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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitimeMar 26 Mai 2020 - 12:08
18 février 2011

Avalon peinait à s'habituer à son nouveau bureau, qui avait longtemps été celui de Danielle Coleman. Elle l'avait aménagé de façon à ce qu'il corresponde plus à son image - plus clair, plus chaleureux - et les techniciens de Vargas étaient venus dans la matinée pour installer son PearPro XL sur son bureau. Elle avait passé une grande partie de la journée d'hier avec Danielle - et avait passé un entretien avec le ministre de la magie lui-même - pour assurer la transmission des différents dossiers en cours de la milice, et discuter de la répartition des rôles au sein du service. Deux choses restaient à faire désormais ; choisir quelqu'un pour la seconder, et sélectionner ses hommes, Danielle lui ayant simplement demandé de lui soumettre sa liste définitive pour validation.

Et Avalon avait pu constater - en restant éveillée une bonne partie de la nuit - que le recrutement était loin d'être une tâche aisée. Les Renseignements étaient une toute nouvelle unité, alors il fallait sélectionner avec soin les hommes et les femmes qui la peupleraient. C'était encore plus difficile car les missions de son service différaient de celles du service des Interventions, géré par Galahad, et dont tous les miliciens étaient plus ou moins coutumiers.

Il lui fallait des personnes à l'aise avec la technomagie, capable de s'adapter rapidement à n'importe quelle situation, sachant faire preuve de sang-froid dans des missions complexes... Des perles rares - à vrai dire, même elle ne répondait pas à toutes ces conditions. Elle ne trouverait jamais de tels hommes, avait-elle réalisé vers trois heures du matin, parce que tous avaient leurs forces et leurs faiblesses ; leurs qualités et leurs défauts. Elle devait pouvoir composer avec ceux-ci, pour que l'intégralité de son équipe soit équilibrée. Elle devait réfléchir à une unité collective, et non pas individuelle. Sophie, par exemple, faisait preuve d'un sens de la déduction hors norme mais était très impulsive. Or, si elle la mettait en binôme avec Adam, ce dernier parviendrait à calmer son tempérament, et lui faire profiter par la même occasion de ses talents en technomagie, lui qui paraissait être né avec un Pear entre les mains.

Après avoir passé en revue tous les miliciens susceptibles de rejoindre son service (pas Angus, malheureusement), elle avait donc longtemps réfléchi à la personne qu'elle avait envie de nommer lieutenant pour la seconder. Son choix avait fini par se porter, assez logiquement selon elle, sur Leonard Wellington. Ce n'était peut être pas la décision la plus attendue - mais Avalon avait préféré se fier à son instinct, qui ne l'avait jamais trompé auparavant. Leonard était peut-être jeune - pas beaucoup plus qu'elle - mais il avait toujours été une recrue de choix, depuis le début de sa formation. Il avait toujours été à l'aise avec les outils technomagiques, avait des capacités réflexives hors du commun... Et elle lui faisait confiance ce qui était, à son sens, la condition requise pour prétendre à ce poste.

A vrai dire, Leonard et elle se connaissaient bien. Ils avaient souvent été mis en binôme ensemble sur plusieurs missions, travaillaient bien tous les deux, et avaient développé une complicité au fil des années passées à la milice. Aussi, elle lui avait demandé de passer la voir ce matin en arrivant, et l'attendait donc, appuyée contre le bord de son nouveau bureau. Elle lui offrit un sourire lorsqu'il passa la tête par l'entrebâillement de la porte.

"Entre !" fit-elle avec un sourire. "Est-ce qu'on dirait pas que Danielle Coleman n'a jamais hanté ces lieux ?" demanda-t-elle avec un regard amusé, en référence à l'ambiance bien plus chaleureuse de la pièce.

Avalon n'était pas connue pour s'embêter de formalités lorsqu'elle avait quelque chose à demander, aussi embraya-t-elle immédiatement sur la raison pour laquelle elle avait demandé à Leonard de passer la voir :

"J'imagine que tu as lu ma première note de service sur la création de la nouvelle unité de la milice ?" Elle avait été envoyée hier dans l'après-midi, après son rendez-vous avec Danielle. "Je suis en train de constituer ma nouvelle équipe." l'informa-t-elle avant d'ajouter, en guettant sa réaction : "Et j'aimerais que tu acceptes de devenir mon lieutenant."


