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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeMer 9 Sep 2020 - 17:03
8 avril 2011

Cela faisait onze ans qu’Avalon avait rencontré Fergus pour la première fois. Onze ans qu’ils se connaissaient, qu’ils s’apprivoisaient mutuellement, qu’ils s’aimaient tendrement. Onze années de whisky dégustés ensemble dans des bars, de repas partagés, de conversations souvent légères, parfois douloureuses, quelques fois conflictuelles. Onze années à construire avec Fergus et Toni une certaine stabilité plus familiale qu’amicale.

Ce soir, Avalon s’était rendue chez Fergus en sortant du ministère. Elle était passée récupérer le contenu de leur repas du soir chez un traiteur, à qui elle avait passé commande un peu plus tôt dans la journée. Elle connaissait les exigences de son ami sur le plan culinaire, et avait depuis longtemps estimé qu’il était bien plus sûr de ne pas se risquer à des expériences gastronomiques en concoctant elle-même un repas. Déjà, parce qu’Avalon n’était pas particulièrement talentueuse aux fourneaux, ensuite parce qu’elle n’avait absolument pas le temps – et l’envie, avouons-le – de s’améliorer. Elle cuisinait la plupart du temps par nécessité et, outre les quelques plats typiquement espagnols qu’elle avait appris auprès de sa grand-mère des années auparavant, Avalon n’était absolument pas capable de concocter quelque chose qui puisse satisfaire les papilles de Fergus. Le traiteur était le choix le plus raisonnable et, au fond, le plus savoureux.

Ils s’étaient installés à table devant deux assiettes fumantes, et deux verres remplis qu’ils vidaient doucement au fur et à mesure d’une conversation qu’ils alimentaient sans efforts, avec l’habitude de ceux qui se fréquentent depuis trop longtemps pour ne pas être capable de déceler des paroles sous des gestes et sous des silences. Pourtant, la conversation s’était doucement tarie au milieu du repas. Avalon se sentait hésitante, pensive sur un sujet qu’elle n’abordait normalement jamais, sous le regard d’un homme qui était pourtant le seul à avoir un jour entendu et écouté ses pleurs.

Elle leva finalement son regard vers Fergus, observa ses traits qui lui étaient si familiers. Parce qu’il était l’une des personnes envers qui sa confiance pouvait s’en remettre totalement, Avalon déclara, sans plus d’introduction que ce léger silence qu’elle avait curieusement laissé s’instaurer entre eux :

« Tu sais, j’ai parlé à Toni de ce qu’il s’était passé juste avant qu’on se rencontre à Londres pour la première fois. »

Elle ne donna pas plus de précision que cette simple phrase qui, pourtant, signifiait déjà beaucoup. Avalon n’évoquait jamais cette agression qu’elle avait subi. Au début parce que cela occasionnait une telle douleur qu’elle lui paraissait insupportable. Puis, au fur et à mesure des mois et des années, parce qu’elle n’en voyait plus le sens, ni l’intérêt. Cette histoire faisait partie d’elle, elle le savait. Elle ne la niait pas, ne l’oubliait pas non plus parce qu’il lui était impossible d’oublier ces images, d’oublier ces sons, d’oublier ces sensations, mais la blessure n’était plus aussi vive qu’avant. Plus jeune, elle s’immobilisait à des heures incongrues du jour ou de la nuit, figée d’horreur et de peur. Puis, elle avait avancé. Lentement, sûrement, accompagnée par ceux qui avaient vu, en elle, une étincelle qui n’était pas tout à fait éteinte et qui s’étaient employés à la raviver.

Cela faisait des années qu’Avalon n’était pas revenue avec Fergus sur ce jour où leurs chemins s’étaient croisés. Parce qu’elle possédait cette puissante résilience, Avalon avait souvent été capable de se reconstruire après les évènements traumatiques qui s’étaient succédés dans sa jeunesse, depuis son enfance désastreuse jusqu’à son agression, en passant par cette longue relation compliquée et conflictuelle qui avait détruit une année entière de sa vie peu après qu’elle ait quitté le monde moldu et sa famille. Elle s’était ouverte à Toni sur ce deuxième sujet, poussée par cet élan de confidence qu’il avait instauré le premier et par ce lien si fort qu’elle sentait entre eux depuis des années maintenant. Tout son récit avait été bien différent de celui qu’elle avait fait à Fergus entre deux sanglots, onze ans plus tôt. Face à Toni, et armée de ces années qui la séparaient de ce traumatisme, elle s’était sentie plus calme, moins démunie, plus à même de lui livrer un discours cohérent. Elle avait senti la colère de son ami – son regard sombre, ses intonations menaçantes – mais elle l’avait calmé d’une étreinte qu’ils avaient prolongé jusqu’à s’endormir l’un contre l’autre sur ce canapé pourtant bien trop petit pour les accueillir.

Ce soir, face à Fergus, la décision d’évoquer avec lui cette conversation qu’elle avait eu avec Toni deux mois plus tôt s’était imposée à elle, dans un souci d’honnêteté qui lui tenait à cœur. Pourtant, elle ne rajouta rien à cette introduction brute, à la fois parce qu’elle ne savait plus quoi dire, que parce que son cœur s’était serré dans sa poitrine.


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Fergus Avner
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeSam 19 Sep 2020 - 13:50
Au travers du fumet délicieux des plats et alors qu’elle s’exprimait en bougeant doucement les mains, Fergus observait Avalon avec une tendresse apaisée. Lui aussi avait grandi avec elle dans la tourmente d’années pénibles, aux prémices de l’une de ses dépressions les plus féroces. Il avait trouvé Avalon comme au sortir d’une brume épaisse, le crâne rempli de pensées morbides et déséquilibré dans sa souffrance. Elle l’avait reconnecté avec ce qu’il était au fondement de lui-même. En l’aidant, il s’était aidé à retrouver partiellement les morceaux épars de sa personnalité morcelée par son histoire brutale avec Grace, par sa rupture avec Toni, par les multiples trahisons qui avaient construit le socle d’une rancœur qui lancinait toujours dans un coin de son cœur, des années plus tard. Il avait regardé Avalon grandir depuis avec une sorte de fierté et se demandait toujours ce qui motivait cette émotion paternelle pour une femme qui n’avait au fond que quelques années de moins que lui. Peut-être que sa douleur alors, comparée à la sienne, lui été apparu si sordide qu’il s’était efforcé de retrouver sa force pour qu’elle puisse s’y appuyer, lui laissant ainsi pour toujours ce sentiment de responsabilité. Pourtant il savait qu’Avalon n’avait plus besoins de lui depuis longtemps. C’était une chose dont il se targuait pour elle lorsqu’il l’admirait vivre avec toute la saveur émouvante de sa spontanéité et de sa vérité de caractère. Avalon était forte, indépendante, intelligente. C’était un fait. Elle s’était reconstruite par-dessus la haine, la colère et l’injustice d’un traumatisme que Fergus, en sa qualité d’homme, ne touchait même pas du doigt. Et quand il comparait ce visage à celui qu’il avait connu, détruit par les crises d’angoisse de colère et de larmes, il n’avait rien d’autre à lui donner qu’un profond respect.

Fergus n’avait jamais formulé ces sentiments. Comme toujours il gardait pour lui son affection, la laissait transparaître dans le calme inné de son comportement, la qualité de son regard, la régularité de leurs tête-à-tête ainsi que la promptitude à lui rendre service ou être disponible pour elle à tout heure du jour et de la nuit. C’est ce qui avait subsisté de cette période de sombre douleur partagée : un apaisement profond qui donnait à la peine ancienne une teinte de noir et blanc et la réminiscence très précise de sérénité lorsqu’ils se retrouvaient l’un et l’autre pour repartager leur souffle et se redonner vie mutuellement. Et c’est pourquoi il ne s’inquiéta pas lorsqu’un silence s’instaura entre eux un instant, ni quand il devina avant qu’elle ne le dise de quoi allait être fait la rupture de ce silence.

Fergus s’y attendait depuis le début de la soirée. Ou tout du moins se préparait à l’éventualité d’un tel sujet. Avalon n’aurait pas été obligé de lui rapporter l’échange qu’elle avait eu avec Toni. Mais -et il souriait intérieurement à cette pensée – les caractères de ses deux amis s’approchaient sur beaucoup de points et se retrouvaient dans la confiance qu’ils lui accordaient. Avalon avait formulé, comme Toni, son aveu sans préambule avec cette certitude que Fergus saurait le recevoir. Et s’il répondit par un court silence et une expressivité qui se fendit à peine d’un haussement de sourcils, au fond de lui Fergus était fière d’être pour eux ce pilier inaltérable à qui ils partageaient et transmettaient une partie des choses qu’ils ne savaient porter seuls.

Doucement Fergus reposa le verre qu’il avait porté à ses lèvres – un excellent cru qu’Avalon était parvenu à choisir avec brio – et un instant il fixa le rouge translucide du vin sans rien dire. Le ton de la jeune femme lui avait semblé ferme, alors que ce long épisode de leur vie ne surgissait plus entre eux, comme un fossile gisant à la surface d’une terre qu’ils avaient pu labourer tout autours. Si Fergus s’était attendu à cette déclaration, il en effleurait à peine les conséquences. Il n’avait pas la résilience d’Avalon. Il pouvait parler de ses traumatismes à elle, mais effleurer du doigt les siens et ceux liés à cette époque lui était fondamentalement inconcevable. Il était déterminé à faire comme si cette période de sa vie n’avait jamais existé, comme s’il avait découvert Avalon en étant plein de ses moyens et de sa force morale, comme si elle n’avait pas rencontré, elle, le fantôme terrorisé de ce qu’il aurait dû être.

Il ignorait si face à l’honnêteté d’Avalon sa lâcheté pourrait s’épanouir sans être bousculée.

- C’est une bonne chose, dit-il, et pour une raison trouble il eut l’impression vague que sa voix était moins assurée qu’il ne l’aurait voulu.

C’était une chose d’aborder le sujet avec Toni, une chose douloureuse et terrifiante parce qu’elle les ramenait à une époque où leur relation avait été en péril et que cette simple idée laissait encore dans le cœur de Fergus une trace vive de terreur. Mais s’en était une autre de l’évoquer avec Avalon. Avalon le témoin silencieux, le témoin qui n’avait pas d’éléments sur ce que Fergus avait traversé, hormis la certitude qu’il traversait quelque chose. Avalon qui n’avait de fait probablement pas conscience de l’impact véritable qu’elle avait eu sur Fergus a cette époque et de ce que cela supposait encore pour lui aujourd’hui.

Il avait remarqué toutefois qu’Avalon n’avait pas nommé l’acte. Comme Toni évitait de prononcer le nom de ses frères Avalon biaisait sur les mentions de l’acte. C’était « cette chose du passé » « cet acte commis » « ce qui est arrivé ». Un tas de formulations vagues que Fergus maniait aussi bien qu’elle.

