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Cold little heart [Noah & Maeva]

Maeva Virtanen
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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeDim 4 Oct 2020 - 15:45
20 avril 2011

Maeva était assise sur un banc, le dos droit, les yeux perdus dans le vague et la gorge nouée d’appréhension. Plongée dans ses pensées, la jeune femme était insensible au vent qui emmêlait ses cheveux et la faisait frissonner.

Elle attendait Noah. Un regard à sa montre lui apprit qu’il ne devrait plus tarder ; fébrile et anxieuse, Maeva était arrivée avec quinze minutes d’avance là où ils avaient convenu de se retrouver. Leurs échanges avaient été froids, pires, glacials. Des messages dépourvus de cet amour qui transpiraient généralement de leurs mots. « Noah, je dois te parler de quelque chose, c’est important » avait envoyé Maeva – message qui était resté sans réponse, avant qu’elle ne se décide à en renvoyer un nouveau : « C’est au sujet de ta mère. Je crois que quelque chose ne va pas. » Peut-être avait-elle piqué la curiosité de Noah, ou effleuré un point particulièrement sensible, mais son ex petit-ami avait fini par lui répondre. Ils avaient convenu de se retrouver le lendemain, au beau milieu d’un parc dans lequel elle n’avait jamais mis les pieds avant aujourd’hui.

L’inquiétude de Maeva était réelle et se lisait dans les plis soucieux de son visage et dans la façon qu’elle avait de triturer sa veste avec nervosité. Il était difficile pour elle d’ôter de son esprit la scène dont elle avait été témoin quelques jours auparavant. Peut-être aurait-elle dû fermer les yeux et l’oublier ; mais c’était plus fort qu’elle : à chaque fois qu’elle cherchait à se soustraire à cette vision, cette dernière revenait, forte d’hypothèses qui lui glaçaient le sang et lui serraient l’estomac.

Mercredi dernier, Maeva avait retrouvé Eden dans un joli restaurant londonien. Les deux femmes s’étaient enlacées avec douceur et s’étaient contemplés longuement dans un silence ému. Elles s’étaient installées autour d’une table ronde, le cœur gonflé de sentiments qu’il était difficile d’exprimer. Il y avait, entre elles, de lourds souvenirs qui ne s’effaçaient pas avec le temps, et des secrets qui pesaient sur leurs mots. La présence de James Smith les hantait ; Eden faisait le deuil d’un mari absent et violent, Maeva luttait avec la perte d’un père absent et violent. Elles n’avaient jamais vraiment parlé de ces gestes bruts qu’il avait eu envers elles ; ces bleus qu’il laissait sur leurs corps car, une fois qu’il avait bu, il était incapable de maîtriser sa force. Elles n’en parlaient pas, mais leurs regards, eux, se trouvaient et se soutenaient avec une discrète pudeur.

Elles étaient simplement en train d’évoquer la possibilité de partir quelques jours à la campagne avec Felicity, lorsqu’un homme avait fait son apparition dans le restaurant. Maeva, face à la porte, avait eu tout le loisir d’observer son entrée, qu’il faisait d’un pas certain, assuré et fier. Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour reconnaître Edward, le compagnon de Diana Highlands, la mère de Noah, qui avait fait son apparition juste à sa suite. Démarche hésitante, regard craintif, tête rentrée dans les épaules, regard triste.

Le regard de Maeva avait croisé celui de Diana et elle lui avait adressé un signe de la main, auquel la mère de son ex petit-ami n’avait pas répondu. Le couple s’était installé à une table, et Maeva s’était arrachée à sa contemplation. Les minutes s’étaient écoulées, jusqu’à ce qu’un cri outré attire son attention. Un verre de vin avait été renversé et s’écoulait sur le pantalon d’Edward. La mère de Noah l’avait remis sur son pied et contemplait les dégâts, catastrophée. Edward avait eu un geste brusque de la main et, immédiatement, Diana avait sursauté et s’était éloignée de lui. « Sombre idiote. » avait-il marmonné suffisamment distinctement pour s’attirer le regard désapprobateur de la serveuse qui avait accouru, un torchon à la main.

Maeva ne parvenait pas à s’ôter cette scène de la tête. Ce mouvement de recul qu’avait eu Diana lui avait serré le ventre, tout comme son expression horrifiée. Elle avait tourné et retourné ce moment dans sa tête, pour savoir si elle lui donnait bien trop de portée et de symbolique, à la lumière de ce qu’elle avait vécu, mais rien ne parvenait à contrecarrer cette peur intense, instinctive qui s’était emparée d’elle. Après une longue réflexion, Maeva avait écrit à Noah. Elle l’attendait désormais.

Il ne tarda pas à apparaître au loin. Maeva croisa son regard alors qu’il s’avançait vers elle, mais eut toutes les peines du monde à le soutenir. La présence de son ex petit-ami soulevait chez elle plusieurs sentiments douloureux, qui enserrait sa poitrine et son cœur. Elle les fit taire et agrippa les bords du banc sur lequel elle était installée, visiblement mal à l’aise.

« Salut. » lança-t-elle d’une voix hésitante. « Merci d’être venu, c’est… C’est important, je crois. » fit-elle en levant vers elle un regard sérieux.



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Noah Forester
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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeVen 23 Oct 2020 - 10:34
« Où est-ce que tu vas comme ça ? »

L’interpellation de son beau-père, alors que Noah traversait le salon, vêtu de son manteau, prêt à gagner le vestibule de leur grande demeure, le contraria autant que le ton péremptoire qu’il avait adopté. Edward était mal tombé pour lui faire des énièmes reproches : Noah était déjà dans un état de nerfs et d’anxiété qui ne le rendit pas aimable en répondant :

« Quelque part.
-Peux-tu être plus spécifique ? »

Merlin, cet homme était vraiment agaçant avec ses manières hautaines. Noah prit une inspiration, en essayant vainement de contenir son fiel qui finit par lui échapper, malgré cet effort :

« Non. T’es pas ma mère, aux dernières nouvelles, j’ai pas de compte à te rendre.
-Eh bien, puisque l’on parle de ta mère et que tu nous donnes une parfaite illustration de ta mauvaise volonté… Elle souhaitait que nous discutions tous ensemble de ton attitude vis à vis de notre mariage à venir. N’est-ce pas, chérie ? »

Diana, qui semblait avoir disparu dans le décor, assise sur son fauteuil aux côtés d’Edward, eut un léger sursaut, comme si elle était elle-même surprise. Pourtant ses paroles allèrent dans le sens de ce qui venait d’être dit :

« Ce serait bien, oui… »

