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Tell me more [Joséphine & Ignacio]

Ignacio Walker
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeSam 31 Oct 2020 - 18:39
22 mars 2011

Ignacio passa une main sur le dos dénudé de Joséphine, et chassa quelques mèches rousses de sa nuque pour y déposer un baiser. Cela faisait plusieurs fois qu’ils se voyaient tous les deux, généralement après leur nuit de travail aux Folies Sorcières. Parfois, Joséphine venait prendre un dernier verre avec lui au bar, ils discutaient tous les deux, puis s’échangeaient un sourire, un deuxième, un regard brûlant, un deuxième. Cette fois-ci, c’était chez Ignacio que leur soirée avait pris fin. Ils avaient franchi la porte d’entrée, s’étaient retrouvés l’un en face de l’autre, et leurs lèvres s’étaient trouvés naturellement. Joséphine l’avait débarrassé de sa chemise, Ignacio lui avait ôté sa robe, et ils avaient tous les deux trouvé la direction de sa chambre, puis de son lit, pour partager ensemble un moment qui leur avait tiré des soupirs de plaisir.

Les contours de sa relation avec Joséphine étaient plutôt flous. Ils oscillaient entre une amitié qui se construisaient petit à petit entre eux et une relation purement charnelle qu’ils entretenaient depuis plusieurs mois déjà. La plupart du temps, Ignacio ne s’attardait pas sur cette pensée ; Joséphine et lui s’entendaient bien et passaient ensemble des moments très agréables qu’il ne regrettait jamais. Pour l’instant, il avait la sensation que c’était tout ce qu’ils recherchaient tous les deux.

Mais cette amitié justement, qu’il sentait s’établir entre eux, était nourrie par les moments qu’ils passaient tous les deux ; parfois, lorsqu’ils dînaient ensemble, à d’autres moments, comme celui-ci, lorsqu’ils étaient allongés l’un à côté de l’autre dans un lit et qu’ils bavassaient sur des sujets plus ou moins importants. Ignacio était étendu sur le côté, les yeux plongés dans ceux de Joséphine, un sourire sur les lèvres.

« Je ne dis pas que les français ont mauvais goût, », nuança-t-il, « je dis seulement que vous êtes réputés pour être le pays le plus sale d’Europe. » fit-il remarquer en haussant les sourcils.

Le débat France/Etats-Unis n’ayant pas de fin en soit (puisqu’aucun des deux ne souhaitait céder la supériorité à l’autre), Ignacio préféré changer de sujet de lui-même, en interrogeant la danseuse du regard :

« C’était comment, de grandir là-bas ? » s’enquit-il alors. « Par rapport à ce que tu vois ici. » précisa-t-il.


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Joséphine Walker
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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeJeu 12 Nov 2020 - 8:08
Joséphine se laissait lentement gagner par une douce torpeur, enveloppée par la chaleur qui se dégageait de leurs corps, apaisée. Chaque moment qu'elle partageait avec Ignacio lui apportait un peu plus de plaisir, et un peu moins de culpabilité. Il arrivait encore souvent que son esprit ne s'échappe en direction de Sofya, partie en mission longue pour les Veilleurs, mais elle se rassurait en se persuadant que sa petite-amie n'aurait pas exigé d'eux qu'ils attendent son retour. La danseuse appréciait cette opportunité de passer du temps seule avec son collègue, qu'elle voulait apprendre à connaitre autrement que comme un simple partenaire sexuel.

Leur relation ne se réduisait plus à ça, désormais. Leurs étreintes étaient régulièrement suivies de longues discussions, qui les tenaient parfois éveillés jusqu'au lever du jour. La conversation avec Ignacio était facile, fluide, légère. Ils pouvaient parler de tout, et surtout de rien, mais il y avait certains sujets qui revenaient presque systématiquement dans leurs échanges. Le débat France/Etats-Unis arrivait tout en haut de cette liste.

Joséphine afficha une expression outrée, les sourcils hauts et la bouche arrondie par la stupeur, quand Ignacio osa qualifier la France de pays le plus sale d'Europe.

"Celui qui a dit ça n'a jamais été à Naples ! répliqua-t-elle, vexée. C'est une réputation inventée par les autres pays parce qu'ils étaient jaloux !"

Elle avait parfaitement conscience de la faiblesse de son argumentation, mais il était hors de question qu'elle admette que les accusations d'Ignacio puissent avoir un fond de vérité. Elle fut donc ravie du changement de sujet initié par le barman, qui avait certainement conscience que leur éternel débat ne prendrait jamais fin. Elle réalisa alors qu'ils n'avaient jamais parlé de leurs enfances, ni même de leurs vies avant les Folies Sorcières. Ils discutaient de beaucoup de choses, mais abordaient rarement des sujets personnels, comme s'ils cherchaient à maintenir une certaine distance.

"Déjà, c'était très propre, commença-t-elle sur le ton de l'humour. Bon, sauf les trottoirs de Paris, mais quelle ville a des trottoirs propres ?"

Elle hésitait un peu à se lancer dans les confidences. Elle sentait que cela donnerait un nouveau tournant à ce début de relation, qui lui convenait très bien ainsi. Elle ne savait pas encore si elle avait envie que les choses changent, qu'elles évoluent, mais décida que le seul moyen de le savoir était de se lancer.

"C'est difficile de comparer, répondit-elle finalement en posant sa tête dans sa main, redressée sur son coude. Je ne fréquentais pas vraiment les mêmes milieux, en France. Comme une majorité d'enfants, on l'avait tenue plutôt à l'écart des casinos et des bordels. J'ai grandi dans la haute société française, mon grand-père avait fait fortune dans la finance, expliqua-t-elle. Je ne connaissais pas du tout ce monde-là... elle engloba la scène du regard, comme pour désigner ce monde de la nuit auquel ils appartenaient tous les deux. Mais j'ai passé un an à Poudlard, pour le tournois des trois sorciers, et je peux affirmer en toute objectivité que Beauxbatons est bien plus agréable !"

Déjà parce que les escaliers n'essayaient pas de vous tuer, et ensuite parce que le climat du sud de la France était beaucoup plus doux que celui de l'Ecosse.

"Et toi, tu as grandi dans quel genre de famille ? Je ne sais même pas où tu as étudié !"

Au contraire de la France, les Etats-Unis avaient plusieurs écoles de magie, et elle n'avait jamais eu la curiosité de demander à Ignacio celle qu'il avait fréquenté. En y réfléchissant, elle se rendait compte qu'elle ne savait presque rien du barman, et qu'elle n'était pas si opposée à l'idée d'y remédier.


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 16:33
« Alors ça, » releva Ignacio, « c’est pas du tout un argument valable. »

Mais comme leur éternel débat France/Etats-Unis ne menait jamais à une discussion constructive, Ignacio préféra s’en éloigner pour questionner Joséphine sur quelque chose de plus personnel. Il fréquentait la jeune femme depuis quelques temps maintenant et, si leurs premiers rapports avaient été purement physiques, il appréciait de plus en plus avoir l’opportunité de connaître la danseuse. Ils se découvraient d’étonnant points communs et se trouvaient de toute façon dans une relation où même leurs différences ne les empêchaient pas de passer du bon temps ensemble. Du bon temps qui s’étirait d’ailleurs de plus en plus, comme ces longues discussions qui les maintenaient éveillés ensemble de plus en plus régulièrement.

Redressé également sur un coude pour faire face à son amante, Ignacio écoutait en silence les éléments que Joséphine voulait bien lui dévoiler de cette partie de sa vie dont il n’avait pas du tout idée. Il apprit avec surprise qu’elle avait grandi dans la haute société. Il lui semblait que la plupart des filles des Folies avaient souvent grandi plus ou moins dans le même milieu. Ignacio ne releva pas immédiatement ce fait, et se contenta de sourire légèrement lorsqu’elle mentionna Poudlard – une de leur occupation préférée était de se moquer du Royaume-Uni, ce qu’ils savaient faire à la perfection.

