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Sans les mains [Avalon]

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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeDim 7 Fév 2021 - 20:42


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Lionel Coventry-Asenov, presque chef du groupe d'intervention de la milice, ancien baguette d'élite, 41 ans

28 Juin 2011

Lionel était égoïste et pour faire honneur à ce trait de caractère décevant mais intrinsèque, il avait fui. Pas exactement fui. Ou peut-être que si, mais que le mot lui paraissait peu délicat et que sa fierté -car en plus d’être égoïste, Lionel était fier- ne s’accommodait pas totalement d’une telle définition. Pourtant, à sa fierté et à son égoïsme Lionel ajoutait une conscience aiguë de ses défauts, il ne pouvait donc tout à fait éviter d’admettre que ce petit week-end - même pas un week-end, une journée, un dimanche, quelques heures et voilà tout – organisé avec Avalon avait été motivé par le besoin de respirer autre chose que l’air de chez lui.

Ce qui était mauvais signe, il le savait. Son indépendance refoulée s’était extasiée à l’idée de quitter en pleins dimanche les perpétuelles tensions qui se glissaient de jours en jours dans les jours tranquilles de son mariage. Comme un pressentiment à une lutte que ni lui, ni son mari ne parvenait à désigner, Lionel avait de plus en plus la certitude que les longues heures qu’ils passaient à se jeter des regards d’un bout à l’autre du salon ne participaient en rien à l’épanouissement de leur couple. Et s’il aimait toujours Anastas d’un amour inconditionnel et sans question, il avait aussi la certitude que tous deux se trouvaient dans la nécessité urgente de vivre une journée l’un sans l’autre.

Que ces tensions soient induites par les frasques et les rebellions incessantes de leur fille adoptive, Lionel en avait conscience, mais c’était un sujet qui les laissait tous les deux impuissants et qu’ils préféraient ne plus soulever. Lui en tout cas, avait déployé son parapluie et attendait patiemment que l’averse passe.

Son manque de patience était mis à rude épreuve.

C’est pourquoi en atteignant le chemin sablonneux qui marquait le début de leur parcours, encadré par les rochers aigus et plantés de fougères sauvages qui s’escarpait vers un versant, Lionel trépigna intérieurement et la main placée en auvent contre le soleil, adressa à Avalon un sourire assez large (ce qui ressembla à l’esquisse paresseuse de l’ouverture d’une bouche de crocodile.)

- Disciple, annonça-t-il sur un ton traînant dont chaque syllabe portait un accent aristocratique marqué, encore un kilomètre et nous serons au pieds de ton baptême.

Chargée d’un sac de randonnée, Avalon lui emboîta le pas lorsqu’il se remit en marche.

Tous les deux se connaissaient depuis longtemps. Ils avaient commencé à fréquenter les salles d’escalade moldus le jours où Avalon lui avait exprimé le désir de se former. La jeune femme et Lionel partageaient un passé d’apprentissage parfois mêlé de rivalité, qui était responsable du court temps de réflexion que Lionel avait accordé à sa demande avant d’y accéder. Avalon apprenait vite, elle était têtue, dynamique et volontaire. Le ciment d’une personnalité qui donnait à Lionel une satisfaction évidente à lui transmettre des connaissances qu’elle s’appropriait comme les mots d’une nouvelle langue. Et même s’il la chambrait souvent d’avoir accepté un poste qui consistait à se déguiser ou rester planquer derrière un attirail technomagique bidon, cela n’avait pas suffi à lui enlever le plaisir qu’il avait à enseigner à une femme aussi vive qu’elle.

Ils marchaient depuis trois heures, sous un soleil extatique auquel la fin du printemps accordait une chaleur particulière, entre la douceur humide des coins d’ombre et la température vorace des débuts d’été. La pente escarpée s’était muée sur les derniers kilomètres en jardin de végétation éparses et terreuses, que les trous de pierres s’accaparaient et où des collines surgissaient comme autant de mirages. Leur pas les conduisirent jusqu’au bout d’un chemin. Entre les arbres surgissait une arrête rocheuse de quinze mètres de haut qui leur fit lever la tête. Elle se découpait contre le ciel dans une courbe arquée de blanc et de bleu mêlés et laissait voir sur son flanc les striures de ses failles, comme de larges cicatrices providentielles. Lionel laissa tomber son sac au sol : il était venu le temps de troquer ses chaussures de marche pour une paire de tennis d’escalade plus souple qui lui permettrait de s’accrocher aux moindres aspérités.

- Voilà, énonça-t-il laconiquement de son plus bel accent français (médiocre donc), en désignant à Avalon le sommet qui les surplombait comme la proue d’un navire.