Si Noah avait d’abord été vraiment inquiet pour elle, la voir rentrer totalement dans le jeu de son compagnon, allant jusqu’à régulièrement prendre parti contre son propre fils, pour lui faire plaisir -c’était en tout cas ainsi qu’il l’interprétait- avait fini par créer de la rancoeur chez lui. Il en voulait à sa mère, il lui en voulait pour ne pas voir que son merveilleux fiancé était en vérité un homme très imbu de sa personne, manipulateur et totalement bipolaire. Un jour, il était adorable, attentif. Le lendemain, il enchaînait les reproches injustes, les tentatives de chantage affectif, les remarques méchantes, purement gratuites. Il maltraitait sa compagne et la seule réponse de cette dernière était de courber l’échine un peu plus. Noah avait l’impression de découvrir une toute nouvelle mère, un peu plus éteinte à chaque fois qu’il revenait de Poudlard, Ce constat l’inquiétait autant que cela réveillait sa haine d’Edward et sa haine du couple qu’ils formaient ensemble. Ceci, additionné à ses propres fragilités et ses peines qu’il avait du mal à gérer par ailleurs, faisait de lui un Noah sur qui les reproches de son beau-père n’avait aucune autre prise que de le mettre un peu plus en colère. Quant à ce mariage prévu pour l’été, il faisait tout pour ne pas en entendre parler.

Un mauvais mélange de nervosité, de frustration et de rancoeur fit répondre Noah assez durement, face à sa mère :

« Je ne sors pas longtemps. Si tu as quelque chose à me dire, maman, tu n’as qu’à me le dire toi-même en face. »

Il accéléra le pas jusque la sortie, ignorant la voix de son beau-père qui cherchait à la retenir. Claquer la porte derrière lui, derrière cette voix insupportable fut un soulagement pour lui qui ne dura que quelques secondes. Ce qu’il s’apprêtait à affronter n’était pas moins difficile. Le noeud qui avait tordu son estomac dès l’instant où Maeva lui avait envoyé un message la veille refit surface, plus fort que jamais. Dans un son de transplanage, il quitta la campagne des Cornouailles pour atterrir près du parc anonyme de Londres où il lui avait donné rendez-vous.

Noah aimait ce grand parc moldu. Plus jeune, il y avait passé des après-midis entières avec ses parents, pour des pique-niques sur l’herbe dont il gardait de bons souvenirs. Victoria Park était synonyme pour lui d’un lieu apaisé, où il faisait bon-vivre. Il espérait que cette atmosphère familière et réconfortante l’aiderait à affronter la présence de son ex-petite amie.

Ce n’était pas prévu. Depuis fin mars, quelques jours après cette journée horrible où il avait découvert la vidéo dévoilant la relation secrète entre Maeva et Virgil, Noah s’était fait le serment de ne plus chercher à leur adresser la parole, ni à l’un, ni à l’autre, de faire tout son possible pour les sortir de sa vie. C’était trop douloureux. Noah n’attendait désespérément plus qu’une chose, c’était que la fin de Poudlard arrive, pour qu’il puisse définitivement mettre derrière lui cette histoire qui lui faisait encore énormément de mal. Il rêvait d’atteindre un stade où apercevoir la silhouette de son ex ne lui ferait absolument rien, où il serait d’un détachement absolu, signe qu’il serait définitivement passé à autre chose. Malheureusement, il en était encore loin. Quand il aperçut la longue chevelure de Maeva, légèrement soulevée par la brise, là où elle s’était assise, le coeur de Noah se serra douloureusement, le poids dans son estomac s’accentua. Il s’assit à ses côtés, avec une distance qu’il n’y avait jamais eue entre eux.

« Salut. »

Assez vite, Maeva le remercia d’être présent, ce à quoi Noah répondit simplement d’un hochement de tête, les yeux fixés sur ses genoux. Il savait que c’était important. Il se doutait que Maeva ne l’aurait pas recontacté dans la situation où ils étaient, si ce qu’elle avait à lui dire au sujet de sa mère n’était pas important. C’était d’ailleurs le mot qui l’avait décidé à ne pas ignorer les messages qu’elle lui avait envoyé. Pour n’importe quel autre sujet, Noah aurait sûrement refusé de reprendre contact avec Maeva, dont la simple présence était une épreuve pour lui. Mais pour sa mère, pour qui il s’inquiétait profondément derrière son attitude défensive, il voulait bien écouter ce qu’elle avait à dire. Il ne tarda pas à vouloir entrer dans le vif du sujet, désireux que cette entrevue soit la plus courte possible :

« Alors… Qu’est-ce que tu voulais me dire ? »


Noah Forester
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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeVen 23 Oct 2020 - 17:43
Noah et Maeva avaient toujours été très proches. Ils s'étaient rencontrés dans le train qui les avait amené à Poudlard pour la première fois, avaient été tous les deux répartis à Gryffondor, et s'étaient suivis tout au long de ces sept années qu'ils avaient passé au château. Ils avaient rapidement sympathisé, leurs caractères étant à la fois relativement semblables et terriblement différents. Ils étaient devenus de meilleurs amis inséparables - Noah la traînait à la bibliothèque, elle le forçait à voir la lumière du jour - et, assez rapidement compte tenu de leurs jeunes âges, leur relation avait évolué vers des sentiments qu'ils avaient mis du temps à comprendre, puis à accepter. Ils avaient quinze ans la première fois qu'ils s'étaient embrassés, à la fin de leur quatrième année. Quelques semaines plus tard - Maeva s'en souvenait comme si c'était hier - Noah était venu lui rendre visite pendant les vacances d'été. A cette époque, tout allait bien : son père venait d'épouser Eden, sa mère vivait avec Peter, Maeva trouvait doucement son équilibre dans ces deux familles recomposées. James Smith venait tout juste d'arrêter le Quidditch, et ne passait pas encore ses journées avec un verre de whisky à la main. Elle était une adolescente normale, récemment nommée préfète, et qui avait trouvé son réel bonheur entre les bras de son meilleur ami.

Ils avaient passé plus de deux années ensemble, où ils avaient appris à se découvrir, à s'apprivoiser, à se compléter et à s'aimer. Jamais Maeva ne s'était sentie dans une telle relation de confiance ; Noah avait été son ancre pendant des époques tourmentées de sa vie, la personne vers qui elle se tournait quand elle se sentait chanceler. Puis, il était parti. De cet amour ne restait à présent qu'une distance immense, infranchissable, douloureuse, cruellement symbolisé par cet espace vide que Noah avait laissé entre eux en s'installant sur le banc à côté d'elle.

