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There's just so much you can take [Avalon & Roy]

Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 4 Aoû 2020 - 16:18
18 mars 2011

Roy ne se souvenait pas s’être déjà vraiment disputé avec Avalon, au point qu’ils s’évitent et ne s’adressent plus la parole pendant plusieurs jours. Ils s’étaient déjà fritté par le passé, sur des choses souvent sans importance, parce qu’ils avaient un caractère explosif tous les deux alors le ton pouvait monter mais jamais ils ne s’étaient blessés de la même manière qu’ils ne l’avaient fait lors de cette terrible matinée, dans son bureau. Depuis ce jour, ils s’étaient reparlé quelques fois, pour des sujets dont il fallait qu’ils parlent, principalement liés au travail, mais c’était tout. Ils n’avaient eu aucun autre échange un tant soit peu sincère et simple et Roy devait l’avouer, cette situation commençait à lui peser. Au fur et à mesure que les jours passaient, sa colère retombait pour laisser place à, une fois n’était pas coutume, une certaine remise en question chez lui. Malgré l’hostilité dont il avait fait preuve sur le moment, ce n’était pas tellement contre Avalon qu’il était furieux, avait-il fini par se rendre compte. C’était contre son propre échec.

La manière dont elle l’avait confronté et remis à sa place l’avait humilié, parce qu’elle l’avait renvoyé à la possibilité qu’il ait effectivement commis une grosse erreur. Roy ne regrettait pas d’avoir cherché à protéger sa soeur et les terribles secrets qu’elle portait, mais la méthode qu’il avait employé avait causé de nombreux dégâts regrettables, il voulait bien l’admettre. Le premier le concernait directement lui et son gang, car il avait dû se résoudre à l’idée rebutante de livrer l’un de ses hommes à la Milice. Declan avait compris ce qui se passait et ce qu’on attendait de lui. Son boss avait merdé, mais ce n’était pas lui, le boss, qu’on allait sacrifier alors la petite main devait le faire à sa place. Ce n’était pas une chose choquante dans le milieu où ils évoluaient, c’était même pour ainsi dire, les risques du métier : en prêtant loyauté aux Veilleurs, chaque homme promettait de faire passer les intérêts du gang en premier. Roy remplissait sa part du contrat en promettant à Declan protection en prison -il avait déjà contacté quelques alliés à Azkaban à cet effet- et tous les honneurs quand il en sortirait. Il ne doutait pas que Declan avait les tripes qu’il fallait pour encaisser cette épreuve mais il détestait d’avoir du faire ce sacrifice, il n’aimait pas ce que cela renvoyait inévitablement de lui-même comme image : un chef imprudent, instable, qui faisait prendre à ces hommes des risques mal mesurés.

Les autres dégâts concernaient de toute évidence sa relation avec Avalon et les risques qu’il lui avait fait prendre à elle. Les accusations qu’elle avait prononcées ne cessaient de tourner en boucle dans sa tête. Toni avait rajouté une couche par-dessus, à plusieurs reprises, comme cette discussion qu’ils eurent ce matin, assis à l’une des tables du casino.

« Bon tou comptes lui parler ou pas ? »

Cette approche sans la moindre introduction fit froncer les sourcils du mafieux, qui faisait lentement tourner sa cuillère dans sa tasse de café tiède.

« Qui ça ?
-Tou sais très bien. Avalon. Faut qué tou t’excuses, mec. T’as abusé sur cé coup-là. »

Le regard pensif, rivé sur le liquide noir qui tournait sous ses yeux, Roy ne répondit pas. Il n’avait pas forcément envie de s’ouvrir à Toni au sujet de toutes ses hésitations qui l’empêchaient de faire un pas vers leur amie, dont la plus grosse : sa fierté.

« En plus tou l’as même pas remerciée pour lé geste qu’elle a fait pour ta soeur.
-Je sais, rétorqua t-il un peu sèchement, peu désireux qu’on lui rappelle qu’en plus d’avoir été stupide, il avait été ingrat.
-Tou viens pour l’anniversaire d’Avalon, cé soir ?
-Je sais pas.
-Viens, l'intima t-il d’un ton sans appel. Et fais quelqué chose parce qué là ça commence à être relou l’ambiance entre vous. »

Toni eut un soupir de la part de Roy en guise de réponse, un soupir qui sonnait cette fois comme une capitulation. Si cela ne tenait qu’à lui, il voulait bien venir à cette fête. Mais il n’était pas sûr que sa présence plaise à Avalon, en tout cas, pas dans la configuration actuelle. Ce qui signifiait qu’il devait effectivement s’excuser, s’il voulait éviter de lui gâcher sa soirée d’anniversaire et passer une bonne soirée lui aussi. Ce qui le ramenait à la nécessité de mettre sa fierté de côté, or Roy était très bon pour procrastiner dans ce domaine.

Ce qui le poussa à cesser de repousser indéfiniment et changer son costume pour enfiler une tenue décontractée ne fut pas simplement le fait que cette situation pesante avait assez duré. Encore une chose qu’il ne s’avouait pas explicitement mais au fond, plein de choses dans sa relation avec Avalon lui manquaient. Le temps qu’ils passaient à faire les commères, à boire des coups au bar des Folies Sorcières, à faire la paire pour chambrer Toni. Ses grands éclats de rire joyeux, sa bonne humeur contagieuse et cette électricité quand leurs regards se croisaient. Avalon lui manquait.

Mais de là à ce qu’il le dise avec des mots, il y avait environ toute la longueur du lac de Poudlard à traverser. Il n’était pas très bon avec les mots quand il fallait exprimer sincèrement des excuses ou de l’affection, il ne s’y reconnaissait pas et sûrement qu’un psychomage dirait que c’était parce que son modèle masculin dans son enfance, à savoir son père, ne lui avait pas donné l’exemple. Mais puisque personne n’était payé à faire la psychanalyse de Roy Calder, contentons-nous de dire qu’il se rendit dans une pâtisserie pour trouver son geste d’excuse plutôt que de réfléchir à un discours plein de bons sentiments.  

Le vigile à l’entrée de la propriété de Fergus le laissa passer sans rien dire en le voyant arriver, coutumier de sa présence. Toni, pour ne pas changer, avait décidé de squatter la villa d’un de ses amis pour organiser cette fête surprise en l’honneur d’Avalon, faisant fi des remarques de ses trois meilleurs amis qui lui répondaient qu’il ferait mieux de s’acheter son propre bien lui aussi. Ce n’était pas du tout l’argent qui manquait, vu sa positon haut placée dans la hiérarchie des Veilleurs, on pouvait raisonnablement dire qu’il n’était pas loin de rouler sur l’or et pourtant Toni se refusait à acheter l’une de ces belles villas modernes que possédaient aussi bien Roy que Fergus et Jayce. Il passait tellement ses journées à bouger, passant d’un lieu à l’autre -et souvent d’un lit à l’autre- que Toni ne devait pas concevoir sa vie comme celle d’un sédentaire propriétaire, qui se posait dans une vaste demeure avec plusieurs pièces. « Qu’est-ce qué jé ferai d’oune maison aussi grande ? » ne cessait-il de répondre. « La même chose que tu fais quand tu squattes les nôtres » rétorquaient les autres, en haussant les sourcils. Effectivement, il n’était pas rare de le voir occuper le salon d’un de ses amis, chez qui il avait presque une chambre attitrée, à force de venir. Mais ce rythme de vie semblait lui convenir, il ne cherchait pas à avoir plus que l’appartement tout à fait respectable qu’il louait dans le centre de Bristol, où il rentrait occasionnellement. Etait avis à Roy que la perspective d’acquérir dans un bien de valeur donnerait trop l’impression à Toni de se poser dans sa vie d’adulte et qu’il préférait rester éternellement ce célibataire trentenaire nomade qui multipliait ses lieux de vie comme il multipliait ses expériences, mais personne n’était payé non plus pour faire la psychanalyse d’Antonino Tessio.

Roy était à peu près au courant du plan de son ami, il savait qu’il avait donné rendez-vous à Avalon chez Fergus pour qu’ils se rendent tous les trois dans un bar fêter son anniversaire, mais qu’il lui avait préparé en vérité une petite surprise. La fête se déroulerait ici, en compagnie de leurs amis, une trentaine de personnes proches du cercle, qui tenaient aisément dans la grande pièce à vivre à double hauteur et la terrasse extérieure. Quand Roy se présenta, de la musique et des clameurs résonnaient déjà depuis le jardin, signe que la soirée avait commencé. Toni l’aperçut en premier dans le salon et vint le trouver en lui donnant une accolade, avec son habituel ton tonitruant :

« Putain enfin ! Jé commençais à mé dire qué j’allais vénir té chercher moi-même chez toi. Av’ est sur la terrasse. »

Roy la trouva en effet à l’extérieur, à discuter avec Avery et Jordan, deux Veilleurs qui s’étaient isolés pour fumer. Puisqu’il les avait déjà vus plus tôt dans la journée, Roy ne les salua que d’un signe de tête avant de capter l’attention d’Avalon d’une main sur son épaule, pour qu’elle se retourne. La manière dont il lui fit la bise traduisait la gêne qui persistait entre eux, car en temps normal, il aurait été plus démonstratif et l’aurait prise dans ses bras mais il n’osa que glisser à son oreille :

« Bon anniversaire. »

Bien, le moment était venu. Un bref instant de flottement s’installa, avant que Roy ne le brise en s’intimant de cesser de se poser des questions inutiles. Il tendit à la jeune femme la petite boite cartonnée qu’il tenait entre ses mains, en commentant simplement :

« C’est pour toi. »

Parce qu’il n’avait pas forcément envie d’être présent quand elle ouvrirait la boîte, par peur du moment peut-être gênant qui s’ensuivrait, il lui fit simplement un léger sourire -sans doute le premier depuis leur altercation- et s’éclipsa en direction du bar à l’intérieur. Maintenant, aller prendre un verre d’alcool pour enterrer ce sentiment bizarre qui le prenait tout le temps quand il faisait un geste un peu gentil et sincère envers quelqu’un qui comptait pour lui. Ce n’était pourtant pas grand-chose, un simple post-it collé à l’intérieur, sur le revers du couvercle de la boîte qui contenait un éclair au chocolat, connue pour être la pâtisserie préférée d’Avalon. Un post-it avec un message simple :

« De la part d’un gros con. »


Roy Calder

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Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 4 Aoû 2020 - 18:52
Avalon adorait les surprises… A tel point qu’il était difficile de lui en faire, parce qu’elle était très perspicace. Alors, quand Toni avait commencé à lui demander, sur ce ton dégagé qu’il n’empruntait jamais, ce qu’elle comptait faire pour son anniversaire, il ne lui avait pas fallu plus de quelques minutes pour deviner ses intentions. Alors, elle avait répondu sur le même ton qu’elle ne savait pas trop encore, qu’elle organiserait peut-être quelque chose dans un bar, sans avoir l’air très convaincue.  Finalement, Toni lui avait proposé, la veille, qu’elle passe chez Fergus pour prendre un verre avec lui le lendemain soir – le fait qu’il l’invite chez Fergus ne l’avait même pas surprise, tant cette situation était récurrente. Elle avait accepté, et, comme Toni avait insisté à plusieurs reprises comme pour s’assurer qu’elle ne comptait pas lui faire faux bond, il aurait été difficile de ne pas se douter de quelque chose.

Elle s’était donc rendue chez Fergus pour vingt heures, vêtue d’un slim noir qu’elle portait taille haute, d’un caraco de la même couleur, et de baskets à plateforme claires, et avait eu la surprise – non, pas la surprise du coup, mais la grande joie – d’y découvrir plusieurs de ses amis, qui l’avaient accueilli avec un « bon anniversaire » sonore – dont la voix dominante était celle de Toni. Elle l’avait serré fort contre elle, l’avait remercié des dizaines de fois en riant car, même si l’effet de surprise avait été un peu mis à mal par le cruel manque de subtilité de l’italien, elle était profondément touchée par ce geste. Elle avait embrassé des dizaines de personne ; Fergus, Jayce, Isobel, et plusieurs Veilleurs qu’elle avait pris l’habitude de fréquenter au fil des années, même si elle n’avait pas lié avec eux des liens aussi forts qu’avec les autres.

Voir tous ces Veilleurs avait forcément fait dériver ses pensées vers Roy, dont elle n’avait pu que constater l’absence. Depuis dix ans qu’ils se connaissaient, tous les deux, ils n’avaient jamais entretenu des rapports aussi froids. Ils se croisaient parfois parce qu’ils étaient obligés de travailler ensemble, mais leur confrontation pesait encore sur leur relation. Avalon – qui était, il fallait bien l’avouer, une personne très rancunière – n’avait toujours pas digéré le comportement de son ami. Elle avait eu le temps d’y repenser plusieurs fois depuis ce jour où elle était allée le trouver aux Folies Sorcières, mais elle en arrivait toujours aux mêmes conclusions. Elle s’était déjà largement épanchée sur le sujet auprès de Toni, qui avait confirmé que Roy avait mené cette opération sans tenir compte de ses avertissements – et on parlait tout de même des avertissements de la personne la plus impulsive qu’elle connaissait – ce qui ne l’avait pas aidé à décolorer. Depuis ce jour, Avalon n’avait pas posé un seul pied au Folies Sorcières – sauf pour des tâches professionnelles. Roy Calder l’avait déjà pris pour une conne, elle n’allait pas non plus lui donner son argent.

Elle ne parvenait même pas à définir ce qui était le pire, dans cette histoire. Que Roy ait pris la décision d’ignorer ses ordres, mettant ainsi en péril tout le système d’information qu’elle avait mis des mois à construire ? Qu’il ait sciemment méprisé le geste d’amitié qu’elle avait eu envers lui lorsqu’elle l’avait prévenu que sa sœur, en raison dudit système, n’était plus en sécurité ? Qu’il ait fait agresser une civile, en dépit des accords qui liaient les Veilleurs à la milice – et que cette civile en question se révèle être la petite-amie de son lieutenant ? Ou encore ce manque de confiance en elle que trahissait son attitude, alors qu’elle l’avait suivi dans une entreprise qui avait failli leur coûter la vie, quelques semaines plus tôt ?

Quoiqu’il en soit, elle n’avait pas oublié les mots qu’ils avaient échangé ce matin-là, pas plus que l’attitude de Roy lorsqu’il avait osé lui reprocher de mettre en péril leurs accords. Elle s’était montrée particulièrement froide avec lui depuis ce jour – une froideur à la Avalon Davies, ce qui signifiait plutôt que sa rancœur était largement visible sur les traits de son visage.

Constater son absence à sa soirée d’anniversaire la blessa un peu sans qu’elle ne se l’avoue complètement, parce que d’autres sentiments étaient venus étoffer son agacement et, assumer que l’absence de Roy avait créé quelque chose de désagréable en elle – une curieuse sensation de manque, en vérité – lui paraissait pour le moment être au-dessus de ce qu’elle était capable d’envisager, compte tenu les circonstances. Elle s’était donc servie une bière et avait rejoint Avery et Jordan sur la terrasse pour commenter avec eux les derniers scandales qui avaient agité la Voie des Miracles.

Une main sur son épaule la fit tressaillir et elle se retourna pour tomber face à Roy. Elle se hissa vers lui pour lui faire la bise, sans grand enthousiasme.

« Merci. » répondit-elle, un peu tendue, à ses vœux.