Lionel avait confiance, en contemplant le renflement de la montagne rocheuse, dans les capacités d’Avalon mais n’ignorait aucun danger de la situation. Tous les deux s’étaient mis d’accord sur des règles strictes : escalade libre, sans artifices, sans matériel. Elle allait devoir mettre en pratique ce qu’elle avait gagné en technique sur bloc, uniquement par la force de son corps. Et sans magie, évidemment. La famille au sang mêlé de Lionel, celle moldu d’Avalon, leur goût partagé des défis risqués, donnaient à l’attrait sorcier une bien piètre image face à la force naturelle de la rocheuse. Aucun intérêt à gravir si ce n’était fait à la force de leurs bras et à la dextérité de leurs corps. Leur baguette ne leur servirait qu’en dernier recours : en cas de chute, pour éviter la mort.

- Tu n’es pas prête pour les quinze mètres, Av’, on va viser le premier ressaut. » De son sac il sortit une bouteille de bière qu’il transporta d’un coup de baguette jusqu’à un escarpement qui les surplombaient tous deux, six mètres plus haut. « La récompense, » expliqua-t-il avant d’employer le même procédé pour hisser un paquet de sucreries. « Ta récompense de bébé. » Ajouta-t-il avec un sourire en coin. « Et bien sur la récompense si on échoue...» Cette fois il se tourna franchement vers elle, «la mort.» 
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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeJeu 25 Fév 2021 - 15:16
Avalon avait plusieurs passions. Parmi elles, on trouvait notamment le fait de passer son dimanche matin dans la pénombre de sa chambre sans jamais réussir à émerger totalement de sa nuit, et son amour pour les activités sportives, qu’elle pratiquait assidument depuis des années. Deux passions contradictoires, qui demandaient souvent à ce que l’une soit priorisée au profit de l’autre. Cette fois-ci, c’était son sommeil qu’Avalon avait décidé de sacrifier, en suivant Lionel Coventry, son collègue et ami depuis des années, pour réaliser sa première ascension d’un massif rocheux choisi par les soins du grimpeur aguerri qu’il était. Avalon, quant à elle, s’était pour l’instant cantonnée aux murs d’escalade pour perfectionner une technique débutante. La perspective de pouvoir confronter ce savoir acquis au fil des séances à une véritable sortie dans la nature, avait quelque chose de terriblement grisant, si bien qu’elle s’était levée sans trop de difficulté ce matin.

Elle avait passé sur son dos un sac conçu pour la randonnée et qui se fixait notamment sur ses hanches et l’avait rempli d’une bouteille d’eau et de quoi se nourrir le midi. Elle avait transplané au point de rendez-vous donné par Lionel, et ils avaient commencé leur marche sous de timides rayons de soleil. Ce dernier était bien plus haut dans le ciel, désormais, et chauffait la nuque d’Avalon d’une sensation encore suffisamment diffuse pour être agréable. Le commentaire de Lionel lui tira un sourire amusé – leurs façons de s’exprimer n’auraient pas pu être aussi différentes.

« À tout moment je suis sur le point de rejoindre une secte et tu m’as pas prévenu. » commenta-t-elle en suivant ses pas, secouée par un petit rire.

Alors que le paysage défilait et qu’ils gagnaient le lieu où ils débuteraient leurs ascension, Avalon s’enferma dans un silence qui ne lui ressemblait pas, mais qui, dans un tel décor, lui était terriblement nécessaire. La période estivale était curieusement éreintante, malgré l’apparent calme du ministère depuis le début du mois de juillet. Certains services tournaient au ralenti ; pas le sien. Au contraire, la brigade des renseignements de la milice enchaînait les missions depuis plusieurs semaines, concentrée sur les quelques profils qu’ils avaient mis en lumière un peu plus tôt dans l’année, sur lesquels ils parvenaient à certaines avances considérables. Le double-jeu mené par Avalon auprès d’Eliott Warlock portait ses fruits ; à vrai dire, les résultats étaient même largement supérieurs à ses attentes. Alors qu’elle l’avait approché en premier lieu pour le confondre, elle avait découvert auprès de lui un nouvel angle d’attaque du LEXIT, à la fois terriblement tentant et très instable. Cette infiltration sous couverture était périlleuse, Avalon en avait conscience à chaque fois que ses cheveux s’éclaircissaient pour devenir blonds et que son visage s’arrondissait sous les traits de la jeune femme dont elle avait adopté l’identité. Le moindre faux-pas pouvait la conduire dans des situations qu’elle préférait ne pas imaginer. A côté de cette perspective, l’ascension d’un massif rocheux lui paraissait être un jeu d’enfant.

Peut-être pas un jeu d’enfant, songea Avalon en découvrant l’arrête rocheuse qui s’élevait dans le ciel sur une quinzaine de mètres. Cette pensée lui tira un sourire ; le défi lui plaisait encore plus que la facilité. La présence de Lionel la tranquillisait quant aux risques qu’elle prenait à escalader en pleine nature, sans autre équipement que ses mains et ses jambes pour la soulever et la soutenir face au vide menaçant. La confiance qu’elle accordait à son collègue et ami était suffisante pour qu’elle se lance dans cette entreprise sans craindre pour sa vie, malgré les paroles peu rassurantes qu’il lui servit.