Il fixait résolument ses genoux comme s'il refusait de lui accorder le moindre regard, et Maeva ne savait pas si ce rejet occasionnait chez elle de la tristesse ou de l'indignation - à vrai dire, ces deux sentiments étaient résolument liés chez elle. Un noeud pesait sur son estomac, une raideur pesait sur ses épaules et tendait les traits de son visage ; Maeva paraissait sur le point de se fissurer. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle sentait qu'elle ne tenait qu'à un fil - un fil très fragile, qui ne demandait qu'à se rompre. Toute son énergie était mobilisée dans cet exercice à la fois difficile et cruel qui consistait à simuler un état d'indifférence qu'elle peinait à trouver. Parfois, elle avait l'impression de tomber en morceaux ; habiter son corps ne lui avait jamais paru aussi peu naturel qu'aujourd'hui, car elle se sentait parfaitement étrangère, à la fois au contact de ses sentiments et au sein de son enveloppe corporelle.

Cet état d'épuisement était majoré par de longues insomnies qui l'empêchaient de trouver le sommeil et par un appétit largement diminué. Elle vivait chaque jour dans un état un peu second, qu'elle combattait non sans mal. Maeva vivait faux, riait faux, souriait faux et parlait faux. Et, si elle s'était réfugiée dans cette fausseté depuis la mort de sa mère, les mensonges de son discours commençaient tout juste à parvenir à ses oreilles - or, la jeune femme trouvait cette mélodie particulièrement grinçante. Cependant, elle s'y interdisait de s'y arrêter, de peur d'en dérouler le fil et de faire face à ce qu'elle avait profondément enterré. Il en allait de même pour l'intégralité de son existence : si Maeva n'aspirait qu'à rester au fond de son lit, elle refusait d'y passer plus que les quelques heures pendant lesquelles Morphée acceptait de l'accueillir et multipliait des activités qui l'épuisaient mais la maintenaient occupée.

Face à Noah, il était difficile de ne pas laisser ses pensées se bousculer dans son esprit, et encore plus complexe de les y contenir. Avec sa question, il lui fut plus aisé de se concentrer sur les raisons de cette rencontre, plutôt que de songer à la douleur tenace et aiguë qu'elle occasionnait.

"J'ai croisé ta mère et ton beau-père hier, dans un restaurant à Londres. J'étais avec Eden, ils étaient installés pas très loin de nous."

Après cette introduction, Maeva garda le silence alors que l'hésitation se ressentait dans sa voix et dans son regard agité. Elle le fixa sur ses mains, n'osant pas soutenir celui de son ex petit-ami.

"A un moment du repas, il y a eu un verre de vin renversé à leur table. Edward s'est énervé, il a eu un geste brusque, un peu comme ça." Maeva l'imita de la main. "Il a traité ta mère de "pauvre idiote" et le serveur est arrivé." Maeva osa finalement lever les yeux vers Noah.

Être témoin de cette scène avait créé un profond sentiment de malaise chez la jeune femme, parce qu'elle ravivait chez elle des scènes douloureuses, vécues avec son père, qui quittaient difficilement ses pensées depuis sa mort. Elle avait déjà surpris des attitudes similaire de sa part envers Eden ; quand il avait bu, James Smith perdait patience, devenait injurieux, violent. Il voulait que tout soit fait, tout de suite, et la moindre contrariété le mettait dans des états noirs. Avec Maeva, les choses étaient encore différentes : il ne supportait pas son opposition, pas plus qu'il ne supportait sa ressemblance troublante avec son ex-femme. Elle était comme "elle", comme "l'autre". Plus Maeva grandissait, et plus son père employait ces qualificatifs pour la mentionner. Parfois, les mots ne suffisaient plus.

"Quand il a eu ce geste envers ta mère, elle s'est recroquevillée comme... Comme si elle s'y attendait." lâcha Maeva d'une voix tendue. "Je ne sais pas si c'était déjà quelque chose que tu avais remarqué, chez elle..." conclut-elle finalement, un peu incertaine quant aux conclusions qu'en porterait Noah.


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeDim 25 Oct 2020 - 16:45
La présence de Maeva était difficilement supportable pour Noah qui faisait tout pour ne pas poser ses yeux sur elle. Il craignait les émotions que soulèverait chez lui le fait de croiser son regard, de retrouver chez elle des expressions familières qu’il avait aimées. Il s’était promis de faire en sorte de tourner la page et il avait l’impression que pour cela, il devait absolument limiter leurs contacts pour pouvoir doucement mais sûrement panser ses blessures et laisser le temps agir sur elles jusqu’à transformer sa douleur en oubli.

Mais tout semblait l’empêcher d’oublier à cet instant. Entendre à nouveau la voix de Maeva lui rappelait la dernière fois qu’elle lui avait parlé en tête à tête, une douloureuse dernière fois où, réfugiée dans la tour d’Astronomie, elle l’avait durement repoussé quand il avait voulu lui parler. Se tenir ici sur ce banc, dans ce parc, à ses côtés, lui rappelait toutes les fois où ils s’étaient assis ensemble dans le parc de Poudlard, pour se raconter leurs journées, plaisanter, s’embrasser. Les souvenirs heureux et malheureux affluaient avec sa simple présence et c’était la raison pour laquelle Noah essayait désespérément de s’en couper. Il avait compris le message, c’était fini entre eux, elle avait trouvé quelqu’un d’autre. Lui, il n’avait pas une autre fille dans sa vie auprès de qui il pourrait se réfugier, et en attendant cette éventualité, Noah devait faire le deuil de cette place immense que Maeva avait occupé en étant à la fois sa meilleure amie et son amour, il devait y renoncer et apprendre à se retrouver seul avec lui-même. Il n’avait jamais pensé, jamais mesuré à quel point c’était dur.

Ils n’étaient pas ici pour parler d’eux mais malgré lui, Noah sentait que le sujet planait, au moins dans leurs pensées à tous les deux. Malheureusement, le sujet qui les occupait n’était pas plus joyeux. Son estomac se serra d’appréhension, comme à chaque fois que quelqu’un évoquait la relation entre sa mère et son beau-père, dont il sentait le caractère foncièrement problématique sans pouvoir l’expliquer à personne.

Personne n’était disponible pour l’écouter, pour le croire, quand il essayait d’en parler, quand il essayait d’exprimer le fait que ce mariage était une mauvaise idée. Ses grands-parents s’empressaient d’énumérer les qualités d’Edward qu’ils voyaient comme le gendre parfait. Son oncle lui avait un jour balancé qu’il n’était plus un enfant et qu’il était temps qu’il comprenne que sa mère veuille refaire sa vie. Même Maeva avait rejeté son discours, pendant cette terrible soirée de nouvel an, Noah n’avait pas oublié ses mots. « Je t’ai laissé râler contre elle, contre le fait que, je ne sais pas, elle soit heureuse avec un homme qu’elle aime ».

