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Journal perso [Moreen & Noah]

Noah Forester
Noah ForesterEn année sabbatique
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Profil Académie Waverly
Journal perso [Moreen & Noah] Icon_minitimeDim 1 Nov 2020 - 11:38
31 mars 2011

La silhouette du préfet avançait dans les couloirs sombres de Poudlard, le dos voûté, le pas fantomatique. Ses jambes le portaient sur un trajet connu par coeur, avec la force de l’habitude, mais son coeur et son esprit n’étaient plus là. Depuis une semaine, Noah se laissait porter dans son quotidien par des réflexes ancrés en lui : se réveiller, aller prendre son petit-déjeuner dans la Grande Salle, s’asseoir en classe, faire ses devoirs. Mais chacun de ses gestes avaient perdu sa vitalité. Il se réveillait avec l’impression de ne pas du tout avoir dormi, la nourriture avait la texture de cendres dans sa bouche et nouait son estomac, il regardait parler ses professeurs sans que leurs mots ne fassent sens dans son esprit, sa main restait immobile sur son parchemin quand il devait écrire. Il était là, spectateur de la vie d’un autre, étranger à son propre corps dont il voulait désespérément s’extraire pour ne plus endurer cette souffrance perpétuelle, toujours présente, comme un fond de malaise qui se ravivait et devenait une douleur lancinante à chaque fois que ses pensées le ramenaient à Maeva.

Cette peine insupportable, Noah ne savait plus comment la surmonter, elle semblait l’attirer au fond d’un gouffre dont il était convaincu de ne jamais pouvoir sortir. Son coeur, son estime de lui-même, sa confiance en lui s’étaient brisées en mille morceaux qu’il n’essayait même pas de reconstituer. Le moindre effort lui semblait impossible, et à la fois, rester dans cette souffrance devenait intolérable. De ces sentiments contradictoires résultait une sidération que Noah éprouvait depuis des jours. Figé, immobilisé dans une situation dont il ne parvenait pas à sortir.

Tout lui rappelait Maeva, parce que sa vie dans ce château avait été ponctué depuis son arrivée en première année par des moments passés avec elle. Il y avait un souvenir d’elle, une scène partagée au détour de chaque couloir, dans cette école qu’il avait parcourue avec elle et leurs amis pendant des années. Les rondes de sa charge préfectorale qu’il avait l’habitude de partager avec elle étaient devenues glaçantes d’un silence marqué de son absence. Quelque part au septième étage, au milieu d’un couloir aux murs creusés d’alcôves, longeant une série de fenêtres qui offraient une vue imprenable sur le lac de Poudlard, Noah s’arrêta en se rappelant qu’il s’agissait d’un de leurs endroits préférés, parce qu’ils y trouvaient de la tranquillité et une jolie vue dont repaître leurs regards. Dans l’alcôve sur sa droite, ils s’étaient installés des centaines de fois, pour se raconter leurs journées, partager leurs soucis, se voler des baisers. Peut-être avait-elle emmené Virgil ici, pour partager le même genre de moment ? Cette pensée l’abattit si brutalement qu’il se laissa choir sur un soubassement de pierre dans l’une des alcôves, le dos posé contre le mur, incapable de poursuivre sa marche fantomatique.

Perdu dans ses pensées et sa tristesse, Noah en oublia son environnement et fut incapable de savoir depuis combien de temps il n’était pas seul quand il entendit un bruit. Il essuya vivement ses joues baignées de larmes, détesta le tremblement dans sa voix lorsqu’il alpagua la silhouette qui se détachait devant lui.

