When the party's over [Leonard & Eiluned]

Eiluned Wellington
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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeMar 26 Mai 2020 - 1:09
10 février 2011

« Lili ! » La porte s’ouvrit sur Mary, une bière à la main et un immense sourire aux lèvres. Elle s’avança vers elle pour étreindre son amie. « Ça me fait tellement plaisir que tu sois venue ! » lui assura-t-elle en gardant une main affectueuse posée sur son épaule. « Vraiment, je ne me voyais pas fêter mes vingt-cinq ans sans toi. »

« Je ne pouvais pas manquer ça. » répondit Eiluned – plus par politesse qu’autre chose, parce qu’elle avait hésité à venir jusqu’au moment où elle avait toqué à la porte. « Joyeux anniversaire Mary ! » ajouta-t-elle cependant en embrassant sa joue de son amie.

Après avoir échangé quelques nouvelles avec son amie, Eiluned s’avança dans la pièce, déposa son cadeau sur la table dédiée à cela, et balaya le lieu du regard, à la recherche de visages connus. Ce soir, Mary fêtait ses vingt-cinq ans et elle l’avait appelé environ une quinzaine de fois pour s’assurer qu’Eiluned serait des leurs. Elle avait hésité à prétexter une garde à Ste-Mangouste, mais s’était ravisée au dernier moment pour se rendre dans l’appartement londonien de son amie. Cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus, tous ensemble – depuis le mois de janvier, probablement – et Eiluned devait avouer que ses amis lui manquaient. La solitude dans laquelle elle s’était enfermée depuis sa rupture avec Leonard commençait à lui peser un peu, et cet anniversaire était l’occasion rêvée de renouer avec ses amis. Elle s’était assurée, en amont, que son ex petit-ami ne serait pas là. Quand bien même désespérait-elle de le revoir – ils ne s’étaient pas vus une seule fois depuis la lettre de rupture qu’il lui avait laissé – elle espérait que cette soirée serait une petite parenthèse dans la période sombre qu’elle traversait.

Elle n’allait pas bien ; n’importe quelle personne qui la connaissait un tant soit peu pouvait s’en rendre compte. Elle dormait peu et mal, s’enfermait dans son travail ou ses révisions, mangeait peu et de façon chaotique. Elle avait maigri et constatait ce changement avec une satisfaction qui n’avait rien de saine. Son visage s’était creusé et elle avait l’impression de flotter dans certains vêtements. Ses parents, son frère, la sommaient de retourner voir sa psychomage, mais Eiluned arguait qu’elle n’en n’avait pas le temps ; douce excuse pour poursuivre un mode de vie qui lui permettait de garder un semblant de contrôle sur son existence.

« Coucou Lili ! » Audrey, son amie depuis Poudlard, venait d’apparaître dans son champ de vision. Un sourire éclaira le visage de la jeune femme, alors qu’elle étreignait son amie. « Oh je suis si heureuse de te voir, ça fait tellement longtemps ! » Son regard se fit légèrement réprobateur.

« J’ai eu pas mal de boulot. » répondit Lili en haussant les épaules, et Audrey secoua la tête comme pour lui signifier qu’elle ne la croyait absolument pas.

« En tout cas, c’est génial que tu sois venue ce soir. » Elle la détailla rapidement. « Elle est canon ta robe ! Tu l’as acheté où ? »

Eiluned baissa les yeux vers sa tenue et haussa les épaules. « Dans une friperie, je crois ? »

Audrey hocha la tête, et les deux jeunes femmes poursuivirent leur conversation autour d’une bière. Elles furent rapidement rejointes par un jeune homme blond – un collègue de Mary, qui se présenta sous le nom de Tom – et qui posait sur Eiluned un regard parfaitement charmeur.

Celui de Eiluned, quant à lui, était fixé sur la porte qui venait de s’ouvrir sur une silhouette qu’elle aurait pu reconnaître entre mille. Ce sourire qu’elle connaissait par cœur, ces longs cheveux bruns légèrement bouclés, cette façon qu’il avait d’examiner la pièce dans laquelle il venait d’entrer. Leonard se trouvait sous ses yeux pour la première fois depuis deux mois. Eiluned se figea. Peut-être même cessa-t-elle de respirer.



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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeMar 26 Mai 2020 - 14:04
Leonard avait été si proche d’Eiluned que ses amis étaient devenus les siens. Mary Cuthbert qui fêtait aujourd’hui son vingt-cinquième anniversaire était une camarade de la promotion d’Eiluned, elles étaient amies depuis leur première ou deuxième année, Leonard avait par conséquent lui aussi passé sa scolarité à Poudlard avec elle. Il n’aurait pas été très poli de refuser de célébrer un âge aussi symbolique que ses vingt-cinq ans et pourtant Leonard l’avait sérieusement envisagé, faisant râler l’ensemble de ses amis. Niall, son ami le plus proche et donc le moins précautionneux, lui avait reproché de ne pas faire beaucoup d’efforts, et l’avait enjoint à passer au moins passer une petite heure à la soirée, juste pour faire plaisir à Mary. Mais Leonard, têtu qu’il était, avait refusé de bouger de sa position, avant que Victoria ne lui annonce la seule nouvelle capable de le faire changer d’avis : Eiluned avait annulé à la dernière minute et ne venait pas à cette soirée.

