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What to expect when you’re expecting [Ann]

Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeLun 5 Oct 2020 - 15:58
24 avril 2011 - Brooklyn, New-York

Mauvaise porte.

Ce n’était pas la salle de bains que cherchait Isobel mais Ann, leur hôtesse ce soir. Comme régulièrement depuis qu’ils étaient ensemble, Abel et Isobel revenaient passer quelques jours aux États-Unis, pour voir leurs familles et leurs amis. Elle aimait bien ce rythme. Cela lui permettait de voir la Nouvelle-Orléans à petites doses, tout en montrant aux prêtresses qu’elle faisait des efforts. De plus, cela lui avait permis de se rapprocher de ses amis qu’elle voyait moins depuis qu’elle avait quitté le pays. Le mariage de Jessica, sa meilleure amie, avait lieu le mois prochain, alors cette dernière était dans tous ses états... Mais ce soir, ce n’était pas avec Jess et son petit côté légèrement bridezilla qu’elle passait la soirée, mais avec le groupe d’amis d’Abel.

Comme elle, il avait conservé de la fac de Salisbury un petit groupe de copains. Isaac, évidemment, mais aussi Eva, Nelson et Connor, qui les accueillait ce soir. Au fil des années, ce groupe s’était étoffé de quelques conjoints - dont elle - et il continuait de se réunir plutôt régulièrement. Isobel les aimait bien. Connor était toujours très drôle, avec son humour un peu narquois et piquant, Eva était vive et passionnante à écouter, Nelson très sympathique. Passer du temps avec Isaac, c’était familier puisqu’il était le meilleur ami d’Abel... Elle appréciait également beaucoup Ann, la femme de Connor, qui avait en plus le mérite d’avoir fait la meilleure fac du pays - aka, la sienne, aka Salem. Elles s’envoyaient des fois des petites remarques de connivence au sein de cette petite bande de Salisburyens convaincus. Les soirées avec ces personnes étaient toujours agréables ; c’était aussi drôle de voir son petit-ami avec ses copains d’université, c’était une partie de lui qu’elle n’avait jamais pu connaître. En plus, ils avaient toujours quelques petites anecdotes savoureuses.

Comme toujours, la soirée allait bon train et Isy percevait du couloir une discussion enflammée qui s’était lancée dans le salon, sûrement encore un débat d’idées ou bien Connor qui avait encore piqué Isaac. Armée d’une petite assiette avec de quoi grignoter, et de deux verres qui lévitaient dans son sillon, elle était partie à la recherche d’Ann, qui s’était isolée quelques temps. Depuis trois mois maintenant, le petit groupe d’Abel s’était étoffé d’un nouveau membre, format miniature. Connor et Ann venaient d’avoir un bébé, qu’on avait pu entendre pleurer dans le baby-phone une dizaine de minutes auparavant. Sa mère s’était levée pour aller le nourrir et, comme elle ne revenait pas, Isy s’était dit qu’elle allait lui apporter à manger avant que cela ne soit froid.

La porte suivante fut la bonne. Elle n’osa pas taper au cas où le bébé se serait rendormi et se contenta de l’ouvrir tout doucement pour signaler sa présence.

-Heeeeey, lança-t-elle en chuchotant. Je t’ai apporté de quoi grignoter.

Elle avança sa tête dans l’entrebâillement de la porte, pour constater que le bébé ne semblait pas du tout endormi, et même, plutôt bien réveillé, gazouillant dans les bras de sa mère.

- Il fait la fête lui aussi ?


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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeLun 5 Oct 2020 - 18:01
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Ann Young, femme de Connor - meilleur ami d'Abel.

Il y avait dans cette scène maternelle une douceur touchante. Ann observait Caleb, les yeux brillants d’un amour qu’on ne pouvait pas expérimenter avant de tenir son enfant dans le creux de ses bras. Elle approcha doucement sa tête de la sienne pour effleurer son nez du sien, et le nouveau-né lui adressa un sourire et leva sa petite main pour agripper dans son poing les cheveux de sa mère, visiblement ravi de cette attention.

Ann avait quitté ses amis une quinzaine de minutes auparavant, lorsqu’ils avaient entendu des pleurs sur le babyphone. Elle avait échangé un regard avec Connor – qui avait sa tête du « j’y suis allé la dernière fois » (c’était vrai) – et elle s’était levée pour se diriger d’abord dans la cuisine, où elle avait fait réchauffer un biberon, puis vers la chambre de son fils, qu’elle avait trouvé en pleurs dans son lit. Elle l’avait pris dans ses bras, s’était installée sur ce large fauteuil à côté de son berceau et, bien rapidement, Caleb avait cessé de pleurer pour se dédier uniquement à l’acte de boire goulument son biberon.

Ann l’avait observé avec tendresse. A trois mois, elle aurait aimé pouvoir lui donner encore le sein comme elle l’avait fait depuis sa naissance, mais elle avait partiellement repris le travail quelques semaines auparavant et, depuis qu’il avait commencé à boire au biberon lorsqu’elle n’était pas là, Caleb refusait tout autre mode d’alimentation. Le médecin lui avait expliqué qu’il s’agissait d’une confusion sein-tétine, très commune aux alentours de trois mois, et lui avait conseillé de passer uniquement à une alimentation au biberon. La nouvelle l’avait brièvement déçu – d’autant plus que sa sœur aînée avait nourri ses trois enfants au sein pendant les six premiers mois de leur vie avant d’entamer leur diversification alimentaire – mais Ann n’avait pas tardé à percevoir l’immense avantage que cela lui offrait : Connor était désormais tout à fait apte à se lever la nuit pour aller nourrir leur fils – il était plus délicat de lui demander ça lorsqu’elle lui nourrissait uniquement au sein, elle en convenait volontiers.

Un grand sourire éclaira le visage de la jeune femme alors que Caleb se mettait à babiller gaiement, en agitant ses petites jambes. Il n’était absolument pas décidé à retourner se coucher, songea Ann en jetant un coup d’œil à la montre qui lui ornait le poignet. Pas question pour autant de le ramener dans le salon, où leurs amis devaient être en train de dîner : l’agitation risquerait de l’exciter encore plus, voire de le brusquer, et l’enfant encore ensommeillé risquerait de se mettre à pleurer.

Un mouvement sur sa gauche tira Ann de sa contemplation – ce qu’on ne lui avait pas dit, avant d’avoir un enfant, était le temps que les parents pouvaient passer à observer leur progéniture – et elle accueillit Isobel avec un sourire chaleureux, qui s’éclaira davantage à l’entente de ses propos.

« Ooohh, tu es merveilleuse. » fit Ann en louchant sur l’assiette qu’elle tenait entre ses mains.

D’un signe de la tête elle l’invita à entrer. Son commentaire lui tira un petit rire.

« Absolument. » approuva-t-elle avec un regard tendre pour son fils qui, curieux, tournait la tête vers l’origine de cette nouvelle voix qu’il ne connaissait pas. « Il a dû se dire qu'il n'y avait pas de raison pour qu'il ne participe pas à un peu. » lança-t-elle avec un sourire, en caressant doucement les cheveux noirs de Caleb.

Ann releva la tête vers Isobel, qui s’était avancée dans la chambre.

« Si tu veux, tu peux rester un peu ici. » proposa Ann en lui désignant du menton une chaise qui était installée à sa gauche. « Histoire de rester en bonne compagnie. » Sous-entendu : les personnes qui savaient choisir correctement leur université.
Isobel Lavespère
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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeLun 5 Oct 2020 - 19:45
Isobel fut plutôt rassurée de voir que Ann l’accueillait - elle et son assiette d’offrandes - avec un sourire. Elle avait craint de la déranger dans un moment un peu intime, peut-être qu’elle donnait le sein à son bébé ou autre chose. Après tout, même si elles s’entendaient plutôt bien, elles n’étaient pas vraiment intimes. Mais Ann était quelqu’un de plutôt chaleureux de nature - c’était sûrement comme cela qu’elle supportait l’humour un peu cynique de son mari - et elle semblait sincèrement contente de la voir. Isy fit donc quelques pas dans la chambre, suivie de son propre verre de vin (ah, peut-être pas le meilleur truc à amener dans la chambre d’un bébé) et de celui que Ann avait abandonné à table tout à l’heure.