« Qu’est-ce que tu fais là ? »

Une élève, une élève de sa promotion, que tout le monde connaissait, parce que tout le monde remarquait Moreen Avner. Une grande fille à la langue bien pendue, au coup de batte puissant sur les terrains de Quidditch, avec une réputation qui lui collait à la peau. On entendait de tout et n’importe quoi sur Moreen Avner, Moreen la drama Queen, Moreen la folle, Moreen le boulet, Moreen à la famille douteuse. Noah ne la connaissait pas bien, et majoritairement à travers le filtre de ces bruits de couloir. Il chercha à se donner une contenance qu’il n’avait pas du tout à cet instant de faiblesse, en se plaçant dans son rôle de préfet :

« Le couvre-feu est passé depuis une heure, tu devrais pas être là. »


Noah Forester
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Journal perso [Moreen & Noah] Icon_minitimeDim 13 Déc 2020 - 19:48
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Moreen Avner, qui comme d'habitude ne respecte pas les règles


Quand la nuit tombait sur l’école comme un brouillard poisseux de mois de mars et que Moreen observait depuis la fenêtre des salles de classes s’assombrir le gris du ciel pour se parer de dorures d’étoiles, elle aimait un peu mieux Poudlard. Il n’y avait pas de moments qu’elle préférait à celles où, aux heures qui frôlaient le petit matin, le château endormi prenait des allures de mystères et s’embaumait du silence du vent. Quelque fois la pluie frappait les vitraux de verres et discutaient ainsi d’étages en étages comme de vieilles amies bavardes. Des coulis d’air froid s’immisçaient dans les couloirs et faisaient résonner les voûtes de chants gutturaux, soulevaient les teintures comme autant de mains indiscrètes.

Moreen partait à l’aventure.

Elle se glissait hors du cachot sordide qui lui servait de foyer et battait les dalles humides de l’immense et impérieuse bâtisse. Le silence la transportait partout. Moreen se glissait dans les salles de classes, déposait une ombre découpée par la lune sur les tableaux ronflants aux murs. Une nuit elle était venue, particulièrement mélancolique, s’assoir sur le bord d’un bureau où elle s’était mise à pleurer. Ses sanglots avaient éveillé les contes et les marquises qui somnolaient dans leur cadre : elle leur avait raconté ses peines et étaient devenus depuis ce qui se rapprochait le plus d’amis. Elle n’en parlait à personne, sauf à Blair, qui était la seule à savoir ce qui signifiait parfois les regards qu’elle jetait à l’intention d’un tableau, ou ce qui se cachait sous le ton de remontrance de tel ou tel portrait acariâtre. Elle préférait ces vieilles figures aux visages juvéniles et altiers de ses camarades. Elle trouvait les adultes moins moqueurs.

À force de se lier avec ces personnalités souvent ignorées le long des murs, certains faisaient désormais le guet pour elle. Depuis sa première année, elle avait ainsi beaucoup échappé à Rusard.

Beaucoup aussi essuyé de retenus les fois où elle n’avait pas su se cacher assez vite.

Tout était silencieux ce soir-là alors qu’elle traversait la cour d’un pas alerte, le visage dissimulé sous la capuche de sa cape, l’humidité glissée dans les trous de son jean. Moreen se laissait conduire par le hasard de son cheminement, l’oreille alerte pour le cas où une présence se serait fait entendre quelque part autours d’elle. Elle franchissait ainsi les arcades, dépassait les alcôves, enjambait les ombres à la recherche d’une destination étonnante ou imprévue qui toujours, depuis les premières expéditions de ses onze ans, finissait par se faire découvrir. Poudlard regorgeait de secrets. Moreen ignorait si comme elle ses frères et sœurs en avaient exploré le cœur à la saveur de la nuit. Elle n’avait jamais trop partagé ses expériences au sein de Poudlard avec aucun d’entre eux. Cela lui paraissait souvent bizarre. Elle se demandait comment ils pouvaient passer tant de temps ensembles et au fond si mal se connaître.

Plongée dans ses pensées et occupée à se délecter de sa virée solitaire -pas de jugements, pas d’exclusion lorsqu’il n’y avait personne,- elle perçu au détour d’un couloir une voix qui la fit sursauter. D’un geste leste et silencieux, elle se dissimula dans le creux d’un mur et retint sa respiration. Elle comprit vite que ce qui résonnait sous la voûte n’avait rien d’un échange mais se muait plutôt dans la forme d’un sanglot long et retenu. Moreen se détendit mais indécise, elle écouta. Ces pleurs cachés dans la honte solitaire des heure sombres de la nuit lui rappelaient les siens et une force invisible la poussa en avant pour savoir dans quelle gorge ils se coinçaient ainsi.