La présence de son ex-petite amie constituait en effet ce qui retenait Leonard de participer à cette fête d’anniversaire, lui qui se sentait parfaitement dans son élément dans ce genre de soirée en compagnie de ses proches. Il aurait dû comme d’habitude être le boute-en-train de leur bande d’amis, prêt à traîner les plus timides sur la piste, lancer des jeux à gages et parler plus fort que tout le monde. Mais il n’avait pas vraiment la tête à ça, qu’Eiluned soit présente ou non, d’ailleurs. Un mois s’était écoulé depuis leur rupture et il ressentait toujours une profonde tristesse dans son coeur, comme s’il venait de signer sa lettre d’adieu. Il ne pouvait donc pas être le Leonard qui mettait une bonne ambiance, cette fois, mais si Eiluned ne venait pas alors il pouvait au moins être le Leonard qui venait souhaiter son anniversaire à une amie de longue date.

C’était la raison pour laquelle il avait enfilé une chemise et une veste avec son jean et sonnait à la porte de Mary, avec sous le bras le cadeau qu’il avait initialement prévu de lui envoyer par hibou. Un sourire -un peu fatigué- s’affichait même sur son visage, car Niall était passé le prendre chez Ulysse et avait passé environ une heure à essayer de le placer dans le bon état d’esprit. « Allez, ça fait longtemps qu’on s’est pas retrouvés tous ensemble, ça va te faire du bien ». Non, cela allait lui rappeler que c’était la première fois qu’il se trouvait parmi l’ensemble de leurs amis sans Eiluned présente à ses côtés. « Tu vas voir, y aura une bonne ambiance, tu connais Mary, toujours la première à lancer des jeux d’alcool ». Ah oui, boire de l’alcool, peut-être qu’il allait faire ça, tiens, se noyer dans l’alcool pour oublier qu’il avait repoussé Eiluned loin de sa vie. Le souvenir de son ex-petite amie semblait surgir au détour de chaque phrase de Niall et Leonard pressentait qu’il allait éprouver cette profonde nostalgie dans chaque recoin de l’appartement de Mary. Finalement, ce n’était peut-être pas une bonne idée d’y aller…

Mais Niall ne lui laissa pas vraiment le choix et l’embarqua dans un transplanage d’escorte au moment même où il commençait à vouloir se défiler. Son habituel franc-parler et sa jovialité s’exprimèrent :

« Allez, colle l’un de tes beaux sourires sur ta face et fais-moi le plaisir de t’amuser, vieux. »

A défaut d’avoir réussi à faire ressortir de la bonne humeur chez Leonard, Niall parvint donc à lui soutirer un vague sourire, qui dura environ quarante secondes. Ce fut le temps nécessaire pour que, entre deux bises de salutation, Leonard remarque la silhouette d’Eiluned dans la foule amassée dans le salon.

Son coeur rata un battement, et peut-être même plusieurs, avant qu’il ne fasse ce geste qu’il faisait toujours avec ses cheveux quand il était nerveux. Leurs regards s’étaient croisés, il en était sûr. Fébrile, mais surtout, très contrarié, il glissa entre ses dents :

« Je vais tuer Vic'. »

Niall abattit sa grande main avec la force qui le caractérisait sur l’épaule de son ami, en le poussant en avant d’une impulsion :

« Allez, c’est trop tard pour ça, maintenant, entrons et allons souhaiter bon anniversaire à Mary.
-Je rigole pas, elle aurait pas dû me mentir et me dire que Lili n’était pas là.
-Qui dit qu’elle a menti ? Lili a p’têt juste changé d’avis et décidé de venir finalement.
-Mouais… »

Il gardait un fond de scepticisme en lui mais il voulait bien laisser le bénéfice du doute à Victoria pour le moment. En revanche, s’il s’apercevait qu’elle avait menti juste pour le faire venir… Eh bien, il ne donnait pas cher de sa peau.

Pour le moment, il fallait faire bonne figure et ne pas laisser son regard glisser vers la silhouette d’Eiluned, qu’il avait entraperçue juste assez longtemps pour se rendre compte de deux choses. Tout d’abord, elle était vraiment resplendissante dans cette robe, avec ses cheveux lâchés. Mais surtout, elle avait maigri au point que cela se voit sur son visage et Leonard la connaissait assez pour avoir une idée plutôt juste de pourquoi. Le coeur serré à l’idée que leur rupture ait pu la faire basculer dans de vieux travers, il ne put résister à poser à nouveau son regard sur Eiluned, qu’il n’eut aucun mal à trouver dans la foule, tant sa silhouette et la couleur de sa robe avait imprimé sa rétine. A nouveau, leurs regards se croisèrent mais plus longtemps cette fois, et Leonard fut incapable de ne pas laisser voir sa tristesse sur son visage.

