-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

I'm still standing [Angus & Leonard]

Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
Messages : 170
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 14:24
21 avril 2011

Ce n’était pas le bar où Leonard avait l’habitude de retrouver Angus et d’autres de leurs collègues, après des journées de travail bien remplies. Comme dans tous les métiers corporatistes, les miliciens avaient un ou deux bars de prédilection, tels que le Mirror of Erised, où ils croisaient leurs collègues de la Police Magique et les Aurors. Cette fois-ci, Leonard s’éloignait à escient de cette ambiance de franche camaraderie où son visage était bien connu, trop connu pour se sentir à l’aise, face à la discussion qu’il souhaitait avoir avec Angus. Il avait choisi un pub chaleureux, mais plus anonyme, dans l'une des artères magiques de Londres. Il y attendait depuis une dizaine de minutes son binôme et ami, un peu nerveusement, en surveillant les personnes qui entraient dans le bar, conscient qu’il n’allait probablement pas recevoir un message Pear de sa part pour prévenir de son arrivée, car Angus ne s’en servait qu’en cas de stricte nécessité -généralement pour le travail.

En revanche, Leonard, lui, avait toujours ce petit appareil addictif entre les doigts. Il échangeait des messages avec Eiluned pour faire passer le temps et trouver un peu de force dans les paroles encourageantes qu’elle lui envoyait. Depuis qu’ils s’étaient retrouvés, il s’appuyait énormément sur elle et ses bons conseils pour avancer dans son travail sur lui-même et ce cheminement difficile commençait par faire quelques annonces à ses proches. La semaine dernière, Leonard avait parlé à ses plus proches amis, pour les tenir au courant de ses fiançailles mais aussi et surtout, de sa maladie. Les discussions avaient été douloureuses, mais il s’était aperçu que son état d’esprit avait quelque peu changé depuis les premières annonces qu’il avait faites.

Il commençait à accepter.

Après l’incrédulité, la colère, le désespoir, les idées noires des premiers mois, Leonard commençait à adopter d’autres chemins de pensées. Il essayait de collecter les moments de bonheur, de profiter pleinement de sa vie et ce qui lui restait à vivre, plutôt que de songer à sa fin. Vivre au jour le jour, plutôt que passer son temps à se projeter mentalement dans des dizaines de situations à la fois, toutes plus angoissantes les unes que les autres, n’était pas une manière habituelle pour Leonard de penser, il luttait contre sa propre anxiété naturelle pour s’y efforcer. Quand il ne pouvait s’empêcher de songer à son futur, il s’accrochait au retour d’Eiluned dans sa vie, à leur décision de se marier et fonder une famille, pour colorer ses pensées de perspectives heureuses.

Garder ce cap l’aidait à sortir la tête de l’eau et avancer. Il se rendait de plus en plus conscient de son environnement, qu’il avait un peu oublié dans son malheur, ces derniers mois. Il entreprenait de se reconnecter avec ses proches, avec ces multiples annonces un peu lourdes, mais qui avaient quelques bons côtés malgré tout. Il s’apercevait que poser des mots sur sa maladie, en parler avec plus de personnes, l’aidait à la désacraliser dans son esprit. Il avait de moins en moins peur d’en parler, il pouvait appréhender l’idée, sans fondre en larmes systématiquement.

Ce soir, il se sentait donc nerveux, mais néanmoins prêt à faire cette même annonce à Angus qu’il voyait enfin entrer dans le bar, avec quelques minutes de retard. Il lui fit un grand signe de la main pour l’alerter de sa présence, sur la table qu’il avait choisie un peu à l’écart. Un sourire moins rayonnant que d’habitude s’afficha sur ses lèvres, tandis qu’il se levait pour le saluer pour la deuxième fois de la journée :

« Thorne vous fait suer en ce moment ? » Il ne se formalisait pas vraiment de ce petit retard, tous les deux étaient bien placés pour connaître les contraintes du métier qui les forçaient parfois à rester plus tard au bureau. « T’avais l’air bien occupé aujourd’hui. »


Leonard Wellington

I don't wanna lose control
There's nothing I can do anymore

KoalaVolant
Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 444
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 19:36
« Rice… Hé Rice ! »
Angus sortit de ses pensées et reporta son attention sur le lieutenant Dane et sur les autres membres de la brigade d’intervention.  Ils étaient tous installés dans la salle de briefing en train de préparer plusieurs descentes simultanées prévues le lendemain à 6h. Tous les visages étaient tournés vers Gus, comme pour s’assurer qu’il avait bien suivi les directives de leur chef vu qu’il ne semblait pas très attentif. En effet, il était accoudé sur son siège et lissait sa barbe, le regard dans le vague depuis plusieurs minutes.
« Tu es avec nous … ? »
« Bien sûr. » gronda le milicien, légèrement sur la défensive. Dane haussa un sourcil dubitatif et Angus fit claquer sa langue contre son palais, agacé par le comportement suspicieux du lieutenant «  Rendez-vous à 5h45 sur le site. Ne pas oublier son gilet part-sort et son brassard, récita-t-il, Je suis en binôme avec Rozenski :  Elle en posture offensive, moi en couverture. »  Angus écarta les bras. Quand il disait qu’il écoutait, il le faisait…même si, effectivement, il avait un peu de mal aujourd’hui à ne pas laisser son esprit vagabonder vers son entretien de la veille avec Joséphine Chevalier.