Les mots s’emmêlaient à chaque fois qu’il essayait de décrire cet homme que personne ne voyait vraiment dans l’intimité. Noah n’était pas le meilleur témoin non plus : on le savait râleur, possessif avec sa mère aussi, ce qui mettait à mal son objectivité. Pourtant il n’était pas fou. Il ne rêvait pas cette violence verbale dont son beau-père faisait preuve à l’égard de sa compagne, qui un jour était parfaite et le lendemain n’était jamais assez bien pour lui. Noah ne supportait pas du tout ces critiques permanentes et il ne supportait pas non plus quand il en faisait lui-même l’objet, quand il essayait de se confronter à lui.

Mais le plus dur était sans doute la manière dont sa mère le priait à son tour de ne pas mettre Edward dans des états de colère, comme si c’était homme était l’enfant de cette maison qu’il fallait ménager.

Rien n’allait, tout était à l’envers et Noah ne savait pas comment gérer cette situation où il risquait des disputes avec l’un ou l’autre à chaque fois qu’il essayait d’interférer. Le temps qu’il passait à Poudlard lui épargnait heureusement une grande partie de ces moments difficiles. Mais visiblement, cet éloignement l’empêchait de voir que la situation était peut-être plus grave qu’il ne le pensait.

Le sous-entendu que glissa Maeva tira un frisson à Noah, qui se demanda s’il interprétait les choses un peu trop à l’aune de ses propres inquiétudes. Les joues pâles, il demanda aussitôt :

« Attends. Tu veux dire qu’il a essayé de la frapper ? »

Il avait vu le geste de Maeva, comme une espèce de coup retenu. Il n’était pas présent dans ce restaurant, pendant cette scène qu’elle décrivait, elle était la plus à même de décrire les intentions qu’elle avait perçues dans ce geste brusque.

« Des insultes, il y en a … parfois, reconnut t-il, le regard sombre, en enfonçant son menton dans son écharpe et ses mains dans les poches de son manteau. Mais lever la main sur elle… »

Il secoua légèrement la tête. Il n’avait jamais vu Edward faire preuve de violence physique avec sa mère, et heureusement : ce serait un tout autre niveau d’alerte qu’il faudrait sonner. Un mauvais pressentiment lui serrant le coeur, il attendit que Maeva décrive plus explicitement ce qu’elle avait vu.


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeSam 31 Oct 2020 - 10:41
Après l’explication de Maeva, Noah était devenu pâle. Les couleurs avaient quitté son visage mais, plus que tout, ce fut son interrogation qui troubla la jeune femme. Cette interrogation qui n’en n’était pas vraiment une, qui n’avait que pour fonction de confirmer une crainte, un propos qui avait été sous-jacent à tout son discours. Maeva hocha la tête avec raideur.

« Oui, je crois. C’est ce que j’ai vu, en tout cas. » Elle hésita une brève seconde, avant de rajouter : « Je ne pense pas qu’il l’aurait fait en public, en plein milieu du restaurant mais… Ce n’était pas un geste anodin. Et ta mère… Ta mère s’y attendait, j’en suis presque certaine. » souffla-t-elle en osant relever son regard vers Noah pour guetter sa réaction.

Bien sûr qu’Edward n’aurait jamais vraiment levé la main sur sa femme devant une assistance aussi nombreuse, ne put s’empêcher de penser Maeva avec amertume. Son père aussi, en public, était un parfait gentleman, adoré par son public et par ceux qui le fréquentaient. Il était irréprochable sous tout rapport, facile à vivre, plein d’humour. Il n’y avait finalement qu’auprès de sa femme qu’il révélait un visage bien différent, bien plus sombre, bien plus dur. Parfois, Maeva se demandait s’il avait toujours été comme ça et si, finalement, il s’agissait de la véritable raison du divorce de ses parents. Souvent, cette question tournait en boucle dans son esprit et elle plongeait dans ses souvenirs d’enfance pour déceler un élément qui pourrait, peut-être, la mettre sur la piste. Elle se souvenait que, lorsqu’elle était plus jeune, son père lui avait raconté mille histoires peu flatteuses sur sa mère pour expliquer les relations tendues qu’il entretenait avec elle, et pour se justifier, par la même occasion, de ne pas avoir obtenu sa garde. Sa mère, elle, ne lui avait jamais rien dit. Elle ne lui disait, de toute façon, jamais rien.

Pourtant, ce doute qui persistait chez Maeva ne tirait pas son origine de nulle part ; James Smith avait en effet été violent avec Chloé Hellsoft et c’était ce qui l’avait poussé à le quitter – du moins, il s’agissait de la goutte d’eau qui avait largement fait déborder le vase, déjà rempli par de nombreuses disputes et des conflits orageux. Chloé était partie, avait changé son nom de famille ainsi que celui de sa fille et ça, cela avait rendu James fou. Son animosité envers son ex-femme tenait notamment au fait qu’elle avait été la seule à lui tenir tête et même pire, à le rejeter, lui, joueur de Quidditch célèbre et émérite. Il l’avait détesté pour ça, pour cet échec qu’elle lui faisait subir, pour cette image de lui à laquelle elle le renvoyait. Terrifié à l’idée que sa propre fille suive les pas de sa mère, il l’avait choyé et gâté pendant toute son enfance. Il était le papa qui n’était jamais là mais qui avait toujours une attention pour elle lorsqu’ils se retrouvaient. Maeva l’adorait. Elle l’adulait, le voyait comme celui qui la comprenait le plus, l’écoutait le plus, l’aimait le plus. Elle se souvenait avoir menacé sa mère avec la même phrase pendant des années : « je vais aller vivre chez papa de toute façon » sans se douter une seule seconde que, malgré ses dires, son père n’avait jamais fait une seule démarche pour récupérer sa garde. Être père, c’était suffisant deux jours par mois.

Et un jour, Maeva avait grandi. Un jour, elle avait cessé de s’opposer de façon presque systématique à sa mère, et elle avait descendu son père du piédestal sur lequel il était installé depuis trop longtemps. Elle l’avait vu avec d’autres yeux que ceux de l’enfant qu’elle était avant, elle avait vu ses défauts, elle avait vu ses faiblesses, et brusquement, l’image parfaite de son père s’était fissurée. James l’avait vu, et une fois de plus, il avait détesté cela. Il avait eu horreur d’être mis face à ses propres contradictions par sa fille, qui, plus les jours passaient, ressemblait à sa mère. Même regard noir, mêmes lèvres pincées lorsqu’elle était en colère, même façon butée de s’opposer à lui. James avait retrouvé, au travers de sa fille, une situation qui l’avait mis hors de lui quelques années plus tôt. Cette fois-ci, sa colère avait été dirigée contre Maeva et Maeva, contrairement à Chloé, n’était pas partie. Elle était revenue, malgré tout, tout comme Eden était restée auprès de James, malgré tout. Il y avait eu des disputes, des cris, des insultes, parfois. Et des gestes. Des gestes parfois brusques, parfois ouvertement violents. Une façon de la saisir par le bras pour lui faire quitter le salon de force, une façon de la pousser dans le dos pour qu’elle déguerpisse, une gifle.