« Lennyyyyy ! Je suis trop contente de te voir ! »

L’arrivée de Mary fit éclater ce moment silencieux et Leonard se retrouva, sans qu’il n’ait le temps de protester, serré entre les bras de son amie, qui chuchota à son oreille :

« J’ai eu peur que tu ne viennes pas. »

Du regard, Leonard s’excusa car il ne pouvait pas nier qu’il avait pensé jusqu’à la dernière minute à ne pas venir, il n’avait pas l’énergie de prétendre le contraire, en tout cas, alors il se contenta de lui rendre son étreinte, en déclarant :  

« Bon anniversaire, Mary. »



Leonard Wellington

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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeMar 26 Mai 2020 - 15:41
Il y avait, sur le visage de Leonard, une telle tristesse qu’elle sentit ses yeux la piquer et elle battit rapidement des paupières pour se soustraire à cette vision. Les bruits autour d’elle lui paraissaient particulièrement lointain, comme s’ils provenaient d’une différente réalité. Ce fut la voix d’Audrey qui la ramena brusquement sur terre.

« Lili ? Lili, ça va ? »

Eiluned n’eut pas cœur à mentir, alors elle resta simplement silencieuse et baissa les yeux vers son verre pour ne pas avoir à affronter le regard de sa meilleure amie. C’était la première fois qu’elle se retrouvait dans la même pièce que Leonard depuis qu’elle avait retrouvé, posée sur la couverture de leur lit, la lettre qui avait mis fin à ses rêves et ses espoirs. Une lettre. Leonard avait mis fin à des années de relation – amicale puis amoureuse – par écrit. Après cela, il avait complètement disparu de sa vie et de son monde. Ce n’était pas une simple rupture qu’Eiluned avait vécu ; elle avait l’impression qu’on lui avait arraché une part d’elle-même.

Elle était restée longtemps interdite devant ses mots, qui n’avaient aucun sens pour elle. Puis la tristesse et la compréhension l’avaient écrasée. La colère était venue plus tard, lorsqu’elle avait constaté que Leonard ne répondait ni à ses lettres ni à ses appels. Elle ne méritait pas ça. Pas après tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, pas après toutes ces années d’amour et de tendresse, pas après avoir parlé aussi précisément du futur qu’ils voulaient vivre ensemble. Elle ne méritait pas qu’il la laisse, dans l’appartement qu’ils avaient investi quelques mois auparavant, qu’il parte sans se retourner une seule fois. Elle lui en avait voulu, si fort, et elle avait cru devenir folle devant ce silence qu’il lui avait imposé.

Ce silence, justement, avait laissé l’opportunité à des dizaines et des dizaines d’hypothèses de fleurir dans son esprit, et Eiluned n’avait rien fait pour les combattre. Comment aurait-elle pu ? Elle n’avait aucune explication rationnelle à cette décision aussi brutale que précipitée. Elle n’avait jamais vu une telle fin venir ; au contraire, elle avait toujours été intimement persuadée que Leonard était l’homme qu’elle allait épouser. Et une situation comme celle-ci était une aubaine pour que le manque de confiance dont souffrait Eiluned refasse surface, nourri par ses craintes et sa tristesse. Aussi avait-elle essayé de lire entre les mots durs qu’il avait écrit, pour comprendre pourquoi, pour comprendre comment. Et, petit à petit, l’idée qu’il ait quelqu’un d’autre s’était frayée un chemin dans son esprit. C’était la seule explication logique et rationnelle qu’elle avait pu formuler. C’était aussi la plus dévastatrice qu’elle aurait pu imaginer.

Elle s’était dévoilée, elle s’était donnée, elle s’était investie comme jamais elle n’aurait cru être capable de le faire. Et tout cela malgré des époques difficiles, malgré des moments sombres, malgré des deuils qui auraient pu les éloigner. Ils ne s’étaient jamais quittés, ils n’avaient jamais même envisagé la possibilité de le faire. Ils ne s’étaient jamais fuis… Jusqu’à ce que Leonard s’en aille, laissant un mot derrière lui pour tout explication.

« Lili ? »

« Pourquoi Leonard est ici ? » demanda-t-elle en adressant un regard méfiant à son amie. « Je pensais qu’il ne devait pas venir. »

« Moi aussi. » Audrey haussa les épaules. « Victoria m’avait dit qu’il ne serait pas là. » Elle ajouta, après un temps d’hésitation : « Mais tu ne penses pas que… Que ça pourrait être l’occasion que vous vous parliez ? »

Eiluned, le visage fermé, se mordilla l’intérieur de la joue, signe de sa nervosité. « Je ne sais pas. » répondit-elle.

« C’est ton ex ? » demanda Tom, perspicace, qui avait suivi cet échange entre les deux amies.

Eiluned eut un sourire amer. « Oui. »

Si le terme « ex » était suffisant pour résumer son lien avec Leonard, alors peut-être que son cœur ne serait pas tant meurtri par le simple fait de le voir. Car la vérité était là : même après des semaines de colère, elle mourrait d’envie de se précipiter vers lui, de se blottir dans ses bras, de l’embrasser et de le supplier de revenir auprès d’elle.

Son regard ne cessait de revenir sur lui et elle n’écoutait la conversation que d’une oreille distraite. Sa main, refermée sur une bouteille de bière dont elle n’avait vidé qu’à peine un tiers, tremblait légèrement. Elle ne savait pas comment interpréter la tristesse qui se lisait sur les traits de Leonard ; sa détresse, à elle, était visible dans l’intégralité de son attitude.

