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Homeward bound [Elijah & Isobel]

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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeSam 13 Juin 2020 - 21:18
Homeward bound [Elijah & Isobel] Owen0210
Elijah Walker, historien, père d'Ignacio Walker et d'Isobel Lavespère.

4 mars 2011

Elijah Walker était un homme patient, calme. Un chercheur habitué aux longues investigations, parfois peu fructueuses, qui aimait la persévérance et l’application. Il n’était de ces hommes empressés, qui courraient d’une découverte à une autre sans prendre le temps de vraiment analyser la première. Il avait toujours appris à ses étudiants l’importance de savoir prendre son temps, de savoir faire de la patience un véritable atout, à mettre au service d’une productivité si recherchée mais qui ne pouvait pas fonctionner sans elle.

Ce n’était pas un principe évident à mettre en application, et Elijah mentirait s’il disait qu’il y arrivait parfaitement, ou qu’il en avait toujours été ainsi. Dans sa jeunesse, lui aussi s’était laissé tenté par la course effrénée de la recherche. Il fallait toujours chercher, trouver, publier sans relâche pour remplir le curriculum vitae le plus impressionnant possible et espérer ainsi décrocher un poste d’enseignant dans l’une des universités les plus prisées du pays. C’était le triste jeu auquel se pliait les jeunes universitaires, et auquel Elijah n’avait pas coupé : il fallait faire beaucoup, et il fallait faire vite. Et puis, un jour, assis à rédiger un énième papier sur une énième recherche qu’il n’avait pas eu le temps de mener jusqu’au bout, il avait été frappé par la vacuité de son métier. A quoi bon publier, si c’était pour écrire des propos qui ne le convainquaient qu’à moitié ? A quoi chercher à enseigner s’il n’avait rien à apprendre ? Cette prise de conscience avait été brutale, et Elijah s’en souvenait comme si elle avait eu lieu hier. C’était ce qui l’avait poussé à sortir de sa zone de confort et à quitter son pays pour plusieurs mois.

Sa première destination avait été l’Asie, où il était resté plus d’un an pour étudier la magie dans la mythologie asiatique et sa pratique contemporaine. Ce voyage n’avait pas été simple à mener, parce qu’Elijah n’avait pas un sou et que l’intégralité de ses économies étaient passées dans le remboursement du prêt étudiant qu’il avait fait pour suivre son cursus universitaire à Salem. Mais, malgré la faim qui lui tiraillait le ventre un jour sur deux, malgré l’incertitude de savoir où il allait bien pouvoir passer la nuit, malgré les mois de galère et les jours de désespoir, Elijah avait vécu des mois merveilleux, et il était revenu dans son pays natal fort de cette nouvelle expérience et de cette immersion complète dans cette culture qu’il ne connaissait pas. Il avait rédigé, à son retour, un long billet qui avait attiré la curiosité d’un maître de conférences à l’Institut des Recherches Historiques de New York, qui lui avait proposé un poste en tant que chercheur, qu’Elijah avait accepté en une demi-seconde.

Il avait ainsi voyagé dans le monde entier et s’était spécialisé dans l’étude des formes de magie, qu’elles soient anciennes, oubliées, ou toujours actuelles. Ses recherches l’avaient conduit en Europe – en Grèce notamment, pour y étudier la légende du minotaure –, en Asie de nouveau, pour parfaire son papier sur la magie draconique, en Amérique du Sud, en Louisiane… Il avait publié plusieurs livres, soutenu par son institut, heureux de pouvoir enfin mener ses recherches comme il l’entendait. Il vivait encore à New York lorsque son chemin avait croisé celui d’Alice Williams, une jeune anglaise de vingt ans qui avait décidé de venir étudier aux Etats-Unis. Ils étaient tombés fous amoureux – du moins c’était cette impression qu’Elijah avait eue, et celle qu’il avait encore en y songeant, trente ans après. Cinq ans après leur rencontre, Alice était tombée enceinte et ils avaient décidé de mener jusqu’au terme cette grossesse qui n’était pourtant pas désirée. Ignacio Walker était né neuf mois plus tard. Alice, quant à elle, les quitta avant le premier anniversaire de son fils.

Elijah s’était retrouvé seul, avec un petit garçon en manque de mère, qui n’avait jamais compris ce départ brusque de cette femme qui lui avait donné la vie. Avec Ignacio en bas-âge, impossible pour lui de mener ses recherches comme avant. Elijah avait alors quitté son poste à New York pour accepter celui d’enseignant dans la célèbre université de Salem, dans le Massachussetts. Il avait emménagé dans une grande maison, pas loin du campus, et ne l’avait jamais quitté.

Il avait longtemps navigué entre son rôle de père célibataire, celui d’enseignant, et celui de chercheur. L’équilibre n’avait pas été facile à trouver, et Elijah soupçonnait fortement qu’il avait dû faire de nombreuses erreurs. Il avait fait du mieux qu’il pouvait, avec tous les éléments qu’il avait en sa possession à ce moment. Il n’avait pas pu remplacer la mère d’Ignacio dans le cœur de son fils, mais il avait été un père présent, un père aimant, qui aurait tout donné pour le bonheur de son enfant. Sa paternité avait sûrement été sa plus belle aventure de vie.

Cela faisait maintenant quelques années qu’Ignacio était parti en Angleterre et ils se voyaient moins, se parlaient moins, aussi. Souvent, la vie qu’il menait l’inquiétait, le troublait, lui qui aurait espéré une plus grande stabilité pour son fils. « Ne t’en fait pas, papa. » lui disait-il souvent. « Je vais bien. » Alors Elijah se contentait de ces quelques mots pour rassurer son cœur, et lui faisait promettre de rentrer le voir. « Bientôt, promis. »

Et puis, un jour qui n’était pas coutume, Elijah avait reçu un appel de son fils, dont le ton empressé avait immédiatement alerté son père. « Tu as passé quelques mois à la Nouvelle Orléans, non ? » Oui, c’était exact, avait répondu prudemment Elijah. « Tu te souviens quand c’était ? » Au début des années 1976, sûrement. « Ok. » Pourquoi voulait-il à tout prix savoir ça ? « Je te rappelle plus tard, papa. »

L’appel était arrivé, plusieurs semaines après ce premier coup de fil. « Il faut que je te dise quelque chose, papa. » La voix d’Ignacio était étonnement grave. « Oui ? » Elijah s’en souvenait parfaitement. L’appel de son fils l’avait tiré du sommeil, et il peinait à garder les yeux ouverts. « Quand tu étais à la Nouvelle Orléans, tu as eu une fille. » « Pardon ? » « Oui. » « Tu peux répéter ? » Elijah s’était assis sur le bord de son lit, son téléphone crispé dans sa main gauche. « Tu as connu une Lavespère, non ? » « Je… Oui. Oui. Sophie Lavespère, je crois. » « C’est ça. » Il y avait eu un silence, avant qu’Ignacio ne reprenne : « Elle a eu une fille. » Elijah n’avait pas su quoi répondre. « C’est ta fille, papa. » Il s’était retrouvé dépourvu de mots. « Papa ? » « Oui ? » « Ça va ? » Il avait mis quelques secondes à répondre. « Oui. Non. Je ne sais pas. Tu es sûr de ce que tu dis, Iggy ? » « Oui. On a pris le temps de vérifier avant que je t’appelle… » « On ? Tu la connais ? » « Oui, je l’ai rencontré en Angleterre. On a découvert ça par hasard… C’est une longue histoire. » « Comment elle s’appelle ? » « Isobel. »

Isobel. Ce prénom avait hanté ses nuits et ses jours pendant de longues semaines. Il s’était rendu à la Nouvelle-Orléans, mais, évidemment, Sophie Lavespère n’avait pas daigné lui parler. Il était parti avant que la situation ne dégénère, parce qu’il sentait les regards méprisants portés sur lui, homme étranger qui venait chercher un conflit avec une sorcière vaudou. Il avait cru devenir fou. Il était rentré à Salem, sans aucune répondre aux mille questions qu’il se posait.

Il avait eu une fille, avant la naissance d’Ignacio. Une fille dont il venait seulement d’apprendre l’existence, une fille qui avait grandi sans lui, sans son père. Cette injustice l’avait frappé en plein cœur et il était resté plongé quelques jours dans un état douloureux, à regretter des moments qu’on ne lui avait pas donné le droit de vivre. Isobel avait plus de trente ans aujourd’hui, et, à ses yeux, il n’était sûrement rien de plus que l’homme qui avait permis à sa mère de la concevoir. Rien ne pourrait jamais rattraper ces années qu’ils avaient vécu sans se connaître. Rien. Pourtant, Elijah ressentait le besoin impérieux de connaître son enfant.