« Très bien, reprit Dane en faisant mine de ne pas remarquer l’humeur taciturne de son agent. Il embrassa la pièce du regard, des questions ? »

Non, personne n’en n’avait. Toute l’équipe planchait sur cette intervention depuis plusieurs semaines maintenant. Tout était prêt et  les agents en poste depuis 6h du matin – dont Angus faisait partie-  voulaient  juste terminer à une heure décente pour faire une bonne nuit de sommeil afin d’être totalement opérationnel pour le lendemain. Gus  avait déjà dépassé son horaire de fin de journée depuis près d’une heure maintenant et il maudissait l’organisation de Dane qui callait systématiquement ses briefs en fin d’après-midi au détriment des équipes du matin.

« Bien. Vous pouvez y aller. »

Merci Merlin, cette journée avait été atrocement longue ! Angus se leva de son siège et quitta la salle de réunion sans demander son reste. Il attrapa sa cape sur le dossier de son fauteuil qui tournoya sur lui-même de l’open space  puis il rejoignit le bureau des Renseignements et s’appuya  sur l’encadrement de la porte du département.  Le poste informagique de Leonard était éteint et sa chaise soigneusement rangée sous sa table.  

« Atkins ! Ca fait longtemps que Lenny est parti ? »


La jeune femme émargea derrière son écran holographique et reporta son attention sur l’énorme horloge située sur un mur de la pièce.

« Une demi-heure,
Elle haussa les épaules visiblement peu sûre d’elle, peut-être plus… »

Angus hocha la tête et gratifia sa collègue d’un bref signe de la main en guise d’au revoir.
Ce matin, alors qu’ils étaient tous les deux dans la kitchenette de la Milice occupés à se préparer un café, Leonard lui avait proposé d’aller boire une bière après le travail.  Son jeune collègue avait insisté pour qu’exceptionnellement ils ne se retrouvent pas au Mirror of Erised mais dans un autre pub situé sur une artère passante du Londres magique. Ce nouveau lieu de rendez-vous avait suffit à aiguiser la curiosité du milicien. Gus aurait pu penser que Lenny préparait une de ses traditionnelles blagues -et qu’il avait besoin de sa complicité pour arriver à ses fins-  mais l’air sérieux  de Leonard lui avait laissé penser que cette entrevue, loin de leurs collègues, avait une toute autre raison. Raison  qu’il n’allait pas tarder à découvrir. En effet, Angus poussait déjà la porte du bar après avoir transplané directement depuis le hall du ministère.

« Une Kinness s’il vous plait. »
souffla-t-il en se penchant au dessus du comptoir, une main à plat posée sur le zinc. Il avisa Leonard assis dans un coin et le rejoignit rapidement avec sa pinte de brune et son petit sous-bock qu’il jeta sur la table avant de s’installer.

« La prochaine fois que Dane calle un briefing à 18h, rappelle-moi de boycotter. »
lâcha-t-il en se laissant choir sur la banquette face à son collègue. Il trempa ses lèvres dans la bière et poussa un profond soupir de contentement avant de se rendre compte de son impolitesse. Pardon mais, je l’ai attendue toute la journée celle-là ! » dit-il en s’humectant les lèvres pour chasser la mousse logée dans le bas de sa moustache.   Il leva son verre entre eux, comme pour trinquer, avant de le poser sur la table.

« On a une grosse intervention de prévue demain, répondit-il à la question de Leonard,  Marchebank met la pression sur Coleman, Coleman sur Thorne, Thorne sur Dane et Dane…et ben sur nous, Angus s’accouda sur la banquette dans son dos, visiblement lassé par ce schéma. Il massa quelques secondes ses paupières closes entre ses doigts avant d’ajouter,  Tu sais ce que c’est… »

Le milicien poussa un long soupir, soulagé de se poser enfin après cette journée harassante. Il n’avait pas arrêté une seule seconde et même ce soir, il avait l’impression d’être encore sous tension, enfermé dans ce rythme infernal. Il aurait d’ailleurs pu râler de la sorte encore de longues minutes si le regard de Leonard ne l’avait pas brutalement interpelé. Son binôme arborait le même air grave que le matin. Son sourire d’ordinaire si communicatif était nettement moins avenant que d’habitude. Presque figé, gêné. Quelque chose n’allait pas.  Gus laissa passer quelques secondes de silence durant lesquelles il jaugea son camarade.

« Qu’est-ce qui a ? S’enquit-il alors sans la moindre délicatesse,  Vas-y,  crache le morceau Lenny. Je vois bien qu’il y a un truc qui cloche. »
Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
Messages : 170
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeVen 25 Déc 2020 - 13:21
« Ah, le pire moment pour faire un briefing ! Je suis bien content qu’Avalon ait arrêté de faire ça. Quoique elle est abonnée aux briefing à huit heures, je sais pas trop ce qui est le pire… »

Dix-huit heures, sans doute, c’était le pire. Un briefing le matin, ça réveillait. Un briefing le soir, ça avait l’effet exactement inverse et leur donnait à tous l’envie de se rouler par terre pour rentrer chez soi. Il sourit légèrement en voyant Angus prendre une bonne gorgée de sa bière, avec un réconfort évident.

« Tu l’as bien mérité. A la tienne ! » Il le laissa relâcher la pression qui semblait le tendre, en se plaignant de cette grosse intervention qui approchait. « Ouais, je sais très bien ce que c’est… Courage, vous allez gérer. »

En temps normal, Leonard aurait été plus bavard et aurait posé davantage de questions, poussé par sa curiosité et ce contact facile qu’il avait avec les gens. Mais cette fois, il resta étrangement silencieux et évidement, son attitude ne tarda pas à alerter Angus, qui commençait à bien le connaître. De toute manière, s’il ne l’avait pas fait, Leonard aurait redirigé lui-même la conversation vers le sujet central assez vite. Il était incapable de faire semblant, surtout sur des sujets qui le touchaient autant.