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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitimeLun 1 Juin 2020 - 12:44
Les humeurs étaient toujours transparentes chez Leonard qui n’était pas homme à cacher ses émotions. Ses collègues avaient pu observer ces derniers jours qu’il n’était pas dans son assiette et pour cause, quand ses tâches au travail ne lui occupaient pas suffisamment l’esprit, Leonard ne cessait de revenir mentalement vers cette affreuse soirée d’anniversaire où il avait dû repousser Eiluned. On l’apercevait donc parfois sur son bureau, tourner mollement les pages d’un rapport, passer ses mains dans ses cheveux en soupirant, observer les employés du Ministère passer dans l’atrium à travers la fenêtre. Il se laissait attraper par une grande mélancolie qui s’accentuait le soir quand il rentrait chez son frère pour s’avachir sur le canapé et ne plus en sortir, déprimé. L’effervescence dans laquelle se trouvait la Milice depuis les récentes structurations le distrayait mais pas suffisamment pour le mettre de bonne humeur. Pourtant, les toutes nouvelles installations dont bénéficiait le nouveau service de renseignements où il avait été affecté auraient du ravir l’âme d’amateur de technologie et de beaux objets qu’il était, mais il avait seulement souri en découvrant son nouveau poste de travail. Il avait rédigé une demande quelques semaines plus tôt pour être transféré dans la nouvelle unité d’Avalon Davies mais il n’arrivait pas à se réjouir totalement de voir ce souhait se concrétiser.

L’absence d’Eiluned ternissait son quotidien et comme si cela ne suffisait pas, une discussion quelques jours plus tôt avec son oncomage avait remis en perspective beaucoup de choses dans sa vie. Sa tumeur ne semblait pas progresser très vite, lui avait t-elle annoncé, ce qui était une bonne nouvelle mais il devait malgré tout se préparer mentalement à faire quelques changements dans sa vie, à une échéance plus ou moins proche. Combien de temps allait t-il passer dans cette nouvelle unité de la Milice, avant d’être forcé de demander un mi-temps jusqu’à devoir lever totalement le pied, rendu inapte à travailler à cause de sa maladie ? Aurait-il au moins le temps de trouver les réponses à cette dernière enquête sur la disparition de sa soeur, celle qui l’obsédait et qu’il s’était juré de résoudre avant de partir ? Toutes ces inquiétudes affluaient dans l’esprit de Leonard qui se perdait dans les divagations les plus pessimistes, pour ne pas changer.

Sa peau était donc plus pâle que d’habitude et sa mine plus fatiguée lorsqu’il poussa la porte du bureau d’Avalon. Un peu interloqué par l’apparence des lieux, qui avaient autrefois appartenu à Danielle Coleman, il se laissa le temps de les observer et d’en retenir malgré lui les moindres détails. Le Pear Pro XL dernier cri qui trônait à son bureau, le nouvel arrangement des fauteuils, la machine à chocolat chaud sur une console contre le mur, plusieurs livres sur les étagères, de nouvelles lampes à la lumière douce qui complétait l’éclairage des bureaux. Autant dire que le bureau était véritablement métamorphosé et qu’il donnait envie de venir voir sa chef.

« J’allais le dire » répondit t-il, en s’efforçant de lui sourire. D’habitude il aurait enchaîné en blaguant sur l’ancienne apparence très sobre et impersonnelle qui avait caractérisé ce bureau du temps où il était occupé par Coleman, mais il n’eut pas le coeur à ça. Il ajouta tout de même, sincèrement : « Encore félicitations, Avalon, c’est une belle promotion. »

Il était content pour elle, Avalon était une collègue qu’il appréciait beaucoup, avec qui il avait aimé travailler en duo à plusieurs reprises dans le passé. Lieutenante si jeune, et maintenant commandante… Elle réalisait une percée inédite dans le milieu de la Justice Magique, faisant jaser les plus réactionnaires. Leonard lui-même était surpris de la voir promue si vite mais il n’avait pas cherché à remettre en question la décision de Danielle Coleman elle-même, qui n’était pas du tout du genre à distribuer des promotions pour faire plaisir. Son choix avait une certaine logique qu’il pouvait déceler : le service des renseignement était composé de miliciens jeunes, aguerris aux technomagies, Coleman avait volontairement fait en sorte que cette unité soit portée par une nouvelle vision qui briserait les carcans et les habitudes bien ancrées à la Justice Magique et mettrait en oeuvre une toute nouvelle ouverture, c’était donc assez logique qu’elle choisisse une femme jeune, dynamique et résolument tournée vers l’avenir telle que l’était Avalon. Une vision qu’elle affirmait déjà, d’ailleurs, comme on pouvait le sentir derrière les mots qu’elle avait utilisés dans cette fameuse note de service qu’elle évoquait.