« Il faut que je la rencontre, Iggy. » avait déclara Elijah, un soir, au téléphone. « Je sais, papa… » Ignacio et son père s’appelait désormais beaucoup plus régulièrement. « Je pourrais venir en Angleterre ? » avait proposé l’historien. « Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée… Ecoute, elle viendra te voir, ok ? Laisse-lui le temps, c’est tout. » Elijah avait fait les cent pas dans sa cuisine. Puis, il avait soupiré. « Tu as raison. »

Alors, il avait attendu, et un jour, Isobel l’avait appelé. Il s’agissait probablement de l’appel le plus surréaliste de sa vie, pendant lequel ils avaient convenu de se rencontrer, aux Etats-Unis. Elle ne devrait pas tarder à arriver, songea l’historien en glissant un regard vers la grande horloge qui surplombait le mur de sa cuisine. Deux minutes plus tard, la sonnerie familière de sa porte d’entrée lui tirait un sursaut.

Il se sentait particulièrement nerveux et impatient, autant qu’il appréhendait cette rencontre. Il prit une seconde pour calmer les battements effrénés de son cœur, et ouvrit la porte.

Isobel se tenait face à lui. Elle ressemblait beaucoup à sa mère, du moins des souvenirs qu’il avait d’elle. La même peau mate, les mêmes grands yeux bruns, et les mêmes longs cheveux noirs. Il décela immédiatement sur son visage les mêmes tâches de rousseur qu’il avait légué à Ignacio.

« Isobel, je… » lança-t-il alors, mais sa voix fut brusquement coupée sous le coup de l’émotion. « Je suis si heureux de te rencontrer. » reprit-il en s’effaçant. « Je t’en prie, entre. »

Il n’avait pas osé faire un geste vers elle, parce qu’il n’avait pas envie de lui imposer une affection qu’elle n’était peut-être pas prête à recevoir. Le regard qu’il posait sur elle, cependant, était empli de tendresse, et un peu troublé par cette rencontre qu’il avait tant espérée.

« Tu n’as pas eu trop de mal à trouver ? Je peux t’offrir quelque chose à boire ? »
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeDim 12 Juil 2020 - 2:18
C’était un quartier résidentiel tranquille, comme des dizaines d’autres à Salem. L’architecture des lieux était familière, tout comme l’était le ciel orageux du Massachusetts. Pourtant, Isobel avait l’estomac retourné. À quelques pas de la grande maison qui l’attendait, elle n’osait plus avancer ni reculer. Aujourd’hui, elle avait rendez-vous avec son père. Une phrase banale pour certains, une chose qu’elle n’aurait jamais pensé dire un jour pour elle. Après des mois de tergiversation, elle sautait enfin le pas pour rencontrer Elijah, le père d’Ignacio et donc... le sien. Apprendre qu’elle avait un demi-frère avait été quelque peu étrange mais elle s’y était fait, avec le temps. Ignacio et elle se connaissaient déjà, c’était un peu plus facile. Surtout, elle ne s’était sentie obligée de rien. Il était son demi-frère, c’était un élément biologique, elle n’était pas obligée de le prendre en compte si elle le voulait, c’était comme cela qu’elle avait envisagé du moins. Elle ne pouvait pas dire qu’elle était complètement acclimatée à l’idée mais elle s’y était fait. Ils s’entendaient déjà bien, ils avaient commencé à passer un peu de temps tous les deux, ils avaient tout les deux réfléchi à ce que deux frères et soeurs pouvaient faire. Les choses se passaient plutôt naturellement car il lui semblait qu’ils avaient la même approche et des caractères plutôt semblables : elle ne s’était pas sentie envahie par cette nouvelle « famille », lui non plus (ou il n’avait rien dit) et au final, elle était plutôt heureuse de le connaître.

Mais qui disait demi-frère disait... un père. Un père qu’elle avait complètement effacé de sa vie ou plutôt, qui n’avait jamais existé. Ce n’est même pas comme s’il était mort ou parti alors qu’elle n’était qu’une enfant car dans ces cas-là, elle aurait eu des éléments auxquels se rapprocher, des connaissances. Mais elle n’avait jamais rien eu. Sa mère et sa grand-mère ne lui avaient jamais rien dit, avaient toujours dit qu’elles ne savaient pas. C’était peut-être la vérité. C’était sûrement la vérité, même. Sophie disait qu’elle avait rencontré des hommes, à cette époque, dans les bars ou les clubs de la ville. Plusieurs, la plupart dont elle avait oublié le prénom, beaucoup dont elle avait même oublié le visage. Et puis, hop, neuf mois plus tard, elle était là. Pas plus d’indices que cela, son géniteur avait disparu sûrement aussi vite qu’il était apparu à sa mère dans les nuits chaudes de la Nouvelle-Orléans. Évidemment, elle avait posé des questions mais elle n’avait jamais eu de réponse. Alors elle avait inventé un père, des pères mêmes, au fil de ses divagations de petite fille. Tantôt, il était un grand magicien d’un pays lointain qui vivait plein d’aventures, d’autres fois, il était un moldu qui ne vivait pas très loin et un jour, il viendrait la chercher et elle n’aurait plus à vivre avec sa mère. Puis au fil des années, elle avait cessé de l’évoquer. Elle n’avait pas de père,  voilà tout. Cela arrivait. Elle faisait avec. Elle avait déjà bien assez à gérer avec sa mère et sa famille, pas besoin d’avoir un père sur son dos en plus. Un parent défaillant de plus ou de moins...

Mais aujourd’hui, elle était devant chez lui. Elle avait longuement hésité. Elle hésitait encore. C’était Ignacio, qui avait un peu insisté, en disant que son père, leur père, avait vraiment envie de la rencontrer. C’était Abel, qui lui avait dit que c’était important, que c’était une chance de le rencontrer. Que c’était une part de sa famille. Il avait raison, elle le savait. Sinon elle ne serait pas là. Dans le fond, elle était curieuse de rencontrer Elijah, de mettre un visage, une voix, sur ce père qu’elle n’avait jamais connu. Curieuse mais terrifiée. Et s'ils n’avaient rien à se dire ? Comment était-elle censée agir ? Comme faisait-on pour être la fille de son père ?

La veille, Abel et elle étaient allés rendre visite à son père à lui, à Chicago. Elle avait demandé. Elle voulait voir comment ils faisaient, comment ils se parlaient. Elle avait cru peut-être qu’elle en tirerait une formule magique, des trucs et astuces pour rencontrer son propre père. Il n’en n’était rien, cela n’avait fait que renforcer sa nervosité. Entre Edgar et Abel, c’était naturel, ils partageaient des points communs, un passé, ils s’aimaient. Elle, elle allait faire face à un inconnu. Elle n’en n’avait pas dormi de la nuit, les questions se bousculaient dans son esprit. Elle avait songé à annuler, trois fois. Même là, alors qu’ils étaient devant la maison, elle n’était toujours pas certaine. Abel lui avait pourtant proposé de l’accompagner et, même si elle savait que sa présence serait réconfortante et apaisante, elle avait l’impression que c’était mieux qu’elle fasse cela seule. Même si c’était terrifiant. Elle se retourna vers son petit-ami, la voix un peu balbutiante.

- Et si je ne veux plus y aller ?

Abel avait baissé les yeux vers elle avant de la serrer très fort contre lui. Isobel s’était blottie contre son petit-ami, percevant le battement de son coeur. Elle avait inspiré son parfum familier, trouvant de l’apaisement dans cette étreinte. Sa voix grave avait résonné à ses oreilles.

- Alors je te donne plus de courage pour que tu retrouves l'envie d'y aller, parce que c'est une bonne chose que tu essayes. Ça ne t'engage à rien de le rencontrer. Et si ça se passe pas bien, tu peux m'envoyer un message, je viendrai te récupérer.

Elle ne répondit rien un instant, enfouissant son visage un peu plus contre lui. Il avait raison dans le fond, elle ne s’engageait à rien. C’était une rencontre, pour voir. Elle n’avait pas à poursuivre si elle ne le voulait pas. C’était comme avec Ignacio, même si la portée affective était un peu plus puissante, à son sens. Elle n’était obligée de rien... Elle finit par se décoller un peu d’Abel.

- Tu as raison, soupira-t-elle. Au pire... Et bien je m’en vais. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour lui donner un baiser. Merci d’être là. Il était d’un soutien inconditionnel avec elle depuis le début de cette histoire. Tu peux aller attendre du côté du campus si tu veux, je t’appellerai en cas de souci... Et puis comme ça tu pourras t’imprégner un peu de l’ambiance de la meilleure université du pays, le taquina-t-elle.
- Ça te perturbe vraiment cette rencontre, pour confondre l'université de Salem et celle de Salisbury, répliqua-t-il, avec son air pince-sans-rire.

Isobel eut un rire, presque malgré elle.

- Si ça te fait du bien de le croire, mon chéri, souffla-t-elle en lui tapotant le torse du plat de la main. Allez. J’y vais. J’y vais. Elle souffla un bon coup, lissa machinalement la chemise d’Abel avant de s’éloigner, non sans quelques derniers regards avec lui.