« Hum… » Il jouait distraitement avec sa pinte, qu’il avait à peine entamée. « Oui, il y a un truc assez important dont je voulais te parler. Enfin, deux trucs plutôt. »

Il releva un regard un peu hésitant vers Angus. Quoiqu’il dise, et même s’il se sentait un peu mieux vis à vis de ça, cette annonce restait toujours difficile à faire. Son coeur s’emballa d’une appréhension qui commençait à devenir familière. Après un instant de flottement, il finit par se décider à commencer par la bonne nouvelle, pour deux raisons. La première était la facilité, évidemment, il lui semblait plus simple de commencer par là, pour se donner plus de courage pour annoncer la suite. La seconde était qu’il avait envie de partager cette bonne nouvelle dans le cadre qu’elle méritait, et profiter des félicitations qu’Angus ne manquerait pas de lui accorder, sans qu’elles soient teintées de tristesse ou de tragédie. Alors il afficha un sourire plus sincère, son regard brilla un peu quand il révéla cette heureuse nouvelle qui lui faisait toujours profondément plaisir :

« J’ai demandé Eiluned en mariage il y a quelques semaines. » Angus avait eu l’occasion de la rencontrer quelques jours plus tôt, lors de l’inauguration du Hufflepub sur le Chemin de Traverse. « Et elle a dit oui. On va se marier début juin. Je vais sûrement inviter quelques collègues, mais je voulais te l’annoncer en privé d’abord. »

Il avait conscience d’avouer en filigrane cette place assez particulière qu’il accordait à Angus et qu’ils n’avaient jamais vraiment formulée tous les deux. Mais pour Leonard, il lui semblait assez évident que leur relation commençait à se teinter d’amitié, à force de missions passées ensemble et de moments de bonne camaraderie qui dépassaient le cadre du travail.  


Leonard Wellington

I don't wanna lose control
There's nothing I can do anymore

KoalaVolant
Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 444
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeDim 27 Déc 2020 - 8:07
« Oui, il y a un truc assez important dont je voulais te parler. Enfin, deux trucs plutôt. »
« J’t’écoute. » répondit Angus, les sourcils légèrement froncés. Il s’accouda sur la table au dessus de sa bière et attendit que son jeune collègue se lance. Le sérieux de Léonard contrastait avec ses facéties  habituelles et Gus se demandait ce qui pouvait bien pousser Lenny à tant de réserve et de cachoteries.

Mais quand son jeune collègue lui révéla l’objet de cette entrevue, les craintes d’Angus s’envolèrent. Il s’agissait en vérité d’une excellente nouvelle puisque  Leonard avait demandé la petite sœur de Gawain en mariage.

L’expression soucieuse d’Angus se volatilisa pour accueillir cette révélation avec un immense sourire et une exclamation.

« Ooh ! Félicitation ! Le petit Lenny va se marier ! Il s’attendait à tout sauf à cette annonce, Faut fêter ça ! Gus se tourna en direction du comptoir et leva le doigt au dessus de sa tête pour interpeler le barman, Mettez nous les petites sœurs ! dit-il en désignant les deux pintes déjà sur la table. Il va se marier.» crut-il bon de préciser en désignant d’un mouvement de la tête son collègue des renseignements.

Angus avait rencontré Eiluned quelques semaines plus tôt . Ils n’avaient pas beaucoup discuté tous les deux mais  elle lui avait semblé être une jeune femme plutôt sympathique… qui aimait les barbecues, se souvint-il alors en fouillant sa mémoire pour retrouver leurs rares échanges  qu’il avait eu avec elle  durant ce quizz au Hufflepub. Voilà quasiment tout  ce qu’il pouvait dire d’elle.  Il regretta un peu de ne pas avoir cherché à faire plus ample connaissance avec la future femme de Leonard ce jour là. Si Leonard prenait le temps de lui faire cette annonce en privé, plutôt qu’entouré de tous leurs collègues autour d’une pinte au Mirror Of Erised, il y avait surement une bonne raison. Lenny avait sans doute besoin de lui pour un aspect de la préparation du mariage… Gus avait déjà prêté ses Abraxans pour tirer le carrosse ensorcelé d’une mariée – une amie de Doreen- peut-être qu’Eiluned était amateur de ce genre d’entrée en matière, digne d’une princesse moldue.

« Début juin ? C’est rapide ! » A peine deux mois pour organiser une cérémonie, contacter un traiteur, louer une salle, confectionner et envoyer les faire-parts, trouver un DJ, un costume, la robe, les alliances… Leonard n’avait pas peur du surmenage, Enfin, j’imagine que vous avez déjà réfléchi à votre mariage vu que vous êtes en couple depuis que vous êtes nés. »

C’est plus ou moins ce que leur avait expliqué Gawain au Hufflepub. N’avait-il pas dit que leurs familles respectives savaient qu’ils allaient finir ensemble, et ce,  dès leur plus jeune âge ?
Un scénario digne d’un conte de fée. Honnêtement Angus était heureux pour son jeune collègue dont la vie d’adulte se dessinait doucement : Le mariage, puis suivrait surement les enfants, bientôt, la maison,…

Tout ne se déroulait pas systématiquement de la sorte et avec tant de facilité, Gus était particulièrement bien placé pour le savoir. Il ne pouvait pas s’empêcher de mettre en relation sa propre existence et celle de son collègue sans pour autant le jalouser ou l’envier. Leurs vies respectives étaient simplement très différentes mais cela ne l’empêchait pas d’être content pour Lenny qu’il appréciait à la fois comme collègue mais aussi comme bon camarade. Pour Angus, le mariage n’était pas une fin en soit (En vérité, il ne voyait pas vraiment l’intérêt) mais il comprenait que cet engagement puisse être important pour d’autres personnes.  

