Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

That girl is a monster [Toni]

Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeMar 29 Sep 2020 - 23:00

3 mai 2011

That girl is a monster [Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, se lance dans une vie nouvelle

Elva gardait pour elle sa solitude. Elle s’inquiétait du futur, anxieuse, triste. D’elle-même elle n’avait plus qu’une image où ses défauts s’illustraient comme peint sous un verre grossissant. Elle ne s’était jamais trouvée ni très belle ni très charismatique, encore moins sexy, des qualités équivoquent qui avaient toutes échouées dans l’écuelle favorisée par le sort d’Aisling. Elle retrouvait dans les traits de ses frères et sœurs des aspects communs, des gestes, le dessin du contour d’un sourcil ou de la souplesse de la mâchoire. Elle trouvait Fergus sublime, Moreen ravissante, Donagh charmant, Aisling parfaite. Elle avait le souvenir d’une époque où ce corps qu’elle ignorait avec dédain depuis quelques mois, lui avait plu. Une époque où elle avait eu pour lui admiration et amour. Ces sentiments s’étaient dissipés lentement au cours de ses années de mariage.

Elle ignorait quand l’esprit avait suivi le corps dans sa lente chute vers sa propre dépréciation. Ce n’était à vrai dire pas quelque chose à laquelle elle réfléchissait consciemment : elle se contentait de se sentir gauche et stupide quasiment en toutes circonstances sans comprendre à quel moment elle avait commencé à penser ça d’elle-même, et c’était tout. Et lorsque la question insidieuse faisait surface comme à cet instant, alors qu’elle préparait avec une grande implication les carottes et les oignons qui devaient agrémenter l’Irish stew déstiné aux vingt-trois convives de l’après-midi, elle se contenta de l’ignorer avec une sorte de dédain qui à lui seul faisait preuve d’une force de caractère mésestimé.

Elva ne voulait pas y réfléchir, tout comme elle choisissait de ne pas réfléchir au nouveau comportement qu’elle adoptait progressivement avec Antonino. Ça non plus, elle ne savait pas exactement ni quand ni comment ça avait évolué. Elle avait simplement remarqué un jour que son regard sur lui s’était fait différent. Elle n’était pas certaine de ce qui avait déclenché cette différence. Peut-être la façon dont il s’était penché pour sourire à l’un de leur cousine, ou la main qu’il avait posé sur le bras de Fergus. Peut-être les fines gouttes de sueur qui perlaient de l’échancrure de son col le jour où il était accouru pour aider Damnhait à transporter une armoire qu’elle avait décidé de déplacer toute seule et qu’elle avait coincé dans l’escalier à tel point qu’il avait fallu la dégager à la main. Peut-être les contractions des muscles de son dos lorsqu’il avait retiré son tee-shirt, comme il finissait toujours par le faire, cette même journée où la chaleur de la maison lui avait semblé bien plus intense que d’ordinaire et où elle s’était endormie avec près du regard des détails insensés de cette après-midi mêlée d’excitation.

Elle ne l’avait pas dit au prêtre.

Pourquoi en aurait-elle parlé ? Rien n’avait changé. Toni était Toni. Le même Toni que d’ordinaire. Le même Toni qu’elle connaissait depuis qu’à seize ans elle l’avait vu attendre devant la maison la première fois que Fergus l’avait amené jusque chez eux. Le même Toni dont la bouche était pleine de fautes d’anglais, qui ne comprenait pas les expressions et mélangeait des verbes, le même Toni imposant, exultant, bruyant, attendrissant, charmant, désirable.

Ça avait commencé comme ça. Et puis les soirées où elle l’avait vu, elle s’était trouvé quelque chose d’indescriptible… Comme un besoin instinctif et incontrôlable d’attirer son attention. Un jeu innocent, trois fois rien. Elle passait près de lui et le frôlait à peine. Posait sur ses bras des mains délicates dont elle faisait durer le contact, quelques secondes, un peu trop longues. Des regards furtifs qu’elle lui accordait avant de fuir. Une fois ou deux elle avait laissé ses cheveux balayer sa joue en se penchant près de lui. Elle avait respiré son odeur et savait qu’il avait respiré la sienne.

Trois fois rien.

Pourtant ces contacts, ces regards, ces fragrances, laissaient des traces. Elle avait au creux des paumes les dessins veloutés de sa musculature bouillante. Elle avait au creux des yeux les aspérités séduisantes de sa nuque, de son cou, de sa pomme d’Adam, de sa mâchoire. Elle avait au creux du nez son odeur musquée, mélange d’eau de toilette et de sapin
Spoiler:

Elle avait au creux des jambes quelque chose dont elle avait perdu l’habitude et qu’elle tentait d’ignorer toutes les fois où elle se trouvait en sa présence.

Trois fois rien.

Le couteau ripa sur la planche et incisa légèrement la peau veloutée. « Merde. » Elva porta son doigt à sa bouche pour en sucer le sang. Damnhait ne la laissait jamais couper les légumes à l’aide de la magie. Bien que personne n’ait jamais pu prouver qu’une différence existe, sa mère estimait que les légumes changeaient de goût lorsqu’ils n’étaient pas émincés à la main. C’était le genre de chose qu’Elva ne discutait pas. Si elle avait été Aisling bien sûr, elle aurait utilisé la magie une fois que Damnhait aurait quitté la cuisine. Mais elle n’était pas Aisling. Elle respectait les règles. C’était bien la raison pour laquelle le petit jeu qu’elle avait initié avec Toni ne pouvait exister réellement. C’était bien la raison pour laquelle Toni lui-même n’avait pas dû remarquer grand-chose.

- Elva, t’as terminé avec les légumes ? » Elle releva la tête vers son frère qui venait d’entrer les bras chargés de deux caisses de pommes de terre en poussant la porte de l’épaule.
- Quasiment, répondit-elle en essuyant le sang qui perlait de son doigt.
- Tu t’es coupé ?
- Ce n’est rien.
- Fais voir.

Elle tendit la main à Fergus et leva les yeux vers Toni qui suivait toujours le sillon de son frère. Elle rencontra son regard et lui sourit d’un sourire qu’elle espéra naturel car quelque chose en elle s’était instantanément trouvée gêné de le voir là, dans une communauté si réduite. Avant que Fergus n’ai pu clôturer son inspection elle reprit sa main de force.

- Tu peux me laisser les pommes de terre, je vais m’en occuper.
- Il y en a une tonne, ne fais pas tout à la main. Damnhait n’a pas…
- Ferguson !! Ferguson, viens ici !! A l’appelle de son nom il ferma brièvement les yeux et marmonna entre ses dents :
- Il suffit de prononcer son nom pour l’invoquer… Je vais voir ce qu’elle veut. Toni reste là même si elle me demande d’aller acheter un truc ça sert à rien que tu te tapes l’aller-retour, donne plutôt un coup de main à Elva.
- Je peux très bien le faire toute seule, ce n’est pas…
- Je reviens. Fergus sorti de la cuisine et le battant de la porte se referma sur lui dans un silence de mort.

Un silence de mort qui s’éternisa quelques secondes stupéfiantes que Toni, pour une raison inconnue d’Elva mais qui fut instantanément pour elle une source de panique, ne rompit pas. Elle eut un rire, quelle trouva nerveux à l’oreille.

- Vraiment ce n’est pas la peine de m’aider, Tonino. Elle se saisit nerveusement d’une cagette pour dissimuler son trouble, qu’elle amena près d’elle et commença à éplucher machinalement. J’aurais terminé rapidement et c’est rasoir comme tout, tu ferais mieux d’aller faire un tour, ou quelque chose d’agréable… Tu es notre invité, il est hors de question que tu fasses la cuisine. Elle réalisa en les disant combien ses mots étaient absurdes : Toni était tellement intégré dans leur famille qu’il n’avait plus réellement le statut d’invité. A ce titre il se retrouvait presque systématiquement à aider aux préparatifs. Mais tant pis. Tout pour qu’il ne reste pas planté là à la regarder se couper avec des patates. Ils ne s’étaient pas retrouvés seuls depuis des mois, et surtout pas depuis qu’elle avait commencé à le frôler et à penser à l’échancrure de ses pectoraux avant de s’endormir.

Ce n’était pourtant trois fois rien.
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeVen 2 Oct 2020 - 22:24
That girl is a monster [Toni] 200425121537918652
Antonino Tessio, 31 ans, tout perturbé

Toni n’était pas toujours très attentif aux gens. Bien souvent, il ne ménageait pas leurs sensibilités, faisait des gaffes, ne remarquait pas des changements qui ne sautaient pas aux yeux, étouffait les plus timides de sa présence exubérante, sans jamais le calculer mais simplement parce que c’était sa manière spontanée d’être. Quelques personnes échappaient à ce constat général, quelques personnes dans la vie de Toni, soit parce qu’il en était assez proche pour savoir déceler leurs non-dits, soit parce qu’elles éveillaient chez lui un intérêt qui le rendait sensible au moindre stimulus. Comme souvent avec lui, c’était tout ou rien.

Elva était tout.

Elle était cette femme qui pouvait concentrer toute l’attention de Toni au point qu’il en oublie leur entourage et le lieu où il était. Parce que chaque contact avec elle, accidentel ou spontané, éveillait toujours les sens de Toni, de manière à le rendre hautement conscient de ce qui se passait, il avait évidemment noté qu’elle avait changé d’attitude avec lui, sans être toutefois bien certain de la manière dont il interprétait les choses. Il avait senti plusieurs fois sa main sur son bras, l’effleurement de ses cheveux, le parfum de sa peau, globalement une proximité physique plus prégnante, mais Toni était parfaitement incertain du sens qu’il fallait y donner. Elva était assez  tendre et tactile avec ses frères et soeurs, il l’avait souvent vue toucher l’épaule de Fergus, prendre Moreen dans ses bras. Toni lui-même distribuait facilement des gestes d’affection, il était bien placé pour savoir qu’il ne fallait pas forcément y voir des élans particuliers.

Alors que d’habitude, son instinct avait tendance à se fixer très vite sur des hypothèses et s’y accrocher, cette fois-ci, la boussole de Toni tournait en rond face aux signaux troubles envoyés par Elva depuis quelques jours. Une vieille blessure de son coeur, infligée des années plus tôt, quand la jeune femme n’avait pas répondu positivement à une attirance qu’il avait exprimée, empêchait Toni de trop s’approcher d’un terrain où il n’avait pas été bien reçu et où il se sentait fragile. Alors il restait immobile, pour l’instant, sur le qui-vive, dans une forme d’observation attentive et d’inaction qui ne lui ressemblait pas beaucoup mais qui lui permettait de se défendre.

Car après tout, rien n’avait changé. Elva était toujours mariée, bonne catholique, institutrice bien rangée, mère de deux enfants, et lui, il était toujours Antonino, cet enfant adoptif et un peu trop bruyant de la famille Avner, au rythme de vie totalement dissolu.

Rien n’avait changé à part la longueur des regards d’Elva sur lui et la profondeur de ses sourires.

Lui, il suivait toujours les pas de Fergus, dans l’effervescence habituelle des soirées familiales qui se préparaient, en traversant des pièces qu’il connaissait par coeur, au milieu de voix familières et de gestes répétés. Il vit Fergus tenir comme toujours à la perfection son rôle d’aîné, soucieux de sa soeur qui s’était blessée, prompt à répondre aux sollicitations de sa mère même si elles lui tiraient de profonds soupirs. La prise de conscience qu’il se dirigeait droit vers une scène où il allait se retrouver seul avec Elva le rendit quelque peu déstabilisé et peu prolixe :

« Euh ouais, ok, jé reste là. »

Fergus avait déjà tourné les talons, laissant derrière lui un Toni désorienté et une Elva de toute évidence embarrassée. Elle fut la première à prendre la parole, avec une attitude qui respirait la nervosité. Ses mains s’étaient déjà mises à éplucher des pommes de terres et ses mots à esquiver sa présence. Toni posa son regard sur sa silhouette qui lui tournait le dos, ces longs cheveux noirs et ces épaules minces dont il connaissait les contours par coeur. Il réalisa à cet instant que c’était sans doute la première fois depuis des mois qu’ils étaient totalement seuls tous les deux, sans une autre connaissance commune pour leur tenir compagnie.