Le bébé avait tourné la tête vers elle en entendant sa voix et la regardait de ses grands yeux. Isobel lui fit un petit sourire en coin. « Coucou » lança-t-elle, parce que ce n’était pas parce que c’était un bébé qu’il ne fallait pas être poli avec lui. Il était bien confortablement installé dans les bras de sa mère, qui lui caressait la tête. Ann l’invita à s’assoir et Isy eut un instant d’hésitation. Elle ne voulait pas interrompre leur intimité, ou déranger, mais si Ann lui proposait... C’est sûrement que cela ne la dérangeait pas. Aussi s’assit-elle sur la chaise qui lui était désignée, promenant un regard un peu curieux sur la pièce aux couleurs douces. Sa petite plaisanterie la fit rire et elle reporta son attention sur elle.

- Entre personnes de qualité, je dirais même. Plus qu’à faire de la propagande pour ton fils et hop.

Elle attrapa son verre qui lévitait toujours pour le poser à coté de sa chaise, sur le parquet, après en avoir pris une gorgée. Un instant de silence s’étira dans la pièce, uniquement troublé par les petits gazouillis du bébé, qui la regardait toujours. Visiblement, rencontrer une nouvelle personne était plus intéressant que de dormir... Isobel réalisa à cet instant que c’était plutôt une bonne configuration pour avoir une discussion avec Ann.

Cela faisait un mois qu’Abel et elle avaient eu la Grande Discussion sur le fait d’avoir un enfant ou non. Il en voulait, elle ne savait pas trop et elle avait donc promis de travailler sur les blocages qu’elle avait pour voir si cela l’emmenait quelque part. Comme elle ne savait pas trop où commencer, comme il n’y avait pas de cours du soir « Maternité 101 », elle avait acheté deux livres sur la question. Un qui explorait les racines du désir d’enfant d’un point de vue féministe et l’autre qui abordait toute la portée psychologique et physiologique de la grossesse et du fait de devenir mère. Elle avançait plutôt bien dans le second qui était véritablement intéressant et offrait des pistes de réflexion auxquelles elle n’avait jamais pensées. En plus, il présentait les choses de manière positive même si pas édulcorées donc cela lui faisait du bien à lire. Dans le même temps, elle avait également acquis un ouvrage sur les mères toxiques (qu’elle n’osait pas encore ouvrir) et un petit dernier pour Abel, intitulé « Ils vécurent heureux et n’eurent pas d’enfants. » Hé, elle n’était pas la seule qui pouvait réfléchir.

Mais même si ces livres étaient véritablement intéressants, elle n’avait pas eu l’occasion de discuter de cela avec d’autres personnes qu’Abel. Parmi ses amies proches, aucune n’était mère et elles ne voulaient d’ailleurs pas toutes l’être. Jessica voulait un bébé après son mariage mais elle l’avait toujours su, elle en parlait déjà à la fac, et avait l’air de dire que c’était une évidence si on était une femme, comme une sorte de code déjà bien ancré dans les gènes. Isobel n’en n’était pas persuadée. Ann, elle, était une toute jeune mère... Sûrement une bonne personne pour discuter de cela. Un peu hésitante sur comment aborder la question, Isy se jeta à l’eau.

- Tout se passe bien avec euh, tout ça ? Le bébé ? Réalisant qu’elle était un peu maladroite, elle tenta de corriger. Ça te plaît ? D’avoir un bébé ?


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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeSam 10 Oct 2020 - 19:24
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Ann Young, femme de Connor - meilleur ami d'Abel.

Ann connaissait Isobel depuis quelques temps maintenant, et les deux jeunes femmes avaient rapidement noué une relation amicale – déjà parce qu’elles avaient plusieurs points communs, ensuite parce qu’elles avaient toutes les deux fréquentés la même université. Connor, Abel, Nelson et Eva avaient tous fait leurs études à Salisbury – un choix hautement discutable – tandis qu’Isobel et Ann avaient toutes les deux eu le bon goût de s’éduquer dans la meilleure université américaine. Forcément, cela créait des liens. Elles se voyaient de temps en temps, lorsqu’Abel revenait d’Angleterre pour quelques jours avec Isobel, et Ann avait toujours apprécié ces moments passés en leur compagnie.

« Alors là, moi vivante, il est hors de question que mon fils mette un pied à Salisbury. » indiqua Ann en coulant un regard attention vers le nourrisson, qui agitait ses mains vers elle. « Tu as meilleur goût que ça, non ? » Caleb lâcha un babillement joyeux. « C’est bien ce que je me disais. » Les enfants prenaient formidablement bien parti lorsqu’ils ne parlaient pas encore.

Ann laissa Isobel prendre place à côté d’elle et nota avec un sourire à quel point Caleb semblait fasciné par cette nouvelle personne dans sa chambre. Il ne la quittait pas des yeux et la dévisageait avec un intérêt adorable – normalement, le terme « intérêt » était relativement neutre mais vraiment, les enfants avaient une manière d’être curieux de façon absolument mignonne, Ann l’avait découvert depuis la naissance de son fils. Elle se refusait à être une mère qui partageait l’intégralité de la vie de chérubin à tous ses proches – notamment parce qu’elle mettait sa main à couper que la plupart d’entre eux se fichaient éperdument de son gain de poids du troisième trimestre – mais elle ne pouvait pas non plus réfréner ces élans de tendresse évidents. Parfois, Connor se moquait d’elle parce qu’elle s’extasiait sur le fait que Caleb parvenait déjà à rouler pour se mettre sur le ventre, mais elle savait très bien qu’il en tirait une fierté tout à fait similaire, parce qu’elle l’avait surpris à le filmer quelques jours plus tôt. « Tu roules sur le côté pour papa ? » demandait-il en tenant son Pear au niveau du sol, alors que Caleb était allongé sur son tapis d’éveil. « Regarde, hop, on se met sur le côté et on roule. » Il avait mimé le geste. Evidemment, Ann aussi l’avait filmé.

Tout cela pour dire que Caleb faisait des actions normalement neutres d’une façon absolument adorable, comme le fait de dévisager Isobel de ses grands yeux clairs, et d’agiter la main vers ses longs cheveux bruns qui étaient heureusement trop loin de lui pour qu’il puisse s’en saisir. Et étonnement, Isobel semblait elle aussi faire preuve de curiosité vis-à-vis de Caleb, mais qu’elle formula différemment, ce qui tira un sourire à Ann.

« Tout dépend de quand je dois répondre à cette question. Là immédiatement je vais te dire que c’est un des plus grands bonheurs de ma vie, mais repose-moi la question à quatre heures du matin quand il pleure depuis deux heures, et ma réponse sera peut-être différente. »

Oui parce que les manuels sur la parentalité n’évoquaient que rarement les effets douloureux de la privation de sommeil.