« J’ai étudié à Ilvermorny, dans le nord des Etats-Unis. » précisa Ignacio. « Et j’ai passé toute mon enfance à Salem. Mon père enseigne depuis des années à l’université, il est historien. » Il fit glisser ses doigts sur le bras dénudé de la jeune femme. « On était que tous les deux, » finit-il par confier, d’un ton plutôt détaché : « je suis fils unique et je n’ai jamais vraiment connu ma mère. » Il ne s’attarda pas particulièrement sur le sujet, qui n’était pas réellement douloureux mais sur lequel il n’avait pas non plus l’habitude de s’étendre, et corrigea : « Enfin, j’étais fils unique, avant de découvrir que j’avais une sœur, du coup. »

Il avait déjà expliqué à Joséphine son lien de parenté avec Isobel Lavespère. Et, si cette annonce avait été, de prime abord, particulièrement délicate à gérer, il lui semblait qu’ils avaient créé, tous les deux, un lien assez particulier qu’Ignacio appréciait beaucoup. Evidemment, ils n’avaient jamais grandi ensemble et ne pouvaient pas exactement être une fratrie traditionnelle, mais ils parvenaient doucement à trouver un équilibre qui leur convenait.

« Pourquoi tu as décidé de quitter la France pour venir en Angleterre et entrer dans ce monde-là ? » demanda Ignacio en reprenant son expression, curieux de savoir ce qui aurait pu pousser Joséphine Chevalier à venir s’installer de l’autre côté de la Manche.



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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeJeu 3 Déc 2020 - 8:07
C'était assez surprenant, qu'ils ignorent encore tant de choses l'un sur l'autre alors qu'ils se fréquentaient régulièrement depuis plusieurs mois. Pourtant elle n'avait pas l'impression que ce soit le résultat d'une volonté de leur part de garder leur passé secret ou de tenir l'autre à distance. Ils n'avaient simplement jamais eu l'occasion de se raconter ces choses-là. C'était peut-être le milieu qui voulait ça. C'était difficile, de nouer de vraies relations aux Folies Sorcières. Tout le monde connaissait tout le monde, mais personne ne connaissait vraiment personne. Joséphine savait tout des petits tracas quotidiens des autres filles : qui avait mal au dos, qui avait du mal à dormir parce que ses voisins se levaient aux aurores, etc. mais elle ignorait tout de leur passé et de leur histoire. Elle n'était même pas certaines de connaitre le vrai prénom de chacune de ses collègues.

Elle était heureuse de prendre le temps de connaitre Ignacio, et fut étonnée de lui découvrir un père professeur et historien. Elle n'avait jamais pensé à sa famille mais, par défaut et par facilité, elle l'aurait plutôt envisagé fils d'un gérant de bar ou quelque chose qui se rapprochait plus de son univers à lui. Elle perçut un léger changement dans sa voix quand il ajouta qu'il n'avait pas vraiment connu sa mère, et ne fut qu'à moitié convaincu par son ton détaché.

"Moi non plus, répondit-elle en baissant les yeux sur les draps emmêlés. Sa main vint trouver celle d'Ignacio et elle entremêla ses doigts aux siens. Ma mère est partie quand j'étais encore toute petite."

Elle n'avait jamais vraiment souffert de son absence à elle, parce qu'elle n'en avait presque aucun souvenir et ceux qu'elle pensait avoir étaient certainement des compositions de son esprit créés de toute pièce à partir de vieilles photos. Sa mère ne lui avait pas manqué, mais parfois elle aurait eu envie d'avoir une mère, n'importe laquelle. Une figure maternelle qui ne soit pas une employée de maison. Elle avait grandi avec ce manque sans savoir exactement ce qui lui manquait, et elle se demandait si Ignacio avait connu la même chose.

"Vous êtes proches, avec ton père ?" demanda-t-elle en relevant les yeux vers lui.

Père qui était aussi celui d'Isobel, comme le lui rappelait justement le barman. Jospéhine avait été très amusée de découvrir ce lien de parenté entre son...partenaire régulier et son amie. Cela faisait quelques temps qu'elle n'avait plus bavardé avec la chargée de communication mais elle nota de l'interroger sur le sujet, à l'occasion, pour savoir comment elle avait vécu ces retrouvailles familiales.

"Moi c'est plutôt l'inverse, répondit-elle avec un sourire sans joie. J'avais une soeur mais je crois qu'elle ne veut plus me parler."

Elle essayait d'en parler sur le ton de la plaisanterie mais c'était un sujet qui restait difficile à évoquer pour elle. Elle savait qu'Irène lui en voulait de ne pas l'avoir prévenue de la visite de la Police Magique dans leur cabaret à Berlin. Joséphine lui avait pourtant écrit à maintes reprises qu'elle ne le savait pas, et qu'elle avait pris sa journée ce jour-là seulement par hasard, mais son ainée ne la croyait plus, et elle-même n'était plus tout à fait certaine qu'il s'agisse de la vérité.

"J'ai quitté la France quand mon père s'est fait arrêté -détournement de fonds. On est parties en Allemagne avec ma soeur, pour fuir le scandale. Et j'ai quitté Berlin quand ma soeur s'est faite arrêtée -blanchiment d'argent et proxénétisme. Enuméré de la sorte, ce n'était pas un palmarès très glorieux. Maintenant j'attends que quelqu'un d'autre se fasse arrêter pour pouvoir partir au Canada, ajouta-t-elle en riant pour détendre l'atmosphère. J'espère pour toi que tu n'as rien à te reprocher, glissa-t-elle avec un regard mutin. Et toi, pourquoi tu as quitté les Etats-Unis ?"


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Ignacio Walker
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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 14 Déc 2020 - 18:53
Ignacio n’était pas vraiment familier avec le fait de s’ouvrir à quelqu’un de la sorte. Il était connu pour être un homme plutôt silencieux, plutôt renfermé aussi ; il parlait peu et écoutait beaucoup. C’était peut-être pour cette raison qu’il était aussi efficace dans son travail et que son travail en temps que barman lui permettait d’accéder à une position privilégiée ; derrière son comptoir, Ignacio devenait cette présence invisible qu’on ne voyait pas et qui était, pourtant, immuable.

Et, dans ce rôle d’observateur, Ignacio n’était pas spécialement un homme de parole. Ce n’était pas tant une timidité maladive qui l’empêchait de s’exprimer que l’habitude de taire ses pensées et son histoire auprès des personnes dont il ne se sentait pas particulièrement proches. En Angleterre, Ignacio n’avait pas noué de relations très intimes, comme celles qu’ils avaient cultivé pendant des années aux Etats-Unis. Il se considérait désormais comme proche d’Isobel, leur nouveau statut les ayant poussé à s’ouvrir un peu plus l’un à l’autre pour mieux appréhender la nouvelle relation qui se tissait entre eux. Joséphine et lui, en revanche, s’étaient rapprochés sur un plan uniquement physique pendant plusieurs mois, avant de partager quelques moments qui sortaient de ce cadre. Cette conversation qu’ils menaient ensemble, en se faisant face dans une position presque similaire, était sûrement la première réellement sérieuse qu’ils avaient depuis qu’ils se connaissaient.

Ignacio baissa les yeux vers leurs mains que Joséphine venait d’enlacer lorsqu’il avait mentionné sa mère partie dans son enfance, et fut surpris de voir ce récit faire écho dans sa propre histoire. Il lui semblait qu’elle l’évoquait un ton égal au sien : assez détaché, ou tout du moins, dépourvu d’affects douloureux. Ignacio n’avait jamais eu à souffrir du départ de sa mère dont il ne conservait aucun souvenir d’enfance, et son père avait été un parent suffisamment bon pour parer à tous ses besoins affectifs. Petit, peut-être – lorsqu’il était entré à l’école, sûrement – il avait noté des différences avec ses petits camarades qui avaient leurs deux parents présents dans leur quotidien. Il avait posé beaucoup de questions à son père, pendant un temps, puis sa curiosité avait fini par s’estomper. Il avait été en colère, puis il s’était détaché de cette mère qu’il ne connaissait pas et qui aurait très bien pu être sa voisine de pallier sans qu’il ne le sache.

« Plutôt oui. » répondit-il alors simplement à la question de Joséphine qui concernait son père. « On se voit peu, mais on s’entend bien. »

Ignacio avait une cellule familiale très réduite – son père, un oncle et deux cousines, et désormais Isobel – et, si ces liens n’étaient pas toujours évidents à cultiver, il s’y savait plutôt attaché. Depuis qu’il avait quitté les Etats-Unis, ses rapports avec sa famille s’étaient légèrement apaisés. Il n’était pas revenu à New-York depuis longtemps – la prudence restait de mise – mais son père avait déjà fait le voyage jusqu’à Londres plusieurs fois, et il s’était rendu à Salem à quelques reprises. Elijah connaissait plus ou moins les affaires illégales dans lesquelles trempaient son fils. Ce sujet les avait opposé pendant des années, puis ils avaient tacitement décidé de ne plus en parler. Son éloignement jouait en leur faveur sur ce point-là.