Il réalisa donc que c’était la situation idéale s’il voulait démêler ce qui se passait vraiment -ou ne se passait pas- entre eux.

Il fit un pas vers le plan de travail où travaillait Elva, avec un regard pour elle.

« Votre invité ? Tou mé vexes. » Mais son sourire démentait ses propos. Il attrapa un couteau et une pomme de terre au hasard dans la cagette posée entre eux. « Jé vais pas té laisser éplucher douze kilos dé patates toute seule, on ira plus vite à deux. »

Pendant quelques secondes, ils s’attelèrent à cette fastidieuse tâche que Toni exécutait plutôt machinalement, car ses pensées étaient tournées bien ailleurs. Son sixième sens percevait toujours une espèce de fébrilité chez Elva, qu’il chercha à désamorcer en faisant ce qu’il faisait de mieux : dire des bêtises.

« Ah ouais, même avec un doigt blessé, tou vas deux fois plus vite qué moi, fit-il remarquer en coulant un regard vers elle. C’est quoi tes techniques secrètes ? »
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeJeu 8 Oct 2020 - 0:14


That girl is a monster [Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, en plein trip sur la patate

Non, non, non, se répétait Elva en boucle à l’intérieur de son esprit dérangé par la présence de Toni et qui, anticipant l’intimité tragique que son frère allait leur imposer, s’était mis à réfléchir furieusement à une façon polie d’y échapper.

C’était peine perdue. Elle n’avait aucune raison légitime de quitter la cuisine. Pire, elle savait qu’une tentative aussi stupide que téméraire l’opposerait à sa mère, dragon tapis juste derrière la porte, qui la renverrait aussitôt à sa corvée, humiliée et honteuse. Elle fut surprise cependant : elle avait dans l’idée que Fergus, dont l’acuité ne laissait pas passer grand-chose lorsqu’il s’agissait de Toni, – il avait toujours eu la mauvaise habitude de veiller sur lui comme sur un poussin égaré dans un enclos de renard, même depuis que le garçon avait appris à s’exprimer et affichait clairement son indépendance, - avait peut-être perçu le petit manège qu’elle avait commencé à mener avec discrétion. Sa demande impérative lui fit reconsidérer sa position : s’il avait eu un doute, à moins qu’il ne se soit senti débordé et ait oublié de prendre un compte un des aspects primordiaux de l’organisation de la soirée (ce qui lui arrivait peu souvent mais n’était pas à exclure,) il ne les aurait probablement pas laissés tous les deux, seuls, dans la même pièce.

Ou peut-être imaginait-il que l’un comme l’autre ne serait capable que d’osciller d’un pied sur l’autre en prenant l’air gauche et stupide, comme deux adolescents de quinze ans incapables de se regarder dans les yeux.

En cela il n’aurait pas eu totalement tort.

Gauche, Elva était convaincue de l’être. Gênée, elle ne se faisait aucune fausse idée. Elle avait une conscience aiguë à la fois d’elle-même, machinale et stupide, fixant sa planche à découper et pressant entre ses mains nerveuses couteau et pomme de terre, et du regard de Toni sur elle qui se changeait en présence dès que ses yeux la quittaient pour regarder ailleurs. Pourquoi se pliait-il aux exigences de Fergus ? Pourquoi ne retournait-il pas dans le salon aider à déplacer des meubles ? Il y avait toujours des canapés à pousser pour organiser la salle à manger et l’agrandir, pourquoi ne mettait-il pas au service de quelque chose de plus utile ses muscles tendus et forts, ses pectoraux bombés qui gonflaient son tee-shirt avec une sorte d’harmonie imperfectible et de…

Elva se passa le revers de la main sur le front, repoussa les mèches qui tombaient devant ses yeux et entama la peau jaunâtre d’une nouvelle pomme de terre.
- Jé vais pas té laisser éplucher douze kilos dé patates toute seule, on ira plus vite à deux. »
- Non, je t’assure que ça va. » Elle s’évertua à réduire son monde à l’espace de sa planche, des gestes répétitifs qu’elle effectuait, des épluchures qui glissaient le long de ses doigts comme se glissait à ses côté Tonino d’un geste sur.

Elle savait que ses efforts pour le convaincre de ne pas rester avaient été ridiculement faibles. Elle aurait probablement pu insister plus vertement et le chasser de la cuisine pour l’obliger, par exemple, à s’occuper des enfants qui devaient sans doute déborder Donagh ou Moreen (ou les deux.) Au lieu de quoi elle s’était tue, les lèvres serrées, le regard trouble, consciencieuse dans un travail qu’elle ne réalisait plus exécuter avec les gestes répétitifs et nerveux d’une machine.

Elle faisait des efforts terribles pour ne pas lever le regard vers Toni, ne pas s’interroger sur l’endroit où il avait posé ses yeux. Elle discernait vaguement ses mains, de temps à autre, qui exécutaient patiemment les mêmes gestes qu’elle et ne résonnait plus dans le silence que le grattement pénible de la peau qui s’écoulait sur la toile cirée. Elva réfléchissait fébrilement, se demandait s’il avait remarqué. Il était difficile de déterminer quelque chose dans son attitude qui lui aurait certifié qu’il avait interprété le petit jeu qu’elle avait engagé avec elle-même. Peut-être se faisait-elle de fausses idées, peut-être n’y avait-il strictement rien n’à craindre. Peut-être avait-il considéré le contact de son souffle ou la caresse de ses cheveux comme autant de proximités accidentelles qui ne relevaient aucunement de signaux d’intérêt mais simplement… Hé bien, d’une proximité incongrue voulue par des circonstances qui n’appelaient aucune interprétation.

Par ailleurs, Elva était en colère contre elle-même. Elle avait d’elle l’image déformée d’une gamine s’amusant au dépend d’un garçon charmant, incapable d’assumer ce qu’elle mettait en place, ni pour lui, ni pour elle-même. Bon sang Elva, tu es mariée, se répétait elle serrant les dents. L’angle de sa mâchoire se crispait alors que sa frustration éliminait progressivement la présence de Toni, qui réinvestit son espace en brisant le silence d’une blague approximative qui la tira de ses pensées et lui fit brusquement lever la tête.

- Mes quoi ? » Demanda-t-elle, et elle rencontra le regard qu’il avait coulé vers elle. Est-ce qu’il tentait une approche ? Est-ce qu’il s’imaginait quoi que ce soit, attendait quoi que ce soit d’elle ? « Ho, heu… » Lâcha-t-elle, mal à l’aise. Elle reprit un souffle qui l’avait déserté en un instant lorsqu’elle avait percuté de pleins fouet ces yeux qu’elle évitait avec soin depuis de si longues minutes. Elle ne comprenait pas depuis quand, ni comment elle avait fait jusqu’ici pour ne pas y prêter attention, mais le regard de Tonino portait en lui un brillant insidieux et brûlant qui déclenchait instantanément en elle l’envie irrépressible de prendre le contrôle. Comment et de quoi précisément, elle avait encore du mal à le déterminer. Elle avait juste la certitude intime que, regardée comme elle l’était, elle se trouvait plus forte. Comme si au travers de ses yeux seuls elle trouvait une valorisation qu’elle cherchait chez Reagal depuis des années et semblait de plus en plus impossible d’exister. « Tu prends simplement l’économe dans ce sens-là et la pomme de terre comme ça et… » Elle soupira. « Ça n’est pas vraiment un savoir-faire, en soi c’est plutôt ridicule. J'ai vraiment du mal à croire que ça puise te passionner. » Cette fois elle leva les yeux franchement et dévisagea Toni qui la regardait toujours.

Que cherchait-il ? A engager la conversation avec elle ? Instinctivement elle puisa dans ce regard les émotions qu’elle y avait trouvé toutes les fois où il était venu passer une soirée avec eux et où elle avait engrangé ce petit manège qui lui tombait des mains à présent qu’elle aurait pu mener une attaque concrète. Elle posait sur ces pupilles sombres, ces longs cils doux, ces sourcils expressifs, ces lèvres charnues, cette mâchoire au profil altier, l’échancrure insolente de ce torse désirable, des envies qu’elle rejetait mollement, sans grande volonté, un peu honteuse, un peu coincée entre deux envies qu’elle n’analysait pas bien.

Il lui semblait juste que l’attitude que Toni entretenait avec elle au quotidien avait quelque chose de doux, de tendre et d’attentif, qu’elle avait déjà remarqué auparavant mais jamais au point de réaliser combien il était salvateur. La violence de Reagal à l’opposé, leur dégoût mutuel grandissant, son écrasante domination sur sa confiance ébranlée, lui faisait prendre conscience de l’intensité de cette disponibilité de Toni à son égard et elle se trouvait soudain dans un besoin dévastateur de s’en emparer pour y goûter le plus longtemps possible. Parce que ces derniers temps, c’était là que secrètement, elle venait puiser sa force.

Elle tâchait d’oublier que c’était ses lèvres à lui qu’elle imaginait lorsque celles de Reagal s’écrasaient contre sa poitrine. Que c’était lui qui s’unissait à elle lorsqu’elle cédait à Reagal. Elle fermait les yeux et se demandait comment Tonino faisait l’amour.

Puis elle culpabilisait, et faisait comme si ça n'était jamais arrivé.

Mais lorsqu’il était là, comme ça, si proche d’elle qu’elle pouvaient sentir presque palpiter son cœur et entendre contre son oreille son souffle, elle oubliait toujours cette culpabilité lancinante qui la poursuivait ensuite pendant des jours, et cédait à l’urgence d’agir pour se faire du bien.

C’était là qu’elle trouvait sa témérité.

- Non, » dit-elle en voyant Toni positionner sa main différemment sur l’économe. Doucement, elle posa contre ses doigts aux phalanges abîmés ses doigts pâles, la blancheur de sa peau se découpa sur le teint mat et les tatouages sombres de Tonino, sa chaleur se glissa dans ses chaires. Elle se débarrassa d’un frisson. « comme ça, » dit-elle en ajustant le geste de Toni avant de retirer sa main avec un sourire qu’elle parvint à couvrir d’une neutralité parfaite. « Vraiment rien de fascinant, comme tu peux voir. Mais toi, » ajouta-t-elle en reprenant sagement son travail au-dessus de sa propre planche à découper. « Tu dois avoir des techniques autrement plus intéressantes pour découper les choses… Enfin, non. J’espère que tu n’as jamais découpé personne, Toni. » Elle eut le doute terrible d’avoir transformé une blague en un sujet épineux en un rien de temps. « Tu n’es vraiment pas obligé de répondre. » Ajouta-t-elle précipitamment.

Mon Dieu ce qu’être mal à l’aise la rendait stupide.

Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeSam 10 Oct 2020 - 23:06
That girl is a monster [Toni] 200425121537918652
Antonino Tessio, 31 ans, panique à bord


Le malaise évident d’Elva à ses côtés remuait une légère culpabilité chez Toni, qui se demanda un instant s’il ne ferait pas mieux d’aller faire autre chose ailleurs, mais bien vite, son envie de trouver des réponses à ses questions le rattrapa. Il ne gérait pas bien le sentiment d’incertitude. Certains esprits étaient bien faits pour échafauder mille scénarios, se perdre -se complaire même- dans des réflexions qui leur permettaient d’analyser ce qu’ils vivaient. Toni n’en avait pas la patience, ni la disponibilité d’esprit. Il s’épanouissait bien plus et se développait dix fois plus au contact des autres, par le biais d’interactions tantôt affectueuses, tantôt conflictuelles, que par les mouvements de sa vie intérieure. Indubitablement extraverti, Toni avait besoin de bruits, de contacts, de réactions pour faire ses choix et progresser dans sa vie.

Ainsi, son premier réflexe dans une situation comme celle-ci était de chercher le contact avec Elva et de tirer des réponses de son expérience avec elle, plutôt que d’attendre qu’elle veuille bien s’exprimer sur les subtils changements de son comportement u’il avait notés. Eplucher des patates le passionnait effectivement très peu. En revanche, il était mille fois attentif aux signaux qu’Elva émettait, avec une acuité qu’il tirait d’une espèce de sixième sens chez lui qui lui permettait littéralement de flairer le danger. Il pouvait presque humer le malaise qu’elle ressentait, il voyait la tension s’emparer de ses épaules, il entendait le son un peu trop haché de ses gestes sur ses pommes de terre. Il en était certain désormais, sa présence la troublait.