C’était Noah.

- Qu’est-ce que tu fais là ? » Il avait relevé brusquement la tête et tentait vainement de faire disparaître les preuves de sa douleur d’un geste maladroit.

Comme tout le monde, Moreen avait eu vent de sa rupture avec Maeva et surtout de son humiliation publique affichée avec Virgil. Elle n’y avait prêté qu’un intérêt très modeste, c’est-à-dire qu’elle avait écouté vaguement ses congénères en parler avant de baisser la tête sur ses devoirs. Elle n’avait pas vu la vidéo. Elle n’avait pas trouvé intéressant de la voir. D’abord parce que Moreen n’avait pas un goût naturel pour les potins, surtout ceux qui relataient les histoires d’amour tragiques de gens qu’elle connaissait mal, et qu’elle ne vivait pas. Ensuite parce qu’elle avait assez été le sujet de ces médisances moqueuses pour ne pas trouver de goût dans la reproduction d’un tel schéma.

Elle n’avait aucune idée de ce que Maeva représentait pour Noah, ou de ce qu’il s’était passé entre eux au-delà de leur séparation et de la reconversion très rapide de Maeva pour les bras de Virgil. Elle se fichait bien de savoir qui était le méchant de l’histoire et savait d’expérience que tout le monde l’était sans doute un peu. Mais elle était touchée par la peine solitaire de Noah. À sa question, elle avait haussé négligemment les épaules.

- Le couvre-feu est passé depuis une heure, tu devrais pas être là.
- Dak. Tu vas me coller en retenue ? Elle toisa Noah quelques secondes, les bras le long du corps, le visage inexpressif. Moi aussi quand je sors la nuit parfois c’est pour pleurer, dit-elle, y a pas de honte. C’est même plutôt super sain, surtout pour un garçon. Elle ignorait si Noah allait la rejeter. Ils n’étaient pas amis, et comme la majorité des élèves de Poudlard, connaissait sa réputation. Mais il ne lui semblait pas en mesure de lui faire plus de mal que ce qu’il en ressentait lui-même. Et Moreen avait encore assez de cœur pour ne pas le laisser seul après l’avoir surpris si vulnérable.

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Journal perso [Moreen & Noah] Icon_minitimeSam 26 Déc 2020 - 17:39
Moreen était droite sur ses jambes, debout, impassible, dans une posture qui ne laissait pas deviner ses pensées. Noah ne savait pas s’il lui inspirait de la pitié, de l’indifférence ou autre chose. Elle se contentait de le regarder en l’interrogeant avec une certaine insolence. Sa question semblait presque rhétorique, tant il semblait évident que Noah n’avait aucune énergie ni disponibilité d’esprit pour se chamailler avec elle sur les règles du château. Alors il ne répondit rien à cette question qui n’appelait pas de réponse. Il se contenta de baisser la tête, attendant le moment où elle allait simplement tourner les talons et continuer sa balade nocturne, pendant que lui-même terminait de se recueillir seul dans son chagrin.

Mais Moreen ne suivit pas le script. Elle le surprit, en restant, en entamant ce qui semblait être un début de conversation avec lui. Il la contempla, les sourcils froncés, toujours en peine de comprendre ce à quoi elle pensait et ce qui la maintenait ici. De la compassion ? Du voyeurisme ? L’envie de faire sa bonne action de la journée ? Ce qu’elle disait semblait suggérer une espèce d’empathie et en même temps, c’était dit sur un tel ton déclaratif que Noah ne savait qu’en penser.