Cette pensée le mena à interroger Joséphine sur les circonstances de son propre départ de France. Elle se livra à lui avec une franchise étonnante, qui le laissa brièvement songeur. Elle semblait rire de ces différents départs liés à des arrestations répétées, mais il sembla à Ignacio que cet amusement était feint. Il ne le releva pas, et se contenta d’affirmer son contact sur leurs mains nouées. Il répondit à son regard mutin par un sourire énigmatique, et fut interpellé par sa dernière question. Au sein des Veilleurs, personne ne savait véritablement ce que faisait Ignacio – comme la plupart des hommes et des femmes qui travaillaient avec lui. Aux Folies Sorcières, on le savait volontiers barman, bien moins mercenaire. Son départ des Etats-Unis tirant son origine de ses liens avec les différents gangs américains, Ignacio y répondit avec prudence :

« Disons que je ne m’étais pas fait que des amis à New York. » Un bel euphémisme. « Une histoire de règlement de compte qui a mal tourné. » expliqua-t-il quand même, avant de changer de sujet pour alléger, à son tour, l’atmosphère : « Et puis, finalement, qui ne rêve pas de déménager en Angleterre ? »

Au moins, sur ce dernier sujet, Joséphine et Ignacio tombaient régulièrement d’accord.

« Enfin, j’espère ne pas participer à ton départ au Canada. » reprit Ignacio en effleurant l’épaule de la danseuse. « Vraiment, je ne suis pas certain que tu apprécies la météo… Et encore moins la cuisine. » Un sourire en coin naquit au coin de ses lèvres, avant que son regard ne redevienne sérieux : « Tu n’as plus de lien avec ton père et ta sœur ? »


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeJeu 31 Déc 2020 - 11:37
Joséphine avait lancé sa mise en garde comme une boutade, pourtant elle guetta la réponse d'Ignacio avec attention. Elle ignorait tout de ce qu'il faisait réellement aux Folies mais elle avait du mal à croire qu'il soit simplement barman. Pouvait-on seulement travailler aux Folies sans avoir de liens avec les activités des Veilleurs ? Même Sofya, d'apparence simple actrice de théâtre, s'était révélée être une espionne au service de Roy. Finalement, les filles de l'Aile Ouest étaient peut-être celles dont les activités illégales étaient les moins dissimulées.

Elle avait donc des doutes quant aux véritables fonctions d'Ignacio, qui furent confirmés quand celui-ci lui expliqua avoir quitté New-York suite à un règlement de comptes qui avait mal tourné. Une fois n'est pas coutume, elle ne saisit pas l'occasion qu'il lui présentait de se plaindre de la vie en Angleterre, et préféra l'interroger un peu sur son passé outre-atlantique. Elle avait du mal à le questionner sur ses activités et ses liens avec les Veilleurs, elle craignait qu'il ne veuille pas lui répondre, ou au contraire qu'il lui donne une réponse qui ne lui plairait pas. Elle trouvait étrangement plus facile de le questionner sur sa vie d'avant, même si elle n'était peut-être pas si différente de celle qu'il menait aujourd'hui.

"Qu'est-ce que tu faisais, là-bas ?" Y avait-il aussi été "barman" pour le compte d'un groupe de mafieux ?

La danseuse répondit par un sourire amusé à la remarque de son amant sur la météo et la cuisine canadienne. Ils avaient usé toutes les plaisanteries au sujet de l'Angleterre, de sa pluie constante, et de son "english breakfast", il était temps de se moquer d'un autre pays.

"Ne t'en fais pas, si tu te fais arrêter on fuira ensemble au Canada, je ne voudrais pas te priver de cette découverte culinaire !"

L'heure n'était heureusement pas à la fuite mais plutôt aux confidence et Ignacio redevint sérieux pour l'interroger sur ses relations avec son père et sa soeur. Joséphine laissa échapper un soupir et se laissa retomber sur le dos, fixant le plafond de la pièce d'un regard absent.

"Plus vraiment non, avoua-t-elle. J'écrivais un peu à mon père au début, et puis j'ai arrêté. Elle avait un peu honte de ne pas avoir été plus présente pour lui, mais il n'avait jamais cherché à la retenir non plus, elle n'avait plus reçu de lettre de sa part depuis des années. Et je crois que ma soeur m'en veut, elle pense que j'étais au courant de la visite de la PM à Berlin et que je ne l'ai pas prévenue."

Elle lui avait pourtant juré qu'elle n'en savait rien, mais Irène ne l'avait pas crue, et elle-même n'était pas tout à fait certaine de dire la vérité. Elle avait beaucoup de visions, à cette époque là. Elle était restée longtemps sous l'influence de la mona lisa, et il n'était pas impossible qu'elle ait oublié certaine de ses visions, ou les ai interprétées comme de simples intuitions. Elle réalisa d'ailleurs qu'il manquait un élément à Ignacio pour qu'il puisse comprendre cette histoire.

"Elle pense que j'ai eu une vision, ce jour là, et que c'est pour ça que je ne suis pas venue travailler, et que je n'ai pas été arrêtée. Ça m'arrive souvent, d'avoir des visions, expliqua-t-elle en tournant la tête vers Ignacio pour guetter sa réaction. J'ai le don de voyance. Elle laissa passer quelques secondes de silence avant de se raccrocher à une plaisanterie pour détendre l'atmosphère. Et je n'ai vu aucun départ précipité au Canada pour le moment !"


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeMar 12 Jan 2021 - 12:36
Ce fut sans surprise qu’Ignacio accueillit la question de Joséphine sur ses précédentes occupations aux Etats-Unis, bien qu’un peu déstabilisé par l’honnêteté de leur discussion. Allongés l’un face à l’autre, les yeux rivés dans ceux de l’autre, Ignacio et Joséphine s’ouvraient pour la première fois sans détour, un exercice auquel le mafieux ne se livrait pas souvent. Les secrets faisaient partie de son quotidien depuis des années ; dans sa profession, Ignacio était davantage apprécié pour sa discrétion. En entrant dans l’illégalité, on apprenait à mentir aux questions les plus basiques, celles qui étaient posées sur la plupart des formulaires administratifs. « Profession. » « Occupation. »

Depuis quelques années, Ignacio remplissait « barman » : un demi-mensonge qui ne pouvait pas être prouvée, puisque son contrat de travail officiel, qui le liait à l’établissement de divertissement qu’étaient les Folies Sorcières, titrait en effet ce statut. Assez logiquement, sa fonction de mercenaire était passée sous silence.

« Je bossais avec un ami. » répondit prudemment Ignacio, avant de décider d’évoquer, plus librement, une situation qui n’était plus : « On était dans le commerce de stupéfiants, sur New York. » Joli terme pour dire trafic de drogue.

Il n’alla pas plus loin, considérant que des informations supplémentaires seraient peut-être mal venues pour le moment. Ignacio ne savait pas encore quelle relation il entretenait avec Joséphine ; ils avaient tous les deux décidé de se satisfaire du flou qui les entourait. Les raisons de son départ étaient un peu plus complexes, mais il préféra ne pas s’y attarder, parce qu’elles révélaient aussi beaucoup d’éléments problématiques de sa vie. Pour le moment, rien ne lui prouvait que Joséphine n’était pas une femme digne de confiance, mais Ignacio, de fait, était un homme un peu prudent, qui préférait tâter le terrain plutôt que de se lancer à corps perdu dans une entreprise vouée à l’échec.

« Ah, tu es trop gentille avec moi, vraiment. » railla le mafieux en souriant à la remarque de son amante.

Cette dernière se livra à son tour sur son passé et les relations qui la liaient à sa famille, avec un peu plus d’aisance et de liberté que la première fois. Ignacio l’écouta en silence évoquer d’abord brièvement son père, puis sa sœur. Ce fut au cours de ce second récit que Joséphine lui livra un élément qui lui tira une moue de surprise. A New York, Ignacio avait rencontré beaucoup de prétendus « voyants », qui s’octroyaient ce titre pour faire payer à des moldus naïfs ou des sorciers crédules des visions qu’ils simulaient. Il n’avait, en revanche, jamais rencontré quelqu’un ayant un réel don de voyance.