Tom finit par les quitter – pour leur chercher quelque chose de plus fort à boire, si elle avait compris ses dernières paroles – la laissant en tête-à-tête avec Audrey.

« Ça ne va pas bien, Lili. »
« Comment ça ? »
« Tu ne vas pas bien. Je le vois bien. On le vous tous bien. »

Eiluned, désemparée, préféra une nouvelle fois garder le silence, et elle se contenta d’hausser les épaules.

« Ecoute, c’est la première fois que tu le revoies depuis votre rupture, n’est-ce pas ? » Eiluned hocha la tête. « Va lui parler. » lui intima Audrey.
« Je ne peux pas. »
« Pourquoi ? »

Parce qu’elle ne savait pas si elle serait capable de supporter qu’il soit distant et froid avec elle.

« Je ne peux pas, c’est tout. »

Audrey secoua doucement la tête et posa sa main sur l’avant-bras de son amie.

« Il faut bien que tu fasses quelque chose, Lili. »

Eiluned hocha la tête, luttant pour combattre les larmes qui lui montaient aux yeux. Elle prit une profonde inspiration pour s’apaiser, et accepta le verre que lui tendait Tom, de retour parmi elles, dont elle vida la moitié d’un trait, ce qui déplut particulièrement à son estomac, vide depuis plusieurs heures. Son amie n’avait pas tort ; elle ne pouvait pas passer l’intégralité de la soirée à éviter Leonard, se contentant de l’observer à distance. Elle était plongée dans ses pensées lorsqu’une voix forte s’éleva parmi eux.

« Bon, alors, maintenant que tout le monde est arrivé, on fait un jeu ! » annonça Victoria, montée sur une chaise pour se faire entendre par la bande d’amis. « Alors, j’ai besoin que vous formiez des pairs… Attendez, j’ai déjà une liste, pour ce que ce soit plus simple. » Victoria extirpa un petit papier de la poche arrière de son pantalon. Au sourire en coin qui étira ses lèvres au moment où elle posa les yeux sur cette liste de nom, Eiluned sut ce qui allait se passer. Son regard glissa sur Leonard au moment où Victoria prononçait son prénom, suivi immédiatement du sien.



Eiluned Wellington


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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeMer 27 Mai 2020 - 22:49
« Je ne vais pas rester. »

Le ton de Leonard, aussitôt que Mary eut quitté ses bras pour se diriger vers d’autres invités, fut sans appel. Niall en sursauta, même, sans manquer de s’insurger :

« Quoi ? Mais on vient d’arriver, mec, tu vas pas partir comme ça, quand même ?
-Lili n’était pas sensée être là… Sinon, je ne serai pas venu.
-Tu vas pas partir pour ça, allez, y a pas qu’elle dans cette soirée, on est tous là. On peut se débrouiller pour que vous vous croisiez pas.
-Tu ne comprends pas… »

Le teint de Leonard était devenu pâle, une boule de nervosité s’était logée dans son estomac. Croiser Eiluned était tout ce qu’il voulait absolument éviter, même s’il savait qu’il ne pourrait pas le faire éternellement vu les nombreux cercles d’amis et de proches qu’ils partageaient. Mais il se disait que dans quelques mois, l’éloignement aurait fait son oeuvre, qu’ils pourraient alors tous les deux se croiser et se comporter comme des ex qui gardaient leurs distances et n’avaient rien à se dire. Ce futur hypothétique était loin de l’enchanter mais Leonard avait pris sa décision et il tentait tant bien que mal de s’y tenir, malgré le profond chagrin qu’il en tirait. Parce qu’il était un véritable livre ouvert quand il se trouvait sous le coup de l’émotion, surtout pour Eiluned qui le connaissait par coeur, il se sentait incapable de jouer ce soir ce garçon distant et indifférent qu’il avait tenté d’être à travers sa lettre. C’était trop difficile, sa blessure était trop vive encore. Le simple fait d’être ici, en sa compagnie, risquait de ruiner ses tentatives de maintenir de la distance entre lui et son ex-petite amie, mais ça, aucun de ses amis ne pouvait le comprendre, puisque personne ne connaissait la véritable raison de sa rupture avec elle.

Peu importait, pour Leonard. Ses amis devaient respecter le choix qu’il avait fait, parce qu’au fond, personne d’autre que lui et Eiluned n’était concerné par cette histoire et c’était déjà suffisamment difficile à gérer sans qu’ils n’ingèrent. Pourtant, il ne pouvait pas croire que personne ici n’était au courant du fait qu’ils allaient tous les deux se retrouver à cette soirée et il commençait à nourrir un mauvais pressentiment à ce sujet. La prise de parole de Victoria fut une confirmation violente, brutale de ce qu’il commençait à percevoir à travers l’attitude de leurs amis dont il sentait les regards se porter tantôt sur lui, tantôt sur Eiluned.