Avec le tact de ceux qui se retrouvent confident au milieu d’une histoire, il n’évoqua pas qu’il savait également que Toni lui avait parlé de Dario et Cesar. Peut-être que ce n’était pas là la discussion qu’ils devaient avoir. Un instant, il hésita avant d'ajouter :

- C’est bien que tu aies pu en parler à quelqu’un d’autre. » Fergus se trompait peut-être mais il doutait, concernant Avalon, qu’elle se soit confiée sur ce sujet depuis toutes ces années. Et de la façon la plus hypocrite qui soit il trouvait important qu’elle se trouve enfin capable de s’ouvrir. « J’imagine qu’on ne peut pas réellement parler d’un soulagement… Mais tu as l’air plus sereine quand tu l’évoques. » C’était une question sous-entendue. Avec la perception de Toni, il était difficile de savoir dans quel état raconter cette histoire avait pu mettre Avalon, et c’était une façon indirecte de l’interroger sur les sentiments profonds qui l’animaient encore. Et surtout la raison pour laquelle elle se sentait le besoins de le lui dire.



   
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Avalon Calder
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeDim 20 Sep 2020 - 19:55
Avalon ne pouvait pas vraiment définir si cet aveu fait à Toni, presque onze ans après les faits, était une « bonne chose. » Elle haussa simplement les épaules devant cette remarque de Fergus, comme pour y échapper. Elle avait parlé à son meilleur ami parce que, sur le moment, cela lui avait paru être la seule chose à faire. Elle portait ce secret depuis des années maintenant, et s’était habituée à le dissimuler aux autres. Il ne lui paraissait pas lourd pour autant – ou peut-être s’était-elle accoutumée de son poids – mais les choses en avaient toujours été ainsi, avec différents aspects de sa vie. Elle taisait ce qui était sensible, ce qui touchait profondément la personne qu’elle était. Elle le ressentait, elle le vivait, mais elle ne le partageait pas. Son enfance, sa famille, cette agression, tous ces sujets étaient souvent passés sous silence, dans une pudeur prudente qu’elle conservait de traumatismes qui l’avaient marqué en profondeur. Lors de cette longue soirée chargée en émotions qu’elle avait eu avec Toni, Avalon avait fait le choix de partager avec lui cet épisode de sa vie, parce qu’elle avait une confiance aveugle en son frère de cœur, et parce que, dans l’intimité de son salon, sa parole s’était déliée.

Il avait été étrange de revenir tant d’années après sur cet évènement, avec la rationalité acquise par le temps qui s’était écoulé. Elle avait raconté à Toni cette histoire comme on pouvait parfois résumer un livre et, si son récit n’avait pas été vide de sentiments, il avait été bien moins chargé en émotion que lorsqu’elle s’était ouverte à Fergus pour la première fois à ce sujet, et pendant tous ces mois pendant lesquels ils avaient vécu dans une parenthèse étonnement douce qui lui avait permis de se reconstruire au fur et à mesure. Ce soir, en soutenant le regard de son ami, Avalon sentait qu’ils effleuraient du doigt une époque qui lui paraissait très lointaine et qu’ils avaient cessé d’évoquer depuis longtemps. De l’eau avait coulé sous les ponts, Avalon avait grandi, changé, tout comme Fergus qui n’était plus tout à fait le même homme qu’elle avait rencontré. Ils s’étaient accompagnés pendant plusieurs mois et, s’ils ne s’étaient plus jamais quittés, ils avaient cessé d’évoquer ces sujets douloureux. Jusqu’à ce soir.  

Avalon ne comprenait pas ce qui l’avait véritablement poussé à confier à Fergus cette conversation qu’elle avait eu avec Toni, mais elle s’était sentie poussée par l’importance de le faire. Elle parlait avec son cœur, comme toujours, ses mains suspendues dans des gestes plus lents, ses grands yeux bruns posés sur un Fergus pensif, qu’elle sentait aussi un peu hésitant.

« C’était la première fois. » confirma Avalon à cette question qu’elle décelait dans la phrase de son ami.

Mais tout était bien différent, maintenant. Avalon n’était plus aussi fragile, plus aussi jeune non plus. La seconde remarque de Fergus la laissa silencieuse quelques secondes supplémentaires.

« Ça s’est passé il y a longtemps. » souffla-t-elle finalement pour expliquer cette apparente sérénité qu’il décelait chez lui.

La blessure était toujours là, comme une cicatrice masquée par les années mais qui ne disparaîtrait jamais totalement. La douleur l’avait quitté depuis longtemps, cette douleur pourtant si insupportable qui l’avait habité pendant plusieurs mois. Elle ne l’oubliait pas – et il aurait été difficile de le faire, parce qu’elle faisait partie d’elle – mais elle ne se sentait pas saisie par l’horreur de la même façon.

« C’était différent de quand on l’évoquait, toi et moi. Ce n’était plus aussi… Fort. » Douloureux. Elle se rappelait avoir pleuré des heures entières contre Fergus, être entrée dans des colères noires, puis dans des épisodes d’abattement complets. « C’est toujours là, et je pense que ce sera toujours le cas mais ce n’était plus la même chose. » Il y avait des aspects de la personnalité d’Avalon dont personne, à part l’homme qui lui faisait face, ne soupçonnait.

Elle sentait que des souvenirs de leur passé commun flottaient au-dessus d’eux, à la fois présents et absents dans une relation qu’ils entretenaient depuis des années. Des conversations qu’ils avaient eu à l’époque lui revenaient parfois par bribes, et s’envolaient quand elle cherchait à s’en emparer, la laissant seulement avec cette douce sensation de tendresse et de sérénité partagée qu’elle trouvait auprès de Fergus.

« Je ne sais pas si c’est une bonne chose, mais je ne regrette pas de lui en avoir parlé. Je crois que ça lui a fait un choc, par contre. » Elle ajouta après un silence : « A l’époque, je ne savais pas vraiment si tu lui avais parlé de quoique ce soit. » admit-elle en saisissant son verre.


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Fergus Avner
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeSam 10 Oct 2020 - 16:10
Fergus admirait la résilience d’Avalon. Il l’admirait parce-que, s’il la concevait comme on distingue la forme d’un objet trouble au loin de sa vision, il ne la comprenait pas. Il imaginait ce qu’elle pouvait ressentir lorsqu’elle parlait d’un traumatisme qui s’était affaissé avec le temps. Il pouvait supposer comment un souvenir pouvait perdre de son intensité et de sa vérité. Mais il ne lui semblait pas l’avoir déjà vécu.

Évoquer les détraqueurs ou son expérience d’Azkaban le plongeait dans un profond malaise qui le poussait à couper court à toute forme de conversation. Sa violente expérience du vide déclenchait encore aujourd’hui et avec une force qui ne s’était pas apaisée, au mieux des sueurs froides au pire des pertes de conscience. Et les blessures taillées minutieusement pendant des mois au creux de son essence pendant toute cette période où Avalon et lui avaient appris à se connaître et à s’aimer lui paraissaient encore si vives, si brutales, que les exprimer revenait à les vivres, aussi intensément qu’au premier jours. Fergus ignorait pourquoi il retenait ainsi ses douleurs, du reste il ne se posait pas la question. Son caractère obsessionnel, son besoin absolu de conclure une histoire pour pouvoir l’oublier avait toujours rendu l’amertume tenace. Il était capable à tout moment d’invoquer le souvenir d’un tort pour lui redonner sa bestialité primaire et en ressentir, aussi foudroyante que dans souvenir, la morsure acide. C’était une des raisons qui rendait à Fergus le pardon si inaccessible. Ce qui le poussait à sortir de sa vie sans seconde pensées des obstacles à sa tranquillité d’esprit. Alors face à Avalon qui lui exprime si calmement la réalité d’une douleur apaisée sans vengeance, Fergus conçoit mais ne peut comprendre. A sa place un feu brûle dans sa poitrine, vif, bouillant, un feu qu’il n’a pas oublié d’alimenter et qui a promis un jour de détruire celui qui a porté la main sur elle.

Il la dévisagea longuement en conservant un silence respectueux mais avec au fond du regard quelque chose qui interrogeait cette affirmation. Malgré lui Fergus craignait qu’Avalon ne s’enterre dans un rapport à sa douleur tronqué par son désir de vivre contre elle. Et hypocritement il l’imaginait capable de faire preuve de la même malhonnêteté qu’il avait lui lorsqu’il parlait du passé comme d’une époque qui ne méritait pas d’être évoqué, non par traumatisme, mais par improductivité.

Pourtant il percevait la différence, aussi évidente que la lueur d’une bougie à côté du soleil. Sa mémoire aiguisée n’avait pas besoins de grand-chose pour se souvenir des notes profondes de ses sanglots et des tremblements de son corps contre sa poitrine, alors qu’il la serrait contre lui, les lèvres posées contre ses cheveux doux. Il l’avait bercé tant de fois, l’avait enveloppé tant de fois de sa chaleur sans imaginer en être encore capable, qu’il ne pouvait ignorer la différence de volonté qu’il entendait dans cette affirmation hésitante.

- C’est toujours là, et je pense que ce sera toujours le cas mais ce n’était plus la même chose. » Fergus serra les lèvres sans réaliser que ce qui se bloquait dans gorge ne lui appartenait pas, qu’il expérimentait une injustice qui n’était pas la sienne, qu’il retenait activement une douleur qu’Avalon lui avait transmis par goutes, un peu plus, chacune des nuits et des journées qu’ils avaient partagées ensembles, et que le travail qu’avait entreprit Avalon pour vivre avec ses plaies et en faire des cicatrices, lui ne l’avait pas commencé. Il voyait encore les larmes et la terreur dans ces yeux qui pourtant brillaient depuis de biens d’autres émotions, et ne parvenait pas à en oublier l’intensité.
- Tu sais, dit-il, je t’ai dit à l’époque que tout se payait un jour ou l’autre. » Il le pensait, Fergus était comme la mule du pape qui garda son coup de pieds pendant sept ans. « Il y a des choses qui exigent réparation. Et tant mieux si ce n’est plus la même chose, vraiment. Tant mieux. Mais cette réparation si tu l’as veux toujours tu peux encore la réclamer. » Il n’était jamais venu à l’esprit de Fergus qu’Avalon, si elle avait voulu se venger, aurait pu décider de le faire seule. Parce que pour lui aussi c’était devenu une affaire personnelle : bien ou mal, la nature de Fergus ne pouvait faire autrement que de s’imprégner des douleurs des êtres chers qui l’entouraient et chercher dans la réparation quelque chose qu’il semblait leur devoir autant qu’à lui. « Simplement que tu saches que peut-importe le temps. Je n’oublie rien. Et s’il faut que quelqu’un se charge de crever les yeux à celui qui t’as un jour fait du tort, ainsi soit-il. » En prononçant es mots il avait lentement coupé dans son assiette un morceau de viande qu’il porta à sa bouche comme s’il venait de lui proposer une place de cinéma.
- Je ne sais pas si c’est une bonne chose, mais je ne regrette pas de lui en avoir parlé. Je crois que ça lui a fait un choc, par contre. »
- Tu penses, » répondit Fergus avec un sourire qui n’avait rien de mauvais. Toni était émotif, et concerné entièrement par les tragédies de ses proches. C’était quelque chose de son caractère que Fergus aimait passionnément, et dont la spontanéité le touchait toujours parce qu’il en était totalement dépourvu. « Il est bouleversé mais c’est dans sa nature. Il lui faut un peu de temps pour accepter. Et calmer ses émotions. » Il passa sur ses lèvres la serviette immaculée et haussa un sourcil en réponse à la question indirecte d’Avalon. « Non, » confia-t-il. « Ce n’était pas mon histoire. Je ne vois pas ce qui m’aurait donné le droit d’en parler. »


   
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 13:58
Pendant longtemps, Avalon avait trouvé chez Fergus un soutien qui lui avait été salvateur. Elle s’était accrochée à lui, jeune femme perdue, blessée, meurtrie qu’elle était alors, lui avait confié ses plus lourds secrets, ses plus sombres pensées, et, ravagée par la tristesse, avait bien cru toucher le fond. Elle s’était relevée sans trop savoir pourquoi, ni trop comprendre comment, aidée par cet homme qui ne l’avait plus jamais quitté. Ils avaient passé des jours et des jours tous les deux, enfermés dans un appartement minuscule, occupés à s’apaiser l’un et l’autre. Parfois, ils parlaient pendant des heures. Parfois, ils ne disaient rien du tout. Avalon dessinait, Fergus lisait. Ils laissaient au temps la possibilité de panser leurs blessures. Celles d’Avalon, visibles, apparentes, douloureusement présentes dans son quotidien. Et celles de Fergus, discrètes, secrètes mêmes, qu’elle décelait mais qu’elle ne voyait pas clairement. Il lui avait fallu des mois, des années peut-être, pour relier tous les morceaux du puzzle qu’était la vie de Fergus au moment où ils s’étaient rencontrés. Elle n’était pas encore tout à fait certaine de l’avoir complété entièrement.

