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La vie qu'on mène [famille Calder]

Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeMer 23 Déc 2020 - 15:25
4 mai 2011, bar moldu

Roy ne parvenait pas à se rappeler quand était la dernière fois qu’il avait demandé à voir tous ses frères et soeurs. Il doutait en vérité que cela soit déjà arrivé un jour. De leur fratrie, Irina et Adrian étaient ceux qui faisaient le plus d’efforts pour avoir des moments où ils se retrouvaient tous les quatre, moments qui restaient tout de même très ponctuels parce qu’ils avaient toujours quelque chose d’étrange et d’un peu inconfortable. Et personne ne se leurrait sur le fait que le malaise venait des deux aînés de la famille et de leur relation abîmée par des années d’incompréhensions et de rancoeurs bien ancrées.

Alors, ce n’était pas vraiment un excès de sentimentalisme ou un amour pour la formalité d’un moment à quatre qui poussait Roy vouloir les retrouver ensemble mais plutôt la recherche de la facilité. Il n’avait aucune envie de faire son annonce quatre fois de suite et de se heurter tout autant de fois à la réaction qu’il imaginait choquée de ses frères et soeurs face à ce qu’il s’apprêtait à leur dire. Entre ces multiples annonces et l’intimidante perspective d’y ajouter la présence de ses deux parents, Roy avait choisi un intermédiaire où il tenait d’abord sa fratrie au courant, découvrait leurs premières réactions avant de voir comment se positionner auprès des paternels. Avec un peu de chance, il obtiendrait de leur part quelques conseils à ce sujet. Il comptait principalement sur le sens de la famille d’Adrian et la bonne volonté d’Irina pour ça. Après tout, c’était eux qui avaient eu l’initiative de créer un groupe de conversation commune entre eux quatre, où il avait lâché son invitation, c’était bien pour s’entraider, non ?

Il relisait d’ailleurs tous les derniers messages de cette conversation qui commençait déjà à donner le ton sur l’état d’esprit de ses frères et soeur.

« Vous êtes dispos quand ? » avait-il balancé la semaine dernière, sans introduction.
« Bonjour Roy » répondait ironiquement sa soeur. « Ça dépend pourquoi ? »
« Bah prendre un verre. »
« ??? Quelqu’un est mort ? »
« Mercredi 4, fin de journée, ça vous va ? »
« Après 17h, c’est bon pour moi » déclarait laconiquement Jason.
« Ah bah ça finit tôt au Ministère. Plutôt 18h pour moi. On se retrouve dans ton palais, Roy ? » lançait Adrian.
« Nan, café moldu. Je vous enverrai l’adresse. »
« Ok, je ramène quand même ma baguette magique au cas où Roy décide de se débarrasser dans nos corps dans le monde moldu. »
« Je pourrai jamais me débarrasser de ton cul, Irina, il est trop gros. »
« Moi par contre, je vais te castrer sans aucun état d’âme. »

Il s’était retenu de répondre que c’était un peu trop tard pour ça, non désireux de spoiler son annonce. L’échange de vannes qui suivait lui tira un vague sourire et lui permit de se distraire le temps de son attente sur cette banquette de café où il était arrivé avec une dizaine de minutes d’avance. Une notification de nouveau message le ramena plus bas et accrocha toute son attention :

« Je suis en route, j’arrive dans cinq minutes. »

Ah. Pourquoi fallait-il toujours que Jason soit beaucoup trop ponctuel ? songea t-il aussitôt en regardant l’heure. Il se prit à espérer des messages d’Irina et Adrian qui ne venaient pas, ce qui le poussa à ouvrir une autre conversation qu’il commença à alimenter pour se détendre un peu avant l’heure fatidique.

Spoiler:

Roy rangea son Pear dans sa poche et leva la tête vers son frère qui s’avançait vers lui et qu’il salua d’un signe de tête, en s’efforçant de ne pas laisser voir le malaise que lui inspirait ce tête à tête, surtout dans cette situation où il était déjà un peu anxieux.

« Salut. Ça va ? »

Mais sa réserve suffisait à le trahir.


Roy Calder

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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeDim 31 Jan 2021 - 16:36
La vie qu'on mène [famille Calder] Image-2021-01-31-140352
Jason "j'aurais mieux fait de me casser une jambe" Calder.

Comme tous les jours Jason termina sa journée de travail en remettant de l'ordre sur son bureau, les dossiers empilés à la perfection, sa plume à côté de l'encre bien rebouchée, tout était bien rangé et il avait largement le temps de se rendre dans le pub que Roy avait choisi pour leur rendez-vous. Un coup d’œil à l'adresse, à tous les coups il avait choisi un vrai coupe-gorge où les gens comme lui blanchissaient leur oseille. Irina leur avait envoyé un message dans la journée pour leur annoncer qu'elle aurait un peu de retard, Roy étant Roy et leur ayant demandé de venir arriverait sans doute avec trois heures de retard, ne restait qu'Adrian. Il attrapa son Pear pour s'assurer qu'il ne lui ferait pas faux bond non plus.
Spoiler:

Génial. Il décida quand même d'indiquer dans leur chat de groupe - qui n'avait jamais été aussi actif que ces derniers jours - qu'il était en chemin, histoire de faire culpabiliser sa fratrie de vils retardataires. Arrivé sur place, il ne remarqua pas tout de suite que son aîné l'attendait déjà à l'intérieur et fut donc surpris de croiser son regard alors qu'il examinait les lieux. Ha. Lui qui avait passé tout son trajet à se dire que c'était bien chiant de se retrouver tout seul dans un bar, se rendait d'un coup compte qu'il aurait largement préféré être le seul à l'heure... Il s'arrêta prendre à boire sur le chemin, il en aurait bien besoin. Une fois son verre en main il n'avait par contre plus aucune excuse et Adrian n'avait toujours pas montré le bout de son nez. Cool.

"Ca va et toi ?" C'était à peu près aussi loin qu'il était prêt à aller dans les mondanités, Jason ne parlait déjà pas beaucoup, alors à Roy ? En public ? Là où il ne pouvait pas lui crier dessus ? Vraiment, il n'avait rien à dire. En vérité il y avait bien quelque chose qu'il voulait lui dire. Depuis qu'il avait reçu ce message, il se demandait pourquoi Roy avait voulu qu'ils se retrouvent et au vu de l'ambiance à leur table ça n'était pas pour qu'ils deviennent subitement les meilleurs amis du monde, alors pourquoi avait-il besoin qu'il soit présent ? Il pouvait bien trainer avec Adrian et Irina quand il voulait. "Qu'est-ce que je fais là ?", la question lui brûlait les lèvres, mais il la retint, s'ils commençaient à se parler ils allaient s'engueuler, s'ignorer en attendant le reste de la fratrie était la tactique la plus sûre. Sans compter qu'il était devenu un expert en la matière au fil des années. Soigneusement éviter le regard de son frère, boire un coup à chaque fois qu'il pouvait suspecter un début de conversation se lancer, s'il en avait l'habitude il aurait probablement sorti son Pear, peut-être même qu'il aurait prétendu recevoir un appel urgent. Mais pour le moment son Pear restait caché bien au fond de sa poche et seule sa bière le protégeait d'une conversation qu'il priait pouvoir encore éviter.
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeDim 14 Fév 2021 - 12:50
Dix ans de mafia, cela avait appris quelques trucs utiles à Roy. S’extirper de situations dangereuses, même si elles semblaient lui coller à la peau ces derniers temps. Mener des bras de fer. Jauger d’un coup d’oeil l’attitude de ses interlocuteurs. En somme, rien qui ne lui permettait de trouver de quoi faire la conversation à Jason, actuellement, mais toutefois pile ce qu’il fallait pour déceler immédiatement que ce dernier n’avait pas envie d’en faire l’effort.