Le ventre noué par ses souvenirs, le cœur alourdit d’une peur dont elle ne parvenait pas vraiment à se détacher, le regard de Maeva se baissa sur ses mains qu’elle tenait enlacées sur ses genoux.

« Ta mère, elle semblait tellement… Tellement éteinte. Elle n’a même pas bronché lorsqu’il l’a insulté, elle s’est juste recroquevillée sur elle-même lorsqu’il a levé la main. Ce qu’il a fait ça sonnait presque comme un… Un avertissement. » lâcha-t-elle finalement du bout des lèvres, en réprimant une sensation de nausée qui lui était venue au fur et à mesure de son discours.

Un silence suivit la fin de ses paroles, avant qu’elle ne relève une dernière fois les yeux vers Noah. Cette fois-ci, elle le dévisagea quelques instants, finit par trouver son regard et lui demanda, après une hésitation :

« Et avec toi, il n’a jamais été… ? » demanda-t-elle finalement. Le mot « violent » ne franchit pas la barrière de ses lèvres mais son regard inquiet, lui, parlait pour elle.


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeMar 3 Nov 2020 - 19:37
Le coeur de Noah s’accélérait dans sa poitrine jusqu’à créer une sensation de compression qui le laissa muet quelques secondes. Sans rien dire, il retournait les paroles de Maeva dans sa tête, avec cet étrange sentiment paradoxal d’être sidéré par cette annonce et à la fois, en face d’une logique qui prenait forme. L’idée qu’Edward lève la main sur sa mère ne lui paraissait pas impossible. Il ne l’avait jamais vu faire mais peut-être qu’au fond, Noah avait toujours senti que c’était un pas qu’il pourrait franchir, parce qu’il avait été témoin de la violence verbale, et même psychologique qu’il pouvait exercer sur Diana. L’étape d’après était certainement ce que décrivait Maeva : un geste brusque en public, qui trahissait un rapport de force déjà existant.

C’était peut être l’aspect le plus terrifiant dans ce récit que lui faisait son ex petite-amie : l’impression que cette scène s’était déjà produite et induisait des rapports très inquiétants entre sa mère et son beau-père. Il était facile de tirer les pires conclusions possibles face à cette violence contenue que décrivait Maeva, mais sans n’avoir aucune certitude. « Ce n’était pas un geste anodin » disait t-elle. Sa mère ne semblait pas surprise, comme si l’habitude de ce mouvement de recul était ancrée en elle.

Eteinte.

Noah fut frappé par ce mot qui décrivait avec justesse l’image que renvoyait sa mère. Elle était éteinte. L’ombre d’elle-même. Lentement mais sûrement, elle avait étouffé une personnalité pourtant lumineuse jusqu’à devenir une ombre assujettie à chaque caprice de son futur mari, terrifiée à l’idée que ce dernier puisse l’abandonner. Elle avait perdu son indépendance dans cette relation, et même sa dignité, à un point que Noah ne mesurait peut-être pas entièrement, vu ce qu’il apprenait avec le récit de Maeva. C’était difficile pour lui de se projeter totalement, parce qu’il n’avait pas été témoin de cette scène, et en même temps, il se disait que Maeva en serait pas venue le chercher à un tel moment, dans l’état actuel de leur relation -ou plutôt non-relation- à tous les deux si elle n’avait pas été certaine de ce qu’elle avait vu et extrêmement convaincue de l’importance de lui parler.

Incapable de répondre car, pour le moment, Noah digérait toutes ces douloureuses et effrayantes informations, il finit par lever enfin la tête lorsqu’elle lui adressa une question qui, cette fois, le concernait lui et le fit presque sursauter. Par réflexe, il termina sa phrase :

« Jusqu’à me frapper ? Non… »

Violent, oui, d’une certaine manière, mais pas physiquement. Il se rendit compte à cet instant que le regard de Maeva avait attrapé le sien et il y lut une inquiétude qu’il ne supporta pas. Ce contact le piqua vivement, éveillant chez lui une espèce de réaction d’auto-défense qui le poussa à renchérir très vite :

« Pourquoi ? Tu te soucies de moi maintenant ? »

Une voix blessée chez Noah soufflait qu’elle l’avait pourtant bien ignoré pendant des mois, indifférente aux messages qu’il lui envoyait, occupée à faire comme s’il n’existait pas et à s’envoyer en l’air en secret avec son pire ennemi. Il avait du mal à croire qu’aujourd’hui, Maeva en avait encore quelque chose à faire de son bien-être, au vu de ce qu’elle lui faisait endurer depuis janvier, même si, avec un peu d’objectivité, il aurait pu reconnaître que cela ne l’empêchait pas, dans l’absolu, de craindre pour son intégrité si elle était menacée, tout comme il l’aurait fait lui, si elle l’était, malgré la rancoeur profonde qu’il lui vouait désormais. Mais Noah avait tellement un sentiment de trahison encore douloureux et ancré en lui qu’il s’était convaincu qu’elle avait simplement jeté à la poubelle toutes leurs années d’amitié et d’amour alors que signifiait-il, lui, aujourd’hui pour elle ?

Rien, sans doute.


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeDim 8 Nov 2020 - 11:00
Au milieu de cet échange froid, le regard de Maeva se fit, un peu malgré elle, plus concerné, teinté d’une inquiétude difficile à dissimuler. La réponse de Noah créa chez elle une vague de soulagement et apaisa une crainte particulièrement forte, faite de projections personnelles inconscientes. Elle hocha doucement la tête, les doigts crispés sur la manche de sa veste.

Puis, la voix de Noah s’éleva une seconde fois, bien plus piquante, bien plus accusatrice. Maeva eut un réflexe de recul et ses sourcils se froncèrent. Elle se sentit brusquement acculée, prise sur le fait, surprise dans une attitude qu’elle n’aurait pas dû avoir ou qu’elle aurait dû réprimer.

Noah et elle ne s’adressaient plus la parole depuis le mois de janvier, depuis ce terrible nouvel-an où il l’avait quitté. Souvent, les mots durs qu’ils avaient eu l’un pour l’autre venaient la hanter. « Wahou. Tu sais ce qu’il y a d’étonnant aussi ? C’est qu’après deux ans, comme tu dis, tu sois là à comparer nos souffrances, comme si ça voulait dire quelque chose, et que tu sois autant égoïste » lui avait dit Noah, juste avant de mettre un terme à leur relation. Egoïste. Le mot résonnait encore en elle, brutal et douloureux, et revint particulièrement à la charge face au regard défiant de Noah. Était-ce égoïste, de reprendre contact avec lui sur une intuition terrible, après des mois de silence ? Était-ce égoïste, de ressentir ce besoin de s’assurer que ce qu’il vivait était différent de ce qu’elle avait vécu auprès de son père ? Plus qu’égoïste même, était-ce tout simplement hypocrite ? Maeva fut violemment heurtée par ces questions intérieures, qui remettaient en cause une démarche qu’elle savait pourtant sincère, portée non pas par l’hypocrisie mais par une peur viscérale dont elle ne parvenait pas à se détacher.