Mais pour quelle raison ?

Cette question luisait au fond du regard qu’il échangea avec Elva. Sa bouche parla par automatisme plus qu’autre chose, totalement déconnectée des pensées qui se bousculaient dans sa tête et des émotions qui agitaient son coeur, simplement parce qu’il fallait dire quelque chose et que Toni savait très bien meubler le silence :

« C’est pas ridicule d’éplucher des patates. Tou lé fais très bien. »

Probablement que ce qu’il disait était ridicule et inutile, mais cette pensée quitta très vite l’esprit de Toni, car le ridicule ne l’avait jamais paralysé. En revanche, les grands yeux verts d’Elva Avner… Pendant un bref instant, il fut saisi de l’impression que, pour une fois, pour la première fois peut-être, il n’était pas le seul à la dévisager comme s’il cherchait à graver chaque aspérité de ses traits dans sa mémoire. Cet intérêt qu’il crut percevoir dans son regard agrandit un espace dans sa poitrine où son coeur battait déjà très fort, trop fort, de tous ces émois qu’elle était la seule à savoir susciter chez lui. Il était bien incapable de dire ce qui chez lui ou chez Elva, avait changé au point de leur ouvrir cette fenêtre l’un sur l’autre mais Toni en éprouvait déjà les retombées. Elle avait peur, semblaient signifier l’arc de ses sourcils, le pli de ses lèvres. Pourtant, elle eut un geste étonnamment téméraire, indubitablement différent de leurs habitudes, en posant si délicatement sa main sur la sienne que ce contact lui fit l’effet d’une chaude caresse.

A cet instant, vraiment, l’art de l’épluchage des pommes de terre était environ le dernier des soucis de Toni, qui avait plutôt envie d’effleurer lui aussi cette peau diaphane qui le fascinait, ces lèvres rouges qui l’appelaient. Et pourtant, de manière absurde, leur conversation continua de s’accrocher à ce sujet prétexte. De la même manière que son langage corporel, ses mots finirent par échapper à la jeune femme. La conversation se perdit dans des chemins imprévus, sur lesquels Toni suivit Elva dans une panique similaire, mû par l’envie de ne pas la faire penser qu’elle avait dit quelque chose de travers et ne pas laisser un silence gênant s’installer :

« Je… Non, j’ai pas vraiment découpé des gens, enfin ça dépend cé qué tou appelles découper, genre avec une hache ou quoi, nan c’est pas mon trip, encore moins avec un économe, ça prendrait quand même beaucoup dé temps dé faire ça avec un économe, il y a des manières bien plou efficaces d’écorcher quelqu’un, surtout avec la magie, enfin non pas qué j’ai déjà fait ça hein ! Ça c’est plutôt lé domaine dé… Enfin non laisse tomber, haha, tou veux sans doute pas savoir ! »

Non, Elva n’avait probablement pas besoin -et surtout pas envie- de savoir que son frère aîné était très inventif quand il s’agissait d’élaborer des sortilèges de torture. Le nom de Fergus qui passa dans son esprit fut ce qui retint Toni de continuer dans cette grande gaffe. Il se mordit la lèvre, en se sentant tout à fait stupide, et attrapa précipitamment sa pomme de terre pour terminer de l’éplucher. Pendant quelques poignées de secondes qui lui parurent des heures, il se focalisa sur cette action, en s’efforçant de contenir ce manque qu’avait imprimé ce bref contact de la main d’Elva sur la sienne et qui grandissait déjà en lui.

Il n’avait jamais été aussi proche d’elle.

Cette réalisation l’enivra juste assez pour qu’il soit poussé par l’envie d’explorer cette proximité ou tout de moins, d’en voir les effets sur Elva. Son coude n’eut pas besoin de s’écarter beaucoup pour qu’il finisse par frôler celui de la jeune femme, d’un geste si léger que leurs épidermes furent à peine en contact. Et pourtant, Toni sentit la surface de sa peau s’électriser de tous ses nerfs avides de la chaleur qui émanait de ce joli bras fin.
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 20:51


That girl is a monster [Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, girlpower ou je sais pas

Elva retint un rire. Elle avait désormais une conscience aiguë du malaise général qui planait entre eux et ne se souvenait pas d’avoir déjà vue Toni s’empêtrer à ce point dans ses mots, lui d’habitude si beau parleur, si à l’aise avec ses verbes approximatifs, si éloquent dans les maladresses de son accent délicieusement chantant et charmeur.

Elva ripa sur la planche à découper et manqua s’entailler le pouce, mais Toni, trop concentré sur son discours, ne remarqua pas son trouble. Elle grimaça en positionnant son couteau correctement, sidérée de constater que des thématiques portant sur le charme et le délice de son accent étaient de nouvelles données lorsqu’elle pensait à lui. Certes, elle avait toujours considéré son accent agréable, chaleureux, évocateur de choses qui existaient loin d’elle et qu’elle n’avait jamais vu, mais de là à le trouver délicieux et charmeur, c’était une ligne qu’elle ne s’était jamais imaginé franchir. Après tout, elle aurait pu avoir Toni il y avait des années de cela, et elle avait choisis en toute objectivité de ne pas le prendre. Le jeune homme lui avait toujours semblé trop différent, trop éloigné d’elle. Trop sauvage, trop instable, trop violent.

Maintenant qu’elle le comparait à Reagal, maintenant qu’elle redécouvrait cette vulnérabilité qu’elle n’avait pas su percevoir à l’époque où, trop sûre de son charme, elle s’était dit qu’elle avait le temps d’attendre un véritable coup de cœur, elle considérait jour après jour son erreur et se questionnait sur ce qui l’avait poussé à faire un tel choix.

Toni aimait son métier. Elle savait qu’elle aurait eu du mal à fonder une famille avec un homme qui risquait à tout moment de disparaître, et c’était encore quelque chose auquel elle évitait de penser, pour tout ce trio étrange que son frère avait rapporté avec lui, et dont elle aimait chaque membre à sa façon. Pourtant, il lui semblait véritablement qu’alors son refus avait émané d’une part obscure, orgueilleuse, exigeante de son caractère qui en avait payé le prix depuis en se confrontant à la violence de Reagal. Elle avait commencé à y penser un jour alors que son mari s’était affalé ivre mort à côté d’elle et ronflait dans l’ombre dans la chambre. Allongée sur le dos, les mains sur la poitrine, elle s’était demandé ce qu’aurait été sa vie si elle avait choisi Toni.

Cette question depuis tournait en boucle dans sa tête et échafaudait milles scénarios qui l’avaient conduit à ce petit jeu de proximité effacé, ce petit cache-cache de sentiment avec lequel elle ferrait l’ami de son frère, en ignorant consciencieusement les répercussions que cela pourrait avoir, consciente du malheur éventuel qu’elle pouvait créer, incapable pourtant de s’en empêcher, incertaine absolument quant à l’intérêt que Toni avait encore pour elle.

Un intérêt aussi brutal qu’évident qui avait refait surface à l’aune de ses toutes premières sollicitations.

Elva ne se satisfaisait plus de ces marques d’affection. Elle s’en nourrissait, affamée de tendresse, cherchait à chaque minute une nouvelle façon de saisir encore une fois dans le regard de Toni cette tendresse, cette attente, cette incertitude, ce désir terrible qu’en tant que caractère solaire, incapable de se dissimuler, il lui transmettait à chaque échange de regard.

Et plus les semaines passées plus elle voulait de lui. Ces regards, ses attentions indirectes, lui faisait un bien fou. Il suffisait qu’il pose les yeux sur elle, qu’elle sente son regard suivre les courbes de sa marche, de ses gestes, pour sentir une confiance terrible l’envahir, une confiance qu’elle n’avait pas ressentie depuis qu’elle avait épousé Reagal. Il suffisait qu’elle lui parle pour trouver dans la concentration de son visage, dans l’intensité de la projection qu’il faisait dans ses paroles, pour se sentir intelligente. Il avait ce pouvoir qu’elle ne retrouvait plus en elle. Près de lui elle se sentait belle, elle se sentait forte, elle se sentait courageuse. Elle se sentait désirable, vive, importante. Elle se sentait capable de mener milles choses, elle se sentait indépendante, elle se sentait sexy. Elle ignorait totalement comment ces certitudes se créaient, pourquoi Toni déclenchait en elle de tels sentiments alors qu’elle ne s’était jamais sentie téméraire. Elva avait toujours respecté les règles, de la fratrie elle avait toujours été la plus sage. Chez elle, elle ne respirait pas. La présence de Reagal était écrasante et la suivait ensuite partout où elle allait.

Sauf près de Toni.

Elle souriait au-dessus de sa planche mais ne parvint pas à répondre, de peur d’exploser de rire ou de poser une question dont la réponse tuerait sur le champ le rire qui viciait sa gorge. Elle ignorait de quoi allait être suivit l’aveux de Toni, et si en temps normal une telle déclaration l’aurait certainement horrifié vis-à-vis des implications sous-entendues, cette fois elle en fit superbement abstraction, incapable de lancer un sujet de discorde : « Non, je ne préfère pas savoir, » affirma-t-elle calmement. Elle laissa le silence s’installer.

Elle venait de comprendre que Toni était bien plus nerveux qu’elle. Elle venait de comprendre réellement à quel point elle dominait cette situation. Et cela lui paraissait improbable. Incroyable. Inespéré.

Elle perçu le mouvement de Toni avant de le sentir. Il s’était rapproché un peu, et elle senti bientôt son coude frôler le sien. Presque rien. A peine une caresse qui fit frissonner le duvet de son bras, une tentative ambiguë digne de ce qu’elle avait pu créer elle-même. Elva fit comme si elle n’avait rien remarqué mais dans sa poitrine son cœur avait exécuté un salto.

A sa connaissance, jamais Toni n’avais fait preuve d’autant de timidité à l’égard de messages qu’il ne savait interpréter. Lui toujours si directe, semblait craindre de se tromper sur la véritable nature ce qui se passait entre eux. Elva sentit son front et ses joues se réchauffer furieusement alors qu’elle constatait la preuve de cette évidence.

Toni la voulait.

Toni la voulait probablement suffisamment furieusement pour ne pas risquer de tout faire exploser en la brusquant, parce qu’il avait la délicatesse de savoir que ça ne correspondait pas à son caractère.

Toni la voulait et la voulait sûrement à un point qui l’obligeait à faire attention à elle, terriblement.

Elle menait ce jeu. Elle menait Toni. Cet homme fort, beau, qui éclatait de confiance en lui, devant elle était pris de malaise, et frôlait son coude pour toute tentative. Elva se sentit puissante. Et elle en eu assez de toutes ces histoirs immatérielles qui trôtaient dans sa tête. Elle voulait se sentir désirée, aimée, valorisée. Elle en avait assez du statu piteux qu’elle subissait aux côté de Reagal. Elle en avait assez de se considérer à peine meilleure qu’un chien.

Elle écarta son couteau et tendit le bras pour prendre une des pommes de terre qui gisaient de l’autre côté de la table. Cette manœuvre l’obligea à passer son bras devant Toni, puis son torse, et ce qui avait été un frôlement devint le contact franc d’une partie de sa poitrine contre le torse dur de Tonino, de son bras contre ses hanches. Il dura à peine quelques secondes. Elva ne l’avait pas regardé. « Pardon », dit-elle comme si elle avait mal calculé sa trajectoire et aurait eu besoins qu'il se pousse. Elle apporta à elle la pomme de terre, la plaça sur la planche et le plus naturellement du monde, se remit au travail.

Avec un contrôle qu’elle n’imaginait pas avoir, elle dissimula l’excitation brûlante et profonde que ce contact avait fait surgir en elle.

Elle aussi voulait Toni.

Elle le voulait et venait de décider que rien ne l’empêcherait de l’avoir.

Antonino Tessio
Antonino TessioChef de la mafia
Messages : 53
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeVen 23 Oct 2020 - 15:01
Antonino était un conquérant, dans absolument tous les domaines de sa vie. Réputé pour attirer une femme différente chaque soir dans son lit, pour s’imposer dans toutes les conversations sans retenue, pour arracher chaque Mornille qu’il pouvait économiser dans une négociation, pour pousser toujours plus loin les ambitions de son gang, il donnait l’impression d’obtenir tout ce qu’il voulait, par la simple force de son caractère et de sa prestance. Rien ne lui résistait, parce qu’il avait le culot de s’obstiner là où beaucoup auraient baissé les bras.