« Lenny et Lili. »

Sérieusement, des jeux par pairs et un soi-disant tirage au sort ? Pouvaient-ils faire plus grossier comme façon de les pousser à se parler tous les deux ? D’où se permettaient-ils de monter des coups pareils, alors qu’ils ne savaient rien de la vérité sur ce qui se passait entre lui et Lili ? La nervosité au creux de son estomac, l’inquiétude, la fébrilité de Leonard se réunirent pour former un explosif mélange qui le fit se révolter en un dixième de seconde :

« Putain mais t’es pas sérieuse, Vic. »

Son regard, devenu noir, lançait des éclairs en direction de son amie au centre de la pièce. L’expression de Victoria, brièvement déstabilisée, ne l’incriminait que davantage aux yeux de Leonard qui ne pouvait plus croire en une coïncidence. C’était elle qui lui avait affirmé qu’Eiluned ne viendrait pas et maintenant elle sortait magiquement son papier de sa poche, prête à les mettre ensemble dans son stupide jeu ? La colère s’était définitivement emparée de Leonard, qui fut incapable de retenir ses émotions et se montra sans pitié à son égard.

« Quoi ?
-Mais arrête de faire l’innocente, tu sais très bien ! Bon sang mais… Tu te mêles vraiment de ce qui te regarde pas ! Vous tous, d’ailleurs » affirma t-il en jetant son regard furieux et blessé sur le reste de l’assemblée, sans même épargner Niall qui avait beaucoup trop insisté pour le faire venir. Pour ce qu’il en savait, ils étaient tous de mèche. « Faites votre jeu débile sans moi.
-Attends, Lenny… ! »

Mais ni Victoria, ni Mary, ni personne d’autre ne put retenir Leonard de se frayer un chemin vers la sortie, bousculant au passage quelques personnes. Il prit soin d’éviter le regard d’Eiluned, refusant lâchement de savoir ce que ce coup d’éclat provoquait chez elle. Il poussa la porte d’entrée, fulminant et meurtri à la fois par cette situation qu’il n’avait pas vue arriver.[/color]


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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeJeu 28 Mai 2020 - 1:13
L’éclat de voix de Leonard la figea sur place et Eiluned resta immobile et silencieuse, les yeux rivés sur son ex petit-ami qui s’offusquait de ce jeu, qui s’offusquer de leur binôme. Cela ne lui ressemblait pas – mais rien, dans toute cette situation, ne lui avait jamais ressemblé. Ni les mots qu’il avait employé pour la quitter, ni le silence qui lui avait imposé… Ni, aujourd’hui, cet éclat profondément agacé, suivi de ce départ si précipité que personne n’eut le temps de le retenir.

Eiluned le suivit des yeux, le visage ravagé par une douleur qu’elle expérimentait pour la première fois face à lui ; celle de l’abandon. Elle eut l’impression de suffoquer lorsque, la gorge serrée, elle ravala ses larmes. Elle entendit quelqu’un l’appeler, comme une voix lointaine qu’on percevait mal. La réalité s’était effacée, pour laisser place à un cauchemar qu’Eiluned aurait préféré ne jamais vivre.

Leonard venait de la fuir. De la même manière qu’il avait fui, un mois auparavant, en quittant leur appartement sans rien laisser derrière lui d’autre qu’une lettre vide de sens. Il était parti, sans un regard pour elle, sans un mot à son égard.

Alors, sans même y réfléchir, elle s’élança à sa suite. Elle bouscula quelques amis, qui la regardèrent avec ce drôle d’air désolé, et passa la porte d’entrée quelques secondes après Leonard. Son parfum flottait toujours dans l’air. Elle se précipita dans les escaliers, dévala les marches, sortit sur le perron de l’immeuble avant même que la porte ne se referme sur le passage du jeune homme.

« Leonard ! » Il s’agissait d’un cri qui venait du plus profond de son cœur, un cri d’appel, un cri de détresse, qu’elle n’avait pas pu retenir plus longtemps entre ses lèvres.

Elle profita du fait qu’il s’immobilise pour parcourir les quelques mètres qui les séparaient et se retrouva rapidement face à lui. Elle dut lutter contre cette envie si familière de se blottir dans ses bras, et se contenta de relever le menton pour accrocher son regard.

« Alors c’est ça que tu fais, désormais ? » demanda-t-elle, sans pouvoir empêcher sa voix de trembler. « Tu me fuis ? »

Cette vérité était si pénible à dire, si terrible à envisager, qu’elle resta silencieuse un court moment, les yeux plongés dans ceux de Leonard. Elle lui avait déjà dit, dans les trois lettres qu’elle lui avait envoyées et sûrement dans les nombreux messages vocaux qu’elle lui avait laissés, mais elle ne croyait absolument pas aux raisons qu’il avait évoquées dans sa lettre de rupture. Tout sonnait faux, chaque mot, chaque virgule, chaque majuscule, comme si cette lettre avait été rédigée par quelqu’un d’autre, ou sous la contrainte. Jamais Leonard n’aurait eu des mots aussi durs envers elle, elle en était persuadée, même plusieurs semaines après les avoir lus pour la première fois. Rien ne faisait sens, il n’y avait aucune cohérence entre le contenu de cette lettre et la manière dont il agissait avec elle quelques jours avant de la rédiger…