Et, si le temps avait apaisé sa douleur et guéri ses blessures, Avalon sentait que Fergus questionnait encore cette décision qu’elle avait prise, des années auparavant, de ne pas chercher ni vengeance ni réparation. Avalon eut un sourire en songeant que Toni avait eu la même réaction, à la différence qu’elle avait senti émaner de lui une colère brûlante, quand celle de Fergus paraissait bien plus froide, presque dénuée d’affect. Avalon repensa à ce qu’elle avait dit à son meilleur ami, ce jour-là, blottie contre lui dans son salon. « Il y a dix ans, j’avais besoin de mettre ça derrière moi. Et aujourd’hui, ça n’a plus beaucoup de sens. » C’était la vérité. Dix ans auparavant, il lui était impossible ne serait-ce que de songer à l’homme qui l’avait agressé. Elle l’avait propulsé dans une zone de néant, où il n’existait plus tout en restant très présent. Puis, elle l’avait extirpé de cet endroit pour diriger sur lui une colère intense. Mais, curieusement, Avalon n’avait jamais songé à se venger. Elle aurait pu, pourtant. Elle avait les armes nécessaires pour le faire – et la force physique de cet homme était minuscule en comparaison à sa magie. Elle aurait pu lui faire payer, peut-être au centuple, ce qu’il lui avait fait subir.

Mais elle ne l’avait pas fait. Elle avait abandonné la possibilité de se venger au même moment où elle avait cessé de retenir sa douleur au creux de son cœur. Elle avait laissé partir sa colère quand elle avait de faire captive sa peine. Avalon se souvenait de ce moment avec une précision affolante, parce qu’elle s’était sentie allégée d’un poids insupportablement douloureux. En renonçant à sa vengeance, elle avait simplement pris la décision d’avancer.

« Je n’oublie pas non plus. » répondit-elle à Fergus en ancrant ses yeux dans les siens. « Ni ce qu’il s’est passé, ni ce que tu m’as dit. » Elle posa sa fourchette dans son assiette, suspendant le geste qu’elle avait esquissé pour manger. « Pour l’instant, ça va. »

Et c’était la vérité. Elle allait bien. Après tout ce qu’elle avait vécu, après tout ce qu’elle avait traversé, elle allait bien. Il lui arrivait encore d’avoir mal, parfois, il lui arrivait encore d’avoir peur, mais elle allait bien. Il s’agissait, à vrai dire, de sa plus belle victoire sur sa vie qui avait longtemps été tourmentée et douloureuse.

« Je ne sais pas. » songea à voix haute Avalon en haussant les épaules à la dernière remarque de Fergus. « Pendant un temps, ça a aussi été ton histoire. » fit-elle remarquer avec un regard pensif. « Pas entièrement, mais… » Avalon allait poursuivre, lorsque son téléphona sonna. Elle le sortit de sa poche pour couper court à l’appel, mais le nom qui s’affichait l’interpella. « Maman. » Les sourcils d’Avalon se haussèrent de surprise. Dire que sa mère l’appelait rarement était un euphémisme ; elle ne l’appelait jamais. Elles se voyaient de temps en temps, quand Avalon passait à Londres pour voir ses frères et ses sœurs, mais leurs contacts étaient plutôt brefs. Cet appel soudain la fit suffisamment tiquer pour qu’elle relève la tête vers Fergus : « Excuse-moi une minute. » lâcha-t-elle en se levant de table pour décrocher.

« Allo ? » fit-elle d’une voix un peu incertaine.
« Avalon ? »
La voix à l’autre bout du fil, qui n’était pas celle de sa mère, lui arracha un sourire un peu incrédule. « Vivianne ? » Avalon s’éloigna de quelques pas.
« Oui… Je te dérange pas ? »
« Non bien sûr que non ma puce, ça va ? »
« Ouais… » Il y eut un silence. « Et toi ? »
« Oui, ça va bien. » Avalon fronça les sourcils, interpellée par la petite voix de sa sœur. « Qu’est-ce qu’il se passe ? »
« Non, rien, je voulais te parler, c’est tout. »
« Viv… » A nouveau, la petite-fille garda le silence. « Tu es à la maison ? Tout va bien ? »
« Oui je suis à la maison, je… » Un peu grand rire, un peu fou, un peu enragé, retentit alors à l’oreille d’Avalon.
« Qui est avec toi ? »
« Personne. Enfin, papa et maman ont invité des amis à la maison. »
Des amis. Le cœur d’Avalon rata un battement.
« Et ils sont sympas, ces amis ? »
« Pas vraiment. » La voix de Vivianne trembla. « Ils crient beaucoup. » Les doigts d’Avalon se crispèrent contre son téléphone.
« Tu as mangé, chérie ? »
« Pas trop… »
« Tu as faim ? »
« Un peu… » Elle hésita un instant. « Mais j’ai pas envie d’aller dans la cuisine. Papa a l’air vraiment très fâché. »
« Tu as raison. » Avalon coula un regard vers Fergus. « Tu sais que ce qu’on va faire ? » décida-t-elle d’une voix qu’elle s’efforça d’égayer. « Je vais venir te chercher. »
« Là maintenant ? »
« Oui, là maintenant. Tu es toute seule ? Garlan n’est pas toi ? »
« Non, il est chez un copain depuis deux jours. »
« Ok. Bon, j’arrive dans cinq minutes, d’accord ? Tu prépares un petit sac pour passer le weekend chez moi ? »
« Ok. » Vivianne avait l’air soulagée. « Je t’attends dans l’appartement ? »
« Oui. » trancha Avalon après une hésitation. « A tout de suite. »

Elle raccrocha et glissa son téléphone dans la poche de son pantalon, en en dirigeant vers Fergus qui avait suivi la conversation de loin.

« C’était ma sœur. » annonça-t-elle, même si elle savait très bien qu’il l’avait entendu parler. « Quelque chose ne va pas chez moi, mes parents sont avec des… Je ne sais pas trop. Des dealers, peut-être. Je vais aller récupérer Vivianne. » annonça-t-elle et, d’un regard, elle fit comprendre à Fergus l’urgence qu’elle ressentait intérieurement. « Je peux revenir avec elle ici ? » demanda-t-elle sans détour. « Je n’ai rien chez moi pour la faire dîner, et j’aimerais bien qu’elle soit au calme. »



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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeDim 8 Nov 2020 - 18:54
Fergus ouvrait la bouche pour répondre lorsque le pear d’Avalon se mit à tinter et que contre toute attente, elle se leva pour décrocher. Ce n’était pas quelque chose que la jeune femme faisait habituellement et ce geste alerta Fergus qui fronça les sourcils dans sa direction. En entendant le nom de celle qui l’appelait, il comprit pourquoi elle avait choisi de répondre et son attention se tendit, en même temps qu’il se faisait suspicieux, vers la conversation qu’Avalon entamait avec Viviane.

Il n’était pas dans les habitudes de Fergus d’écouter aux portes. C’était une attitude qu’il considérait au mieux méprisable, au pire passible d’un tabassage en règle. Mais la situation était différente : Avalon s’éloigna sans tout à fait l’empêcher d’entendre ce qu’elle disait, et sans sembler y tenir particulièrement. Par ailleurs il y avait dans son ton une urgence retenue qui tentait de faire bonne mine probablement pour ne pas alerter Viviane dont les réponses restaient pour Fergus un mystère absolu. Chaque question qu’Avalon posait au travers de l’appareil faisait battre un peu plus vite le cœur de Fergus. Très rapidement il se retrouva pris d’une de ces appréhension désagréable, une anticipation nerveuse qui le préparait d’avance à réagir vite à une situation dramatique. Il ne bougeait plus, la main serrée sur la serviette qu’il avait posé sur la table, le corps tendu comme s’il s’apprêtait à tout instant à se lever pour partir. Son regard fixe braqué sur les lèvres et le visage d’Avalon dont ses capacités d’empathie limitées tentait de saisir toutes les modulations suspectes ou inquiétantes. La teneur même de ses mots suffisait à l’alerter.

Fergus avait quasiment vu Viviane naître. Il l’avait observé grandir, toute petite encore, avec une sorte de curiosité douloureuse en pensant à sa propre fille qui avait, pour la plus grande partie, traversé les trois premières années de sa vie loin de lui. La petite fille était brillante, elle lui rappelait étrangement ce qu’il avait pu être dans son enfance. Lui qui avait souvent tendance à impressionner les enfants trouvait chez Viviane une sorte d’attitude calme et curieuse qui la laissait de marbre face à son charisme de grande personne mutique. Ils partageaient une sorte de façon de penser, parfois une rapidité d’esprit lorsqu’ils abordaient ensembles certaines matières, et constituaient ainsi un échange qui plaisait beaucoup à Fergus dont l’affection pour Viviane était devenue profonde. Il connaissait de fait les inquiétudes d’Avalon à son sujet. Elle n’avait pas eu besoins de développer beaucoup, après tout, au-delà de Viviane Fergus avait eu le temps de se faire un avis sur l’environnement familial d’Avalon et ne voyait pas comment une enfant, quel que soit son âge, puisse y grandir sans risque. Fergus étant une personne assez littérale et définitive, avait un avis très personnel sur les dangers potentiels qu’encouraient la petite fille, et s’il ne se permettait pas d’exprimer sa pensée, guettait avec âpreté la confirmation de ses inquiétudes.

Lorsqu’Avalon renvint il était déjà debout.

- Quelque chose ne va pas chez moi, dit-elle, mes parents sont avec des… Je ne sais pas trop. Des dealers, peut-être. Je vais aller récupérer Vivianne. » Après avoir serré les lèvres, Fergus hocha la tête. « Je peux revenir avec elle ici ? ajouta-t-elle, je n’ai rien chez moi pour la faire dîner, et j’aimerais bien qu’elle soit au calme. »
- Tu n’as pas besoins de demander, Ave, tu sais très bien que tu es chez toi, répondit-il. Mais je t’accompagne, ajouta-t-il.

Et son air sous entendait parfaitement qu’il ne souffrirait aucune contradiction. Mieux valait être deux. Au cas où.