Le barman déposa les deux nouvelles pintes sur leur table.  Gus finit rapidement son premier verre -Il avait vraiment très soif- et attrapa le second pour trinquer avec Leonard:

« Au futur marié ! » Pour une fois qu’Angus avait un bon prétexte pour enchainer les pintes rapidement, il n’allait pas se gêner ! Il but deux nouvelles gorgées, retint un rôt et se pencha finalement  vers Lenny.

« Alors, dis-moi. Qu’est-ce que je peux faire pour vous deux ? »

Il n’avait pas oublié que Léonard avait une deuxième chose importante à lui dire.
Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
Messages : 170
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeDim 28 Mar 2021 - 15:25
Leonard reconnut bien son collègue et ami dans les exclamations joyeuses et félicitations bruyantes qu’il déclama à son annonce. En deux minutes, la quantité d’alcool sur la table avait déjà doublé pour fêter l’heureuse nouvelle et Angus affichait un sourire immense qui ne tarda pas à gagner Leonard à son tour.

« Merci beaucoup ! » Au même moment, le milicien soulignait l’arrivée particulièrement rapide du mariage, ce qui procura un petit pincement au coeur du fiancé car il connaissait les réelles raisons de cette précipitation, qu’il cherchait toujours comment lui annoncer. Il eut un petit délai pour repousser cette pénible explication grâce à la blague qu’Angus fit à leur sujet. « Ha ha, oui on peut dire ça, à quelques années près. Ça fait un moment que c’est dans nos têtes. On attendait que Lili ait à minima terminé ses études, et comme elle va être diplômée cet été… Je perds pas une seconde, tu vois » plaisanta t-il.

Malgré cette expressivité presque timide pour Leonard, quand on le connaissait, lui qui aurait pu être beaucoup plus expansif dans une telle situation, cette perspective de mariage le rendait véritablement heureux. Il allait épouser la femme de sa vie, celle qu’il avait toujours aimé, depuis son plus jeune âge, celle qui avait été sa meilleure amie et son meilleur soutien à travers toutes ses années. Quand il avait fait sa demande à Eiluned, il n’y avait eu que de l’euphorie dans son coeur. Il chérissait ce souvenir comme l’un des plus précieux qu’il ait vécu.

Et il aurait aimé qu’il n’y ait que ça, que cet immense bonheur, sans la réalité pour lui rappeler que celui-ci aurait une fin, beaucoup plus tôt qu’il ne l’aurait voulu. C’était cette pensée impossible à totalement évacuer de son esprit qui affaiblissait un peu son sourire et l’éclat de son regard alors qu’il trinquait avec Angus. Désarçonné par sa question qui le ramena à la réalité, il se mit à balbutier :

« Eh bien, je… Avant ça, y a quelque chose que je veux te dire et je peux pas arrêter d’y penser, alors je préfère le dire maintenant. » Il n’allait pas réussir à faire bonne figure, ni plaisanter légèrement sur son mariage avec Angus ou prévoir des blagues avec lui, s’il ne se libérait pas maintenant de ce secret qu’il portait depuis maintenant des mois. Il reposa sa pinte sur la table, sans pour autant la lâcher des mains, dans un geste anxieux. « C’est assez difficile d’en parler. Et je suis désolé, ça va te faire un choc. » Tourner ainsi autour du pot ne lui ressemblait pas vraiment et pourtant, alors qu’il s’était préparé à devoir parler, les mots avaient du mal à sortir. Son regard incertain chercha celui d’Angus. « C’est quelque chose que je n’ai dit qu’à mes proches pour l'instant. Et aussi à Avalon, je devais lui dire, en tant que supérieure. » Nerveux, il tritura sa lèvre inférieure avec ses dents. Prononcer des faits, se répéta t-il. C’était plus facile, de se contenter d’énoncer des faits.  « Il y a quelques mois… J’ai découvert que j’avais un cancer. Un cancer au cerveau. C’est aussi pour ça que Lili et moi, on se marie si vite, c’est parce que… On préfère le faire, tant que c’est encore possible, parce que je n’ai plus beaucoup de temps devant moi » conclut t-il sur des mots qui s’étranglèrent un peu dans sa gorge.


Leonard Wellington

I don't wanna lose control
There's nothing I can do anymore

KoalaVolant
Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 444
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeJeu 8 Avr 2021 - 8:17
Angus était légèrement penché en avant au dessus de la table, une main autour de sa pinte fraiche posée sur un sous-bock. Il était impatient de savoir quelle était la deuxième chose importante que Lenny voulait lui communiquer.

« T’as besoin de moi pour un truc ? »


Tant qu’on ne lui demandait pas d’apporter les alliances dans un petit panier en osier, habillé en barbotteuse, il était dispo. Angus avait toujours été quelqu’un de serviable, de trop serviable, dirait Doreen. Il n’hésitait pas à donner de sa personne pour dépanner ses proches quelque soient les sollicitations. « T’es trop gentil ! » lui disait souvent sa jumelle quant il répondait présent en plein milieu de la nuit (coucou Emily) mais Angus ne voyait pas les choses de cette manière.
Le problème ne résidait pas dans la gentillesse ou la serviabilité d’une personne mais plutôt dans l’indécence de ceux qui en abusaient sciemment. Pourquoi blâmer les bonnes intentions plutôt que les mauvaises ?