Elva était l’une de ces quelques exceptions capables de freiner la machine de guerre, et ce moment volé dans cette cuisine lui rappelait encore une fois combien il devenait un autre homme en sa présence. S’il se contenait face à elle, ce n’était pas par peur de heurter la jeune femme. Elva faisait partie de ces personnes que Toni trouvait au contraire incroyablement solide, sans soupçonner l’ampleur véritable de sa fragilité. Il craignait plutôt les éventuels impacts sur leur relation à tous les deux et sur lui-même, qui se sentait profondément vulnérable à l’endroit de sentiments à son égard qui n’avaient jamais totalement disparu. Sa montagne de muscles et de confiance en lui devenait précaire face aux multiples incertitudes et craintes de faux espoirs qu’Elva soulevait d’un simple sourire, d’une simple caresse sur sa main.

Que dire de l’éboulement qu’elle provoqua en engageant un contact bien plus franc, bien plus équivoque.

Son torse, ses hanches, n’étaient pas familiers du contact de la jeune femme, et Toni sut instinctivement que cet effleurement n’était pas accidentel. La Elva qu’il connaissait, réservée, bien élevée, se serait écartée aussitôt en se rendant compte qu’elle l’avait bousculé. La Elva qu’il avait sous les yeux, elle, prolongea ce contact deux secondes de trop, celles qui suffirent à la trahir sous le regard d’un Toni sidéré. Elle se retira en laissant son coeur sur le point d’exploser dans cette poitrine qu’elle avait effleuré de la sienne.

Le parfum de ses longs cheveux qui accompagna son élan, la tendre courbure de son sein pressé sur son torse, la douceur du vêtement qui recouvrait son bras, laissèrent une marque chez Toni qui resta vive pendant de longues secondes, amenant un flot d’images inavouables dans son esprit. Les ailes de son imagination s’élancèrent vers cette scène improbable où la totalité des occupants de cette maison disparaissaient, tandis que ce n’était plus les mains, mais la bouche d’Elva qui venait trouver le contact de son corps, au beau milieu de cette cuisine. Quand il reconnut l’origine de cette brûlure au creux de ses reins, Toni sut qu’il avait perdu.

Il voulait Elva mais il ne décida de rien. Il ne décida pas de la soudaineté avec laquelle ce désir se manifesta à lui. Il resta d’abord immobile, une pomme de terre entre les mains, le souffle coupé, le coeur brûlant et affolé d’une envie terrible de toucher Elva à son tour. Il aurait voulu se tenir derrière elle, fondre son torse contre toute la longueur de son dos, enserrer ses épaules de ses bras et faire disparaître son visage dans cette chevelure interminable qui le fascinait profondément.

Incapable de résister davantage à cet instinct qui était certain de voir chez Elva une ouverture inédite, Toni laissa tomber ce qu’il avait entre les mains d’un geste soudain, se tourna vers elle sans réfléchir davantage. Il était venu dans l’idée de peut-être faire parler Elva sur ce qui se passait ou ne se passait pas entre eux, et désormais, il lui paraissait de plus en plus évident que cette conversation pouvait se dérouler sans mots. Sa main blanche, fine, lui parut absolument minuscule dans l’épaisse paume dont il la recouvrit, elle et la pomme de terre qu’elle tenait toujours. Il trouva le regard d’Elva et s’y accrocha, la poitrine soulevée par sa respiration plus profonde, brûlant d’un désir qu’il ne sut pas exprimer autrement que par ce regard qui la dévorait sans retenue.


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeVen 23 Oct 2020 - 20:59


That girl is a monster [Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, en feu

Elva dégagea sa main d’un geste sec. Elle se retourna pour faire face à Toni. Défiante. Froide. Appuyée contre la table elle levait les yeux vers lui, qui la dominait de toute sa hauteur. Qui la dévisageait la mâchoire serrée. Les yeux embués d’images qu’Elva pu lire avec une clarté terrible. Elle retint son souffle face à l’intensité de ce regard qui s’introduisit en elle, dans ses tripes, fouailla sa chaire, se logea au bas de son ventre. Elle pouvait sentir l’expiration de son souffle bouillant sur sa peau. Elle tenta de réprimer un frisson, en vain. Son corps se laissa traverser d’un spasme qui comprima dans sa gorge un hoquet qu’elle étouffa, plaquée contre la table, Toni si proche d’elle…

Elle le défia du regard. Le menton levé, elle le toisa, imperturbable. Le menton levé, elle lui transmit la certitude qu’elle avait de le tenir dans le creux de sa main. Qu’un simple geste de sa part suffirait à le mettre à genoux devant elle. Qu’un simple effleurement, un frémissement d’elle contre lui, lui arracherait tous les gémissements du monde.

Au fond d’elle Elva était aussi fascinée que terrifiée par le changement qui s’opérait dans son attitude. Elle vivait l’instant avec toute l’ardeur que lui transmettaient les sensations déclenchées par Tonino, s’en délectait avec une sorte de surprise irrévérencieuse, dévastée par ce que cet homme intouchable lui transmettait. Antonino dont les lèvres avaient embrassé toutes les femmes. Antonino dont le corps avait épousé tous les plaisirs charnels du monde, avait visité toutes les courbes, tous les monts de vénus, caressé tous les sexes imaginables. Pour Elva c’était un monde à l’opposé du sien, une terre de délices inatteignables, un rêve qu’elle ne vivrait jamais. Ce désir brûlant, ces formes virils, brutales, mâles, n’avaient rien en commun avec le genre de choses auxquelles elle aspirait.

Tout de moins c’est ce qu’elle croyait. C’est ce qu’elle croyait fermement jusqu’à ce qu’elle découvre quel pouvoir d’attraction elle exerçait sur lui. Qu’elle réalise que ce visage désirable se tournait inlassablement vers elle, que ces yeux brûlant suivaient le déhanché de ses pas, que ses lèvres adeptes du plaisir rêvaient des siennes.

Qu’il rêvait d’elle, Elva Avner. L’institutrice discrète. La grisette sans attraits. La sage catholique de la famille, mariée jeune, fidèle, douce, maternelle, dénuée de désir. Tout ce qu’on attendait d’elle. Tout ce que l’on avait voulu voir en elle. Le rôle respecté parfaitement et qu’elle avait épousé petite fille d’abord pour trouver sa place, son identité. Que Reagal avait entretenu et brisé en lui faisant comprendre qu’elle n’était rien. Elle, Elva Avner, dont le mari ne supportait plus la voix, ne requérait jamais l’avis, cette pauvre femme tout juste bonne à élever ses enfants dans le silence, possédait soudainement l’un des hommes les plus puissants, les plus fières de Bristol. Allumait dans son regard le supplice suprême de l’attente. Mettait à ses lèvres l’écume frustrée de l’inassouvissement. Faisait tressaillir le corps fort, terrible, destructeur, et le réduisait à la merci de ses moindres effleurements. Comment elle, Elva, la douce Elva, pouvait-elle avoir dompté ainsi le fougueux Toni ?

Elle n’en savait rien. Mais elle se délectait de se sentir belle aux yeux d’un homme aussi beau, forte dans le regard d’un homme aussi fort, désirable dans le corps d’un animal aux besoins infinis.

Elva cessa de réfléchir. Elle laissa couler en elle l’instinct et l’animalité qui tentait de se frayer un passage dans sa raison depuis qu’Antonino avait pénétré la cuisine et installé sa présence étouffante auprès d’elle. Elle s’alanguit doucement contre la table. Son regard se fit sensuel. Lentement, elle se mordit la lèvre dans un geste lascif dont elle cacha la surprise qu’il suscitait en elle-même. Elle ignorait totalement à quel endroit elle allait chercher le savoir-faire de cette pose, la subtilité de cette invitation frontale. Elle n’avait jamais expérimenté cette partie d’elle auparavant, ignorait jusqu’à présent en être doté. Mais elle réalisait combien cela lui plaisait, et les traits de Toni qui s’embrasaient sous ses yeux faisaient grandir ce plaisir, terriblement.

Submergée, elle se força à respirer lentement. Elle n’avait pas rompu le contact et tenait toujours fermement dans le sien le regard embrasé de Toni. Elle mourrait d’envie de contempler ses lèvres, son menton, son cou, l’échancrure de son torse gonflé, pour se faire envie, mais elle ne voulait pas risquer de briser l’instant. Elle avait peur qu’une parole ne franchisse cette bouche dont elle mourrait de connaître la tendresse. Elle savait que si Tonino parlait elle sortirait de cet état incontrôlable et perdrait tout son courage.

Elle repoussa les cheveux qui cachaient sa poitrine et son cou, d’un mouvement lent et suave, presque lascif mais sans vulgarité. Son charme opérait toujours, Elva s’offrait sans s’offrir. Du coin de l’œil elle vit la main de Toni esquisser un geste, se lever pour la toucher. D’un mouvement vif, elle frappa cette main insolente pour interrompre l’initiation de cette prise de contrôle. Se fût elle qui le toucha. Avec une lenteur terrible, elle posa le bout de ses doigts sur son torse. Sur la chemise, d’abord. La chaleur irradia sur la pulpe sensible, alors qu’elle s’aventurait dans l’échancrure, sur les pectoraux tendus qui affleuraient, offerts. Les poils noirs semèrent contre ses doigts des aspérités délicieuses. Ses doigts s’aplanir, et se fut sa main entière qui traça la courbe de la nuque puis de la joue tendre de Toni. Elle s’approcha, sans le toucher de son corps, effleura ses lèvres des siennes, les nimba de son souffle brûlant. Elle anticipa le mouvement que Toni esquissa pour s’emparer de sa bouche en reculant la tête.

Enfin, elle se laissa glisser doucement le long de son corps, sa main traçant une ligne chaude sur le torse, le ventre, la cuisse musclée de Toni. Elva se mit à genoux et pour la première fois de sa vie elle avait la conviction que cette position n’était plus synonyme de sa domination. Elle contrôlait Toni. Quoi qu’elle fasse. Tendrement, elle ouvrit la braguette de celui qu’encore quelque mois plus tôt elle ne regardait que comme un ami. Et elle posa ses lèvres sur le tissu ardent qui s’offrait à elle.

Antonino Tessio
Antonino TessioChef de la mafia
Messages : 53
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeVen 23 Oct 2020 - 21:27
That girl is a monster [Toni] 1-10


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
Antonino Tessio
Antonino TessioChef de la mafia
Messages : 53
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeSam 24 Oct 2020 - 0:04
Le geste sec d’Elva est une gifle sur le coeur de Toni, son regard intense est un brasier dans ses entrailles, et déjà il ne sait plus où il en est. Le corps d’Elva se tend, sa mâchoire se crispe, mais son regard, lui, brûle. Il reste absolument immobile, aux aguets du moindre geste de sa part qui le ferait pencher d’un côté ou de l’autre de ce fil tendu sur lequel elle le laisse en lui envoyant des signaux aussi contraires. Il ne sait pas si ce regard le défie ou le dévore et son coeur s’affole de cette incertitude. A t-il eu le geste qu’il ne fallait pas ? Et s’il a tout interprété de travers ? Allait t-elle lui en vouloir ? Sa stature imposante ne tient désormais plus qu’à sa carrure, car une part de Toni se prépare à ramasser les restes de sa fierté qu’Elva peut faire éclater d’une seule parole.

Mais cette claque qu’il appréhende ne vient pas. Après un temps qui lui paraît durer une insoutenable éternité, les traits d’Elva se relâchent. Sous les yeux stupéfaits de Toni, elle se laisse couler contre le plan de travail et la surprise du mafieux se change en pure fascination. Il ne manque rien du spectacle du bout de ses dents blanches qui accroche la chair de ses lèvres roses, laissant en deviner la tendresse. Les lèvres de Toni, elles, s’entrouvrent légèrement, alors que paradoxalement, sa respiration se contient dans sa poitrine. De l’attrait qu’elle revêt sous son regard, tout est lisible. Les dernières défenses de Toni s’effondrent à l’instant où elle pose une main sur les ondulations de sa lourde chevelure.