« Oui je l’ai lue » se contenta de répondre Leonard, en s’asseyant face à elle.

Par chance, il s’assit juste à temps pour ne pas trébucher sous l’annonce que lui fit Avalon, sans introduction. Le choc et l’incrédulité le firent hausser les sourcils et ouvrir la bouche dans un « o » expressif. Avalon n’avait pas l’air de plaisanter le moins du monde, malgré le sourire confiant qui ornait son visage.

« Quoi ? Moi ? Lieutenant ? » réagit t-il aussitôt, posant une main sur son torse, stupéfait.

Le poste prisé de lieutenant était aux yeux de beaucoup d’entre eux l’arrangement idéal entre l’accès à des responsabilités permettant de prendre des décisions et le travail de terrain assez soutenu. Contrairement au commandant qui passait une grande partie de son temps à assurer la facette politique et administrative, en donnant des discours, en représentant publiquement la Milice, en définissant de grandes stratégies et en s’assurant d’obtenir tous les moyens nécessaires à leur développement par des négociations musclées avec des personnalités haut placées, les lieutenants, eux, étaient plus plébiscités sur des missions de terrain. Ils accompagnaient le commandant pour décider de la répartition des missions, ils cadraient directement des équipes d’agents pendant les interventions, ils jouaient également le rôle d’intermédiaire en faisant remonter les demandes auprès de la hiérarchie. Ils informaient régulièrement le commandant sur l’avancement des enquêtes et décidaient avec lui des orientations à leur donner et des liens à faire avec d’autres opérations. C’était en somme une grande responsabilité à laquelle Leonard ne pensait pas prétendre avant ses trente ans, aussi était-il très surpris qu’Avalon ait pensé à lui.

« Mais… Pourquoi moi ? interrogea t-il. Je… Je suis flatté hein, mais il y a sûrement des gens mieux placés que moi pour assurer ce poste, comme par exemple… Thomas ? »

Thomas Brendel était la recrue la plus âgée de leur unité de renseignements. A trente-trois ans, il avait le parcours du policier idéal, après avoir servi des années à la Police Magique pour intégrer la Milice dès sa création. Calme et expérimenté, il ressemblait au profil parfait pour prendre ce poste de second auprès d’Avalon. Leonard guettait la réaction de sa nouvelle chef, avec une certaine angoisse au fond de son coeur. Cette promotion l'effrayait parce qu'elle le ramenait à la discussion qu'il avait eue avec son médecin quelques jours plus tôt. Prendre des responsabilités supplémentaires n'était pas exactement le genre d'aménagement dans son travail qu'elle lui avait conseillé de faire...


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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitimeSam 13 Juin 2020 - 11:51
Avalon connaissait Leonard depuis plusieurs années maintenant. Ils s’étaient bien trouvés tous les deux, formaient un binôme efficace avec qui il était agréable de traiter. Ils avaient mené ensemble plusieurs missions couronnées de succès, avaient attendu des heures et des heures dans des planques minuscules, les yeux rivés sur des bâtisses qui semblaient calmes, dans un silence uniquement troublé par leurs plaisanteries chuchotées. Et c’était pour ce lien qui l’unissait à Leonard qu’Avalon avait choisi de le faire lieutenant, ce lien professionnel, bien que teinté d’amitié. Elle faisait confiance à son instinct qui avait porté son choix sur cet homme, certes peut-être un peu jeune – mais beaucoup plus qu’elle lorsqu’elle avait été nommée à lieutenante par Danielle.

Elle lui faisait confiance, véritablement, et c’était la seule chose qui lui importait vraiment. Lorsqu’elle avait dû faire son choix, elle avait repensé à ce que Danielle leur avait dit, un jour, à Nasreen et elle, après l’arrestation de Chloé Hellsoft qu’elles avaient menée toutes les trois et qui avait été particulièrement périlleuse. Elles s’étaient retrouvées, le soir même, à boire un whisky dans le bureau de Danielle, enveloppées dans cette douce sensation d’être en vie. « On choisit ses lieutenants en étant sûr de pouvoir leur confier notre vie. » avait déclaré Danielle avec un regard pensif, après un long débriefing en plein milieu d’une nuit noire. Cette déclaration de confiance les avait laissé toutes les trois silencieuses.  