Cela n’avait pas toujours été comme ça, entre les deux frères. Roy se souvenait, comme d’un temps lointain, d’une enfance où ils étaient deux compagnons de jeu, de seulement deux ans d’écart. Ils se chamaillaient déjà beaucoup, l’un comme l’autre n’ayant pas des caractères faciles à vivre, mais ils partageaient aussi beaucoup de bons moments, de jeux, de rires. Roy se souvenait que sa relation avec Jason lui avait fait aimer sa position de grand frère, pas seulement parce qu’il avait un petit frère pour faire ce qu’il commandait -il en avait beaucoup profité- mais aussi parce qu’il aimait être la personne sur qui on pouvait compter pour protéger les plus jeunes. C’était ce que leurs parents leur avaient appris à tous, dès leur plus jeune âge : la famille, c’était important, c’était tout, ils devaient pouvoir compter les uns sur les autres. Maintes fois, Roy avait pris la défense de Jason face à d’autres enfants plus turbulents, et cela même s’ils étaient dans une période de froid tous les deux. Comme si, face à l’adversité, leur lien fraternel se rappelait à eux et surpassait le reste.

De cette relation, il ne restait plus grand-chose. Tout ce que Roy partageait avec Jason était un silence entretenu par les années. La période d’adolescence à Poudlard avait été difficile, à l’origine d’un éloignement qui aurait pu ne pas être définitif, si Roy n’avait pas emprunté la voie qu’on lui connaissait aujourd’hui. Ce silence n’avait rien de neutre, était loin d’être vidé de toute émotion ou sentiment, ce qui trahissait que quelque part, c’était un silence qui les laissait insatisfaits tous les deux, même s’ils n’en disaient rien. Mais plus les années passaient, plus il devenait très difficile de faire le moindre pas pour changer les choses.

Peut-être que c’était cette situation que Roy allait léguer à sa future fille. Un père et un oncle qui ne savaient même plus comment s’adresser la parole sans risquer de se disputer.

« Ça va. »

En temps normal, Roy n’aurait pas été plus loin. Pianoter sur son Pear One en attendant l’arrivée d’Adrian et d’Irina aurait pu lui convenir parfaitement. Cette fois-ci, il resta immobile, les yeux fixés sur Jason et la main posée sur sa bière, empli d’une hésitation dont il ne comprenait pas bien l’origine. Sa tête s’agitait de pensées, à la recherche de quelque chose à dire. Quoi de neuf ? Jason allait forcément lui tomber dessus avec une remarque ironique qui lui ferait remarquer tout ce qu’il manque, du style « tu veux dire, depuis l’année dernière ? ». Comment ça se passe le travail ? Non, il allait lui répondre « bien mais je ne te retourne pas la question, je suppose ». Il fait moche aujourd’hui. Inintéressant au possible. Tu vas devenir oncle dans quelques mois. Non, il ne devait pas le lui dire tout de suite, quand bien même c’était la seule chose qu’il avait vraiment envie de dire. Que lui conseillerait Adrian ? La tête de son petit frère se matérialisa dans son esprit, et Roy le revit lors de leurs dernières discussions, pendant lesquelles il prenait toujours soin de le tenir au courant des choses importantes qui se passaient dans leur entourage, parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse, disait-il en le regardant d’un air équivoque. Sous-entendu, si tu venais aux déjeuners de famille, tu saurais. D’ailleurs, il avait été particulièrement fâché qu’il manque le dernier, à propos de…

« Comment va ta copine ? Moira, c’est ça ? »

Bénie soit sa bonne mémoire.


Roy Calder

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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeSam 10 Avr 2021 - 18:07
La vie qu'on mène [famille Calder] Image-2021-01-31-140352
Jason Calder, le plus beau

La main de Jason se resserra sur sa bouteille à la mention de Moira. Il n'aimait pas entendre les remarques de Roy sur sa vie sentimentale. En général quand Roy s'intéressait à ça, c'était qu'il avait de très mauvaises répercussions, que ce soit volontaire ou non n'y changeait rien. Jason avait toujours été plus discret que son aîné et il était arrivé qu'il décide de "l'aider"... ou juste de l'emmerder. Les deux résultats avaient été les mêmes, la vie privée de Jason à Poudlard avait été un enfer tant qu'il avait dû subir l'influence maléfique de ce fourbe de frère !

Ainsi, même s'ils étaient maintenant adultes, il voyait d'un très mauvais oeil l'ingérence qui menaçait d'arriver. Roy pouvait peut-être simplement prendre des nouvelles, mais s'il s'intéressait vraiment seulement à son existence, il serait venu la rencontrer au lieu, d'une fois encore, leur faire faux bond. "T'aurais pu lui demander." Sa voix laissait déjà deviner un début d'irritation, il ne l'avouerai jamais, même à lui-même, mais l'absence de Roy, bien que prévisible, l'avait quelque peu énervé et voilà que ça ressortissait maintenant. Il ouvrit la bouche pour en rajouter et décida qu'il était plus malin que ça. Il allait aller commander des frittes. Lui était bien élevé, il ne parlerait pas la bouche pleine, oui, c'était une bonne idée pour les empêcher de s'entre-tuer en attendant la cavalerie. "J'arrive."


La vie qu'on mène [famille Calder] Image-2021-04-10-142151
Omar Bouilli, le plus aromatisé

Comme chaque matin ce fut la sirène du camion benne qui le réveilla. Depuis plus d'un mois il s'était fait au froid, il s'était fait à l'humidité, il s'était même habitué à se réveiller avec la faim au ventre. Mais tous les matins ce bruit lancinant lui indiquait de se lever. Il fit quelques pas et regarda par la fenêtre de son appartement, des gens qu'il ne connaissait pas s'affairaient déjà. Un coup d’œil vers le clocher de l'église qui lui cachait le pale soleil londonien. Sa fille qui l’appelait le fit se retourner, mais il n'y avait bien plus que le vent pour lui adresser la parole maintenant. La soif lui brûlait déjà la gorge et il raffermit son emprise sur les deux derniers objets qu'il possédait avant de se mettre en marche. Il ne savait pas où aller alors il errait dans les rues d'Ilford.

Lorsqu'il passa la porte du café, Emmanuel poussa un long soupir, il n'était pas rare qu'Omar vienne pour le supplier de récupérer son travail. Sans succès. "Omar, on en a déjà discuté, va voir ailleurs, t'as juste à traverser la rue..." Rien n'était moins sûr, il avait l'air sale et l'odeur qui allait avec. De toute façon ça n'était pas un autre job qu'il voulait, d'un air vide il tourna la tête vers une table près du comptoir, c'était là qu'elle s'asseyait pour faire ses devoirs en attendant qu'il finisse son service. Pour s'éviter de craquer il referma la main sur le long couteau qu'il gardait dans les larges poches de son imperméable et qui le rassurait dans ces moments. Un homme se leva près de lui et le bruit le fit sursauter, il se dirigeait droit vers lui...