Son corps agit instinctivement, sa main à lui s’avance à son tour, appelant le même contact, la même douceur qu’Elva vient d’effleurer, qu’il a toujours rêvé de toucher dans ses songes intimes. Aussi brusquement que tout à l’heure, elle le réprimande d’une tape à la main, qui lui arrache un franc sursaut. Il découvre dans ce geste une autorité qui le laisse muet et résonne quelque part au bas de son ventre dans une inavouable exaltation. Il ne sait pas ce qu’elle fait, il ne sait plus qui elle est, Elva se transforme sous ses yeux en une espèce de femme dominatrice et sensuelle dont il n’a jamais deviné les contours chez elle et cette vision le trouble profondément.

Incapable de dire si cette métamorphose lui plaît ou l’effraie, il n’a pas le temps d’y réfléchir réellement car la main de la jeune femme se pose sur son torse et le brûle violemment.

Toni a l’impression de ne plus du tout s’appartenir face à Elva qui semble détenir toutes les commandes dans cette main qu’elle glisse sur lui. La peau qu’elle caresse s’embrase sur son passage pour se refroidir aussitôt de son absence, les muscles qu’elle touche se contractent et les lèvres qu’elle effleurèrent se tendent, criant un appel qui ne trouve pas de réponse. Il n’a pas le temps de se sentir frustré par ses tentatives qu’Elva pare les unes après les autres, décidée à être la seule à mener la danse. Cette proximité entre eux, encore inatteignable quelques minutes plus tôt, le submerge tellement de sensations délicieuses, qu’il n’a pas la disponibilité nécessaire pour se battre avec elle.

Toni le conquérant se laisse envahir de tous les côtés, de ses lèvres qu’elle a quitté jusqu’à son entrejambe qu’elle rejoint, dans une position qu’il connaît pourtant par coeur. L’instant où Elva pose ses lèvres sur la manifestation la plus évidente de son désir est le coup de canon qui l’envoie valser à des kilomètres de sa ligne de défense et alors seulement, Toni prend pleinement conscience du danger.

Trop. C’est trop. Il lutte péniblement contre les explosions de toutes ces bombes de plaisir qu’Elva pose sans pitié chez lui, un frisson fait trembler son ventre, secoue ses épaules, serre sa voix dans sa gorge. Il a perdu la guerre, il ne fait pas le fier, il implore :

« Elva… »

Un reste de raison, ou plutôt chez Toni un instinct de peur lui rappelle le lieu où ils sont et la possibilité qu’à tout moment, la porte de cette cuisine peut s’ouvrir sur n’importe quel membre de la famille Avner. Même l’impudeur de Toni a ses limites, l’idée de se faire surprendre dans une telle position par des personnes à qui il porte un amour filial, avec une femme qu’il respecte profondément, le paralyse. Il a l’impression que le monde est à l’envers, qu’Elva a perdu la tête et qu’il est le seul à pouvoir la rappeler à la raison. C’est avec sa langue natale qu’il appelle au secours, en pressant une main sur l’épaule de la jeune femme pour l’inciter à reculer.

« Mio Dio, basta, marmonne t-il d’une voix aussi effarée que troublée par les émois de son corps. Pas ici, ta… Ta famille… »


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeSam 24 Oct 2020 - 1:12


That girl is a monster [Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, en feu

Elle veut plus. Ses lèvres qui découvrent l’aspect le plus intime du corps de Tonino, le seul qu’il n’expose pas impunément, celui qui marque la limite de sa pudeur, elle l’explore, le sens changer d’état sous ses caresses, et elle veut plus. Dans son esprit le vide s’est creusé en même temps que le brasier dévorant qui s’est allumé au creux de son ventre a dévasté ses dernières traces de conscience. La réalité s’est coulée autours d’elle dans un mélange sans importance, un contexte banal dont elle se fiche parce qu’elle ne le perçoit plus. Il n’existe plus que l’urgence, la solidité du corps de Toni près d’elle, son sexe dur dont sa bouche trace la forme au travers du tissu fin qu’elle rêve de lui ôter. Elle sert les jambes pour contenir son propre désir, n’entend pas l’appel, n’entend rien et s’éveille au contact de la main qu’il pose sur son épaule, d’une étreinte faible, d’une étreinte qui lui dit : continue.
- Mio Dit, basta» Elle relève la tête, les yeux embués, la pression des doigts de Toni se fait plus concrète, imprime sa trace dans sa chaire. « Pas ici, ta… Ta famille… » gémit-t-il. Cette fois les mots ont un impact.

Elva cède et recule. Jette un regard troublé autours d’elle. Elle comprend où elle est, se rappelle à elle, reprend conscience de son identité, de sa situation. D’un sursaut elle se redresse, pâle, incertaine. Que vient-elle de faire ? Comme si elle n’avait pu être la cause du trouble de Toni, elle porte un regard presque étonné sur son entre-jambe exposé, se mord la lèvre sans provocation, cette fois. Qu’est ce qui lui a pris ? Vient-elle réellement de se mettre à genoux devant Toni, devant le meilleur ami de son frère, devant cet homme si intégré à la famille que Damnhait lui donne le même ton qu’à ses propres enfants ? Elle sert une main sur sa chemise qu’elle froisse nerveusement dans son poing, l’autre plaquée sur la bouche. Elle fixe de ses yeux noirs ce qu’elle vient de goûter au travers du tissu, sans pouvoir ignorer les sensations très vives qui pulse toujours entre ses cuisses. Elle a le ventre noué. Brutalement, elle lève les yeux et croise le regard confus de Toni. Elle n’en supporte pas l’incertitude, il lui fait l’effet de ne pas la reconnaître, Elva panique, inspire, se détourne brutalement pour ne plus être sujette à ces deux yeux noirs et brûlants qui la sondent, encore pleins d’un désir terrible et inassouvi.

Elle a monté la main à sa poitrine, et sent au travers du tissu la croix en argent qu’elle porte autours du coup. Que fait-elle ? Elva ferme les yeux. Elle a juré devant Dieu. Son union avec Reagal. Elle est mariée. Elle s’avilie, trompe, rompt son serment sous le toit de sa mère avec l’ami intime de son propre frère. Quel genre de femme terrible est-elle ? Qu’elle genre de perversion a pu s’emparer d’elle ?

Lorsqu’elle se retourne Toni n’a pas bougé. Elle le regarde, tremblante, égarée ( dans le parking ) terrifiée. Il est atrocement beau, offert dans sa vulnérabilité, perdu comme elle, tremblant, comme elle, de son désir, de son incompréhension, de la brutalité de ce qu’elle vient de lui prodiguer. D’envie aussi de recommencer, d’aller plus loin. Elle pense à Reagal et le hait comme jamais encore elle n’a réussi à le haïr. Elle pense à Reagal et à tous les mots sales qu’il lui a adressé, à toutes ces fois où ses paroles la blessent, l’agressent, lui font du mal. Et elle contemple en échos la tendresse silencieuse d’Antonino qui attend, transit, éperdu. Que doit-elle à son mari qu’elle ne doit pas à cet homme ? Si l’amour guide la vie alors pourquoi ne pourrait-elle pas troquer cette haine qu’elle reçoit chez elle contre la douceur terrible de ce regard profond ? Que ne pourrait-elle rompre un serment déjà rompu par l’homme qu’elle a épousé pour celui dont tout le corps émane de son désir, dont tous les gestes témoignent de l’attention, la voix de l’affection sincère ? « Ho, Toni… » murmure-t-elle, « je te demande pardon je ne sais pas ce qui m’a… Je n’ai… Je ne voulais pas…» Sa respiration se bloque dans sa gorge, elle inspire un air haché. Elle ment. Et ne supporte pas de mentir. « Si, je le voulais. Je le veux depuis des mois. » Leurs corps se sont approchés l’un de l’autre comme deux élément irrésistiblement attirés par la même énergie, Toni est à portée de main, sa peau à portée de goût, Elva n’a qu’à se laisser tomber vers lui pour sentir instantanément l’étreinte de ses bras chauds, et s’emparer passionnément de ses lèvres tendres. Leurs corps s’embrasent, s’estompent l’un dans l’autre, Elva s’abandonne.

Antonino Tessio
Antonino TessioChef de la mafia
Messages : 53
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeSam 24 Oct 2020 - 22:51
La scène est totalement irréaliste aux yeux de Toni qui a pourtant vécu de nombreuses frasques dans le domaine. Il lui semble absolument incongru que ce soit lui, Tonino, qui rappelle Elva, la sage Elva, femme mariée et catholique, douce et discrète, à davantage de pudeur. Il a l’impression que c’est une autre femme qui se trouve à ses genoux, à bouger ses lèvres sur le lieu le plus intime de son corps. Quand elle se redresse, il voit dans son regard un changement soudain, un égarement visible, comme si elle revenait brusquement dans sa propre enveloppe qui lui avait échappée. Aucun mot ne lui échappe, mais ses gestes sont les démonstrations théâtres de ses émotions : Toni n’a aucun mal à percevoir le choc qui s’empare d’elle, au moment où elle semble réaliser ce qui se passe et porte sa main à sa bouche.

Il ne sait pas s’il est soulagé ou frustré de la voir reculer et lui tourner vivement le dos. Le noeud de son désir brûlant mêlé de sa panique serre toujours son ventre, son coeur s’affole de cette fulgurante montée d’adrénaline qui n’est pas complètement redescendue. Elva était à ses yeux une douce boule de lumière mais il a plutôt l’impression d’avoir approché une espèce de volcan dont le contact brusque, exigeant, intense l’a intégralement brûlé sans qu’il ne s’y attende. Tout s’est passé extrêmement vite, réalise t-il en baissant le regard sur le haut de son pantalon défait. D’un geste machinal, il baisse les mains, remonte sa braguette derrière laquelle il se sent désormais serré.

Ça ne va pas du tout.

Rien ne va. Elva semble effrayée de ce qu’elle vient de provoquer, alors que c’était l’étreinte dont Toni rêvait dans ses songes les plus fous. Pas comme ça, pas dans cette cuisine, entre deux épluchages de pommes de terre, mais cette intimité qu’il vient de vivre dans un moment aussi court qu’intense est probablement l’un de ses voeux les plus chers et les plus inavoués. La fièvre qui brûle son corps en est une manifestation évidente. Son coeur bat si violemment qu’il pourrait s’échapper de sa poitrine. Toni a la sensation que tout son être tremble si fort d’envie et d’amour que ses émotions s’éparpillent partout dans cette pièce sans qu’il ne puisse les contenir.

Ses vêtements sont en ordre quand Elva se retourne, mais tout le reste est en vrac. Il s’accroche au regard de cette femme qui le rend fou en espérant trouver un écho, une réponse, n’importe quoi. Il se suspend à ses mots sans remarquer que ses pas la portent vers elle. Lui, il est incapable de parler mais son coeur s’émeut profondément de retrouver la voix affectueuse, prévenante d’Elva qui se répand en excuses avant de céder sur le plus beau des aveux.

Une irrésistible attraction les pousse l’un vers l’autre et leurs lèvres se rencontrent dans un même élan. Très vite, leurs bustes se fondent l’un contre l’autre, dans une étreinte que Toni emprisonne de ses deux bras puissants pour ne plus laisser partir cette femme qu’il a tellement désirée, tellement longtemps. Son coeur éclate dans sa poitrine, sa tête explose, ses mains brûlent et ses lèvres se consument. Le décor qui les entoure disparaît de sa conscience, pendant l’éternité que dure ce baiser mille fois attendu, une éternité qui paraît folle et indestructible, jusqu’au moment où un éclat de voix la brise dans les airs :

« BON ALORS, ces patates, elles sont dans le four ? »  

Par un heureux hasard, le large dos de Toni derrière lequel disparaît la menue silhouette d’Elva fait rempart à la scène que Damnhait aurait pu surprendre en arrivant par un autre angle. Elle semble, de toute manière, comme d’habitude, tellement surchargée et débordée qu’elle ne fait attention à rien, certainement pas la manière dont les deux tourtereaux sursautent. C’est un bond d’un kilomètre que Toni fait pour s’écarter d’Elva et ne pas paraître suspect, ce qui aurait très mal fonctionné si Damnhait n’était pas occupée à critiquer le monde entier, en déposant une quantité improbable de vaisselle sur le plan de travail, comme si elle en avait sortie d’un chapeau magique.

