Les stéréotypes n'étaient visiblement pas toujours fondés puisqu'il trouve Constantine dans le salon en compagnie de Maeva.

"Je suis navré du retard, s'excusa-t-il en pénétrant dans la pièce à son tour. Je manque à tous mes devoirs ! Comment vas-tu ? lança-t-il à Constantine en lui tendant la main. Tu n'as pas eu de mal à trouver ? Il m'a fallu des semaines pour réussir à me repérer quand je suis arrivé à Poudlard !"

Il savait que Constantine, comme lui, faisait partie des rares personnes habitant en Angleterre à ne pas avoir fait sa scolarité à Poudlard.

"Vous avez déjà fait les présentations ? s'enquit-il en s'approchant de Maeva. Tu restes diner avec nous ? l'interrogea-t-il. Il avait compté sur sa présence mais voulait bien croire qu'elle ait d'autres plans plus excitants qu'un diner en compagnie de deux membres de la guilde des mages runiques, même s'il s'agissait des membres les plus jeunes et les plus charismatiques. Tu as donc rencontré Maeva, reprit-il à l'attention de Constantine. Et voici Lou... Lou ?"

Il pensait que sa fille l'avait suivi à l'intérieur de l'appartement mais il se retourna et vit qu'elle s'était arrêté sur le seuil de la porte, le regard fixé sur Constantine.

"Viens ma puce, je vais te présenter un ami."

Il ne pouvait pas vraiment affirmer que Constantine et lui soient amis, ils ne se connaissaient pas encore assez bien pour ça, mais il n'était pas certain que Lou saisisse la notion de "connaissance". Il fit un pars vers elle pour l'inviter à entrer mais la fillette recula précipitamment, comme si elle était soudainement apeurée, et laissa tomber tous ses gâteaux par terre.  

"Mais qu'est-ce qui se passe ?" s'inquiéta-t-il en fronçant les sourcils.


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Maeva Virtanen
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Les enfants ça en fait toujours trop [Peter - Maëva] Icon_minitimeDim 2 Mai 2021 - 12:14
Maeva est méfiante. Elle ne sait pas exactement s’il s’agit d’un trait de caractère inné chez elle, ou acquis des récents évènements qui la conduisent à se méfier des autres et de leurs attentions. Un mélange des deux, sûrement, qui la pousse à remettre en cause les paroles de Constantine et l’admiration qu’il prétend avoir pour sa mère. Chloé n’est plus vraiment admirée, dans le monde sorcier. Dans les journaux, elle a même été largement trainée dans la boue, accusée de crimes immondes et affichée à côté des pires criminels. Cela ne laisse guère la place à de l’admiration ; et pour ces mêmes raisons, il paraît étonnant qu’un homme si bien placé au gouvernement cherche à se rapprocher de sa famille.

Evidemment, Maeva ne dit rien de ses doutes, et ne les laisse pas paraître non plus. Elle se contente de bavarder en organisant la cuisine et en faisant refroidir le vin. Elle ne perçoit pas non plus le trouble de Constantine lorsqu’elle mentionne Lou et, bien vite, son attention est accaparée par la porte d’entrée qui s’ouvre sur son beau-père et sa petite-sœur, les bras chargés de victuailles. Peter s’avance immédiatement dans la pièce, salue Constantine et l’interroge. Maeva lui adresse un sourire – ils se sont déjà vus ce matin, au petit-déjeuner – et n’a le temps de répondre à sa question que par un « Je… » un peu hésitant, avant que l’attention ne soit portée sur Lou. Une Lou qui n’a pas franchi le pas de la porte, et qui observe Constantine fixement.

Etonnée par l’attitude de sa petite-sœur – qui vivait à Poudlard depuis sa naissance, donc était entourée d’adultes et d’adolescents à longueur de journée – Maeva fronce légèrement les sourcils. Sa surprise augmente d’un cran lorsque Lou recule précipitamment pour échapper à Peter, en renversant les gâteaux qu’elle tient entre les mains.

« Bah, ça va pas loulou ? » interroge-t-elle en essayant de s’approcher à son tour.
« Non ! » s’exclame Lou en secouant la tête. « Non ! » répète-t-elle à nouveau.

Maeva ne s’en formalise pas – « non » est l’un des mots préférés de Lou depuis qu’elle avait a appris à le prononcer. Elle atteint le seuil de la porte et s’accroupit à sa hauteur.

« Tu viens ? » demande Maeva en cherchant le regard de sa petite-sœur, qu’elle trouve anormalement apeurée devant un inconnu. Elle tend la main vers elle, en sentant Lou hésiter.
« Tu restes ? » interroge-t-elle, l’air méfiante.
« Je reste. » confirma Maeva en cherchant Peter pour répondre, de cette façon, à sa question.

Lou finit par lui donner la main de mauvaise grâce. D’un coup de baguette magique, les gâteaux renversés par terre se remettent dans leur boîte, qui lévite jusqu’à la cuisine. La petite-fille ne paraît ni vraiment rassurée, et refuse de s’approcher vraiment de Constantine. Elle tire sur la main de Maeva pour l’arrêter. Cette dernière ne sait comment expliquer le comportement de sa sœur, d’ordinaire beaucoup moins méfiante envers les inconnus. Elle finit par se réfugier entre les jambes de Peter, qu’elle entoure d’un bras.

« C’est qui ? » demande-t-elle de sa petite voix fluette.



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