« Ha. Formidable. » fit-elle en haussant les sourcils. « Est-ce que tu m’amènes ici pour me tuer et être titularisé à mon poste ? » demanda-t-elle avant d’ajouter avec un sourire insolence : « Non mais parce que si tu veux une promotion, Lionel, je peux en toucher deux mots à Danielle… » Elle eut un éclat de rire, qui se transforma en un sourire plus sincère : « Bon, j’ai un paquet de bonbons à récupérer, je prends ça très au sérieux. On y va ? »

Avalon s’approcha de la paroi rocheuse pour l’observer un bref instant. Les prises – sur les premiers mètres, du moins – étaient plutôt évidentes. Fidèle à elle-même, il ne lui fallut que quelques secondes pour empoigner les premières et commencer à se hisser à la force de ses bras, puis de ses jambes, sur les premiers mètres. Immédiatement, la jeune femme constata que l’escalade en pleine nature n’avait rien à voir avec celle qu’elle avait pratiquait en salle. Les prises étaient moins régulières, moins stables aussi. Certaines s’effritaient sous ses doigts, d’autres bougeaient légèrement sous la pointe de son pied. L’ascension allait être épuisante, Avalon le sentait déjà à son rythme cardiaque qui s’accélérait.

La suite aux dés:



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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeVen 12 Mar 2021 - 20:45


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Lionel Coventry-Asenov, presque chef du groupe d'intervention de la milice, ancien baguette d'élite, 41 ans

Lionel savait, en fait, qu’Avalon devait être épuisée. Même si elle faisait bonne figure, même si elle passait ses week-end au lit pour attaquer ses lundis matin avec le même sourire frais et dispo que tous les jours, il ne croyait pas une seule seconde que l’on puisse partir en couverture sans y sacrifier son énergie de l’avis du commun, sa propre humanité de l’avis de Lionel.

Il avait déjà assisté à des cas de ce genre, lorsqu’il était encore chez les Aurores, des gars du bureau des mœurs de la PM qui partaient se déguiser pendant des mois et ne revenaient que pour se flinguer aux anxiolytiques. Pas besoins d’être moldu et d’avoir vu des films sur le sujet pour savoir combien une infiltration pouvait être dangereuse et par conséquent, épuisante. Le système d’alarme interne d’Avalon était probablement activé à perpétuité (il avait d’ailleurs remarqué sa nervosité en la faisant sursauter exprès sur la route.) Heureusement qu’elle ne prenait pas le rôle de sa délicate résistante tout le jour durant : s’aurait été à devenir fou. Mais Lionel connaissait la réalité du terrain mieux que personne. Et si l’avancée d’Avalon était très certainement une victoire pour elle, plus elle s’intégrait, plus cela devenait dangereux de disparaître. On allait commencer à compter sur elle.

Est-ce que l’état de sa jeune amie avait poussé Lionel à lui épargner quelques difficultés sur la route et l’escalade qu’il avait prévu pour elle ? Certainement pas. Exclu le fait qu’il aurait parfaitement pu intégrer l’armée tant il n’avait pas de place dans l’emploi du temps de sa vie pour les jérémiades et les plaintes (autant dire qu’avouer sa vulnérabilité à Lionel Coventry était un tour de force qui pouvait se révéler désagréable), il s’était dit, ou avait fait semblant de considérer, qu’un défi de cette hauteur ferait du bien à Avalon, qui changerait ainsi drastiquement de paysage et devrait employer toute sa force à se focaliser sur la pesanteur de son corps épousant la roche. Un très beau cadeau, donc.

Alors certes. Lionel avait commencé sa carrière de rochassier sur des minéraux qui ne dépassaient pas deux mètres, un tas de matelas sous lui pour tous les moments où il décrochait malencontreusement. Ensuite, il avait été assuré. Mais tout cela avait eu lieux avant qu’il n’intègre Poudlard et surtout, avant qu’il ne puisse faire de la magie. Depuis qu’il possédait une baguette, les risques pris s’étaient parés d’une dimension différente. La chute n’avait plus la même certitude de mort. Il suffisait d’un sortilège pour se rattraper in extremis.

Il était pourtant la preuve vivante que cela ne suffisait pas toujours. Il l’avait payé d’un deuil et de son annulaire, mais ça ne l’avait pas empêché de poursuivre l’escalade exactement comme il l’entendait.

Et dans le cas d’Avalon, de la former de la façon la plus dure.

Tous les deux avaient passés un brassard le long de leur bras dans lequel ils avaient introduit leur baguette. S’ils chutaient, ils auraient quelques secondes pour jeter un sort de suspension, ou à l’autre de réagir s’ils heurtaient un rocher. Mais de l’expérience de Lionel, sur la surface légèrement inclinée qu’ils grimpaient tous deux, ils risquaient plutôt d’y laisser leurs ongles.