Mais un regard vers Caleb gonfla son cœur d’une habituelle joie, et Ann se corrigea avec un sourire :

« Mais disons que les moments comme ceux-là compensent largement les autres. »

Ann coula un regard curieux vers Isobel, et lui demanda, après un instant de silence :

« C’est une chose à laquelle tu penses ? D’avoir un enfant ? »
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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeSam 10 Oct 2020 - 22:01
Isobel eut un sourire amusé lorsque Ann affirma que son fils ne mettrait jamais un pied à Salisbury. Elle serait curieuse d’entendre ce que son père avait à dire à ce sujet. Sûrement qu’il imaginait déjà son petit garçon marcher sur ses pas. En tout cas, Caleb était un bébé qui semblait fasciné par ce que disait sa mère. Il s’agitait et babillait lorsqu’elle s’adressait à lui : il s’empressa d’ailleurs de valider les propos d’Ann, ce qui fit rire Isy. C’était un bébé mignon, il est vrai. Son arrivée dans sa chambre semblait d’ailleurs beaucoup l’intéresser : il avait tourné la tête vers elle lorsqu’elle s’était assise et ne la lâchait plus du regard. Il agitait ses petites mains vers elle, comme s’il désirait attraper quelque chose. Elle lui fit un sourire. Il lui en fit un aussi et babilla quelque chose. C’était attendrissant les bébés si petits comme cela, elle ne pouvait pas dire le contraire. Caleb était particulièrement mignon en plus, avec des joues toutes rondes et sa bonne bouille. Elle n’avait rien contre les enfants, de toute manière mais est-ce que c’était assez pour en avoir un ? Cette question la taraudait véritablement.

Elle ne savait pas si Ann pouvait lui apporter les réponses qu’elle cherchait mais en tout cas, elle ne sembla pas offusquée par ses questionnements. Elle eut un sourire et répondit avec humour que cela dépendait de l’heure. Il est vrai que le manque de sommeil et la fatigue avaient été dans la liste des « contre » évoquée face à Abel. Elle n’était pas une très grande dormeuse pourtant, elle pouvait se satisfaire de six ou sept heures sans souci et sans fatiguer mais tout de même. Elle était contente quand cela arrivait d’une tranche, sans être réveillée par des pleurs. Quant elle avait eu Sorbier, il était encore un petit chaton qui n’était pas sevré. Elle l’avait trouvé dans le local poubelle de son immeuble, tout faiblard. Alors elle l’avait nourri au biberon, toutes les deux heures, pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce qu’il soit assez grand et fort. Mais cela avait été pendant des semaines, pas des mois... Quant à Abel, lui, il avait besoin de beaucoup de sommeil. Il vivait mal d’être réveillé et était grognon quand il n’avait pas son quota de temps passé au lit. Alors avec un bébé... Elle n’imaginait pas l’état dans lequel il serait. Pour autant, elle ne pouvait pas complètement faire la sourde oreille à ce que disait Ann. Avoir son bébé était aussi l’un des plus grands bonheurs de sa vie... En tout cas, elle regardait son petit Caleb avec beaucoup d’amour, cela crevait les yeux. Selon elle, cela compensait le manque de sommeil et les difficultés. Ce n’était pas la première fois qu’elle entendait ce discours.

Un temps de silence s’écoula entre elles, uniquement troublé par les petits bruits de Caleb, qui tentait visiblement d’attraper son pied avec beaucoup d’ardeur. La question d’Ann fut plutôt logique, mais Isy eut un instant de gêne, gigotant légèrement sur sa chaise. Elle prit son temps pour répondre. Elle ne devrait pas être mal à l’aise, elle se sentait plutôt bien en présence d’Ann.

- Et bien... Abel et moi, nous en discutons, avoua-t-elle, les joues un peu rouges. Je veux bien que tu gardes ça pour toi, si tu peux... Elle ne souhaitait pas forcément que tous les amis d’Abel discutent de ce sujet. Il en a très envie, confessa-t-elle, moi, je ne sais pas. Ça me fait peur, en fait, ça me semble très contraignant et... Je ne sais pas si j’aimerais ça, d’être maman.

Elle n’osa pas évoquer le fait qu’elle ignorait si elle aimerait son bébé. 


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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 18:35
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Ann Young, femme de Connor - meilleur ami d'Abel.

La question d’Ann, pourtant très indiscrète, avait été posée sans une once de curiosité mal placée. La jeune mère attendit patiemment que son amie réponde, sans chercher à troubler le silence qui s’était installé entre elle. Pour l’avoir vécu quelques mois plus tôt, elle savait à quel point les questions qui concernaient la maternité pouvaient être délicates, et Ann ne souhaitait pas faire subir à Isobel ce qu’elle avait vécu avec sa sœur aînée : un interrogatoire brutal, indiscret, pendant lequel elle s’était brusquement sentie indigne d’émettre le désir de devenir mère.

Lorsque, finalement, Isobel consentit à répondre à sa question, Ann hocha la tête. « Je ne dirais rien. » lui assura-t-elle, parce que cette information ne lui appartenait pas.

Et souvent, beaucoup ne s’apercevaient pas de la pression qu’on faisait subir aux femmes à disséquer leurs envies de maternité sur place publique, les dépossédant ainsi d’une large part de leur intimité. Ann avait toujours détesté les « et vous, c’est pour quand les enfants ? » particulièrement horripilant. Si elle s’était permise de poser la question à Isobel, c’était parce qu’elle avait senti que ses interrogations ouvraient la porte sur ce désir – ou ce non-désir – qu’elle n’avait pas formulé jusqu’ici.  

Et à raison ; si Abel avait envie de fonder une famille, Isobel, elle, n’était pas certaine de vouloir endosser le rôle de mère. Ann lui renvoya un petit sourire compréhensif lorsque cette dernière mentionna les contraintes inhérentes aux obligations parentales qui apparaissaient avec l’arrivée d’un bébé. Le positionnement d’Isobel lui rappelait un peu le sien, ainsi que les nombreuses questions qu’elle s’était posée avant d’accepter pleinement son désir d’enfant.

« Je vois très bien ce que tu veux dire. » affirma Ann en faisant glisser son doigt dans la petite main de son fils, qui se resserra immédiatement autour. Elle eut une petite hésitation, avant de poursuivre : « Il y a quelques années, quand la question des enfants s’est posée entre Connor et moi, j’étais assez certaine d’en vouloir. Je viens d’une famille assez nombreuse, ça me paraissait être dans l’ordre des choses. J’en ai parlé à ma sœur aînée, puisqu’elle avait déjà deux enfants, je me disais qu’elle aurait peut-être des conseils à me donner… » Ann haussa les épaules. « Ça a été une discussion très étrange. Ma sœur me vantait toutes les merveilles de la grossesse, et, plus elle parlait, plus j’y voyais des inconvénients. Elle m’expliquait qu’avec le travail de Connor, je pourrais arrêter mes activités professionnelles pour m’occuper du bébé sans avoir à m’inquiéter de l’argent, enfin, tu vois le genre. Et tout ça, eh bien, ça m’a fait largement reconsidérer la question. »

Ann offrit un demi-sourire à Isobel. Elle était consultante en stratégie au sein d’entreprises et de fonds d’investissement depuis plusieurs années maintenant et elle adorait son métier, ce n’était une surprise pour personne. Ann avait toujours été une personne assez carriériste, le genre à s’épanouir dans son travail alors l’idée de devoir y renoncer pour devenir une femme au foyer lui paraissait inconcevable.

« Tout arrêter pour avoir un enfant, ça me paraissait inconcevable. J’adore ma vie, j’aime mon travail, mon cours de yoga du mercredi soir, les apéros avec mes collègues. Je ne voyais pas vraiment comment un enfant pour s’immiscer dans mon quotidien et puis… Je ne me sentais plus vraiment légitime à en avoir un. Après tout, quel genre de mère je ferais si je n’étais pas capable d’envisager le moindre sacrifice pour mon enfant ? »

Ann glissa un regard tendre vers ledit enfant, tout à fait calme dans ses bras.