« Mais ça n’a pas avancé ! rugit t-elle en regardant le tas de pommes de terre. Qu’est-ce que c’est que ce travail ni fait à ni à faire ? Son regard assassin se tourne vers Elva, sans manquer de s’adoucir à l’instant où elle remarque qu’elle n’est pas seule. Oh non je ne te parle pas à toi, mon Tonino ! Qu’est-ce que tu fais là ? Tu devrais t’installer dans la salle à manger ! »

En triple panique, parce qu’il vient de manquer de se faire surprendre en train d’embrasser passionnément Elva, parce que cette dernière se fait enguirlander sous ses yeux et parce que Damnhait semble survoltée, Toni s’agite dans tous les sens :

« Ah non mais alors, jé… En fait ! Pardon, c’est moi qui ai réténu Elva, c’est pas sa faute ! Laissez-moi vous aider.
-Tututut. Absolument pas, Toni, on ne va pas te faire éplucher des patates. Mais si tu tiens à nous prêter main forte avec ces beaux bras, mon grand, tu peux aller aider Fergus à rentrer les courses, il est chargé.  
-Ah oui Fergus ! Fergus est arrivé ? D’accord, je. Jé vais voir Fergus. Où est Fergus ? »

A l’aide, Fergus.


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
Fergus Avner
Fergus AvnerChef de la mafia
Messages : 150
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeLun 2 Nov 2020 - 0:08
De son pieds Fergus retint la porte qui menaçait de se refermer entre lui et les tas de sacs empilés devant le seuil. Il faisait de son mieux pour empêcher le tas emmêlé de ses petits cousins, neveux et nièces de rompre le charme qui donnait encore à certains vivres la capacité bienvenue de flotter gentiment derrière lui. « Saoirse ! » Interpella-t-il entre ses dents. Sa petite cousine esquiva son regard et se fondit dans la maison après avoir esquissé un bref aller-retour désorganisé en courant après son frère qui profitait de l’entrebâillement de la porte pour explorer le jardin. Les sacs s’entrechoquaient dans les jambes des gamins peu attentifs, et Fergus allait rompre le sort en hurlant une imprécation lorsque Toni émergea de la cuisine d’un pas pressé, comme s’il fuyait un danger ou quelque chose d’incontrôlable. Fergus leva un sourcil interrogateur dans sa direction mais son ami ne rencontra pas son regard, glissa tout du long, se posa sur les sacs dont il s’empara fébrilement sans utiliser sa baguette, un réflexe inscrit dans les gênes de Tonino qui préférait souvent pour tous types d’épreuves de force, la façon moldue. Ça entretient, disait-il.
- Ha, Fergus, Fergus, tou es là, c’est super. » Toni se baissa sans attendre de réponse et tira à lui trois sacs qu’il souleva comme s’ils n’étaient pas rempli à ras bord de bouteilles lourdes à mourir. C’est super, répéta-t-il en trébuchant à moitié sur le palier. Ta mère voulait que jé t’aide à porter les sacs, je vais t’aider à porter les sacs.
- Heu… Ok, Toni. » Fergus se chargea de ce qui restait, réunit dans son dos le reste du chargement qui flottait toujours en fronçant les sourcils à l’intention de l’Italien qui lui tournait déjà le dos et retournait vers la cuisine, pâle et désordonné comme s’il avait vu se peindre sur le plancher le diable en personne. Juste devant la porte de la cuisine, Toni s’immobilisa et se tourna vers lui.
- C’est heu, rentre, toi, vas-y, dit-il avec un sourire tremblotant. Le genre de sourire censé dire tout va bien mais auquel Fergus adressa un haussement de sourcil qui répondait te fou pas de ma gueule.

Il poussa la porte et trouva Elva à la place où il l’avait laissé, le visage bas, ses longs cheveux d’une part repoussés sur son épaule et laissant voir la pâleur tendue de son visage, de l’autre tombant contre la toile cirée. A la place de Toni se tenait désormais Damnhait qui épluchait avec un rythme de machine droguée les pommes de terre dont la pile n’avait pas excessivement diminué depuis son départ, nota Fergus. En déposant les sacs sur la table et en débarrassant la vaisselle pour la mettre à laver d’un coup de baguette dans le grand évier, il fixa sa sœur intensément pour tenter de décrypter ce qu’elle cachait sous ses lèvres serrées, mais ne lut sur son visage rien d’autre que l’exaspération bien compréhensible que pouvait générer Damnhait.
- Toute petite je t’ai appris à faire, toute petite, et toi tu m’en pèles trois en vingt minutes, c’est pas ça que je t’ai enseigné moi, c’est la rapidité que tu sais faire, d’habitude, et puis maintenant, tu te coupes ! Tu es douée de tes mains normalement, je comprends pas ! » Un fracas retentissent répondit à la remarque de Damnhait grimaçante, tous les regards se braquèrent sur Toni qui venait de faire tomber une assiette.
- Heu jé… Jé suis désolée elle a glissé et puis elle… Jé vais réparer…
- Laisse, l’interrompit Fergus de crainte que l’agitation de son ami ne cause plus de mal encore s’il l’appliquait à lancer un sort. Fergus esquissa un geste rapide et les morceaux de l’assiette se recollèrent. Elle apparut bientôt comme neuve.
- Olala, fit Damnhait de son ton désolé qu’elle réservait spécifiquement à des gens comme Toni ou Roy (mais plus particulièrement Toni), ne sois pas désolé Tonino, ce n’est vraiment pas grave. Fergus, tu n’as pas laissé de fêlure ?
- Ben non.
- T’as vérifié ?
- Ben oui.
- Bon alors amène Tonino s’assoir et dit à Donagh et Moreen de servir à boire, je sais pas où ils traînent encore tous les deux à ne rien faire, occupe les un peu !
Fergus retint un soupire et se plia aux volontés de Damnhait. Il traîna Toni hors de la cuisine, trouva Moreen et Donagh qui - comme il l'avait soupçonné ne faisaient pas du tout rien -s’occupaient individuellement de gérer les cent cinquante enfants qui se dispersaient désormais dans toute la maison, et de mettre le couvert pour trente personnes, leur indiqua qu’il fallait servir à boire en soulevant de nombreux soupirs d’irritation résigné, puis il enfonça Toni sur une chaise.
- Toi, tu ne bouges plus d’ici, lui intima-t-il, parfaitement conscient que le taux d’agitation de son ami risquait encore de faire des dégâts s’il ne restait pas parfaitement immobile. Fergus se doutait d’où provenait cette agitation. Mais il se demandait bien quel genre d’évènement spécifique s’était créé entre sa sœur et son meilleur ami pour que Toni s’en extrait les yeux exorbités, les joues rouges, et la nuque en sueur. Je reviens dans dix minutes, reprit-il, je vais donner un coup de main pour terminer d’éplucher les légumes… Il appuya cette information d’un regard relativement équivoque qu’il ne fut pas certain que Toni, plongé dans son trouble, eu put percevoir.
- Ok… Ok je t’attends mais hé, Fergus ?
- Quoi ?
- Reviens vite, hein.
- T’inquiète.

Alors que Fergus disparaissait une fois de plus dans la cuisine, Moreen apparut dans le salon, avisa Tonino assit à la table où certains convives avaient commencés à prendre place. Elle se jeta au coup de l’Italien en passant ses bras autours de sa nuque, le torse contre le dossier de la chaise, et plaqua un baiser bruyant sur sa joue.
- Toni !S’exclama-t-elle, je t’avais pas vu arriver ! Ça va ? Demanda-t-elle, soudain inquiète. T’as l’air tout perturbé.

Pendant ce temps-là dans la cuisine, Elva n’avait jamais mis de toute sa vie autant de passion dans l’épluchage de patates. Le désir n’avait pas disparu. Il était là, logé dans son ventre et entre ses jambes, insupportable et aussi fort qu’une sirène. Elle passait rageusement l’économe sur la peau tendre des pommes de terre pour tenter de focaliser sa frustration dans quelque chose de concret, n’écoutant sa mère que d’une oreille distraite, hermétique à ses remarques, l’esprit encore franchement occupé à rappeler à elle, comme pour qu’elles ne disparaissent pas, les sensations, les goûts, les odeurs qu’elle avait trouvées dans tous les contacts successifs qu’elle venait d’échanger avec Toni.

Elle rêvait de jeter ces insupportables légumes, d’attraper l’italien et de s’enfermer avec lui dans une chambre pour s’allonger sur lui. Elva avait chaud, Elva brûlait, et trouvait dans ces sensations tout ce qu’elle détestait d’inassouvissement et d’envies incontrôlables. Elle se sentait aussi mortifiée d’avoir manquée être surprise par sa mère. Mon Dieu, quelle gêne. Elle tremblait encore d’imaginer le cris aiguë, le scandale peut-être dont Damnhait les aurait fustigés tous les deux, la punition dont Toni aurait été frappé aussi, inévitablement, aux yeux de son père alors qu’il était sans contexte l’un des préférés de la famille.

De la famille.

Elva ferma les yeux quelques secondes. Le contact dur et tendre du sexe de Toni contre sa bouche avait tendance à lui faire oublier qu’elle avait toujours affaire à un homme que la majorité d’entre eux considéraient presque comme faisant partie de leur cercle familial. Ça l’était pour Fergus, c’était certain. Pourtant, ses lèvres avaient été si douces, son étreinte si profonde, si tendre, si atrocement directe dans ce qu’il ressentait pour elle et qu’elle voyait dans ses yeux aussi librement que s’il avait prononcé des mots qui n’auraient pu avoir plus de forme. Elle voulait explorer, goûter, éreinter cette nouvelle proximité, cette nouvelle promesse. Elle ne souhaitait plus passer à côté de son bonheur possible, d’un peu de tendresse. Elle s’était sentie si puissante, si forte, si sûre d’elle. Elle voulait retrouver à tout prix cette vague de confiance qu’un simple regard de Toni avait été capable de lui donner. Elle ne voulait plus se sacrifier, pas pour Reagal.

Elle était terrifiée à l’idée de ce qu’elle venait de décider. Cet état d’esprit rempli d’une culpabilité incurable qui s’imposait à elle provoqua son sursaut lorsque Fergus les rejoignit pour les aider à terminer de préparer le plat principal. Son frère posa sur elle un regard scrutateur, à nouveau, auquel elle répondit avec un sourire doux qu’elle fut surprise de mimer si naturellement. Lentement, il baissa les yeux vers son ouvrage. Et pendant dix minutes, ils se trouvèrent ainsi, à éplucher dans un silence de mort, seulement entrecoupé par les remontrances de Damnhait.

Elva laissa vagabonder son esprit vers Toni.

Les minutes s’égrenaient à peine, et déjà elle ressentait en elle un manque terrible.


   
If I'm crazy, I'm on my own / If I'm waitin', it's on my throne / If I sound lazy, just ignore my tone /'Cause I'm always gonna answer when you call my phone / Like, what's up, danger ?
Antonino Tessio
Antonino TessioChef de la mafia
Messages : 53
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeMar 1 Déc 2020 - 20:47
Au fur et à mesure des minutes qui passent dans ce salon où Fergus l’a laissé en lui intimant de ne plus bouger, l’agitation de Toni finit par se diluer dans celle qui crépite autour de lui. Les enfants vont et viennent, s’arrachent des jouets, se jettent les uns sur les autres, s’éparpillent en éclats de rire. Les habituelles chamailleries de Moreen et Donagh s’enchaînent, d’une vanne bien sentie, d’un coup de genou bien placé. Aisling accapare l’attention d’une cousine d’un récit sur un fantastique événement de sa vie. La voix grave de Fearghas quelque part s’élève de temps à autres, jamais plus haute que les cris environnants, mais toujours remarquable. Bientôt, c’est la furieuse présence de Damnhait qui occupe la salle à manger, rejointe de celle beaucoup plus calme, mais pas moins charismatique de Fergus, et ainsi, Toni retrouve les marques qui font son quotidien depuis plus de dix ans.