Elle l’observa non sans une certaine méfiance, et accepta la boîte cartonnée qu’il lui tendit avant de retourner à l’intérieur. Elle resta quelques secondes immobile, un peu maladroite avec sa bière coincée dans une main et la boîte dans l’autre. Elle s’excusa auprès de Jordan et Avery et s’éloigna de quelques mètres, en direction d’une table, pour se délester. Elle souleva le couvercle de la boîte, qui se renversa en arrière. Le contenu la fit d’abord sourire, avant de lui tirer un petit rire. Elle s’empara de l’éclair au chocolat et mordit dedans, savourant avec plaisir ce goût inimitable dont elle raffolait. Elle considéra un instant l’endroit où Roy avait disparu, toujours en proie à des sentiments contradictoires, puis se décida à le rejoindre, abandonnant sa bière sur la table mais conservant l’éclair dans sa main droite. On ne méprisait pas les gestes de ses amis, après tout.

Elle le trouva vers le bar, s’avança vers lui, d’abord un peu hésitante, puis lança avec un sourire narquois :

« Ça a de quoi s’acheter l’intégralité des biens immobiliers de Bristol et ça offre des éclairs au chocolat aux anniversaires… Tous des radins ces mafieux. »

Elle laissa un instant de silence s’écouler, avant d’accrocher son regard :

« Le mot, c’est pour t’excuser d’en avoir été un, je suppose ? »


Avalon Calder

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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 4 Aoû 2020 - 21:50
Avalon était une femme entière, qui ressentait pleinement ses émotions et ne cherchait pas à les cacher. Autant dire que Roy avait senti la colère et la rancoeur qu’elle nourrissait à son égard toutes les brèves fois où ils s’étaient croisés cette dernière semaine. Il ne le montrait pas mais au fond de lui il était un peu anxieux. Il avait senti la tension dans sa voix et dans ses gestes quand il l’avait saluée. Peut-être qu’elle n’aurait même pas envie d’ouvrir la boîte et se contenterait de la poser quelque part. Ou peut-être qu’elle allait l’ouvrir et considérer que ce n’était pas avec du chocolat qu’on achetait le pardon d’Avalon Davies. Il s’attendait à peu près à tout, il s’attendait aussi à ne pas avoir de nouvelles de sa part tout de suite. Il fut donc surpris de la voir s’approcher au moment où il décapsulait une gobière fraîche, puis un peu soulagé de la voir sourire, même si elle le faisait clairement pour se moquer de lui : c’était dix fois mieux que tous les échanges bizarres et tendus qu’ils avaient eu depuis leur dispute. A son tour, il se para d’un léger sourire, un peu moins assuré que d’habitude tout de même, car il n’était pas encore bien sûr de la position d’Avalon. Mais sa réplique, elle, fut fidèle à lui-même et à sa mauvaise foi :

« Pas ma faute si ton dessert préféré est un éclair au chocolat, t’aurais pu faire l’effort d’avoir des goûts de luxe. »

Pouvoir formuler cette petite pique anodine faisait bien plus plaisir à Roy qu’il ne voulait bien l’admettre. Si Avalon venait le chercher avec une plaisanterie, c’est qu’elle faisait un pas vers lui et qu’elle voulait bien qu’il en fasse aussi en retour. Evidemment, il aurait aimé que cela suffise, car vraiment, il n’était pas un grand adepte des excuses -la dernière fois qu’il s’était excusé sincèrement devait remonter à 1998- mais c’était sans compter sur le droit légitime d’Avalon de les réclamer. Elle l’interrogea en accrochant son regard, si bien que Roy n’eut d’autre choix que de confesser :

« C’est pour ne pas avoir à le dire, même, mais puisque tu viens m’arracher des aveux… Je me rends. »

Ce fut le moment où il détacha son regard du sien, pour le poser environ n’importe où sauf sur elle.  Il y avait quelques personnes autour d’eux, mais elles semblaient heureusement toutes occupées dans des discussions animées. Est-ce qu’il avait déjà dit qu’il n’était pas à l’aise avec le concept de reconnaître ses torts ?

« Il est possible que je n’ai pas pris la meilleure décision de ma vie l’autre jour… » commença t-il avant de croiser de nouveau le regard d’Avalon qui signifiait clairement ce qu’elle pensait de ce début, ce qui lui tira une grimace de capitulation. « Bon ok, j’ai merdé. Je n’aurais pas dû aller dans ton dos saper ce geste que tu as fait pour moi. Je ne voulais pas que ça t’impacte à ce point, c’était pas contre toi, c’était juste… C’est ma soeur, alors j’ai paniqué. »

Comme souvent quand un quelconque danger guettait Irina d’ailleurs et en l’occurrence, le danger était plutôt grand, même s’il ne pouvait pas s’en ouvrir précisément à Avalon. Elle n’était pas totalement neutre à ce sujet, en tant que chef de la Milice, il valait mieux qu’elle ne dispose pas de cette information-là, s’ils ne voulaient pas se mettre tous les deux dans une position très inconfortable. Cette histoire avait pointé les conflits d’intérêts qui pouvaient exister entre lui et Avalon et qui allaient sûrement se faire plus nombreux maintenant qu’ils étaient tous les deux dans une position de chef, à devoir prendre des décisions. Cette réalisation l’emplissait d’une certaine inquiétude car il n’avait pas non plus envie que leur lien ne se ternisse à cause d’histoires politiques.

« Et je sais que t’as simplement fait ton taf en venant me confronter. Ça ne se reproduira plus. »

Il ferait en sorte de ne pas les remettre dans une telle position, en tout cas, car une chose était sûre, ce moment avait été vraiment désagréable pour eux deux. Roy préférait largement quand sa collaboration avec la Milice se passait de façon fluide, surtout si cela devait impliquer Avalon. Lui non plus n’était pas neutre là-dessus, c’était toujours le risque quand on travaillait avec ses amis. Encore une raison pour laquelle il était dangereux de trop se rapprocher d’elle, souffla une voix au fond de lui, qu’il préféra taire à cet instant.

Désireux de ne pas rester trop longtemps sur ce registre formel où il s’exposait beaucoup trop et faisait preuve de beaucoup trop d’humilité à son goût, il conclut par une plaisanterie, en haussant les épaules d’un geste fataliste :

« Bref. J’ai surestimé le pouvoir de cet éclair au chocolat, je pensais qu’il allait suffire à dire tout ça. »


Roy Calder

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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 5 Aoû 2020 - 0:51
« J’aurais peur de devenir snob comme toi. » rétorqua Avalon avec un sourire narquois.

Ce petit échange piquant était très habituel entre les deux amis, mais une certaine tension persistait. La jeune femme avait apprécié ce pas qu’il avait fait vers elle en arrivant, et c’était pour cette unique raison qu’elle était venue le trouver, mais leur échange houleux lui restait toujours en tête. Elle avait été vexée et blessée par le comportement de Roy et par tout ce que cela sous-entendait. Fière comme elle l’était – et encore plus lorsqu’elle était persuadée d’avoir raison – Avalon refusait d’accepter une simple note en guise d’excuse.

Aussi, avec son honnêteté habituelle, elle confronta Roy sur ce qui les avait opposés au début du mois de mars. Elle l’écouta, silencieuse, reconnaître ses torts alors qu’elle savait pertinemment, que, comme elle, il détestait cela par-dessus tout. Elle hocha la tête lorsqu’il mentionna sa sœur, comme pour lui signifier que, dans cette situation, c’était bien le seul élément qu’elle pouvait comprendre. Elle le savait loyal, autant qu’elle l’était elle-même, et elle admettait qu’il n’ait pas agi en toute rationalité ce jour-là – elle avait simplement été déçue que cette loyauté ne l’englobe alors pas elle.

« Ça ne se reproduira plus » disait-il et, à son regard, Avalon sut qu’il ne mentait pas. Qu’il avait compris qu’elle devait pouvoir lui accorder sa confiance pour que les accords entre la milice et la mafia puissent continuer d’exister, et qu’elle ne pouvait pas douter sur le fait qu’il puisse un jour trahir la sienne. Que sa position de chef de la milice ne pouvait pas être remise en question, quand bien même ils se connaissaient depuis une dizaine d’années.

« Ok. » fit-elle en guise de réponse, parce qu’Avalon n’avait jamais été particulièrement douée avec les mots. Elle rajouta toutefois : « Merci de le reconnaître. »

Elle le considéra un instant, songeuse. Le conflit qui les avait opposé avait été particulièrement difficile à gérer, tant pour des retombées professionnelles que personnelles. Avalon et Roy n’étaient pas des personnes qui avaient les excuses faciles, au contraire, elle avait toujours eu l’impression qu’il était aussi buté qu’elle sur le sujet. Aussi, la situation aurait pu durer encore un long moment si le mafieux ne s’était pas décidé à faire le premier pas vers elle. La suite était désormais entre ses mains. Cette conversation suffisait à apaiser leurs rapports professionnels, qui exigeaient de toute façon qu’ils maintiennent une attitude au moins cordiale l’un envers l’autre. Mais qu’en était-il de leur relation amicale ?

Tous les invités présents ce soir auraient pu vous le dire : Avalon Davies n’avait pas le pardon facile, notamment parce qu’elle ne décolorait pas facilement et que, par-dessus le marché, elle avait beaucoup de mal à se remettre en question. Quelques exceptions cependant, pouvaient prétendre passer au-dessus de sa rancœur, et ils s’agissaient majoritairement de ses proches. Par exemple, elle ne restait jamais fâchée plus de quelques heures – quelques jours, à la limite – contre Toni ; parfois parce qu’elle oubliait le sujet de leur discorde et souvent parce que son ami lui manquait plus que tout. Roy ne pouvait pas prétendre au même titre que Toni – dont elle ne tirait de toute façon jamais d’excuses – mais elle ne pouvait pas non plus nier qu’il s’était fait une place particulière dans sa vie, depuis ces dix années qu’ils se fréquentaient.

Ils étaient moins proches qu’elle ne l’était de Toni et Fergus, mais il avait toujours été dans le décor de sa vie d’adulte. Il était là quand elle était arrivée auprès de Fergus, aussi blessée que perdue, là aussi lorsqu’elle s’était remise doucement sur pieds, là encore lorsqu’elle avait rejoint le ministère. Récemment, ils avaient noué des liens plus forts – depuis cette mission aussi dangereuse que catastrophique qu’ils avaient mené de front tous les deux – si bien qu’Avalon avait cessé de le considérer uniquement comme celui qui avait été dans son entourage pour l’envisager comme un membre à part entière de ce dernier. La soirée qu’ils avaient passée ensemble, aux Folies Sorcières, avait consolidé cette pensée, en même temps qu’elle lui avait fait constater que cela avait contribué à changer drastiquement regard qu’elle portait sur lui. Alors, le conflit qui les avait opposés avait été d’autant plus violent que ces nouvelles considérations toutes personnelles s’étaient rajoutées dans l’équation.

Or, c’était pour ces mêmes raisons qu’Avalon n’avait pas spécialement envie de nourrir une rancœur contre Roy. Elle aimait le lien qu’ils avaient, les piques qu’ils échangeaient régulièrement au détour d’un verre, les parties de billard et de poker qui les opposaient souvent – et qu’elle gagnait, à son humble avis, tout aussi souvent – ainsi que les longues discussions qui les tenaient éveillés jusque tard dans la nuit avec Toni, Fergus et Jayce.  Ces derniers temps, une nouvelle proximité s’était installée entre eux et, même si Avalon savait pertinemment – et les récents évènement lui avaient d’ailleurs prouvé ce fait une nouvelle fois – que la cultiver était décidemment une terrible idée, elle ne pouvait pas non plus s’empêcher de souhaiter retrouver un contact avec Roy.

Aussi, et parce que les gestes signifiaient bien plus pour elle que les mots, elle abandonna sa posture tendue, face à lui, pour s’appuyer à ses côtés contre le bar intérieur, en saisissant au passage une gobière qu’elle décapsula.

« Oh, ça aurait pu suffire largement, ne sous-estime jamais mon amour pour le chocolat. » commenta-t-elle. « Mais t’entendre le dire ? » Elle secoua la tête. « Une pépite. Je ne pouvais pas passer à côté de cette occasion. » Elle lui adressa alors un sourire moqueur, comme pour enterrer enfin la hache de guerre, brandie entre eux depuis près d’un mois.

Son regard se posa alors sur Toni, en pleine discussion un peu plus loin, et un sourire étira ses lèvres.

« Parfois, quand Toni m’organise des choses comme ça, je me demande si Fergus est vraiment au courant, ou s’il rentre juste chez lui et découvre tout ça » elle désigna du menton les nombreuses bouteilles d’alcool et la décoration festive du menton « à la dernière minute. » En réalité, cette hypothèse lui plaisait bien. « Plutôt bien joué, le coup de t’excuser à mon anniversaire pour que je vienne au tien. » Ils n’étaient nés qu’à quelques jours d’intervalle. « C’était pour être certain de recevoir mon luxueux cadeau, avoue ? Michto, va. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 5 Aoû 2020 - 14:29
Roy attendait avec une certaine appréhension la réaction d’Avalon qui avait décidé de le laisser aller au bout de son discours sans l’interrompre, sans doute pour voir jusqu’où il irait. Il aurait pu s’excuser plus longuement, il aurait pu faire plus court également et se contenter de dire simplement qu’il était désolé pour ce qui s’était passé et qu’il regrettait. Mais au fond, il ne réfléchit pas vraiment à la méthode qu’il fallait employer ou non et parla simplement comme son coeur lui dictait de le faire à cet instant. Roy pouvait se montrer stratège, louvoyer pour parvenir à ses fins, mais c’était généralement une attitude qu’il réservait à ses collaborateurs et ses clients. Quand il parlait avec des amis, il adoptait une autre posture, beaucoup plus franche. L’exercice de se dévoiler face à Avalon était suffisamment inconfortable pour qu’il ne tergiverse pas en plus pour la manière dont il devait le faire. Et il connaissait assez la jeune femme et sa manière de parler sans faire d’introduction pour savoir qu’elle n’accordait pas beaucoup d’importance non plus à la manière dont elle disait les choses. Elle les disait, tout simplement. Et sa réaction fut tout aussi simple et sans détours.

« Ok ». Roy n’avait pas besoin de grand-chose de plus que ce « Ok ». Ok voulait dire qu’elle acceptait ses excuses, ce qui était déjà un premier pas. Maintenant, il avait seulement besoin de savoir si cela suffisait à ce que leur relation reprenne comme avant ou si quelque chose devait changer. Il aurait pu s’étendre plus longuement auprès d’Avalon sur ce qu’il ressentait et lui dire par exemple qu’il espérait que ça ne changeait rien entre eux car elle comptait pour lui. Il aurait pu se montrer curieux de ce qu’elle ressentait elle aussi de son côté, lui demander si elle lui gardait des rancoeurs sur des points et lesquels. Mais ce genre de discours à coeur ouvert n’était pas sa tasse de thé, il n’avait pas l’habitude de régler ses conflits de cette manière et préférait plutôt poser clairement ses options. C’était pareil cette fois, de son point de vue, il avait fait ce qu’il pouvait faire en s’excusant sincèrement auprès d’Avalon. Maintenant c’était à elle de se positionner. Elle lui pardonnait ou ne lui pardonnait pas. Si elle lui pardonnait, alors c’était réglé, ils pouvaient reprendre leurs habitudes et leur relation là où ils l’avaient laissée. Si elle ne lui pardonnait pas, eh bien c’était clair aussi et il n’avait plus qu’à attendre que l’eau coule sous les ponts ou à lâcher l’affaire.