« Et puis, je ne croyais pas les livres tout roses qui me disaient que le seul bonheur d’une femme était devenir mère. » confessa-t-elle dans un souffle. « Ni ceux qui m’expliquaient que la grossesse et l’accouchement seraient les plus beaux moments de ma vie. Ma théorie est que ceux qui ont écrit ça n’ont jamais mis les pieds dans un spa. » fit Ann avec un sourire amusé.
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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeDim 18 Oct 2020 - 18:35
La révélation d’Ann, sur le fait qu’elle ait toujours voulu des enfants, que c’était dans l’ordre des choses, mit Isobel quelque peu mal à l’aise. Voilà. C’était justement ça qui semblait manquer à son système, ce désir pressant, cette évidence que tant d’autres femmes semblaient avoir. Pourquoi pas elle ? Elle aurait bien voulu, dans le fond. Cela aurait été plus simple. Avoir cet espèce d’instinct qui lui donnait envie d’avoir son propre bébé. Après tout, pourquoi pas ? Elle avait un petit-ami aimant, présent, impliqué dans leur vie, qui voulait juste continuer de construire avec elle et qui serait sûrement un père formidable. Pourquoi est-ce qu’elle n’y arrivait pas ? Elle restait là, terrifiée par cette idée vertigineuse de la maternité. Elle n’avait pas non plus de certitude dans l’autre sens. Elle n’était pas certaine à 100 % de ne pas en vouloir, de ne pas en avoir envie. Même si sa balance avait longtemps penché vers le « non », elle n’avait jamais été parfaitement certaine et tranquille dans son choix comme pouvaient l’être d’autres femmes. Certaines ne voulaient simplement pas d’enfants car ce projet de vie ne leur plaisait pas particulièrement, mais elles ne semblaient pas terrifiées par le sujet au point d’en avoir l’estomac retourné et le coeur qui s’emballe. Qu’est-ce qui clochait chez elle ?

Heureusement, le discours d’Ann ne s’arrêta pas sur un traditionnel « instinct maternel », idée qui mettait Isobel dans tous ses états. Ce qui était une évidence pour elle au début s’était transformé au fil de ses discussions, notamment avec sa soeur. Effectivement, il n’était pas vraiment dans le style d’Ann de cesser de travailler pour juste rester au foyer à s’occuper de leur bébé. Elle parlait toujours avec passion de son boulot et semblait être une femme indépendante, qui n’avait pas vraiment envie de dépendre uniquement de son mari. Alors lorsqu’elle commença à dire qu’arrêter toute sa vie pour un bébé lui semblait inconcevable, Isobel hocha la tête à plusieurs reprises parce qu’elle se retrouvait en partie dans ses propos. Elle aussi elle aimait sa vie, son travail, ses soirées tranquilles avec Abel, ses sorties avec ses amis, ses cours de danse, leurs week-end impromptus en amoureux... Un bébé semblait incompatible avec tout cela. Et avant qu’il soit indépendant, quasiment vingt ans allaient s’écouler et dans vingt-ans, elle aurait plus de cinquante ans... Cela faisait un peu tard pour reprendre le déroulement normal de son existence.

Sa dernière plaisanterie tira un petit sourire à Isobel, même si elle se sentait encore nerveuse. La grossesse et l’accouchement semblaient deux choses assez terrifiantes. La grossesse, encore, bon... Même si elle avait peur des dommages sur son corps. Mais l’accouchement ? Mais quel concept barbare. On aurait pu imaginer que l’humain... Elle ne savait pas, ponde des petits oeufs ? Des petits, qui grandissaient après. Pas un être humain de trois ou quatre kilos.

- Ma théorie est que la plupart de ces livres sont écrits par des hommes, rétorqua Isy, même si elle n’avait aucune idée des statistiques. Tu es quand même censée sortir un autre être vivant de ton corps. C’est horrible.

Elle baissa les yeux sur Caleb, tout calme dans les bras de sa maman. Il lui adressa un sourire, accompagné d’un petit babillement.

- Ne le prends pas personnellement, bébé.  

Mais le petit bonhomme ne semblait pas vexé : il continuait de la fixer en lui faisant des sourires. Il était la preuve vivante que, de un, on survivait à l’accouchement, et que, de deux, Ann avait bien fini par changer d’avis, malgré tout ce qui lui faisait peur et le chamboulement de son mode de vie.

- Qu’est-ce qui t’a décidée à le faire, du coup ?


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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeJeu 22 Oct 2020 - 11:08
La remarque d’Isobel arracha un rire à Ann qui l’approuva d’un hochement de tête. En effet, le secret de ce « bonheur de la maternité » - ou pire, le « bonheur de l’accouchement » - résidait dans le fait qu’il était sûrement transmis aux femmes par des hommes qui, de toute évidence, n’avait jamais vécu une telle expérience. Qu’on se le dise ; Ann avait vécu un accouchement qui, objectivement, ne s’était pas mal passé. Elle n’avait pas eu de complications et Caleb avait été un nouveau-né en bonne santé. Pour autant, irait-elle jusqu’à vanter ce moment à ses amies qui attendait un enfant ou faisait le vœu d’en avoir un ? Non. Jamais. La mascarade devait cesser : l’accouchement n’était pas forcément un « merveilleux moment de communion ». C’était long et douloureux.

A vrai dire, l’accouchement avait été l’une de ses préoccupations majeures pendant les neuf mois de sa grossesse – et même avant. Parce qu’elle avait ce besoin de contrôle pour se rassurer, Ann avait participé à beaucoup – vraiment beaucoup – d’ateliers de préparation à l’accouchement où elle avait traîné un Connor ravi – qui cachait son anxiété sous un humour grinçant. Elle-même n’était pas particulièrement à l’aise dans ce rassemblement de femmes enceintes jusqu’aux yeux, qui semblaient respirer une joie de vivre qu’elle peinait à trouver dans son état.

Le petit commentaire d’Isobel pour Caleb tira à ce dernier un peu babillement, tandis qu’Ann souriait doucement, un peu songeuse. La question de la jeune femme la ramenait à des considérations très personnelles et, si cela ne la dérangeait pas d’en parler, elle souhaitait le faire avec justesse, consciente que cette interrogation n’était pas seulement teintée de curiosité mais d’un réel besoin de comprendre son cheminement de pensée.

« Je crois que j’ai déconstruit, petit à petit, tout ce qu’on m’avait dit – et surtout tout ce que je m’étais imaginée – sur la maternité. » finit par répondre Ann en croisant le regard d’Isobel. « Pendant longtemps, je suis restée bloquée dans un schéma qu’on m’avait inculqué et qui était totalement incompatible avec mon mode de vie. Et comment je pouvais imaginer devenir mère si je ne voulais pas renoncer au temps que je passais seule, à mon travail, à mes loisirs ? Ça me paraissait inconcevable, comme si être une bonne mère était synonyme, pour moi, de sacrifices perpétuels et de contraintes. Et vraiment, quand tu imagines la maternité comme ça, ça donne simplement envie d’adopter un chat. » plaisanta-t-elle avec un sourire en coin. « On en a beaucoup parlé, Connor et moi. Un jour, on a décidé de dresser la liste de tous les sacrifices qu’on imaginait devoir faire si on avait un bébé ensemble, et on a essayé de définir lesquels on se sentait prêts à faire et comment on pouvait remédier aux autres. » Ann baissa les yeux sur son fils, et laisser passer un petit temps de silence avant de reprendre : « J’ai pris un congé maternité de trois mois après la naissance de Caleb. Quand j’ai voulu reprendre le travail, j’ai négocié avec mes employeurs un 80% pour les six prochains mois, et on a embauché une nourrice. Elle venait déjà un peu les premiers mois, pour me relayer quand j’en avais besoin. » Et cela avait été une vraie source d’apaisement pour elle. « Et Connor a réduit ses heures de travail, il rentre plus tôt… »

Ann changea Caleb de position – son bras gauche étant fatigué par le poids de l’enfant qui s’y reposait complètement – et adressa un sourire à Isobel.