Alors oui, peut-être, comme le soulignait Leonard, que d’autres agents étaient tout à fait aptes à prendre le poste qu’elle lui proposait. Mais il était son choix logique à elle, et la personne qu’elle avait choisie pour la seconder.

« Bah. » fit-elle en haussant les épaules. « Il y avait sûrement des gens mieux placés que moi pour prendre mon poste aussi, tu sais. »

Et c’était d’ailleurs exactement ce qu’elle avait souligné à Danielle lorsque cette dernière lui avait offert le titre de chef de l’unité des renseignements de la milice. Elle avait été d’abord surprise, puis méfiante, avant d’accepter pleinement ses nouvelles responsabilités. Si Danielle lui faisait confiance au point d’être capable de lui confier sa vie, alors Avalon devait au moins lui rendre la pareille. Après tout, pour l’instant, se fier aux décisions de sa supérieure ne l’avait jamais mise dans des situations qu’elle regrettait.

« Agent Wellington, » lança Avalon en haussant les sourcils, amusée. « C’est bien présomptueux, dès mon premier jour en tant que commandante, de remettre en question mes choix. » Le sourire qui étirait ses lèvres adoucissait largement son propos sérieux.

Elle considéra un instant le jeune homme, dont le visage conservait quelques traces du choc de son annonce imprévue.

« J’ai mes raisons de te choisir toi plutôt que de choisir Thomas. » déclara-t-elle en pianotant distraitement contre la surface de son bureau. « Et ce n’est pas une question d’être flatté, je ne te fais pas un cadeau en t’offrant le poste de lieutenant, crois-moi. » Son regard se fit brièvement malicieux, avant de retrouver son sérieux. « Mais ça fait des années qu’on travaille ensemble, et notre binôme a toujours bien fonctionné. J’ai confiance en toi, et je sais que tu as largement les capacités pour prendre ce poste. » assura Avalon.

La milice était basée sur la confiance. Celle que Danielle avait eu en Avalon pour la nommer à la tête de cette nouvelle unité, et celle qu’Avalon avait maintenant en Leonard pour lui proposer de devenir son second.


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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitimeSam 27 Juin 2020 - 13:37
Avalon Davies était une femme directe. Parfois un peu trop. L’annonce qu’elle fit, sans introduction, créa un choc visible sur le visage de Leonard qui n’avait pas du tout vu venir cette proposition. Il pouvait citer des dizaines de personnes plus qualifiées et plus expérimentées que lui pour prendre le poste que lui proposait la nouvelle chef de la Milice. Il en cita un, son collègue Thomas, mais cette intervention ne fit pas sourciller une seule seconde Avalon. Son jeune âge ne semblait pas lui faire peur, et pour cause : elle pouvait opposer le même type d’argument au sujet de sa propre promotion, et pourtant elle était là, dans un bureau affichait le titre de commandante.

Avalon affichait un sourire tranquille qui aurait pu apaiser Leonard en temps normal, mais cette fois, il n’en ressentit qu’une plus grande anxiété. Plus le discours de son interlocutrice avançait, plus Leonard sentait l’effarement s’emparer de lui et le noeud dans son estomac se resserrer. Si elle lui disait tout cela, c’était parce qu’elle ne savait pas tout, soufflait une insidieuse voix en lui. Cela faisait des années qu’ils travaillaient ensemble, oui, mais elle ignorait qu’il ne leur en restait plus beaucoup, désormais. Leur binôme avait bien fonctionné mais pour combien de temps ? Qu’en serait-il quand sa mémoire lui ferait défaut ? Quand il ne pourrait plus bouger comme il le souhaitait ? Quand il devrait rester alité, à attendre une fin toujours plus proche ? Bientôt, bien trop vite, il n’y aurait plus de binôme du tout mais Avalon ne le voyait pas, car elle était comme lui, avant que la pire annonce de sa vie ne vienne détruire son avenir : elle pensait qu’ils avaient un temps infini devant eux. Elle avait cette tranquillité d’esprit sur son futur proche que tous les jeunes adultes de leur âge avaient, celle qu’on avait brutalement arrachée à Leonard un mois plus tôt.