Heureusement Gus n’avait pas l’impression d’avoir de profiteurs dans son entourage et il était absolument sûr que Lenny n’était pas fait de ce bois là. Il encouragea donc le jeune homme à formuler sa demande d’un regard bienveillant.

« C’est assez difficile d’en parler. Et je suis désolé, ça va te faire un choc. »

Quelque chose n’allait pas. Le front d’Angus se stria de petites rides parallèles. Il avait bien vue en arrivant que Lenny ne semblait pas dans un état normal mais il avait mi ça sur le compte du mariage qui approchait à grand pas.  Leonard devait être préoccupé par le traiteur, la salle, la liste des invités… D’ailleurs, la source de son embarras venait peut-être de là : Il se pouvait qu’Angus ne soit pas invité, justement. Eiluned et Lenny avaient une très grande famille, surement peu d’argent de côté puisque la jeune femme avait fini ses études récemment. Leur budget mariage devait être limité et ils avaient été amenés à faire du tri dans les convives …

Non, cela ne se tenait pas. Leonard semblait vraiment trop mal pour être à ce point perturbé par un simple plan de table. Il s’agissait d’une information qu’il n’avait communiquée qu’à sa famille et qu’à sa chef…

« Arrête de tourner autour du chaudron Lenny. » s’impatienta Angus.

Il préférait la vérité brute au louvoiement mais lorsque la funeste nouvelle tomba, elle le cloua littéralement sur place. Angus resta parfaitement immobile, dans l’expectative, priant secrètement pour que tout ceci ne soit qu’une blague de très mauvais gout, un énième prank de son jeune collègue. Lenny, un cancer du cerveau. Ca ne collait pas, ce n’était pas possible, il était si ….jeune.
Angus était encore sous le choc de l’information. Il n’arrivait pas à réaliser même si les projets d’union un peu précipités de Lenny et Eiluned faisaient sens maintenant.

« On préfère le faire, tant que c’est encore possible, parce que je n’ai plus beaucoup de temps devant moi »


Cette fois, Angus tressaillit.

« Comment ça t’as pas beaucoup de temps devant toi ? »
demanda-t-il de but en blanc, les sourcils froncés. Sa voix était grave et teintée d’un vague mécontentement dirigé contre le pauvre Lenny. Il exécrait la tournure de cette conversation et il refusait d’intégrer cet ultime sous-entendu. « Qu’est-ce que ça veut dire, «  pas beaucoup de temps devant soi. »  » gronda-t-il en se reculant pour croiser ses bras sur son torse «  On a tous peu de temps devant nous ! »

*Mais certains, moins que d’autres.* lui souffla une petite voix qu’il refusa de considérer. Il avait conscience que l’énervement qu’il ressentait n’était pas légitime mais Gus refusait avec force et vigueur le fatalisme  de son ami.

« Bon, t’as un cancer. Bon. » Ok, il arrivait à gérer cette information. Du mois, à peu près.  « Et ça fait vraiment chier. »

Il avait contenu avec beaucoup de difficulté l’émotion dans sa voix. Beaucoup, beaucoup de difficulté.

« Mais ça se soigne ! reprit-il avec force, Les médicomages ont fait des gros progrès. Des énormes progrès !» Angus cherchait des exemples avec l’énergie du désespoir. Regarde, Garisson. »  Il décroisa les bras pour indiquer une direction imaginaire qui semblait être celle du ministère. Robert Garisson était un de leur collègue de la Milice qui s’était absenté un an pour soigner son cancer de la gorge. Il venait de revenir à mi-temps, officiellement en rémission, Et Frann ! Fran du service compta ! »  Victime d’un cancer du sein trois ans plus tôt et aujourd’hui enceinte de son premier enfant. Angus avait plein d’exemples de ce genre. Plein ! Il devait rester positif, garder l’espoir, coûte que coûte.

Le milicien se pencha de nouveau en avant pour attraper avec poigne l’avant bras de Leonard qu’il secoua légèrement. «  Il faut pas que tu dises des trucs pareils mon Lenny , reprit-il d’un ton radoucit,  Là, il faut se battre. »
Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
Messages : 170
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeDim 18 Avr 2021 - 11:15
La première question qu’Angus posa était celle que Leonard recevait souvent en premier, quand il annonçait la nouvelle. « Combien de temps ? » C’était la question que lui-même avait posée en premier face au médecin qui lui avait annoncé pour la première fois sa maladie. Qu’est-ce que ça veut dire, peu de temps ? Un mois, un an, dix ans ? Leonard était si jeune que toutes ces options lui faisaient atteindre une mort bien trop prématurée. Il avait blêmi et son monde entier s’était arrêté quand le médicomage lui avait annoncé ce qu’il répéta à Angus, d’une voix légèrement tremblante :

« Mes médicomages m’ont annoncé trois ans, au mieux… »

Il n’eut pas vraiment l’occasion de donner plus de détails. Sous ses yeux, Angus s’emporta en adoptant un genre d’attitude similaire à celle que son frère Ulysse avait adopté, des mois plus tôt, quand il lui avait annoncé la même chose. Il avait repoussé avec force ce diagnostic et réagi avec colère, refusant d’admettre que son frère était destiné à une mort proche. Il avait appelé à toutes les options possibles avec une énergie du désespoir similaire à celle qui animait Angus à cet instant. A cette époque, Leonard avait simplement fondu en larmes dans les bras d’Ulysse. Cette fois-ci, il se sentait assez solide et dans un autre stade vis à vis de l’acceptation de sa condition pour ne pas s’effondrer sous le coup de l’émotion.