« Mais évidemment que je me soucie de toi ! » répondit-elle brusquement, comme portée par le besoin absolu d’être crue. « Je sais très bien ce que c'est, et j’avais peur que ça t’arrive à toi aussi ! »

Le mot « aussi » resta un temps suspendu dans les airs, si longtemps que Maeva se mit à espérer pouvoir le reprendre et le dissimuler, comme elle avait dissimulé si longtemps le caractère agressif de son père aux yeux de son petit-ami, qui ne voyait en James Smith qu’un homme très assuré, peut-être un peu colérique, sensible sur certains sujets. Un père un peu absent sans doute. Un père violent et alcoolique, certainement pas. Ce secret perdurait depuis longtemps, masqué derrière la pudeur, la souffrance et la déception, derrière son incapacité à aborder un tel sujet, encore moins depuis que son père était mort et que, à la tristesse qu’elle ressentait s’ajoutait aussi un soulagement coupable.

« Laisse tomber. » reprit-elle, plus bas, en fuyant son regard. « Je trouvais ça important que tu saches, pour ta mère… Je ne sais pas si elle s’en rend compte, mais elle a sûrement besoin d’aide. »


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeJeu 24 Déc 2020 - 12:08
La réponse brusque de Maeva n’apporta que de la stupéfaction à Noah, qui fut incapable de dire quoi que ce soit face à ce qu’elle venait de lâcher. « Evidemment que je me soucie de toi ». Cet aveu trahissait déjà un état chez elle qu’il ne soupçonnait pas, parce que les faits et l’état actuel de leur relation lui donnait plutôt l’impression qu’elle se fichait de lui, qu’elle l’avait oublié, qu’elle avait tourné la page, qu’elle ne voulait plus de lui dans sa vie. La manière dont elle avait parlé, comme si elle se libérait d’un sentiment contenu, le perturbait et il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’elle voulait dire, exactement.

Mais ce n’était pas grand chose, face à cette bombe qu’elle lâcha avec sa réplique suivante.

« Je sais très bien ce que c’est ». Une sensation glacée s’empara du coeur de Noah. « J’avais peur que ça t’arrive à toi aussi ». Toi aussi. Ces deux mots se répétèrent dans sa tête, dans une tonalité cruelle. Il n’entendit qu’à moitié ce qu’elle dit ensuite, un peu précipitamment, au sujet de sa mère, un peu trop choqué par ce qu’il pensait comprendre. Il observa un long silence, perdu dans ses réflexions qui se lisaient derrière son regard troublé.

Il avait l’impression que Maeva venait de lui avouer qu’elle avait été battue par l’un de ses deux parents. Mais cette idée lui paraissait tellement incongrue et en décalage avec ce qu’il avait connu de ces deux adultes, dont l’une avait été professeure et directrice de leur maison à Poudlard. Quant au père, Noah le savait d’un tempérament assez fort, colérique parfois, pas aussi présent que sa fille l’aurait aimé, mais malgré tout, il lui avait toujours paru plutôt gentil et drôle, ce genre de personne qui se faisait vite remarquer et apprécier des assemblées où il se tenait. Qu’il s’agisse du père de Maeva ou de sa mère, Noah ne parvenait pas à faire coller l’image qu’il gardait d’eux avec la figure d’un parent violent.

Mais surtout, il espérait avoir mal compris ce que son ex-petite amie venait de lui dire, car le contraire était terrifiant. Son ventre se nouait d’un mauvais pressentiment et son coeur battait légèrement plus vite quand il reprit enfin la parole, d’un ton plus bas, en cherchant le regard de Maeva qui semblait éviter le sien :

« Comment ça, tu sais ce que c’est… ? Quelque chose s’est passé ? »


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeMar 12 Jan 2021 - 11:40
Maeva s’était figée, son regard s’était fait fuyant. Elle avait senti, à la réaction de Noah, que ce dernier avait saisi sans problème ce qui s’était échappé dans ses paroles. La jeune femme se mordit nerveusement la lèvre, le visage masqué par une partie de ses cheveux, les yeux perdus devant elle. Une boule s’était formée au fond de sa gorge et l’empêchait de parler. A vrai dire, elle n’était pas certaine de le vouloir ; elle ressentait plutôt un besoin urgent, pressant et instinctif qui la poussait à fuir cette conversation. Incapable d’esquisser un geste, elle resta là, immobile, les mains serrées sur ses genoux. Les paroles de Noah lui parvinrent, étouffées par un bourdonnement d’angoisse qui l’avait saisi à la seconde où elle avait compris son erreur.

« Quelque chose s’est passé ? » demandait Noah, qui n’avait pas encore conscience qu’il détenait déjà la vérité dans la question qu’il lui posait. Maeva refusa d’attraper son regard, dévorée par un sentiment brûlant qui mêlait souffrance, colère et honte et qu’elle refusait de livrer. Pas maintenant. Peut-être jamais, suppliait une voix dans sa tête qui mourrait d’envie d’enterrer son passé pour ne jamais avoir à l’affronter.

Et ne jamais avoir à revivre, dans ses souvenirs, les colères de son père. Et ne jamais avoir à revivre, dans ses cauchemars, cette peur qui lui saisissait le ventre.

Oublier son passé pour aller de l’avant, voilà ce à quoi Maeva aspirait ardemment. Oublier la douleur, oublier le soulagement si coupable qu’elle avait ressenti à la mort de son père, oublier la peur, oublier le manque, oublier les regrets, les remords, et toutes ces choses qu’elle n’avait jamais dites. Parfois, elle s’en sentait capable. Elle souriait, elle riait, et elle avait l’impression de croire au son de son propre rire. Et puis, une parole malheureuse la ramenait des mois, des années en arrière.

Comme aujourd’hui.

Une part de Maeva – cette petite part logique héritée de sa mère – ne pouvait s’empêcher de se demander si cette formulation n’avait pas quelque chose du lapsus inconscient et terriblement révélateur. Si elle n’avait pas su, au fond d’elle, qu’en s’ouvrant de la sorte à Noah, ce dernier attraperait forcément sa maigre confession et, qu’enfin, elle pourrait s’en décharger réellement auprès de quelqu’un. Un léger malaise s’emparer de Maeva à cette idée, parce qu’elle trahissait une fragilité et une faiblesse qui remuait chez elle de lourds affects et des souvenirs qu’elle aurait préféré ne jamais se remémorer. Un éclat de voix, une main qui se lève, et ce souvenir effroyable qu’elle avait subtilisé à Mildred. Encore, encore, encore.