D’un geste souple, Lionel s’était élevé sur les premiers mètres, avec un style rapide et aéré qui le faisait sembler beaucoup plus gracieux sur une paroi de quinze mètres friables, que sur le sol où il se déplaçait souvent avec des gestes un peu brusques teintés d’une forme absurde de préciosité que son éducation avait instillée malgré lui dans les mouvements amples de ses mains. Il avait balisé les premières prises pour Avalon, histoire de la guider un peu sur les premiers mètres de cette voie qu’il connaissait par cœur, et jetant sous ses pieds des coups d’œil fréquents pour s’assurer que la jeune femme ne se laissait pas déstabiliser par les sensations très différentes du bloc, et qu’elle devait être en train de découvrir. En la voyant, dans le triangle de ses jambes écartés entre deux micros fissures, tâter de ses doigts les enfoncement invisibles, Lionel ne put s’empêcher de sourire.

Rien ne le faisait se sentir plus libre qu’escalader. C’était la raison pour laquelle Anastas n’avait jamais pu lui faire renoncer à cette pratique malgré ses inquiétudes. Il était, à un endroit sûrement, heureux de faire découvrir cette plénitude à quelqu’un qui donnait l’impression de posséder la même volonté que lui. À quelques mètres à peine au-dessus du sol, il pouvait déjà percevoir combien la saveur du vent changeait, comment le paysage se mouvait différemment autour de lui, comment sa perception d’homme s’élevait vers quelque-chose d’unique et d’indescriptible. Les sorciers avaient perdu une partie de ça. La magie avait rendu trop de choses faciles, surtout lorsqu’il s’agissait d’exercices physiques. Un peu de transplanage, un coup de balais, et le ressaut de quinze mètres aurait été un jeu d’enfant à atteindre.

Mais Lionel ne renonçait pas à la difficulté. Et Avalon goûtait au même plaisir.

- Ça va là-dessous ? » Appella-t-il pour s’assurer que la jeune femme respirait correctement et ne paniquait pas. Il souleva son pied, testa la prise et décrocha sous la pointe de sa tennis une dégringolade de graviers qui glissèrent le long de la paroi et frôlèrent Avalon. Lionel grimaça : « Oops, » fit-il avant de s’immobiliser pour l’attendre.

Près de la main d’Avalon, quelque chose semblait avoir été éveillé par la chute de pierre, et passait la tête par une fissure.

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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeVen 12 Mar 2021 - 20:45
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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeMer 24 Mar 2021 - 19:03
Escalader n’était pas un exercice facile, Avalon le reconnaissait volontiers. Le bout de ses doigts se crispait sur les bords des prises, ses pieds cherchaient des appuis plus solides, alors que son buste se collait à la paroi rocheuse. Avalon sentait son cœur accélérer dans sa poitrine, sous le coup de l’adrénaline et de l’effort. Le soleil brûlait sa nuque, le vent glissait dans ses cheveux attachés et séchait la transpiration qui se formait dans son dos. Escalader n’était pas un exercice facile ; en revanche, il s’avérait être libérateur.

Une prise après l’autre, un mètre après l’autre, et Avalon avançait avec la sensation de ne pas stagner, de ne pas s’épuiser dans des efforts inutiles, parfois hautement questionnables. Son corps la poussait à accomplir un but tangible, qu’elle pouvait fixer des yeux en levant la tête. Elle se sentait libre de ses mouvements, libre dans son ascension, et cela tranchait drastiquement avec cette pression quasiment quotidienne qu’elle ressentait en ce moment dans son travail. Lionel le savait, évidemment. Il la voyait endosser son rôle, avaler les contenus de ses flasques de polynectar, revêtir des vêtements qui n’étaient pas les siens, adopter un autre accent, une autre histoire. Il la voyait devenir quelqu’un d’autre pendant plusieurs heures. Sans doute se doutait-il de la pression, sans doute sentait-il les regards braqués sur cette énième mission qu’ils menaient et qui, de jour en jour, prenait les aspects d’un piège qui pouvait s’avérait être mortel. Restait à savoir qui y laisserait sa peau…

Escalader cette aiguille rocheuse avait de reposant qu’Avalon ne songeait plus à ce qui, pourtant, occupait largement ses pensées depuis plusieurs semaines. Ni cette mission dangereuse qu’elle menait, ni même cette bataille juridique qu’elle menait contre ses parents pour récupérer la garde de sa sœur. Elle grimpait, s’élevait le long d’une paroi qui ne lui faisait pas d’autre cadeau que celui de mettre à l’épreuve ses capacités physiques.

C’était délicieux.

« Tranquille, » répondit-elle en levant la tête vers Lionel, au moment où ce dernier s’élevait légèrement sur une prise pas suffisamment stable qui se décrocha et s’effrita en graviers qui dégringolèrent vers Avalon. Cette dernière s’immobilisa et ferma les yeux pour les protéger des cailloux. « Ah oui donc… » commença-t-elle, mais sa phrase mourut dans sa gorge lorsqu’elle aperçut un mouvement à sa gauche qui lui fit tourner la tête.