Malgré tout, affronter le déni d’Angus était éprouvant.

Leonard ne trouva pas immédiatement les mots. Un silence un peu douloureux suivit les paroles de son binôme, qui avait posé sa main sur son poignet dans un geste de soutien. Leonard la recouvrit de sa main, brièvement, pour accepter ce geste, mais son discours n’alla pas complètement dans son sens :  

« Je ne me laisse pas abattre, Angus. » En tout cas, plus maintenant, songea t-il, en repoussant loin de lui le début de cette année très difficile. « Ma vie ne s’arrête pas, j’ai des projets. Je vais me marier avec la femme que j’aime depuis toujours » rappela t-il. Il avoua ensuite ce qu’il n’avait encore dit à personne de sa famille, pour le moment, car c’était étonnamment le genre d’information plus facile à donner à des personnes moins proches : « Avec Lili, on… On songe même à faire un enfant. » Il osa affronter le regard d’Angus, mais sa voix se fit plus rauque, troublée par l’émotion. « J’essaye de continuer ma vie comme je souhaitais la poursuivre avant… Avant de savoir tout ça. » Et il n’avait acceptée cette idée qu’il avait droit au bonheur et à la vie la plus normale possible que récemment, en retrouvant Eiluned. « Mais… Il y a des cancers plus faciles à guérir que d’autres » énonça t-il, en référence à ces collègues du Ministère qui avaient eu la chance de s’en remettre. « Les médicomages ont été assez clairs avec moi, j’ai une forme très agressive, j’ai très peu de chances de m’en sortir. Les traitements sont là plutôt pour me permettre de gagner un peu de temps. Je sais, très peu de chances, ça ne veut pas dire zéro et on est jamais à l’abri d’un miracle, mais… Justement, ce serait un miracle. Alors, je préfère me préparer et préparer mes proches à ce qui peut m’arriver de plus probable. »


Leonard Wellington

I don't wanna lose control
There's nothing I can do anymore

KoalaVolant
Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 444
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeMer 21 Avr 2021 - 11:23
Trois ans. Trois ans.

Cette échéance tournait dans la tête d’Angus sans qu’il parvienne à l’intégrer. Impossible. Léonard avait la vie devant lui, il était jeune, il allait se marier. Il ne pouvait pas… Non. Angus refusait de tout son être cette éventualité. Lenny avait beau argumenter et lui expliquer que les médicomages lui laissaient peu de chance, il secouait la tête de gauche à droite en signe de désapprobation.
Il voyait bien que Léonard avait besoin de considérer véritablement cette fin toute proche pour mieux la combattre. Il voulait continuer à vivre, faire des projets avec sa future femme et même… avoir un enfant. Dans d’autres circonstances, Angus aurait accueilli cette annonce avec une exclamation de joie mais il s’en sentait incapable présentement.  Bien sûr il s’agissait là du plus magnifique des projets – Il ne dirait jamais le contraire-  mais Gus aurait voulu que Lenny soit à 100% focalisé sur sa potentielle guérison. Il en voulait aux médicomages de lui avoir laissé si peu d’espoir et, quelque part, il en voulait aussi un peu à Leonard d’accueillir la mort si facilement  dans sa vie actuelle.

Il respectait toutefois sa position et ses choix. Lenny était le principal concerné et il gérait cette funeste nouvelle comme il voulait, et surtout, comme il pouvait. S’il avait besoin d’accepter la perspective d’une mort imminente dans sa vie pour mieux lutter contre celle-ci, Gus ne jugeait pas.  Son jeune collègue avait surement opté pour le comportement lui apportant le plus de sérénité pour faire face à cette terrible épreuve.

Mais Angus ne fonctionnait pas de la même manière.
Du moins, il n’était pas prêt à accepter l’hypothèse du décès de son ami avec calme et fatalisme.
Non, désolé. Il ne ferait pas preuve d’une compréhension bienveillante même s’il aurait surement dû. « Tu as raison, profite de la vie car il te reste peu de temps. »
Jamais il ne tiendrait de tels propos. Ce n’était pas dans sa nature et il refusait de se résigner comme le faisait Lenny. Pour lui, il s’agissait d’un premier pas vers la défaite, vers la tombe.  Dans la vie de tous les jours, Angus était résolument positif et plutôt combattif en dépit de l’image peut-être pataude  et tendre qu’il renvoyait parfois.

Cette nouvelle le mettait en rogne et sa colère se déplaçait assez logiquement vers les médicomages à défaut de pouvoir se focaliser sur le pauvre Lenny.  Comment lui en vouloir ? Il était clair au son de sa voix et à son émotion perceptible qu’il subissait durement cette situation. Angus voyait bien que Léonard faisait des efforts pour aller dans son sens « très peu de chances, ça ne veut pas dire zéro… » disait-il pour lui faire plaisir mais il n’y croyait pas lui-même. Angus le lisait dans son regard. Il percevait sa détresse et cela le rendait fou de rage et de tristesse. Il aurait voulu l’attraper et le serrer dans ses bras pour le consoler comme l’aurait fait un grand frère. Lui murmurer des paroles apaisantes pour tenter de le protéger de la rudesse du monde mais il préféra prendre sur lui et tenter d’argumenter son point de vue.