   
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeLun 9 Nov 2020 - 11:32
L’appel de Vivianne avait laissé Avalon inquiète, soucieuse, tendue. Elle sentait ses muscles crispés, comme si elle se préparait à un choc physique qui n’arrivait pas. Elle ressentait un besoin impérieux, viscéral même, de savoir sa petite-sœur en sécurité auprès d’elle. Chaque seconde qui s’écoulait depuis que Vivianne avait raccroché lui faisait l’effet d’un brutal coup dans l’estomac qui s’était noué d’appréhension.

Cela faisait onze ans qu’Avalon n’habitait plus chez ses parents, qu’elle avait pris puis revendiqué une indépendance qu’on lui reprochait et qu’on considérait bien volontiers comme un abandon pur et simple de ses proches. Onze ans qu’elle n’avait pas dormi dans cet appartement qui l’avait vu grandir, onze années de rapports tendus, conflictuels avec ses parents, de souffrance parfois refoulée, souvent silencieuse. Et pourtant, malgré ces longues années qui la séparaient de ce départ, Avalon se retrouvait souvent brusquement ramenée à des souvenirs douloureux qui lui donnaient l’impression de redevenir la toute jeune adulte qu’elle était à l’époque. Cette sensation d’oppression dans la poitrine, ce nœud dans la gorge, cette agitation dans son regard lui étaient familières, et survenaient souvent lorsqu’elle s’apprêtait à retourner chez ses parents.

Préoccupée par mille détails qui parasitaient son esprit, Avalon eut un vague sourire à la réponse de Fergus. Sa requête, en revanche, lui tira un regard interrogateur, qui se heurta à l’assurance de son ami. Sa dernière phrase n’avait rien d’une question, réalisa-t-elle alors que son premier réflexe aurait été d’y répondre par la négative. Elle tergiversa un instant, puis finit par hocher la tête pour acquiescer. Fergus avait déjà accompagné Avalon plusieurs fois chez ses parents et, malgré le fait qu’elle préférait se rendre chez eux seule, la présence de son ami avait toujours été un élément sur lequel elle pouvait s’appuyer dans ces moments-là.

« D’accord. » fit-elle, nerveusement. Elle tendit la main à Fergus. « Je t’emmène. »

Ils disparurent quelques secondes plus tard, dans un tourbillon qui les menèrent dans une ruelle sombre de Londres, à peine éclairée par un néon blanc qui indiquait l’arrière-boutique d’un magasin alimentaire à la devanture jaune, ternie par le temps. Guidée par l’habitude d’un trajet qu’elle avait effectué maintes et maintes fois dans son enfance, puis dans son adolescence, Avalon se dirigea vers plusieurs gros immeubles qui se ressemblaient tous. Peinture défraichie, abimée, petites fenêtres sales, murs tagués d’insultes, odeur dont on ne pouvait pas douter de l’origine… Rien n’avait changé, le quartier était exactement celui qu’elle avait quitté dix ans plus tôt.

Avalon grimpa quelques escaliers, jusqu’à une porte d’entrée qui, si elle aurait dû être sécurisée un jour, n’était depuis longtemps qu’un battant qu’on poussait simplement de l’épaule. Après une série de marches qui les conduisirent jusqu’au troisième étage, Avalon s’arrêta devant la porte « 301 », devant laquelle elle se figea une seconde. Elle n’échangea avec Fergus qu’un regard chargé d’appréhension, avant de pénétrer dans l’appartement.


I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Avatar10 I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Avatar12
Vivianne Davies, 9 ans, désolée mais les deux photos sont trop mignonnes pour n'en choisir qu'une.

Vivianne reposa le téléphone de sa mère là où elle l’avait trouvé – sur la table de chevet, à côté de son lit, où elle l’avait laissé depuis le début de la soirée. Elle n’avait pas vraiment le droit de se servir du téléphone de ses parents mais, la plupart du temps, ces derniers ne le remarquaient pas donc ne la punissaient pas. Et, comme elle savait que sa mère serait furieuse de savoir qu’elle avait appelé Avalon, Vivianne avait veillé à supprimer cet appel de son historique. Pas vue pas prise, se disait-elle en regagnant sa chambre, sans faire le moindre bruit.

Des éclats de voix lui parvenaient du salon. Vivianne ne comprenait pas exactement le sujet de la conversation, mais il lui semblait que son père était vraiment très fâché – quand elle était passée chercher son livre qu’elle avait laissé sur la table, elle avait bien vu qu’il affichait cet air renfrogné. Depuis, une heure était passée, et cet agacement semblait s’être transformé en colère véritable.

Au milieu de tout ça, Vivianne se sentait un peu seule. Garlan était chez un ami depuis la veille, Morgane passait la semaine chez son petit-ami dont elle parlait beaucoup, Yvain était aux abonnés absents depuis hier, et Yseut travaillait toute la nuit. Elle était pourtant habituée à passer du temps toute seule – ce qui était assez étonnant, lorsqu’on connaissait sa grande famille – mais ce soir, au milieu de tous ces adultes qui criaient, au milieu des menaces qu’elle entendait à travers les murs fins comme du papier, Vivianne n’avait jamais ressenti une telle impression de solitude.

C’était pour ça qu’elle avait subtilisé le téléphone de sa mère pour appeler sa grande-sœur, dans un réflexe un peu instinctif, intégré après toutes ces années passées à se tourner davantage vers Avalon que vers ses parents lorsqu’elle rencontrait une difficulté.

Vivianne pénétra dans la chambre qu’elle partageait avec Garlan, Morgane et Yseut, où régnait une forte odeur de cigarette qui lui chatouilla les narines et lui fit froncer le nez. Morgane fumait dans son lit le soir, et l’odeur imprégnait les tissus et les vêtements. Yseut détestait ça et les deux sœurs s’étaient disputées à de nombreuses reprises à ce sujet, mais Morgane n’avait jamais pris en considération les reproches de sa sœur aînée. Vivianne, quant à elle, n’avait rien dit : jeune comme elle l’était, Morgane ne l’écouterait pas du tout.

La petite-fille saisit un sac à dos qu’elle entreprit de remplir avec des affaires pour… Elle compta à voix haute : « vendredi à samedi, samedi à dimanche », deux nuits. Elle y glissa aussi son cahier pour faire ses devoirs, son doudou, et sa brosse à dent qu’elle était partie chercher dans la petite salle de bain qu’ils partageaient.

Impatience mais un peu nerveuse, Vivianne attendit Avalon dans le fond du couloir, les yeux rivés sur la porte d’entrée.


I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Avalon14
Avalon Davies, 29 ans
Rentrer dans l’appartement de ses parents revenait à faire un pas en arrière d’une dizaine d’années, impression désagréable et oppressante qu’Avalon ressentait presque physiquement dans le nœud qui se créait dans son estomac.

La jeune femme fit quelques pas dans la petite entrée, encombrée par des paires de chaussures abandonnées à même le sol et désordonnées. Un parapluie reposait contre un mur, des manteaux étaient suspendus à un portant qui menaçait de tomber à chaque seconde. Une odeur à la fois très désagréable et très familière flottait dans les airs, un mélange de renfermé, de cigarette et du joint désormais froid qui reposait dans un cendrier. La fumée avait noirci les murs au fur et à mesure des années ; l’appartement n’avait jamais été en aussi mauvais état.

« C’est qui ? » La voix de la mère d’Avalon s’éleva, suspicieuse, dans le salon à sa gauche.
« J’sais pas, va voir. » répondit Dwight Davies sur un son bourru.

Avalon, immobile, patienta quelques secondes. Son regard se posa finalement sur la silhouette de sa sœur, figée au fond du couloir qui menait à sa chambre. Elle lui fit signe, d’un sourire, d’approcher. A ce moment, sa mère apparut.

« Ah, c’est toi. » Puis, immédiatement : « Qu’est-ce que tu veux ? »

Avalon ne se formalisa pas de ces retrouvailles froides, et haussa les épaules.

« Je viens récupérer Vivianne. »
« Mais c’était pas prév… »
« Hé, c’est qui ? » la voix forte de Dwight Davies résonna à son tour.
« C’est Avalon, elle vient chercher Vivianne ! » répondit sa femme.
« Hein ? Attends. »

Sans le voir, Avalon put parfaitement imaginer son père s’extirper de son fauteuil pour se diriger vers eux. En effet, il ne tarda pas à arriver auprès d’eux, marqua un temps d’arrêt en dévisageant Fergus.

« Tu te déplaces plus sans tes gardes du corps maintenant ? » ricana-t-il avec un regard mauvais, qu’Avalon ne releva pas uniquement en raison de la présence de Vivianne. « C’est quoi cette histoire encore ? »
« Vivianne passe le weekend avec moi. » annonça Avalon.
« Hein quoi ? » Dwight secoua la tête. « Et depuis quand ? »

Un regard vers sa petite-sœur amena Avalon à mentir plutôt qu’à admettre que Vivianne venait de l’appeler.

« Depuis longtemps, t’as oublié c’est tout. »
« Ouais ouais prends-moi pour un con t’as raison. » Dwight pointa un doigt accusateur sur sa fille aînée. « Hé t’as pas le droit de la prendre comme ça sans prévenir ! »
« Je vous préviens là. » souligna Avalon avec mépris. « Vivianne passe le weekend chez moi, je la ramènerai ici dimanche soir. »
« Parle pas comme ça à ton père ! » intervint Edith d’une voix aigüe.
« Non mais laisse Edith, c’est depuis qu’elle est partie dans son monde là, elle a oublié qu’elle avait une famille. »

Avalon coupa court à cette conversation – qui était relativement la même à chaque fois – pour appeler Vivianne.

« Vivianne, tu viens ? On va y aller. »

La petite-fille, qui s’était figée au milieu du couloir, parcourut les quelques mètres qui la séparaient de sa sœur, qu’elle enlaça. Avalon lui rendit son étreinte et l’embrassa dans les cheveux.

« Tu as toutes tes affaires ma puce ? »
« Oui ! » Son regard s’éclaira davantage lorsqu’elle croisa celui de Fergus, elle s’approcha ensuite de lui pour l’enlacer. « Oh, salut tonton Fergus, je savais pas que… »
« Hé c’est pas ton oncle. » la rabroua Dwight. « C’est pas son oncle putain Avalon, arrête de lui apprendre de la merde ! »

Vivianne s’était figée, et coula un regard inquiet vers Avalon.

« Laisse-la tranquille. » Avalon n’avait jamais incité Vivianne à appeler Fergus de la sorte ; perdue au milieu d’une immense famille, la petite-fille associait rapidement des statuts aux gens qui l’entouraient. Fergus, qui l’avait quasiment vu naître, faisait figure d’oncle chez elle. « Viens Viv’, on y va. »

Vivianne se retourna vers ses parents, un peu mal à l’aise sous le coup de cette tension qui pesait lourdement sur l’assemblée.

« A dimanche papa, à dimanche maman », souffla-t-elle un peu précipitamment en les embrassant, avant de saisir la main qu’Avalon lui tendait pour sortir de l’appartement.

Ce fut sans un mot pour ses parents qu’Avalon quitta les lieux, laissant la porte se refermer derrière elle. Elle dévala les escaliers, sans lâcher la main de Vivianne, jusqu’à gagner l’extérieur.