"RENDS MOI MARY !" D'une main il avait attrapé l'homme, la lame de son couteau pressant dangereusement sur sa gorge. Quelques jours plus tôt il avait été réveillé par un groupe d'hommes qui avaient volé le sac dans lequel il gardait le reste de ce qu'il avait depuis qu'il avait perdu son appartement. Son sac. Alors il avait sorti ses derniers billets de la semelle de ses chaussures et il avait acheté le pistolet qu'il tenait dans son autre main. Dans ses deux mains toutes ses possession. Tout ce qu'il lui restait à perdre. Et entre les mains de toutes les autres personnes présentes, la vie d'un otage qui avait tellement plus à perdre.
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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeSam 24 Avr 2021 - 16:56
Cette situation ressemblait à beaucoup d’autres qui s’étaient déjà produites entre les deux frères. Ils semblaient incapables de communiquer autrement que par des malentendus qui les éloignaient un peu plus à chaque fois. Du point de vue de Roy, Jason ne voulait jamais voir les efforts qu’il faisait parfois dans sa direction ou dans celle de leur famille et sautait sur chaque occasion de lui reprocher quelque chose. Or chaque reproche repoussait un peu plus Roy et rendait plus difficile chaque pas vers lui. Ainsi, ils en arrivaient à ce stade où ils étaient incapables de mener une conversation plus d’une minute, même sur un sujet anodin, sans finir par se trouver mutuellement insupportables.

Il n’en fallut pas plus que ce petit commentaire pernicieux de Jason pour que Roy retrouve ses positions plus familières de sarcasmes à son encontre :

« Toujours aussi aimable. »

Et après, Adrian et Irina se demandaient pourquoi ils passaient toujours par eux quand ils avaient besoin de communiquer !

Roy ne retint pas son frère qui semblait préférer passer son temps d’attente aux toilettes ou près du comptoir ou il ne savait où tant que c’était visiblement loin de lui. Qu’il aille au diable avec sa Moira, décida t-il de manière très mature, sans vouloir admettre que son attitude l’atteignait. Mais Roy savait très bien faire semblant que rien ne l’atteignait, alors il se contenta de reprendre son Pear pour s’occuper. Au moment où il envoyait un message pour demander à Irina et Adrian s’ils étaient encore loin, quand un cri guttural quelques mètres plus loin le fit lever la tête dans un sursaut.

« RENDS MOI MARY ! »

Un homme, trentenaire peut-être, qui ne payait pas de mine avec son imperméable élimé et sale et sa barbe mal rasée, arborait un regard fou, un couteau à la main, posé sur la gorge de… Jason. Roy se leva aussitôt dans un geste réflexe qui repoussa bruyamment sa chaise au sol. Il ne comprenait absolument rien à la scène qui était en train de se dérouler sous ses yeux, à part le fait que Jason était en train de se faire menacer à l’arme blanche par une espèce de clochard surgi de nulle part.

« Hé, qu’est-ce que tu fous ? » s’écria t-il en s’élançant en avant.
« T’approche pas ! Personne n’approche ! Ou je l’égorge, c’est clair ? »

Avec un tel couteau, l’entreprise serait difficile, songea Roy en jetant un oeil à ce qui ressemblait à un couteau de cuisine. Cela dit, c’était largement suffisant pour entailler la gorge de Jason et le laisser se vider de son sang. Mais pour égorger vivant un homme, Toni aurait plutôt conseillé un hachoir, à minima. Bref.

Ses connaissances en torture humaine n’allaient pas lui être utiles ici, sauf à jouer avec la vie de son frère, ce que Roy ne souhaitait évidemment pas, aussi pénible ce frère soit-il. Le coeur battant à toute allure, il s’immobilisa donc en plein élan en échangeant brièvement un regard avec Jason, conscient que l’agresseur avait l’air assez fou pour faire quelque chose d’imprévisible. En tout cas, il fallait considérer cette option et il ne voulait pas tenter le diable. Le barman derrière le comptoir, lui, avait l’air de se pisser dessus, si ce n’était se liquéfier sur place :

« Omar, tu… calme-toi ! Pose ce couteau, on… peut parler !
-Quoi, vous le connaissez ?! »

Mais c’est quoi ce vieux café dans lequel ils avaient atterri ? Est-ce que c’était un règlement de compte ? Pour une fois, Roy n’avait rien à voir là-dedans.


Roy Calder

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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeLun 27 Déc 2021 - 13:36
Citation :
Petit message introductif Ship La suite de cet RP est écrite par moi-même, sous la forme d'un OS adoptant plusieurs points de vue. Il y a genre 6000 mots donc je vais le poster en plusieurs fois par égard pour vos petits yeux La vie qu'on mène [famille Calder] 2222602150 Bonne lecture La vie qu'on mène [famille Calder] 2774444739

Des types esquintés comme celui qui tenait Jason en joue, Roy en avait vu des tas, en errance dans la Voie des Miracles, sur l’allée des Embrumes, et tous les coins malfamés du monde sorcier qu’il avait pu fréquenter dans sa vie. Des types qui n’avaient plus rien à perdre, et qui finissaient souvent de deux manières : dans une misère de plus en plus grande jusqu’à finir par mourir de froid ou de faim dans une ruelle obscure, ou alors, prêts à tout pour se sortir d’une telle vie. Vraiment prêts à tout. Roy en avait déjà vu plusieurs finir par accepter les jobs les plus sales de trafics les plus innommables.

Et d’autres finissaient par commettre une folie, un véritable acte de désespoir, comme l’homme qui leur faisait face, en plein milieu de ce café moldu. Aux yeux de Roy, il était assez évident qu’il n’avait jamais menacé la vie d’autrui : la main qui tenait le couteau tremblotait, tout comme sa voix. Sans doute un homme qui avait perdu à la roue de la fortune de la vie, pour finir à la rue, sans n’avoir jamais rien fait de mal, jugea t-il. Pour autant, le sentiment de désespoir était parfois plus destructeur encore qu’une volonté de faire du mal. Son amateurisme le rendait peut-être plus dangereux, même : il pouvait paniquer, faire un geste de trop, à n’importe quel moment. D’ailleurs, il ne tarda pas à clamer dans le café, face aux autres clients pétrifiés sur leurs tables, d’une voix mal assurée, mais le revolver qu’il sortit de sa poche suffit à lui donner d’office l’autorité dont il manquait :

« J’ai… J’ai un flingue ! Si je vois quelqu’un appeler la police, je lui tire dessus ! »

Aussitôt les quatre ou cinq clients présents dans le café levèrent les mains, en signe d’innocence. Roy, qui était le plus proche de l’agresseur, croisa à cet instant le regard de Jason qui arborait une expression de peur, qu’il n’avait jamais vue chez lui. En même temps, il n’avait jamais été menacé par un couteau ou un flingue de sa vie. Pourtant, il retint aussitôt son frère qui faisait instinctivement un pas vers lui :

« Fais rien de con, Roy. »

Crispé, Roy se retint de faire un pas supplémentaire, mais fusilla d’un regard noir l’agresseur dont il avait attiré l’attention.

« Tu le connais ? C’est ton pote ? Ton frère ? » Le couteau avait beau trembler dans sa main, il pouvait cisailler à tout moment la peau de Jason, ce qui retint Roy pour le moment de faire une bêtise, même s’il brûlait d’envie de se jeter sur l’homme. « T’approche pas, hein ! Reste où t’es ! 
-Je m’approche pas. »

Il leva les mains à son tour, histoire de montrer patte blanche. Enfin, maintenant que son autorité était installée, le preneur d’otage demanda au barman ce qu’il était venu chercher :  

« Donne la caisse, Manu. »

Manu, nota Roy. Les deux hommes se connaissaient, mais ce n’était de toute évidence pas un coup monté : le barman avait l’air absolument terrifié, beaucoup trop pour qu’il s’agisse d’un jeu d’acteur.