Or, réfléchir à ça lui prenait une énergie qu’il n’avait plus, tout comme le fait de repousser sèchement Moreen, comme on aurait pu l’attendre de lui dans cette situation. S’il exprima son désaccord, sa voix fut plutôt terne :

« J’aime juste pas pleurer devant les gens, rien à voir avec le fait d’être un garçon. »

Il n’avait jamais associé sa pudeur à sa virilité, il avait simplement toujours été comme ça. C’était peut-être même l’inverse, il liait cette pudeur qui l’empêchait d’exposer ses pensées et ses sentiments à sa nature craintive des gens, des réactions, de l’inconnu : rien de très viril en somme. Il n’avait pas honte de pleurer, tant qu’il le faisait seul, dans son coin, sans public si ce n’était les quelques personnes qu’il aimait et en qui il avait vraiment confiance : pas du tout ce qu’incarnait Moreen à cet instant. De toute manière il n’y avait pas vraiment de place en lui pour de la honte à cet instant : son chagrin raflait tout, son énergie et le reste de ses sentiments. Il renifla dans sa manche, dans ses vaines tentatives d’essuyer l’humidité sur son visage.

« Qu’est-ce que tu me veux ? soupira t-il. Je vais pas t’attirer d’ennuis, c’est bon, tu peux partir. »


Noah Forester
«I didn't notice what I lost, until all the lights were off »
Moreen Avner
Moreen AvnerPrête à casser tes couilles
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Journal perso [Moreen & Noah] Icon_minitimeDim 17 Jan 2021 - 20:27
- Ça, c'est cool, répondit Moreen un levant un pouce devant elle en signe d'appréciation.

Les hommes de sa famille tenaient leur virilité en trop haute estime pour qu'on les ai autorisé à montrer leur sentiments et selon Moreen, c'était cette attitude qui les avait rendu émotionnellement inapte.

Si Noah avait pu la suspecter de pitié, il était évident qu'elle n'en n'avait pas beaucoup pour ses pleurs. Elle savait ce qui était arrivé au préfet, certainement pas dans les détails, mais suffisamment pour comprendre d'où venaient ces larmes épaisses et ces reniflements à fendre l'âme. Noah avait les yeux rouges et gonflés et l'âme d'enquêteuse de Moreen ne manqua pas d'en conclure qu'il était sans doute assit là depuis un bon moment. " Moi non plus, j'aime pas pleurer devant les gens. " Ajouta-t-elle en s'adossant au mur dans un geste d'une élégance relative, et en tirant de la poche arrière de son jean sa baguette dont elle se servie pour attirer à elle un paquet de mouchoirs qu'elle tendit à Noah.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Interrogea-t-il sur un ton que Moreen jugea peu avenant, je vais pas t'attirer d'ennuis, c'est bon, tu peux partir. "
- Dak, répondit-elle en se laissant glisser assise près de lui. Pendant un instant elle garda un silence qu'elle employa à fouiller dans une autre de ses poches dont elle tira une boîte à demi entamée et cornée de dragées surprises. Elle en avala un et son visage se tordit aussitôt dans une grimace de dégoût expressive qui aurait été sensiblement similaire si on l'avait forcé à lécher le torse de Damon Drop. " Si dégueu, si dégueu, si dégueu, putaiiiin !! " Elle déglutôt avec peine. " Euuuurk " Avant d'en reprendre un autre aussitôt, pour faire passer le goût. Elle tendit la boîte sous le nez de Noah et l'agita pour attirer son attention. " T'en veux ? T'inquiète je crois que j'ai bouffé les trois quart de ceux qui ont un goût de pisse." Elle posa le sachet devant eux, invitant le garçon à se servir comme il voulait.

Puis elle resta là sans rien dire, sans bouger, machouillant tranquillement son dragée, les genoux repliés contre la poitrine et les bras posés dessus. Enfin, lorsqu'elle eut plongé sa main dans le paquet pour la quatrième fois :