Elle se dirigea vers la porte et sonna, le coeur battant à éclater. Quelques secondes s’écoulèrent mais elles durèrent une éternité pour elle. L’espace d’un instant, elle eut l’impression d’être ramenée en arrière. Une journée ensoleillée de septembre à la Nouvelle-Orléans, deux ans auparavant. Lorsqu’elle était revenue pour la première fois dans le Carré Français après seize ans d’absence et qu’elle avait frappé à la porte de son grand-père. Abel était déjà avec elle. Le battant s’était ouvert et le regard familier d’André avait fait fondre son coeur et ses doutes. Il l’avait serrée dans ses bras. Elle était revenue chez elle.

Cette fois-ci, le battant s’ouvrit sur un homme inconnu, aux tâches de rousseurs néanmoins familières. Ce fut la première chose qui marqua Isobel dans cette grande silhouette. Ces tâches de sons qui lui mangeaient le visage tout comme les siennes lui dévorait les pommettes. Il était blanc, comme ce que laissait soupçonner sa peau à elle, plus claire que celle de sa mère ou de ses cousines. Il était grand. Il était roux et une part de son cerveau réalisa que tout un pan des blagues qu’elle faisait à Abel sur son côté écossais tombait à l’eau. Elle eut un long instant de silence alors qu’elle croisait les yeux de son père pour la première fois. Sa voix semblait coincée dans sa gorge. Celle d’Elijah, un peu brisée. Lorsqu’il lança qu’il était heureux de la rencontrer, elle balbutia, avec un peu de retard.

- Je, euh, moi aussi.

La vérité était qu’elle était plus perturbée qu’autre chose, pour le moment. Elle se retourna à l’instant où elle passait le pas de la porte, pour apercevoir Abel, mais l’angle était mauvais et elle ne le vit pas.

- Non, c’était facile, je... J’ai étudié ici alors je connais un peu le coin... Je veux bien de l’eau, s’il vous... te... plaît ?

Elle retira sa veste en jean, pour la laisser reposer sur son bras, tout en promenant un regard curieux autour d’elle. C’était une maison de famille. Une grande maison, avec des photos aux murs et des grands canapés dans le salon. Elle se demanda si Ignacio avait grandi ici. C’était très différemment du petit appartement de sa mère, au dessus de Bourbon Street. Sans oser s’asseoir, elle ne put s’empêcher de parler, comme pour éviter que la conversation ne s’embourbe dans un silence gênant.

- C’est une jolie maison.


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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeJeu 20 Aoû 2020 - 17:20
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Elijah Walker, historien, père d'Ignacio Walker et d'Isobel Lavespère

Il y avait quelque chose de surréaliste à cette rencontre ; Elijah la vivait comme un véritable moment hors du temps. Depuis qu’il avait appris l’existence d’Isobel – depuis qu’il avait appris l’existence de sa fille – il s’était surpris à songer à plusieurs reprises au jour où ils se retrouveraient enfin face à face. Ces rêveries avaient engendré des angoisses que l’historien n’avait partagé avec personne mais qui s’étaient doucement ancrées en lui : comment faisait-on pour devenir le père d’une femme déjà âgée d’une trentaine d’années ? Comment faisait-on pour construire un lien avec son enfant ? Il ne s’était jamais posé de telles questions auparavant, parce qu’il avait rencontré Ignacio dès sa naissance et qu’il l’avait accompagné tout au long de sa vie. Il avait toujours été un père aimant et compréhensif – il ne prétendait pas être le meilleur, et, d’ailleurs, il s’était souvent absenté lorsqu’Ignacio était encore enfant pour mener divers travaux de recherche, mais il avait toujours fait passer le bien-être de son fils au-dessus de ses considérations personnelles. Ils ne se voyaient plus beaucoup, maintenant qu’Ignacio avait déménagé en Angleterre, mais il sentait que ce lien était toujours là et ne s’étiolerait pas avec le temps.

Mais Isobel n’avait jamais entendu parler de lui. Elle avait grandi sans lui, elle avait accompli une immense partie de sa vie sans lui. Il faisait irruption dans sa vie alors qu’elle était déjà adulte, et Elijah s’était longtemps demandé s’il pouvait prétendre à avoir une place dans son existence. Mais il savait, au fond de lui, qu’il en mourrait d’envie. Que lorsqu’Ignacio lui avait dévoilé qu’il avait eu une fille, il s’était senti envahi par plusieurs sentiments douloureux à expérimenter – la colère, le regret, l’injustice – mais également par un amour inconditionnel envers cette personne qu’il ne connaissait pas encore. Elle était sa fille, et ce fait balayait tous les doutes qu’il pouvait avoir.

Cependant, Elijah n’était pas suffisamment naïf pour penser qu’Isobel lui tomberait dans les bras au moment même où il l’accueillerait chez lui, émue de retrouver ce père qu’elle n’avait jamais connu. Il avait deviné, dans les mots d’Ignacio, que la jeune femme était sur la réserve, qu’elle avait longtemps hésité à le contacter. Ils étaient de parfaits étrangers l’un pour l’autre et ce qu’Elijah ressentait au fond de son cœur n’était pas partagé par Isobel. L’historien ne lui en tenait pas rigueur ; il y avait, de toute façon, toujours un décalage entre l’amour qu’un parent portait à son enfant et celui qu’un enfant portait à son parent – dans la situation où cette parentalité était découverte trente ans après la naissance dudit enfant, ce fait lui paraissait encore plus évident. Mais ce n’était grave, songea Elijah en souriant, alors qu’Isobel, d’un pas hésitant, pénétrait dans la maison, ils avaient encore un peu de temps pour apprendre à se connaître, à s’apprivoiser et peut-être, un jour, à s’aimer mutuellement.

« Tu peux me tutoyer, évidemment. Je te ramène ça tout de suite. » lança-t-il en se dirigeant vers la cuisine.

Il saisit deux grands verres qu’il remplit d’eau et dans laquelle il fit tomber quelques glaçons. Il retrouva Isobel au salon, le regard perdu sur de vieilles photographies.

« Oh, merci. » lui répondit-il en lui tendant son verre. « Je ne suis pas un expert en décoration mais j’ai fait un peu de photo, quand j’étais plus jeune, alors… »

Alors il avait fini par employer ces photographies comme élément de décor de sa maison, comme des vestiges d’anciens voyages qu’il avait effectués. Parfois, quand il posait ses yeux sur ces vieux cadres, il se sentait pris d’une légère nostalgie, comme lorsqu’on ouvre un album rempli de clichés datant d’une ancienne époque. Mais actuellement, ce n’était pas tant la décoration qui retenait son attention que la présence d’Isobel dans son salon. Elijah ne put s’empêcher de l’observer avec une attention toute particulière, instinctivement à la recherche de certains traits qui lui ressembleraient. Ses tâches de rousseur, indéniablement. La forme de ses yeux, peut-être. Ces quelques détails vrillèrent le cœur de l’enseignant, qui préféra rebondir sur les propos de la jeune femme plutôt que de se laisser emporter par l’émotion :

« Tu disais que tu connaissais un peu le coin, tu as étudié à Salem ? » demanda-t-il en l’invitant à s’asseoir sur l’un des canapés du salon où il s’installa également, mais en pivotant de manière à pouvoir lui faire face dans le même temps. « J’enseigne à l’université depuis une vingtaine d'années. » précisa-t-il alors, curieux de savoir si, sans le savoir, leurs chemins s’étaient déjà croisés auparavant.
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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeLun 5 Oct 2020 - 21:36
Un soupir échappa à Isobel alors que Elijah quittait la pièce pour aller lui chercher un verre d’eau. Elle avait mal au ventre, c’était le stress. Elle aurait dû demander à Abel de venir avec elle, elle l’avait envisagé mais avait renoncé à cette idée, en se disant que c’était quelque chose qu’elle devait faire toute seule. Néanmoins, à cet instant précis, elle aurait aimé lui tenir la main pour évacuer son angoisse. Le retour d’Elijah la sortit de ses pensées et de la contemplation des photographies autour d’elle. Elle le remercia d’un vague hochement de tête pour le verre qu’il lui tendait - ah bah superbe, il allait croire qu’elle était mal élevée - et fut surprise de l’entendre dire que c’était lui qui avait pris ces images. Un peu artiste dans sa jeunesse, visiblement. Ce n’était pas vraiment un de leurs points communs, elle n’avait pas vraiment un sens artistique développé.