« Putain, » jura-t-il, encore un peu surpris, sans rebondir sur la plaisanterie de Joséphine qui lui avait pourtant tiré un petit sourire, « ça doit être un peu impressionnant. » Il laissa planer quelques secondes de silence avant de reprendre : « C’est quelque chose que tu maîtrises ? Ou ce sont des visions qui s’imposent à toi ? » demanda-t-il, curieux, avant d’ajouter : « Le principe d’une vision, c’est qu’elle est définitive, c’est ça ? On ne peut pas changer le cours des choses ? »


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Joséphine n'afficha pas la moindre surprise face à la réponse d'Ignacio tant elle était conforme à ce qu'elle avait imaginé. Tout le monde trempait -ou avait trempé- dans ces trafics-là aux Folies. Elle-même n'avait jamais vraiment vendu de drogues, mais elle avait régulièrement poussé ses clients à la consommation, que ce soit dans l'Aile Ouest ou avant à Berlin, ce qui était surement interdit aussi. Elle n'allait certainement pas le juger pour ses activités illégales, cela aurait été bien hypocrite de sa part.

Les souvenirs de leurs vies passées furent vite balayées par l'impact de la révélation de la danseuse sur son don de voyance.

"Putain. Le juron du barman tira un sourire amusé à Joséphine, qui ne put s'empêcher de rebondir avec humour.
- On préfère "travailleuses du sexe".

Elle lui laissa quelques secondes de silence pour assimiler et se força à retrouver son sérieux quand son amant l'interrogea plus en détails sur la façon dont ses visions fonctionnaient. Elle fut assez touchée de constater qu'il n'essayait pas de vérifier le sérieux de ce don. Les quelques personnes à qui elle en avait parlé commençaient généralement par lui demander si elle avait vraiment des visions ou si elle avait simplement une bonne intuition et beaucoup de chances. Ignacio semblait être parti du principe qu'elle était une véritable voyante, sans même avoir besoin de preuves ou davantage d'explication, et c'était suffisamment rare pour qu'elle le remarque.

"Pas vraiment, avoua-t-elle. Je pourrais, un peu, avec de l'entrainement, et j'arrive parfois à provoquer des visions, mais le reste du temps elles me tombent dessus sans vraiment me demander mon avis."

Elle réfléchit quelques secondes à la deuxième question du jeune homme. La question. Elle faisait débat depuis des siècles, les sorciers les plus brillants y avaient consacré des dizaines d'essais, pourtant elle n'était pas encore définitivement tranchée. Elle-même n'avait que son humble avis à donner, et elle savait qu'elle ne détenait pas la vérité absolue, mais elle le défendait farouchement. Elle aurait eu trop de difficulté à accepter une autre réponse. Elle ne voulait pas croire qu'elle puisse changer les choses, cela l'investissait d'une responsabilité bien trop lourde. S'il était possible de modifier le destin, alors ces visions devenaient des mises en garde, des chances de changer le cours des choses, et même un devoir de le faire. Elle préférait les traiter comme de simples informations, qu'elle recevait un peu plus tôt que les autres et sur lesquelles elle n'avait aucun pouvoir. Cette prise de position n'était basée sur aucune étude, sur aucune théorie savante, et reposait uniquement sur le fait qu'elle refusait l'idée qu'elle aurait pu sauver Camille. Cela suffisait à en faire une de ses convictions les plus fortes.

"Non, on ne peut pas, répondit-elle d'abord d'une voix ferme. Enfin, certains pensent que si, se corrigea-t-elle, par soucis d'honnêteté. Mais je sais que c'est impossible, en tout cas ça ne m'est jamais arrivé." N'en déplaise à Constantine.

Elle avait la sensation de s'être beaucoup livrée, mais elle ne se sentait pas exposée ou en danger comme cela lui arrivait parfois quand elle évoquait ces sujets-là. Elle se sentait étrangement en confiance, alors même qu'ils n'avaient jamais parlé de sujets si personnels avant, et elle était curieuse d'en apprendre elle aussi un peu plus sur Ignacio. Portée par l'élan de ces dernières confession, elle releva timidement le regard vers son amant et se risqua à l'interroger à son tour.

"Il est resté à New-York, ton ami ?"


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 15 Mar 2021 - 20:02
Ignacio réagit à la plaisanterie de Joséphine par un bref sourire, sans se départir de son regard pensif. Il ne lui avait pas été venu à l’idée de remettre en question son don de voyance, pas tant parce qu’il connaissait suffisamment Joséphine pour la croire sur parole – c’aurait été faux, cette conversation était la première véritablement sérieuse qu’ils avaient ensemble – mais parce qu’il avait toujours baigné parmi diverses formes de magie. Son père, dans sa qualité de chercheur, avait toujours voulu ouvrir les yeux de son fils à la magie sous ses différentes manifestations, quand bien même il ne pouvait pas la pratiquer. Le don de voyance que Joséphine disait posséder ne lui apparaissait pas comme impossible ou incongru ; en revanche, il était curieux de savoir comment il pouvait se manifester et sous quelles conditions.

Visiblement, Joséphine semblait davantage subir ses visions que les provoquer. Elles s’imposaient à elle, comme de brefs tableaux d’un destin qui se réaliserait quoiqu’elle puisse faire pour essayer de le changer. Joséphine possédait un pouvoir à la fois vertigineux et terriblement lourd à porter ; elle voyait des choses qu’elle ne pouvait pas maîtriser. Ignacio ne savait pas exactement comment se positionner face à cette question du destin ou du déterminisme. L’idée d’être contraint à quelque chose avait un aspect désagréable et, en même temps, les expériences d’Ignacio le poussaient à l’envisager. Il avait découvert, complètement par hasard, son lien de parenté avec Isobel, rencontrée en Angleterre alors qu’ils avaient tous les deux grandi aux Etats-Unis.

« C’est terrible, » réfléchit Ignacio à voix haute. « c’est à la fois très puissant de pouvoir voir l’avenir, et en même temps, ne pas pouvoir le modifier… » Il haussa légèrement les épaules. « C’est quelque chose qui t’intéresse, d’apprendre à maîtriser ce don ? »

Pour, en tout cas, éviter de subir ses visions comme elle le laissait sous-entendre dans leur conversation, qu’elle mena cependant sur un autre sujet, plus intime pour Ignacio qui, en comparaison avec les révélations que venaient de lui faire Joséphine, ne s’était pas beaucoup livré. Parce qu’elle lui avait confié quelque chose de très personnel, le barman se sentit plus à l’aise avec le fait de s’ouvrir légèrement plus à elle, sur un aspect de sa vie qu’il évoquait pourtant peu :

« Oui, il est toujours là-bas. » confirma-t-il avec un léger hochement de tête. « L’histoire dont je te parlais, tout à l’heure, le règlement de compte… C’est sa fille, qui est décédée. Ma filleule. » précisa-t-il. « Elle avait quatre ans. Elle a reçu un sort destiné à son père. On croit. On est sûrs de rien, c’était un tel bordel… » Ignacio soupira. Relater des faits ne l’engageait pas émotionnellement ; revenir sur la mort d’Erin, poser des mots sur la tristesse immense et la colère destructrice qui l’avaient saisi à ce moment-là, en revanche, relevait de l’impossible pour lui.

Il glissa un regard vers Joséphine, incertain de ce qu’il pouvait ou non lui dire. S’il mettait certaines informations entre ses mains, elle aurait la possibilité de lui attirer de sacrés ennuis. Parce qu’il était un homme prudent, Ignacio préféra ne pas s’engager dans cette voie-là pour l’instant.

« Je suis parti après ça, c’était plus prudent. » conclut-il, sans relever que la prudence était justement ce qui le rendait si peu apte à se livrer sur la vie qu’il avait mené avant de venir en Angleterre.

Il considéra un instant la jeune femme du regard, lissa une mèche de ses cheveux roux entre ses doigts et eut un léger sourire en coin :

« Tu me fais confiance, pour me parler de ton don de voyance ? » s’enquit-il finalement, véritablement curieux de sa réponse.


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeMar 16 Mar 2021 - 8:42
Joséphine hocha silencieusement la tête en réponse à la réflexion d'Ignacio. Ça l'était, terrible. Terriblement puissant et pourtant terriblement inutile. A quoi bon avoir le pouvoir de prédire l'avenir si elle n'avait pas la possibilité de le modifier ? Elle s'était posée cette question des centaines de fois, sans parvenir à une réponse satisfaisante. Elle laissa son regard s'échapper vers le plafond de la chambre alors que son amant l'interrogeait sur sa volonté d'apprendre à maitriser ce don. Les souvenirs de ses quelques jours passés à Skye s'imposèrent dans son esprit et elle réprima un frisson.

"Pas vraiment non, répondit-elle simplement sans le regarder dans les yeux. J'ai essayé, une fois, mais c'était trop difficile, j'ai abandonné."