Il espérait ne pas avoir à se résigner à accepter une situation qu’il n’appréciait pas et qui le peinait, aussi fut-il soulagé de voir Avalon s’installer à côté de lui et reprendre un ton humoristique à son égard. Cette attitude semblait être une ouverture à son égard, dans laquelle il s’engouffra sans hésiter en prenant le même ton qu’elle :

« Très bien, alors j’espère que tu as bien profité car j’ai bien noté que pour la prochaine fois, le chocolat suffira. »

En vérité, il espérait bien qu’il n’y aurait pas de prochaine fois. Il préférait largement sa relation avec Avalon quand elle se montrait joyeuse, sociable, drôle, taquine avec lui, qu’ils pouvaient se vanner et se chercher un peu mutuellement comme ils avaient commencé à le faire avant toute cette histoire… Plus détendu, Roy prit enfin la première gorgée de sa gobière, souriant à la remarque de son amie.

« Hum… Je pense que Fergus est à peu près au courant, sinon il péterait des câbles. » Il connaissait son ami assez maniaque, pas trop fan des imprévus quand cela concernait l’enceinte d’un domaine dont il avait la responsabilité. « Mais que Toni le surprend quand même sur des trucs parce que c’est Toni. Franchement, il fait des trucs qui le surprennent lui-même, qu’est-ce que tu veux faire avec ça... »

Cet homme était la définition même de l’imprévisibilité, Avalon était bien placée pour le savoir. Puisqu’elle avait l’air d’avoir décidé de lui accorder un peu de temps pour reprendre leur dynamique habituelle de vannes, Roy décida d’en profiter également. Il posa un coude sur le comptoir de façon à se tourner vers elle, la défiant du regard.

« Est-ce ma faute si tu as le bon goût d’être née deux jours avant moi ? Tu sais, j’ai toujours eu une théorie qui dit que l’anniversaire de quelqu’un commence un jour avant la date officielle. » C’était faux, il venait de l’inventer. « Parce que je commence à compter à partir du moment où ma mère a commencé à galérer pour me mettre au monde, ça me semble cohérent. Donc en ce qui me concerne, à minuit, dit-il tout à fait sérieusement en consultant sa montre, mon anniversaire commence. J’espère que tu es prête à ce que je te vole la vedette. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 5 Aoû 2020 - 15:16
« Ouais, ou évite plutôt qu’il y ait de prochaines fois, je tiens à ma ligne. » ironisa Avalon en mordant dans son éclair au chocolat comme pour contredire ses paroles.

La jeune femme avait toujours particulièrement aimé les mets sucrés et raffolait tout particulièrement de la pâtisserie qu’elle avait entre les mains. Elle rajoutait du sucre partout où elle le pouvait – et surtout dans ses cafés, qu’elle agrémentait de saveurs loufoques et d’une tonne de crème fouettée, s’attirant des regards parfois curieux et parfois dégoûtés de la plupart de ses collègues. Si elle était tout à fait honnête, Avalon n’était pas certaine d’avoir une excellente hygiène de vie, mais elle avait toujours eu cette silhouette filiforme depuis son enfance, et ses prises alimentaires ne semblaient pas influencer sa carrure de brindille, alors elle n’allait pas s’en priver.

Les yeux d’Avalon se posèrent sur Toni, alors qu’elle souriait en écoutant la petite tirade de Roy. Elle croisa le regard de son meilleur ami, qui eut un sourire à la fois insupportable et satisfait en les observant, alors elle leva les yeux au ciel.

« Toute sa vie est une surprise. » commenta Avalon en reportant son attention sur Roy. « Ça le tient occupé. »

Ils avaient retrouvé si rapidement leurs habitudes qu’elle avait presque dû mal à croire qu’ils étaient en froid seulement quelques minutes avant cela. Avalon était une femme entière et assez manichéenne. Elle pardonnait ou elle ne pardonnait pas ; les tergiversations n’étaient pas sa tasse de thé. Cette fois encore – comme toujours – elle avait agi en écoutant son instinct qui ne lui faisait que rarement défaut. Certains éléments auraient peut-être mérité qu’elle s’attarde un peu plus longtemps sur eux, mais elle ignora ce bref sentiment. « Je ne comprends pas pourquoi tu ne m’as pas fait confiance, après tout ce que j’ai fait pour toi » aurait pu lui dire une Avalon Davies qu’elle n’était pas, « J’ai failli mourir pour les Veilleurs, tu penses que j’aurais laissé quoique ce soit arriver à ta sœur ? » Mais elle fit taire ces pensées, parce qu’elle était trop pudique pour les dévoiler ainsi, d’autant plus qu’elles signifiaient beaucoup plus que ce qu’elle ne voulait bien s’admettre pour le moment.

Alors, elle préféra retrouver son sourire narquois habituel et défier Roy du regard.

« Essaie un peu, et je te fais manger le sol. » déclara-t-elle avec tranquillité en reprenant nonchalamment une gorgée de sa gobière. Personne ne lui volerait la vedette le jour de son anniversaire, et encore moins Roy Calder. « T’as un culot incroyable, quand même. » commenta Avalon. « Compte sur moi pour t’offrir un truc qui va me coûter encore moins cher qu’un éclair au chocolat. » Littéralement, une bouteille d’eau.

La jeune femme reprit une gorgée de sa gobière, soulagée de voir ses relations avec le mafieux apaisées.

« En attendant, c’est mon anniversaire aujourd’hui, et Toni a ramené le nécessaire pour faire un karaoké, alors ne compte même pas sur le fait de pouvoir me voler la vedette, je compte éblouir l’assemblée de mes talents. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 5 Aoû 2020 - 17:21
« Je ne sais pas pourquoi, mais je n’y crois pas une seule seconde » railla t-il.

Personne n’avait jamais vu Avalon se retenir de se goinfrer, elle avalait des quantités de sucre phénoménales, elle mettait même du sucre dans son café. Un acte qui suffisait à la rendre infréquentable aux yeux de Roy, mais si encore elle ne faisait que ça… Préférant ne pas penser aux tonnes de chantilly et de brisures de gâteaux avec lesquels elle avait l’habitude de gâcher le breuvage le plus simple et exquis, il préféra taquiner son amie sur un autre sujet et rire de la manière dont elle rabroua :

« Mais cette violence… ! Non, en vrai, je ne suis pas étonné et mon culot ne devrait plus t’étonner non plus. Ni ma radinerie. Ça va, Avalon, ne sois pas si indignée à vouloir te venger là, je sais que c’est comme ça que tu m’aimes. »

Son haussement de sourcils se fit équivoque et son sourire charmeur, tandis qu’il reprenait sa confiance en lui habituelle. Roy appréciait la simplicité et la franchise avec laquelle ils avaient réglé ce différend et cela se voyait dans le regard qu’il posait sur elle. La gêne et la froideur entre eux semblaient reléguées au passé, Avalon semblait prête à reprendre la dynamique de leur relation là où ils l’avaient laissée. Il prit un air faussement offusqué, une main sur sa poitrine, avec un mouvement de recul.

« Attends, quoi ? J’ai peut-être mal entendu, j’ai cru l’espace d’un instant que tu sous-entendais que tu pouvais me retirer mon titre de roi du karaoké ? J’ai l’impression de te revoir la dernière fois que tu as suggéré que tu pouvais me battre au billard, déclara t-il sans préciser car ils savaient aussi bien l’un que l’autre à quoi faisait référence cette scène qu’ils ne pouvaient pas oublier, du coup je commence à penser que tu aimes bien quand je te rétame. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 5 Aoû 2020 - 19:17
« Oh, oui, c’est exactement ce qui fait ton charme et te rend irrésistible. » railla Avalon en mimant un éventail avec sa main libre.

Elle lui adressa un sourire narquois avant d’étouffer un rire en reprenant une gorgée de sa gobière, déjà bien entamée. Avalon était véritablement heureuse et soulagée de retrouver son lien avec Roy aussi préservé, malgré le violent conflit qui les avait opposé quelques jours plus tôt. Elle se livrait à ce petit jeu piquant avec un plaisir non-dissimulé qui brillait au fond de ses yeux, alors que son regard accrochait celui du mafieux.

Lorsqu’il revint de lui-même sur la soirée qu’ils avaient partagé après sa nomination à la tête de la milice, Avalon sentit son cœur rater un battement. Leur partie de billard n’était pas le seul moment sur lequel ses pensées s’attardaient, parfois, lorsqu’elle ne réussissait pas à trouver le sommeil la nuit. Avalon, malgré tous ses efforts – et, Merlin, malgré toute la colère qu’elle avait ressenti – ne parvenait pas à oublier ces danses, la sensation des mains de Roy sur sa taille, et quelques centimètres qui avaient séparé son visage du sien.

« Peut-être que c’est ça. » répondit-elle avec malice. « Peut-être que j’aime avoir mal. » Un sourire en coin étira ses lèvres alors qu’elle posait un regard rieur sur Roy.

Elle se sentait brusquement, et à nouveau, très attirée par son ami, sans qu’elle ne puisse véritablement comprendre l’origine de ce sentiment. Sûrement était-ce dû à cette longue séparation, à cette dispute qui remontait au début du mois, ou encore à cette tension qui n’avait jamais vraiment disparu entre eux.

« Ou peut-être que je te laisse quelques victoires pour ne pas froisser ton ego délicat… » ajouta-t-elle avec un clin d’œil. « Mais, vraiment, Roy. Prends-moi quand tu veux au karaoké, toi et moi on sait parfaitement que je suis imbattable. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 5 Aoû 2020 - 20:03
Le sourire suffisant que Roy renvoya en guise de réponse semblait dire « Je sais » à son amie, d’une manière insupportable qui les fit rire tous les deux. Cette remarque n’avait pas été tout à fait innocente pour être honnête, une part de lui en était consciente. Roy se laissait porter par un instinct qui, comme par hasard, le mena à évoquer leur dernière partie de billard, convoquant par la même occasion tous les souvenirs qui allaient avec. L’amitié d’Avalon lui avait manqué ces derniers jours, Avalon et ses plaisanteries, sa bonne humeur, sa franchise, son fort caractère. Mais ce n’était pas tout ce qui lui avait manqué chez elle, Roy en prenait brusquement la mesure, alors que de nouveau, leurs regards à tous les deux se cherchaient et qu’ils se remémoraient des moments où ils avaient été exceptionnellement proches. Cette proximité troublante avec elle lui avait manqué aussi. Le jeu imprudent qu’ils avaient entamé lui manquait, ce jeu qu’ils s’étaient décidés à laisser de côté, sans pouvoir s’empêcher de le reprendre un peu, malgré eux, au détour de quelques phrases, quelques sourires.

Mais cette fois, il avait l’impression que le ton changeait, comme si la distance de ces derniers jours avait décuplé une frustration dont ils pouvaient enfin se débarrasser en se provoquant l’un l’autre, plus franchement qu’avant. Ils se permettaient une audace nouvelle, en utilisant clairement les mots qui pouvaient décrire ce qui se passait entre eux -sans avoir l’air de le dire, toutefois. A force de parler de charme et de ce qu’ils aimaient, des idées commençaient à venir dans la tête de Roy, son sourire s’élargissait et la voie était grande ouverte à tous les sous-entendus possibles...

« Peut-être que j’aime avoir mal. »

Cette réplique d’Avalon aurait pu lui faire recracher sa gobière, heureusement qu’il avait bien tout avalé, ce qui lui permit de répondre au tac au tac, hilare :

« Titre de ta sex tape. »

Oui, ils étaient de grands enfants. De grands enfants qui flirtaient éhontément, actuellement, à travers leurs paroles, mais surtout les regards qu’ils se lançaient. Et Avalon n’avait pas fini. Roy posa les yeux sur elle, en se demandant si elle ne mesurait pas ce qu’elle disait ou s’il avait juste l’esprit mal placé. Prends-moi quand tu veux au karaoké. Hum. Prends-moi quand tu v… Non, vraiment. Vraiment ce n’était pas une bonne idée de souligner que sa formulation prêtait à confusion et qu’elle méritait la même vanne qu’il avait faite plus haut. Vite, s’ôter ces images de la tête. Vite.

« Je prends ça comme un défi, c’est dit, rendez-vous tout à l’heure. Mais peut-être que je te laisserai gagner parce que c’est ton anniversaire et que je ne suis pas un rustre. »

Cette fois-ci, il se montra plus raisonnable car, sur ces paroles, il quitta son amie, en posant une main sur son épaule, avec un dernier sourire en guise de salut. Il fallait savoir stopper ce jeu quand il commençait à aller trop loin, actuellement il commençait à la trouver beaucoup trop ravissante. Il n’avait pas changé son avis et ses résolutions la concernant, alors s’il voulait éviter de se retrouver seul dans une chambre de l’étage avec elle sans avoir compris comment ni pourquoi, il était plus sage d’aller se refroidir les idées en allant discuter avec quelques amis. En tout cas, c’était ce que suggérait son instinct, sans le formuler aussi clairement, le poussant simplement à s’esquiver…

*****

Des flammes bleues magiques contenues dans de petites boules de verre suspendues dans les airs réchauffaient suffisamment la terrasse pour la rendre praticable en plein mois de mars, malgré l’air frais de la nuit. Roy savourait cette fraîcheur sur ses joues et le silence relatif autour de lui. Quelques clameurs venues de l’intérieur lui parvenaient comme un bruit de fond un peu lointain, pas désagréable, qui lui permettait de se concentrer sur ses pensées sans se sentir seul. La soirée en était à ce point avancé de la nuit où la moitié des convives étaient rentrés chez eux et l’autre moitié bavardait tranquillement au chaud, dans des discussions qui avaient plus ou moins de sens selon le taux d’alcoolémie de chacun. Roy était sorti au départ pour fumer, puis après avoir écrasé sa cigarette dans le cendrier, il avait trouvé le canapé sur la terrasse parfaitement confortable et la vue du grand jardin face à lui tout à fait agréable, alors il était resté un peu pour penser au calme, à plein de choses à la fois, se laissant porter par son esprit qui passait d’un sujet à l’autre parfois sans transition. Ces derniers jours difficiles, son inquiétude pour sa soeur toujours forte, cette dispute avec Avalon qui s’était résolue, cette soirée d’anniversaire plutôt agréable, toutes les tâches qu’il avait à faire le lendemain, le remarquable entretien de ces acacias au fond du jardin de Fergus, la douce lumière bleutée sur la terrasse, cet incroyable karaoké ponctué de chansons aussi débiles les unes que les autres, la belle voix d’Avalon…

Qu’il crut justement entendre derrière lui. Il la vit s’approcher et la laissa briser sa bulle en s’installant à ses côtés, sans bouger de sa position tranquille.

« Alors, est-ce que Toni est ivre mort ou pas encore ? »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 6 Aoû 2020 - 21:47
Il était… Tard. Avalon jeta un dernier regard sur Toni, déjà profondément endormi dans un lit, et referma doucement la porte derrière elle. Elle redescendit machinalement jusqu’au salon, où les voix se faisaient désormais moins fortes, car moins nombreuses, bien que quelques grands éclats de rire retentissaient régulièrement. Avalon se dirigea vers la cuisine de Fergus, où elle se servit un grand verre d’eau qu’elle vida d’une traite, immédiatement suivi d’un second. Alors, elle s’autorisa à reprendre une bière – ce n’était pas vraiment de l’alcool après tout – et laissa brièvement ses yeux parcourir les visages des derniers invités – plongés dans un jeu de cartes auquel il valait mieux qu’elle ne participe pas parce qu’elle était certaine de perdre. Quelque chose clochait, et Avalon comprit très rapidement qu’elle cherchait Roy, malgré elle, parmi cette petite foule.