C’était peut-être bête de chercher le moindre détail qui pourrait la raccrocher à cet homme, mais elle avait l’impression que c’était ce qui rendrait la chose concrète. On lui avait annoncé que c’était son père, c’était un fait, ils avaient les mêmes gènes mais... Elle ne se sentait pas vraiment connectée à lui. C’était un étranger pour elle. Elle ne ressentait pas de lien mystique, d’évidence ou de connexion immédiate avec Elijah Walker. À défaut d’avoir cela, elle pouvait essayer de leur trouver des points communs et voir si elle avait hérité quelque chose de lui, en dehors de quelques caractéristiques génétiques. Elle eut l’impression qu’elle n’était pas la seule à jouer sur ce terrain-là, puisqu’il lui demanda si elle avait étudié à Salem, là où il enseignait. Elle hocha la tête, son verre d’eau froide toujours dans la main.

- Je sais, Ignacio m’a dit, précisa-t-elle avec un sourire poli. Elle avait été un peu surprise d’apprendre cette nouvelle : cela signifiait que leurs chemins s’étaient potentiellement croisés il y a de cela des années. Et oui, j’ai été étudiante à l’université, pas au lycée par contre... J’ai un diplôme en Sciences de l’Information et de la Communication, spécialité Sciences politiques... Elle était d’habitude très fière de cela. Elle faisait partie de ces snobinards des grandes universités américaines qui ne pouvaient pas s’empêcher de caser dans toutes les conversations quelle grande fac ils avaient fréquentée. C’était plus fort qu’elle, c’était la plus grande fierté de sa vie et c’était bien plus facile de se définir comme ça que par « Sorcière vaudou en fuite ayant été scolarisée dans un coven. » Mais face à Elijah, c’était un peu plus difficile de s’ouvrir, elle se sentait plus timide, elle avait peur de faire un faux pas. Elle dut se forcer à reprendre. J’ai vécu trois ans en ville du coup, d’abord sur le campus et puis au Hollis Hall. Une des résidences étudiantes les moins chères de la ville. Quelques soucis de cafards mais bonne ambiance. Et vo... toi, tu enseignes l’histoire, c’est ça ?  


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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 21:17
Homeward bound [Elijah & Isobel] Owen0210
Elijah Walker, historien, père d'Ignacio Walker et d'Isobel Lavespère

La mention d’Ignacio n’aurait pas dû surprendre Elijah, parce que son fils avait en effet évoqué qu’il connaissait personnellement Isobel depuis quelques temps, mais il y avait dans toute cette situation une incongruité qui se dissimulait dans des détails comme celui-ci. Brièvement, il se demanda si Ignacio et Isobel s’entendaient bien, s’ils s’étaient découverts des points communs, s’ils parvenaient à passer du temps ensemble. Ignacio aussi avait appris l’existence de sa sœur après plus de trente années vécues comme un enfant unique et, tout à son tourment de se découvrir père une seconde fois, Elijah réalisa qu’il n’avait jamais demandé à Ignacio comment il vivait cette nouvelle étonnante et comment il se positionnait par rapport à elle. Désirait-il, lui aussi, faire partie de la vie de cette jeune femme qui était désormais assise dans un décor si familier que l’image le frappa de plein fouet ? Ou préférait-il, à l’inverse, garder ses distances vis-à-vis de cette situation complexe dans laquelle il n’avait pas demandé à être traîné ?

Quoiqu’il en soit, si Ignacio et Isobel se parlaient – ne serait-ce qu’un peu – alors Elijah s’en retrouvait curieusement satisfait. Accepter un frère, dans sa vie, ce n’était pas la même chose qu’accepter un père. Peut-être qu’Ignacio pouvait apporter à Isobel un soupçon de cette famille qu’elle n’était pas encore en mesure à recevoir de lui.

« C’est un sacré parcours. » fit remarqua Elijah lorsqu’Isobel mentionna ses études. Un sacré parcours dans une sacrée université car, pour y travailler depuis une vingtaine d’années, l’historien savait que les dossiers d’inscriptions étaient triés sur le volet. Il fut envahi d’un agréable sentiment de fierté en songeant que la jeune femme avait étudié dans la plus grande université du pays. « Ça t’a plu ? » demanda-t-il, sans s’empêcher de noter, dans son for intérieur, combien il était curieux qu’une sorcière de la Nouvelle Orléans aille faire ses études si loin de son coven.

Il n’en fit cependant pas la remarque, un peu intimidé par cette nouvelle relation qui balbutiait encore et qu’il ne savait pas trop comment prendre. La question d’Isobel, cependant, eut don de le faire parler sur un sujet qu’il connaissait bien, donc assez facilement :

« Oui, c’est ça. » approuva-t-il en gardant dans ses mains son verre d’eau dont il ne buvait pas une seule gorgée. « J’étudie les différentes formes de magie : nouvelles, anciennes, méconnues, oubliées… Et je les enseigne aux étudiants de Salem, généralement ceux en cursus Histoire ou Sortilèges. » Il laissa passer un court silence, avant de relancer Isobel : « Qu’est-ce que tu as fait, après tes études ici ? » Il lui sourit : « Qu’est-ce que tu fais, aujourd’hui ? »
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeDim 18 Oct 2020 - 22:18
Isobel eut un léger sourire lorsque Elijah la complimenta sur son parcours. C’est vrai que c’était un joli CV, elle en avait conscience. De la part d’un professeur d’université, cette admiration avait sûrement encore plus de poids. Elle espérait bien qu’il ne disait pas cela pour lui faire plaisir ou parce qu’il se sentait obligé... Au moins, discuter de Salem et de ses études était plutôt simple. Ce n’était pas un sujet trop risqué ou trop intime. La plupart du temps, elle en parlait assez librement elle-même. Peut-être un peu trop, d’ailleurs, mais c’était une autre question. D’un autre côté, songea-t-elle, il y avait un côté un peu cliché à en parler avec son « père. » Sans les guillemets. Peut-être qu’il allait finir par lui demander si elle avait eu de bonnes notes à ses examens de fin d’années. Ou des bulletins scolaires. Cette pensée l’amusa un peu et la détendit légèrement. S’il l’avait connue à seize ans, quand elle étudiait au coven, il n’aurait sûrement pas été ravie de ce que ses enseignantes avaient à dire sur son attitude... Néanmoins, ils se concentraient sur leur seul point commun pour le moment : l’Université de Salem. Elle hocha la tête lorsqu’il lui demanda si cela lui avait plu.

- Beaucoup. Ça fait partie des meilleures années de ma vie, je pense. Les Corus étaient passionnants - la plupart, elle avait également eu son lot d’enseignements magistraux à huit heures qui lui donnaient envie de se rendormir - et puis la fac est super, le campus, l’ambiance, les élèves...

Elle avait eu l’impression de réussir sa vie le jour où elle avait été admise à Salem. Elle, une gamine de la Nouvelle-Orléans, qui n’avait jamais mis un pied dans un lycée classique, qui avait fugué à seize ans pour errer sans but, avait réussi les examens pour rentrer dans la plus prestigieuse université du pays. Cela tenait presque du miracle. Cela avait été l’opportunité pour elle de véritablement remettre sa vie sur les rails. Préparer les tests d’entrée puis étudier là-bas lui avait donné un but dans la vie et surtout, un statut. Elle avait pu se trouver un métier, des amis, elle avait pu construire sa vie. Elle ne savait pas où elle en serait sans ça. Elle avait conscience de la chance qu’elle avait eue. C’était un peu intime à expliquer avec Elijah mais il y avait dans son ton une passion mesurée alors qu’elle parlait, elle était brusquement un peu plus animée.

Lui aussi semblait avoir un parcours prestigieux, pour enseigner dans un tel établissement. Une matière intéressante, qui plus est. Elle n’avait pas suivi ses cours, car ils n’étaient pas obligatoires dans son cursus et qu’elle avait choisi d’autres options, mais c’était sûrement intéressant. Elle n’aurait pas pris le risque de s’y inscrire, néanmoins. Savait-on jamais qu’entre deux leçons sur les covens de la Nouvelle-Orléans, on cite le nom des Lavespère... Penser à cela lui faisait justement réaliser qu’elle avait de nombreuses questions sur la manière dont il avait pu rencontrer sa mère. Elle se doutait bien qu’ils n’avaient pas eu une grande histoire d’amour - puisque Sophie était incapable de le désigner comme son père - mais ils avaient bien dû discuter, à un moment. Cela n’avait peut-être pas de rapport avec sa matière de prédilection, peut-être qu’il était juste venu à la Nouvelle-Orléans dans sa jeunesse pour fêter Mardi Gras (quoique, impossible, elle avait été conçue en avril) ou un quelconque enterrement de vie de garçon dans les très nombreux bars de la ville. C’était souvent l’endroit de prédilection pour y croiser sa mère, d’ailleurs. C’était néanmoins un peu délicat à demander et Isy ne se sentait pas prête. Elle était en train de boire une gorgée d’eau lorsque Elijah la relança, visiblement très intéressé par sa vie.