« Je sais que tu as reçu mes lettres. »murmura-t-elle douloureusement. Elle posa brièvement sa main sur son avant-bras, sans pouvoir dire si ce contact était rassurant ou profondément douloureux. « Je t’en supplie, Lenny, dis-moi ce qu’il se passe. »

Son regard bleu s’était fait suppliant, et était le reflet de toutes les vives émotions qu’elle ressentait ce soir. Il n’y avait que Leonard pour lire si bien en elle – qui saurait reconnaître le profond mal-être dans lequel elle était plongée depuis un mois et qui avait contribué à cette perte de poids fulgurante. Inversement, il n’y avait qu’elle qui pouvait lire aussi facilement sur son visage une tristesse si lourde et si intense, comme celle qui était apparue lorsqu’il avait passé la porte d’entrée quelques minutes plus tôt.

Parce qu’ils se connaissaient par cœur, tous les deux. Parce qu’ils s’aimaient, aussi.




Eiluned Wellington


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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeJeu 28 Mai 2020 - 20:24
Leonard noua rageusement son écharpe autour de son épaule sans cesser de marcher, pressé de retrouver l’extérieur et transplaner loin de ce traquenard. Il en voulait vraiment à Victoria, et les autres personnes qui lui avaient servi de complices, de lui avoir menti et de l’avoir mis dans cette position très inconfortable. Le fait qu’ils n’aient aucune idée de ce qu’ils faisaient ne les excusait pas à ses yeux, mais les incriminait au contraire davantage. Ils s’étaient vraiment mêlés de ce qui ne les regardait pas, alors qu’il avait été très clair sur au moins une chose : il ne voulait plus voir ni Eiluned, ni parler de ce qui s’était passé entre eux.

Si sa colère était si vive, c’était parce qu’elle était attisée par un violent chagrin qui le prenait à chaque fois qu’il pensait à son ex-petite amie. La revoir de ses propres yeux, dans sa belle robe, le visage et le corps marqués par une tristesse qui faisait écho à la sienne, était plus que ce qu’il pouvait supporter. Il avait écrit une lettre afin d’acter leur rupture plutôt que de lui parler de vive voix -comme n’importe quel petit ami bien élevé l’aurait fait- parce qu’il savait précisément qu’il n’aurait pas pu tenir sa décision s’il se confrontait en tête à tête avec Eiluned. Elle aurait cherché à le retenir, à le faire changer d’avis, elle aurait pleuré, supplié qu’il reste et lui, il aurait été incapable de tenir cette fermeté dont il avait fait preuve à travers sa lettre. Il aurait craqué, parce que cette situation le rendait fou de tristesse lui aussi et parce qu’il ne pouvait pas recevoir frontalement le désespoir d’Eiluned sans céder à tout ce qu’elle demandait. Cela avait déjà été suffisamment difficile d’en avoir un aperçu à travers les lettres qu’elle lui avait envoyées en guise de réponse.

Aussi, quand il reconnut sa voix dans son dos, il eut l’impression de recevoir un violent coup dans l’estomac. C’était de pire en pire, songea t-il, effaré. Oui, il fuyait. Il fuyait parce qu’il n’avait pas le choix. Il fuyait parce qu’il s'était convaincu que c’était le mieux à faire. Il était conscient qu’il infligeait une véritable souffrance à Eiluned en partant de cette manière, mais il restait persuadé qu’il s’agissait d’un moindre mal, comparé à ce qu’elle ressentirait si elle apprenait la vérité à son sujet. Il avait vu le regard de ses parents, de son frère, se charger d’un terrible voile quand il avait du leur annoncer le verdict de son médecin. Il avait vu sa mère s’effondrer au sol et perdre connaissance, sous le coup du choc incommensurable que provoquait cette nouvelle. Il avait vu pour la première fois de sa vie des larmes couler sur les joues de son père. Il avait vu le visage d’Ulysse devenir si pâle que la vie semblait l’avoir quitté et il s’était montré incapable de faire quoique ce soit d’autre que prendre leur mère dans ses bras, comme si le fait de s’occuper de quelqu’un d’autre pouvait l’empêcher d’écouter sa propre détresse.

Ce jour-là, Leonard avait réellement passé le pire moment de sa vie, encore plus difficile que celui qu’il avait passé dans cette salle de consultation, face à son neuromage qui lui annonçait la terrible nouvelle. Il ne pouvait pas supporter d’infliger la même chose à Eiluned, il ne pouvait pas placer une épée de Damoclès sur sa tête à elle aussi et la laisser gâcher sa jeunesse auprès d’un condamné à mort. Parce qu’il savait que s'il lui disait, elle chercherait malgré tout à passer ses derniers jours avec lui et Leonard ne voyait aucun bien dans ce choix, car il ne parvenait pas à réfléchir autrement qu'en se laissant envahir l'esprit par le pire. Le médecin s’était montré transparent avec lui : c’était une véritable épreuve pour les proches d’accompagner un malade atteint d'un cancer au cerveau, d’assister à une lente et inéluctable déchéance de son corps et se trouver totalement impuissant jusqu’à la perte de son dernier souffle. C’était vrai, Leonard le voyait déjà, avec sa mère notamment, chez qui il n’avait plus vu un sourire depuis des semaines. Il ne pouvait pas faire subir la même chose à l’amour de sa vie.