« Ca va ma puce ? » interrogea-t-elle doucement. Vivianne haussa les épaules.
« Merci de pas avoir dit aux parents que je t’avais appelé. Maman aime pas trop que je prenne son téléphone. » répondit-elle en revanche.
Avalon passa un bras autour de ses épaules. « T’inquiète. » souffla-t-elle. « On va aller chez Fergus pour dîner, et ensuite on ira chez moi, d’accord ? »
« Ok. » Vivianne tourna la tête vers Fergus. « Oh, tu sais, j’ai eu vingt en problèmes à l’école ! » annonça-t-elle avec fierté. « La maîtresse m’en a même donné des plus durs à faire pour lundi. »
« Championne, va. » commenta Avalon avec un regard tendre, avant de s’immobiliser dans une ruelle déserte.
« Oh, on va transplanter ? » Les sourcils de Vivianne se froncèrent.
« Transplaner, » corrigea-t-elle machinalement, « et oui. Tiens-toi à moi, ça ne va pas durer longtemps. »


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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeJeu 10 Déc 2020 - 18:29
Avalon et Toni se ressemblaient et parfois, sa connaissance de l'un avait permis à Fergus d'aiguiller sa connaissance de l'autre. A un autre endroit bien différent, il avait aussi appris à discerner chez Avalon des traits de caractères, des habitudes, des expressions qu'il savait désormais correspondre à des états particuliers. Pour lui, il s'agissait d'un apprentissage parfois pénible en cela qu'il n'avait rien de naturel. Fergus ne disposait pas du tact de Jayce et de sa compréhension des autres, de l'extraversion émotionnelle de Toni, des capacité de manipulation subtiles de Roy. Il n'avait pour l'être humain qu'une curiosité de façade, entretenue par ses obligations professionnelles d'en côtoyer régulièrement, mais ne les comprenait pas dans la grande majorité des cas. À quelques exceptions près, exceptions qu'il devait -sauf dans le cas de Toni - à des années de travail, d'analyse et d'investissement. C'était le cas pour Avalon, dont il interpréta immédiatement le regard d'appréhension, parce qu'il connaissait, comme une donnée immuable, son rapport à sa famille et l'angoisse éventuelle que pouvait générer l'idée même de se trouver en leur présence. Il donnait sa réponse par la présence, son implication par le soutient. Sans répondre à l'étonnement vague qu'il perçu dans le regard qu'Avalon lui adressa et sans imaginer qu'elle puisse refuser, il s'attendit à ce qu'elle comprenne par elle-même que sa démarche n'était pas une volonté d'intrusion mais simplement sa manière d'être l'ami qu'il pensait être. Une définition très précise et conçu selon une échelle de valeur à laquelle Fergus ne dérogeait plus depuis dix ans. Il lui paraissait simplement évident qu'Avalon, même s'il ne doutait pas de sa capacité à gérer cette situation sans lui, trouverait dans sa présence du réconfort et de la force et que par conséquent, se trouverait mieux pour affronter la situation, quelle qu'elle soit, avec lui plutôt que sans.

Le regard qu'elle échangea avec lui devant la porte 301 de l'immeuble miteux qu'habitait ses parents le conforta dans cette certitude.

Fergus n'avait pas eu énormément d'occasion de pénétrer l'appartement de la famille Davies, mais sa terrible mémoire n'avait pardonné aux détails triviaux de l'appartement aucun oubli. Il avait toujours détesté cet endroit. Mal entretenu mais surtout brutalisé pour en détruire le peu qui aurait pu demeurer agréable à vivre, il était évident que les parents Davies n'avaient jamais fait en sorte de rendre leur appartement accueillant. Toutes les particules maniaques de Fergus se hérissaient en se confrontant aux coulures d'humidité, aux incrustations de fumées dans les murs ternes, aux objets éparpillés sur les meubles abîmés par l'usure. Un vague mépris d'une pauvreté sans effort, auquel ses privilèges ne parvenaient pas à laisser le bénéfice du doute, assombrissait systématiquement son regard lorsqu'il se posait sur cet intérieur sordides aux odeurs rances de tabac et d'herbe froide.

Fergus portait un jugement directe et sans délicatesse sur tous les aspects nouveaux qu'il découvrait au fur et à mesure de sa promenade visuelle, et de la conclusion qui en résultait que rien ne s'était amélioré, au contraire. Avec cette constatation s'accompagnait une colère révoltée et silencieuse, d'un contrat de parentalité qui n'avait pas été rempli. Il était évident -et il le savait depuis qu'il connaissait Avalon, - qu'aucun des enfants Davies ne bénéficiait de l'attention et du confort optimal que leurs géniteurs auraient pu s'engager à leur prodiguer. Même sans être grand, même sans être luxueux, un appartement propre, aéré, rangé, aurait été selon les considérations de Fergus, le fondement sans prétention d'un cadre de vie sain. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir pour ces gens qui avaient engendré tant d'enfants, une condescendance hargneuse qui trahissait parfaitement son incompréhension du peu de cas qu'ils faisaient de leur progéniture. Lui qui aimait Laoise avec l'amour inconditionnel et inquiet d'un père privé de la présence constante de sa fille ne pouvait tolérer qu'on laissa des enfants grandir dans une telle promiscuité.

Bien sûr, il garda ces pensées pour lui et fit en sorte de rester parfaitement impassible lorsque les odeurs agressèrent son odorat sensible. Il ne bougea pas non plus, fantôme oublié de la mère d'Avalon, lorsque celle-ci pénétra dans le couloir pour accueillir sa fille d'un ton coupant et sans chaleur. Dwight les rejoignit rapidement et Fergus adressa un sourire froid au père d'Avalon, acidifié d'un sardonisme de fond sans daigner répondre à cette forme de provocation mesquine dont Fergus avait un souvenir précis.

Lorsqu'il pointa un doigt agressif vers Avalon, Fergus ferma les poings et retint un mouvement qui l'aurait, dans d'autres circonstances, poussé en avant. Il savait qu'Avalon n'aurait pas souhaité qu'il intervienne, ce pourquoi il prit sur lui pour s'observer, et demeurer immobile et silencieux. Lorsqu'il enlaça Vivianne et que Dwight accusa Avalon à l'aide d'un vocabulaire ordurier, Fergus ne put empêcher toutefois un soupir irrité de franchir ses dents serrées. Il n'était pas connu pour être l'homme le plus policé chez les veilleurs, mais faisait attention à son vocabulaire, particulièrement devant Laoise, et le ton, l'agressivité mâle de Dwight, révélait chez lui une envie presque épidermique de le faire taire.

Mais à nouveau, il garda le silence, restreignant en lui le désir terrible d'aboyer un ordre. Il ne respira à nouveau que lorsqu'Avalon, Vivianne et lui eurent descendue les escaliers et quitté le hall miteux de l'immeuble pour l'air frais de la rue. Pendant qu'Avalon échangeait avec sa petite sœur, il en profita pour poser distraitement une main sur la nuque de la jeune fille qu'il serra doucement, comme une caresse, conscient des tensions qu'avaient dû engendrer chez elle l'altercation avec ses parents.

- Bravo, répondit-il de son ton calme à l'annonce de Vivianne qui, loin de le surprendre, le fit sourire sincèrement. Tu me montrera les autres, si tu veux. " Et c'était une proposition sincère. Fergus aimait partager avec Vivianne le plaisir de l'orienter dans la résolutions de problèmes, et la passion de la petite fille pour cette matière était si vive, que Fergus ne pouvait s'empêcher de ressentir une hâte à l'idée de la voir grandir et développer avec elle ce caractère consciencieux et impliqué qu'ils partageaient.

Lorsque le transplanage se diffusa pour les laisser tous trois chancelants au milieux de son gigantesque salon, Fergus commença immédiatement par sortir une assiette pour Vivianne qu'il servit en piochant dans les divers mets qu'Avalon et lui n'avaient pas encore entamé. Alors que la petite fille déposait ses affaires dans le salon, il profita qu'elle ne soit plus à porté d'oreille pour se tourner vers Avalon et demander discrètement :

- Tu sais qui étaient les types qui étaient chez tes parents ? " C'était une questions qui l'inquiétait sincèrement. Pour l'instant, Vivianne semblait échapper à peu près, grâce à Avalon notamment, à l'influence terrible qu'elle et son frère avaient subi. Son esprit rigoureux avait besoins de définir la proportion du danger pour garantir à Vivianne la meilleur protection possible.


   
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeMer 13 Jan 2021 - 0:53
Dans l’air frais de la rue, Avalon s’autorisa à respirer, le cœur encore vrillé par une angoisse qui s’était immiscée dans chacune de ses cellules. Avoir Vivianne auprès d’elle, s’assurer de sa santé d’un coup d’œil, la voir sourire à la caresse de Fergus, apaisa doucement le cœur agité d’Avalon, bien qu’il restât serré par la crainte, par la colère, par le rejet.

« Oui je veux bien. » répondit Vivianne à la proposition de Fergus, avec un petit sourire. « Ils sont censés être plus difficiles mais… » Elle haussa les épaules, « C’est facile les problèmes, il faut juste réfléchir dans le bon sens. »

La formulation tira un sourire à Avalon, qui raffermit son étreinte sur la main de sa petite-sœur en la guidant vers la ruelle sombre dans laquelle ils étaient arrivés. Elle passa un bras autour de ses épaules, échangea un bref regard avec Fergus et transplana jusqu’à l’appartement de son ami, qu’elle retrouva dans son salon.

Ils avaient dû partir dix minutes.

Dix minutes et, pourtant, Avalon avait l’impression de sentir un immense poids reposer sur ses épaules et au creux de son estomac. Chaque minute qu’elle passait là-bas renvoyait toujours Avalon à des états anxieux qui avaient dû mal à se dissiper. Elle retrouva le réconfort d’un lieu familier, que Vivianne investit rapidement en allant déposer son sac vers la porte d’entrée, où elle était certaine de ne pas l’oublier. « Ma puce tu peux aller te laver les mains dans la cuisine, si tu veux. » indiqua Avalon à sa petite-sœur, qui hocha la tête et gagna la pièce en quelques pas. Avalon, quant à elle, retourna près de Fergus, qui servait à Vivianne une généreuse assiette de plusieurs mets encore fumants. Sa question arracha un regard sombre à Avalon, qui croisa brièvement celui de son ami.

« Je ne suis pas sûre. » répondit-elle finalement, un peu préoccupée. « Des dealers peut-être. Tu as vu comment ils nous regardaient ? » interrogea Avalon. « Le quart d’entre eux avait l’air complètement défoncé. »

La proximité de Vivianne avait de tels individus était ce qui inquiétait réellement Avalon. Elle savait qu’elle était plus ou moins préservée de la misère qu’ils avaient connue lorsqu’elle était enfant, parce que ses sœurs et ses frères aînés veillaient sur elle. Galaad gardait un œil sur elle et sur Garlan, les deux plus jeunes de leur famille ; mais malgré tout, il ne pouvait pas tout empêcher, il ne pouvait pas la préserver de tout ce à quoi ses parents l’exposaient volontairement ou involontairement. Vivianne était une enfant, encore terriblement jeune, qu’on jetait en pâture dans une monde qui n’était absolument pas apte à accueillir des enfants. Avalon refusait que sa sœur puisse subir une influence similaire à la sienne et, ainsi, traverser un parcours qui ferait écho au sien. A chaque fois qu’elle voyait Vivianne, âme si innocente et si jeune, auprès de menaces potentielles comme les individus qui occupaient le salon de ses parents en ce moment-même, Avalon ressentait un fort instinct de préservation, ainsi qu’un sentiment de révolte s’emparer de son cœur.