C'était une version extrêmement simplifié des expériences qu'elle avait subi ces derniers mois mais elle ne pouvait pas se résoudre à lui parler de son séjour à Skye. Cela revenait à lui parler de Constantine, donc de Camille, et elle n'était pas encore prête. Elle en avait déjà beaucoup dit, bien plus qu'elle n'aurait jamais pensé en révéler à Ignacio, mais elle ne regrettait pas. Elle avait même envie d'en apprendre plus à son sujet aussi, lui qui était toujours si discret. Elle se tourna de nouveau vers lui et accrocha son regard avant de l'interroger timidement au sujet de cet "ami" qu'il avait laissé aux Etats-Unis.

Elle aurait peut-être dû choisir une autre question tant la réponse à celle-ci était difficile. L'ami d'Ignacio avait perdu sa fille dans le règlement de compte qui l'avait pousser à quitter l'Amérique pour se réfugier en Angleterre. Fille qui était la filleule du barman et dont Joséphine devinait qu'il avait été trop proche. C'était quelque chose d'autrement plus terrible qu'un don de voyance inutile.

"Je suis désolée, souffla-t-elle en attrapant sa main dans la sienne. Est-ce que... Vous êtes encore en contact ?"

C'était la première fois qu'ils abordaient des sujets aussi personnels et elle était un peu hésitante. Elle sentait que c'est un sujet difficile pour lui et ne savait pas s'il accepterait de satisfaire davantage sa curiosité. Jusqu'à aujourd'hui ils s'étaient contenté de bavarder de choses du quotidien et de se moquer des anglais, et si à présent ils s'étaient ouverts sur leurs passés, elle sentait qu'il y avait encore des parties de sa vie que le barman tenait à protéger, tout comme elle. Les contours de leur relation évoluaient mais ils étaient encore un peu flou et elle n'était pas certaine des nouvelles limites.

Ignacio semblait lui aussi s'étonner de ces soudaines confessions puisqu'il lui demande de manière assez directe si elle lui faisait confiance. Joséphine hésita un instant. Elle savait très bien qu'au fond d'elle-même, elle avait envie de lui faire confiance, mais elle avait peur de l'affirmer et de le regretter ensuite. Ce ne serait pas la première fois.

"Je pense oui... avoua-t-elle finalement, hésitante. Un peu, nuança-t-elle un peu trop tard. Je ne devrais pas ?" s'inquiéta-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.

Elle s'imaginait qu'il lui faisait confiance aussi, déjà parce qu'il l'avait cru quand elle avait affirmé avoir un don de voyance, et aussi parce qu'il lui avait parlé de la perte de sa filleule, et qu'elle avait le sentiment que ce n'est pas une information qu'il partageait avec beaucoup de monde. Elle se sentait flatté par cette marque d'estime et réalisa qu'il était assez rare qu'on lui fasse confiance. Elle avait presque perdu l'habitude qu'on la croie sur parole, et ne pouvait pas s'empêcher de se demander jusqu'à quel point Ignacio serait prêt à le faire.

"Dis-moi, si un jour j'avais une vision qui te concerne, est-ce que tu voudrais savoir ?"


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeMar 23 Mar 2021 - 14:06
« On essaie, oui. » répondit Ignacio de manière plutôt évasive à la question de Joséphine.

Sa relation avec Nick n’était plus la même qu’avant ; l’effet du deuil et de la distance. Ils se parlaient toujours, faisaient de leur mieux pour rester en contact, mais quelque chose s’était brisé entre eux et ils en contemplaient le fossé à chaque fois qu’ils se voyaient. Au milieu de leurs mots, de leurs récits, il y avait toujours la présence d’Erin. Parfois, elle en devait insoutenable. Après la mort de sa fille, les conflits entre les deux gangs New-Yorkais s’étaient faits plus forts que jamais. Ce n’était pas une simple question d’intérêts ou de marchandises ; chaque acte, chaque geste était devenu personnel. Ignacio avait tué Joe pour venger la mort de sa filleule. Œil pour œil, dent pour dent. Pas tout-à-fait. La fille de Joe vivait encore.

La fille de Joe vivait encore, Erin était décédée depuis des années, et Nick ne se remettrait jamais vraiment de la perte de son aînée. Son mariage s’était – sans surprise – terminé dans les cris et les larmes ; sa femme était partie sur la côte ouest avec leur fils. Ignacio savait que Nick était resté à New-York, qu’il essayait d’obtenir un droit de visite, mais que son ex-femme refusait de remettre un seul pied à New-York.

Alors oui, Ignacio et Nick essayaient de rester en contact. Mais aucun des deux ne se trompaient : rien ne pourrait jamais être comme avant. Il y avait des amitiés qui ne résistaient pas à tout.

Ce n’était pas pour rien qu’Ignacio n’avait jamais songé à repartir aux Etats-Unis. Les tensions qui subsistaient encore n’étaient qu’un prétexte ; il avait surtout pris la décision de faire sa vie en Angleterre, le temps de se reconstruire après cet évènement qui l’avait, lui aussi, profondément ébranlé. L’anonymat lui permettait de vivre loin d’un deuil qu’il portait toujours.

C’était sûrement pour cette raison qu’il s’ouvrait aussi peu sur son passé. Cette conversation avec Joséphine n’avait rien d’insignifiant pour lui, et ce fut également ce qui motiva sa dernière question. Il esquissa un léger sourire à sa réponse, et prit le temps d’y réfléchir pendant quelques secondes, avant d’hocher la tête.

« Tu peux. »

Et Ignacio n’accordait pas sa confiance à n’importe qui, de la même manière qu’il n’accueillait pas la confiance de quelqu’un d’autre si facilement. Il sentait, en revanche, que ses rapports avec Joséphine étaient parvenus naturellement à un lien où ils pouvaient mutuellement se croire et se faire confiance. Pas au point de tout dire, de tout révéler – Ignacio ne lui avait pas dévoilé la moitié de son passé ou de ses activités – mais suffisamment pour pouvoir mener des conversations plus franches, plus honnêtes et plus vraies.

Pourtant, malgré ce sentiment qui lui apparaissait assez clairement, Ignacio prit un long temps de réflexion en observant Joséphine, à la suite de sa question. Pour le coup, ce n’était pas tant une question de confiance ; Ignacio n’avait pas trop de doute quant aux capacités de son amante, qui s’exprimait sur son don avec une aisance et une évidence qui rendait difficile de croire à un mensonge. Son hésitation tenait plus au fait de savoir si son intérêt se trouvait dans le savoir ou dans l’ignorance d’un évènement qui, aux dires de Joséphine, finirait par arriver quoiqu’il arrive. Son caractère prudent et pragmatique l’incita à répondre finalement :

« Si jamais ça devait arriver… Oui, je préférerais le savoir. » Cette conversation prit un ton plus léger alors qu’il se fendait d’un sourire. « Sauf si c’est pour me dire que je vais finir par m’exiler en France. Dans ce cas-là, ne me dis rien, je préfère encore l’ignorance au désespoir immédiat. »

****

[Date]

Ignacio étouffa un bâillement devant sa deuxième tasse de café. Il était quinze heures et, si sa journée ne commençait que maintenant, c’était parce que sa nuit de travail s’était terminée au petit matin, après une longue soirée passée derrière le comptoir des Folies Sorcières. Il reprenait à vingt heures ce soir, et avait donc quelques heures devant lui qu’il comptait consacrer à ingurgiter une cafetière entière et à recevoir Joséphine, qui lui avait demandé, hier soir, si elle pouvait passer chez lui dans l’après-midi.

Cali – qui n’était plus chaton désormais, et qui s’était installée sur les genoux d’Ignacio en ronronnant – leva brusquement la tête quelques secondes avant que le barman n’entende les chaussures de Joséphine claquer dans le couloir de son immeuble. Immédiatement, Cali bondit en miaulant et se dissimula à moitié derrière un des coussins du canapé.

« Faut aller te faire soigner, vraiment. » commenta Ignacio avec un regard blasé, en se redressant pour aller ouvrir à Joséphine.

« Salut, » fit-il en se penchant vers elle, d’abord pour l’étreindre et ensuite pour l’embrasser. « Tout va bien ? » s’enquit-il, parce qu’il avait été surpris de sa requête dans laquelle il avait décelé un sérieux qui n’était pas familier à la jeune femme.