Leonard avait espéré que cette scène où Eiluned trouverait l’occasion de l’interroger n’arriverait pas. Mais il s’était évidemment préparé dans le cas où cela se produirait, parce qu’il savait qu’il y avait de grandes chances qu’à un moment ou à un autre, il se retrouve confronté à elle sans l’avoir prévu. Leurs vies, leurs entourages s’étaient trop entremêlés pour qu’il puisse nettement couper les ponts avec elle. Il savait ce qu’il avait à faire.

Il se dégagea de la main qu’elle avait posée sur son avant-bras pour le retenir, un contact qui lui brisait le coeur, puis il ramassa tout le courage qu’il lui restait pour se tourner face à elle. Il la connaissait trop bien. Il pouvait vraiment lire la détresse sur son visage, derrière son regard empli de larmes et les creux apparus dans ses joues pourtant si rondes quand il l’avait quittée. Cette vision lui déchirait véritablement le coeur, il eut le plus grand mal à contenir ses propres larmes mais il se fit violence. Elle le connaissait trop bien elle aussi, alors il ne pouvait pas laisser voir la même détresse, car il savait ce qui allait se passer s’il craquait. Ils allaient s’effondrer dans les bras l’un de l’autre et Leonard se refusait à céder à cet élan au fond de lui qui le poussait si désespérément vers Eiluned. Alors il tourna un visage fermé vers elle.

« Je te l’ai déjà dit. Je te l’ai écrit. C’est fini entre nous. »

Il se força à ancrer son regard agité dans celui de son ex, pour mieux imprimer ses paroles dures. Il n’arrivait probablement pas à masquer complètement son trouble intérieur car il n’avait jamais été très bon pour cacher ses émotions, mais il fit tout son possible pour rester ferme. Il le fallait. Il fallait qu’il la repousse coûte que coûte, alors il continua, en proférant cette fois-ci un mensonge :

« Je n’ai pas lu tes lettres. » Leur simple évocation créa un poids dans l’estomac de Leonard, car il avait au contraire tant pleuré sur chacun de ses mots qu’une seule lecture avait suffi pour les graver définitivement dans son esprit. « J’essaye de tourner la page. Tu devrais en faire de même. »


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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeSam 30 Mai 2020 - 14:56
Le mouvement que fit Leonard pour se dégager de la main qu’elle avait posé sur son avant-bras lui comprima encore un peu plus le cœur – si cela était possible – et Eiluned accrocha son regard lorsqu’il se retourna vers elle avec un visage fermé qu’elle n’avait jamais vu sur ses traits avant ; du moins pas quand il s’adressait à elle. Elle fouilla ses yeux, à la recherche du moindre indice qui aurait pu l’éclairer sur cette attitude, mais ne décela rien d’autre que le trouble intérieur qui habitait le jeune homme, qu’elle avait déjà deviné derrière les mots qu’il lui avait écrit, sans en comprendre la raison.

Elle voulait comprendre. Elle voulait savoir. Elle ne pouvait pas rester plus longtemps dans cette ignorance qui la rendait folle. Elle avait besoin de poser des mots, des vrais, sur ce qu’il s’était passé entre eux un mois plus tôt ; elle ne pouvait pas continuer éternellement à se poser encore et toujours les mêmes questions, à formuler des hypothèses qui n’avaient aucune base solide. Elle méritait mieux que ce silence insupportable.  

Mais peut-être que les mots, finalement, n’étaient pas plus doux. La fermeté avec laquelle Leonard s’adressa à elle la surprit d’abord, puis lui déchira le cœur. C’était fini, répétait-il, il n’avait lu aucune des lettres qu’elle lui avait envoyées, prétendait-il, elle devait tourner la page, lui intimait-il. Chaque mot lui fit l’effet d’un violent coup dans l’estomac, et de grosses larmes dévalèrent ses joues. Elle les essuya rageusement d’un revers de main, pour mieux observer son ex petit-ami, la gorge nouée.

« Je ne te crois pas. » déclara-t-elle alors, sans trop savoir si elle disait ça pour se rassurer ou parce qu’elle en était convaincue. « A moins que tu m’aies menti pendant plus de quinze ans sur la personne que tu étais vraiment. » ajouta-t-elle, en le défiant d’un regard de confirmer cette théorie, à laquelle elle ne croyait absolument pas non plus.

Elle connaissait Leonard par cœur, elle avait évolué, grandi, mûri à ses côtés. Elle connaissait son caractère impulsif, ses gestes tendres, cette façon qu’il avait de passer sa main dans ses cheveux lorsqu’il était contrarié, mais elle ne le savait ni lâche, ni dur, et cette douleur qu’elle avait lu sur son visage un peu plus tôt ne faisait que corroborer l’hypothèse que Leonard ne lui avait pas tout dit.

Et cela la rendait folle qu’il puisse partir ainsi, sans se retourner, en lui demandant de ne pas poser de questions et en lui intimant de l’oublier, de tourner la page. Comment pouvait-elle envisager ne serait-ce qu’une seule seconde de suivre ses recommandations ? Eiluned le lui avait déjà écrit ; qu’il s’emploie à tenter de la faire disparaître de sa vie était une chose, mais jamais elle ne ferait de même.