- En fait c'est juste que d'expérience genre pleurer seul c'est hyper interminable. " Puis sans vraiment attendre de réponse : " Tu connais le Donjon du Berserker Chevalier ? "
Noah Forester
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Journal perso [Moreen & Noah] Icon_minitimeSam 27 Fév 2021 - 13:57
Pour une raison qui lui échappait, Moreen ne semblait pas décidée à partir. Elle avoua ne pas aimer non plus le fait de pleurer devant un public et aussitôt une pensée se forma dans l’esprit de Noah. « Alors pourquoi t’es là ? » Il ne dit rien. Il renifla, encore, épongea les traces de larmes sur ses joues. Il n’aimait pas pleurer devant les gens alors la présence de Moreen avait au moins la qualité de le forcer à se ressaisir. Il savait que si elle se levait et tournait à l’angle du couloir, il allait à nouveau se laisser submerger par ses émotions et pleurer encore dix, vingt minutes, dans sa plus grande solitude. Terminer cette petite crise avec un bref soulagement mais surtout beaucoup de honte et de tristesse. Pleurer seul, c’est interminable, disait Moreen. Elle avait raison. Interminable et désespérant.

Les yeux fixés sur le paquet de dragées déposé à ses pieds, Noah ne fit pas un geste. Il se trouva pathétique de repenser à toutes les fois où, en rentrant de Pré-au-Lard, il avait dévalisé avec Maeva des réserves de bonbons achetés chez Honeydukes. L’enfer de ses pensées le conduisait toujours à reconsidérer les objets qui l’entouraient, les lieux où il évoluait sous le prisme de souvenirs vécus avec son ex-petite amie. Il n’en pouvait plus. Tout dans ce château et dans son quotidien semblait vouloir lui rappeler la fantomatique présence de Maeva. Il avait cruellement besoin de se fabriquer de nouveaux souvenirs.

Malgré sa gorge et son estomac noués, il se força à plonger sa main dans le paquet de dragées. Des saveurs de fruits mélangés envahirent sa bouche. Leur goût sucré n’empêcha pas le regard de Noah d’être amer, et sa voix atone, alors qu’il répliquait après de longues secondes de silence :

« Est-ce que tu essayes de faire une métaphore philosophique sur la vie à partir d’une référence de geek ? »

C’était ainsi que les choses se passaient dans les fictions, souvent. Un ou une inconnue qui croisait la route du héros déploré et trouvait une image à priori absurde, mais qui, après un long discours explicatif, se révélait parfaite pour donner de quoi se ressaisir.


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Journal perso [Moreen & Noah] Icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 15:41
Moreen ne fit pas un geste lorsque Noah plongea une main dans le paquet de dragées pour en choisir une. Elle se retint même de tourner son regard vers lui pour voir si ses traits se décomposaient. Comme elle ne perçu aucune réaction de sa part, elle supposa qu’il avait eu de la chance et avait gobé un des bonbons agréables du paquet. Ou qu’elle n’avait finalement peut-être pas menti en assurant avoir avalés tous ceux pourvus de goûts infâmes. Il lui avait après tout réellement semblé manquer vomir de façon assez systématique, à sa grande déception.

Au moins, se dit-elle, il ne doit maintenant plus en rester que des bons.

- Heu vraiment pas, répondit-elle en haussant une paire de sourcils incertaines en réponse à la question du garçon. Les métaphores philosophiques n’avaient rien d’une spécialité chez elle, même si, en y réfléchissant bien, elle avait certainement déjà dû citer le Seigneur des Horcruxes pour remonter le moral de Blair, une fois ou deux. Ou trois. « Je tentais juste de te faire penser à un truc plus sympa que ce qui te fait pleurer. » Affirma-t-elle d’un ton tranquille en piochant une nouvelle dragée.

Ok. Elle n’avait pas encore vidé le sac des goûts vomis et autres croquettes pour boursouff.

Tout en retenant une nouvelle grimace et en se composant un air digne, Moreen se fit la réflexion qu’elle savait de quoi elle parlait. Poudlard n’avait rien d’une partie de plaisir pour elle, tous les détours de couloirs lui rappelaient à quel point elle détestait perdre des années entières de sa vie dans ce château sordide, sans pouvoir rentrer chez elle des mois durant, coupée de sa famille. Heureusement que Blair et les clubs étaient là. Mais ils ne suffisaient pas toujours. D’abord parce qu’elle se fâchait souvent avec Blair. Ensuite parce ce qu’elle se sentait prisonnière de Poudlard et qu’aucun sentiment ne pourrait changer cette frustration en quelque chose de positif.