Dans cette ambiance dont il connait par coeur les sons et les couleurs, il sent toutefois un changement tangible, omniprésent, impossible à ignorer à l’endroit de la jeune femme qui s’est assise à côté de lui. Il a l’impression qu’Elva n’a pas dit un mot de la soirée, sans s’apercevoir que lui-même s’exclame beaucoup moins fort, beaucoup moins souvent que d’habitude et que ses regards sont chargés de pensées secrètes. La fébrilité qui l’a agité tout à l’heure palpite toujours au coin de son coeur, à chaque moment où ses pensées s’égarent vers ce baiser passionné qu’il a partagé avec Elva, dans la cuisine. L’incongruité et le choc de cette scène ont laissé derrière eux un manque et une sensation plus chaleureuse d’espoir que Toni n’arrive pas à recouvrir. Il n’a aucune idée de ce que ce moment a signifié pour cette femme qu’il n’a, au fond, jamais vraiment cessé d’aimer. Il sait que dans les hypothèses possibles, celle où il ne s’agit que d’un instant d’égarement dans sa vie bien ordonnée de mère et épouse pieuse, arrive en bonne position. Il sait qu’il doit se préparer à une éventuelle désillusion, un rejet motivé par la honte qu’éveillerait chez elle cette audace invraisemblable dont elle a été saisie, dans cet instant d’égarement.

Malheureusement, il y a toujours un gouffre entre ce que Toni sait et ce que Toni fait, et à l’inverse, une très forte coïncidence entre ce qu’il ressent et ce qu’il fait. Il lui semble impossible d’oublier les lèvres chaudes d’Elva sur lui, c’est le chemin vers lequel semble mener toutes ses pensées, à un moment ou à un autre, et ce, même quand la voix de Damnhait claironne fort par-dessus toutes les discussions :

« Le dîner est servi ! » Elle pose en plein milieu de la table centrale un plateau argenté longiligne, chargé d’une imposante pièce de viande en sauce entourée de légumes brûlants. Dans cette habitude qu’elle a de servir son petit chouchou en premier, elle tend la main vers l’italien : « Tiens, donne-moi ton assiette, Tonino. Tu veux un peu de pommes de terre ? »

Alors, sans l’avoir prédit, un rire nerveux secoue sa poitrine et menace de sortir. Finalement, il se retient à temps, souffle simplement du nez, mais un sourire s’est, malgré lui, glissé sur ses lèvres. Il sait que seule sa voisine peut saisir l’origine de cette hilarité étrange qui le prend. Après un instant de réflexion, si bref qu’il s’agit plus de son instinct, Toni choisit de lui glisser un message, en répondant :

« J'en veux beaucoup. »

Il sait, en effleurant de son genou la cuisse d’Elva, qu’il s’expose à un rejet. Mais mettre la main dans le feu pour voir s’il brûle est exactement le genre d’approche dont il est familier.


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeLun 7 Déc 2020 - 0:44


That girl is a monster [Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, en feu

Elle a cherché des yeux une place où s’assoir, une place le plus loin possible d’Antonino, une place depuis laquelle elle aurait pu se contenter de poser sur lui, de temps en temps, des regards dont le désir resté secret n’aurait pu avoir aucun impacte.

Elle savait bien sûr qu’il était trop tard. Elva ne pouvait nier ce qu’il s’était passé entre eux. Elle ne pouvait nier la passion subite dont elle avait été prise brutalement et à laquelle elle s’était abandonnée avec l’immaturité d’une adolescente. Se figurer à genoux devant Toni suffisait à faire monter à ses joues une rougeur éloquente de sa honte, de sa gêne, de tout ce qu’elle réprimait en elle et qu’elle se refusait à nommer. En sortant de la cuisine, et parce qu’elle avait dû faire preuve de la plus grande maîtrise face à Fergus, elle s’était sentie un peu plus en contrôle des sensations et des émotions mouvantes qui la traversait. Et lorsqu’elle entra dans la salle à manger dont la grande table était dressée d’une quinzaine de couverts, lorsqu’elle considéra les places prises et celle vacante près de Toni, elle alla s’y assoir avec une résignation sage, sans poser sur lui un seul regard.

Elva se tenait droite, le port de tête altier et les mains posées sur la nappe. Elle souriait à ceux qui l’entouraient, échangeait quelques mots anodins avec ses cousins, ses cousines, les oncles et tantes présentes. Elle donna du pain à l’un de ses neveux venus près d’elle en réclamer pour la table des enfants. Elle interdit à son esprit de s’enfuir vers la présence chaude qu’elle sentait si proche d’elle émouvoir de temps en temps son imagination. Elva lutta de toutes ses forces pour ne pas la laisser courir les histoires qu’elle s’était inventé milles fois au cours des derniers dîners, et qui avaient pris soudainement, quelques heures au paravent, une tournure terriblement concrète et impromptue car jamais elle ne s’était écrit en esprit un tel scénario. Elle était très consciente de cette partie d’elle qui l’y avait conduite. Cette partie d’elle qui en voulait plus. Elle luttait de toute ses forces.

Lorsque Damnhait servit Toni et que celui-ci lui adressa un signe sans ambiguïté, elle ne réagit pas. Son visage resta parfaitement immobile, son sourire polie absolument le même. Elle retint le tressaillement que ses mots auraient pu faire naître en elle, jugula le regard qu’elle faillit lui lancer. Elle se tourna au contraire du côté opposé pour prendre l’assiette de sa voisine et la tendre à sa mère. Elle ignora ses oreilles sifflantes, ignora la bouffée de chaleur qui s’était coincée dans son col.

Et lorsque le genou de Toni toucha sa cuisse, elle serra vivement les jambes pour échapper à son contact.

A partir de cet instant, il devint très difficile pour Elva d’ignorer Toni.

Les conversations qu’elle entretenaient se firent machinales. Elle avait pris garde à ne pas s’enquérir de la réaction de Tonino, priant intérieurement pour que son émotivité naturelle ne trahisse la blessure qu’elle venait probablement de lui infliger. Si de l’extérieur, Elva faisait preuve du contrôle si prisé des Avner en ne laissant presque pas voir les questions intérieures qui l’agitaient, son cerveau lui, tournait à mille à l’heure. Et toutes les pensées qu’il générait dans le grand désordre de ses incertitudes se tournaient vers Toni. Elle aurait souhaité s’isoler pour réfléchir, mais tant que le repas durait, il lui était presque impossible de disparaître sans que cela ne se remarque. Tout comme elle finit par s’inquiéter du fait que Toni et elle n’avaient pas échangé un mot depuis le début du repas, et que cela allait finir par être noté.

Elva fit donc un nouvel effort pour céder cette fois aux appels de ses envies. Alors que malgré elle, tous ses sens étaient tournées vers le jeune homme dont la présence rendait fade toutes ses autres interactions, et jalouse toutes les discussions qu’il entretenait, lui, avec d’autres personnes, elle se tourna enfin vers lui avec un sourire doux, posa une main sur son bras exactement comme elle l’aurait fait sans les palpitations de son cœur, et lui demanda la sauce.

Se fut tout.

Et se fut suffisant.

Leurs regards se croisèrent. Se rencontrèrent. Et Elva s’y agrippa. Elle s’agrippa au éclats auburns de ces yeux sombre et lorsqu’elle rompit, avec réticence, la connexion fugace qu’elle eut peur de sentir s’établir entre eux, elle eut peur aussi soudainement de perdre ce qu’elle avait vu dans ces iris, ce qu’elle y voyait depuis une éternité. Alors doucement, presque timidement, elle chercha à son tour la cuisse de Toni pour y unir la sienne. Au moment où elle pensa le toucher, un instinct profondément ancré en elle la retint. Elle ramena sa jambe vers elle, et demeura ainsi.

C’était la première fois depuis son mariage qu’Elva désirait un autre homme. Elle savait qu’au sein de son couple, beaucoup de choses avaient changées. Et aucune des images de Reagal qu’elle invoqua alors qu’elle se trouvait dans cette position si typique de son secret ne suffirent à la détourner de lui ; le haut du corps en parfaite harmonie avec la table, exposant à sa mère, son père, ses frères et sœurs le naturel de ses gestes et de ses attentions quand tout son être, véritablement, était disponible pour un autre, caché dans l’ombre du secret, mais retenus par ses principes.

Le repas passa ainsi. Lorsque les digestifs furent consommés et que les manières se relâchèrent quelque peu, lorsqu’on commença à sentir qu’il était possible de sortir de table sans manquer de respect à la maîtresse de maison, et que dans le salon s’éparpillait à nouveau les cris des enfants et les conversations, Elva se leva pour débarrasser une partie des assiettes, et profita que personne ne fasse plus attention à elle pour monter à l’étage. Là, elle poussa la porte de la chambre que Donagh finissait à peine de déménager, et s’assit sur le lit qui demeurait au centre de la pièce. Elle ferma les yeux, assaillit par le silence. Doucement, elle retira ses chaussures pour ramener ses pieds sur le lit, ses genoux contre sa poitrine qu’elle entoura de ses bras et sur lesquels elle vint poser son front. Elle ne savait comment faire cesser le bruit assourdissant qui hurlait dans son crâne. Et tout le calme du monde ne suffisait à faire taire dans ses oreilles le timbre chaud de sa voix à lui, et elle avait beau fermer les yeux elle voyait encore dans la surprise de son regard l'humidité d'un désir aussi sauvage que le sien.

Derrière ses paupières closes se traçait malgré elle en point de lumière toutes les images de Toni.


Antonino Tessio
Antonino TessioChef de la mafia
Messages : 53
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeMer 23 Déc 2020 - 13:21
Toni ignore si c’est son habituelle réserve ou un sentiment de honte qui tient Elva à distance de lui, alors même qu’elle est sa voisine directe. Mais il obtient une réponse claire, cruelle à cette question, au moment où son geste vers elle sous la table rencontre son recul. C’est la honte, comprend Toni en voyant cette application qu’elle met à ne pas croiser son regard et plaquer une expression parfaitement stable sur son visage alors même qu’il a saisi un sursaut de peur dans la façon dont elle lui a arraché le contact de leurs jambes. Cette capacité qu’elle a à maîtriser ses émotions le heurte brutalement, parce qu’elle crée un blessant paradoxe avec cette passion qui l’a saisie dans la cuisine tout à l’heure et que Toni est certain de ne pas avoir rêvée. Et pourtant, avec une telle attitude, elle parvient presque à le faire douter de tout.

La première réaction de Toni est de détourner son regard et se murer dans un silence à son tour, un silence qui trahit son malaise et cette blessure intérieure qui commence à s’élargir. Il évite consciencieusement le regard de Fergus face à lui, parce qu’il sait que le moindre échange peut tout révéler de ses tourments intérieurs. Alors il garde les yeux rivés sur son plat qu’il mastique machinalement, rentrant dans le jeu d’un secret qui lui fait pourtant du mal, parce qu’il n’a pas envie d’embarrasser Elva.

C’est quand elle pose sa main sur son bras et lui offre un doux sourire quelques minutes plus tard que Toni prend conscience de l’injustice qui se trouve dans cette situation. Il lui donne la sauce qu’elle réclame, le regard troublé, un pli contrarié entre ses sourcils. C’est elle qui impose toutes les règles du jeu et lui qui doit suivre. C’est elle qui décide quand ils peuvent être proches ou non, quand il peut avoir de l’attention de sa part, c’est elle qui lui saute dessus dans une pièce fermée et devient extrêmement entreprenante pour ensuite lui imposer une totale ignorance, inexplicablement entrecoupée d’un moment où elle daigne se souvenir qu’il existe. Il ne sait même pas comment interpréter cette brève attention qu’elle lui accorde : est-ce sa manière de s’excuser ou simplement de mieux faire illusion auprès des autres qui les regardent ? Ou pire, de le manipuler ?

Il n’aime pas cette posture où il est totalement suspendu aux règles d’un jeu qu’elle décide seule et qu’il ne comprend pas.

Il passe la fin de ce dîner dans un quasi-silence qui ne lui ressemble pas, réagissant seulement quand on l’interpelle directement. Heureusement pour lui, la tablée n’a pas besoin de ses interventions pour rester vivante et agitée, et le supplice prend assez vite fin après le dessert. Bien malgré lui, il ne parvient pas à s’empêcher de suivre du coin de l’oeil les mouvements d’Elva dont il essaye en vain de cerner les pensées, mais elle se pare de cette impassibilité propre aux Avner que Toni ne sait percer que chez Fergus. Puis, elle fait un mouvement imprévu, au moment où elle s’éclipse dans le vestibule et que Toni aperçoit les plis de sa longue jupe disparaître dans l’escalier.