« Omar, tu… Tu n’es pas raisonnable. On peut s’arranger, on peut…
-On peut rien du tout, c’est trop tard ! Donne tout l’argent de ta caisse ! »

Il tremblait de tout son corps en essayant d’extirper la caisse, qu’il tendit à Omar. Ce dernier hésita un instant, de toute évidence partagé entre l’envie de récupérer l’argent et celle de ne pas lâcher Jason. Roy sauta sur l’occasion pour l’interpeler :

« Tu nous menaces déjà tous avec ton flingue, tu pourrais le lâcher, suggéra t-il, en désignant Jason. Personne n’a d’arme ici, on est tous tes otages, t’as pas besoin d’en tenir un.
-Me… Me dis pas quoi faire ! » protesta t-il. Il pointa son arme sur Roy directement. « Toi ramasse le fric et ramène-le moi ! 
-Alors lâche-le d’abord.
-Putain Roy, fais ce qu’il dit ! Arrête de jouer au plus malin.
-Je joue pas au plus malin, j’essaye de te sauver, crétin !
-Tu aggraves juste les choses, prends juste l’argent et donne-lui ! Pourquoi faut toujours que tu fasses le contraire de ce qu’on te dit ?
-Putain mais toi même avec un couteau sous la gorge, t’as toujours les mêmes reproches à la bouche.
-Mais taisez-vous ! Fais ce que je dis, toi ! »

Contrarié, Roy s’exécuta néanmoins en allant récupérer la caisse au comptoir. Il sortit les billets qu’il trouva, comptant un peu plus de soixante-dix livres sterling qu’il alla remettre à Omar. Evidemment, ce dernier fit la moue en voyant la maigreur du butin :

« C’est tout ce qu’il y a ? Manu, tu te fous de moi ?
-Je… Je te jure qu’on n’a pas plus en caisse… »

« En même temps, tu braques un café, mec, c’est pas une banque ici » se retint de dire Roy. Omar avait l’air très contrarié, et ce n’était pas une bonne idée de le contrarier encore plus. Il tenta de changer de stratégie pour le faire lâcher Jason, en l’interpellant :

« Hé, c’est de l’argent que tu veux, mec ? On peut s’arranger. Tu lâches mon frère et je te donne ce que tu veux.
-Non ! » protesta Omar avec force. Cette fois, il se tourna vers Emmanuel, en pointant son revolver sur lui. Sa prise sur Jason se desserra légèrement. « J’ai tout perdu à cause de toi ! C’est à toi de payer ! Rends-moi ce que tu m’as pris ! 
-Mais enfin, tu… Tu perds la tête, je… »

L’attention de l’agresseur était entièrement tournée vers le barman qui balbutiait des paroles incohérentes, terrifié par l’arme pointée sur lui. Roy croisa à nouveau le regard de Jason et s’engagea alors un échange silencieux entre eux, à base de regards et grimaces, échange que l’on pouvait résumer en quelques phrases. D’un regard insistant et d’un léger mouvement de menton, Roy sembla dire : « Il est moins vigilant là, sauve-toi ! » Un mouvement de recul de la tête répugné de Jason signifia clairement : « Mais t’es fou, mec, je fais pas ça, je veux pas mourir. » Il ajouta d’un regard menaçant, en voyant que Roy se mettait à réfléchir et s’agiter : « Ne. Bouge. Pas. »

Trop tard. Omar s’agitait, vociférait contre le barman, montrant qu’il commençait à vriller. Roy sentit qu’avec un homme pareil, la tournure des évènements était imprévisible. Et s’il finissait par tirer sur quelqu’un ? Jason était toujours à sa merci. La police n’était pas prévenue. Personne n’allait venir les sauver. Il fallait faire quelque chose. Parce que Roy n’avait pas été réparti à Gryffondor pour rien, il suivit son instinct qui lui dictait de se jeter sur Omar pour le mettre hors d’état de nuire. Il avait assez confiance en ses capacités pour l’immobiliser : tout lui indiquait que ce moldu était un amateur et qu’il n’avait qu’à attraper son revolver pour renverser la situation. Après tout, Roy avait déjà fait bien pire dans sa vie. Il avait plusieurs fois joué sa vie dans des duels avec des mafieux aguerris, en pleine rixe. Ce n’était pas un preneur d’otage en carton qui allait le maîtriser, n’est-ce-pas ?

L’action se déroula très vite. Roy se rua sur Omar et l’effet de surprise joua en sa faveur. Il eut la satisfaction de le voir relâcher suffisamment sa prise sur Jason pour que ce dernier puisse s’échapper. Toutefois la suite ne se déroula pas exactement comme il l’avait prévu. Omar eut le réflexe de vouloir protéger son arme décisive, son revolver, et le bras de fer qui s’engagea entre Roy et lui pour la récupérer ne donna pas de vainqueur. Roy réussit seulement à lui faire lâcher l’arme, qui glissa sur le sol, loin d’eux.

« Récupérez le flingue ! » lança t-il à qui serait assez proche pour le faire.

De son côté, il chercha à immobiliser Omar par la force, et surtout neutraliser sa main qui tenait toujours un couteau. Le type se débattit comme un véritable diable, ce qui poussa Roy à lui asséner un coup de poing en plein visage. Sonné, ce dernier perdit brièvement l’équilibre, au moment où une voix s’élevait :

« Stoooop ! Ou je tire ! »

Sur leur droite, Jason se tenait debout, le pistolet en main, signant la fin de la partie. Ses mains tremblaient, il ne semblait pas plus assuré que le preneur d’otage avec cette arme, mais il venait malgré tout de renverser le rapport de force. C’était fini. Soulagé, Roy souffla un coup, avant de se rapprocher de son frère.


Roy Calder

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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeMar 28 Déc 2021 - 0:54
La vie qu'on mène [famille Calder] 94430f10
Jason Calder, 30 ans, est en PLS mentale

Jason sentait son coeur battre si fort dans sa poitrine, qu’il avait l’impression de n’entendre que ça. L’arme qu’il tenait entre ses deux mains lui semblait terriblement lourde, ses paumes étaient si moites qu’il craignait qu’elle ne finisse par glisser. Il détestait les situations de stress comme ça. Ce genre de choses n’était pas sensé lui arriver, lui qui faisait tout dans sa vie pour éviter les ennuis. Un petit boulot tranquille au Ministère, c’était ce à quoi il aspirait et il l’avait obtenu. Une petite vie paisible avec une femme gentille, dans un appartement simple, d’une ville de banlieue calme, c’était ça le synonyme de bonheur pour lui et depuis qu’il avait Moira dans sa vie, il y goûtait avec plaisir. Il avait toujours tout fait pour éviter les ennuis dans sa vie. A Poudlard, il rendait tous ses devoirs à l’heure, il ne répondait pas aux professeurs, il fréquentait des groupes d’amis pas populaires mais pas outsiders non plus, il avait de bonnes notes mais pas trop. Il savait se défendre s’il le fallait mais il évitait le plus possible de provoquer des conflits. Il disait bonjour aux voisins, il notait toutes ses dettes et ne les laissait jamais traîner trop longtemps. Il faisait en sorte de ne pas se faire trop remarquer, il s’habillait de manière simple, il n’achetait rien de trop clinquant, il ne parlait pas plus fort que les autres. Trouver le juste milieu, un mantra que son père lui avait enseigné et qu’il suivait à la lettre.