« On a arrêté de vouloir coller à ce qu’on pensait être la parentalité parfaite, et je crois que c’est ça qui m’a vraiment décidé. »

Finalement, après un temps de silence qui trahissait son hésitation, elle demanda :

« Qu’est-ce qui te fait peur, au juste, dans le fait de potentiellement devenir mère ? »
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeVen 23 Oct 2020 - 23:33
Ann se livrait plutôt facilement sur ce sujet, alors qu’on aurait pu imaginer qu’il était plutôt intime. Isobel lui en était plutôt reconnaissante. C’était assez simple de discuter de tout cela avec elle et c’était surtout intéressant puisqu’elle était une jeune mère, qui avait visiblement eu des questionnements avant de sauter le pas. Ce n’était pas aussi facile d’en parler avec Jessica, sa meilleure amie, par exemple, qui lui disait juste que « Ça viendrait. » Quoi ? Une épiphanie ? Une montée d’hormones qui pourrait anéantir tout son raisonnement ? Cela semblait assez peu logique aux yeux d’Isobel. Quant à ses amies qui ne voulaient pas de bébé et bien elles ne pouvaient pas vraiment l’aider avec leurs témoignages. Elle hocha la tête lorsque Ann lui signifia qu’elle avait commencé par déconstruire ses attentes et idées sur la maternité. C’est vrai que c’était un sujet auquel les femmes étaient énormément confrontées, tout le temps, ne serait-ce qu’avec les questions « Alors, le bébé, c’est pour quand ? » dès qu’elles dépassaient les vingt-cinq ans ou étaient dans une relation qui duraient un peu. Cela avait toujours agacé Isobel. En quoi est-ce que cela concernait les gens ? Qu’elle ait un bébé ou pas, cela n’allait pas changer leur vie. C’était elle qui allait devoir assumer cette décision, c’était un projet qui ne concernait qu’un couple. Est-ce qu’on embêtait les hommes avec ce genre de questions ? Et même, est-ce qu’elle allait voir d’autres couples pour leur demander des choses comme cela sur leurs projets de vie ? « Alors, la déclaration conjointe de revenus c’est pour quand ? » Non mais.

Et puis surtout, elle en voyait des articles, dans les magasines féminins notamment voire même ailleurs, sur la maternité, tout le temps, comme si c’était le truc à faire pour devenir adulte, voire pire « une vraie femme. » Cela l’insupportait. Qu’elle ait un bébé ou pas, elle se considérait comme une adulte accomplie et elle n’avait pas l’impression qu’elle était censée réussir un examen de passage portant sur la mise en marche de ses ovaires. Et même pour celles qui se décidaient, elle avait l’impression que tout le monde avait encore un avis à donner. Depuis qu’elle réfléchissait à ce projet de devenir parent, elle avait consulté de nombreux ouvrages sur la maternité et elle en ressortait un peu perturbée. Il fallait allaiter, mais pas trop longtemps, cesser de travailler, mais pas trop longtemps, être très maternante, mais surtout pas trop, laisser sa place au papa, mais sans trop lui imposer et surtout, envisager le deuxième alors que le premier était à peine là. Autant dire qu’elle s’était empressée de refermer ce livre-là pour ne jamais le rouvrir. Trop angoissant. La veille encore, Abel et elle étaient passés à la Nouvelle-Orléans pour faire coucou à leurs familles respectives. Elle avait été un peu plus attentive que d’habitude à ses cousines qui étaient mères et elle n’avait pas pu s’empêcher de remarquer que ses tantes leur faisaient souvent des remarques, surtout à celles qui avaient des enfants encore petits. « Attention, il va tomber. » « Il n’a pas froid habillé comme cela ? » « Ah tu ne lui mets pas de chaussettes ? » « Ah bah forcément si tu accours comme ça dès qu’elle pleure, elle va prendre de mauvaises habitudes. » Cela l’avait stressée tout autant, elle avait bu un mojito comme pour conjurer le sort. L’idée d’avoir un bébé était déjà super stressante, alors s’il fallait en plus gérer tout le reste du monde...

Ann et Connor, eux, semblaient être parvenus à dépasser ce stade. Elle trouvait leur idée de dresser une liste des sacrifices qu’ils ne voulaient pas faire plutôt intéressante. C’était un peu comme la liste des pour et des contres qu’ils avaient fait avec Abel, en un peu plus poussé. Peut-être qu’elle aussi, elle devrait réfléchir à ce qu’elle ne voulait pas perdre, pour voir s’ils pouvaient mettre des choses en place ou si avoir un bébé contrariait trop ce qu’elle aimait faire. Évidemment, il y allait avoir des contraintes, mais peut-être moins qu’elle ne l’imaginait. Il faut dire que grâce à sa propre mère, elle n’avait pas une idée très positive de la chose... Bon, avec ses recherches, elle avait commencé à se dire que effectivement, tout le monde ne le vivait pas comme Sophie Lavespère. Ann semblait aller plutôt bien. Joséphine, tiens - pour une fois qu’elle la prenait en exemple - avait deux enfants et menait une vie qui semblait plutôt épanouie, même si elle était toujours fauchée. Elle était même repartie pour un tour... Mais ça, c’était une autre question à traiter. Tout cela pour dire que certaines femmes semblaient trouver un rythme qui les... épanouissait. Ann semblait épanouie. Elle avait repris le travail mais passait du temps avec son bébé, sûrement parce qu’elle en avait envie. Connor aussi. Ils avaient une nounou quand ils avaient besoin. Isy se demanda fugacement si elle pouvait avoir une nounou tout le temps pour tous les trucs pénibles. Et comme ça, elle ne gardait que les câlins avec le bébé et faire des jeux avec lui.

- Tu as l’air bien en tout cas, commenta Isobel avec un léger sourire. Et lui aussi, tout semble rouler...

Caleb avait effectivement l’air repu et bienheureux dans les bras de sa mère. Sa question la fit rire doucement et elle secoua la tête.

- Ouh là, tu as une heure devant toi ?

Et encore.

- J’ai peur de... plein de choses. D’abord j’ai peur des contraintes. D’être coincée à la maison tout le temps, de ne plus pouvoir sortir, faire des choses... J’ai peur aussi que ça fiche notre couple en l’air. J’ai peur que toute la charge retombe sur moi et que je finisse par lui crier dessus parce qu’il ne se réveille pas la nuit. Rien ne le réveille tu sais, un hippogriffe pourrait rentrer dans la pièce qu’il finirait ses huit heures de sommeil. Alors un petit truc de quatre kilos... Et je parle évidemment d’Abel, pas du bébé.

Elle remit nerveusement une mèche de ses longs cheveux derrière son oreille.

- Et puis je crois que dans le fond, j’ai peur de ne pas l’aimer correctement. Soit parce que c’est trop de contraintes soit parce que... je ne suis pas douée à ça.


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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeSam 31 Oct 2020 - 13:31
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Ann Young, femme de Connor - meilleur ami d'Abel.


« Largement. » Elle consulta sa montre, « ça nous permettra de rater l’éternel débat « Salisbury versus Salem » et mon couple ne s’en portera que mieux. »

A vrai dire, Ann sentait bien qu’Isobel s’ouvrait à elle sur un sujet particulièrement sensible, qu’elle ne devait pas aborder avec beaucoup de monde. « Je veux bien que tu gardes ça pour toi » lui avait-elle dit d’emblée, ce qu’Ann avait évidemment compris mais qui lui permettait aussi de penser que les peurs qui se dessinaient sous les propos d’Isobel étaient, pour l’instant, très secrètes. Alors, en restant silencieuse, Ann s’appuya contre le dossier de son fauteuil et tourna vers Isobel un regard pensif alors que cette dernière lui dévoilait toutes les craintes qu’elle alimentait dans sa réflexion.