- Et bien... J’ai obtenu mon Bachelor avec mention alors j’ai envisagé de continuer en postgraduate mais je n’ai pas obtenu la bourse que je voulais alors... Et elle était déjà fortement endettée après avoir financé son premier cycle de quatre ans, malgré une bourse plutôt généreuse de la part de Salem et des petits boulots à côté. Je suis partie en Europe, parce que j’avais envie de voyager. J’ai fait ça un an et demi, à peu près, un peu moins, en travaillant à côté un peu partout mais au bout d’un moment, cela ne suffisait plus. Je suis arrivée au Royaume-Uni en... 2000 ou 2001, je ne sais plus vraiment. C’était juste après la guerre donc l’économie reprenait doucement, j’ai pu trouver du travail facilement. Et j’y suis restée. En 2004, j’ai été embauchée par le service communication du Ministère de la Magie et j’y suis toujours, même si j’ai monté les échelons depuis. Je suis chargée de communication, du coup. J’ai des plutôt gros dossiers.

Elle ne savait pas pourquoi elle avait précisé cela, comme si elle avait besoin de l’impressionner.


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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeSam 31 Oct 2020 - 15:10
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Elijah Walker, historien, père d'Ignacio Walker et d'Isobel Lavespère
Il y avait quelque chose de familier, de rassurant même, à évoquer avec sa fille – sa fille – cette université qui les liait tous les deux. Il s’agissait d’un premier point commun auquel Elijah se rattachait pour mener une conversation qu’il avait longtemps appréhendé. Il y avait tant de choses qu’il aurait aimé savoir d’elle, connaître d’elle. Il était curieux de savoir quelle enfant elle avait été, comment avait-elle vécu ses années à la Nouvelle-Orléans, au sein, il l’imaginait, d’un coven. Quand avait-elle décidé d’aller étudier à Salem, pourquoi avait-elle choisi ce parcours en particulier. Il aurait voulu pouvoir compenser, en quelques minutes seulement, plus de trente années d’absence qui lui meurtrissait le cœur et le peinait grandement. Il avait tant manqué, tant raté de la vie de cette jeune femme qui était sa fille et pour qui il aurait adoré être le père. Et, parce qu’Elijah était un homme pragmatique, parce qu’il savait que les relations humaines étaient complexes et longues à mettre en place, il savait aussi que rien ne pourrait jamais remplacer ce qu’Isobel et lui n’avaient pas vécu ensemble. Qu’il ne pourrait jamais être ce papa qui serait venu la récupérer à la Nouvelle-Orléans pour lui faire découvrir sa ville à lui, celui avec qui elle aurait fêté noël, celui qui aurait attendu qu’elle dorme pour disposer au pied du sapin un tas de cadeaux. Elijah avait été privé de ce rôle – injustement à son sens – et ne pouvait pas en bénéficier à présent de ce statut absolu aux yeux d’Isobel. On ne rencontrait pas sa fille à trente ans de la même manière qu’on la rencontrait à la naissance.

Alors, Elijah s’accrochait à ce qui, pour l’instant, semblait le rapprocher d’Isobel. Le fait qu’elle ait fait ses études dans la même Université que celle dans laquelle il enseignait depuis des années était tout de même une coïncidence étonnante qu’il releva avec un sourire, en songeant qu’ils s’étaient peut-être déjà croisés sur l’immense campus. Sans préciser cette pensée à voix haute, il l’écouta retracer son parcours, nota qu’elle aussi dans sa jeunesse avait eu cette envie, ce besoin de voyager, avant de trouver un travail plus stable dans un pays qui n’était pas le sien. Il fallait un certain courage, songea Elijah, pour entreprendre tout ce qu’Isobel avait fait de sa vie.

« C’est impressionnant. » déclara l’historien avec un sourire alors qu’elle évoquait son poste de chargée de communication au sein du ministère de la magie. « Et j’imagine que ça doit être particulièrement intéressant de travailler dans le service politique d’un autre pays, il y a sûrement beaucoup de choses qui diffèrent par rapport aux Etats-Unis. » devina Elijah en se décidant finalement à poser son verre d’eau sur la table après en avoir pris sa première gorgée.

Il lui adressa un petit sourire avant de la relancer : « Moi aussi, j’ai adoré voyager quand j’étais jeune. » lança-t-il en observant la jeune femme en face de lui. « Qu’est-ce que tu as fait, de ce temps où tu étais en Europe ? » demanda-t-il ensuite, incapable de ne pas continuer à questionner cette femme qu’il voulait apprendre à connaître dans l’espoir d’un jour pouvoir prétendre à appartenir à ce qu’elle appelait sa famille.
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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeLun 5 Avr 2021 - 16:33
Isobel eut un sourire de remerciement lorsque Elijah déclara que son métier était impressionnant. Elle avait justement tourné les choses pour qu’il le paraisse un peu plus. Elle ne savait pas pourquoi elle essayait d’obtenir une sorte d’approbation comme cela. Après tout, elle ne lui devait rien, même s’il était son père biologique. Sauf que, quelque part, elle ne souhaitait pas qu’il ait une mauvaise opinion d’elle. Elle n’avait même pas envie d’enquêter sur ce sentiment, elle ne savait pas ce que cela voulait dire et, honnêtement, elle n’était pas certaine que ce soit très flatteur pour elle. Elle hocha la tête lorsqu’il glissa que ce devait être intéressant de travailler à l'étranger même si, encore une fois, si elle avait dû être parfaitement honnête, elle était accoutumée aux usages britanniques depuis des années.

- Surtout en ce moment, c’est plutôt animé.

Ce n’était sûrement pas une bonne idée de se lancer sur de la politique. Il n’y avait rien de tel pour pourrir une première rencontre. Elle n’avait pas envie de découvrir aujourd’hui que son père biologique était républicain, par exemple. Les voyages semblaient être un terrain bien plus sûr, surtout que Elijah avait également voyagé. Rien de bien surprenant, en tant que chercheur en sortilèges. Il avait dû découvrir des coutumes anciennes, oubliées, rencontré des sorcières et des sorcières passionnantes, il s’était sûrement immergé dans des sociétés mystérieuses. À la Nouvelle-Orléans, en tout cas, il avait visiblement fait une rencontre fructueuse...

- J’ai découvert beaucoup d’auberges de jeunesse, assez pour écrire un guide sur celles à éviter, plaisanta-t-elle pour la première fois. Je n’avais pas beaucoup de moyens donc j’ai vraiment vadrouillé, fait des petits boulots - sous le manteau - j’avais vraiment envie de voir le monde. J’ai d’abord été en France, puis un peu au Sud, vers l’Espagne, l’Italie, le Portugal un peu à l’est, en Roumanie, en Hongrie et puis un peu au nord, avec la Finlande, le Danemark... J’adore voyager, quand j’étais petite, c’était vraiment ce que je voulais faire. Je continue même maintenant, avec mon conjoint. On prévoit de voir le Brésil quand on pourra.



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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeSam 10 Avr 2021 - 11:22
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Elijah Walker, historien, père d'Ignacio Walker et d'Isobel Lavespère

« Oui, j’ai l’impression. » répondit simplement Elijah au commentaire d’Isobel sur la politique anglaise. Il préféra, lui aussi, ne pas s’étendre davantage sur un sujet aussi épineux que celui-ci.

Aussi, il écouta Isobel avec attention lorsqu’elle mentionna ses nombreux voyages, souriant à sa plaisanterie – en notant que, pour la première fois, leur échange semblait s’alléger un peu. Il suivit son récit en se plaisant à l’imaginer à des endroits qu’il avait lui-même visité – pour le travail ou pour son loisir – comme si cela pouvait l’aider à créer un lien, une connexion entre eux. C’était plus fort que lui, Elijah recherchait ce qu’il avait pu transmettre à cette fille dont il ne savait encore rien. Quelques traits physiques – elle avait les mêmes taches de rousseur qu’Ignacio – et puis peut-être cet amour pour le voyage et la découverte. « Quand j’étais petite, c’était ce que je voulais faire » disait-elle, en tirant un sourire à l’historien. Lui aussi, quand il était plus jeune, s’imaginait explorateur.

« Ton conjoint ? » releva Elijah. « Tu es mariée ? » demanda-t-il en baissant les yeux vers les mains d’Isobel. Elle ne portait pas d’alliance, mais cela ne voulait rien dire ; Elijah avait mis des années à retirer la sienne après son divorce. « J’ai été plusieurs fois au Brésil, pour mon travail. » commenta-t-il également. Il ajouta, avec une certaine hésitation comme s’il ne savait pas exactement comment se positionner : « Je pourrais te donner quelques adresses, si tu as envie… ? »

27 mai 2011

Elijah venait parfois en Angleterre pour voir Ignacio. Il savait qu’il était compliqué pour son fils de rentrer aux Etats-Unis – et ce sujet était d’ailleurs source de conflits entre eux – mais il veillait à maintenir un lien avec lui, malgré tout. Evidemment qu’Ignacio n’avait pas épousé la carrière que son père – universitaire et chercheur – aspirait pour lui. Il pouvait reconnaître qu’il aurait préféré le voir suivre ses traces, entreprendre des longues études mais… Mais Ignacio était terriblement différent de lui. Il avait suivi un chemin particulièrement éloigné du sien, qu’Elijah trouvait souvent incompréhensible et qui avait contribué à créer de lourdes tensions quelques années auparavant. Les choses s’étaient apaisées avec le départ précipité d’Ignacio en Angleterre ; quand bien même Elijah désapprouvait certains choix de son fils, il n’avait jamais songé à rompre leurs liens ou leurs relations. Elijah ne concevait pas sa parentalité comme un chemin qui, un jour, prenait fin. En cela, il se différenciait de son ex-femme.