Son coeur bat de plus en plus fort au fur et à mesure que les minutes s’écoulent sans retour d’Elva et qu’il réalise que c’est l’occasion d’avoir un moment seul avec elle.

Il n’a qu’à s’élancer vers les escaliers à son tour mais ce n’est pas si simple. Il a cette impression peu objective que n’importe qui ici risque de soupçonner quelque chose s’il disparaît lui aussi. Il a aussi une espèce de fierté blessée en lui qui tente de le retenir d’être, encore une fois, cet homme qui court après cette femme indifférente et s’expose à davantage de rejet.

Pourtant, c’est un autre visage de cette même fierté qui le pousse finalement à prétendre un tour aux toilettes et se dresser sur ses jambes. C’est une petite voix en lui qui proteste qu’il a le droit à des explications et qui réclame un peu de contrôle sur cette situation. Voilà ce qu’il allait chercher en montant les escaliers, se répète t-il comme pour mieux y croire. Pas d’attention supplémentaire, seulement des réponses à ses questions légitimes.

Il ne trouve pas Elva au premier étage et se résout à tenter le deuxième, celui des combles mansardés, où se trouvent les chambres de Donagh et de Moreen. C’est la porte de la première qu’il trouve entrouverte et derrière laquelle il entend un bruissement, puis le son d’un lit qui grince. Le coeur battant, il franchit l’encadrement de la porte et trouve celle qu’il cherche, allongée sur un lit, dans une position de faiblesse qui perturbe inévitablement cette résolution dont il essayait de se raffermir.

Elva semble au plus mal, lovée sur elle-même, derrière un long rideau de cheveux qui masque son visage à Toni.

Puisque sa présence clairement annoncée par le bruit de ses pas ne semble pas la repousser, Toni s’avance un peu, en restant toutefois à une distance raisonnable. Il n’a aucune idée de ce qui se passe dans la tête de la jeune femme et pour une fois, il a envie de se protéger un peu. Le contact de ses lèvres l’a brûlé tout à l’heure, et face à cette distance qu’elle maintient, c’est une brûlure qui commence à lui faire un peu mal.

« De quoi tu te caches ? demande t-il, d’une voix qu'il force à être calme mais puisqu'il est beaucoup moins doué qu'elle dans cette entreprise, son regard trahit ses émotions. Des autres ou de moi ? »


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeJeu 24 Déc 2020 - 13:19
That girl is a monster [Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, en feu

Non, Elva n'entend pas Toni entrer dans la pièce, plongée dans des pensées dont elle ne tire rien d'autre qu'un marasme d'incertitudes. Il n'y a aucune forme cohérente qui se dégage de cet instant de solitude, seulement le tourbillon étrenné d'un tas d'envies qu'elle réprime. Alors concentrée pour essayer d'oublier toutes ces pensées intrusives, tous ces sentiments turbulents, tous ces lancinants désirs, elle se referme sur une image de prairie d'automne, de feu de cheminée crépitant dans une âtre décorée, de la chaleur douce et embaumante du bois fumé. Elle s'y imagine seule et refuse la honte de se préférer sans ses enfants. Seule. Juste pour elle. Contre ses lèvres la chaleur douce d'un grog.

La voix de Toni la fait sursauter brutalement, Elva relève la tête avec l'expression d'une proie prise au piège. Un instant elle a serré plus fort ses bras autours de ses genoux avant de découvrir à qui appartient cette présence brutale qui a rompu si brusquement le havre paisible de son imagination.

Elle le dévisage sans répondre. Ses lèvres sont devenues deux minces lignes tendues, comme fait Fergus lorsqu'il est acculé par une question à laquelle il ne veut pas répondre. Seulement, là où Fergus est intransigeant et estime ne rien devoir, Elva a le cœur serré de voir ce qu'elle inflige à Toni sans son comportement et qu'elle lit si clairement dans ses yeux sombres qu'elle ne peut l'ignorer.

- De toi, répond-t-elle avec un ton doux qui ne le rejette pas complétement et se teinte d'excuse. Elle lui adresse un sourire qui se mélange de tendresse et de lassitude, et d'un geste, elle tapote le lit pour l'inviter à s'asseoir près d'elle.

Puis elle reste ainsi silencieuse, les doigts enlacés contre sa longue jupe beige qui fait autour d'elle comme une corolle de coquelicot. Elle se mord la lèvre. Toni s'est assis. Il la regarde sans rien dire avec dans les yeux une appréhension évidente. Son épaule touche presque son épaule, mais il a gardé une distance, légère, insidieuse, comme pour se protéger d'elle, comme pour céder au désir évident qu'il a de la sentir contre lui tout en évitant le gouffre que créerait son contact. La perdition. Comme il respecte son silence, elle respecte cette distance alors qu'elle meurt d'envie de se laisser allez contre lui, allez dans ses bras, allez contre sa poitrine chaude, le front posé sur sa gorge tendre. Elle inspire, soupire.

- C'est trop tard maintenant, je ne peux plus faire semblant… dit-elle avec la conscience un peu honteuse que Toni doit se sentir manipulé, peut-être. Toni, Tu sais… Elle relève la tête, accroche son regard. Je suis marié, dit-elle. Elle réalise que sa remarque est idiote. Bien sûr qu'elle est mariée. Bien sûr que Toni le sait aussi bien qu'elle.

Bien sûr.

C'est sûrement ce qui crée tant de trouble chez lui, tant d'incertitudes. Elva, tromper son mariage ? Ça lui ressemble si peu que personne encore ne semble s'être douté du jeu qu'elle a engagé entre Toni et elle. Un jeu qu'elle a choisi de mettre en place, elle, pas lui. Un jeu dont elle a désormais terriblement peur d'assumer les conséquences mais qu'elle ne parvient pas à faire cesser, tout simplement. Un jeu qui ressemble de moins en moins à un jeu.

Elle s'apprête à lui dire, Toni, tu dois avoir des questions, mais se ravise. C'est lâche, de jeter sur lui la responsabilité de cette explication qu'elle lui doit après ce qu'elle lui a fait dans la cuisine. C'est lâche de lui faire croire qu'il est responsable alors qu'il a toujours veillé à bien se tenir malgré le regard lumineux qu'il pose sur elle depuis des années. Toni n'a jamais débordé. Contrairement à elle, il a su maîtriser le tempérament bouillant dont il est doté. Elle, elle ignorait même en posséder un aussi brûlant. Elle n'a aucune idée de la façon dont on maîtrise ce genre de chose puisqu'elle le découvre. Comme une bougie allumée dans la nuit elle vole autours, la hume, s'y brûle un peu. Elle ne réalise pas encore tout à fait qu'elle a en elle un puissant désir d'indépendance. Quelque chose que Tonino incarne dans tous les aspects de ce qu'il est.

- Je… Ne sais trop quoi te dire… " Lâche, encore. Elva n'est pas Avner pour rien est n'est pas Avner qui sait partager ses émotions. Elle a baissé les yeux sur ses mains pour ne plus recevoir la brûlure des attentes qu'elle lit en lui et qui sont terriblement lourdes en cet instant. " Je ne t'avais jamais considéré comme ça. Je n'avais jamais… " Elle se passe deux doigts sur les sourcils comme pour essayer d'organiser ses idées. " Je suis confuse. J'ai deux enfants. J'ai une alliance. " Une alliance qu'elle aimerait de plus en plus s'arracher du doigt. " Je ne sais pas comment c'est arrivé, un jour tu es entré chez nous, c'était comme d'habitude et à la fois ça n'avait rien n'a voir, j'ai eu l'impression de te voir vraiment pour la première fois, dit-elle d'une voix fébrile. Elle sert doucement ses mains sur ses bras comme si soudainement elle était prise de froid. " Je t'ai trouvé terriblement attirant et depuis ça n'a jamais cessé, je te sens partout, je te vois partout… " Brusquement elle a ce besoins de s'accrocher à ses yeux une nouvelle fois. " Je te désir partout, tout le temps… Je ne sais plus résister à ce désir… Je ne sais plus te résister… " Sa voix s'éteint dans la proximité de leur souffle mêlés.

S'il voulait la prendre à cet instant, elle serait tout à lui.

[/justify]
Antonino Tessio
Antonino TessioChef de la mafia
Messages : 53
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitimeDim 14 Fév 2021 - 14:14
Le coeur de Toni bat fort dans sa poitrine face à l’évidente surprise et le sentiment de danger qui luit un bref instant dans le regard d’Elva. Elle ne l’a pas entendu arriver et désormais elle doit lui faire face à lui et à ses questions. Toni sait que ses interrogations sont légitimes après le moment inexplicable qu’ils viennent de vivre et pourtant il ressent un bref remord à l’idée de bouleverser à ce point la jeune femme, à un moment où elle a peut-être envie de tout oublier.

Mais ce n’est pas lui qui a initié le rapprochement, doit-il se rappeler pour ne pas vaciller face à Elva. C’est elle qui s’est jetée sur lui, puis l’a repoussé, pour des raisons que Toni a le droit de connaître. Comme si elle parvenait à la même conclusion, elle finit par lui répondre en l’invitant à s’asseoir près d’elle. Il n’est pas plus calme que tout à l’heure en prenant place, à une relative distance d’Elva, factice distance qui est comme un rempart de papier. D’un souffle, elle est capable de le balayer et Toni le sait : tout dépend de ce qu’elle a à lui dire.

Alors, pour une fois, il se tait et il écoute. Les poignées de secondes que met Elva à trouver ses mots lui semblent être des heures, mais il se tait. « Je ne peux plus faire semblant » dit-elle. Toni ne peut s’empêcher de penser qu’elle a pourtant des capacités assez redoutables dans ce domaine, qui se sont manifestées tout à l’heure, à table. Il se tait, encore. Elle est mariée. Il sait. C’est à peu près le moment où il a tiré une croix sur elle, des années plus tôt. Ce n’est pas ce qu’il souhaite entendre. Son silence perdure mais son regard s’agite de toutes les pensées qu’il se retient de dire et des émotions qui voudraient exploser. Il sait ce qu’il ressent, lui, c’est évident pour lui. Il ne sait pas du tout quoi en faire, mais il sait qu’en quelques gestes, Elva a allumé un feu qu’il pensait éteint depuis des années.

Il attend de voir si Elva, la douce et raisonnable Elva, va à nouveau poser un couvercle dessus. Il attend, suspendu à ses mots, qu’elle dise ce qu’il convient de dire. « C’est impossible ». « On ne peut pas ». « Arrêtons là ».

Rien de tout cela ne vient. Sa voix claire finit par s’éteindre après une suite d’aveux qui ont chacun ébranlé un peu plus Toni. Son coeur a tremblé quand elle a admis sentir son regard changer sur lui. Sa peau a frémi en pensant à toutes ces fois où ils se sont retrouvés entre les murs de cette grande maison de famille, sans mesurer la profondeur de ce changement chez elle. Son ventre a grondé face à ses yeux qu’elle a accroché aux siens, en reconnaissant un désir violent et irrépressible. De la part d’Elva, qu’il connaît pudique, réservée, ces mots crus ont une puissance décuplée. Inévitablement, le regard de Toni glisse vers la bouche qui les a prononcés et qu’il embrassait avec ferveur, quelques heures plus tôt.

Son instinct a toujours été le plus puissant et le plus immédiat moteur de ses actions. Poussé par cette force intérieure redoutable, Toni a accompli des réussites de génie et commis ses plus belles erreurs. Il n’a aucune idée du côté vers lequel la balance penche quand il pose à nouveau ses lèvres sur celles d’Elva, beaucoup plus doucement. Il sait seulement que lui non plus, il est incapable de résister à un désir réciproque et que celui d’Elva, en particulier, est un rêve que ses pensées effleurent depuis trop longtemps. Il est confus, lui aussi. Elva a deux enfants. Elle a une alliance. Et alors ? interrogent pourtant ses lèvres qui cherchent sans relâche celles de la jeune femme. Dans le secret de cette chambre, il n’y a rien d’autre qu’eux deux.

FIN DU RP


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
That girl is a monster [Toni] Icon_minitime