L’humour et la confiance avec laquelle elle s’adressait à lui étaient deux qualités que Leonard n’avait plus le loisir d’avoir, pas comme avant en tout cas. Ce discours réveilla donc une profonde fragilité en lui qui lui coupa le souffle. Plus pâle que jamais, il balbutia, en baissant la tête :

« Je suis désolé, Avalon, je… Je ne peux pas accepter. »

Pendant un instant, il envisagea de ne rien dire de plus, de se contenter de ce refus, sans explication. Mais les paroles de sa médicomage tournaient en boucle dans sa tête, éveillant un grand dilemme. Une chose était sûre, il allait forcément devoir annoncer sa maladie à sa hiérarchie un jour ou l’autre, parce qu’il allait devoir prendre des dispositions vis à vis de son travail, quand il ne serait plus apte à le réaliser au même rythme et avec la même implication qu’avant. Au fond, Leonard voulait différer ce moment et cette annonce le plus possible. Mais était-ce bien raisonnable ? N’était-ce pas profondément inconscient et dangereux même ? Le discours d’Avalon venait de lui mettre le nez en face de ce qu’il ne voulait pas voir : sa chef comptait sur lui, des collègues comptaient sur lui et sur des capacités dont il avait toujours fait preuve jusqu’à maintenant. Et si garder sa nouvelle condition secrète les mettait un jour en danger parce qu’ils n’avaient pas toutes les cartes en main et n’auraient pas pu anticiper une faiblesse de sa part ? C’était une forme de trahison, réalisa t-il, avec une pointe de culpabilité qui s’ajouta à son angoisse. Toutes ces émotions le prirent brutalement à la gorge, ce fut avec une voix légèrement tremblante et les poings serrés sur ses genoux qu’il se décida à faire une confession, la deuxième seulement après celle qu’il avait faite à ses parents et son frère un mois plus tôt :

« Je suis malade. Je l’ai appris récemment. »

Il dut chercher et ramasser tout le courage dont il disposait encore pour croiser le regard d’Avalon et se confronter à ce que cette annonce créait chez elle. Il espérait réussir à se placer dans une position de prise de recul en restant dans le discours le plus professionnel possible. Mais en vérité, son coeur semblait étouffer dans sa poitrine quand il fit un aveu qu’il n’avait fait à personne d’autre que sa plus proche famille :

« Je… Je suis gravement malade. J’ai peu de temps devant moi. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée d’endosser de nouvelles responsabilités dans ces conditions. »


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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitimeJeu 20 Aoû 2020 - 18:29
Face à la réaction de Leonard, les sourcils d’Avalon s’étaient froncés dans une expression soucieuse. Sa proposition n’avait pas eu l’effet escompté sur son collègue qu’elle connaissait depuis plusieurs années à présent, et elle ne parvenait pas à en comprendre les raisons. Elle savait bien que le poste de lieutenant était un poste à responsabilités qui aurait pu en effrayer plus d’un, mais il s’agissait surtout d’une belle opportunité d’évolution. Avalon pouvait comprendre les réserves de Leonard, mais pas cette attitude si éloignée son caractère habituellement jovial. Quelque chose clochait, lui souffla son instinct qu’elle écoutait toujours.

« Tu ne peux pas ? » répéta-t-elle, les sourcils haussés d’incompréhension. « Comment ça ? »

Elle lui proposait pourtant un poste capable de propulser véritablement sa carrière. Un poste dans lequel elle s’était longuement investie elle-aussi, qu’elle connaissait suffisamment pour pouvoir le guider s’il en ressentait le besoin. Elle n’avait pas besoin d’un milicien rompu à l’exercice comme Thomas, mais d’un homme en qui elle pouvait avoir confiance, autant sur le terrain que pour gérer avec elle les différentes tâches administratives qui incomberaient à la gestion de cette nouvelle équipe.

Et quiconque connaissait bien Avalon savait qu’elle ne cédait pas rapidement face à un refus, surtout lorsqu’elle ne parvenait à pas à en saisir la véritable cause. Elle était capable d’argumenter très longtemps – Merlin bénisse la persévérance légendaire des Poufsouffle – et c’était bien ce qu’elle comptait faire aujourd’hui. Elle pouvait lui décrire plus longuement le poste de lieutenant, les tâches associées, les responsabilités inhérentes, le salaire plutôt alléchant… Avalon était capable de réfuter n’importe quel argument négatif d’un revers de main lorsqu’elle était persuadée du bienfondé de son idée.

Presque n’importe quel argument.