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Joséphine Walker
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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeJeu 25 Mar 2021 - 8:11
Joséphine avait repoussé l'échéance jusqu'au dernier moment. Elle voulait être certaine, se disait-elle pour se justifier. En vérité elle était sûre de son choix depuis plusieurs semaines maintenant et si elle avait tardé à le confier à Ignacio c'était parce qu'elle avait conscience de tout ce que cela risquait de changer entre eux. Cette crainte l'avait d'ailleurs beaucoup fait hésité à propos de cette décision. Elle ne savait pas vraiment définir ce qu'il y avait entre eux mais elle aimait la tournure que prenait doucement leur relation et elle avait peur de tout perdre. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait pas baser ses choix de vie sur ce début de relation qui n'était pas encore assez solide pour supporter le poids d'un tel sacrifice. Elle avait fait cette erreur par le passé et elle avait retenu la leçon. Elle avait regretté beaucoup des choix qu'elle avait fait dans sa vie pour plaire à un partenaire ou pour essayer de préserver une relation naissante, sans succès.

A bien y réfléchir, elle avait du mal à trouver une seule décision dans sa vie qu'elle ne regrettait pas. Elle avait appris à les assumer et à ne plus en avoir honte, mais si tout était à refaire, elle ferait certainement autrement. Elle avait envie -non, besoin- de prendre une décision qu'elle ne regretterait pas. De faire quelque chose dont elle pourrait être fière, plus tard. Et elle avait l'impression qu'on lui offrait justement cette chance, et qu'elle ne pouvait pas la laisser passer.

La danseuse avait envoyé un message à son amant hier soir pour savoir s'ils pouvaient se voir avant son service aujourd'hui, et elle avait eu du mal à trouver le sommeil, l'esprit agité par l'appréhension de cette conversation à venir. Se dirigeait-elle vers la fin de cette relation à peine entamée ? songeait-elle alors que ses talons hauts claquaient sur le sol du couloir et la rapprochaient beaucoup trop rapidement de l'appartement d'Ignacio. Ce dernier ouvrit d'ailleurs la porte avant même qu'elle n'ait frappé, certainement alerté par le bruit de ses pas. Elle savoura son étreinte avec un pincement au coeur et répondit avec douceur à son baiser, sans parvenir à dissimuler son trouble.

"Oui ça va, le rassura-t-elle avec un sourire un peu tremblant. Mais il faut que je te parle de quelque chose, poursuivit-elle en s'avançant dans l'appartement. D'un projet que j'ai, précisa-t-elle, consciente que cette entrée en matière n'était jamais de bonne augure. Un projet un peu spécial."

Elle n'avait aucune idée de la façon dont Ignacio allait accueillir cette idée. Elle le pensait assez ouvert d'esprit pour ne pas être contre le principe, mais il y avait une différence entre ne pas condamner la GPA et accepter une relation avec une mère-porteuse.

Elle avait eu largement le temps de réfléchir à leur situation, au cours de ses longues heures d'insomnie et elle ne voyait pas vraiment pourquoi Ignacio resterait à ses côtés pendant les prochains mois. Ils passaient de bons moments ensemble, bien sûr, et elle appréciait de plus en plus sa compagnie. mais ils n'étaient pas vraiment un couple. Elle ne lui avait même encore jamais demandé s'il voyait quelqu'un d'autre. Ils n'étaient pas ensembles et c'était bien pour cela qu'elle avait fait le choix de ne pas l'impliquer dans sa prise de décision, mais il était évident qu'elle se devait de lui annoncer avant de se lancer. Elle ne voulait pas le prendre par surprise ou attendre le dernier moment. Elle avait déjà suffisamment attendu.

Elle s'assit sur le canapé à côté duquel elle pose son sac à main et invita d'un regard Ignacio à la rejoindre.

"Je vais être mère-porteuse, annonça-t-elle sans préambule. Pour un ancien client, un gars bien qui veut avoir un enfant depuis longtemps. Je sais, c'est bizarre, et c'est illégal, et ça va être difficile, enchaina-t-elle en anticipant toutes les objections auxquelles elle s'était préparée. Elle savait tout ça, et elle n'était pas venue pour en discuter, sa décision était prise. Je crois que j'ai besoin de le faire, poursuivit-elle, sur un ton un peu plus serein maintenant que la nouvelle était sortie. Je ne sais pas du tout ce que je veux faire de ma vie mais quand je regarde en arrière je... Je n'ai pas fait grand-chose de bien jusqu'ici, et ce n'est pas grave, j'assume ces choix mais... Elle haussa les épaules, incapable de mettre des mots sur ce sentiment qui l'avait poussé à accepter ce projet de GPA. J'ai vendu mon corps à des tas d'hommes, contre de l'argent, contre de la drogue, contre une protection et un boulot. Pour une fois je peux le vendre pour quelque chose de bien. J'ai envie de le faire.."

Elle avait parlé presque sans s'arrêter et avait le sentiment qu'elle aurait pu continuer ainsi de longues minutes mais elle se força au silence pour laisser Ignacio réagir, en se préparant mentalement à la fin de cette relation dont elle avait déjà commencé à faire le deuil.


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeDim 28 Mar 2021 - 14:35
La relation entre Joséphine et Ignacio n’était pas clairement définie, quand bien même cela faisait plusieurs mois qu’ils se fréquentaient de façon plus ou moins régulière. Et, s’il leur arrivait de partager des moments qui n’étaient plus exclusivement intimes comme cela avait été le cas au début, ni l’un, ni l’autre, n’avait cru bon de se lancer dans une conversation qui aurait pu éclaircir leurs rapports. Pourtant, Ignacio appréciait sincèrement Joséphine et s’était sûrement bien plus attaché à elle qu’il n’aurait pu le prédire lorsqu’ils ne se voyaient encore qu’occasionnellement. Il y avait une simplicité dans leurs échanges qu’il chérissait particulièrement car elle ne lui était pas familière ; de fait, Ignacio était un homme plutôt solitaire. Joséphine, avec son tempérament bien plus solaire et extraverti, se dressait souvent comme son plus parfait opposé mais lui apportait une insouciance bénie qu’il aimait pouvoir partager avec elle.

Il semblait cependant à Ignacio qu’ils trouvaient tous les deux leur compte dans cette relation sur laquelle ils n’avaient jamais pris la peine de poser une étiquette. C’était plus simple ainsi, se disait-il parfois, à la fois parce qu’ils s’assuraient ainsi d’un espace entre eux qu’ils ne ressentaient pas forcément le besoin de combler et parce qu’Ignacio n’était pas habitué à de telles relations de proximité. Secret comme il l’était – au sujet de son passé, mais surtout de sa profession – Ignacio trouvait un certain confort à pouvoir prétendre qu’il menait sa vie seul.

Alors, forcément, lorsque Joséphine lui avait demandé hier soir s’ils pouvaient se retrouver le lendemain avant son service, Ignacio avait été quelque peu alerté par sa formulation nerveuse, mais ne l’avait pas relevé et s’était contenté de l’inviter chez lui dans le courant de l’après-midi. Et maintenant qu’elle était face à lui, Ignacio regrettait un peu de ne pas l’avoir questionné plus longuement sur la conversation qu’elle souhaitait avoir avec lui ; son sourire tremblant lui soufflait qu’il aurait peut-être préféré s’y préparer en amont. Lorsque Joséphine mentionna donc un « projet un peu spécial », Ignacio fronça les sourcils et la rejoignit sur le canapé en posant sur elle un regard interrogateur. Parce qu’elle ne semblait pas avoir besoin d’une intervention de sa part pour se lancer directement dans ses explications, il resta silencieux.

En revanche, il ne put que difficilement masquer une expression de surprise lorsque Joséphine, sans l’ombre d’un préambule, lui annonça qu’elle comptait devenir mère-porteuse. Comme à son habitude, Ignacio assimila plutôt rapidement les faits.  

Joséphine – son amante depuis plusieurs mois, donc – allait aider l’un de ses anciens clients à concevoir un enfant. Certes, la démarche était illégale ; mais ce n’était pas vraiment un détail sur lequel Ignacio s’attarda car il avait grandi et vécu dans un pays où la gestation pour autrui était tolérée par la loi. Il écouta en revanche les arguments qu’elle déploya pour expliciter sa décision et nota ce besoin qu’elle exprimait de faire « quelque chose de bien » avec son corps qu’elle avait déjà souvent vendu.

Du discours de Joséphine, Ignacio retint deux choses : elle avait déjà pris sa décision, et elle ne faisait que l’informer de cette dernière.  