Vraiment il n’était pas sensé se retrouver en plein coeur d’une prise d’otage surprise, en plein Londres.

Alors il n’en menait pas large. Et il n’en revenait pas d’être la personne qui tenait désormais un flingue dans cette pièce. Quelque chose n’allait pas dans cette scène et de son point de vue, Roy en était un peu responsable. En le voyant s’approcher de lui, il lui lança d’une voix accusatrice qui trahissait toute sa nervosité :

« Tu pouvais pas t’empêcher de faire un pari insensé hein ? »

Son frère fronça les sourcils, visiblement tendu.

« Eh bah super, c’est comme ça que tu me remercies ?
-T’étais pas obligé de faire ça. C’était complètement inconscient.
-Mais ça a marché.
-C’est pas la question, putain ! Tu prends vraiment des risques inconsidérés ! 
-Mais t’en as pas marre de me faire des reproches tout le temps, même quand je sauve tes fesses ?
-J’arrêterai de te faire des reproches quand t’arrêteras de faire des conneries ! »

Ce n’était pas tant du jugement que de la peur que Jason ne savait exprimer autrement que par ces reproches. Il en voulait à Roy d’être aussi têtu et tête brûlée car avec les années, sa peur s’était accompagnée d’une rancune grandissante. Son discours sonnait en effet comme d’autres qu’il avait pu lui donner, au sujet de ses choix de manière générale, parce que c’était toujours la même chose. Roy ne changeait pas. Il se mettait toujours dans des situations de risque, sans écouter personne, sans se soucier de les laisser inquiets pour lui. Jason détestait ces émotions violentes qui le sortaient de la tranquillité à laquelle il aspirait tellement. Il ne pouvait pas avoir l’esprit en paix si l’un de ses proches passait son temps à risquer sa vie, sa liberté et que ne savait-il d’autre et ça, Roy s’évertuait depuis des années à ne pas le comprendre.

« T'as vraiment un… »

Jason fut interrompu par un cri de rage lancé par l’homme qu’il tenait pourtant en joue et qui semblait avoir décidé de profiter de leur inattention pour tenter un dernier acte de désespoir. Jason le vit s’élancer vers lui, sans doute dans l’intention de récupérer son pistolet. Il se figea aussitôt sur place, le sang glacé, le coeur prêt à exploser, les doigts incapables d’appuyer sur la gâchette pour l’immobiliser. Sous son regard pétrifié, il vit sa propre fin venir.

Mais ce fut une autre scène qui se joua, dont il ne vit pas tous les tenants et les aboutissants, car tout se déroula à toute vitesse. Le dos de Roy lui faisait face, interposé entre lui et Omar. Un nouveau rapport de force se joua entre eux. Il y eut un coup de couteau. Jason entendit confusément sur sa gauche la voix du barman qui parlait précipitamment au téléphone, sans doute en plein échange avec la police. Un autre client vint prêter main forte pour tenter de maîtrise de l’agresseur et à deux, ils finirent par réussir à le mettre à terre.

Roy avait le couteau à la main, penché au-dessus de l’homme au sol. Cette vision éveilla un réflexe instinctif chez Jason, qui sortit de son immobilité pour s’élancer vers lui et attraper son bras, en catastrophe :

« Ne lui fais rien ! »


Roy Calder

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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeMar 28 Déc 2021 - 9:13
A voir l’expression de colère froide sur le visage de Roy qui tenait le couteau, il dut donner l’impression qu’il s’apprêtait à planter Omar. Pour être honnête, ce n’était pas une possibilité totalement écartée de son esprit échauffé par ces successives confrontations. Ce type avait menacé deux fois la vie de son frère et sans doute, s’ils avaient tous été dans la Voie des Miracles, là où faire disparaître un corps était un jeu d’enfant, peut-être que Roy aurait donné ce coup de couteau sans scrupules, par pure vengeance. Personne ne pouvait s’en prendre à ses proches impunément.

Mais ils étaient en plein milieu de Londres. La police était en route. Omar n’était qu’un pauvre mec paumé qui pleurnichait désormais au sol, alors qu’il comprenait qu’il avait vraiment tout perdu, maintenant. Roy contint donc cette rage instinctive qui l’avait saisi, avant que Jason ne cherche à le retenir. Il se tourna vers lui, la mâchoire serrée, en se défendant :

« Je suis pas fou. »

Ou en tout cas, presque pas. Il donna un coup de pied dans les côtes d’Omar, en le menaçant :

« T’as pas intérêt à bouger encore, toi, espèce de taré. 
-On va l’immobiliser en attendant la police ! lança le barman. Je dois avoir une corde quelque part. »

Il s’activa avec l’aide d’un autre client du bar pour enchaîner le jeune homme, tandis que Roy se reculait de la scène, en titubant légèrement. A cet instant, Jason intervint :

« Mais… Tu saignes ? »

A travers son pantalon, au niveau de la cuisse, une tâche de sang s’élargissait. A cet instant, Roy prit conscience d’une sensation de douleur que la montée d’adrénaline lui avait fait oublier. Dans la bataille, Omar avait strié sa cuisse de son couteau tout à l’heure, quand il s’était interposé entre Jason et lui. Il répliqua aussitôt :

« Ça va, c’est rien. C’est pas profond. » Enfin, il croyait. C’était un peu difficile de bouger sa jambe, quand même. Mais il pesta sur un tout autre sujet : « Putain, c’est de la soie, il m’a foutu en l’air un pantalon en soie, ce con. »

Ses plaintes furent interrompues par le geste tout à fait inattendu et inédit que fit Jason en l’attirant vers lui. Roy crut d’abord qu’il voulait l’aider à marcher mais il comprit qu’il était tout simplement en train de l’étreindre, sans autre finalité que celle-ci.

« T’as vraiment des problèmes si c’est tout ce qui t’inquiète. C’est toi qui es con. »

Malgré ces paroles peu aimables, Jason était bel et bien en train de lui faire câlin, ce qui n’était pas arrivé depuis au moins… jamais. Difficile à dire. Abasourdi, Roy resta d’abord tout à fait immobile. C’était gênant. Pas vraiment désagréable, toutefois. Plus agréable que se prendre des reproches en tout cas, c’était certain. Qu’était-il sensé faire face à ce geste étonnamment fraternel ? Il finit par répondre en donnant une légère tape derrière l’épaule de Jason.

« Ouais bah toi aussi. »

Cette étreinte fut bizarrement très courte et très longue à la fois. Assez longue toutefois pour que Roy perçoive chez Jason la peur et la retombée d’émotions qu’il n’osait pas exprimer. Il se sentit obligé de dire n’importe quoi pour évacuer cette atmosphère trop dramatique à son goût quand ils se séparèrent :

« Ça va hein, j’ai pas mal. D’une échelle de un à dix, je suis genre à zéro et demi. J’ai vu pire.
-Oh mais tais-toi. » Il avisa la blessure de son frère, de plus près. « Tu peux marcher ? On va s’asseoir en attendant les secours. »

Finalement, Roy avait quand même un peu mal car marcher jusqu’à la table où Jason l’emmena ne fut pas très agréable, mais il prit sur lui pour ne rien en montrer. Il s’assit sur la banquette en tendant sa jambe devant lui, tandis que Jason s’asseyait sur la chaise en face, en silence. Quelques secondes s’écoulèrent sans bruit, pendant lesquelles Roy observa du coin de l’œil son frère, agité de tics nerveux. Il ne pouvait pas -en tout cas il ne pouvait plus- prétendre bien le connaître, car les dix dernières années s’étaient écoulées sans qu’ils ne communiquent beaucoup, en faisant leur vie chacun de leur côté. Malgré tout, Roy fut capable de percevoir la tension et l’inquiétude qui l’habitait, et même, chose rare, de s’identifier à lui. Cette scène surréaliste le ramenait des années arrière, dans des moments qu’il avait lui-même vécus : la retombée d’adrénaline après un règlement de compte entre mafieux, qui faisait remonter toute la peur qu’il avait étouffée pendant l’action. La sensation de soulagement d’être en vie, contrebalancée par le prix qu’il avait fallu payer pour. Les mains qu’on sentait salies. Les premières fois, Roy tremblait de tout son corps, sursautait au moindre bruit. Peu à peu, il avait fini par dompter ces émotions, par les enfouir pour moins les ressentir, car on lui avait fait comprendre que c’était la seule façon de survivre. Marche ou crève.