Dans le creux d’une fissure où elle s’était accrochée dépassait la tête d’une araignée qu’Avalon reconnut sans mal pour avoir suivi des cours de Soins aux Créatures Magiques jusqu’à sa septième année. Une acromentule. Un bébé, certes, mais qui la fixait de ses nombreux yeux.

« Boooonjour. » lança Avalon en écartant précautionneusement son buste. « Je t’ai réveillé ? » Elle n’était pas particulièrement effrayée par les insectes. En revanche, elle était suffisamment informée pour savoir qu’un bébé acromentule était – souvent – accompagné par ses parents. « Pas besoin d’appeler toute ta famille, je m’en vais… » Elle retira sa main pour saisir une prise moins large et plus écartée. L’araignée ne bougeait pas et Avalon se hissa un peu plus haut. Ses huit yeux continuaient de l’observer. « Tu m’as amené dans quel genre de traquenard, Lionel ? » questionna Avalon en relevant la tête vers lui. « Est-ce que tu t’es dis que comme on ne frôlait pas suffisamment la mort en semaine, il fallait qu’on s’incruste dans une petite réunion de famille d’acromentules ? »  

Eh bien justement... :


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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeMer 24 Mar 2021 - 19:03
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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeSam 3 Avr 2021 - 16:51

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Lionel Coventry-Asenov, presque chef du groupe d'intervention de la milice, ancien baguette d'élite, 41 ans

Lionel reconnaissait volontiers l’excentricité de sa pupille, en tout cas son caractère un peu forceur directe et extraverti. Il le reconnaissait d’autant plus qu’il s’identifiait à certains de ses comportements, ses propres attitudes étant parfois un peu nerveuses et ne se cachant pas des coups d’éclats. Par contre, Lionel ne l’avait encore jamais vu s’adresser à des rochers. C’est pourquoi lorsqu’Avalon se mit à discuter avec le mur dans lequel elle avait fermement crocheté ses doigts, il se dit que sans doute, quelque chose d’imprévu était en train de se produire.

D’un geste souple, il se déplaça sur sa gauche. Un baudrier, dans ce genre de situation, était vraiment pratique pour pouvoir se reposer quelques secondes et regarder autour de soi : en escalade libre, ses muscles et la mobilité de ses membres étaient constamment sollicités et il n’avait pas la possibilité de perdre son temps en théories. Il trouva tout de même le moyen pour caler son pied dans une faille assez large pour y passer la pointe de sa chaussure, y glissa la main droite et, prenant appui sur cette prise solide, se donna quelques secondes pour s’assurer qu’Avalon n’était pas en plein délire d’insolation.

En apercevant la petite tache noire qui se découpait sur la roche comme une sorte de gros cafard dégoûtant, Lionel comprit que la jeune femme était en train de se lier d’amitié avec une très grosse araignée, et cela le mit profondément mal à l’aise. Attention. Lionel n’avait pas exactement peur des insectes. Le fait qu’il demande systématiquement à Anastas de sortir les mille-pattes et autres scarabées de leur chambre, salle de bain ou salon lorsqu’ils pénétraient chez eux n’avait rien n’à voir avec de la peur. C’était plutôt une question de goût : Lionel leur trouvait un rapport de proportions, une conception esthétique parfaitement en inadéquation avec ses goûts et préférait ne pas les exposer à sa vue, qu’il avait bonne.

Très bonne. Il lui fallut trois secondes pour comprendre que l’araignée n’était pas moins qu’une acromantule, et qu’elle se dirigeait tranquillement vers lui.

- Hoooo... Ne la laisse pas… »

Comme il réagissait manifestement trop tard, pour éviter que l’araignée ne s’insinue sur sa jambe Lionel se força compulsivement à escalader une nouvelle partie de la paroi (avec un délié et une rapidité qui témoignait franchement de son aversion.) Il abattit un grognement instinctif alors que son cœur (qu’il n’avait pas bon, lui,) s’emballait et qu’il retenait avec peine son pieds de s’écraser sur le bébé. Tuer une araignée était une chose. Réduire en bouillit le petit d’une arachnide géante douée d’intelligence était un acte autrement plus dangereux, et si Lionel se sentait capable de se défendre contre une faucheuse, il en allait différemment d’un être sur lequel il ne pouvait pas vider compulsivement tous les sortilèges d’écrasement qui lui passaient par la tête.

Le soleil était à son zénith. Lionel n’avait pas remarqué ce détail mais c’est sans doute ce qui lui sauva la vie. Au moment où il s’élançait à nouveau pour se décaler et tenter de semer le bébé maladroit qui ne semblait pas lâcher son sillage, une ombre frôla ses mains et s’immobilisa en même temps qu’il suspendait son geste.

Il leva la tête.

Au-dessus de lui, à plus de douze mètres, le corps noir et gigantesque d’une acromantule bien adulte vissait sur eux ses multiples yeux humides. Cette fois le cœur de Lionel rata plusieurs battements. Lentement, très lentement, préférant encore la morsure de l’enfant à celle de la mère, Lionel inversa ses gestes pour se mettre à redescendre – tâche nettement plus ardue que celle de monter.