La déclaration de Leonard tomba lourdement dans leur discussion, comme un poids qui entraîna les deux interlocuteurs à terre. Avalon se sentit frappée par sa voix tremblante, son regard fuyant, si bien que – chose suffisamment rare pour être notifiée – elle resta parfaitement silencieuse, le regard vrillé dans celui de Leonard. Malade.

Pas besoin d’être médicomage pour savoir que cette « maladie » dont il faisait mention n’était pas une grippe ponctuelle pour laquelle il avait seulement besoin de prendre un peu de repos. Avalon sentit un froid la traverser, qui s’accentua encore davantage lorsque son collègue reprit la parole pour donner quelques informations supplémentaires à cette effroyable déclaration.

« J’ai peu de temps devant moi. »

Les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent de surprise, puis d’effroi. Prise d’une impulsion, elle se leva de sa chaise et contourna son bureau pour venir se placer face à Leonard. Elle posa une main sur son épaule, une main compatissante, qui ne faisait pas grande chose mais qui voulait dire beaucoup.

« Je suis désolée, Lenny. » furent les seuls mots qui réussirent à franchir la barrière de ses lèvres.

Quelle injustice, semblait dire son regard posé sur le jeune homme. Elle sentit sa gorge se serrer face à l’attitude de son collègue, qu’elle n’avait jamais vu dans cet état-là. Elle le connaissait rieur, blagueur, joueur, et ce souvenir de lui tranchait drastiquement avec la vision d’un Leonard soucieux, préoccupé, assailli de sentiments dont Avalon ne pouvait qu’à peine soupçonner l’intensité.

La jeune femme resta un instant silencieuse, n’osant pudiquement pas briser ce silence qui s’était instauré entre eux. Elle n’avait jamais été très à l’aise avec les mots, parce qu’elle n’avait pas été éduquée par des parents qui incitaient leurs enfants à verbaliser leurs sentiments, bien au contraire. Elle s’exprimait plus aisément avec des gestes ou avec des actes. Et que voulait-elle véritablement exprimer à Leonard ? Son soutien, évidemment. L’assurance que, s’il était encore en capacité de travailler avec eux, et qu’il en avait encore l’envie, alors rien n’avait à changer, pour le moment. Qu’elle pouvait l’aider à conserver une certaine stabilité au moins dans un aspect de sa vie, s’il le souhaitait.

« Qu’est-ce que tu as, exactement ? » demanda-t-elle finalement d’une voix douce. « Et qu’est-ce que t’ont dit tes médicomages ? Ils veulent que tu arrêtes de travailler ? » demanda-t-elle en s’adossant contre son bureau.


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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitimeVen 25 Déc 2020 - 14:35
C’était la première fois que Leonard faisait cette révélation à quelqu’un d’autre que son cercle de famille le plus proche. Derrière le tremblement de sa voix, la tension de ses épaules, Leonard était terrifié. Terrifié de la réaction de choc à laquelle il allait devoir se heurter, terrifié des possibles conséquences d’une telle déclaration. Peut-être qu’Avalon allait faire le choix de lui confier moins de responsabilités, moins de missions, pour le ménager, et parce que, au fond, elle ne pouvait pas vraiment compter sur lui, désormais. Leonard resta donc dans l’attente de sa réaction, effrayé par la perspective de voir sa vie changer, parce que chaque changement ne ferait que lui rappeler sa nouvelle condition qu’il avait le plus grand mal à accepter.

Mais la première réaction d’Avalon ne concerna aucun sujet professionnel qui les occupait. Il aurait pu paraître évident que dans un moment pareil, parler de promotion devenait bien futile et qu’il y avait des comportement bien plus humains à adopter. Leonard accueillit la compassion de sa chef avec une espèce de sidération, incapable de réagir à son tour, parce qu’il était choqué de cet aveu qu’il venait de faire. Il ne s’y était pas préparé, il n’avait pensé à aucun moment aborder ce sujet en passant le pas de la porte d’Avalon. Maintenant qu’il y était, un flot d’émotions contradictoires s’emparait de lui. Il baissa légèrement le regard, la gorge bloquée d’une lancinante tristesse qu’il ne parvenait pas à exprimer.

Il se sentait si impuissant.