Ils avaient été un peu trop loin, tous les deux ; elle l’avait réalisé au moment où son ami l’avait quittée après un dernier sourire. Elle ne pouvait pas vraiment dire si elle avait véritablement voulu glisser un tel sous-entendu dans ses propos, où si elle avait seulement utilisé une formulation un peu tendancieuse sans y prêter vraiment attention. Toujours était-il que ce double-sens l’avait laissé un peu interdite – sans doute parce qu’il était vrai – et que Roy avait très bien fait de s’éloigner à moment-là. Ils s’étaient retrouvés à plusieurs reprises – mais jamais seuls – pendant cette soirée d’anniversaire, parfois autour d’un karaoké, où ils s’étaient d’abord affrontés sur un duo enflammé, puis avaient réinterprété une nouvelle fois « Hijo de la luna », célèbre chanson espagnole qu’ils avaient l’habitude de chanter tous les deux (généralement, parce qu’il s’agissait d’une des seules chansons hispaniques disponibles, et qu’il n’en fallait pas plus à Toni pour les lancer sur ce morceau.)

Avalon avait retrouvé avec plaisir une langue qu’elle ne pratiquait malheureusement pas beaucoup, et avait beaucoup ri de cette mise en scène dramatique qu’ils entreprenaient de réaliser à chaque fois. Puis, la soirée avait suivi son cours, elle avait fini par monter avec un Toni ivre mort dans l’une des chambres de la villa de Fergus et était restée un peu avec lui, jusqu’à ce qu’il s’assoupisse et se mette à ronfler.

Instinctivement, elle se dirigea vers la terrasse, et son regard finit par trouver la silhouette du mafieux, installé sur un canapé dos à elle. Elle s’avança silencieusement et se laissa tomber à côté de lui, sa bouteille de bière toujours coincée entre ses mains.

« Il dort déjà. » répondit Avalon avec un sourire en coin.

Un léger silence, confortable, apaisant, s’installa entre les deux amis. Avalon se sentait doucement bercée par cette atmosphère alors elle prit une gorgée de sa boisson et la reposa sur la table basse en face d’elle.

« Alors comme ça, » souffla-t-elle en tournant un regard vers lui, « ton anniversaire a déjà officiellement commencé ? » L’absurdité de cette théorie lui tira un petit rire, mais elle ajouta quand même : « Bon anniversaire, j’imagine. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 6 Aoû 2020 - 22:22
« Et tu l’as bordé, telle la bonne maman que tu es avec lui ? » s’amusa t-il.

Toni était souvent le premier à finir survolté d’alcool, jusqu’à ce que ses batteries se déchargent aussi vite qu’elles s’étaient remplies. Quant à Avalon, quand elle n’était pas elle-même déchirée, elle s’occupait de son cher ami, avec cette attitude fraternelle qu’ils avaient toujours l’un envers l’autre. C’était assez drôle de voir la silhouette menue d’Avalon traîner le grand corps musclé de Toni, et chose encore plus étonnante : elle y arrivait.

Le calme de la nuit les apaisait tous les deux, tandis qu’ils profitaient de cette tranquillité qui se présentait à eux, après une soirée passée à rire et crier dans tous les sens. Avalon avait largement obtenu sa revanche au karaoké, décidée à être la reine de la piste et pour être honnête, Roy avait beaucoup aimé la contempler chanter joyeusement et s’amuser dans de théâtrales mises en scène dont elle avait le secret. Le sourire sur le visage d’Avalon semblait plus indélébile que jamais et il était terriblement contagieux. Roy n’avait pas passé d’aussi bonne soirée depuis bien longtemps, cela se voyait dans son regard pétillant.

« Tu as tout compris. Très simple comme théorie non ? Mais ne crois pas que ça te dispense de me le redire demain. »

Il aurait trente-deux ans, déjà. Roy avait l’impression que ses trente ans avaient eu lieu la veille, le temps passait à une vitesse phénoménale, qui inquiétait cette part de lui qui n’avait pas envie de grandir et se sentait nostalgique de la vingtaine où sa vie lui semblait tellement plus simple. Cette pensée le fit se sentir curieux de ce que ressentait Avalon ce soir face au temps qui passait pour elle et il se tourna vers elle pour une conversation presque sérieuse, malgré son léger sourire :

« Alors… Comment tu vois tes dernières années jusqu’au terrible glas de la trentaine ? »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeVen 7 Aoû 2020 - 0:06
« Evidemment. » répondit Avalon avec un léger sourire. « Je lui ai même laissé un verre d’eau pour demain matin. »

Elle avait aussi passé plusieurs minutes blottie dans les bras de son frère de cœur parce que, dès qu’ils étaient ivres, ils passaient de longues minutes à se faire de longues déclarations fraternelles, jusqu’à ce que Toni ne soit emporté par le sommeil. Quand elle était aussi ivre que lui, Avalon s’endormait à côté de lui dans les secondes qui suivaient mais, ce soir, ses yeux étaient restés désespérément ouverts dans la nuit, alors elle avait fini par quitter son meilleur ami pour venir retrouver Roy.

L’air frais du mois de mars mordait ses joues, et Avalon se sentait bien, confortablement installé dans ce canapé, à côté de son ami de longue date.

« On verra. » souffla-t-elle en secouant la tête lorsque Roy stipula qu’elle devrait lui souhaiter à nouveau son anniversaire le lendemain – cet homme ne manquait définitivement pas d’audace.

Elle capta son petit sourire et en esquissant un en écho au sien, sentant que ce doux moment était propice à la discussion simple et calme que Roy entamait avec une question. Avalon haussa les épaules, sans répondre immédiatement à cette interrogation. Elle venait d’avoir vingt-neuf ans. Déjà. Elle se sentait presque bousculée par ce temps qui défilait sans attendre personne. Les dix dernières années de son existence étaient passées à une vitesse folle ; elle avait parfois l’impression qu’hier encore elle s’endormait dans la chambre d’ami de Fergus, terrassée par des cauchemars qui ne lui laissaient pas un seul moment de répit. Parfois, elle sentait encore en elle cette jeune femme brisée, sauvage, qu’elle avait été pendant la majorité de sa vie. Elle avait grandi, pourtant. Elle avait muri, elle avait évolué, elle avait réussi à se sortir de ces schémas qui lui avaient fait tant de mal… Elle était devenue quelqu’un d’autre, une femme plus forte, plus fière, plus résiliente. Mais elle savait, au plus profond de son cœur, que les craintes, les peurs, les doutes, qui étaient toujours solidement ancrés en elle avaient pour origine les racines même de son existence, avec lesquelles elle ne pouvait pas couper aussi facilement.

Alors, parfois, Avalon s’étonnait du temps qui passait, d’être à l’aube de ses trente ans. Et, parfois, elle avait cette terrible impression d’être cette même jeune femme de dix-sept ans, aussi sauvage que terrorisée.

« Mes derniers mois. » corrigea Avalon avec une petite grimace. « A peu près les mêmes que ceux que j’ai vécu pendant cette dernière décennie, je dirais. » Elle songea, fugacement, à Toni, à Fergus, à Jayce et à Roy, qu’elle avait rencontré à l’aube de ses vingt-ans. Le chemin qu’ils avaient parcouru, depuis ce jour, lui paraissait à la fois très long, et minuscule.

« Parfois, je me dis qu’on ne grandit jamais vraiment. » admit-elle avec un léger sourire. « On reste les mêmes enfants à qui on confie plus de responsabilités. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeVen 7 Aoû 2020 - 21:22
La conversation s’orientait tranquillement vers un sujet plutôt personnel sur lequel Roy était curieux de connaître la position d’Avalon. Alors qu’elle réfléchissait, lui-même se laissait aller à ses propres pensées. Avec les temps forts de l’année, comme celui d’un anniversaire, venait souvent le temps des bilans et de mise en perspective de son existence. Ces dernières années, Roy se livrait de plus en plus à cet exercice, après avoir été incroyablement insouciant le reste de sa jeunesse. Fut une époque où il se projetait à peine plus loin que le lendemain, vivant au jour le jour, au gré de ses rencontres, ses opportunités et conquêtes d’un soir. Sa vie avait bien changé. Maintenant, il ne faisait que construire mentalement des plans, réfléchir à ce que chacune de ses actions pourrait provoquer comme conséquences, sur des temps de plus en plus longs, poussé par une inquiétude de plus en plus forte. Il n’avait pas forcément prédit avant de devenir le chef des Veilleurs qu’avec le pouvoir viendrait cette terrible appréhension de l’avenir. Combien de temps pourrait-il rester à sa position actuelle ? Combien de temps avant qu’il ne cède sous l’assaut de ses ennemis ou qu’il perde son goût pour cette vie qu’il brûlait par les deux bouts ? Il avait gagné énormément de choses en se lançant dans cette voie, mais il en avait également perdu beaucoup, alors qu’allait-il perdre d’autre ? Parfois, les pensées de Roy se perdaient dans les projections les plus sombres et il se demandait ce qui lui permettait encore de tenir.

Aussi quand Avalon exposa sa vision des choses, il ne put s’empêcher d’apporter une nuance, en secouant légèrement la tête :

« Ah, ça, c’est parce que tu ne t’es pas encore sentie ensevelie sous le poids de tes responsabilités… »

Avalon en était au début de sa vie en tant que commandante d’un groupe de pouvoir et Roy se retrouvait un peu en elle à cet instant, quand il songeait à la personne qu’il était deux ans plus tôt. Lui aussi, il pensait que rien n’allait changer, que sa vie continuerait d’être la même, à être baigné dans le même milieu, entouré des mêmes personnes. Par certains aspects, ce n’était pas faux. Par d’autres, il avait l'impression d’avoir changé du tout au tout. Certainement, s’il mesurait beaucoup plus le poids des années maintenant, c’était parce que, par certains côtés, Roy avait grandi. Il était sorti de cet égoïsme tout juvénile où seul son plaisir et son bien-être comptaient. Il avait la responsabilité d’un gang entier, pour lequel il avait fait des sacrifices. Il avait connu l’amour, l’envie de tout donner à une autre personne que lui-même, une femme pour qui il avait fait beaucoup de sacrifices également. Ces deux expériences, en particulier, l'avaient transformé.

Un peu gêné par ce qu’il venait de laisser échapper et qui en disait long sur lui-même, il reprit, pour changer de sujet mais peut-être aussi parce que l'altercation qui s’était produite entre eux continuait de lui trotter un peu en tête :

« D’ailleurs, je ne te l’ai pas dit mais… Tu as agi comme une grande chef, l’autre jour. Je ne dis pas ça seulement parce que tu m’as mis une fessée » dit-il, un peu plus enclin à plaisanter de ce moment qu’il avait vécu comme une humiliation sur le coup, maintenant que tout était réglé et pardonné avec elle. Il eut un bref instant de réflexion, cherchant ses mots, avant de planter son regard dans celui d’Avalon. « Tu as fait ce qu’il fallait. Ça demande des tripes. »

Elle était venue le confronter, sans hésiter à réclamer le sang pour le sang, quand bien même c’était celui d’un Veilleur qu’elle exigeait. Roy se doutait que cela n’avait pas été une partie de plaisir pour elle, en raison des liens qui l’attachait à lui mais aussi à ce gang qui l’avait accueillie un jour. Mais elle l’avait fait, parce que c’était la seule manière de ne pas tout perdre d’une opération de renseignements qu’elle avait montée et de garder la confiance et l’estime de ses hommes à elle. Si ce geste avait heurté Roy sur le coup, il avait eu le temps d’y repenser depuis et considérer la situation d’un oeil légèrement différent. Avalon s’était positionnée exactement là où on l’attendait, comme une véritable chef de la Milice, capable de tenir tête même à ses plus proches amis s’il le fallait, capable de lui tenir tête à lui et se positionner comme son égale.

Et au fond, Roy aimait ce que cela montrait d’elle. Il aimait cette assurance, cette force, ce courage, chez elle.  


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeVen 7 Aoû 2020 - 22:22
« Pas encore. » répondit Avalon avec un petit sourire, parce qu’elle savait que ce temps ne tarderait pas à venir.

Elle avait été la lieutenante de Danielle Coleman, elle savait quelles responsabilités venaient avec la charge d’un corps d’élite comme celui de la milice. Les Renseignements étaient une unité plus petite, assez dynamique, alors la pression était moins forte que lorsque la milice était une entité unique, mais Avalon savait qu’elle ferait face, tôt ou tard, à des choix difficiles et des dilemmes cornéliens.

Cela avait déjà été le cas, un mois plus tôt, songea-t-elle en glissant fugacement un regard sur Roy. Lorsque les Veilleurs avaient menacé l’équilibre établit par le ministère et par la milice, Avalon avait dû choisir de s’opposer frontalement au chef de gang, sans lui laisser la possibilité de négocier un quelques accords. Elle n’avait fait ça cela de gaité de cœur, bien au contraire, mais parce qu’elle était obligée de marquer sa position dans un milieu qui ne lui était pas forcément favorable. Travailler avec des amis de longue date n’était pas une chose facile, bien au contraire, et Avalon l’avait durement expérimenté pendant ces semaines de silence qui avaient suivi leur conflit. Mais elle était toujours persuadée d’avoir fait le bon choix, quand bien même son cœur s’était serré à plusieurs reprises, parce que les Veilleurs étaient, pour elle, ce qui se rapprochait le plus d’une famille.

Alors, les quelques mots que Roy eut à son égard lui réchauffa le cœur et elle laissa un sourire léger, apaisé, s’étirer sur ses lèvres.

« Merci. » répondit-elle avec une sincérité évidente. Elle était touchée qu’il puisse reconnaître cela alors qu’elle s’était frontalement opposée à lui et à son gang. Elle espérait qu’il comprenait à quel point cela avait été difficile pour elle de faire ça, alors, elle ajouta : « Ce n’est vraiment pas ce que j’ai le plus aimé faire depuis ma prise de poste. » Un léger sourire étira le coin gauche de ses lèvres. Mais Roy savait, pour être en position de leader lui aussi, que de telles confrontations étaient parfois inévitable, pour rebattre les cartes et maintenir la paix entre deux groupes aux identités si fortes.