Les joues pâles, les dents serrées, Maeva réalisa qu’elle avait désespérément envie de pleurer.

Sa voix était plus étouffée que jamais lorsqu’elle reprit la parole, le ventre noué :

« C’est pas… » Elle secoua la tête, un sourire faux sur ses lèvres : « C’est plus important, c’est plus la question. » Maeva finit par trouver son regard, dans lequel elle avait terriblement envie de se perdre. « Laisse tomber, t’as plus à… T’as plus à te soucier de moi non plus. Ta mère… » Mais elle ne termina jamais sa phrase. Sa belle assurance, sa fausse assurance se brisa sous le regard de Noah. Le visage de Maeva se fissura, ses yeux s’humidifièrent. Elle écrasa une larme sur sa joue avant que celle-ci n’y termine son parcours.

« Pardon je… » bafouilla-t-elle en se levant précipitamment. Elle tourna les talons et s’éloigna en quelques enjambées, dans une allée du parc dans laquelle elle s’engouffra au hasard. Masquée par les regards, elle s’adossa à un arbre imposant, le cœur douloureux.

Cette marche brusque avait eu le mérite d’apaiser ses larmes, qui brillaient seulement au coin de ses yeux. Pas son angoisse, qui tiraillait son estomac.


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeDim 14 Fév 2021 - 22:58
Noah était l’une de ces quelques personnes qui pouvaient se targuer de connaître vraiment Maeva. La vraie Maeva, celle qui avait des fragilités et des doutes, derrière son assurance, son insolence même, parfois, qu’elle laissait voir aux autres. Il l’avait déjà vue craquer, pleurer, à quelques reprises. Il l’avait déjà vue rentrer dans de grandes colères. Bref, il l’avait déjà vue se laisser aller à ses émotions, et pourtant, la manière dont son visage se craquela au moment où il lui posa une question, était une image nouvelle pour lui. Une image qui n’allait probablement plus le quitter. Une image qui détruisit son maigre espoir d’entendre Maeva réfuter les hypothèses affreuses qui se dessinaient dans son esprit.

Elle ne réfuta rien du tout. Elle se protégea seulement derrière quelques pas de recul, en lui disant qu’il n’avait plus à se soucier d’elle. Ce qu’il sentait venir finir par arriver. Le visage de Maeva acheva de se détruire sous son regard saisi par le choc, et des larmes remplirent le bord de ses yeux.

Il n’y avait pas plus terrible aveu que celui-ci.

Noah en resta choqué pendant un long moment, qu’il aurait eu bien du mal à quantifier. Quand il réémergea dans le monde réel, Maeva avait tourné les talons. Pris d’un sentiment d’urgence, il la chercha du regard et vit le dos de sa silhouette à quelques mètres, engagée sur l’une des allées du parc dans une démarche rapide, fuyante. Pendant quelques secondes, il la regarda s’éloigner, paralysé.

Que pouvait-il faire ? Que fallait-il faire dans une telle situation ? Etait-ce un appel à l’aide ? Avait-elle besoin au contraire de solitude ? Non, répondit une voix instinctive en lui. La solitude, elle vivait déjà dedans. Elle avait des amis, oui, elle avait un entourage, à Poudlard. Mais elle avait perdu, en l’espace de quelques mois seulement, ses deux parents. Aussi complexes aient été ses liens avec eux, Noah ne pouvait pas imaginer plus grand sentiment de solitude et d’abandon que celui-ci.

Poussé par son instinct, il quitta son banc pour rejoindre la direction prise par Maeva, qu’il trouva debout, adossée contre un arbre, la mine défaite. Elle ne pleurait plus, sans que Noah ne puisse savoir si elle retenait ses larmes ou si elle s’était simplement reprise. Son regard, lui, semblait toujours aussi douloureux. La distance de leurs derniers rapports, les blessures entre eux sur ces derniers mois empêchèrent Noah de vraiment s’approcher d’elle. Cela ne l’empêcha en revanche pas de ressentir un vif pincement au coeur, une sourde inquiétude à la voir dans cet état et à deviner ce qui l’agitait.

Pendant quelques secondes, Noah resta ainsi, debout, impuissant. Dans une autre époque, il aurait pris Maeva dans ses bras, pour y recueillir ses émotions et ses confidences. Ce temps ne semblait plus adapté et ce qu’il convenait de faire ne lui apparut pas immédiatement. Poser des questions sur ce qui se passait dans sa tête serait certainement intrusif. Ce n’était plus vraiment sa place. Il finit par demander dans un murmure, autant pour se sortir de cet insupportable état d’impuissance que pour la laisser décider de ce qu’elle pouvait attendre de lui dans une telle situation :

« Est-ce que je peux faire quelque chose ? »


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeDim 21 Mar 2021 - 19:53
Evidemment, que Maeva avait fui le regard de Noah et ses questions silencieuses. Evidemment qu’elle avait préféré tourner les talons plutôt que d’affronter, dans le regard d’un autre, ce qu’elle essayait si ardemment d’oublier. Le dos collé contre l’écorce d’un arbre, Maeva luttait difficilement pour réprimer les larmes qui menaçaient de rouler sur ses joues. Son souffle était saccadé, rapide, signe d’une angoisse montante qui creusait douloureusement son estomac.

Lorsque ses yeux se posèrent sur Noah, figé face à elle, Maeva ne sut dire différencier quel sentiment, du soulagement ou de la honte, lui fit baisser les yeux vers ses mains serrées l’une contre l’autre. De la même façon qu’elle ne savait pas trop si son départ précipité avait été une façon d’appeler à l’aide ou de s’isoler. Face à Noah, elle se savait incapable de mentir comme elle le faisait pourtant si facilement depuis des mois. Il la connaissait trop bien ; masquer sa souffrance devenait un exercice largement au-dessus de ses forces. Sa lèvre inférieure tremblait, comme ses doigts. Son cœur s’était emballé dans sa poitrine, et son visage avait perdu toutes ses couleurs. La vérité lui semblait impossible à dire et pourtant, tout son corps la criait, la hurlait à Noah, parce qu’il fallait bien que quelqu’un l’entende. Parce qu’elle s’était tellement enfermée sur elle-même que cela en devenait dangereux. Parce qu’elle était tellement à court de mots qu’elle en venait à marquer, sur sa peau, ce qu’elle ne pouvait pas dire aux autres, toute cette souffrance qu’elle refusait de ressentir et qui devait quand même s’exprimer. Parce qu’il devenait vital qu’elle se libère, au moins un peu, du poids du silence qui la privait de sa voix.