- Av’… » Dit-il en sachant que le calme ambiant lui permettait tout à fait de l’entendre, et d’entendre aussi bien la peur glacée qui s’était coincée dans sa gorge. « Av’… Tu salut poliment la dame aussi, s’il te plaît ? »

Lionel avait conscience de la présence de sa baguette contre son avant-bras, et se préparait à donner un signal pour qu'Avalon et lui se laissent tomber dans le vide et s’amortissent d’un sortilège.

Ensuite, il leur resterait à faire marche arrière en priant pour que la maman n'ait pas organisé un buffet familial.    

Avalon Calder
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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeLun 5 Avr 2021 - 18:51
Avalon n’avait pas particulièrement peur des insectes. Ni des araignées, ni des scarabées, ni des abeilles ou des guêpes. Elle ne les aimait pas au point de les trouver agréables à regarder, ou intéressants à étudier, mais elle était capable de cohabiter avec eux sans mal. De fait, ses peurs ne prenaient que rarement comme cibles des choses tangibles et matérielles – sa terreur de l’abandon, ses difficultés à subir et gérer l’échec, ne reposaient, en effet, que sur des angoisses diffuses en elle et nourries par les années.

En revanche, Avalon tenait particulièrement à sa vie. Et, si elle avait interpellé Lionel d’un ton légèrement amusé, il y avait dans sa voix une certaine appréhension qu’elle ne chercha pas à dissimuler, les yeux posés sur la petite acromentule qui se dirigeait gaiement vers son partenaire d’escalade, qui se hissa rapidement hors de sa portée. Avalon, quant à elle, se figea contre la paroi, les doigts crochetés dans une fissure et les pieds bloqués sur la pointe d’un rocher qui dépassait de l’aiguille. Ses yeux suivaient le trajet de l’araignée, puis se posèrent sur Lionel, qui avait levé la tête vers le ciel. Son regard trouva le point qu’il observait avec une appréhension qui était perceptible dans la tension de ses muscles.

Une énorme acromentule était suspendue à la falaise, plusieurs mètres au-dessus d’eux. Elle ne bougeait pas encore, mais les regardait avec un air menaçant. Lionel recula précautionneusement, et s’adressa à elle d’une voix glacée, pleine d’une peur que ni l’un ni l’autre ne pouvait contenir totalement. Avalon sentait ses muscles se raidir, alors que son cœur s’accélérait drastiquement dans sa poitrine. Pendant quelques secondes, il ne se passa rien. Quelques secondes pour analyser la situation. Quelques secondes pour faire la liste de leurs options, de leurs forces et de leurs faiblesses.

Ils étaient deux sorciers – certes adultes, formés et armés – mais suspendus à une paroi rocheuse à la force de leurs bras. Face à une seule acromentule, peut-être qu’ils avaient encore une chance de s’en sortir. Mais Avalon n’était pas dupe ; les acromentules se baladaient rarement seules. Voire jamais. Il y avait donc fort à parier que cette dame – comme se plaisait à l’appeler Lionel – attendait ses amies pour passer à table. Et ils étaient le repas.

« Lionel. On se laisse tomber. » fit Avalon d’une voix blanche, les yeux rivés sur l’araignée. « Et on court jusqu’à la zone où on peut transplaner. Vite. » Le site étant classé au patrimoine national, et considéré comme site protégé pour la faune et la flore, des barrières anti-transplanage avait été érigées autour, pour dissuader une présence humaine trop forte. D’un geste précis, bien que tremblant sous l’effort, Avalon parvint à dégager sa baguette magique du brassard qui lui enserrait le bras. « Maintenant. » lança Avalon en se propulsant loin de la paroi rocheuse. Elle sentit le vide l’attirer irrémédiablement, alors que ses cheveux volaient autour de sa tête et qu’elle s’efforçait de maintenir ses jambes raides pour ne pas déséquilibrer sa chute. Une minuscule poignée de secondes passa avant qu’Avalon ne lance un sort capable de ralentir sa chute. Elle se retrouva suspendue à quelques centimètres de sol, avant d’être relâchée brutalement. Ses genoux touchèrent à terre, juste avant qu’elle ne se propulse sur ses pieds pour se mettre à courir. Un regard en arrière l’informa que l’araignée sur l’aiguille avait commencé à descendre la paroi rocheuse, avec une dextérité qui lui faisait parcourir les mètres en quelques secondes.

Il fallait faire vite.

Spoiler:




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Lionel Coventry-Asenov, presque chef du groupe d'intervention de la milice, ancien baguette d'élite, 41 ans

Avalon avait atteint la même conclusion que Lionel qui vraiment sur le coup en fût ravi. Son cœur battait à cent à l’heure, mais en aucune façon de manière agréable. Plus il inspectait la terrifiante acromantule au-dessus de lui, plus il se sentait sur le point de déclencher une crise de tachycardie, plus il se voyait déjà mort. Heureusement son professionnalisme reprenait le dessus pour le protéger et le pousser à rester méthodique, alors qu’une partie de lui, plus émotive, rêvait de se rouler en boule pour hurler entre ses bras.