Ann la comprenait ; devenir mère était effrayant. Tout ce que pointait Isobel était, de fait légitime : les contraintes existaient, de répercussions sur la vie de couple pouvaient survenir – elle-même avait traversé avec Connor des disputes particulièrement houleuses depuis l’arrivée de Caleb. Parce qu’elle était exténuée parfois, parce qu’elle ne comprenait pas toujours pourquoi son fils pleurait et que cela lui donnait l’impression d’être une mère indigne, parce qu’elle était frustrée de ne pas toujours savoir comment répondre à ses besoins et, que de temps en temps, ses nerfs se déversaient sur son mari. Ils se disputaient la plupart du temps pour des détails insignifiants, des corvées qui n’avaient pas été faites en temps et en heure et qui, dans l’organisation sensible d’une maison qui accueillait un nouveau-né, prenaient tout de suite une ampleur incroyable. Parfois, ils se retrouvaient tous les deux, après une longue journée, tendus et vexés pour des raisons qui, souvent, n’avaient plus beaucoup de sens après quelques heures. Connor plaisantait, Ann souriait, ils s’embrassaient et, le lendemain, les choses s’étaient apaisées.

Parce que ces contraintes, ces contrariétés – qui existaient, Ann ne pouvait pas le nier – n’étaient pas les seules à être générer par l’arrivée d’un enfant dans une famille. Parfois, Ann observait Connor bercer leur fils et ne pouvait qualifier cette joie qu’elle sentait émaner d’elle, ce bonheur évident qui se lisait aussi sur le visage de son époux. Parfois, des fous-rires les saisissaient tous les deux – les enfants étant souvent drôles malgré eux dans les premières années de leur vie. Parfois elle se sentait fière elle, fière d’eux, quand elle regardait son fils découvrir le monde avec ses grands yeux dans le cadre sécurisant qu’ils lui offraient.

Cependant, le dernier point du discours d’Isobel interpella Ann, qui n’avait pas décelé dans ses autres paroles cette peur de ne pas réussir à aimer suffisamment son enfant pour s’en occuper correctement. Elle prit un petit temps pour répondre, comme pour peser ses mots.

« Tu sais, je ne sais pas trop si on peut dire qu’on aime « correctement » ou pas un enfant. » commença Ann, songeuse. « On l’aime et, au fond, je crois que c’est ce qui constitue le principal de notre rôle de parent. On aime son enfant et on lui offre le cadre le plus sécurisant possible pour grandir, le reste s’arrange tout seul. Bien sûr, » ajouta-t-elle ensuite en accrochant le regard d’Isobel, « qu’il y a des personnes qui ont des enfants et qui ne parviennent pas à s’en occuper mais… Mais tu vois, je trouve que déjà, le fait que tu te poses ces questions, que tu réfléchisses à ce que « devenir mère » implique dans la vie d’une femme, le fait que tu parles de cet amour qui lie un parent à son bébé, c’est aussi le signe que tu es capable d’avoir une réflexion réfléchie à ce sujet. Et quand tu disais que tu ne savais pas si tu étais « douée à ça » eh bien je trouve que justement, ta réflexion prouve le contraire. Moi, de ce que j’entends, je te trouve tout à fait capable d’aimer ton enfant. » souffla Ann, avant de reprendre : « Mais je ne dis pas que tu en as envie, ça, c’est une chose parfaitement différente et très personnelle. On peut ne pas avoir envie d’avoir un enfant pour des millions de raisons qui sont toutes parfaitement légitimes. Par contre, se sentir illégitime à avoir un enfant ça, c’est encore une chose différente. Et, crois-moi, » conclut Ann avec un petit rire, « personne ne se « sent doué pour ça » avant de devenir parent. »

Un petit silence suivit ses propos, avant qu’elle ne reprenne, en soulevant Caleb de ses genoux :

« On peut encore rester ici une heure si tu veux, mais est-ce que ça te dérangerait de prendre Caleb ? Je meurs de faim. » avoua-t-elle en louchant sur l’assiette qu’Isobel lui avait rapporté. « En plus, j’ai l’impression que tu le fascines. » souffla-t-elle avec un petit regard pour son bébé qui contemplait Isobel en tendant ses petites mains vers elle.

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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeDim 8 Nov 2020 - 21:01
Isobel savait que la plupart de ses objections avaient des solutions, Abel le faisait très bien à chaque fois qu’ils discutaient de leur éventuelle parentalité à venir. Quand elle disait qu’elle avait peur d’être sans cesse coincée à la maison, il lui disait qu’ils avaient les moyens d’embaucher une baby-sitter à chaque fois qu’ils le désiraient. Quand elle exprimait qu’elle avait peur pour leur couple, il lui rappelait à quel point ils s’aimaient et qu’ils pourraient faire attention. Quand elle disait qu’elle avait peur pour sa silhouette, il disait qu’elle pourrait reprendre le sport rapidement et que, quand bien même, il l’aimerait tout autant. Il savait répondre à toutes ses craintes concrètes mais... Il y en avait une plus grande, une à laquelle il était difficile d'opposer quelque chose, une qui résidait au creux de son coeur. Une peur à laquelle elle était la seule à pouvoir répondre, elle en avait conscience, dans le fond. Ann semblait avoir senti que c’était le point névralgique de son discours, puisqu’elle s’y attarda, semblant choisir consciencieusement ses mots.

Selon elle, il n’y avait pas la question d’aimer « correctement » un enfant, on l’aimait, voilà tout. On le faisait, il arrivait, on l’aimait et il fallait ensuite s’occuper de lui dans un cadre sécurisant. Après avoir beaucoup lu, Isobel commençait à avoir une idée de ce que pouvait représenter un cadre sécurisant pour un bébé. Il avait besoin qu’on s’occupe de lui, évidemment, qu’on le nourrisse quand il avait faim, qu’on le berce, il avait besoin d’être changé et de dormir quand il en avait besoin. Mais également, il avait besoin de beaucoup d’affection et de passer du temps avec ses parents, notamment dans leurs bras ou contre eux. Il fallait être consistant avec lui, ne pas le délaisser des fois pour ensuite s’en occuper intensément, il fallait bien prendre soin de lui. Ne pas lui crier dessus, ne pas le malmener, ne pas le laisser pleurer. Elle avait l’impression qu’elle était à peu près capable de tout cela. Elle s’occupait très bien de son chat... Et elle l’avait eu chaton. Elle l’avait trouvé, tout petit-minuscule, pas encore sevré, dans le local poubelle de sa résidence. Elle l’avait emmené chez le vétérinaire, qui lui avait expliqué que, pour survivre, il allait falloir lui donner du lait. Elle avait nourri son chaton au biberon, huit fois par jour puis six fois par jour pendant des semaines, jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour manger des croquettes et laper son lait dans une coupelle. Elle se réveillait même la nuit pour lui donner son repas. Un bébé, c’était un peu ça, à grande échelle pendant des mois. Et à deux, car Abel serait là.

Le problème, l’éternel problème, c’était l’amour.

Mais Ann, tout comme Abel, semblait penser que ce n’était pas tant un problème que cela. Qu’elle serait capable d’aimer un bébé. Que parce qu’elle pouvait se poser des questions, s’interroger sur cet amour maternel qui n’était pas une évidence, elle pouvait aimer son bébé. Isobel pouvait entendre cet argument, elle avait même envie d’y croire, envie de croire qu’elle pourrait aimer son bébé si Abel et elle en avaient un. Qu’elle pourrait être une bonne maman, le genre qui aime son enfant et lui donne un environnement sécurisant pour grandir, comme Ann l’était avec Caleb. Elle avait beau dire qu’elle pensait qu’elle était capable de cela... le doute subsistait au creux de son coeur. Elle n’avait pas envie d’infliger ça à un pauvre gamin qui n’avait rien demandé et surtout pas de venir au monde.