Elle resta un instant silencieuse, pensive, et repensa alors aux quelques mots que le mafieux avait laissé échapper un peu plus tôt. « Tu ne t’es pas encore sentie ensevelie sous le poids de tes responsabilités. » Quelque chose lui soufflait que, si elle avait été épargnée par cela – professionnellement du moins – ce n’était pas le cas de Roy. Il était à la tête d’un grand gang - les Veilleurs étaient l’un des groupes mafieux les plus étendus du territoire anglais – et il était, ainsi, responsable de ses hommes, de la stabilité du gang tant humaine que financière. La mort d’Evan, quelques mois plus tôt, avait sévèrement perturbé cet équilibre, tout comme l’échec de leur mission commune destinée à le venger. Fugacement, Avalon se demanda si la famille de Roy – sa famille de sang – faisait partie de ces « responsabilités » qu’il évoquait. Elle ne garda encore le silence une poignée de secondes, et se lança :

« Pendant qu’on revient sur ce fameux jour… » Quelque chose la travaillait encore, un sentiment désagréable sur lequel elle n’avait pas eu envie de mettre de mots au début de la soirée, mais qui ne passait pas pour autant. Avalon n’était pas spécialement habituée à exprimer ce qu’elle ressentait mais, lorsque c’était le cas, elle le faisait comme à son habitude : sans détour. « Je ne comprends pas pourquoi tu ne m’as pas fait confiance. » Elle vrilla un regard, cette fois dénué de reproche, dans le sien. « J’ai failli mourir, pour les Veilleurs, il y a quelques semaines, et, vraiment, je l’aurais fait les yeux fermés. » Parce que c’était ainsi qu’elle avait accepté cette mission que Roy lui avait proposé : sans l’ombre d’un seul doute. « Je t’ai appelé à la seconde où j’ai reçu le rapport de St Mangouste sur ta sœur. » ajouta-t-elle sur le même ton. « Je ne vois vraiment pas ce que j’aurais pu faire d’autre pour que tu me fasses confiance pour gérer la situation… Ou au moins pour que tu considères l’idée de la régler avec moi. »


Avalon Calder

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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 8:43
« Crois-moi, ce n’est pas ce que j’ai préféré faire non plus. »

Son sourire jaune révélait la tension qu’il avait ressenti sur le coup et plusieurs jours ensuite, avant de se dissiper ce soir en obtenant le pardon d’Avalon. Cela faisait partie du job, Roy était assez endurci pour ne pas avoir peur de rentrer dans des bras de fer avec les gens avec qui il travaillait, amis ou pas. Il le faisait au quotidien, il s’affrontait parfois avec ses associés sur des sujets délicats, il avait même dû supporter la difficile tâche de réprimander vertement des hommes qui étaient aussi ses proches amis, comme Fergus ou Toni. Mais ils le supportaient tous parce qu’ils savaient pourquoi ils étaient là, ils savaient que faire tourner un business tel que le leur réclamait du dévouement et de la fermeté. Parfois -souvent, même- les sentiments n’avaient pas leur place.

Pour autant, ce n’était jamais une partie de plaisir de s’engager dans un violent rapport de force avec un ami. Avalon avait remporté le leur, l’autre jour. La victoire avait dû être amère pour elle, Roy n’avait pas de doute là-dessus. Mais s’il était sincèrement excusé de la manière dont il avait agi, il ne pouvait pas lui promettre que ce genre de confrontation désagréable n’arriverait plus entre eux. Il était même certain qu’il y en aurait d’autres. C’était la voie qu’ils avaient choisi, en tant que dirigeants de deux groupes, collaborateurs certes, mais indépendants malgré tout. Parfois ils allaient s’affronter, inévitablement.

Roy pouvait presque entendre Avalon penser, dans le silence qu’elle maintenait entre eux, uniquement perturbé par la brise fraîche qui soufflait. Il tourna la tête et le regard vers elle, l’écouta lui reprocher son manque de confiance en elle, sans ton accusateur, mais sans détours non plus. Pour être honnête, il se sentit un peu heurté de la référence qu’elle fit aux risques qu’elle avait pris pour lui face à Norvel, un mois plus tôt, car cette comparaison le plaçait inévitablement comme l’ingrat qui ne reconnaissait pas la valeur de ses gestes, ce qu’il démentit :

« Ce n’est pas que je ne te faisais pas confiance, c’est juste que… »

Sa phrase se suspendit un bref instant, le temps de le laisser chercher ses mots et se replacer dans l’état d’esprit où il était après ce fameux appel où elle l’avait informé de la situation de sa soeur. Roy avait bien perçu ce qui poussait Avalon à renoncer à des informations qui pouvaient lui être utiles pour ne pas avoir à s’en prendre à sa soeur. Elle avait agi d’une manière qui trahissait son amitié pour les Veilleurs. Coleman n’aurait pas agi de la sorte, elle n’aurait sans doute pas torturé Irina dans une cellule de prison pour ne pas risquer une guerre avec les Veilleurs, mais elle aurait négocié des informations contre sa tranquillité, il en mettait sa main à couper. Elle n’aurait vu dans cette situation qu’un simple conflit d’intérêts, qu’elle aurait traité avec froideur. Avalon, elle, y avait vu un conflit de loyauté. Et ce conflit était à double revers : aussi arrangeant pour les Veilleurs que dangereux pour sa position à elle. Roy n’avait pas eu envie de la risquer de façon démesurée en lui demandant davantage pour remplir son besoin à lui de garantir la sécurité de sa soeur.

« A aucun moment je ne me suis dit que je n’avais pas assez confiance en toi pour régler cette histoire. Mais tu avais déjà fait ce que tu pouvais faire en enterrant ce rapport. » Et il valait mieux qu’elle n’en fasse pas plus, de son point de vue, en tout cas. « Je ne voulais pas te demander de faire plus. Tu as ta Milice, moi j’ai mon gang et ma famille… Et nos intérêts à toi et moi ne vont pas systématiquement converger, surtout depuis que tu as pris la place de Coleman, il faut qu’on se fasse à cette idée. Alors j’ai fait de mon côté ce que je pensais pouvoir faire. Ne crois pas que je ne mesure pas ce que tu fais pour nous, je sais très bien que t’es prête à prendre des risques pour nous mais… »

Pour eux, mais il aurait pu dire pour lui. Ce qu’il lui avait demandé quelques mois plus tôt, pour se débarrasser de son ennemi, lui avait fait prendre un risque terrible, mortel, qu’il ne se pardonnait toujours pas au fond, même si Avalon assurait ne pas lui en tenir rigueur. Il essaya de le dire, avec une certaine pudeur :

« Justement, tu as failli mourir pour les Veilleurs et ce n’est pas une idée qui m’emplit de joie, tu vois. »

Cette terrible mésaventure avait bien ancré une leçon dans la tête de Roy, qui s’était manifestée ici. Collaborer avec Avalon, oui, mais dans une certaine limite, celle où ce qu’il lui demandait leur profitait à tous les deux. Il n’avait plus envie de retrouver Avalon dans le pétrin parce qu’elle lui rendait des services qui ne l’arrangeaient que lui. Il avait déjà failli la perdre de cette manière.


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 10:05
Avalon avait posé sur Roy un regard qui était dénué de reproche, mais intriguée par la réponse qu’il allait lui apporter sur ce problème qu’elle soulevait – de façon assez légitime, à son sens. Qu’il démentît immédiatement ses propos lui fit hausser les sourcils, mais elle se garda de l’interrompre pour l’écouter jusqu’au bout.

Quand Roy évoqua des « intérêts divergents » cependant, Avalon ne résista pas à secouer doucement la tête. Elle comprenait ce qu’il voulait dire, et il était vrai que les deux groupes dont ils avaient la charge, à savoir la milice et les Veilleurs, ne pourraient pas toujours être sur la même longueur d’onde. Mais eux pouvaient l’être, et c’était bien là qu’Avalon voyait une différence majeure entre les propos de Roy et la façon qu’elle avait d’envisager les choses. Evidemment que, face aux Veilleurs, Avalon choisirait toujours la milice – et que Roy ferait l’inverse, il choisirait son gang plutôt que le gouvernement. Mais, s’il s’agissait d’un choix qui mettait sur la balance d’un côté le ministère et de l’autre l’un de ses proches – qu’il s’agisse de Toni, de Fergus, de Jayce, de Roy, mais également de l’un de ses hommes comme Angus ou Leonard – alors Avalon choisirait toujours ces derniers, parce que sa loyauté pour eux était plus forte que celle qu’elle avait pour la milice.

Evidemment, elle n’espérait pas être amenée à devoir prendre de telles décisions, mais, au fond, elle savait d’avance ce qu’elle ferait parce qu’elle était ainsi et qu’elle le serait toujours. Son camp se trouvait auprès de ses proches. Et c’était exactement pour cette raison qu’elle avait renoncé à poursuivre une quelconque piste sur Irina Calder. Si elle avait finalement décidé de s’opposer à Roy, une semaine plus tôt, c’était justement parce qu’à cause de cette décision de faire agresser la médicomage en charge du rapport, ce conflit était devenu celui d’un groupe – les Veilleurs – contre un autre – la milice – et qu’Avalon avait défendu les intérêts de son groupe.

« Encore heureux. » plaisanta Avalon en prenant une gorgée de sa bière. « Sinon, tu aurais vraiment un culot monstre de venir célébrer mon anniversaire. »

Un moment de silence passa, pendant lequel la jeune femme considéra son ami avec un regard indéchiffrable, avant qu’un fin sourire n’étire ses lèvres.

« Roy Calder. » commença-t-elle en se redressant. « Merci de m’avoir dit tout ça mais laisse-moi prendre les risques que je veux. » Elle pouvait difficilement être plus claire dans sa formulation. « Je n’ai pas besoin qu’on me protège crois-moi, et je pensais que tu l’aurais compris, depuis toutes ces années. » commenta-t-elle en haussant les sourcils. « Mes intérêts sont majoritairement du côté de la milice. » Elle n’avait aucune difficulté à l’admettre, car cela était le cas depuis bien longtemps. « Ma loyauté, en revanche, va à Toni, à Fergus, à Jayce, à toi, autant qu’elle va au ministère. » Elle haussa les épaules. « C’est pour ça que j’ai enterré le rapport sur ta sœur. » Cet aveu lui tira un sourire embarrassé, qu’elle masqua dans sa bière.

Avalon fixa son regard au loin quelques instants, troublée par ce moment de confidences auquel elle n’était pas habituée. Mais l’atmosphère apaisante de la nuit, ce silence qui les enveloppait, les flammes bleues qui réchauffaient l’atmosphère et les éclairaient l’un et l’autre, tout cela semblait contribuer au fait qu’elle se livre à Roy, sans détour, avec l’honnêteté qui la caractérisait.

« Ecoute. Je comprends qu’on ne prend pas toujours les décisions les plus rationnelles quand il s’agit de sa famille. » Oh, oui, vraiment, elle pouvait largement concevoir ce fait. « Mais, si ça devait se reproduire, d’une quelconque manière… » Son regard quitta celui de Roy pour se poser sur un petit feu bleu magique qui dansait paresseusement. « Essaie de ne pas oublier qu’avant d’être la chef de la milice, j’ai toujours été une alliée. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 18:08
« Laisse-moi prendre les risques que je veux ». Ce n’était pas la première fois que Roy entendait ce genre de reproche, tant il avait cette pénible habitude de ne pas laisser les personnes qu’il aimait s’approcher du danger, alors que lui-même s’y jetait allègrement -fais ce que je dis, pas ce que je fais, la grande maxime de sa vie. Mais pour une fois, il ne protesta pas aussitôt et laissa Avalon parler, comme si cette atmosphère calme et ce sourire qu’il voyait sur son visage le poussait à écouter. Elle se défit de ses élans de protection, que Roy avait effectivement à son encontre, sans même qu’il n’en ait particulièrement conscience. Il le faisait instinctivement, cela faisait partie de lui. Il protégeait ses proches, d’une manière que ces derniers ne comprenaient pas, d’ailleurs, et lui reprochaient souvent, mais il ne se voyait pas faire autrement et ce, indépendamment des ressources de la personne qu’il visait. Il savait de quel bois était fait Avalon Davies et n’aurait donc pas eu le culot de penser qu’elle ne savait pas se défendre elle-même. Mais est-ce que cela devait l’empêcher de faire ce qu’il pensait pouvoir faire pour la préserver de risques inutiles ? On ne se débarrassait pas si facilement d’un Roy Calder. Mais il tut cette pensée, se contentant d’afficher un léger sourire en coin.

La manière dont elle affirma sans hésiter la loyauté qu’elle lui portait à lui, ainsi que leurs amis, toucha un peu son petit coeur écorné, pour être honnête. Au fond, il le savait déjà car Avalon l’avait largement prouvé par ses actes. C’était autre chose de l’entendre dire avec des mots car il savait qu’elle n’était pas forcément adepte des grandes déclarations et il le sentit dans la légère gêne qui imprégnait son sourire. Ils avaient tous les deux conscience de la particularité de ce moment où ils se dévoilaient d’une manière qui leur était peu coutumière. Et pourtant, Roy ne voulait pas le faire disparaître. Particulièrement attentif à ce qu’il percevait de son amie, il gravait dans sa mémoire ses paroles, le ton qu’elle empruntait, mais également les traits de son visage à cet instant. Elle lui rappela une nouvelle fois qu’elle était leur alliée et qu’elle espérait qu’il s’en souviendrait la prochaine fois, ce qui le fit méditer quelques secondes. Croisant les bras sur son torse, Roy détourna le regard à son tour et commenta, un léger sourire aux lèvres :

« Eh bien… Je pense que tu te mets dans un sacré pétrin, Av’. Ta vie serait plus simple si tout ton être était dédié à ton groupe. »

Il parlait en connaissance de cause, songea t-il avec une certaine tristesse, sans le dire. Il avait connu les conflits d’intérêts et de loyauté dans leurs formes les plus difficiles et les plus insolubles pendant l’époque de son couple avec Juliana. Il avait été à l’encontre des intérêts de son propre gang, plusieurs fois, pour elle. Parfois, il avait même été à l’encontre de lui-même et de la personne qu’il était, ce qui avait fini par le faire partir sans tourner les talons.

Heureusement, le conflit dans lequel se trouvait Avalon n’était pas aussi déchirant car par chance, ses amis à qui elle jurait fidélité oeuvraient pour le même gouvernement qu’elle, à priori. Elle était prête à prendre des risques pour eux, Roy ne pouvait pas lui ôter ce choix-là, surtout quand il faisait exactement le même… Avalon et lui semblaient raisonner de la même manière : leur camp, leur vrai camp, celui qui surpassait le reste, était celui de leurs proches. Il pressentait que cette position n’avait pas fini de les mettre à l’épreuve. Cette histoire avec sa soeur avait révélé à Roy qu’il n’était pas au bout de ses peines et qu’il allait certainement rencontrer d’autres dilemmes à affronter dans ce sombre avenir qui se profilait, avec les camps qui se durcissaient un peu plus chaque jour. Il connaissait personnellement des opposants au gouvernement : sa famille, certains de ses amis comme James. Alors peut être qu’une alliée qui, à défaut de protéger les mêmes groupes que lui, pensait comme lui, n’était pas une mauvaise chose finalement…

Ses réflexions cessèrent sur cette pensée et le firent se tourner vers Avalon, avec une main tendue vers elle :

« On fait la paire toi et moi, alors ? »

Il avait compris le message. Travailler avec elle, pleinement, plutôt que dans son dos. Il voulait bien essayer, ils verraient bien où cela devait les amener.

Après cet accord conclu entre eux, signant définitivement la fin de leur conflit, un nouveau silence apaisé s’installa, sans durer très longtemps avant que Roy ne le rompe en passant sur un autre sujet qui l’intriguait de plus en plus :

« Tu as déjà pris des décisions stupides pour ta famille ? » Il attendit de croiser le regard de la jeune femme pour lui faire part de l’intuition qu’il avait eue en l’observant : « Tout à l’heure, ce que tu m’as dit, ça… sonnait comme si tu savais de quoi tu parlais. »


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 20:39
« Mais qui aspire vraiment à une vie simple, de nos jours ? C’est un peu dépassé. » rétorqua Avalon, un peu moqueuse, en posant sur Roy un regard amusé.