Face à Noah, Maeva n’avait su tenir ni son silence ni sa prétendue indifférence ; tout avait brutalement vacillé, puis s’était totalement effondré. A nouveau, sous son regard impuissant, Maeva se sentit envahie par des émotions tellement fortes qu’elle réprima difficilement un hoquet. Le murmure de son ex petit-ami lui fit relever les yeux vers lui, et elle le dévisagea longuement.

Probablement que, quelques jours auparavant, elle se serait fendue d’une remarque détachée ou profondément ironique pour mettre à distance une telle question. Elle aurait repoussé cette main tendue en ne sachant pas comment l’attraper. Elle ne savait toujours pas comment la saisir ; en revanche, elle sentait pleinement, dans chaque fibre de son corps, qu’elle était en train de se noyer. En revanche, la question se posait réellement : qu’est-ce qu’on pouvait faire, pour elle ? Maeva avait la sensation d’avoir essayé tout ce qui était en son pouvoir pour oublier, pour tourner la page, pour faire face à ce qui était, désormais, son présent. Rien ne fonctionnait jamais vraiment. Rien ne lui garantissait une stratégie suffisante pour éviter la peine, la tristesse, la sidération, l’horreur.

Maeva n’avait aucune idée de ce qui aurait pu la soulager mais elle se sentait paradoxalement incapable de congédier Noah et de rester seule après ce premier aveu. Elle ne répondit pas immédiatement à sa question, mais lâcha d’une voix blanche :

« C’était… Mon père. » Elle déglutit difficilement. « Il frappait Eden, aussi. » Elle eut un mouvement presque d’hausser les épaules, comme un geste désinvolte qui ressemblait plutôt à un sursaut. « Je ne sais pas… Je crois que je lui rappelais ma mère. » Elle sentit un poids lourd tomber au fond de son estomac. « Ça va. » Ça n’allait pas du tout. « Je… » Sa voix se brisa. Elle entama un mouvement vers Noah qu’elle suspendit. Elle le regarda une seconde, l’air perdue. « Est-ce que tu peux me prendre dans tes bras ? S’il-te-plait, juste cette fois. » souffla-t-elle finalement, d’un ton qui trahissait une lassitude et une tristesse infinie.


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Cold little heart [Noah & Maeva] Icon_minitimeJeu 25 Mar 2021 - 19:27
Quelques mois plus tôt, Noah avait déjà approché Maeva au sujet de sa mère, dont la presse avait annoncé le décès. Le timing avait été désastreux. Ils venaient de se disputer tous les deux, jusqu’à la rupture. Il s’en était doublement voulu, pour avoir pris une décision irréfléchie sous le coup d’une émotion brutale, et pour l’avoir prise au pire moment. Drapée dans sa fierté, Maeva n’avait pas manqué de le repousser assez sèchement. Elle avait refusé, à l’époque, de s’ouvrir à lui, pour des raisons que Noah pouvait deviner : il l’avait, après tout, repoussée le premier.

Cette fois, cette armure qu’elle avait érigée pour se protéger de sa sollicitude semblait s’être usée par le temps et par les épreuves supportées en silence, jusqu’à révéler la cruelle, terrible fragilité de la Maeva qui s’y abritait depuis des mois. Noah la découvrit, troublée, impuissante, profondément atteinte, comme jamais il ne l’avait vue. Et si cette réalisation suffit à le figer sur place, les quelques paroles qu’elle finit par prononcer glacèrent son sang, dans le plus grand sentiment d’horreur.

Son père.

Cet aveu tomba comme un terrible poids dans l’estomac de Noah, qui revit des souvenirs de James Smith, en ayant l’impression très troublante que ces images étaient totalement déconnectées de la réalité que Maeva décrivait. Il ne doutait pas de sa parole et pourtant, ce fut comme si dans son esprit se dressaient deux versions d’un même individu, qui ne pouvaient cohabiter. Ce conflit mental le laissa abasourdi, les explications que Maeva attribua à cet acte innommable le choquèrent. Il n’y avait aucune acceptation possible face à la réalité très violente que décrivaient ses propos. Noah ne pouvait pas l’accepter, ni pour elle, ni pour sa mère à lui. Mais s’il pouvait encore avoir le loisir du doute pour la deuxième, pour Maeva c’était trop tard. C’était trop tard et il n’avait rien vu, rien su, rien compris à l’époque. Son profond choc retint quelques instants encore, cette vague de culpabilité qui n’allait pas tarder à le submerger.

Ça va, disait Maeva, avec une expression, une modulation dans la voix, une attitude qui la contredisaient complètement. Noah ne l’aurait pas crue, même si elle avait affiché un air d’indifférence. Cela ne pouvait pas aller. C’était impossible. On ne pouvait pas bien aller quand on avait régulièrement reçu des coups de la part de son propre père. On ne pouvait pas bien aller quand sa seule délivrance face à cet abus avait été la mort précoce de son bourreau. On ne pouvait pas bien aller quand, quelques mois après, c’était sa mère qui avait disparu à son tour.

A cet instant, la pensée qui terrifia Noah, plus encore que tout le reste, fut de se demander combien de fois et combien de temps Maeva avait prétendu que « ça allait » à des moments où elle avait toutes les raisons de s’effondrer. Trop de fois et trop longtemps, comprit-il, face au regard infiniment las et accablé qu’elle afficha en faisant un geste vers lui.

Contrairement à tout à l’heure, il ne réfléchit pas avant de s’approcher d’elle. Il n’interrogea ni sa place, ni ses raisons. Tous ces questionnements n’avaient aucun sens dans l’horreur insensée que vivait Maeva et qu’elle lui faisait vivre en quelques mots. Quelqu’un devait impérativement lui venir en aide, d’une manière ou d’une autre. Il avait encore trop d’affection pour elle au fond de lui, derrière ses couches d’ego blessé par les derniers événements, de colère, d’incompréhension, pour ignorer un appel aussi déchirant et aussi explicite qu’elle lançait vers lui.

Alors, sans réfléchir, il l’attira contre lui. Il referma doucement ses bras autour d’elle, dans une tentative un peu désespérée de contenir au creux de ses bras toutes ces instables émotions qui les agitaient tous les deux et de leur apporter, « juste cette fois », le sentiment réconfortant de ne pas être complètement seuls face à leurs démons. Pendant un temps indéfini, mais malheureusement pas infini, ils se consolèrent d’être encore là l’un pour l’autre, comme ils avaient pu l’être pendant des années en songeant qu’elles dureraient pour toujours.  

FIN DU RP


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