En tout cas, Ann avait raison avec ses mots, elle mettait le mot sur cette crainte qui l’étreignait. Elle se sentait illégitime à devenir mère. Elle avait l’impression qu’elle n’en serait pas capable et que son bébé en souffrirait, qu’elle n’était pas comme les autres, qu’elle n’était pas « normale » de ce coté-là, que quelque chose était cassé en elle. Que oui, elle n’était pas légitime à être mère.

La petite plaisanterie de Ann lui tira un sourire presque forcé, tant elle était retournée par ses mots précédents. Elle ne savait pas quoi répondre, elle avait la gorge un peu nouée. Personne ne se sentait doué avant d’être parent, peut-être, mais elle avait l’impression que les gens ne se posaient pas tant de questions avant d’avoir un bébé. Elle avait l’impression qu’Abel ne se demandait pas s’il serait légitime en tant que papa, il l’était, il le serait, voilà tout.

- Oh, euh, bien sûr, balbutia-t-elle, un peu surprise, lorsque Ann lui proposa de prendre Caleb. Elle avait besoin de ses bras pour manger. Elle ne savait pas si elle fascinait le bébé, mais il la regardait depuis qu’elle était entrée dans la pièce, élément nouveau dans son univers. Elle tendit les mains pour attraper le bébé et tenta de le caser le plus confortablement possible sur ses genoux, sa tête au creux de son coude. Il lui fit un grand sourire et Isy le lui rendit. Le bébé gigota un peu. Tu es bien réveillé dis donc, c’est le milieu de la nuit pourtant.

Elle releva la tête vers Ann.

- Il dort bien, d’habitude ?


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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 14:54
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Ann Young

Ann sentit, au sourire forcé qui s’arracha des lèvres d’Isobel, que ses précédents mots avaient touché quelque chose en elle. Par pudeur, elle fit le choix ne pas y revenir dès maintenant, laissant la possibilité à la jeune femme d’y réfléchir dans le silence qui s’était instauré entre elles. Caleb au creux des bras, Ann sentait les doutes d’Isobel faire écho à ceux qui avaient été les siens avant qu’elle ne devienne mère. Elle se souvenait avoir douté, longtemps, de sa capacité à pouvoir aimer un enfant qui représenterait forcément son lot de contraintes, tant et si bien qu’elle craignait d’être obnubilée par ces dernières et de passer à côté de toute la joie, de tout le bonheur et de tout l’amour qu’il pourrait lui apporter avec sa venue au monde. Elle s’en était rendue malade au début puis, plus sa grossesse avançait, plus elle parvenait à se projeter dans cette vie avec son enfant, et plus ses doutes se faisaient minimes, jusqu’à disparaître complètement lorsqu’elle avait rencontré Caleb.

Evidemment qu’il y avait encore des moments difficiles, des moments où elle avait envie de pleurer de fatigue lorsque Caleb refusait de dormir, des moments où son seul souhait était de disparaître dans un bain brûlant et de s’envelopper de silence. Mais ces moments paraissaient minuscules à côté des éclats de rire enfantins de son fils, des moments où il tendait ses petites mains vers elle au réveil où lorsqu’il s’endormait dans le creux de ses bras.

Finalement, Ann se chargea de briser le silence entre elle avec une requête qui parut surprendre Isobel mais qu’elle accepta. Délicatement, Ann fit passer son fils dans les bras de son ami, alors que les yeux du bébé ne quittaient pas le regard d’Isobel. Soulagée du poids de son fils, Ann put attraper son verre de vin – bénie soit la fin de l’allaitement – et l’assiette qui avait été déposée au pied de son fauteuil. Elle prit une gorgée de son verre, et déposa l’assiette en équilibre sur ses genoux pour pouvoir grignoter quelques mets apéritifs.

« De mieux en mieux. » confirma la jeune mère à la question d’Isobel. « Généralement, il ne reste pas réveillé aussi longtemps en pleine nuit mais il a dû sentir l’agitation de la maison. » émit-elle comme hypothèse avec un regard tendre pour le bébé qui babillait gaiement.

Ann prit quelques instants pour réfléchir à la suite de la conversation qu’elle voulait mener avec Isobel, comme pour peser ses mots avant de les lui délivrer. Après un silence pendant lequel ses pensées s’agitaient autour de ce sujet particulièrement délicat, elle finit par se lancer :

« Tu sais, je pense que le plus important, c’est de te demander si tu as envie de devenir mère ou non. » souffla Ann. « Tu as le droit de ne pas avoir envie de l’être, quand bien même Abel en rêve. Ça fait bien longtemps qu’on a cessé de concevoir ça comme le rôle essentiel d’une femme et le seul dans lequel elle peut véritablement s’épanouir. » souligna Ann avec un sourire en coin. « Mais je crois que, si tu en as envie eh bien, ça répond déjà à beaucoup de tes questions. Je pense que l’envie d’accueillir un enfant dans ta vie entraîne l’amour que tu lui porteras. » Elle baissa brièvement les yeux vers son propre enfant. « Alors oui, il y a des contraintes, des concessions à faire mais… Mais quand tu en as envie, finalement, ça ne paraît pas aussi insurmontable. » Elle conclut simplement : « Si tu as envie d’avoir un enfant, je crois qu’il n’y a pas d’illégitimité qui tienne. » Le sourire que Caleb offrait à Isobel, sans ciller, lui arracha un petit rire. « En tout cas, je crois que Caleb te trouve très légitime pour le prendre dans tes bras. »
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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeVen 25 Déc 2020 - 23:53
Ann expliqua que Caleb dormait de mieux en mieux et que cette soirée était sûrement un peu particulière. Quelque chose qui lui faisait un peu peur, d’ailleurs : le manque de sommeil. Elle n’était pas forcément une grosse dormeuse - contrairement à Abel - mais elle aimait bien le concept du sommeil. Or, elle savait que les bébés ne dormaient pas très bien. Elle se demandait pourquoi, tiens. Ils avaient besoin de dormir après tout, ils faisaient des siestes souvent. Alors pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient pas rester endormis la nuit ? Elle ferait des recherches. Pour Caleb, l’explication était plutôt simple. Isobel se pencha un peu plus vers le bébé qui ne la lâchait pas du regard. Elle approcha sa main de lui et effleura sa joue toute ronde.

- Toi aussi tu fais la fête, c’est ça ?

Il lui sourit et gargouilla un peu. Brusquement, ses grands yeux furent attirés par le bracelet qu’elle portait au poignet. Plusieurs breloques en argent y étaient attachées et il referma ses petits doigts dessus. Isobel retira le jonc pour le lui donner, sans jamais le lâcher vraiment. Il semblait passionné par les breloques et le bruit qu’elles faisaient en s’entrechoquant. Le silence s’établit quelques secondes dans la pièce, uniquement troublé par les babillements du bébé qui s’amusait avec le bracelet. Lorsque Ann reprit la parole, Isobel releva les yeux vers lui, sans lâcher son bracelet des doigts.

Selon elle, le plus important était de savoir si elle avait envie d’être mère ou pas. La question de la légitimité ne se posait pas, celle de l’amour non plus. Si elle avait vraiment envie d’avoir un bébé, alors tout viendrait automatiquement. Ann n’était pas la première à lui dire cela. Abel lui avait dit également, à plusieurs reprises, qu’elle aimerait leur potentiel bébé, que cela viendrait. Elle l’avait lu  dans des témoignages, dans des livres. Au bout d’un moment, peut-être qu’elle devait tout simplement... le croire. Tout était dans l’envie, dans son envie. Pas celle d’Abel, pas ce qu’on attendait d’elle, mais savoir si elle, elle avait l’envie. Elle ne savait pas. C’était encore confus. Elle peinait à distinguer tous ses sentiments qui étaient entremêlés de nombreuses peurs. De ne pas aimer, de ne pas aimer l’enfant, de rendre Abel malheureux... Tout cela pesait sur sa réflexion. La petite plaisanterie d’Ann lui tira un rire et elle secoua la tête.