Elle se permettait d’être ironique parce qu’elle avait déjà parfaitement conscience qu’elle allait être amenée à faire face à des conflits d’intérêt et de loyauté. C’était peut-être l’une des premières choses qui l’avaient frappé lorsqu’elle avait accepté le poste que lui proposait Danielle. « Je ne suis pas… Comme toi. » avait argué Avalon. Elle était incapable de faire preuve de la même froideur que la nouvelle directrice de la Justice Magique, elle qui était au contraire un être solaire. Elle ne pouvait pas réfléchir avec le même recul, la même distance, et agir sans se soucier de blesser ses proches, tant que son acte servait une cause « plus grande. » Elle n’était pas comme ça. Avalon était loyale, fidèle – deux qualités qui lui avaient fallu sa place chez les Poufsouffle, sans aucun doute – le genre à accorder rarement sa confiance aux autres mais, lorsque c’était le cas, à le faire de manière immuable. Rien ne lui importait plus que ses proches, parce que ces quelques liens privilégiés qu’elle entretenaient valaient tout l’or du monde à ses yeux. Alors non, elle n’était pas Danielle Coleman, loin de là. Avalon avait très à cœur de remplir sa mission au ministère, de mener la milice du mieux qu’elle le pouvait et aussi longtemps qu’elle s’en sentirait capable. Mais hors de question que cet engagement auprès du gouvernement trahisse qui elle était vraiment.

Oh, qu’on ne se méprenne pas, Avalon Davies n’était pas un ange ; elle était de toute façon milicienne depuis bien trop longtemps pour pouvoir l’être. Elle avait été élevée dans la rue, à la dure, et cela avait forgé son caractère qui était loin d’être celui d’une douce jeune femme. Elle pouvait se montrer particulièrement déterminée pour obtenir ce qu’elle voulait – et notamment dans le milieu professionnel, lors des interrogatoires qu’elle menait. Elle avait déjà assisté et participé à des interventions musclées. Elle s’était déjà battue ; elle avait déjà tué, plusieurs fois, mais jamais de sang-froid. Avalon n’avait rien d’un ange, mais ne démordait pas pour autant de ces principes qui faisaient sa personnalité.

« Evidemment. » répondit-elle avec un sourire doux en glissant sa main dans celle de Roy comme pour sceller ce nouvel accord, ce nouveau partenariat.

Le silence qui s’installa entre eux avait la saveur d’une paix retrouvée, débarrassée de questionnements et de doutes. Avalon se sentait apaisée, calmée, et cette sérénité se lisait autant sur son visage que dans son regard, qu’elle avait posé pensivement sur Roy lorsqu’il avait repris la parole. Il s’était attardé, malgré elle, sur le visage de son ami alors qu’elle réfléchissait à la question qu’il lui avait posée.

« J’ai l’impression de passer ma vie à ça. » avoua-t-elle sans détour en haussant les épaules. « Que veux-tu, quand tu as huit frères et sœurs, il faut bien s’y attendre. » Et surtout quand on était aussi protectrice que l’était Avalon envers les plus jeunes. « J’ai vendu de la drogue pour mes parents de mes treize jusqu’à mes dix-huit ans, j’ai couvert mes frères et sœurs un nombre incalculable de fois, je passe littéralement au moins une fois par mois au commissariat pour sortir l’un d’entre eux de garde-à-vue ou payer leur caution, j’ai failli être arrêtée pour éviter à ma sœur de l’être… » Elle eut un sourire dénué de joie et lâcha, ironique, le cœur meurtri : « Un samedi après-midi classique chez les Davies. »

Roy était au courant de la situation de sa famille – difficile de le lui cacher puisque cela faisait dix ans qu’ils se connaissaient et qu’Avalon avait fini par évoquer le sujet plus ou moins librement avec lui, mais jamais au point des révélations qu’elle venait de lui faire. Toni savait – il avait même déjà rencontré la totalité de sa fratrie et même ses parents, brièvement, un jour. Auprès des autres, auprès de Roy, si Avalon avait depuis longtemps expliqué venir d’une famille particulièrement pauvre qui survivait à peine avec le trafic d’une drogue de mauvaise qualité, elle ne s’était jamais attardée plus longtemps sur les détails sordides de son enfance ainsi que sur l’ampleur des liens tumultueux qui l’unissaient à sa fratrie.

« Parfois, je me demande pourquoi je continue à faire ça et en même temps, qu’est-ce que je peux faire d’autre ? C’est comme ça, c’est tout. » conclut-elle en haussant les épaules. C’était lié à cette culpabilité tenace qu’elle ressentait à l’idée de les avoir abandonnés, tous, à cette vie de misère, quand elle célébrait ses vingt-neuf ans dans une villa magnifique. « Et toi ? » demanda-t-elle alors en posant un regard curieux sur Roy avant d’avancer une théorie qu’elle venait de formuler intérieurement : « J’ai l’impression que tu les protégerais aussi envers et contre tout. »



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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 21:20
Quoiqu’il se passe de difficile, voire de dramatique dans sa vie, Avalon Davies gardait le sourire et la tête haute. C’était une qualité qu’il avait déjà vue chez elle, qui lui sautait aux yeux à cet instant et qui s’accentua encore plus quand elle se mit à lui faire quelques confidences sur sa famille. Après plusieurs années d’amitié, Roy avait appris deux ou trois choses personnelles à son sujet, comme le fait qu’elle avait vécu dans la pauvreté, consommé de la drogue dans sa jeunesse, qu’elle en avait vendu pour ses parents et que c’était sa rencontre avec Fergus qui l’avait tirée de cette situation sordide. Il savait que ses frères et soeurs -qu’il n’avait jamais rencontrés, à l’exception de son jumeau Galaad- faisaient toujours partie de ce commerce familial précaire. En revanche il ignorait qu’elle s’était démenée pour les sortir de régulières mauvaises passes. Et surtout, il ignorait qu’elle avait été jusqu’à se mettre en danger pour sauver sa soeur d’un emprisonnement. Ces aveux lui firent hausser les sourcils de surprise, car personne ne pouvait deviner en voyant Avalon au quotidien qu’elle se faisait autant de souci pour ses frères et soeurs et qu’elle passait la moitié de son temps à les sortir du pétrin. Roy imaginait sans mal à quel point cela pouvait être lourd : lui-même se sentait beaucoup responsable de ses propres frères et soeurs, mais il n’en avait que trois, et surtout aucun d’entre eux ne se fourrait dans le genre de problèmes sordides auxquels se confrontaient les Davies. C’était plutôt lui, l’imprudent de la famille.

Il y avait de quoi se sentir épuisé, comme Avalon le laissa entendre, en s’interrogeant sur ce qui la poussait à continuer de les protéger. « C’est comme ça, c’est tout ». Roy n’aurait pas pu dire mieux. Peu importe ce qu’ils faisaient, ce qu’elle pensait de leurs activités, ce qu’elle aurait voulu pour eux, s’ils avaient besoin d’aide, elle accourait. Roy ne pensait pas différemment d’elle pour sa propre famille.

« C’est parce que ce sont tes frères et soeurs, commenta t-il, simplement. Cadets, qui plus est. »

Ce qui ajoutait à ses responsabilités, de son point de vue. Probablement que s’il n’avait pas été l’aîné de sa fratrie, Roy se serait positionné un peu différemment à l’égard de Jason, Irina, Irina. Quel frère aurait-il été s’il avait été le plus jeune plutôt que le plus âgé ? Sans doute un frère plus ouvert, plus enclin à se reposer sur les membres de sa fratrie, à se laisser pointer un autre chemin de vie, lui souffla une voix intérieure. Avalon fit alors écho à ses pensées en lui retournant la question. Son premier réflexe fut de faire une blague, comme à chaque fois qu’on lui posait une question sérieuse :

« Oups… Je crois que je me suis grillé avec Irina. »

C’était peu dire. Avalon avait bien mesuré l’ampleur du souci qu’il se faisait pour sa soeur en voyant vers quelles extrémités cela l’avait conduit. Cet exemple suffisait à illustrer l’importance qu’il mettait dans le fait de protéger ses proches. A son tour, il posa son regard contemplatif sur Avalon, pensif.

« Oui… Ils ne se mettent pas dans le pétrin comme tes frères et soeurs, alors je ne les protège pas de grand-chose en vérité -à l’exception plus récente d’Irina qui s’était lancée elle aussi dans quelques activités clandestines. Il détourna les yeux, tandis qu’un aveu qu’il faisait très peu à haute voix lui échappait. « Surtout de moi, je suppose. De mes activités. »

Plusieurs choses avaient poussé Roy à s’éloigner peu à peu de sa famille, et parmi elles, ce qu’il avait constaté du milieu mafieux dans lequel il évoluait. Il avait rapidement conclu que pour ne pas donner trop de leviers de pression à ses ennemis, il valait mieux qu’il reste le plus discret possible sur ses proches, surtout ceux qui n’étaient pas impliqués et ne sauraient pas répliquer de la même manière. Ses frères de coeur, Toni, Fergus, Jayce, ils savaient tous pourquoi ils étaient là, ce qu’ils recherchaient dans cette vie illégale, ce qu’ils y risquaient, ils avaient fait ce choix en connaissance de cause et se protégeaient les uns les autres. Ses frères et soeurs de sang, eux, étaient à mille lieux des codes particuliers de ce monde et au fond, c’était bien mieux pour eux, pour leur sécurité, pour qu’ils ne se mettent pas en danger en voulant l’aider ou en ayant simplement le malheur de porter le même nom que lui.

« Mon père voulait que je fasse des grandes études et j’ai essayé » révéla t-il, sûrement une chose qu’il n’avait jamais dite à Avalon. « Mais c’était clairement pas pour moi. Je me suis barré assez vite du domicile familial, dès que j’ai pu, en fait, j’ai commencé à enchaîner des taf pourris puis j’ai retrouvé Jayce, ici à Bristol. La suite, tu la connais… Ma famille n’a jamais compris, ni approuvé ce que je faisais de ma vie, expliqua t-il du but en blanc, sans donner de détails inutiles. Et je cherche pas non plus à leur expliquer. C’est mieux qu’ils n’en sachent pas trop. »

Il ne savait pas trop si Avalon pourrait comprendre ce raisonnement, elle qui n’avait, a priori, pas eu à cacher des pans entiers de sa vie à sa famille qui baignait déjà dans des milieux crasseux. Les Calder eux, étaient des gens respectables, à l’exception du fils aîné, le petit mouton noir qui avait du supporter la déception et le rejet dans le regard de son père et qui n’avait pas non plus fait grand-chose pour tenter d’améliorer la situation. Plus les années passaient, plus Roy s’engouffrait davantage dans ses activités mafieuses et plus ses liens avec ses proches se distendaient. Quand il y pensait, il en éprouvait un certain regret, parfois. Pas sur ses choix, mais sur les conséquences qu'ils avaient eu. Il aurait aimé que ses relations avec Irina ne se résument pas à lui veillant sur ce qu’elle faisait, ou celles avec Adrian à lui l’invitant de temps en temps à prendre un verre pour prendre de ses nouvelles et se faire pardonner de pas en avoir donné de son côté. Quant à sa relation avec Jason, eh bien, elle était inexistante.

Curieux de savoir ce qu’Avalon vivait de son côté, dans sa situation difficile, il rebondit :

« Tu es proche de tes frères et soeurs ? Je veux dire… A part pour les tirer de taule quand ils font des conneries. »


Roy Calder

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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 12 Aoû 2020 - 11:59
« C’est ça. » approuva Avalon lorsque Roy résuma d’une façon toute simple et pourtant terriblement vraie, les raisons qui la poussaient à agir de la sorte avec ses frères et ses sœurs.

Elle se sentait responsable d’eux, en un sens, et ce sentiment était d’autant plus accru que leurs parents, eux, n’étaient que très vaguement intéressés par l’éducation de leurs propres enfants. Avalon nourrissait parfois des très violents accès de colère contre Edith et Dwight Davies, qui n’avaient jamais rien fait pour rendre la vie de leur famille plus douce, plus agréable, plus sûre. Un jour, Avalon s’était violemment opposée à son père sur ce sujet, alors qu’elle avait déjà quitté leur domicile depuis quelques années. C’était un soir de juillet, et il faisait très chaud. Elle avait passé la journée avec sa fratrie pour l’anniversaire de Viviane, la petite dernière, et tout lui avait paru si normal pendant quelques brèves secondes, qu’elle en était restée interdite, comme abasourdie par cette image de famille qu’ils renvoyaient. Puis, à table, une dispute avait éclaté entre son père et son frère aîné, Néro, sur une sombre histoire d’argent et de revente. Il y avait eu beaucoup de cris, de protestations, d’insultes aussi et Avalon avait aperçu dans le regard de sa toute petite-sœur un éclair de déception, de désespoir, qui l’avait amené à se lever brusquement. « Putain, mais vous pouvez pas vous la fermez deux minutes ? » s’était-elle écriée. Son père l’avait considéré un instant, l’air noir. « Qu’est-ce que tu veux, toi ? » Elle ne savait pas si c’était ces mots, ou la façon dont ils les avaient prononcés, mais Avalon avait brutalement déversé sur son père toute la colère qu’elle ressentait depuis des années. Elle leur avait reproché, à tous – autant qu’ils étaient d’adultes dans cette pièce – d’encourager des pratiques toxiques pour les plus jeunes, de les inciter à les imiter. « Oh, voilà que miss-parfaite vient nous faire la leçon, ça faisait longtemps. » avait grogné Néro. « Ta gueule. » avait répondu Avalon avec un regard noir. Dwight ne s’était pas laissé faire. Il avait répondu avec virulence qu’elle ne pouvait pas se permettre de leur parler ainsi, elle qui avait tourné le dos à sa famille en les laissant gentiment périr dans la misère. « Qu’est-ce que tu vas faire, hein ? L’amener avec toi dans ton monde de fou ? » s’était moqué son père en désignant une Viviane blême et terrifiée de son menton. « Peut-être bien. » avait rétorqué Avalon en fronçant les sourcils. « Faudrait que tu deviennes sa tutrice, pour ça. » était intervenue sa mère, « donc faudrait que tu apportes des preuves contre nous… Et que les flics enquêtent sur nous. C’est ça que tu veux ? »

Alors, comme ce n’était pas ce qu’elle voulait, Avalon n’avait rien fait, n’avait rien dit, et s’était laissée tomber sur sa chaise après un dernier regard noir. Ce manque de considération – témoigné de façon brutale dans ces propos, mais décelé depuis des années dans les gestes maigres, les paroles pauvres et l’intérêt moindre de ses parents – la faisait se sentir encore plus responsable de ses frères et de ses sœurs. Avalon était celle vers qui on se tournait parce qu’elle devenue la personne référente de sa fratrie, celle à qui on envoyait un message au moindre problème plus ou moins urgent. « Tu pourrais me dépanner de 80 euros ? » « C’est quoi déjà le dossier qu’on peut remplir pour les allocations familiales ? » « Tu peux me rappeler, j’ai un problème. » « Tu peux garder Elio ce soir ? » « Je viens de me faire virer… » « Je suis devant chez toi, t’es là ? » Elle ne comptait même plus les demandes, les requêtes et les questions qu’elle recevait toutes les semaines… et auxquelles elle répondait, toujours. Parce que, comme Roy venait de le résumer, ils étaient ses frères et sœurs, qu’ils étaient plus jeunes, et qu’elle se sentait poussée par un besoin impérieux de leur porter assistance.