C’était le plus difficile. Ce sentiment de ne rien pouvoir faire, d’être aux prises avec un destin prédit par les chiffres et la lente dégradation de son corps. Et dans cette situation d’impuissance, Leonard se sentait saisi d’une forme de paralysie : incapable de faire un pas en avant, de faire des choix pour son avenir qu’il aurait pu faire auparavant, sans hésiter. Comme d’accepter cette gratifiante promotion qu’Avalon lui offrait.

Les questions assez pragmatique qu’elle finit par lui poser après un silence lui permirent de s’accrocher à des faits, douloureux à évoquer mais pour lesquels Leonard pouvait se contenter de répéter les mots de son médecin :

« Un glioblastome. C’est une forme assez avancée de cancer au cerveau. J’ai… peu de chances de survivre plus de trois ans. » Sa phrase mourut dans sa gorge serrée, il resta silencieux quelques secondes, le regard fixé sur ses genoux, le temps de se ressaisir. « Non, ils n’ont pas dit que je devais arrêter de travailler pour le moment, mais… Je sais que plus la maladie avance et moins je serai capable de le faire. Ils m’ont prévenu que je devais me préparer à faire des changements dans ma vie, selon les évolutions, parce que… C’est une maladie qui attaque la mémoire. La motricité, aussi. »


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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitimeMer 13 Jan 2021 - 10:02
Leonard et Avalon se connaissaient depuis quelques années maintenant. Ils travaillaient déjà ensemble lorsque le jeune homme faisait partie de la Brigade Scientifique, mais s’étaient réellement liés d’amitié quand il avait rejoint les rangs de la milice. Leurs personnalités solaires, avenantes, enthousiastes en avaient fait deux bons amis ; leurs capacités réflexives, leur appétence pour les nouvelles technologies, la confiance qui s’était tissée entre eux, en avaient fait un duo redoutable. C’était pour toutes ces raisons qu’Avalon avait proposé à Leonard le poste de lieutenant au sein de son équipe, certaine qu’il était sûrement le mieux placé pour la seconder. Pas le choix le plus évident, elle voulait bien le reconnaitre, mais celui qui faisait le plus de sens pour elle.

Elle avait été étonnée lorsque Leonard avait commencé par décliner son offre. Elle avait pâli lorsqu’il lui avait expliqué les raisons de son refus. Le regard soucieux, une main toujours posée sur l’épaule de son collègue, Avalon guettait ses réponses avec une certaine inquiétude qu’elle ne prit pas la peine de masquer. Leonard, bien avant d’être son collègue ou son potentiel second, était surtout l’un de ses amis ; la nouvelle qu’il lui livrait avec difficulté nouait son estomac d’une émotion douloureuse qui pesait également sur son cœur. Un furieux sentiment d’injustice la saisit également à la gorge alors qu’elle observait son ami. Son premier réflexe, presque instinctif, à l’annonce terrible qu’il lui fit de son pronostic vital, fut de le rejeter violemment. Trois ans. Ce n’était pas possible, pas envisageable. Les médecins avaient dû se tromper, ou n’avaient pas encore mis au point son traitement. Trois ans, c’était si court. Trois ans, c’était demain. Comment, dans une société où la magie permettait de se téléporter à n’importe quel endroit du monde, où elle était capable de modifier toute la réalité, des médecins étaient incapables de soigner un cancer ?

De cette révolte intérieure, Avalon ne dit rien, la gorge nouée par l’émotion. Elle écoutait Leonard lui conter les suites de sa maladie, les troubles de la mémoire et de la motricité qui finiraient par le rendre incapable de travailler. Elle resta silencieuse après ce bien triste tableau qu’il lui peignait, les pensées entravées par des sentiments bien trop forts qui l’empêchaient de penser.

« Les médecins ne peuvent rien faire ? » demanda-t-elle finalement, le cœur battant. Elle comprit, au regard de Leonard, que la réponse était négative. « Putain mais… » Son injure s’étouffa dans ses mots.