Jason, lui, n’avait jamais tenu d’arme à feu à la main, ni tout autre objet destiné à donner la mort. Ce qu’il venait de vivre générait forcément un traumatisme chez lui, que Roy avait déjà vécu plusieurs fois. Il ressentit une certaine colère contre la situation, mais aussi une forme d’empathie pour Jason, qui le poussa à essayer de l’aider :

« Tu devrais lâcher ça. »

Il désigna le pistolet que Jason tenait toujours. Ce dernier sembla prendre conscience de ce qu’il avait entre les mains et le relâcha d’un geste brusque, presque dans un sursaut. Il ne dit rien mais son malaise était si lisible sur son visage que Roy tenta de le rassurer :

« T’as fait ce qu’il fallait. »

Mais ces paroles n’eurent pas l’effet escompté car à la place, Jason se tendit davantage et corrigea, les sourcils froncés :

« J’ai fait ce que tu m’as obligé à faire. »

Le premier réflexe de Roy fut de se sentir piqué par cette réflexion. Mais quelque chose dans l’attitude de Jason le retint de renchérir par une autre pique, comme ils en avaient l’habitude. Ce n’était pas comme d’habitude. Jason ne le toisait pas avec cet air moralisateur qui l’agaçait tellement. Non, il avait le regard troublé, il bougeait sa jambe dans un tic nerveux, il tripotait le menu du café de ses mains agitées. Roy connaissait par coeur ce réflexe d’utiliser l’agressivité en guise de défense pour masquer le fait qu’on était mort de trouille : il faisait la même chose. Et en l’occurrence, il en était en effet en partie responsable. Cette arme que Jason avait du tenir, c’était celle que Roy avait tenté de prendre et il s’en voulait d’avoir échoué. Il avait beau trouver Jason insupportable les trois quarts du temps, il n’avait jamais voulu le mettre en danger. Cette pensée le poussa à lâcher, du bout des lèvres :

« Désolé. »

Des mots rares, chez Roy, mais encore plus rares quand cela concernait Jason qui ne masqua d’ailleurs pas son incrédulité. Il cessa ses gestes nerveux, en fixant son aîné d’un regard aussi suspicieux que surpris.

« Wow. Je t’ai pas entendu t’excuser depuis… au moins dix ans ?
-Bah toi tu m’avais pas pris dans tes bras depuis quoi, 1992 ? »

La réponse de Roy, sortie du tac au tac, provoqua un effet inattendu sur son frère. Après un léger silence, Jason entrouvrit les lèvres, comme s’il allait dire quelque chose. Mais à la place, ce fut un rire qui sortit. Un rire comme Roy n’en avait pas entendu depuis longtemps chez lui, encore moins en réponse à l’une de ses paroles.

D’abord Roy ne sut pas comment réagir, tellement la scène devenait étrange. Est-ce que Jason se foutait de lui ? Ou est-ce que c’était simplement un rire nerveux, destiné à évacuer la tension qui l’habitait ? Ou, plus étonnant encore, est-ce que Jason l’avait vraiment trouvé drôle ? Il finit par s’expliquer face au silence perplexe de Roy :

« Pardon mais… C’est absurde. Il fallait une prise d’otage pour que ça arrive, quoi. »

Saisissant à son tour le ridicule de la situation, un sourire fendit les lèvres de Roy. Il secoua la tête,  avec un rire contenu.

« Pfff, ouais. Je sais pas si Adrian serait fier de nous, du coup. Il nous aurait probablement dit qu’on est à jeter.
-Il t’aurait dit que toi, t’es à jeter. Il aurait été d’accord avec moi pour attendre sagement la police, lui.
-Votre côté Serdaigle et Serpentard, ça. Des vrais planqués.
-C’est ce qu’on appelle un instinct de survie fonctionnel, crétin. »

S’ils avaient l’habitude de s’envoyer des piques, ce n’était jamais sur ce ton amusé, presque complice, qu’ils adoptaient actuellement. Comme tous les moments qui semblaient irréels, ce bref instant de grâce finit par éclater comme une bulle qui avait eu l’audace de voler trop haut. Les sourires sur leur visage s’évanouirent lentement, la voix de Jason reprit bien plus sérieusement :

« Comment t’as pu survivre dehors jusqu’à maintenant, c’est ça que j’arrive pas à comprendre. »

Dehors. Jason n’avait pas besoin d’expliciter pour que Roy sache exactement de quoi il parlait. En temps normal, il ne disait rien à sa famille sur ses activités liées à la mafia. Il éludait, évitait les questions, répondait que ce n’était pas leurs affaires. Quand ils étaient jeunes, Jason l’interpelait souvent sur le sujet. Avec les années, il avait fini par décider d’arrêter de dépenser inutilement de l’énergie à essayer de le ramener à la raison. Alors il ne lui demandait plus rien. Ils ne se disaient plus rien.

C’était la première fois depuis longtemps que Jason lui posait une question. Après la scène qu’ils venaient de vivre et qui avait rendus très réels les risques que Roy pouvait prendre au quotidien, il ne pouvait pas éluder. Mais ce qui le convainquit de répondre, ce fut surtout le sentiment que pour une fois, un lien venait de se tisser entre eux. Un lien mince, fragile, mais réel, qui laissait l’espoir que leur discussion ne serait pas complètement vaine. C’était la meilleure chance de communication avec Jason que Roy n’avait jamais eue depuis des années et il choisit de la saisir.


Roy Calder

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La vie qu'on mène [famille Calder] Icon_minitimeMer 29 Déc 2021 - 14:51
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Jason Calder, 30 ans, prêt à en découdre

« Comme toi tout à l’heure. Je fais ce qu’il faut. »

Cette réponse ne contenta pas Jason qui resta toutefois silencieux. Il perçut dans l’expression et la gestuelle de son frère qu’il était en train de chercher ses mots pour développer une pensée qu’il avait toujours tenue secrète. Pendant ce temps, Jason eut le loisir d’essayer d’imaginer la suite de ce discours en suspens. Il s’attendait à beaucoup de choses. De la mauvaise foi, certainement, Roy était très doué quand il s’agissait de se trouver des excuses ou de faire passer ses actes pour ce qu’ils n’étaient pas. Jason avait toujours eu la désagréable impression qu’il ne prenait pas la mesure de la gravité de ses actions, ni des dangers qu’il prenait, comme si ce qu’il faisait pour gagner sa vie s’apparentait à n’importe quel job un peu risqué. Parfois, il se demandait quel genre d’histoires son frère pouvait bien se raconter au quotidien pour réussir à se regarder dans une glace, alors qu’il bâtissait sa fortune sur un tas de cadavres.