C’était à cause d’elle qu’il était si peu à l’aise lorsqu’il rentrait en Angleterre. Une part de lui craignait de la croiser au détour d’une rue ou d’une conférence. Il aurait pu la reconnaître dans une foule et percevoir le son de sa voix parmi mille autres. Pourtant, cela faisait des années qu’ils ne s’étaient pas vus. Alice était partie après le premier anniversaire d’Ignacio ; d’abord sans laisser de traces. Elijah en était devenu fou. Il avait engagé un détective privé, qui avait remonté sa trace jusqu’en Angleterre. Il était venu une première fois, pour la confronter sur cet abandon, puis une seconde, pour lui faire signer les papiers du divorce et obtenir – légalement – la garde exclusive d’Ignacio. Ils avaient beaucoup crié, tous les deux, ce jour-là. Depuis, il ne l’avait jamais revu.

Ce n’était cependant pas ce malaise diffus qui l’avait empêché de venir visiter son fils plusieurs fois depuis qu’il était installé en Angleterre. Et, désormais, ce n’était pas simplement Ignacio qu’Elijah venait retrouver en Europe, mais également sa fille, Isobel. Ils s’étaient déjà revus quelques fois, depuis leur première rencontrer à Salem, et s’appelaient de temps en temps pour prendre des nouvelles. Leur relation n’était pas encore tout-à-fait fluide, mais Elijah sentait qu’ils essayaient, tous les deux. Lui, en tout cas, en avait l’envie.

Il était arrivé chez Isobel quelques minutes plus tôt, et l’avait suivi jusqu’à son salon où elle avait préparé un apéritif qu’ils devaient prendre en compagnie d’Abel, son compagnon, qui n’était pas encore arrivé. Elijah s’était installé en face d’elle, et l’interrogeait sur son quotidien lorsque ses yeux s’étaient posés sur une imposante bague qu’elle portait à la main gauche. Son regard s’était attardé dessus peut-être une seconde de trop. Elijah avait eu une expression de surprise, mais n’avait rien dit ; ce n’était pas à lui de supposer une aussi bonne nouvelle.

En revanche, il n’avait pas pu s’empêcher de demander, en réagissant à ce qu’elle venait de lui raconter sur son travail : « Donc… Tout se passe bien en ce moment pour toi ? »
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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeSam 10 Avr 2021 - 19:08
Isobel aimait bien recevoir mais aujourd’hui, elle était un peu nerveuse : c’était la première fois que Elijah venait leur rendre visite. Depuis leur rencontre, à Salem, ils avaient échangé plusieurs fois et c’était elle qui l’avait invité à dîner en apprenant qu’il venait voir Ignacio au Royaume-Uni. Tout se passait bien, ils se découvraient tranquillement mais leurs conversations n’étaient pas toujours très fluides, ils cherchaient encore comment se agir l’un envers l’autre (ou en tout cas, c’était le sentiment qu’en avait Isy.) C’était son père, elle le savait et elle aurait aimé pouvoir nouer une relation comme celle qu’Abel pouvait avoir avec son propre père. Mais ce n’était pas évident, ils ne se connaissaient pas bien, il y avait la distance... La soirée de ce soir était l’occasion de se découvrir un peu plus et de l’intégrer à sa vie, puisqu’elle comptait lui présenter Abel. Même si son fiancé l’avait accompagnée la première fois qu’elle avait vu Elijah, il n’était pas entré dans la maison. De plus, cela serait l’occasion de lui annoncer son mariage à venir. Cela allait être un événement très important pour elle.

Sauf qu’Abel n’était pas encore là. Il avait dit qu’il ne rentrerait pas trop tard mais il lui avait envoyé un message pour dire qu’il avait un souci au boulot et qu’il devait rester encore un peu. Elle était donc en tête à tête avec son père, qu’elle avait installé dans le grand salon de leur appartement. Elle avait servi les petits plateaux apéritifs et du vin, avant de s’installer face à Elijah. Ils avaient échangé quelques banalités, avant qu’elle ne sente le regard de son père sur la bague qu’elle portait à l’annulaire gauche. Difficile de la manquer... Elle n’avait pas cherché à la cacher mais elle aurait aimé attendre qu’Abel soit là avant de faire l’annonce.

La manière dont Elijah relança subtilement la conversation la fit doucement sourire, tant qu’elle sentait qu’il souhaitait en parler. Se jetant à l’eau, malgré l’absence d’Abel, elle haussa doucement les épaules.

- Tout va bien, répondit-elle. Je voulais attendre qu’Abel soit là pour en parler mais... Mais il avait sûrement deviné. On va se marier.

Le sourire sur son visage trahissait son bonheur.

- Ça me ferait plaisir que tu viennes, ajouta-t-elle, pudiquement.


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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeSam 17 Avr 2021 - 20:51
Il était difficile de passer à côté de la bague qu’Isobel portait à la main gauche. A vrai dire, depuis qu’Elijah l’avait repéré, il était difficile pour lui de s’en désintéresser ; son regard était attiré par le bijou – pas tant pour sa beauté que pour la signification qu’il portait. Sa question, alors, n’était pas anodine, et Isobel sembla le comprendre aussi. Elle esquissa un discret sourire, avant d’hausser les épaules et de répondre à sa question par une introduction qui, déjà, lui donnait tous les éléments de réponse.

Isobel allait se marier et le sourire qui s’afficha sur son visage trouva immédiatement son écho sur celui d’Elijah. Il fut surpris – non pas par la nouvelle, après tout, Isobel qualifiait déjà Abel comme étant « son conjoint » - mais par le commentaire qu’elle lui fit après, sur ton plus pudique. Elle voulait qu’il soit présent. Elijah allait assister au mariage de sa fille. Isobel aurait son père présent le jour de son union.

Son expression trahissait déjà sa joie, et pourtant Elijah prit le temps de poser son verre de vin sur la table basse, puis, après une hésitation, se pencha légèrement vers Isobel pour serrer doucement sa main dans la sienne. Leur relation n’était pas encore parfaitement fluide ; ils cherchaient encore leurs marques, tous les deux. Cela faisait sens ; on ne rattrapait pas plus de trente ans d’ignorance en un claquement de doigt. En revanche, quand Elijah observait Isobel, il voyait sa fille. Sa fille trop longtemps disparue, trop longtemps inconnue, mais qu’il avait contribué à faire venir dans ce monde. Au fond, il ne s’attendait pas à ce que l’inverse soit vrai ; il était sûrement plus difficile pour un enfant de reconnaître son parent, surtout après autant d’années. Qu’importe ; Elijah était un homme qui faisait confiance au destin ; si ce dernier avait décidé de faire rejoindre leurs chemins après tant d’années de séparation, alors leur lien, lui aussi, finirait par devenir ce qu’il était supposé être.

Ce geste qu’il avait envers elle était le premier qu’il se permettait mais il trouvait que le contexte s’y prêtait volontiers.

« Ça me ferait très plaisir d’être là pour ton mariage. » lui confia-t-il dans un sourire. Il se recula légèrement, reposant sa main sur le bord du canapé, pour contempler la jeune femme.

« Félicitations ! Je suis heureux pour toi et… Tu as l’air très heureuse. » commenta-t-il en observant son large sourire. C’était le moins qu’on pouvait dire. Il l’interrogea ensuite, avec une curiosité qui n’était pas feinte : « Vous avez déjà réfléchi aux premiers détails de la cérémonie ? »
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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeDim 22 Aoû 2021 - 22:47
Isobel ne pouvait pas s’empêcher de sourire, comme à chaque fois qu’elle annonçait ses fiançailles. Cette fois-ci, son sourire trouva écho dans celui de Elijah, qui semblait ravi également. Il se pencha vers elle et, après une hésitation, pressa légèrement sa main dans la sienne. Isy baissa les yeux sur leurs mains mais n'interrompit pas ce contact, partageant pendant quelques secondes ce moment. C’était la première fois que cela arrivait mais elle n’en fut pas dérangée, au contraire. Ils laissaient leur relation se construire petit à petit, sans forcer les choses. Elle ne savait pas encore comment vraiment se positionner par rapport à ce père inconnu mais elle ne se mettait pas la pression et elle était reconnaissante qu’il ne le fasse pas non plus. Leur lien actuel lui correspondait : ils apprenaient à se connaître et elle commençait à l’impliquer dans sa vie. Elle voulait qu’il soit présent à son mariage car c’était un moment qui serait important pour elle.