Ce qui faisait sens car elle et Ignacio ne s’étaient jamais rien promis, qu’ils n’étaient pas un couple et que, par conséquent, Joséphine prenait ses décisions pour elle, de la même façon qu’Ignacio n’avait pas besoin de la consulter pour faire ses choix. Alors, d’accord, il n’avait rien à dire sur le fait qu’elle veuille concevoir un enfant avec l’un de ses anciens clients – bien que, si on lui avait demandé son avis, peut-être n’aurait-il pas été aussi neutre – en revanche se posait la question de la suite de leur relation à la lumière de cette nouvelle. Et Ignacio n’était pas certain de vouloir faire partir du projet « un peu spécial » amorcé par son amante. Il avait, de fait, déjà du mal à voir quelle place pourrait-il occuper au milieu de tout cela. Il aimait beaucoup Joséphine mais il se doutait qu’elle allait avoir besoin d’un soutien particulier pendant ces prochains mois et – de façon très égoïste – il n’était pas certain d’être celui qui pourrait – et qui voudrait – le lui apporter.

« C’est… Un peu spécial, en effet. » commenta Ignacio, conscient qu’il mettait du temps à réagir. « Mais tu as l’air sûre de toi alors… » Alors félicitations ? La position entre celle de l’ami qu’il était pour Joséphine et celle de l’amant n’était pas évidente à trouver. « Alors c’est une bonne chose, tu dois être heureuse. » acheva-t-il en trouvant son regard. C’était bien, comme conclusion ; à la fois sincère, mais qui ne l’engageait pas trop non plus. « Quand est-ce que tu comptes tomber enceinte ? » finit-il par lui demander en s’appuyant contre le dossier de son canapé.


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeDim 28 Mar 2021 - 19:47
Sa déclaration fut suivie par de longues secondes de silence qui vinrent nourrir le sentiment d'inquiétude au fond d'elle. En quittant son appartement un peu plus tôt elle se pensait résolue à accepter la fin de cette relation naissante mais maintenant qu'elle se retrouvait face à Ignacio elle réalisa qu'elle s'était attachée à lui plus qu'elle ne l'aurait dû. Elle savait pourtant qu'il leur fallait avoir cette conversation, aussi désagréable soit-elle, et elle n'avait pas l'intention de revenir sur sa décision, mais elle accueillait la perspective de la fin de leur aventure avec moins de sérénité qu'elle ne l'avait imaginé. Elle avait conscience d'avoir sacrifié ce qui aurait pu être le début d'une histoire pour mener cette grossesse à bien et elle commençait seulement à prendre conscience de ce qu'elle allait y perdre.

Son amant retrouva finalement l'usage de la parole, pour estimer qu'elle devait être heureuse. Elle hocha doucement la tête. Elle ne savait pas vraiment si elle était heureuse, mais elle était sûre d'elle. C'était une décision avec laquelle elle se sentait bien. Si elle avait cherché à comprendre d'où lui venait cette impression elle aurait surement réalisé qu'elle essayait de sauver sa conscience et de racheter toutes ses mauvaises décisions, mais elle n'avait pas pris le risque de pousser la réflexion dans cette direction.

"Je crois oui, répondit-elle simplement. Un peu nerveuse aussi."

Elle avait beau être sûre d'elle et avoir longuement réfléchi à son choix, il y avait encore beaucoup de choses qui l'inquiétaient. Est-ce qu'elle allait être capable de le faire ? Porter un bébé pendant neuf mois et lui donner la vie ? Ça semblait si évident et si naturel jusqu'au jour où on était concernée. Elle s'était beaucoup renseigné sur la grossesse et l'accouchement ces dernières semaines et elle avait lu beaucoup de choses qui l'avaient rassuré, et beaucoup de choses qui l'avaient traumatisé jusqu'à la fin de sa vie mais qu'elle avait remisé dans un coin de son esprit où elle ne voulait plus jamais s'aventurer.

"A la fin du mois, répondit-elle quand il l'interrogea sur la date de son début de grossesse. Ça va arriver vite..."

Le rendez-vous était déjà fixé et la date se rapprochait à une vitesse folle. Elle avait attendu aussi longtemps que possible avant d'en parler à Ignacio parce qu'elle voulait profiter au maximum des moments qu'ils passaient ensemble mais elle avait tenu à leur laisser quelques semaines avant que sa vie ne change, pour que la rupture ne soit pas trop brutale. Il était évident qu'ils pensaient tous les deux à cette échéance, elle pouvait presque sentir l'idée flotter entre eux et elle décida qu'il était temps d'aborder franchement la question.

"On sera plus obligés de se voir, après, commença-t-elle un peu hésitante, les yeux baissés sur ses mains, avant de laisser échapper un rire nerveux. Enfin, on n'est pas obligés maintenant non plus, mais je veux dire... On peut arrêter, si tu veux."

C'était la première fois qu'elle se séparait de quelqu'un avec qui elle n'était même pas vraiment en couple et cette conversation lui laissait un goût amer d'inachevé dans la bouche. Comment étaient-ils censés mettre fin à quelque chose qui n'avait même pas encore vraiment commencé ? Elle gardait l'espoir un peu fou que, peut-être, ils pourraient reprendre les choses là où ils les avaient laissé, dans neuf mois ? Elle allait être enceinte mais elle n'allait pas devenir mère, et d'ici un peu moins d'un an sa vie serait redevenue la même. Il serait toujours temps de voir où il en était de son côté, et peut-être recommencer à se fréquenter s'ils en avaient toujours envie.

"... ou au moins faire une pause..." tempéra-t-elle en risquant un regard en direction d'Ignacio pour guetter sa réaction.


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 29 Mar 2021 - 11:29
Le malaise entre Ignacio et Joséphine était perceptible et, en même temps, il paraissait difficile de le dissiper. Ils s’observaient tous les deux, dans un silence qui paraissait paradoxalement très sonore. A la fin du mois, Joséphine serait enceinte. Poser une temporalité sur cet évènement heurta légèrement son amant, qui n’eut cependant qu’un hochement de tête en guise de réponse, comme pour prendre acte de cette nouvelle donnée. Ignacio sentait qu’il se montrait particulièrement laconique dans ses réponses – et Joséphine aurait sans doute mérité des réactions plus franches de sa part – mais il était incapable, pour le moment, d’étoffer sa pensée.

Ce n’était pas comme si Joséphine lui avait dit qu’elle était enceinte de lui. Pas qu’Ignacio aurait foncièrement préféré ce cas de figure mais, au moins, il n’aurait pas eu à ressentir ce sentiment teinté d’impuissance, qui l’obligeait à se positionner dans une situation qui, de fait, n’avait rien à voir avec lui. Elle avait le choix de devenir mère-porteuse à partir de la fin du mois, et ce n’était pas une décision anodine ; dans dix mois, Joséphine accoucherait d’un enfant. Elle ne deviendrait pas mère, certes, mais elle s’apprêtait à traverser une période qui, Ignacio pouvait s’en doutait, n’allait pas être de tout repos. Et ce n’était pas comme s’il pourrait faire fi de son état ; s’ils prenaient la décision de poursuivre leur relation, elle ferait intégralement partie de son quotidien à lui aussi.

Et était-il prêt à partager son quotidien avec une femme enceinte – d’un autre ? Il n’en n’était pas certain. Joséphine elle-même lui annonçait, d’emblée, qu’ils pouvaient mettre fin à leur relation dès à présent ; une manière comme une autre de lui confier qu’elle n’attendait rien de lui. La perspective de cette fin imminente pinça le cœur d’Ignacio, qui dévisageait Joséphine en silence.

Il n’y avait rien de logique dans cette envie qu’il ressentait à faire perdurer leur lien. Leurs chemins prenaient très clairement deux directions opposées ; il était plus simple de l’accepter, Ignacio le savait. Joséphine et lui n’avaient jamais été officiellement un couple, et cette décision qu’elle avait prise, de façon unilatérale, soulignait simplement cet état de fait. Ignacio ne pouvait pas lui en vouloir ; au fond, lui non plus n’avait jamais cherché à nommer la relation qui se tissait entre eux.

Et en effet, Ignacio ne souhaitait pas se séparer de Joséphine. Il aimait ce qu’ils avaient, les moments qu’ils passaient ensemble, et ce que Joséphine faisait ressortir chez lui. Mais il savait aussi qu’ils étaient fondamentalement très différents, et qu’actuellement, leurs projets de vie n’étaient pas réellement compatibles. De façon très pragmatique, Ignacio était conscient qu’ils se dirigeaient vers la fin de leur relation de façon inéluctable. Cela ne l’empêchait pas de ressentir une certaine nervosité à cette idée.