Lionel avait moins de troubles à gérer des mangemorts ou Voldemort lui-même qu’une araignée de la taille d’une petite maison.

Ils comptèrent. La sensation de chute ne fut pas désagréable. D’abord parce qu’elle était rapide et amusante, selon les critères de Lionel, ensuite parce qu’elle lui permettait de voir l’araignée s’éloigner sensiblement. Lorsqu’ils furent à trois mètres du sol, les deux miliciens effectuèrent une torsion brutale, et en une fraction de seconde, leur baguette jaillit de leur manche et annula l’impact. Tous deux roulèrent sur eux-mêmes, se redressèrent vivement et se mirent à courir en direction du sentier par lequel ils étaient arrivés, quelques heures plus tôt, encore pleins d’un naïf bonheur.

Derrière eux l’acromentule avait cisaillé l’air de ses pinces et s’était élancée à leur trousse. Si ce n’est le sifflement hideux qui avait fusé d’un endroit (que Lionel jugeait obscur) de son anatomie, elle ne produisit quasiment aucun son en dégringolant les quinze mètres de falaise, à la verticale, avec la facilité, hé bien, d’une araignée. Terrorisé Lionel n’avait pu s’empêcher de se retourner brièvement pour vérifier si l’immonde créature les suivait à la trace. « Par le saint fion du Dieu des trolls… Quand on voit tout le mal qu’on se donne… » La facilité d’ascension de la bête le rendit jaloux une seconde, le temps pour lui de trébucher brutalement sur une pierre.

En percevant nettement le sol se rapprocher de son visage, Lionel formula intérieurement le début d’une phrase qui disait qu’à 41 ans, peut-être devenait-il trop vieux pour ces…

Il se transforma. D’un coup ses bras se parèrent de fourrure, sa silhouette devint ample et souple, sa bouche se pourvut de crocs seyants. En quelques secondes Lionel était devenu un lion majestueux à la crinière fauve, dont les muscles roulaient sous le poil clair modulés par une course régulière et puissante. Il sentait l’acromantule derrière lui. L’araignée, rapide comme l’éclair, avait couvert les mètres qui la séparaient d’eux et avalait la distance comme si cela ne lui avait pas demandé le moindre effort. Derrière elle, d’autres araignées étaient apparues et descendaient à leur tour le mur de roche qu’Avalon et Lionel avaient entreprit de gravir.

Lionel avait rejoint Avalon et courrait à ses côtés, ralentissant la cadence de ses foulées pour lui permettre de rester à sa hauteur, et s’apprêtant à lui intimer l'ordre de se hisser sur lui lorsque quelque chose de très désagréable se produisit.

L’acromantule la plus proche le toucha.

Dans sa course, elle avait tendu une patte pour l’aspirer à elle. Le contact le révulsa, et il sentit monter en lui un élan de panique débilitant qu’il réprima avec une volonté féroce. Il dérapa. Fou de rage et de terreur, il se jeta sur l’araignée. Ses griffes arrachèrent un éclat au soleil lorsqu’elles jaillirent et se plantèrent profondément dans les yeux de la créature qui se cabra de douleur. Lionel pris appuie sur elle pour se propulser vers Avalon qui courrait toujours. Il trébucha près d’elle, sentit la main de la jeune femme glisser sur son garrot et son poids se transférer sur son dos. Elle referma ses doigts sur sa crinière, serra ses cuisses contre ses flancs, et Lionel allongea ses foulées pour déclencher une course frénétique qui, motivé par la sensation du toucher de l’araignée qui n’avait pas disparu, atteignit bientôt son paroxysme de 80 kilomètres à l’heure.

Bientôt Lionel bifurqua et disparu aux multiples regards de leurs poursuivantes. Ils longeaient un mur lorsque du coin de l’œil Lionel discerna une faille dans la roche. Il s’y engouffra après avoir ralentit, et interrompit sa course après quelques mètres. Ils écoutèrent silencieusement les araignées. Ils pouvaient les entendre fouler le sable, perdue, et les chercher sans les voir, se hissant le long des parois, ratissant leurs traces. Avalon descendit de son dos et Lionel reprit son apparence, frissonnant d’un dégoût profond. Tous les deux avaient vu la crevasse qui s’élargissait dans le sol et leur permettrait de descendre encore un peu. Ils hésitèrent quelques secondes, craignant de se retrouver coincés dans une embuscade qui ne leur permettrait plus d’échapper aux acromentules affamées, mais l’ombre projetée de l’une d’entre elles qui passait sur le sentier, à l’entrée de la faille, les força à ne pas tergiverser plus longtemps.

Silencieusement, ils s’engouffrèrent dans la crevasse.
 