« Hmmm, ça sent bon ! » s’exclama Vivianne en revenant auprès d’eux et en posant des yeux curieux sur le contenu de son assiette.
« Tu as faim ? »
« Oui. » admit Vivianne avec un sourire contrit.
« Viens, on va s’asseoir. » indiqua Avalon en lui désignant du menton la grande table qui occupait une partie de l’espace.

Vivianne s’installa sur une chaise et, après avoir remercié Fergus pour son assiette, se mit à manger de bon cœur. Avalon glissa une main dans son dos, un regard attentif posé sur elle.

« Ça se passe bien à la maison en ce moment ? »

Pour toute réponse, la petite fille haussa les épaules.

« Viv… » fit Avalon sans la quitter des yeux.
« Bah… Papa est en colère parce que… » Elle releva les yeux vers sa sœur. « Je n’ai pas tout compris. Je crois que c’est en rapport avec le travail ? Maman a dit qu’on ne devait pas s’en mêler de toute façon. Mais du coup, il se met en colère tout le temps. »
« Ah, oui… » souffla Avalon en poursuivant ses caresses dans le dos de sa sœur, « ça ne doit pas être très amusant. »
« Non pas trop… »
« Et toi, tu te sens comment ? »
« Ben, ça va. » répondit simplement Vivianne en se penchant pour saisir son verre d’eau. « Mais parfois j’aimerais bien que… Oh je… ! » Fatiguée ou encore nerveuse, Vivianne venait de faire tomber son verre au sol, qui se brisa en plusieurs gros morceaux. « Oh non, désolée tonton Fergus, je n’ai pas exprès j’ai juste… Pardon. » bafouilla la petite fille, les joues rougies par la honte.
« C’est rien, Viv’, il est tard et tu es fatiguée, ce sont des choses qui arrivent. » fit Avalon en se levant précautionneusement. « Attends, je vais réparer ça, une minute… »

Mais le temps qu’Avalon ne sorte sa baguette magique de sa poche, le verre s’était déjà reconstitué, à même le sol. La jeune femme resta incrédule un bref instant.

« Ferg’ c’est toi qui… ? » demanda Avalon en fronçant les sourcils et en relevant la tête pour croiser le regard de son ami.

Mais la voix de sa petite-sœur détourna parfaitement son attention.

« Non je crois que… » Sa voix tremblait un peu ; Vivianne semblait un peu apeurée. « Je crois que c’est moi. »

Avalon mit quelques secondes à réagir, profondément surprise d’une nouvelle qu’elle n’attendait pas. Elle s’agenouilla auprès de Vivianne, dont la lèvre inférieure tremblait un peu, et attrapa ses mains.

« C’est déjà arrivé avant, Viv’ ? »
« Je… Je crois. » bredouilla sa petite-sœur. « Je suis pas sûre, je pensais que… Que c’était des coïncidences. »
« Lorsque la porte claque très fort quand tu es énervée ? » Vivianne hocha la tête. « Ça me faisait ça, à moi aussi. » souffla Avalon. « Ce n’est pas des coïncidences, chérie, c’est de la magie. »

Vivianne releva vers elle un regard un peu hébété.

« Le verre que tu as réparé, tu l’as réparé avec de la magie. » fit Avalon en caressant doucement les cheveux de sa sœur, qui tourna la tête vers Fergus.
« Ça veut dire que je suis comme vous ? »


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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeLun 8 Fév 2021 - 22:25
La tension d’Avalon est palpable. Nerveuse, elle guide sa sœur jusqu’à la villa démesurée éclairée depuis le jardin. Le charme jette sur les vitres des reflets argentés qui rivalisent avec la lune. Fergus à conscience des nerfs tendus de son amie. De sa main crispée sur l’épaule de la gamine. De ses lèvres qui ne font dans son visage plus qu’un trait effilé et pâle. Il a déjà vu ça chez ses gars. Les conflits imprévisibles ça tend les muscles comme des ressorts. Ça transforme en animal, ça appelle l’instinct pour contraindre le corps et se préparer à attaquer. C’est ce que Fergus a fait, quand il a serré les poings en dévisageant le père de son amie par derrière son épaule. Mais il sait ce qu’elle accuse et que ça ne se résume pas à l’anticipation d’une bagarre. Elle n’a pas fini de digérer l’ambiance de chez elle et ce que ça lui laisse dans les os. Fergus voit bien qu’elle est en colère. Il connaît cette expression. Il voit aussi comment Vivianne fixe ses pieds régulièrement et ses épaules crispées sous son manteau. Et malgré la conversation qui s’effiloche le long du trajet, il comprend aussi que ni l’une ni l’autre n’exprimera le fond de gravité de la scène qu’elles viennent de vivre.

En servant Vivianne, Fergus se fait discret et laisse la place aux deux sœurs. Avalon sait très bien quelles questions poser. Il est plutôt rassuré de voir qu’elle ne laisse pas ces interrogations en suspens : si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait probablement interrogé le père tout de suite – à la force de ses mains. Avalon n’a pas ce genre de relation avec sa famille, elle, quand elle questionne, c’est doux et pleins de bienveillance. Ça lui fait penser à Laoise et à ce qu’il aurait fait si on l’avait laissée seule dans une chambre avec pour compagnie le mur mal isolé et les vapeurs de clopes de dealers sous kéta. Fergus secoue la tête imperceptiblement pour lui-même à cette idée qui le dégoûte. À ce compte-là il aurait défoncé la porte et commis un ravage. Avalon elle, est plutôt du genre calme, et Fergus respecte le mantra : sa famille, ses règles. Il a agi comme un soldat prêt à intervenir en renfort et à présent il n’est rien d’autre que le témoin silencieux du dialogue qui s’établit entre elles. Comme il ne ressent pas grand-chose, il analyse avec acuité, par des coups d’œil subtil, le langage corporel de ses invitées et en interprète l’essence. Vivianne mal à l’aise, Avalon toujours inquiète d’une inquiétude qui ne fait que grossir à chaque fois que la môme ouvre la bouche. Pourtant elle a un air comme ça qui dit que ça va, mais c’est vrai qu’il y a une hésitation dans son regard qui n’échappe à personne. Et puis ce qu’elle raconte, ça sous-entend des cris et ça ne plaît ni à Fergus, ni à Avalon.

Vivianne s’interromps au moment où le verre explose sur le sol. Dans un bruit de tintement comme une grêle de cristal éclaté sur du marbre, le contenant répand son eau partout et couvre la voix de la petite fille qui s’exclame et qui s’excuse. Fergus, qui s’est assis à un bout de la table, n’a pas de vision directe sur les dégâts. Si le bruit lui a fait serrer les dents il sait très bien qu’un coup de baguette et deux secondes de son temps suffiront à réparer l’infraction. Il s’apprête à rassurer Vivianne, lorsqu’Avalon lève vers lui un regard plus soucieux qu’interrogateur.

- Ferg’ c’est toi qui… ? »

Il lève un sourcil sans savoir quoi mettre à la fin de cette phrase inachevée et attend qu’on l’éclaire, mais l’attention d’Avalon s’est déjà réabsorbée auprès de sa sœur qui tremblote sur sa chaise en se désignant coupable. Fergus se lève pour contourner la table.

Au sol git un verre en parfait état, debout dans une flaque scintillante. Son regard va du verre à Vivianne, de Vivianne à Avalon, d’Avalon au verre.
- C’est déjà arrivé avant, Viv’ ? »
-Je… Je crois. Je suis pas sûre, je pensais que… Que c’était des coïncidences. »
Fergus se baisse pour ramasser le verre et le repose sur la table. Négligemment il fait disparaitre la flaque. Puis définitivement son regard se pose sur la petite fille qui bégaye encore, incertaine.

Qu’à t’elle dû vivre, face à de tels évènements ? Fergus ne peut imaginer comment on se sent lorsqu’au sein d’une famille moldu, personne n’a d’idée sur ce qui nous arrive. Il se fait la réflexion qu’elle aurait pu blesser ses parents sans le vouloir. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Il sert les lèvres. Plus il la regarde, plus il s’imprègne du tableau que lui offrent les deux Davies, plus il se persuade que Vivianne n’a rien n’à faire là-bas.

Encore moins maintenant qu’elle a prouvé qu’elle était dès leur.

Fergus se rassoit. Il y a quelque chose en lui qui s’est apaisé. La magie rend puissant, face aux moldus. Il sait désormais quelle puissance Vivianne possédera sur tous ces gens aperçus qui pourraient lui vouloir du mal. Il est très fier, aussi. Très fier comme s’il la regardait marcher pour la première fois. Il se dit qu’elle ira à Poudlard presque en même temps que les filles de Jayce, et qu’elle sera dans la même promotion que Laoise.

- Ça veut dire que je suis comme vous ? » Interroge-t-elle, incertaine.

Fergus lui sourit et doucement lui répond :

- Bienvenue dans la famille.



   
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeDim 28 Fév 2021 - 13:26
Depuis qu’elle avait appris l’existence du monde magique, Avalon s’était souvent demandée si elle serait la seule sorcière de sa famille. Plus jeune, elle avait essayé de comprendre comment le gène magique apparaissait dans des familles moldues, mais ses recherches ne l’avaient jamais amené à quelque chose de très concluant ; la plupart des sorciers s’accordaient à invoquer le hasard. Rien ne prédestinait Avalon à devenir une sorcière et pourtant, vers ses huit ans, les manifestations magiques avaient commencé à se multiplier autour d’elle. Pendant un temps, Avalon avait cru à des coïncidences. Quand elle se mettait en colère, les portes claquaient autour d’elle. Elle était capable d’attirer des objets à elle, ou, au contraire, de les dissimuler à des endroits qu’elle n’était pas censée pouvoir atteindre. Plus les années passaient, et plus Avalon avait l’impression d’être différente de ses frères et de ses sœurs. Elle n’en n’avait jamais véritablement parlé à ses parents, déjà peu enclins à l’écouter et qui auraient pris ses récits pour des affabulations. Mais, un jour, une femme avec une longue robe noire s’était présentée devant la porte de son appartement, et Avalon avait su que quelque chose était sur le point de changer.

Mettre des mots sur ce qu’elle sentait déjà avait été terriblement libérateur. Elle était une sorcière et, plus important encore, elle n’était pas seule. Il y avait une école, un monde, dans lequel elle serait à sa place. Enfin. Parce qu’elle n’appartenait plus tout à fait à celui dans lequel elle avait grandi, à celui dans lequel sa famille évoluait toujours ; ses parents s’étaient largement chargés de le lui rappeler. Chaque jour qu’Avalon passait chez eux était un jour supplémentaire où elle se sentait étrangère. Ses parents étaient forcés de l’envoyer chez « les autres » ; son frère aîné ne comprenait pas pourquoi elle devait partir loin d’eux, Galaad était désespéré à l’idée de voir sa jumelle le quitter. La séparation ne s’était pas bien passée. Son acclimatation au monde sorcier non plus.