- C’est gentil, souffla-t-elle en lui souriant de nouveau. Elle était contente qu’il accepte de venir. Je le suis, confirma-t-elle lorsqu’il souligna qu’elle semblait très heureuse. Elle était extrêmement amoureuse et avait déjà hâte de cette union. Un petit peu, mais nous n’avons pas encore de date ni de lieu ! Nous partons à la Nouvelle-Orléans dans quelques jours pour faire un premier tour. Normalement on devrait se marier à la cathédrale saint-Louis et faire la réception en ville ou dans les environs.

C’était en tout cas dans leurs envies. Il ne manquait plus qu’à trouver le lieu parfait et la date. Elle se pencha pour attraper une pistache qu’elle ouvrit, avant d’embrayer.

- C’est un lieu important pour nous. Je t’ai déjà dit que Abel est aussi de là-bas ? Nous y avons grandi tous les deux, c’était mon meilleur ami toute mon enfance et toute mon adolescence. On s’est perdus de vue quand j’ai quitté la ville - elle n’avait pas encore envie de raconter en détails sa fugue et ses circonstances - et on s’est retrouvés en Angleterre. Elle n’avait pas non plus envie de relater les détails de leur histoire tumultueuse. On s’est fiancés en Grèce, il m’a fait sa demande.


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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeSam 6 Nov 2021 - 13:17
Isobel semblait heureuse ; son grand sourire ne quittait pas ses lèvres, et ses yeux pétillaient de joie. Elijah ne pouvait pas s’empêcher de lui répondre en souriant non plus, véritablement ravi pour elle, et touché qu’elle lui partage une telle nouvelle. Il ne savait pas encore exactement comment agir vis-à-vis de la jeune femme, et cherchait un peu sa place auprès d’elle. Il ne pouvait pas véritablement agir comme un père – du moins pas de la même façon qu’il le faisait avec Ignacio. Il avait connu son fils au moment même où ce dernier était né, il l’avait éduqué majoritairement seul, l’avait vu grandir, évolué, s’était disputé avec lui de nombreuses fois, avait cherché à le punir, avait soupiré d’indulgence devant ses excuses, s’était senti terriblement vieux la première fois qu’il était parti de la maison « juste pour une semaine », et avait eu du mal à se faire au silence qu’avait laissé véritablement son départ. Avec Isobel, c’était différent. Elle était sa fille, évidemment, et il l’aimait profondément, de cet amour qu’on ne pouvait pas trop expliquer, qui était à la fois nouveau, et ancré en lui comme s’il avait été là depuis toujours. Mais elle avait grandi autrement, loin de lui, sans avoir la moindre idée de son nom, de l’homme qu’elle était. Elle avait eu d’autres modèles, d’autres bras pour la percer, d’autres yeux pour la regarder grandir. S’il était honnête, il pouvait admettre qu’il ne se sentait pas tout-à-fait légitime dans ce rôle. Mais il essayait – et Isobel le laissait essayer aussi.

« Ça va être un beau mariage. » commenta Elijah lorsqu’Isobel mentionna la cathédrale Saint-Louis qui, dans ses souvenirs, était magnifique.

Cela ne l’étonnait pas qu’Isobel souhaite retourner à la Nouvelle-Orléans pour se marier avec son compagnon : elle lui avait toujours paru assez attachée à sa ville natale, même si elle avait mentionné l’avoir quitté pendant plusieurs années (sans s’étendre davantage sur le sujet). Et, s’il avait en effet retenu qu’Abel était né au même endroit – il portait le nom de Laveau, qui n’était pas inconnu d’Elijah – il apprenait en revanche les liens que lui et Isobel entretenaient visiblement depuis leur plus tendre enfance. Le récit que lui faisait Isobel était touchant et lui permettait de retracer un peu mieux ce qu’avait été une partie de son enfance et de son adolescence.

« C’était ton destin, alors. » fit-il. « Je suis curieux de le rencontrer. » avoua-t-il. « Je suis sûre qu’il aurait plein de choses à raconter sur l’enfant que tu étais… » Et ces anecdotes, Elijah était friand de pouvoir en connaître quelques-unes. Pour autant, il préféra poursuivre sur un autre sujet : « Si jamais vous avez besoin d’aide pour le mariage… Tu n’hésites pas, je serais ravi de pouvoir vous accompagner dans l’organisation. »
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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeDim 28 Nov 2021 - 22:51
- Merci, souffla Isobel avec un sourire lorsque Elijah souligna que cela allait être un beau mariage, on espère en tout cas.

Évidemment, Abel et elle n’en n’étaient qu’au tout début de leurs préparatifs et recherches. La cathédrale saint-Louis s’était imposée comme une évidence pour eux mais tout le reste restait à définir. Ils avaient envie d’un grand mariage, d’avoir de belles choses, de se faire plaisir. Par curiosité, elle avait commencé à regarder sur les réseaux sociaux et certains blogs pour avoir quelques idées. Ils allaient aussi travailler avec un wedding planner et avaient pris quelques rendez-vous prochainement. Ils pensaient se marier dans un an, au printemps prochain sûrement. Ils avaient le temps.

Lorsque Elijah glissa que ces fiançailles avec Abel étaient son destin, Isy prit un instant pour penser. La notion de destin était très importante dans la culture vaudou, ils pensaient que les ancêtres tissaient leur avenir, que tout arrivait pour une raison. Depuis que Abel et elle s’étaient retrouvés, ils avaient discuté à plusieurs reprises de cette idée. Ils en étaient arrivés à la conclusion qu’ils avaient eu besoin de prendre des chemins différents pour grandir, pour modeler leurs vies, pour devenir des adultes, avant de pouvoir se retrouver plus sereinement. Cela avait quelque chose de rassurant de se dire que tout avait un sens, qu’ils étaient destinés à cela, plutôt que de revenir sur les années perdues à cause d’elle. Elle eut un sourire doux à l’égard d’Elijah avant de hocher la tête.

- On dirait bien.

Elle prit une gorgée de sa boisson avant de reprendre avec vivacité quand son père souligna qu’il était curieux de rencontrer Abel. Machinalement, elle jeta un coup d’oeil à la montre qu’elle portait au poignet.

- Il ne devrait plus trop tarder, répondit-elle. Le message qu’il lui avait envoyé pour l’informer qu’il avait un contre-temps au travail datait d’une heure. Elle eut un rire et secoua la tête. Oh il ne faut pas le lancer là-dessus, je pense qu’il en aurait bien trop à mon goût ! Après tout, il connaissait tout de son enfance et de son adolescence, y compris les anecdotes les plus embarrassantes. C’est gentil. En réalité, elle avait plutôt envie d’être responsable de tout avec Abel, afin de tout maîtriser, mais elle se tut. On va prendre un wedding planner je pense, on travaille beaucoup tous les deux et ça sera de l’autre côté de l’Atlantique...

Et ils avaient des familles exigeantes et envahissantes, qui allaient sûrement mettre leurs nez partout. Cela serait sûrement bien d’avoir un professionnel pour chapeauter tout cela. Son amie Jessica - qui s’était mariée l’année dernière - lui avait dit que cela avait tout changé pour elle, d’avoir notamment quelqu’un pour superviser le déroulement de la journée (et si on demandait son avis à Isobel, Jess avait été une telle bridezilla qu’avoir quelqu’un pour la superviser elle n’avait pas été un luxe.)

- On ne se marie qu’une fois alors on veut faire ça bien.


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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeVen 17 Déc 2021 - 12:07
Elijah n’avait pas proposé son aide à Isobel à la légère, mais il perçut également sa retenue dans sa voix aussi, il n’insista pas. Il savait que la situation était particulière ; il était le père d’Isobel, donc l’un de ses plus proches parents, mais il ne la connaissait que depuis très peu de temps. Probablement que les parents d’Abel ou la famille d’Isobel qui résidait à la Nouvelle-Orléans prendrait moins de pincettes que lui, et c’était normal. Mais Elijah considérait qu’il n’avait pas gagné le droit de s’immiscer dans les affaires de sa fille s’il n’y était pas invité au préalable – il était beaucoup moins précautionneux avec Ignacio, évidemment. Il était déjà heureux de pouvoir être là, chez elle, et qu’elle l’invite à son mariage. C’était beaucoup d’émotions, et cela se voyait dans le sourire qu’il affichait.