Car c’était bien tout ce que la mafia apportait, aux yeux de Jason. La mort. Celle des autres, complices ou innocents. Celle de Roy, peut-être, un jour. En avait-il conscience, au moins ? S’il ne se souciait pas de la vie des gens qu’il prenait quand il devait « faire ce qu’il faut », est-ce qu’il pensait au moins à la sienne, parfois ? Ou est-ce qu’il se disait dans sa plus grande arrogance qu’il gérait ? Jason avait trop souvent entendu cette phrase dans la bouche de Roy et il se tendait déjà dans l’attente qu’il la dise encore. Je gère.

Mais il eut la surprise de l’entendre au contraire faire un aveu de faiblesse :

« Parfois ça suffit pas. » Roy baissa les yeux sur la blessure qui lui entaillait toujours la jambe, comme illustration de ses propos. « J’ai déjà failli crever, pour de vrai. »

Ce n’était pas une révélation, en soi. Jason s’en doutait déjà depuis longtemps, comme tout le monde, il savait que la mafia était un monde violent, cruel, voire mortel. Mais c’était une chose de se le dire dans sa tête, c’en était une autre d’entendre Roy le lui confirmer en le regardant dans les yeux. Le choc lui glaça le sang et le laissa muet.

« Je m’en sors parce que je suis bien entouré. Les gens avec qui je travaille, on est liés à vie. C’est pas une façon de parler, hein. Je leur dois ma vie, et réciproquement. Ça te parait peut-être bancal comme assurance mais… C’est ce qui a marché pour moi jusqu’à maintenant. C’est grâce à cette loyauté de groupe que je survis. »

Roy avait raison sur un point : cette réponse était bancale aux yeux de Jason. Mais il savait aussi que probablement rien de ce qu’il aurait pu dire n’aurait été satisfaisant ou rassurant, car Roy n’allait jamais lui dire ce qu’il attendait, à savoir quelque chose comme « Je survis parce que j’arrête de me mettre dans des situations dangereuses pour moi et pour les autres ». Toutefois, après un instant de réflexion intérieure, Jason convint que ce n’était pas non plus la pire réponse que son frère aurait pu lui donner. Il comprenait dans son discours qu’il avait trouvé une espèce de famille d’adoption dont les membres veillaient les uns sur les autres et même si Jason aurait largement préféré que Roy trouve cette fraternité au sein de sa vraie famille, la leur, c’était mieux que d’être un loup solitaire à la merci de tous.

« Donc en gros, tu as trouvé des gens qui donneraient leur vie pour toi et pour qui tu donnerais la tienne et c’est comme ça que vous avancez ?
-On peut dire ça.
-Je comprends mieux pourquoi tu t’es jeté sur l’autre type tout à l’heure…
-T’es mon frère. Qu’est-ce que j’étais sensé faire d’autre ? »

Une pointe d’irritation traversa Jason, comme un éclair qui se vit dans ses yeux et dans sa protestation vive :

« Mais j’ai pas envie que tu donnes ta vie pour moi, j’ai juste envie que… Que tu arrêtes de te foutre dans un pétrin pas possible. Que tu commences à vivre au lieu de survivre. T’en as pas marre, après toutes ces années ? Tu viens de me dire que t’avais failli mourir, mais sérieusement… Ça te suffit pas comme raison d’arrêter ? »

Jason songea à cet instant qu’il venait sans doute de colmater l’étonnante brèche qui s’était ouverte entre eux et leur avait permis de réellement communiquer pour la première fois depuis des années. Il pressentit que Roy allait se fermer face à son ton énervé et qu’il allait clore la discussion en répondant ce qu’il lui avait toujours répondu : « occupe-toi de tes affaires ». Il vit venir la fin de ce début de confidences, sa seule chance de pouvoir enfin comprendre pourquoi son frère s’obstinait tellement dans cette vie mortifère.

Mais à nouveau, Roy le surprit en faisant l’effort de lui répondre vraiment, sans prendre de détour malgré son expression devenue défiante :

« Pour faire quoi d’autre ? C’est comme ça que je vis, Jason. Tu veux pas l’entendre, tu crois que je fais que survivre là-dedans. Mais c’est aussi comme ça que je me sens vivant. »

Jason fronça les sourcils face à cette réponse qu’il trouva tout à fait incompréhensible. Il refusa de lâcher le morceau et voulut pousser Roy à expliciter davantage.

« Ça veut dire quoi ça ? Tu veux me faire croire que c’est ta vocation de faire ce genre de choses ? »

Le sarcasme perceptible dans sa voix parut faire décoller quelque chose chez Roy. Jason le vit avant même de l’entendre hausser la voix et de le voir donner un coup furieux dans la table. Il arborait ce regard qu’il avait dans ses moments de grande colère.

« C’est ce que je sais faire ! C’est ce que je fais de mieux, même. C’est la seule putain de voie où j’ai réussi à construire quelque chose et devenir quelqu’un ! J’ai rien fait d’autre ces douze dernières années ! Tu crois quoi, qu’après ce genre de vie, les gens choisissent de tirer leur chapeau en disant allez c’était cool mais maintenant je vais me foutre derrière un bureau à écrire des lettres et compter des Mornilles ? Tu crois qu’ils vont s’asseoir sur tous les sacrifices qu’ils ont fait, les horreurs qu’ils ont vues, les gens qu’ils ont perdus, les fois où ils ont failli crever, tout ça pour quoi ? Finir gratteur de papier au Ministère ? Allez, banquier à la Marchebank ? Personne fait ça. Les types dans ce milieu, ils ramassent tous les soirs leurs dents sur les pavés, les cadavres de leurs potes dans les bennes à ordures, ils font douze fois le tour des cellules d’Azkaban et quand ils sont de retour, qu’est-ce qu’ils font ? La même chose. Parce qu’ils peuvent pas avoir fait ça pour rien. Ils veulent leur part de gâteau aussi. Et quand tu l’as enfin et que tu dis que finalement, elle est un peu trop grosse, ta part, que t’es pas sûr de pouvoir la finir, les autres viennent pas gentiment la finir pour toi. Ils te la font bouffer par le cul et les narines jusqu’à ce que tu vomisses tout l’argent et le temps que tu leur as fait perdre à pas faire le job jusqu’au bout. La seule manière de t’éviter ce sort, c’est d’être le plus fort, au-dessus de tout le monde. Et en attendant, tu fais quoi ? Bah tu restes à ta putain de place. »

Les mots avaient déserté la bouche de Jason face à ce florilège ininterrompu de paroles crachées par son frère et probablement que toute couleur avait quitté la peau de son visage également. Le courroux de Roy avait largement emporté le sien pour ne laisser qu’un désarroi glaçant chez lui. Face à une telle démonstration d’impatience et d’emportement, Jason devinait que si Roy avait employé le « ils » et le « tu », c’était uniquement pour ne pas dire « je ». Il en resta figé un long moment, le temps qu’il lui fallut pour saisir ce que cela signifiait.

Il ne pensait pas du tout qu’après douze ans, Roy pouvait encore lui révéler quelque chose sur sa vie qui le pousserait à adopter un autre angle de vue sur la situation. Pour lui, tout était dit. Son frère était dangereux, ambitieux, sans scrupules, poussé par ses vices, motivé par l’appât du gain, et c’était pour ces raisons qu’il en était là où il était maintenant. Jason n’avait pas changé d’avis à ce sujet. Mais il commençait à voir une autre mécanique dans les choix de vie de Roy qu’il n’avait pas du tout soupçonnée jusqu’à maintenant.