- Si tu préfères parler de ça, je suis forte pour écouter. Et puis moi aussi, je déteste Poudlard. Pas qu’en ce moment mais bon, je sais ce que ça fait de se sentir prisonnier avec un tas de gens stupides dans un endroit où on n’a pas envie d’être.

Et il n’y avait pas besoins d’être psychomage pour deviner à quel point Noah devait vouloir fuir la compagnie de tous ces gens qui avaient dégusté la vidéo de Maeva et Virgil, et de ces pièces qui devaient sûrement être peuplés de souvenirs salit par l’humiliation.
Noah Forester
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Journal perso [Moreen & Noah] Icon_minitimeJeu 25 Mar 2021 - 20:24
Noah accueillit la réponse de Moreen dans un silence qui ne laissait pas voir ses pensées, car au fond, lui même ne savait pas vraiment quoi en faire. Il ne savait pas trop s’il était soulagé ou au contraire déçu qu’elle ne tente pas de lui expliquer la vie à travers une métaphore obscure et supposée philosophique. Peut-être que cela aurait réussi à le distraire. Ou peut-être qu’il aurait été agacé de ne rien y comprendre. Les deux étaient possibles.

Dans tous les cas, il doutait un peu que ce genre de discussion parvienne à réellement l’empêcher de penser en boucle à cette infinie tristesse et cette profonde trahison qui ne le quittaient plus depuis qu’il avait posé les yeux sur la pire des vidéos. Il se sentait pris dans une boucle infernale, celle des réseaux sociaux où la vidéo avait tourné assez longtemps et assez de fois pour que chaque résident de ce château l’ait vue, celle des conversations des élèves qui ne se lassaient pas de la commenter. Chaque moment de son quotidien en internat devenait le risque de se confronter à un regard moqueur, compatissant, ou plein de pitié qui le ramenait inévitablement à son humiliation. Vivre en communauté, même à des moments où on voulait désespérément se retrouver seul, était l’enfer de cette école.

Dans ce contexte, les dernières paroles de Moreen firent directement écho à une souffrance vive chez Noah. Elle prononça des mots qu’il aurait pu dire lui même. « Prisonnier avec un tas de gens stupides dans un endroit où on a pas envie d’être » décrivait assez bien son état d’esprit des derniers jours et le poussa à s’extirper de la contemplation obstinée de ses propres genoux pour tourner les yeux vers Moreen. Il ne la connaissait pas vraiment, mais assez pour connaître les grandes lignes de sa réputation. Une fille sauvage, un peu geek, grande gueule, folle disaient certains, trop bizarre disaient d’autres. Il n’avait jamais bien compris l’origine de tous ces propos mais surtout, il n’avait pas cherché à savoir. Noah avait traversé ses sept années à Poudlard en se focalisant sur son petit monde à lui, composé de ses amis proches, sans se préoccuper des dynamiques de pouvoir qui ne le concernaient pas, en dehors de son cercle.

Aussi, il n’avait rien contre Moreen Avner, en soi, ni de préjugé fondamentalement adopté chez lui à son sujet. Il pouvait à peu près deviner l’origine de ses propos avec ce qu’il connaissait de sa place à Poudlard : ce n’était pas difficile de comprendre quel genre d’enfer on vivait quand on ne rentrait pas dans le moule, dans ce type de milieu. Détournant le regard, Noah avoua sur un ton étrangement calme, après un silence :

« J’ai jamais détesté Poudlard. Mais actuellement, j’ai clairement envie de brûler ce château des fondations jusqu’au toit pour qu’on n’en parle plus jamais. » Son côté légèrement revanchard. Il jeta un regard en coin à Moreen. « Du coup, à défaut de pouvoir te barrer, ta technique dans ces moments-là c’est de t’évader vers le donjon du Berserker Chevalier ? »