« Vous avez raison. » approuva-t-il lorsqu’Isobel lui expliqua qu’ils désiraient faire les choses bien. « Je suis certain que vous parviendrez à faire de ce jour un moment à votre image. »

Elijah s’était marié une fois aussi, des années auparavant, avec la mère d’Ignacio. Ils avaient fait un petit mariage, avec seulement une quarantaine de personnes, dans un grand chalet qu’ils avaient loué. Ils s’étaient mariés en plein hiver parce que c’était la saison préférée d’Alice, et ils avaient tout organisé eux-mêmes : le repas, la décoration, la cérémonie… Mêmes les alliances avaient été fabriquées par un ami de son épouse, qui travaillait dans la joaillerie. Ils avaient aimé pouvoir créer l’intégralité de ce moment à partir de leurs idées, de leurs envies. Encore aujourd’hui, Elijah en gardait de très beaux souvenirs. Il souhaitait à Isobel de connaître ce même bonheur absolu et espérait que le sien durerait aussi longtemps que cela était possible. A écouter son histoire et celle d’Abel, il semblait évident que le destin les avait rassemblés pour qu’ils vivent cette histoire – sinon, probablement se seraient-ils perdus de vue depuis de longues années.

Pensif, Elijah observa sa fille pendant quelques secondes, surpris de constater à quel point la voir aussi rayonnante créait en lui un véritable sentiment d’apaisement. Il avait encore du mal à démêler les sentiments qu’il ressentait, et il n’était pas l’homme le plus à même de poser des mots justes dessus. Mais, parce que le moment s’y prêtait, il se lança, un peu prudemment :

« Tu sais, » dit-il, en rompant le silence qui s’était installé, « je ne t’ai jamais dit à quel point j’étais heureux de t’avoir rencontré. Quelque part, cela tient du destin aussi. » Il explicita sa pensée : « Ignacio et toi, vous vous êtes rencontrés en Angleterre alors que vous êtes tous les deux américains. Vous avez découvert votre lien de parenté au détour d’un hasard et c’est ce qui nous a mené ici aujourd’hui. » Elijah eut un sourire. « Je ne saurais pas comment l’expliquer, mais je suis très fier que tu sois ma fille. » Il secoua la tête. « Je ne dis pas ça parce que tu es une sorcière très accomplie et que j’ai l’impression d’avoir une part de mérite là-dedans mais… Parce que je suis heureux de te voir aussi épanouie. » Il leva son verre vers elle, dans une volonté de l’entrechoquer contre le sien : « A toi et Abel alors, je vous souhaite beaucoup de bonheur. » Il ajouta, pour changer l’atmosphère : « Surtout, faîtes-vous plaisir sur les dégustations, c’est le moment où tout le monde semble prêt à accomplir vos moindres désirs… »
Isobel Lavespère
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Homeward bound [Elijah & Isobel] Icon_minitimeDim 19 Déc 2021 - 18:21
- Merci, souffla Isobel avec un sourire lorsque Elijah souffla qu’ils arriveraient à faire de ce jour quelque chose à leur image.

C’est ce qu’ils essayaient de faire en tout cas et pour l’instant, elle était très heureuse de leurs choix. Elle avait hâte, tellement hâte. Sa seule véritable inquiétude résidait dans la présence de leurs familles. Entre ses tantes, sa mère, sa belle-mère, les tantes d’Abel et puis le mélange entre tout ce petit monde là et leurs amis et son père désormais... Elle ne regrettait pas de l’avoir invité pourtant, elle en avait eu envie et n’avait pas cherché à investiguer plus loin, tant cette histoire était compliquée pour elle. Cela lui faisait plaisir qu’il soit présent, elle espérait juste que cela se passerait bien avec sa mère (qui ne devait pas se souvenir de lui de toute manière, quand bien même ils avaient eu un enfant ensemble.)

Lorsque Elijah reprit la parole après un instant de silence, Isobel leva ses yeux noirs vers lui. Son père avait tendance à... parler. Il exprimait des sentiments, il l’avait déjà fait la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Il l’avait des fois refait lors de leurs échanges, il lui avait déjà dit qu’il était heureux de la connaître, de la rencontrer. Isy ne savait jamais comment se comporter face à cela, elle n’avait pas vraiment pas hérité de ce côté expansif. Mettre des mots sur les choses ? En dehors de son métier ? C’était déjà difficile pour elle face à Abel, qu’elle connaissait depuis sa plus tendre enfance et qu’elle aimait plus que tout au monde. Alors face à Elijah qui, même s’il était son père, était pour elle un parfait inconnu, cela relevait presque de l’impossible.

Là où elle pouvait tomber en accord avec lui, c’était sur la notion de destin. Effectivement, il y avait presque quelque chose d’improbable dans le fait qu’ils aient découvert ce lien. Le fait qu’Ignacio vienne jusqu’en Angleterre, rencontre Roy, puis elle, qu’il recueille son chat (alors que Sorbier ne sortait jamais de l’appartement !) et qu’elle lui doive un service, que ce service soit de pratiquer la magie et qu’ils découvrent ce lien de sang. C’était presque comme si quelqu’un avait tiré les ficelles au dessus d’eux. Isobel ne croyait pas aux coïncidences : cela faisait partie d’un plan des ancêtres. Ils avaient voulu qu’elle rencontre son père, elle qui avait grandi sans pendant trente-cinq ans.

Elle resta néanmoins silencieuse le temps qu’Elijah développe sa pensée, disant qu’il était très fier qu’elle soit sa fille. Un peu mal à l’aise, Isobel baissa les yeux sur ses genoux, sans savoir quoi répondre à cela. Une mauvaise partie d’elle manqua de s’offusquer un peu vite lorsqu’il glissa que ce n’était pas parce qu’elle était une sorcière accomplie et qu’il avait une part de mérite là-dedans- encore heureux, souffla cette petite voix aigrie, cela n’avait rien à voir avec lui, elle s’était débrouillée seule - mais parce qu’il était heureux de la voir épanouie. C’était gentil. Mais elle ne savait pas quoi penser de cela. Sûrement parce que sa mère ne lui avait jamais dit qu’elle était fière d’elle, encore moins fière de la voir épanouie. Et, songea Isy alors que ses pensées s’emballaient, est-ce qu’on pouvait être fier de voir quelqu’un heureux ? La fierté, c’était un sentiment de satisfaction personnelle, d’orgueil un peu. Pouvait-on tirer de l’orgueil de voir quelqu’un heureux même si c’était quelqu’un qu’on avait participé à enfanter ? Elijah n’avait aucun mérite dans sa construction ni dans son bonheur. Elle s’était débrouillée sans lui, elle s’était élevée seule pendant tant d’années. Un sentiment de profond malaise s’empara d’Isobel et elle sentit sa gorge se nouer, incapable d’identifier les émotions contradictoires qui se bousculaient en elle. Est-ce que ce que Elijah lui avait dit lui avait fait plaisir ? Elle n’en n’était pas certaine. Elle trouvait même cela un peu déplacé qu’il puisse parler de fierté. Il n’avait pas de fierté à tirer de quoi que ce soit dans sa. vie, parce qu’il n’en n’avait aucune part. Ils s’étaient rencontrés il y a six mois. Et Isobel n’était plus une petite fille qui cherchait à rendre fier les adultes autour d’elle.

Elle leva machinalement son verre pour l’entrechoquer contre le sien, essayant de faire taire ses pensées agitées. Elle allait se concentrer sur l’idée qu’il était content de la voir épanouie. C’était gentil. Tant mieux pour lui. Tant mieux pour lui s’il était content, tant mieux s’il se réjouissait de son mariage. Elle en était elle-même très heureuse. Il valait mieux cela que quelqu’un qui lui souhaitait l’échec.

- Merci, souffla-t-elle, sans rebondir sur le reste des propos, parce qu’elle n’aurait pas su quoi en faire.

Elle ne pouvait pas dire qu’elle soit fière qu’il soit son père parce que c’était faux, cela ne lui inspirait aucun orgueil, ils ne se connaissaient pas et surtout, elle n’avait en rien participé à l’homme qu’il était, au contraire d’Ignacio. Qu’il soit lui fier d’elle la mettait mal à l’aise. Elle essaya de reprendre une conversation légère après avoir bu une gorgée de son verre mais son ton était moins enjoué.

- Oui, je pense que Abel va se faire plaisir, surtout pour le repas, il aime beaucoup manger... Je vais l’appeler d’ailleurs, fit-elle en se levant, attrapant son Pear. Elle avait envie qu’il soit là, qu’il y ait une troisième personne dans la pièce. Elle se dirigea vers la cuisine, mais tomba sur le répondeur de son fiancé avant de l’atteindre. Elle raccrocha avant de se retourner vers Elijah, posant son Pear sur le comptoir. Il ne répond pas, peut-être qu’il est en route. Désireuse de dissiper son malaise en lançant une conversation plus tranquille, elle lança, sans se rassoir. Est-ce que tu as vu Ignacio depuis que tu es arrivé ?


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