Et il en était horrifié. Cela se sentit dans la manière dont il souffla :

« Je comprends pas, t’es prisonnier ou vivant, là-dedans ? »

Il n’eut jamais la réponse à sa question. Une voix féminine qu’ils connaissaient tous les deux les interpella à quelques mètres :

« Mon Dieu mais qu’est-ce qui se passe ici ? »


*** Une dizaine de minutes plus tard ***


« On peut savoir pourquoi de tous les clients présents dans ce bar, tu es le seul blessé, Roy Calder ? »

Se faire sermonner par Irina Calder était toujours une épreuve pénible. Seule fille d’une fratrie de garçon, elle avait appris à gueuler -voire se battre- pour se faire une place. Roy savait très bien que si elle n’était pas présentement occupée à nettoyer la plaie superficielle sur sa jambe, elle serait en train de donner des coups dedans avec des gants de boxe sortis de nulle part.
  
« Parce que c’est le plus con. »

La réponse de Jason ne fit sourciller personne, tant elle paraissait habituelle. Visiblement, personne ne sentait l’espèce de bombe qui avait explosé entre eux, quelques minutes plus tôt. Ils savaient encore très bien faire semblant, constata Roy sans trop savoir s’il devait se sentir amer ou soulagé à ce sujet. Il n’était pas sûr de vouloir rependre la conversation houleuse qu’il avait eue avec Jason avant que l’arrivée d’Irina et d’Adrian ne les interrompe. Pour autant, faire comme si elle n’avait pas existé lui semblait bizarre et inconfortable. Râler plus fort fut la seule option qu’il trouva pour évacuer son malaise :

« Faites pas chier, c’est bon, c’est que la jambe.
-C’est que la jambe, non mais… Ça aurait pu être un de tes organes, hein ! Et tu serais plus là pour en parler avec autant d’insouciance. »

A cet instant, Roy se sentit pris d’une de ces impulsions intérieures, soufflées par son instinct qui semblait lui dire que c’était le moment. A l’origine de toute cette soirée infernale, il y avait une volonté de réunir ses trois frères et soeur pour leur partager une nouvelle qu’il ne savait pas comment leur dévoiler. Il n’avait pas du tout envie d’en faire une annonce avec un grand discours explicatif et précautionneux, c’était beaucoup trop exposant. Balancer l’information dans la conversation lui semblait moins pénible alors il sauta sur l’occasion pour rebondir, d’un ton nonchalant :

« De toute façon, je peux pas mourir maintenant, je vais devenir papa. »

D’abord, il y eut un silence. Irina suspendit ses gestes en s’exclamant la première :

« Pardon ?? »
-C’est pour ça que je vous ai fait venir. C’était ce que je voulais vous dire. »

Il y eut un second silence. Irina et Adrian étaient tout simplement sans voix, les yeux ronds plantés sur lui. L’expression de Jason était plus difficile à percer, de la surprise sans doute mais il laissa plutôt voir du détachement :

« Bah t'aurais mieux fait d'envoyer un sms. »

Merlin, il était encore meilleur acteur que lui, le monde était à l’envers ! Comment pouvait-il donner le change aussi facilement ? Roy ne trouva même pas quoi répondre, avant qu’Adrian ne réagisse, avec son air incrédule :

« Mais t'as une meuf ? Genre. Une seule ? T'es sûr t'es l'père ?
-Evidemment que je suis sûr. Mais c’est pas ma meuf.
-Irina, vous avez pas des flyers sur la contraception à l’hosto ?
-Attends, juste pour que les choses soient claires, tu as mis enceinte ton plan cul et elle va garder le bébé ? »

Excédé de la tournure que prenait cette conversation et de la condescendance qu’il percevait dans le ton de ses cadets, Roy les rabroua très vite :

« Eh c’est bon, je sais de quoi les choses ont l’air, c’est pas la peine de me donner des leçons. Ouais, c’était pas prévu mais c’est fait, c’est tout, c’est comme ça. J’assume ce que j’ai fait, c’est tout ce que je dis. Je vais avoir un bébé et je veux que le gardiez pour vous. Pour l’instant. »

Un nouveau silence, plus gênant que les précédents, s’interposa entre eux. Irina retourna lentement à ses soins, visiblement pensive. Adrian reprit la parole plus précautionneusement :

« Nous on veut bien garder tout ce que tu veux… Mais pourquoi toi tu le gardes ? »

Roy s’était attendu à cette question tout à fait légitime car rien dans la situation ne semblait favorable à ce qu’il fasse ce choix. Pourtant, donner sa réponse de vive voix, face à ses frères et soeurs, fut plus difficile que ce qu’il avait imaginé :  

« Je me voyais pas ne pas le faire. Et je veux le faire, même si c’est… »

Le temps qu’il trouve le mot juste pour évoquer l’inquiétude et l’appréhension que cette décision lui faisait ressentir, Adrian suggéra une suite à sa place :

« Irresponsable ? »

Aïe. L’accusation fit mal et réveilla le sentiment d’illégitimité que Roy s’était efforcé d’étouffer en prenant sa décision, celui qui lui soufflait que ce n’était pas très prudent d’accueillir un enfant dans la vie qu’il menait. Adrian n’avait pas tort mais ce n’était pas ce que Roy voulait entendre à cet instant. Il aurait aimé voir sa fratrie le soutenir et lui dire par exemple que refuser d’abandonner son futur gamin quelque part était au contraire un choix responsable. Mais non, peu importait les moments où il essayait de faire quelque chose de bien, même si ce n’était pas parfait, même si cela pouvait être mieux, ses propres frères et soeurs ne retenaient que le négatif.

Un sentiment de révolte monta en Roy à la pensée que c’était injuste comme reproche dans cette situation où il s’était retrouvé au pied du mur : Joséphine avait déjà choisi de le garder, avec ou sans lui et il avait seulement pu décider que ce serait avec. Il retint le sarcasme qui lui brûlait la langue, quelque chose comme « T’as raison, c’est irresponsable, ouais, j’aurais mieux fait de fuir et laisser la mère s’en occuper toute seule. » Il n’en dit rien parce qu’il se rappela qu’il n’avait pas à se justifier. Déçu par les réactions de sa fratrie, Roy préféra ne plus s’exposer davantage sur le sujet et se referma, pour de bon cette fois.

« Laissez-tomber. » Puisque personne ici ne pensait qu’il avait bien fait d’assumer sa paternité, il n’avait plus du tout envie de leur confier que cette perspective lui faisait peur. Si c’était pour s’entendre dire qu’il n’en était pas capable, ou pire encore, pas digne de le faire, ce n’était pas la peine. « Dites rien aux parents, c’est tout. Je leur dirai moi-même. »

*****

Plus tard dans la soirée, une fois rentré chez lui, Roy reçoit ce message Pear de la part de Jason.


Jason a écrit:
"J’ai rien dit tout à l’heure, j’étais sous le choc de la nouvelle. Mais je pense pas que tu aies pris une décision irresponsable. Tout dépend de ce que tu fais avec ça maintenant. J’espère que le fait de devenir père va te donner une autre raison de vivre, plus forte que les autres."

*****

FIN DU RP
La suite au prochain épisode de la famille Calder La vie qu'on mène [famille Calder] 2222602150


Roy Calder

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