Avalon prit quelques secondes pour remettre ses pensées en ordre et faire taire ce sentiment paralysant d’impuissance. Elle n’était pas médecin, ni chercheuse ; elle n’avait rien à offrir à Leonard pour l’aider à combattre sa maladie. En revanche, réalisait-elle, elle avait la possibilité de lui offrir une certaine stabilité, une perspective d’emploi enrichissante. Sa confiance inconditionnelle, aussi. Elle observa son ami, songeuse, le temps de penser la décision qu’elle souhaitait prendre. Parce qu’elle ne voyait pas de raison de s’y opposer, elle s’ouvra à lui :

« Ma proposition tient toujours. » Elle précisa, le regard sérieux : « Ne te dis pas que je t’offre le poste par pitié ; tu restes la personne la plus qualifiée pour le prendre. J’aimerais construire cette unité avec toi… Si tu en as envie aussi, et si tu t’en sens capable, pour le moment. » Elle pressa doucement son épaule. « On pourra aviser la suite au fur et à mesure de l’évolution de ta maladie. » Après quelques secondes, Avalon ajouta : « Mais si tu préfères partir, prendre un congé… Je comprendrais aussi. »


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La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitimeLun 8 Mar 2021 - 18:40
Sur la figure d’Avalon, Leonard vit se peindre cette incrédulité et ce rejet qu’il avait vu dans le regard d’Ulysse, son frère, quand il avait du lui annoncer la même nouvelle. Lui aussi, il avait rejeté en bloc ce futur néfaste, impossible à accepter. Comment pouvait-on accepter une chose pareille ? Comment pouvait-on accepter l’idée d’une mort programmée et inévitable, à un âge aussi jeune ? Au fond, Leonard ne l’avait pas accepté non plus, pas encore. Il était toujours sous l’effet de la sidération, plus d’un mois après la nouvelle. Lui non plus, il n’arrivait pas à le croire.

Mais il fit taire ses pensées face à Avalon. Il pouvait crier, protester, les faits étaient là. Ce n’était pas le lieu pour faire éclater ses émotions, quand bien même elles commençaient à se bousculer dans sa gorge. La colère ne surgissait plus chez lui, comme aux premiers jours. Ce n’était plus le sentiment d’injustice que le prenait aux entrailles. C’était plutôt une lancinante tristesse, qui éteignait son regard et le rendait silencieux.

Il allait mourir.

Et il voyait face à lui, Avalon prendre à son tour conscience de cette information, avec une grande difficulté que son expressivité naturelle laissait voir. Elle essayait de se maîtriser, c’était visible. Leurs collègues étaient rassemblés de l’autre côté de la paroi en verre de son bureau. Ce n’était pas le lieu pour craquer. Leonard se fit violence pour retenir les larmes qui menaçaient de franchir ses paupières. Il s’efforça de rester digne, dans l’attente de ce qu’Avalon n’allait pas tarder à dire : que son offre ne tenait plus, la décision qui était la plus logique.

Pourtant, elle n’en dit rien. Avec une surprise évidente dans le regard, Leonard l’entendit affirmer que sa proposition tenait toujours. Elle affirma, à nouveau, qu’il était la personne la plus qualifiée pour occuper ce poste de lieutenant, tout en lui assurant qu’ils pourraient aviser en fonction de l’évolution de sa maladie. Elle lui offrit, en quelque sorte, la possibilité de continuer sa vie comme elle aurait dû continuer, jusqu’au moment où cela ne serait plus possible.

Touché, Leonard baissa les yeux, le temps d’une réflexion intérieure. Quelles étaient ses priorités ? Il avait été très enthousiasmé par la création de la cellule de renseignements au sein de la Milice, pas seulement à cause de son attrait pour les technomagies mais aussi et surtout parce que les moyens mis à disposition de cette cellule allaient lui permettre de faire avancer l’enquête sur sa soeur. Il s’était promis que s’il devait mourir, il voulait résoudre le mystère insupportable de cette disparition. C’était le seul objectif qu’il s’était fixé depuis qu’il avait appris sa maladie.

Ce que lui proposait Avalon, ce n’était pas seulement une chance de poursuivre à peu près normalement le cours de sa vie, tant qu’il le pouvait encore. C’était aussi l’occasion de progresser dans la hiérarchie et donc d’avoir les mains plus libres pour avancer plus vite dans cette enquête qui l’obsédait.

Ces deux arguments finirent par chasser les premiers doutes qu’il avait exprimés et qu’Avalon balayait en toute connaissance de cause. Il leva un regard résolu vers elle et posa une main reconnaissante sur celle qu’elle avait posée sur son épaule.

« Si tu maintiens ton offre malgré ce que je viens de te dire alors… J’accepte. » Il souffla, en acceptant l'étreinte qu'Avalon initiait vers lui. « Merci pour tout. »


FIN DU RP


Leonard Wellington

I don't wanna lose control
There's nothing I can do anymore

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Profil Académie Waverly
La confrérie des bretellés [Leonard & Avalon] Icon_minitime