Tout était différent, et Avalon s’était sentie terriblement seule. Elle ne comprenait pas les coutumes de ce monde, avait longtemps été surprise par les démonstrations de magie, et avait mis du temps à s’adapter réellement à cette nouvelle organisation qui lui était totalement inconnue. Le huis-clos qu’était Poudlard l’avait plongé dans ce monde mystérieux fait de créatures surnaturelles, de sorts et de potions étonnantes et, au fur et à mesure que les mois passaient, Avalon avait adopté ce monde qu’on lui avait, de prime abord, totalement imposé. Le hasard avait voulu qu’elle soit à Poudlard au moment où de violents conflits opposaient les sorciers, dont certains prônaient une pureté de sang qu’elle n’avait pas. Avalon était ce qu’on appelait plus communément à l’époque une « sang-de-bourbe ».

Vivianne aurait au moins la chance d’entrer dans un monde magique débarrassé en grande partie de ces préjugés, songea-t-elle en posant un regard songeur sur sa petite-sœur, dont l’expression encore incertaine trahissait une confusion intérieure. Et elle ne serait pas seule. La phrase de Fergus fit écho à cette pensée et lui tira un sourire sincère, qu’elle adressa à son ami en levant les yeux vers lui. Elle entoura les épaules de sa sœur pour embrasser le sommet de son crâne, la sentant pleine d’interrogations, et fébrile de cette nouvelle information qu’elle possédait.

« Pourquoi seulement nous ? » demanda finalement Vivianne, après un long moment de silence.
« Parce que… » Avalon n’était pas certaine de sa réponse non plus. Elle livra à sa sœur la plus simple et la plus compréhensible : « Dans notre ADN à toi et moi, il y a un gène qui nous donne la possibilité de faire de la magie. »
« Et Garlan, Yvain, et tout, ils ont pas ce gène ? »
« Non, en effet. » Avalon caressa doucement les cheveux de sa sœur. « Et on ne peut rien faire pour avoir ce gène, ou pour ne pas l’avoir. Il est là, c’est tout. Ça veut dire que tu es née avec ça. Moi aussi. »
« Maman et papa… Ils savaient pas, pour moi ? Que j'étais une... ? » fut la seconde question de sa petite-sœur, qui semblait véritablement tracassée.
« Non, je pense pas. » A cette pensée, le cœur d’Avalon se serra légèrement. Elle lutta pour ne pas laisser voir son tracas intérieur, et se racla la gorge. « Mais t’inquiète pas pour ça, Viv’. » Son ton était sans appel. « Tout va bien se passer. »

Sur cette dernière promesse, qui avait noué le ventre d’Avalon d’une certaine appréhension, Vivianne reprit son repas, avec moins d’entrain et certainement moins d’appétit. Elle questionna à plusieurs reprises Fergus et Avalon sur les conséquences de cette nouvelle découverte, mais ne tarda pas à bailler devant leurs réponses, les paupières lourdes d’un sommeil qui semblait vouloir s’installer malgré elle.

Une heure plus tard, Avalon sortit de la chambre où Vivianne s’était installée pour la nuit – celle qu’elle occupait quand elle venait elle-même chez Fergus – un peu tranquillisée d’avoir vu sa sœur s’assoupir aussi rapidement. Elle rejoignit Fergus dans son salon, se laissa tomba sur l’un de ses canapés, la tête entre ses mains. Elle soupira longuement, comme pour finir d’expulser cette tension qui était restée diffuse en elle depuis qu’elle avait récupéré Vivianne.

« Putain, Fergus, je te jure que j’ai des envies de violence. » siffla-t-elle entre ses lèvres. Des envies qu’elle avait très largement réprimée devant Vivianne, mais qu’elle se sentait plus à même de laisser transparaître devant son ami de longue date. « Mon père mais quel gros con putain, je… » Elle retrouva le regard de Fergus, les traits bien plus tirés qu’à son habitude. Elle s’apprêtait à poursuivre mais s’interrompit brusquement, heurtée par un autre problème qu’elle avait remisé à plus tard mais qui prenait une ampleur terrible dès qu’elle y songeait. « Ça va les rendre fous, mes parents, que Vivianne soit une sorcière. Vraiment. »



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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeSam 13 Mar 2021 - 21:34
« Tout va bien se passer. » Maintenant la petite dort et pendant qu’Avalon la borde Fergus, les jambes croisées au fond de son canapé en cuir, face à la bais vitrée qui donne sur le noir coupé de lumière de son jardin, se dit qu’elle a menti. Tout n’ira pas bien s’ils ne font pas quelque chose, c’est sûr. Fergus n’est pas du genre optimiste, il a tendance à regarder la vérité avec une objectivité froide, sans comprendre l’intérêt qu’on peut trouver à la façonner différemment pour se rassurer ou se faire peur. Or selon ses déductions et les faits dont il a été témoin, de façon générale et surtout un peu plus tôt dans la soirée, c’est absolument évident que tout n’ira pas bien s’ils laissent Vivianne dans son environnement actuel. Il le sait, Avalon le sait, Vivianne en a sans doute conscience aussi, donc Avalon a menti.

C’est aussi simple que ça.

D’ailleurs quand elle redescend l’escalier, même Fergus remarque tout de suite que son masque de bienveillance souriante a été abandonné dans la chambre au profit d’un vrai visage de traits tirés et de colère. Elle s’affale à côté de lui. « Putain, Fergus, je te jure que j’ai des envies de violence. » Il ne répond rien et la laisse poursuivre en lui servant un verre du cognac qu’il sirote comme un plaisir de fin de repas. Il la connait trop bien pour ne pas avoir deviné qu’elle retient a grande peine sa frustration et sa nervosité depuis qu’ils ont fait irruption dans l’appartement, elle ressemble à un chat sauvage qu'on a forcé à toucher de l’eau. Repliée sur elle-même, feulant, hérissée.

- Oui. » Dit Fergus calmement en réponse à son inquiétude qui tient plutôt du constat.

Il est bien d’accord, ça va les rendre fou. Fergus est au courant de la façon dont ils ont traité Avalon lorsqu’ils ont su, et il n’accepte pas trop l’idée qu’un schéma identique puisse se reproduire. Pas quand il est dans le coin, pas quand ils sont prévenus. Le truc rassurant, c’est que ça n’a rien d’une situation close. Oui, ils vont devenir fou. Mais ils peuvent y faire quelque chose.

Fergus pose son verre sur la table basse et entrelace ses doigts en considérant Avalon.

- Du coup on ne va pas rester là, et ne rien faire. » Fait-il avec la tranquillité d’un égo rempli de certitudes.

D’accord, ça n’a rien d’un plan évident. Mais il est évident pour l’esprit pragmatique de Fergus que si quoi que ce soit devait menacer le quotidien de Vivianne, ils ne la laisseraient pas y faire face seule. En fait, ils ne la laisseraient pas y faire face du tout. Si ça ne tenait qu’à lui, la gamine ne repartirait sans doute pas, et peut-importe la justice : ce n’est pas comme si Avalon ne connaissait pas presque intimement la cheffe du Département associé, quant aux moldus, il serait toujours temps de gérer ce problème d’une façon un peu différente après tout, ils pourraient bien tenter ce qu’ils veulent, si Fergus décidait de leur fermer la porte de sa villa, aucun d’entre eux ne pourraient en franchir le seuil.

Certes, il a tendance à ne voir que la petite lorgnette de l’histoire, celle qui l’intéresse, et il oublie assez vite que les parents Davies ont deux autres enfants mineurs à charge qu’Avalon ne hait pas. La situation est plus compliquée que ce que sa force brute et son habitude d’obtenir ce qu’il demande ne peut admettre. Pas totalement, en tout cas. Naturellement, il en perçoit les contours et surtout, il n’oublie pas que Vivianne n’est ni son gosse, ni sa sœur. Mais sa famille de cœur, la famille, a son indéfectible soutient.

- Tu sais que s’ils tentent de lui faire quoi que ce soit on sera là pour leur faire comprendre que c’est une mauvaise idée. Un mot, Ave’. Et Toni et moi on sera ravie de faire un peu de prévention. » Il pense chacun de ses mots. « Tu pourrais la faire venir chez toi. » Dit-il encore sans trop savoir ce que cette supposition pourrait déclencher chez Avalon.


   
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeLun 22 Mar 2021 - 17:47
Les rapports qu’Avalon entretenaient avec sa famille étaient complexes, faits d’une infinité de nuances qui, parfois, la perdait. Si elle avait ressenti un besoin presque viscéral de s’éloigner d’eux et du milieu dans lequel ils évoluaient, elle était paradoxalement incapable de se détacher entièrement de sa famille ; de sa fratrie, surtout, dont elle était l’une des aînées. L’inverse était tout aussi vrai ; malgré leurs disputes incessantes, leurs profonds désaccords, Néro ne parvenait pas à ignorer sa sœur cadette. Le lien qu’ils entretenaient, aussi néfaste était-il parfois, avait au moins le mérite d’exister. Cela ne se devinait pas forcément, mais la fratrie Davies avait grandi soudée ; Avalon se rappelait même d’un temps – certes relativement bref – où Néro et elle avaient été particulièrement proches. Avec les années, avec son départ définitif dans le monde magique et les immenses incompréhensions qui s’étaient creusées, les choses avaient changées. Il était déjà difficile de maintenir des liens avec ses frères et ses sœurs lorsqu’elle était à Poudlard, mais ils avaient fini par comprendre que son éloignement n’était pas de son propre fait ; en revanche, lorsqu’elle avait quitté Londres pour habiter d’abord chez Fergus, puis à Manchester, cela était devenu quasiment impossible.

Tout était très paradoxal, comme toujours. Parfois, quand Avalon passait chez ses parents, elle avait l’impression d’être une étrangère. De contempler la scène d’une vie familiale à laquelle elle n’appartenait absolument pas. De parler avec des individus qu’elle ne connaissait pas et qui ne la connaissait pas non plus. Puis, brusquement, elle entendait une phrase, un mot, un éclat de rire qui la ramenait au sein de cette famille à laquelle elle appartenait. Le même tempérament orgueilleux que celui de Nero. Le même regard narquois que celui de Célice. Le même sourire que Vivianne. Le même rire que Galaad. Avalon appartenait au clan Davies, qu’elle le veuille ou non, et on ne reniait pas si facilement ses origines.

Alors, Avalon était d’accord avec Fergus ; elle ne comptait pas rester impuissante face à cette nouvelle situation qui se présentait à elle et sur laquelle elle pouvait légitimement agir. Elle avait bientôt trente ans, Vivianne venait d’en avoir dix, elle pouvait d’envisager ce que Fergus suggérait avec une telle évidence. Elle avait déjà songé, à plusieurs reprises, à accueillir sa plus jeune sœur chez elle. Cette pensée n’était pas dénuée de plusieurs interrogations majeures qui concernait notamment ses capacités élever une enfant, mais Avalon savait qu’elle avait au moins les ressources pour lui faire profiter d’un foyer plus stable et plus sécurisé que celui dans lequel elle évoluait depuis sa naissance.

Mais – et Fergus semblait avoir balayé cette nuance sans la moindre difficulté, ce qu’Avalon était incapable de faire – Vivianne n’était pas la seule mineure parmi la fratrie Davies. Garlan avait treize ans, Morgane en avait seize, et ils vivaient tous les deux chez leurs parents. Si aucun des deux n’avaient émis l’envie de vivre chez leur grande-sœur, il aurait été absurde de croire que leur environnement était adapté à leurs besoins. Il y avait quelque chose d’impensable à accueillir Vivianne en laissant à Garlan et à Morgane le soin de se débrouiller par eux-mêmes. Elle pouvait prédire d’avance ce qu’on penserait : qu’elle « sauvait » sa sœur sorcière en laissant derrière elle tous les autres, comme s’ils ne méritaient pas une telle considération. Cette idée lui était insupportable.