« Ecoute, Jo’… » commença-t-il en cherchant à la fois ses mots et le regard de sa partenaire. « Ce projet que tu as, ça a l’air important pour toi… » Du moins, c’était ce qu’il avait ressenti tout au long de son explication. « Mais moi, je suis pas sûr de vouloir en faire partie de cette façon. » Joséphine avait été franche et honnête avec lui ; il estimait pouvoir au moins lui rendre la pareille. « Enfin, tu sais que tu pourras toujours venir me voir si tu as besoin de quoique ce soit, » parce qu’au fond, Joséphine était aussi une bonne amie désormais, « mais ce qu’on a toi et moi… »

Ignacio s’interrompit sur la fin de sa phrase, plutôt incapable de qualifier justement cette relation qu’ils avaient entamé quelques mois auparavant. Il s’était sûrement trop attaché à Joséphine pour ne voir qu’en elle une simple amante ; en même temps, il n’avait jamais pris le temps d’interroger ses sentiments. Peut-être était-ce finalement pour le mieux.

« On n’est pas obligés d’arrêter de se voir tout de suite. » poursuivit-il finalement. « On peut attendre que tu sois, eh bien, enceinte. » Cette conversation avait des côtés surréalistes. « Et on verra après pour la suite, j’imagine. » Envisager une pause de neuf mois dans leur relation relativement récente n’était pas forcément la meilleure idée, Ignacio préférait qu’ils ne se promettent rien et qu’ils avisent plus tard. Une certaine curiosité – ou jalousie ? il ne savait pas trop – fit son apparition alors qu’il interrogeait à nouveau Joséphine. « Tu le connais bien, ce mec avec qui tu vas faire ça ? »


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 29 Mar 2021 - 13:41
Joséphine se contenta de hocher silencieusement la tête alors qu'Ignacio lui expliquait ne pas vouloir être impliqué malgré lui dans ce projet qu'elle avait décidé de mener, ce qui était parfaitement compréhensible. C'était exactement ce qu'elle s'était préparée à entendre et elle était d'ailleurs venue le voir dans l'optique de mettre fin à leur début de relation, pourtant son coeur se serrait à l'idée que c'était certainement la dernière fois qu'ils se voyaient tous les deux. Elle avait fait le choix de sacrifier ce qui aurait peut-être pu devenir une histoire d'amour et elle savait qu'elle ne pouvait blâmer personne d'autre qu'elle pour cette situation, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles.

Un léger sourire s'étira sur ses lèvres quand son amant affirma qu'elle pourrait toujours venir le trouver si elle avait besoin de quoi que ce soit et elle se sentit submergée par une vague d'affection pour celui qui était devenu un véritable ami ces dernières semaines. Elle espérait que, même s'ils ne partageraient plus les mêmes moments d'intimités, ils réussiraient à rester amis. Mais elle savait aussi que mêmes les meilleures intentions ne survivaient pas toujours au temps et aux aléas de la vie et elle craignait de voir Ignacio sortir définitivement de sa vie.

Elle hocha vivement la tête à sa proposition de ne pas arrêter de se voir tout de suite. Elle savait que ce n'était pas forcément la meilleure décision, que ce n'était que repousser l'échéance pour souffrir autant à la fin, mais elle ne pouvait pas résister à l'envie de profiter de ces quelques semaines avant que tout ne change.

"Oui, on peut attendre un peu, souffla-t-elle en cherchant son regard. Et on avisera ensuite."

Elle détesta aussitôt cette petite partie d'elle qui venait de se mettre à espérer que dans quatre semaines les choses puissent être différentes. Elle savait pertinemment que la situation serait la même, que leurs projets de vie ne seraient pas plus compatibles à la fin du mois, et pourtant une lueur d'espoir s'était réveillé au fond de son coeur, qu'elle n'arrivait pas à étouffer complètement.

Joséphine fut un peu étonnée par la question d'Ignacio, qui se montrait plus curieux qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle s'était plutôt attendue à ce qu'il veuille en savoir le moins possible sur ce projet qui venait de s'immiscer entre eux, mais était plutôt heureuse de pouvoir en parler avec quelqu'un en qui elle avait confiance, sans crainte d'être jugée.

"Je ne le connaissais pas trop au début, c'était un client des Folies, Angus Rice, précisa-t-elle au cas où le barman aurait déjà eu l'occasion de discuter avec lui. Un grand milicien, avec une barbe et des tatouages, qui s'est peut-être déjà plaint de l'absence de Kinness sur la carte ? ajouta-t-elle pour tenter d'éveiller un quelconque souvenir. On s'est revus quelques fois depuis, pour parler de tout ça, et ça a l'air d'être quelqu'un de bien. De sérieux, affirma-t-elle comme pour se rassurer elle-même. Il veut vraiment cet enfant."

C'était évidement sa plus grande crainte, qu'Angus réalise en cours de grossesse qu'il ne voulait pas de cet enfant, finalement. Ce n'était pas lui qui le portait, alors rien ne l'empêchait de disparaitre et de l'abandonner avec le bébé qu'il avait tant voulu. Que ferait-elle alors, ancienne prostituée enceinte et sans revenus ? Cette perspective l'avait beaucoup angoissé, au début, mais Angus avait l'air si investi dans ce projet qu'elle avait décidé de lui faire entièrement confiance. Elle espérait en pas s'être trompé.

"Je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé plus tôt, reprit-elle en réalisant qu'elle venait de révéler à Ignacio que ce projet était lancé depuis un certain temps. Mais je voulais être sûre, et je ne savais pas si...Si on était...Dans ce genre de relation."

Elle ponctua sa phrase d'un petit haussement d'épaules. Elle ne le savait toujours pas vraiment d'ailleurs, mais cela n'avait plus d'importance maintenant. Elle n'aurait bientôt plus à se poser la question.


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Tell me more [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 29 Mar 2021 - 14:59
« Aviser ensuite » ce n’était pas vraiment la manière de faire d’Ignacio, qui, en homme prévoyant, aimait bien savoir vers quoi il se dirigeait et de quelle manière. Au fond, lui soufflait une petite voix, il savait déjà vers quoi Joséphine et lui se dirigeaient : la fin de leur relation. Ils ne faisaient, finalement, que repousser l’échéance qui se dessinait devant eux, comme pour voler quelques moments supplémentaires auxquels ils aspiraient tous les deux. Ce n’était peut-être pas la meilleure idée à avoir – sûrement aurait-il mieux valu une rupture claire au moment où ils prenaient conscience que leur relation était vouée à s’arrêter dans quelques semaines – mais il était difficile d’y résister. Alors ils aviseraient ensuite ; Ignacio se rassurait en songeant qu’ils venaient tous les deux de nommer très précisément ce qu’ils voulaient – ou pas – et qu’à défaut de prendre une décision à effet immédiat, ils étaient au moins au courant de la position de l’autre.

Et celle de Joséphine, comme Ignacio l’avait deviné dans ses propos, était décidée depuis un certain temps. A la mention d’Angus Rice, le barman hocha la tête – il avait une excellente mémoire perceptive, puis les Veilleurs collaboraient étroitement avec la milice donc il avait déjà eu l’occasion de le croiser à quelques reprises – et nota également que la démarche entre Joséphine et lui semblait déjà bien entamée. Ce n’était pas foncièrement étonnant – sinon la conception n’aurait sûrement pas été prévue pour la fin du mois – mais Ignacio se demandait depuis combien de temps Joséphine vivait avec ce choix sans lui en parler. Son amante sembla suivre le même raisonnement que lui, puisqu’elle reprit leur échange en s’excusant. Elle voulait être sûre d’elle, disait-elle, et puis elle ne savait pas exactement s’ils entretenaient une relation qui supposait qu’il pourrait entrer en compte dans une telle décision.

A quelques discussions près, la situation aurait pu être bien différente.

« C’est rien Jo’, c’est ta vie. » répondit Ignacio en posant une main sur l’avant-bras de son amante. C’était sa vie et, comme elle l’avait souligné, ils ne partageaient pas une relation qui liait leurs existences. Aussi, il préféra – comme elle l’avait fait en haussant les épaules – ne pas s’attarder plus longtemps sur ce qu’aurait pu être leur relation et se concentrer simplement sur ce qu’elle était actuellement. « J’espère que ça se passera bien, avec Rice et… tout ça. » L’insémination, la grossesse, l’accouchement. D’une légère impulsion, il l’attira dans ses bras, jusqu’à ce que son dos repose partiellement contre son torse. En refermant ses bras autour d’elle, Ignacio songea que cette étreinte avait déjà un goût de fin.

« Tu veux rester ici cet après-midi ? Je commence à vingt heures. » proposa-t-il après un moment de silence.

Après tout, il fallait qu’ils commencent à profiter de leurs derniers instants.
RP TERMINE


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