Ce fut cette pensée qui la poussa à questionner Roy sur ses propres rapports avec sa fratrie, curieuse de savoir si ce sentiment qu’elle avait trouvait écho chez lui. Sa plaisanterie lui tira un sourire en coin, mais elle garda le silence, soutenant le regard pensif de son ami, qui se décida finalement à prendre la parole. Cette confidence, accueillie dans le calme apaisant de la nuit, surprit Avalon, qui n’était pas habituée à entendre Roy parler de sa famille sans détour comme il était en train de le faire. Elle médita quelques instants ses paroles, prenant conscience du poids qui devait peser sur les épaules du mafieux. Elle connaissait suffisamment le milieu dans lequel il évoluait pour savoir que des attaques visaient souvent les membres pourtant innocents de la famille d’un chef de gang. C’était un moyen de pression évident, servit sur un plateau d’argent, qui était utilisé depuis des siècles pour déstabiliser les hommes.

Alors, comme le disait Roy, c’était mieux qu’ils « n’en sachent pas trop. » Cette phrase pourtant innocente au premier abord, révélait surtout un éloignement entre le mafieux et sa famille, qui avait l’air d’être mutuel. Ses proches n’acceptaient pas la vie qu’il avait décidé de mener ; et, de ce qu’Avalon décelait de ses paroles, ses parents étaient déçus de leurs fils aînés pour qui ils avaient semblé nourrir de grands espoirs. Et Roy, loin de pouvoir renouer parfaitement à eux, acceptait cette distance pour les protéger de certaines menaces inhérentes à sa position.

« Tu les protèges. » commenta finalement Avalon dans un souffle. « Même s’ils ne s’en rendent pas compte. » Et, à vrai dire, ils ne devaient sûrement pas s’en rendre compte.

Elle avait bien vu comment Roy avait réagi lorsqu’il avait appris que sa sœur avait fait l’objet d’un rapport qui était arrivé à la milice et était tombé dans ses mains. Elle avait senti qu’il était devenu fou d’inquiétude, et que c’était cette inquiétude qui s’était transformée en colère à l’encontre de la personne qui avait mis sa sœur en danger. Elle comprenait, maintenant, à quel point sa position devait être difficile à tenir, que les responsabilités qu’il ressentait envers ses frères et sa sœur allaient terriblement à l’encontre des activités dangereuses qu’il menait tous les jours pour gagner sa vie. Elle ne savait pas si, derrière ce masque de force posé sur son visage, se cachait un fils, un frère, qui ressentait une immense tristesse à l’idée de voir ses liens familiaux se distendre de la sorte. Curieusement, Avalon avait l’impression que oui.

Elle ne put cependant s’étendre plus longtemps sur cette pensée, car Roy la questionna une nouvelle fois sur ses rapports avec sa famille. Avalon ne put empêcher ses lèvres de se tordre en une grimace alors qu’elle répondait, comme elle en avait l’habitude lorsqu’on évoquait ce sujet : « C’est compliqué. »

La jeune femme poussa un profond soupir et posa sur Roy un regard aussi pensif que las.

« Je crois qu’on ne nous a pas vraiment laissé le choix de ne pas être proches, ou de l’être vraiment. Quand tu grandis dans une famille de neuf enfants et dans un appartement qui peut en accueillir à peine la moitié, tu es constamment avec tes frères et sœurs, alors, forcément, ça créé des liens. Mais pas que des liens positifs. » Pour occuper ses mains, Avalon fit tourner doucement sa bouteille de bière sur elle-même. « On était très dépendants des uns et des autres. Et puis, il y avait toujours cette fascination un peu toxique pour les plus grands, des rapports à la fois conflictuels et jaloux. » Elle ne s’attarda pas très longtemps sur cette pensée, parce que cela la renvoyait à cette soirée où, quelques semaines plus tôt, elle s’était violemment opposée à Néro. « Et aujourd’hui… Je crois que beaucoup m’en veulent d’être partie, de les avoir laissés. » Et elle s’en voulait tout autant. « Et c’est sûrement pour ça que je me sens encore autant responsable d’eux. » Une seconde de silence passa. « Je dirais que je les aime tous. Après, de là à dire qu’on est proches… Des plus jeunes, oui, sûrement. » Parce qu’Avalon s’était toujours positionnée plus comme une figure maternelle qu’autre chose pour eux et que cela avait renforcé leurs liens. « Mais entre aînés… Mis à part mon jumeau, on a tous des relations plus ou moins conflictuelles. »

Elle avait des liens privilégiés avec Galaad, évidemment, et il était sûrement celui avec qui elle avait les relations les plus apaisées – ce qui ne les empêchait pas d’être régulièrement en conflit.

« C’est compliqué. » répéta-t-elle alors en calant sa tête contre le bord du canapé pour fixer son regard sur les étoiles qui brillaient dans le ciel. « Et très paradoxal. Je serais capable de faire n’importe quoi pour eux, et, pourtant, je ne suis pas certaine qu’on se connaisse vraiment. »

Un léger silence suivit cette déclaration avant qu’elle ne tourne doucement la tête vers Roy, constatant une nouvelle fois leur proximité ; sa tête, posée contre l’accoudoir, frôlait son épaule. Mais elle se sentait bien, cette conversation l’apaisait d’une étrange manière, alors elle ne bougea pas.

« Tu ne regrettes pas, parfois ? » demanda-t-elle alors, avant d’expliciter sa pensée : « Que ta famille de cœur soit celle qui t’empêche, d’une certaine manière, d’être proche de ta famille de sang ? »



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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 12 Aoû 2020 - 20:07
« Tu les protèges. Même s’ils ne s’en rendent pas compte. »

La plupart du temps, c’était effectivement ce que Roy se disait, ce qui lui permettait de tenir ses positions, d’ailleurs. Puis rarement, dans ses instants de faiblesse et de doute, il se demandait s’il n’y avait pas autre chose. S’il n’était pas simplement en train de chercher des excuses au fait qu’il s’éloignait de sa famille pour ne pas avoir à affronter la déception qu’il créait chez eux et ne pas avoir à renoncer à une vie qui lui plaisait. Puis cette pensée quittait son esprit et il revenait à ses bonnes positions de base, car de là à se remettre en question au point d’agir, il y avait tout un processus d’humilité que Roy n’avait pas l’habitude d’accomplir.

Ses pensées se redirigèrent sur Avalon, qui se lança dans quelques révélations, portée par l’atmosphère de confidences tranquilles qui s’installait entre eux. Il l’écouta lui peindre le tableau de sa fratrie coincée dans une pauvreté qui les forçait à se serrer les coudes, aussi bien littéralement que métaphoriquement. Elle évoqua la jalousie de ses cadets et il se demanda un instant à quel point elle l’avait subie, elle, seule sorcière de sa famille, qui avait pu s’échapper de cette vie pour devenir une employée haut placée du Ministère de la Magie. Si les Davies vivaient toujours dans la même misère crasse que décrivait Avalon, Roy n’avait aucune difficulté à imaginer l’envie, et peut-être même la rancoeur, que cela pouvait susciter chez ses frères et soeurs. Au même moment où cette pensée s’esquissait dans son esprit, Avalon la confirma, en déclarant qu’ils lui en voulaient d’être partie. L’aveu suivant qu’elle fit, qui l’exposa beaucoup plus personnellement, toucha un peu Roy. En disant qu’elle se sentait responsable, il comprenait qu'elle nourrissait une grande culpabilité. Il ne pensait pas l’avoir déjà vue lui révéler ce genre de vulnérabilité, aussi l’écoutait t-il avec ce sentiment assez troublant de bénéficier d’une nouvelle confiance de sa part.  

Il se surprit également à trouver un certain écho dans les liens qui la nouaient à ses frères et soeurs et ceux qu’il entretenait de son côté avec les siens : cette étrange dichotomie entre le fait qu’il serait prêt à tout pour les tirer de n’importe quelle situation difficile et qu’il ne les connaissait pas tant que ça. Cette réalité s’appliquait surtout à Jason. Roy ne savait pas grand-chose de l’homme qu’il était, au fond. Il serait bien incapable de dire ce qui lui ferait plaisir pour son anniversaire, qui étaient ses amis, quel était son plat préféré, bref, toutes ces petites choses qu’Adrian savait, probablement. Il n’était pas proche de lui, c’était certain. En même temps, leur lien de sang était indéniable et Roy avait le sens de la loyauté familiale, c’était peut-être le seul principe d’éducation qu’il avait retenu de son père, même s’il l’appliquait d’une manière qu’il lui était personnelle. Il n’était pas présent au quotidien mais il n’abandonnerait jamais aucun de ses frères et soeurs en situation de crise et il pouvait risquer sa vie pour la leur.

« Je vois ce que tu veux dire, avoua t-il, à Avalon. C’est pas si paradoxal… C’est juste de la loyauté. Tu te sens engagée auprès d’eux, ça pourra jamais changer, conflit ou pas.»

Ce n’était pas seulement la culpabilité qui poussait Avalon à prendre soin de sa fratrie, Roy en était persuadé. Dans une autre configuration, elle se serait sentie tout autant responsable d’eux, il la connaissait maintenant assez pour faire ce pari. Il voyait comme elle agissait avec Toni, avec Fergus, sa famille de coeur. A nouveau, ses pensées et les paroles d’Avalon se firent écho et Roy tourna un regard un peu déstabilisé sur elle.

« Hum… »

La question méritait réflexion. Alors il se laissa quelques minutes de silence, sans trop savoir si c’était ses pensées qui se perdaient dans son esprit ou si c’était son regard sur le visage d’Avalon, étonnement proche de lui à cet instant. Leurs bras se frôlaient légèrement, mais Roy ne sentait pas seulement de la proximité physique avec elle. Il y avait réellement une proximité d’un autre ordre qui se nouait entre eux, un autre niveau de confiance qui le poussa à faire quelques aveux à son tour :

« Tu me poses une colle, là, j’ai jamais réfléchi à ça… J’ai pas de regrets sur le fait d’avoir trouvé cette famille de coeur » dit-il, c’était sans doute la seule chose dont il était certain et Avalon pouvait tout à fait comprendre pourquoi, en voyant les liens uniques et indissolubles qui les unissaient tous. « Je ne sais pas, globalement j’essaye de ne pas penser à ce genre de trucs, parce que les regrets, ça te retient en arrière. Moi, j’ai besoin d’avancer quoiqu’il arrive… Si j’ai fait des mauvais choix, bah c’est comme ça, j’avance quand même. »

Cette résolution lui permettait d’encaisser les coups durs et ne pas se laisser paralyser par des remises en question qui l’empêchaient d’agir. Roy avait toujours été un homme d’instinct, motivé par ses passions, il n’était pas vraiment le genre à faire une rétrospective de sa vie pour l’analyser. Malgré tout, il y avait tout de même deux ou trois choses qu’il s’admettait et à cet instant, il voulut bien s’en ouvrir à Avalon, comme elle s’était ouverte à lui :

« Je pense que mes liens avec ma famille sont juste différents et… plus compliqués. C’est pas tellement mes amitiés avec vous qui m’empêchent d’en être proche, c’est juste… Ce que je suis. Et le fait que je ne veuille pas changer. »

Le problème était tristement simple, au fond, il avait cumulé les déceptions et les reproches, jusqu’à en avoir assez et prendre ses distances pour suivre la voie qui l’appelait. Chacun restant buté sur ses positions, il s’était éloigné, dans une moindre mesure avec ceux qui jouaient à peu près la Suisse, comme Adrian et Irina. En revanche, il avait une conversation avec son père et Jason environ quatre fois dans l’année à tout casser, dans les rassemblements familiaux où il daignait pointer le bout de son nez, et c’était une conversation qui n’avait aucun vrai fond pour ne pas risquer de toucher des sujets sensibles qui allaient les faire partir dans des grands tours. Victor Calder démarrait très vite sur le sujet de combien les études, c’était important et de combien il avait tout fait pour éduquer ses enfants dans la droiture et le respect de la famille, quant à Roy démarrait tout aussi vite pour lui rappeler qu’il était temps de changer de disque. Dans cette configuration, mieux valait parler d’un sujet à peu près neutre, comme la météo.

Chassant de son esprit ces pensées peu réjouissantes, Roy voulut retrouver un peu plus de légèreté dans sa conversation sensible avec Avalon. Parce qu’ils étaient proches, Roy n’eut qu’à donner une légère impulsion de son épaule pour la secouer, taquin.

« Et toi, Av’ ? Tu regrettes pas d’avoir pris le chemin de la loi, plutôt que celui de tes mafieux de coeur ? » demanda t-il, avec une pointe de provocation dans le regard.


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 13 Aoû 2020 - 19:36
De la loyauté. Roy avait raison, c’était ce sentiment, bien plus fort que tout ce qui pouvait l’opposer à ses frères et sœurs, qui la poussait à toujours revenir vers eux, prête à leur tendre une main secourable. C’était aussi pour ça qu’elle n’avait jamais pu se résoudre à couper les ponts avec sa famille, quand bien même elle était persuadée que ce milieu était hautement nocif pour elle, qu’il était même à l’origine de la plupart de ses plus profonds traumatismes. Malgré le chemin immense qu’elle avait l’impression d’avoir parcouru depuis ce jour où sa route avait croisé celle de Fergus, malgré les échelons gravis et la reconnaissait que lui offrait son nouveau statut, elle se sentait encore, parfois, comme cette enfant des rues, sauvage et impertinente, qui craignait de ne pas manger à sa faim le soir.

Oui, Avalon restait loyale à sa famille, de la même façon qu’elle restait loyale à ses principes, à ces valeurs qui faisaient qu’elle était elle. Comment aurait-elle pu se regarder dans une glace, si elle avait un jour décidé de quitter définitivement sa famille ? Comment vivre avec l’angoisse de ne pas savoir s’ils avaient encore un toit au-dessus de leur tête, de quoi se nourrir, de quoi se vêtir ? Elle ne pouvait pas s’y résoudre et probablement ne le pourrait-elle jamais. Alors elle continuerait à accourir à moindre problème, à prêter de l’argent, à se positionner pour les sortir de leurs mauvais pas, quand bien même leurs relations étaient loin d’être au beau fixe. Quand elle en avait l’occasion, elle essayait de les raisonner – chose qui n’avait absolument pas fonctionné la dernière fois avec Néro – parce qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir espérer, de tout son cœur, les voir rejoindre un chemin moins dangereux, plus légal, plus épanouissant pour ses jeunes frères et ses jeunes sœurs. C’était un espoir vain, pourtant, qu’elle n’imaginait pas une seule seconde voir se concrétiser. Alors, Avalon se contentait d’être là pour eux, quand elle le pouvait, et selon les moyens qu’elle disposait, sans qu’ils ne partagent pour autant une véritable relation.

Ils étaient trop différents et sûrement trop abimés, tous, pour créer des liens sains, forts, à l’instar de ceux qui la liaient à Toni. Elle l’avait déjà exprimé à son meilleur ami, plusieurs fois : il était bien plus un frère pour lui que ne l’avait jamais été Néro, par exemple. Il était sa famille. Sa famille de cœur, peut-être, mais celle qu’elle avait choisi pour accompagner sa vie – sa nouvelle vie. Ce fut cette pensée qui la poussa à questionner Roy sur de potentiels regrets qu’il pouvait avoir sur sa situation, tout en ayant bien conscience qu’il s’agissait d’un sujet difficile à évoquer.