« Ok, tu préfères préparer tes proches à ce qui peut t’arriver de plus probable, répéta-t-il, je l’entends – il l’entendait même s’il ne comprenait pas, mais comment tu te prépares, toi, pour essayer de contrer cette foutue échéance ? Il avait pointé son index en direction de Leonard,  Les médecins t’ont annoncé trois ans ? Bullshit. S’énerva-t-il, Déjà, qui sont-ils pour savoir quelles seront les avancées scientifiques dans trois ans ? Hein ? Ils sont voyants peut-être ?  Ils n’en savent rien ces cons et ils balancent un pronostic vital, comme ça. Il claqua des doigts, On est des sorciers, mec. On fait repousser des os. Des os ! Insista-t-il en se penchant au dessus de la table, Et on arriverait pas à réduire une tumeur ?  » Angus emit un petit bruit de bouche désapprobateur et s’appuya sur le dossier de la banquette visiblement encore agacé. «  Tu veux que je te dise ? Si les médicomages anglais sont incapables de faire leur taf, tu peux aller voir ailleurs.  Il existe d’autres protocoles à l’étranger. D’autres méthodes. Essaye au moins. Peut-être que leur diagnostic sera différent.»

Angus avait décidé d’explorer toutes les pistes pour maintenir une once d’espoir.
Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
Messages : 170
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeSam 1 Mai 2021 - 17:12
Leonard avait un peu trop tendance à absorber les émotions d’autrui, comme une éponge, aussi faire face au regard d’Angus à cet instant lui demandait une force mentale conséquente. Il pouvait presque deviner la rage, la frustration, le rejet dans son regard et cette animosité atteignait Leonard aussi sûrement que si elle avait été dirigée contre lui. Pourtant, ce n’était pas le cas et il le savait. C’était contre la situation qu’Angus était en colère et d’ailleurs, il ne tarda pas à craquer et la laisser s’exprimer.

Leonard le regarda s’agiter et pester, sans réagir face à ce discours qu’il avait entendu plusieurs fois déjà. Il ne devait pas baisser les bras, il devait y avoir une solution, forcément. Il y a quelques mois encore, c’était un discours qui aurait pu le mettre dans tous ses états. Au moment de recevoir la nouvelle, Leonard avait d’abord connu un profond choc, qui l’avait laissé incapable de considérer ce qu’on lui annonçait. Très vite le déni avait suivi, jusqu’à le mener à une immense colère. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Qu’avait-il fait pour mériter cela ? C’était injuste, cela ne pouvait pas lui arriver. Au fur et à mesure qu’il cessait de se voiler la face, il s’était alors positionné dans une attitude de négociation : il y avait forcément un moyen d’éviter ce destin, il devait y avoir des remèdes, la recherche allait avancer et le sauver. Face à la pauvreté des réponses en face, des médicomages qui se gardaient de lui donner de faux espoirs, Leonard s’était alors laissé entraîner vers la pente glissante d’un chagrin qui lui semblait insurmontable. Pourtant, il avait remonté la pente, grâce au soutien de ses proches et au retour d’Eiluned dans sa vie, qui lui avait permis de voir que son avenir n’avait pas forcément à être totalement funeste et que le temps qu’il avait était trop précieux pour tout dilapider dans des pensées noires. Depuis, il se sentait un peu plus en paix avec lui-même et avec sa condition qu’il s’efforçait d’accepter, et il cherchait à rebondir plutôt que se laisser traîner dans un gouffre de dépression.

Quand il avait parlé de tout cela à sa psychomage, elle lui avait dit qu’il s’agissait là d’un processus assez normal face à un bouleversement dans sa vie. Mais elle avait surtout souligné qu’il ne s’agissait pas d’un processus linéaire, et qu’il était au contraire plutôt cyclique : il était fort probable qu’à nouveau, face aux prochains changements dûs à l’évolution de sa maladie, il se confronte à nouveau au déni, à la colère, à la dépression et qu’il devrait renouveler ce travail sur lui-même, pour retrouver une phase d’acceptation et de progression.

Cette discussion avait créé une certaine inquiétude chez Leonard et mené à réfléchir. Il n’avait pas du tout envie de revenir sur ces étapes qui lui semblaient derrière lui, il fuyait leur ombre menaçante sur son état d’esprit actuel tourné vers un avenir positif, plein de projets qu’il partageait avec Eiluned. En quelque sorte, le discours d’Angus donnait un peu plus de force à ces ombres, en ranimant des émotions que Leonard avait ressenties et qui laissaient chez lui des souvenirs douloureux.

Ce fut pour s’en protéger que Leonard se montra assez ferme, et même sec, dans la manière dont il répondit à son ami :

« Angus, stop. Ne crois pas que je reste bras ballants à attendre de crever sur un lit d’hôpital. Je suis de près les recherches qui se développent et si un programme expérimental sortait demain, crois-moi que je serai le premier à m’inscrire sur la liste des volontaires mais le truc c’est que… Il n’y en a pas. L’état actuel de la science fait que les traitements peuvent me permettre de gagner du temps mais les chances de rémission complète restent très faibles. C’est juste un fait. » Il insista sur ce mot. Aussi impitoyable soit-elle, c’était simplement la vérité et ce n’était qu’en l’acceptant que Leonard avait commencé à se sentir un peu mieux. « Je suis pas en train de dire que je vais mourir dans trois ans. J’en sais rien. Personne ne peut savoir avec certitude. Mais je… »

Le reste de ses mots moururent dans sa gorge, révélant les émotions qu’il contenait derrière une attitude plutôt agressive d’auto-défense.