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Moreen Avner
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Journal perso [Moreen & Noah] Icon_minitimeSam 3 Avr 2021 - 23:06
Moreen mâchouillait avec application en prenant sur elle pour ne pas montrer à quel point le goût de la dragée la dégoûtait. Noah l’écoutait, les yeux fixés sur ses genoux, et elle évitait elle-même de chercher son regard par une sorte de réflexe de pudeur ou d’inconfort, qui lui faisait sentir qu’il était plus facile de s’adresser au mur que de rencontrer à cet instant les yeux humides de Noah Forester. Jusqu’à ce qu’elle évoque Poudlard, et qu’il tourne la tête vers elle. Elle perçu le mouvement à la périphérie de son champ de vision, et lui retourna un coup d’œil distrait, sans lui rendre l’intensité de sa scrutation.

Elle ne chercha pas à dissimuler son rire lorsqu’il exprima ses désirs pyromanes.

- Si t’as besoins d’aide, j’ai failli foutre le feu à la serre en troisième année à force de balancer des incendio. Autant te dire que je maîtrise à fond. »

Elle comprenait le ton, elle comprenait l’envie, elle comprenait la rancune de Noah tout à la foi. En fait, c’était un garçon plutôt discret, malgré son rôle de préfet, elle ne pouvait pas dire l’avoir vu faire beaucoup d’éclats ou se démarquer spécifiquement. Il faisait partie de ces personnes qui ne lui avaient jamais chercher des noises, sans particulièrement prendre sa défense. Le parti neutre, à qui elle en avait voulu à une période de ne pas s’opposer à ceux qui se dressaient contre elle. Mais elle avait compris qu’elle ne ressemblait pas suffisamment à une victime, peut-être, trop prête à mordre, pour que quiconque la prenne en pitié. Elle aurait de toutes manière détestée ça. La conclusion, c’est que Noah existait dans son univers comme existent des cartes accrochées au mur depuis des dizaines d’années qu’on a tellement l’habitude de contempler qu’on ne les voit plus. Peut-être que s’il n’avait pas été aussi proche de Maeva et Maeva aussi proche du petit groupe de Virgil, Moreen aurait tenté de se rapprocher de lui plus tôt. Mais quelque chose dans ces dynamiques en marge de son univers l’avaient empêché de faire ce pas en avant, avant aujourd’hui, où elle réalisait qu’elle avait en fait peut-être plus en commun avec Noah qu’elle ne le pensait. La haine de Poudlard, même intermittente, était pour elle un réel sujet de rapprochement.

Cela dit, elle ne savait pas exactement à quoi ressemblait la vie du garçon. Elle se demanda si c’était la première fois qu’il ressentait ce désespoir, cette impression que l’humiliation durerait toujours, ou si c’était la première fois qu’il était trahis et moqué. Elle se demandait aussi comment il se faisait que certains expérimentaient ces sentiments de façon régulières, d’autres exceptionnellement, et d’autres encore jamais. C’était injuste, et perturbant.

- Pas vraiment, répondit-elle à sa question. Le Berserker Chevalier, c’est un truc que je fais avec des gens. Quand les gens me dégoûtent, j’essaie de m’enfuir le plus loin possible en moi-même… Ou alors je parle aux tableaux. » Elle haussa vaguement les épaules. « Ils sont tous plus vieux que nous, même ceux qui ont l’air jeunes. Ça fait des années qu’ils sont pendus là, ils ont vu passer tellement de choses… Ils comprennent, certains. Sinon, ça fait relativiser. Et puis, ils sont différents. À pendre sur un mur trois cent décennies tu fini par prendre du recul sur ton égo. » Elle se mit à sourire d’une manière un peu tordue, en repensant au Baron Rouge, avec qui elle avait de grands débats au sujet des femmes et de leurs compétences innées en cuisines ménagère. « Bon y a aussi de gros cons. »

Elle laissa un silence s’établir entre eux, dans une réflexion qui la conduisit à reprendre la parole après quelques longues secondes.

- Tu sais les gens oublient. On a l’impression que non, mais en fait les ragots c’est comme les tendances. Ça dure toujours moins d’une saison.
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