Aussi, elle resta silencieuse et respecta ce temps de silence qu’il avait choisi de prendre avant de lui apporter sa réponse. Réponse dans laquelle elle se retrouvait étrangement et, brusquement, les similitudes entre leurs discours se révélèrent à ses yeux, alors qu’elle prenait conscience, légèrement troublée, de tous ces détails intimes de la personnalité de son ami de longue date. Si Roy disait ne pas avoir de regrets d’avoir trouvé cette nouvelle famille – ce qu’elle comprenait sincèrement – il soulignait surtout l’importance d’avancer, quoiqu’il arrive, sans se laisser retenir par le passé et par les regrets. Elle avait fait de ce principe son mantra depuis de nombreuses années maintenant, parce qu’elle était portée par cette même volonté de fer qu’elle décelait chez son ami. Elle s’était relevée de nombreuses épreuves, qu’elle avait pourtant cru insurmontables sur le moment. Ce qui ne te tue pas te rend plus forte, lui avait dit Toni quelques semaines plus tôt, lorsqu’elle lui avait confié un élément particulièrement dévastateur de son passé. Elle était en effet ressortie plus forte, plus assurée, prête à affronter la vie avec une détermination et une persévérance rare. Roy avait parfaitement raison sur ce point ; rien ne pourrait jamais modifier le passé, alors il ne servait à rien de s’attarder dessus. Il fallait agir en conséquence, ou oublier.

La révélation qui lui fit par la suite, cependant, étonna la jeune femme, qui ne reprit pas la parole immédiatement, comme pour ne pas se laisser le temps d’assimiler ses propos. Elle y décelait une certaine remise en question de sa vie, de son environnement et de ses activités. Pas au point de les changer, d’abandonner le milieu illégal, de revenir à une vie bien rangée dans laquelle elle ne l’imaginait pas une seule seconde, mais tout de même au point de réaliser qu’il s’agissait probablement des racines d »e cet éloignement. Cette lucidité, ce recul sur une situation assez inextricable, au final, lui attira un sourire tranquille mais très sincère d’Avalon. Elle avait l’impression que ce moment hors du temps, en plein milieu de la nuit, contribuait à les rapprocher doucement, pas tant leurs corps que leurs âmes.

« Je suis désolée qu’ils ne parviennent pas à accepter ce que tu fais. » commenta alors tout simplement Avalon, avec un regard sincère qui se passait de plus de mots.

Elle retourna à sa contemplation des étoiles, ne tournant la tête que lorsqu’elle Roy l’appela à nouveau. Sa question moqueuse, lui arracha un rire, tout autant que le coup d’épaule qui lui donna par la suite.

« J’ai toujours choisi le chemin de mes mafieux de cœur. » répondit-elle avec un sourire en coin. « Il fallait bien quelqu’un reste au ministère et répare vos conneries. » Avalon hausa les sourcils, comme pour défier Roy de dire autre chose.

Le silence retomba entre eux, toujours aussi apaisant et calme. Avalon sentait la présence de Roy à ses côtés, et, cette douce proximité n’était pas pour lui déplaire non plus. Un peu pour sceller cette conversation à cœur ouvert, que parce qu’elle avait étrangement besoin d’un véritable contact physique, Avalon fit simplement glisser sa tête jusqu’à l’épaule de Roy, contre laquelle elle s’appuya. Elle avait déjà eu ce même geste avec Toni et il paraissait parfaitement innocent, mais Avalon sentait bien que, cette-fois, cette étreinte avait une saveur différente, sur laquelle elle préféra ne pas s’attarder trop longtemps, profitant simplement du moment présent et de cette chaleur qu’elle commençait à sentir se répandre doucement dans son corps.

« Je n’aurais jamais pu rejoindre les Veilleurs à proprement parler. » conclut-elle avec un léger sourire, un peu amusé. « J’aurais dû travailler sous tes ordres… Quelle angoisse. » souffla-t-elle dans un petit rire, en levant son regard vers Roy.


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 13 Aoû 2020 - 21:36
Roy apprécia vraiment la réponse d’Avalon, simple, qui respectait un certain tact vis à vis des confidences qu’il lui faisait. Depuis le début, ils s’écoutaient plus qu’ils ne réagissaient à ce que disait l’autre. Certains auraient peut-être posé des questions, cherché à creuser davantage, ou même à donner leur avis et leurs conseils. Pas eux. Ils adoptaient la même pudeur qui les empêchaient d’aller au-delà de la limite tracée par leurs paroles. Ils ne répondaient pas à des questions qui ne leur étaient pas posées. Ils ne se montraient pas curieux sans y avoir été invités. Ils étaient tous les deux conscients du risque qu’ils prenaient en se dévoilant, celui de faire confiance à l’autre, alors ils accueillaient cette marque de confiance avec la discrétion qui seyait à cette situation exceptionnelle. Ils se comprenaient, tout simplement. Ils savaient que ce n’était pas des conseils qu’ils venaient chercher en se parlant. Ils faisaient simplement connaissance, d’une toute nouvelle manière, plus intime, et cela ne requérait qu’une seule chose de leur part : de l’écoute.

Malgré le caractère sérieux et nouveau de cette conversation, ils ne s’empêchaient pas de plaisanter comme ils en avaient l’habitude. Avalon ne tarda pas à lui renvoyer la balle, ce qui tira un sourire triomphant à Roy :

« Je le savais. T’es une Veilleure au fond de ton coeur. »

Il n’avait jamais douté de cette loyauté qu’elle leur accordait. Toutefois, il appréciait un tout nouveau relief de cette qualité chez elle, à la lumière des révélations qu’elle lui avait faites au sujet de sa famille. Cette discussion, et plus globalement cette soirée, avait mis en lumière de nombreux points communs entre eux. Ils avaient la même manière franche et directe de gérer leurs conflits, le même caractère entier. Aînés de leurs familles respectives, ils se sentaient tous les deux investis de cette mission de protéger leurs cadets coûte que coûte, quelles que soient les mésententes qui les séparaient. Ils avançaient dans la voie qu’ils avaient choisie avec la même détermination et la même énergie. Ils ne se révélaient pas beaucoup avec des mots mais quand ils le faisaient, ils allaient droit au but, livraient l’essentiel, sans se perdre dans des tergiversations ou des remarques inutiles. Par de nombreux aspects, ils étaient similaires tous les deux et Roy n’en avait jamais pris conscience aussi pleinement que ce soir.

Assez naturellement, cette proximité qui se manifestait entre eux finit par se traduire de manière physique. Le geste tout simple d’Avalon, ce contact anodin de sa tête contre son épaule, révéla une ambiguité dont ils avaient déjà conscience tous les deux. Elle n’avait toutefois jamais été aussi vivace que jusqu’à ce soir, lorsque leurs regards se croisèrent et que Roy sentit un frisson lui parcourir le dos, en remarquant le sourire qui étirait les lèvres d’Avalon.

La dernière fois qu’ils avaient été aussi proches, ils étaient à l’extérieur aussi, sur une autre terrasse, avec le vent qui emmêlait leurs cheveux et leurs souffles tous proches de s’unir. Cette scène sembla se rejouer, avec une teinte et une motivation légèrement différentes, que Roy ne parvenait pas encore à qualifier. De la même manière, il se pencha doucement vers elle, à nouveau, mais cette fois, son souffle parvint à rejoindre celui d’Avalon, il ferma les yeux au délicieux contact de leurs lèvres, brûlantes et douces, curieuses de se découvrir

Cette image, terriblement tentante, se rompit aussi vite dans son esprit qu’elle ne s’y était formée. Ce baiser n’était qu’un rêve, un rêve dangereux. Il n’en fit donc rien, détourna le regard, un sourire se rattrapa sur son visage, il sauva la situation d’une plaisanterie :

« Mais qui te dit que moi j’aurais voulu travailler avec toi ? Moi je me méfie des lieutenantes qui deviennent commandantes à même pas trente ans, elles sont fourbes. »

Aussi fourbe que cette envie de proximité avec Avalon qui grandissait malgré lui et qui l’empêcha de rompre totalement le contact avec elle. Un simple câlin, c’était ok. Ce n’était pas le premier entre eux, il pouvait gérer un câlin. Il s’était simplement égaré dans ses pensées et cela ne se reproduirait plus.


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeDim 16 Aoû 2020 - 14:38
« Evidemment. » répondit simplement Avalon au sourire triomphant de Roy.

Elle ne l’était ni par conviction, ni par appât du gain engendré par les activités du gang, mais parce que ses plus proches amis l’étaient. Elle se sentait profondément liée aux Veilleurs par les liens qu’elle entretenait elle-même avec plusieurs membres du groupe depuis des années maintenant. Toni, Fergus, Roy et Jayce formaient à ses yeux le noyau d’un groupe qui s’était par la suite étendu, en même temps que la mafia bristolienne avait pris de l’ampleur. Si Avalon entretenait des relations cordiales avec l’ensemble du gang – bien qu’elle se doutait que le jeune Declan Doherty ne devait pas la porter dans son cœur – sa véritable loyauté allait à ces quatre hommes qu’elle fréquentait depuis dix ans. C’était cette loyauté qui faisait d’elle une Veilleure, comme cela aurait fait d’elle n’importe quoi d’autre, si les Veilleurs n’avaient jamais existé.

Pour l’heure, Avalon se sentait particulièrement proche de ce gang… Et de leur chef. Ce sentiment ne tarda pas à se transformer en geste – car la jeune femme était bien incapable de poser un mot dessus – et elle appuya doucement sa tête contre l’épaule de Roy, dans une étreinte légère mais qui trahissait ce besoin qu’elle ressentait de se sentir physiquement proche de lui. C’était sûrement la première fois qu’ils avaient une conversation si ouverte tous les deux, sans se cacher derrière un humour mordant pour éviter de se dévoiler. Avalon avait l’étrange conviction que cette discussion était le moment le plus intime qu’ils avaient partagé, supérieur même à cette danse sensuelle à laquelle ils avaient pris part aux Folies Sorcières, quelques semaines plus tôt.

Alors elle s’était sentie poussée par l’envie – irraisonnable – de coupler cette proximité émotionnelle avec une proximité physique. D’apparence, ce petit geste était moindre, presque insignifiant, mais elle sentait qu’il voulait dire beaucoup plus. Elle ne s’attarda pas longtemps sur cette pensée car, au moment où elle taquinait son ami et qu’elle levait les yeux vers lui, son regard croisa le sien, et elle réalisa immédiatement à quel point elle était proche de ses lèvres. Une envie pressante de les sentir contre les siennes la saisit, et elle s’efforça de la repousser, de ne pas écouter les impulsions de son cœur à donner suite à cette étreinte parce que, par Merlin, elle s’était déjà suffisamment convaincue qu’il s’agissait d’une idée terriblement mauvaise, qui pourrait ruiner leur amitié. Ce lien avec Roy lui était précieux – et bien plus qu’elle ne voulait bien le faire croire – alors elle refusait de le perdre sous l’impulsion d’une attirance qu’elle ressentait pourtant depuis quelques temps maintenant.

C’était sûrement la première fois qu’Avalon était aussi raisonnable et s’empêchait de se fier à ses envies et à son instinct. Elle tourna le regard un peu après Roy, le laissant courir sur son visage juste quelques secondes supplémentaires. Un sourire étira ses lèvres alors que, le cœur battant plus rapidement dans sa poitrine, elle étouffait un rire.

« C’est un privilège de travailler avec moi. » répondit-elle alors avec insolence. « Toute mon équipe pourrait de te le dire avec plaisir. » Elle fit mine de réfléchir un instant et ajouta avec un sourire en coin. « Ou peut-être pour être certains d’avoir une augmentation, je ne sais pas encore. »

En réalité, Avalon avait toujours été plutôt appréciée de ses hommes, bien avant de devenir commandante. Elle avait le contact facile, ce qui avait largement facilité son rapport avec les autres.

La jeune femme resta immobile encore quelques instants, savourant ce contact simple dans le silence de la nuit. Il n’y avait plus aucun bruit, dans le salon de Fergus, désormais éclairé d’une unique lumière. Avalon avait perdu le fil du temps et ne pouvait donc pas estimer l’heure qu’il était précisément, mais il lui semblait que tous les convives étaient rentrés chez eux ou s’étaient écroulés dans l’un des lits de la villa. Ils étaient seuls, désormais, et elle ne put empêcher ses pensées de s’égarer en songeant au fait que, cette fois, personne ne viendrait les interrompre si elle se décidait enfin en combler la minuscule distance qui la séparait de Roy… Non. Non, c’était une mauvaise idée, et elle avait les pensées obscurcies par de curieuses sensations. Alors, Avalon se redressa lentement, jusqu’à pouvoir refaire face à son ami.

« On devrait peut-être rentrer. » lança-t-elle alors, bien que son regard trahissait son envie de rester avec lui.


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There's just so much you can take [Avalon & Roy] Icon_minitimeDim 16 Aoû 2020 - 15:21
Ce bref instant de quelques secondes où ils sentirent tous les deux une hésitation se suspendre entre eux, car ils se laissaient emporter par les mêmes pensées, fut un instant que Roy pressentait déjà qu’il allait le hanter dans les prochains jours. C’était trop tard. Il venait de graver cette sensation dans son coeur, quand bien même son esprit l’en avait éloigné. Il n’allait pas si vite oublier le souvenir de ces petites lucioles bleues dans ses yeux bruns, ce léger sourire suspendu sur ses lèvres, son odeur au creux de son cou qu’il était suffisamment proche pour percevoir.

Roy ne sut quel instinct le poussa à s’extraire de cette vision, probablement un instinct de préservation qui lui soufflait que c’était toujours une mauvaise idée, pour les mêmes raisons qu’il avait déjà établies. Pourtant, s’il avait géré avec une certaine tranquillité et assurance le premier pas en arrière qu’il avait fait après la soirée aux Folies Sorcières, cette fois, il se sentit plus hésitant, sans parvenir à savoir d’où venait cette sensation. Il établit assez vite qu’il valait mieux ne pas savoir et s’efforça de se recentrer sur leur conversation, amusé :

« C’est bien que tu sois aussi lucide sur les raisons pour lesquelles ton équipe t’apprécie. »

Il n’en pensait pas un mot, évidemment, car il imaginait sans mal la sympathie qu’elle pouvait inspirer à ses collègues, de la même manière qu’elle s’était très facilement intégrée dans leur cercle de mafieux. Après cette déclaration, le silence dura, sans leur peser, Roy ressentit même une pointe de déception à voir Avalon le briser en se redressant, après un temps indéfini. Il n’avait pas passé le bras autour d’elle, n’osant guère faire plus que la laisser s’appuyer contre lui, mais peut-être aurait-il dû, pour faire durer ce moment un peu plus longtemps… Il repoussa cette pensée aussi vite qu’elle était arrivée, pour s’empêcher de divaguer dans des rêveries qui n’allaient pas l’aider à retrouver ses esprits. Il se rendit compte à cet instant seulement que toute la maisonnée était plongée dans le silence, désormais. Le jour n’était pas encore levé mais cela n’allait sûrement pas tarder. Il hocha lentement la tête et fit le premier un mouvement pour quitter le canapé.

« Tu as raison. »

Il y avait plein d’autres choses qu’ils « devraient » faire également s’ils étaient vraiment raisonnables, pensa t-il sans le dire. Pourtant, Roy ne regrettait pas ce qui s’était passé ce soir. Il l’avait dit, ce n’était pas un homme de regrets. La question était plutôt de savoir comment cela allait les impacter et influencer sa relation avec Avalon dans les prochains jours.

FIN DU RP


Roy Calder

Walking on the sunny side

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