Avalon Calder
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Sans les mains [Avalon] Icon_minitimeLun 26 Avr 2021 - 15:20
Avalon courrait. Le reste – comme les paysages qui défilaient dans la périphérie de sa vision – était flou. Un familier sentiment d’adrénaline s’était répandu dans ses veines, et lui octroyait des ressources physiques qui lui permettaient de maintenir cette allure soutenue sur plusieurs mètres, sans ressentir un quelconque essoufflement. A ses côtés, Lionel courrait aussi. Derrière eux, une acromentule franchissait sans peine la distance qui les séparait encore, suivie par ses petits – moins terrifiants, mais nombreux.

Quelle belle sortie en plein air, vraiment.

Ils ne devaient pas se trouver loin de la zone anti-transplanage, songea Avalon en suivant le chemin de terre qu’ils avaient emprunté à l’aller. Malheureusement, le décor similaire – des aiguilles rocheuses, des buissons secs, de la poussière – ne pouvait lui garantir qu’ils n’avaient pas, dans la précipitation, emprunté une route complètement différente. Elle jura entre des foulées, les doigts serrés sur sa baguette magique. A deux, il valait encore mieux fuir que de songer pouvoir faire face aux créatures qui les suivaient.

Lionel parvint à la même conclusion lorsqu’il fut déséquilibré dans sa course. D’une manière si fluide qu’elle ne l’aperçu qu’à peine, il se changea et se métamorphosa en un immense animal qui continua sa route à ses côtés. Son apparition rassura Avalon – la chaîne alimentaire était avec eux, au moins – qui n’arrêta pas sa course pour autant. Puis, brusquement, il y eut un feulement déchirant, des cliquetis terribles, un bruit d’écailles éventrées. Un coup d’œil vers l’arrière lui apprit que la situation ne tournait pas en leur faveur. Bien au contraire.

Sans vraiment comprendre comment – ou pourquoi car, dans de telles situations, l’instinct prenait largement le pas sur le reste – Avalon se retrouva perchée sur le dos de son collègue, ses jambes resserrées autour de ses flancs et ses mains nouées dans sa crinière. La cadence augmenta sensiblement, jusqu’à distancer largement les araignées qui peinaient à suivre le rythme imposé par le lion. La mère – celle qui avait descendu l’aiguille rocheuse – semblait en revanche furieuse. Du moins, c’était ce qu’on pouvait interpréter du cri aigu qu’elle poussa et qui fit grimacer Avalon. Au moment où elle se penchait vers l’avant pour parler à Lionel, ce dernier bifurqua brusquement à gauche, s’engouffra dans une crevasse difficilement perceptible car masquée par une autre avancée rocheuse. Ils se retrouvèrent arrêtés après leur course folle, dans un endroit sombre où Avalon peina à distinguer les formes. En retrouvant le sol, le cœur affolé par l’effort, elle heurta un rocher et étouffa une plainte entre ses lèvres.

L’ombre d’une araignée fut projetée dans leur crevasse, les réduisant à un silence anxieux qu’ils partagèrent d’un regard. Avalon s’immobilisa, avant d’indiquer, du menton, un enfoncement qui leur permettait de se dissimuler encore un peu plus de ces créatures visiblement déterminées à faire d’eux leur repas.

Ils étaient simplement venus escalader une montagne. Même pas une montagne ! Une aiguille rocheuse. Voilà pourquoi Avalon continuait à défendre corps et âme le monde moldu ; quoique puisse faire la magie pour simplifier la vie des sorciers, son monde de naissance ne regorgeait pas de créatures immenses et assoiffées de sang. En Angleterre, on pouvait trouver… Des serpents ? Des serpents et encore, des couleuvres qui étaient plus effrayées qu’effrayantes. Pas des araignées de trois mètres.

Ce fut en ressassant ces pensées qu’Avalon s’engouffra plus profondément dans la crevasse en compagnie de Lionel. Les premiers mètres furent compliqués ; à plusieurs reprises, ils durent se plier en deux pour poursuivre leur progression – un sortilège lancé par Avalon leur avait révélé au préalable qu’aucune présence vivante ne les attendait plus loin.

Ils débouchèrent en effet sur un espace plus large que les autres, où ils tenaient facilement debout. L’endroit était circulaire, éclairé par un rayon de soleil qui perçait d’un trou de la grotte. Après avoir vérifié qu’ils étaient en sécurité, Avalon apposa quelques sortilèges autour d’eux, pour les préserver d’une visite impromptue. Cela leur laissait au moins le temps de reprendre leurs esprits et d’aviser la suite.

Débarrassée d’un sentiment d’urgence qui avait été bien tenace le temps de leur course, Avalon se laissa aller contre une paroi rocheuse, en expirant longuement.

« Putain Lionel, je déconnais quand je disais que tu devrais me tuer pour avoir ma titularisation hein. » lança Avalon avec une pointe d’humour, contrebalancée par son ton encore tendu. Elle l’observa en relevant la tête : « Ca va ? T’as pas été blessé ? »


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