« Je sais que je pourrais, Ferg’. » souffla-t-elle alors en cherchant le regard de son ami. « C’est ce que je dois faire, même. » Et quand il s’agit du devoir, Avalon sait que Fergus la comprend parfaitement. « Mais c’est plus compliqué que juste la faire venir chez moi. Je pourrais essayer d’obtenir sa garde auprès du monde magique mais… Garlan et Morgane sont mineurs, eux-aussi. Et moldus. Et tu sais très bien que la justice magique ne s’impliquera pas dans une histoire comme ça. » Avalon porta une main à son visage et posa le bout de ses doigts sur ses tempes qu’elle massa doucement. « Il faudrait que je passe par une assistante sociale moldue, mais les procédures sont tellement lentes… » Et menaçaient la moitié de sa famille de poursuites judiciaires. « Et puis, j’ai pas envie que Garlan ou Morgane finissent dans un foyer. » Et Avalon se sent déjà à peine capable d’assumer seule la charge d’une enfant. Alors trois ? « Je sais pas. Il faudrait que je vois avec Galaad peut-être, s’il accepterait de devenir leur tuteur. Ou avec ma grand-mère, plutôt. » rectifia-t-elle avec un instant de réflexion. Un instant de silence passa, avant qu’Avalon n’énonce quelque chose d’évident, mais qui pesait malgré tout sur elle. « Mes parents… Ils risquent de finir en taule. » Elle soupira. « Quel merdier. »




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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeMer 7 Avr 2021 - 20:08
Naturellement Fergus a tendance à surtout prendre en compte ce qui est important pour lui, au détriment du reste, et ce n’est pas comme s’il connaissait particulièrement les autres enfants de la famille Davies, qui sont nombreux, et pas tous recommandable. Mais il comprend Avalon lorsqu’elle lui expose la raison qui l’empêche d’agir comme il l’aurait fait, de façon directe et drastique. La famille, c’est la famille. Les enfants peuvent se perdre dans les travers les plus sales, il y a une responsabilité que les aînés assument quand les parents n’en sont pas capables. Fergus sait. Il n’aurait pas agi différemment pour Donagh, pour Moreen, Pour aucun de ses frères et sœurs, ses cousins, ses cousines, ses nièces et ses neveux. Il hoche la tête pour signifier à Avalon qu’il comprend la limite de sa proposition sans savoir quoi lui proposer. Le monde moldu lui est opaque, il n’en connait que ce que Toni lui en a transmis, c’est-à-dire peu aux vues de sa propension à s’épanouir dans la magie, et Fergus n’a pas développé de curiosité spécifique pour ce monde qui borde le sien mais lui semble obtus.

Il n’aurait pourtant pas été impossible, pour quelqu’un comme lui, de se passionner subitement pour le système juridique moldu et il caresse un instant l’idée de s’y investir pour aider Avalon, mais renonce aussitôt. Ce n’est pas son rôle, et certainement pas la façon dont il régleront le problème : Avalon l’a dit, les procédures sont lentes, et ils ne connaissent à priori personne qui pourrait glisser un bras sous la pile de dossier pour leur rendre service. Pas dans ce milieux-là. C’est un peu frustrant pour Fergus de réaliser combien son pouvoir, étendu dans l’empire Bristolien, au travers des villes Anglaises, parfois des continents, se trouve subitement réduit à rien dès qu’il est question de ses cousins dépourvus du gène.

Fergus se passe une main sur la nuque, ressert un verre à Avalon qui doit en avoir besoins.

- Elle accepterait ? » Demande-t-il lorsqu’Avalon évoque la possibilité de les placer chez leur grand-mère.

Il ne la connait pas vraiment, mais il sait qu’elle est une figure importante dans la vie d’Avalon, et indéniablement quelqu’un de plus respectable que les parents Davies.

Fergus se demande vaguement d’où lui vient cette haine. Ce n’est pas comme s’il les avait côtoyés suffisamment pour se faire son idée, ou les haïr spécifiquement, pourtant lorsqu’Avalon lui en parle, il a la même disposition que s’il avait lui-même était humilié par cet homme et cette femme dont Avalon parle, parfois, avec du feu et de la tristesse dans les yeux. Elle est brave, bien sûr. Plutôt du genre à mettre de la légèreté là où il n’y en n’a plus depuis longtemps, mais il sait très bien qu’elle regrette amèrement le caractère de ses géniteurs. Sans doute plus pour ses frères et sœurs que pour elle-même, d’ailleurs. Pour Fergus, c’est sûrement le lien étroit qu’il partage avec elle qui l’a poussé à ne jamais remettre sa parole en doute et à n’apporter aucune nuance. Au fond, il est comme Toni, ou comme elle. Il a embrassé la cause de la jeune femme avec une promptitude sans objectivité, parce qu’il a déjà choisi son camp depuis longtemps, et que la vérité n’existe nul par ailleurs.

- Mes parents, ils risquent de finir en taule, soupire-t-elle. Quel merdier.
- Ça te dérange ? » Dit Fergus sur un ton atone. Il sait que pour sa part, ce ne serait pas un problème. Mais il connaît aussi Avalon sur le bout des doigts et n’ignore pas que leurs sensibilités sont très éloignées l’une de l’autre. Il se demande si elle a de l’affection pour eux, quelque part, tout au fond d’elle. Ce sont des questions qu’ils n’ont jamais abordées frontalement, parce que Fergus n’a aucune prédisposition lorsqu’il s’agit de parler de sentiments. Si son propre père lui avait fait faire la mule avant de maltraiter ses frères et sœurs, Fergus sait qu’il n’aurait eu aucun remords à le vendre pour se débarrasser de lui. Et il sait de quoi il parle. Il connaît la prison. Ça ne l'aurait pas arrêté.


   
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I go from high highs to low lows [Fergus & Avalon] Icon_minitimeJeu 8 Avr 2021 - 23:19
« Je pense. » répondit prudemment Avalon à la question de Fergus sur sa grand-mère. « Il faut que je lui demande. » nuança-t-elle cependant, les yeux baissés sur son verre que son ami venait de remplir.

Avalon était régulièrement en contact avec sa grand-mère, qui vivait dans la banlieue de Leeds depuis plusieurs années désormais. Quand les enfants Davies étaient jeunes, ils passaient souvent plusieurs semaines chez elle. Elle vivait dans une maison avec un petit jardin où elle avait fait installer une balançoire pour eux, qu’ils se disputaient souvent. Avalon se souvenait de cette époque avec imprécision, mais savait que sa grand-mère avait toujours été soucieuse de leur bien-être, même après le conflit qui l’avait opposé à son gendre et à sa fille. Lui demander de devenir la tutrice de Morgane et de Garlan était lourd de conséquences, Avalon en avait bien conscience, mais il s’agissait de la solution idéale pour éviter que les deux enfants soient placés en famille d’accueil. Certes, ils seraient éloignés de Londres… Mais ce n’était pas une mauvaise chose en tant que telle, réfléchissait la jeune femme. Ils la détesteraient pour ça – Avalon ne se faisait aucune illusion là-dessus – mais au moins, ils sortiraient physiquement de ce monde. Parfois, les aînés avaient aussi la responsabilité des décisions difficiles, mais essentielles. Celle-ci était l’une d’entre elles.

Morgane ne comprendrait pas. Avalon le savait, parce qu’elle se retrouvait terriblement en sa petite-sœur et que dans une situation similaire, elle aurait tempêté, protesté, crié, contre une décision injuste et arbitraire qui l’obligeait à se séparer de tout ce qu’elle connaissait. Et Morgane avait sa vie à Londres ; ses amis et son petit-ami. Et cela suffisait sûrement, à son sens, à compenser le reste, à l’équilibrer, à la faire tenir dans le milieu précaire, violent et dangereux dans lequel elle évoluait. C’était une illusion ; Avalon avait vécu dans la même pendant de nombreuses années. Au fond, ça ne suffisait jamais, ça ne compensait jamais, et les enfants ne s’en rendaient jamais compte. C’était aux adultes de les protéger ; comme ses parents en étaient incapables, Avalon comptait bien s’en charger. Cette résolution, qui s’installait solidement en elle, tremblait néanmoins face aux répercussions.

Est-ce que la perspective de savoir ses parents derrière les barreaux la dérangeait ? Avalon croisa le regard de Fergus mais ne parvint pas à répondre à sa question immédiatement. Il lui semblait que – comme souvent lorsque cela concernait sa famille – la réponse était plus compliquée qu’un simple « non ». Pourtant, il lui semblait que cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus réellement de liens avec ses parents – ou plutôt que les liens qu’ils entretenaient étaient essentiellement négatifs. A vrai dire, elle peinait à se rappeler du temps où il en était autrement. Il avait existé pourtant – elle en était certaine – mais il lui paraissait si loin que même ses souvenirs étaient flous, comme s’ils avaient appartenu à quelqu’un d’autre. Lui restait-il de la tendresse, de l’affection ? Peut-être. Elle ne savait pas trop. Elle en doutait, parfois, quand une parole de son père suffisait à la mettre hors d’elle. Elle avait bien plus l’impression de le détester que de l’aimer. En même temps, une part d’elle ne supportait pas de détester ses parents ; la même part d’elle qui l’empêchait de renier sa famille, ses origines. C’était de là qu’elle venait ; elle aurait beau être une sorcière, évoluer dans les hautes sphères du ministère et s’éloigner entièrement de leur milieu, ce fait ne changerait jamais. Elle était l’une d’entre eux. Alors, parfois, Avalon avait la sensation que détester ses parents revenait à détester une part d’elle – pas forcément une part reluisante, mais avec laquelle elle avait appris à vivre, et dont elle ne pouvait pas s’amputer.

Elle ne pouvait pas non plus dire qu’elle les aimait. Elle n’avait jamais eu l’impression de recevoir de l’amour de leur part, et était incapable de leur rendre quelque chose qu’elle n’avait pas reçu. Elle leur en voulait – beaucoup – et les tenait responsable de plusieurs de ses souffrances personnelles. Elle était très critique quant à leur capacité à élever des enfants, et très à même de pointer leurs lacunes, leurs faiblesses et leurs contradictions. Elle ne les aimait pas. Elle ne les détestait pas non plus. En revanche, elle regretterait sûrement cette relation qui n’avait jamais pu s’établir entre eux, et qu’elle condamnait définitivement aujourd’hui en prenant la décision de leur retirer Vivianne. Ils ne lui pardonneraient pas. Jamais. C’était le prix à payer pour la sécurité de sa sœur et, au fond, il s’agissait d’une somme modique au vu de l’attachement qui la liait à Vivianne. Pour autant, Avalon ne pouvait pas prétendre l’indifférence.

« Ça peut pas être autrement. » répondit-elle alors, en cherchant le regard de Fergus. « Ce sont leurs choix qui les ont amenés là, pas les nôtres. » souligna-t-elle. « Et encore moins ceux de Vivianne. Elle a dix ans, il faut que quelqu’un la protège de tout ça… D’eux. » Et ce quelqu’un, ce sera elle.  


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