- Ça, c’est parce que je suis adorable, tout le monde m’aime, badina-t-elle pour se redonner une contenance.

Elle sourit à Caleb et caressa ses cheveux tout doux.

- C’est gentil, en tout cas. Tout ce que tu me dis. J’ai du mal à savoir si j’ai envie, c’est compliqué à savoir je pense... Je crois que... Que j’aime bien en soi l’idée d’une famille. Le côté « famille unie », les choses mignonnes, qu’on voit dans les films ou je ne sais pas... Mais ce n’est pas ça, la réalité.

En tout cas, ce n’était pas ce qu’elle avait connu, elle.

- Y’a un truc toi, où tu t’es dit « ça y est, je sais, j’ai envie d’un bébé ? »


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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeSam 13 Mar 2021 - 22:44
« Hm, je ne te contredirai pas, » répondit Ann avec l’ombre d’un sourire, « il a l’air charmé. »

En tout cas, il était fasciné à la fois par le bracelet d’Isobel sur lequel il avait refermé sa petite main, mais également par ses longs cheveux noirs qu’il essayait d’attraper de temps en autre. Ann eut un sourire attendri en observant la scène, avant de se concentrer davantage que les paroles de son amie, qu’elle médita en grignotant les quelques bouchés apéritives qu’Isobel lui avait apporté dans une petite assiette. C’était la question de l’envie, sur laquelle elle butait. Elle disait ne pas savoir si elle ressentait cette envie de fonder une famille, et distinguait assez justement le fait d’aimer la vision d’une « famille unie » et la volonté d’en créer une.

Ann pouvait la comprendre. Elle-même avait mis plusieurs mois avant d’identifier ses propres désirs, de les séparer de ceux que les autres avaient pour elle, et d’être entièrement certaine du choix qu’elle faisait. Et, même maintenant que Caleb était là, et qu’elle l’aimait du plus profond de son cœur, elle se souvenait encore des doutes, des interrogations, des moments où elle n’était plus sûre de rien. Elle avait eu mille questions qui n’avaient jamais trouvé de réponses, avait connu plusieurs insomnies – Ann était, de fait, une personne assez anxieuse et effrayée par le changement.

« Je ne sais pas… » répondit-elle à la dernière question d’Isobel. « Je ne crois pas avoir eu un moment où j’ai vécu ça comme une révélation, en tout cas. Je me posais beaucoup de questions et puis… » Ann se mordilla la lèvre, observa son interlocutrice quelques secondes. « Je voyais un psy, à ce moment-là. Enfin, je n’étais pas allée le voir pour ça exactement mais on a fini par en parler aussi et je pense que ça m’a beaucoup aidé à faire le tri entre ce que je désirais, ce que je pensais que les autres attendaient de moi… Je ne dis pas que c’est ce que tu devrais faire, mais moi, ça m’avait bien aidé. » avoua-t-elle avec un léger sourire, peut-être un peu embarrassé.

Elle s’interrompit une seconde, le temps de prendre une gorgée de vin.

« Je crois qu’un jour, je me suis juste sentie prête. Mais ça a été le fruit d’un long, très long, travail de réflexion. » Elle considéra un instant Isobel du regard. « Ne sois pas trop dure envers toi-même, Isy. Ce genre de réflexion… Ca prend du temps, c’est normal de ne pas avoir toutes les réponses immédiatement, d’hésiter, de douter… C’est un changement de vie majeur, après tout. Il faut que tu te laisses le temps de pouvoir l’appréhender, pour savoir si tu as envie de te lancer dans cette grande aventure qu’est la maternité. » Ann eut un sourire un coin. « Mais en attendant, si tu cherches à faire du baby-sitting, je te prête Caleb volontiers. »
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What to expect when you’re expecting [Ann] Icon_minitimeLun 5 Avr 2021 - 16:56
Isobel aurait bien aimé qu’il existe une sorte de révélation à la maternité. Qu’on puisse se réveiller un matin et se dire « Ça y est, je suis prête ! » sans se poser de question ou être retenue par des craintes. Il lui aurait suffit d’attendre éventuellement ce déclic et tout aurait été plus simple. Pour être tout à fait honnête, elle craignait de continuer à tourner en rond avec ces questions. Elle avait lu beaucoup d’arguments pour, beaucoup d’arguments contre. Elle savait ce que voulait Abel. Elle avait pu identifier ses peurs. Elle était moins dans le noir qu’auparavant, elle avait fait le tri dans ses sentiments. Mais maintenant ? Maintenant que tout cela avait été identifié ? Qu’est-ce qu’elle en faisait ? Que faisait-elle de cette peur, de ces envies d’Abel, de l’image d’Épinal qu’elle avait de la famille parfaite ? Il lui semblait qu’elle pourrait tourner pendant des années et des années avec ces sentiments en tête.

Ann, elle, avait choisi d’en parler à quelqu’un pour l’aider dans ce processus. Et cela l’avait aidée, effectivement, puisque que Caleb était désormais là. Honnêtement, Isobel était plutôt circonspecte par rapport aux psychothérapies. Elle ne niait pas que cela pouvait aider les gens qui en avaient besoin mais elle avait vraiment du mal à s’y projeter. Elle n’avait pas envie de dévoiler ses sentiments et ses peurs les plus intimes à un inconnu. Et surtout... elle n’avait pas envie de revenir sur certains sujets. Elle avait l’impression d’avoir dans son esprit des boites de Pandore qu’il ne fallait surtout pas ouvrir, car elle en craignait les conséquences. Un psy serait sûrement là « Parlez-moi de votre enfance » « Et la relation avec votre mère ? » « Vous supportez bien l’abandon ? » Merci, non merci.

- Je ne sais pas, répondit-elle à Ann, je pense que je n’ai pas très envie sur revenir sur certains sujets de ma vie.

Il y avait déjà Abel qui voulait qu’elle parle de ses sentiments, c’était déjà beaucoup. Elle eut un sourire pour Ann qui s’empressa de la rassurer, glissant que tout cela était le fruit d’un long travail de réflexion. Elle s’en doutait bien : c’était long et pesant.

- Le truc c’est que... j’ai un peu l’impression qu’Abel attend une réponse. Que quelque chose est suspendu entre nous. J’ai peur que si un jour je découvre que je n’en veux pas, il me reproche de l’avoir fait tant attendre pour rien ou bien que ça signe la fin de notre histoire car il veut vraiment un bébé...

Il ne lui avait jamais rien dit en ce sens, évidemment. Il lui donnait le temps de la réflexion, l’accompagnait, était toujours présent pour discuter avec elle du sujet. Mais elle craignait qu’au fond de lui, l’envie d’avoir un bébé l’emporte. Et si elle n’était pas capable de lui en donner un ? Elle aurait voulu que les choses soient plus simples. Elle aurait voulu lui dire oui, tout simplement. La petite plaisanterie d’Ann réussit à lui tirer un petit sourire.

- Peut-être me le prêter lors de nuits difficiles, comme ça Abel réalisera ce que c’est d’avoir un bébé. Il aime beaucoup dormir.

Elle allait tester cette technique. Peut-être que cela marcherait et hop, problème résolu. Ils resteraient tous les deux, vivraient d’amour, d’eau fraîche et de grasses matinées.

FIN DU RP 


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