« Toute cette colère et ce déni… Je l’ai ressenti aussi, ok ? Bien plus fort. » Après tout, c’était sa vie à lui qui était en danger, et non celle d’Angus. S’il y avait quelqu’un qui avait le droit d’être en colère ici, c’était d’abord lui. « Et c’est éprouvant. J’ai pas envie d’y revenir. J’ai pas non plus envie de passer les mois et les années qui viennent à voyager aux quatre coins du monde, tout ça pour dilapider toute mon énergie à passer mille examens médicaux éprouvants, dans l’espoir qu’il y ait un médicomage à Perpette-les-trolls qui me dise que peut-être il peut me sauver en me faisant inhaler des huiles essentielles de poudre de fée ou que sais-je. J’ai pas envie. »

C’était facile pour Angus de dire qu’il n’avait qu’à aller voir à l’étranger pour courir après d’autres diagnostics et passer d’autres tests, ce n’était pas lui qui allait accomplir ce périple éprouvant, pour se voir très probablement répéter à chaque fois le même diagnostic et revivre les émotions qui y étaient liées. La seule perspective de vivre encore et encore une brève montée d’espoir suivie d’une rechute vers la réalité l’épuisait déjà. La triste et paradoxale vérité était qu’il n’avait pas assez de temps à dépenser dans des luttes vaines. Leonard prit une grande inspiration à cette pensée, les mains serrées autour de sa pinte.

« J’ai juste envie de… De vivre ma vie le plus normalement possible. De me concentrer sur des projets heureux et de les vivre pleinement. Si pendant ce temps, la science avance et m’offre d’autres perspectives, tant mieux. Mais sinon, j’ai trop peu de temps à perdre. »



Leonard Wellington

I don't wanna lose control
There's nothing I can do anymore

KoalaVolant
Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 444
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitimeJeu 13 Mai 2021 - 8:08
« Angus, stop. »

Le ton de Leonard était sans appel. Il avait déjà envisagé toutes les solutions possibles et il s’était résigné à accepter les faibles chances de guérison que la médicomagie anglaise lui offrait. Pourtant Angus n’arrivait toujours pas  à accueillir les remarques de son collègue avec calme et fatalité même s’il n’opposa pas d’arguments  à Léonard. Il voyait bien que cette situation était éprouvante pour lui et il ne tenait pas à lui rajouter un poids supplémentaire sur ses épaules en ne se montrant pas un minimum compréhensif.

Angus pinça sa lèvre supérieure entre son pouce et son index en découvrant son ami à deux doigts de craquer. Il s’en voulait de pousser Lenny dans ses retranchements, vraiment, mais il essayait juste l’aider à envisager d’autres perspectives. Le monde de la sorcellerie était si vaste et les formes de magies si diverses suivant les pays qu’Angus voulait croire qu’un mage était capable – quelque part sur terre- de résorber magiquement une tumeur. Toutefois, lorsque Leonard évoqua Perpette-les-trolls et les  huiles essentielles de poudre de fée s’en fut trop pour le milicien :

« Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire Lenny. Tu le sais. »
Objecta-t-il en secouant la tête négativement.

Léonard caricaturait volontairement ses propositions pour ne pas les envisager sérieusement. Angus ne lui suggérait pas de se tourner vers des charlatans avides de faire de l’argent sur son dos mais vers d’autres types de sorcellerie ayant déjà fait leurs preuves : La magie  scandinave runique, celle des  aborigènes d’Australie ou encore celle des covens de la Nouvelle-Orléans. Il existait sur terre de nombreuses formes de sorcellerie  confidentielles mais tout aussi efficaces et puissantes que la magie européenne.

Qu’est-ce qui empêchait Léonard d’arrêter de travailler pour parcourir le monde à la recherche d’un traitement ? Il était jeune, encore valide et en pleine possession de ses moyens, mais pour combien de temps ? C'était le moment ou jamais pour tenter de mettre toutes les chances de son côté.

« J’ai juste envie de… De vivre ma vie le plus normalement possible. »

Angus serra la mâchoire et passa une main dans sa barbe. Il prenait sur lui pour ne pas opposer son point de vue de manière trop virulente mais il n’en pensait pas moins. Par amitié pour Léonard, il ne lui révélerait pas le fond de sa pensée mais il aurait voulu lui dire que ce n’était pas le moment d’être normal.  C’était le moment de se transcender, de lutter, peut-être de se faire violence pour chercher un remède, quel qu’il soit, ou qu’il soit. Aux yeux d’Angus ce n’était pas du temps perdu mais au contraire des jours et de semaines précieuses, particulièrement bien employés…

« J’ai trop peu de temps à perdre. »

« Dans ce cas, quitte la milice et emploie ton temps autrement. Je suis sûr qu’Avalon te laissera prendre une année sabbatique ou alors, vois avec ton médicomage pour un congé maladie. T’y as forcément droit. » puisqu’on l’avait diagnostiqué malade incurable. Au moins momentanément. »

Il pouvait comprendre que Lenny soit réticent à cette idée :  Avoir une vie professionnelle, c’était être utile aux autres, participer activement à la société plutôt que de vivre à ses crochets. De plus, cela permettait surement à Leonard d’entretenir cette sensation de normalité à laquelle il tenait tant mais qu’Angus trouvait particulièrement illusoire.

« On se débrouillera – j’t’assure que m’en sortirai sans tes chuchotements à mon oreille-  il esquissa un sourire grave emprunt de tendresse avant de consentir à faire un pas vers Lenny, Demandes au moins un mi-temps… »
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
I'm still standing [Angus & Leonard] Icon_minitime