« Je ne te crois pas. » répéta-t-elle, en cherchant dans son regard un appui pour poursuivre. « Je pense que tu ne m’as jamais dit toute la vérité. »

Et personne ne l’avait fait à sa place. Tous prétendaient ne pas savoir ce qu’il lui était passé par la tête, qu’il s’agisse de leurs amis ou des membres de sa famille.

« Comment tu veux… » Sa voix, déjà tremblante, se brisa complètement. « Comment tu veux que je tourne la page ? Comment tu peux penser que je peux t’oublier ? » Au regard sincère qu’elle portait sur lui, elle lui signifiait dans le même temps qu’elle ne comprenait pas comment lui en était capable. « Tu as été… » Elle se corrigea immédiatement, une lueur de défi au fond des yeux : « Tu es la plus belle partie de ma vie, depuis toujours. Je ne peux pas « t’oublier ». » Elle lui avait déjà dit, dans sa dernière lettre. « Je ne peux pas cesser de t’aimer. » acheva-t-elle dans un murmure en baissant brièvement les yeux.

Lorsqu’elle releva le regard sur Leonard, celui-ci était plus déterminé, plus flamboyant.

« Alors très bien continue à essayer de me rayer de ta vie, continue à littéralement gâcher la mienne avec tes histoires de rupture à dormir debout. Mais il est hors de question que tu décides quand je dois tourner la page de notre histoire. » Ses sourcils blonds se froncèrent. « Tu es incapable de me respecter suffisamment pour m’expliquer les raisons de ton départ, tu ne vas non plus décider à ma place quand notre histoire prendra fin pour moi. » Elle l’observa un moment, en silence, avant de céder à sa pulsion première, qui lui fit adopter un ton doux. « Mon amour », fit-elle, presque suppliante, sans même se rendre compte du surnom familier qu’elle employait, parce qu’il en avait toujours été ainsi entre eux, « parle-moi. »



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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeLun 1 Juin 2020 - 9:57
Leonard avait tout fait pour éviter ce moment, parce qu’il savait qu’il allait difficilement le supporter. En revanche, il était loin d’imaginer à quel point ce serait dur. Les larmes dans les yeux d’Eiluned, la façon dont elle cherchait désespérément son regard pour tenter de le comprendre, ses paroles qui rejetaient les siennes, toute cette situation lui transperçait littéralement le coeur. Il avait toujours eu du mal à supporter la tristesse et les émotions violentes chez les autres, parce qu’il avait tendance à se mettre immédiatement à leur place et à les faire siennes. Face à quelqu’un qu’il aimait aussi fort qu’Eiluned, il subissait une véritable torture à se retenir de pleurer avec elle et de la prendre dans ses bras.

Il mourait d’envie de lui dire que non, il ne lui avait jamais menti sur lui-même, il avait toujours été transparent avec elle toute sa vie, aussi honnête que les sentiments qu’il éprouvait à son égard, mais que cette fois, il ne pouvait rien lui dire, que c’était dans son intérêt à elle de ne rien savoir. Le fait qu’elle répète qu’elle ne le croyait pas éveillait une vague de sentiments contradictoires qui tempêtaient ardemment en lui. Une part de lui-même se sentait aimé et compris, même un peu soulagé de constater qu’Eiluned le connaissait si bien qu’elle n’avait pas cru une seconde à ce qu’il avait écrit dans sa lettre pour tenter de la repousser. Et l’autre, largement dominante à cet instant, se trouvait effaré de l’écouter s’accrocher autant à lui. La tendresse dont elle faisait preuve à son égard, même après cette rupture irrespectueuse qu’il lui avait imposée, lui faisait l’effet d’une brûlure impitoyable. Quand elle déclara, avec un air d’abandon, qu’elle ne pouvait tout simplement pas cesser de l’aimer, il sentit son coeur chuter dans sa poitrine et il aurait pu tomber à genoux sous le choc.

Arrête, laisse-moi, oublie-moi, songeait t-il désespérément sans pouvoir le dire. Plus elle parlait et plus elle l’ébranlait dans la décision qu’il avait prise et qu’il pensait avoir ancrée dans son coeur. Il se rendait compte de combien il était lui-même fragile à ce sujet, sa faiblesse lui explosait à la figure de façon beaucoup plus évidente et violente que quand il pleurait seul sur son canapé en repensant à leurs souvenirs. La vérité se trouvait maintenant aux portes de ses lèvres et il n’y avait plus que des miettes de son obstination pour l’empêcher de les franchir. Puis Eiluned déclara qu’il lui gâchait la vie et cette parole ramena tous les arguments qui l’avait convaincu de rompre. Il allait gâcher sa vie quoiqu’il arrive, il allait la gâcher même -et surtout- s’il lui disait la vérité. Alors le plus tôt et le plus net était le mieux.

Malheureusement, Eiluned ne s’arrêta pas là. Dans cette suite de paroles qui le transperçaient de leur lame aiguisée les unes après les autres, elle prononça le plus beau mot d’amour à son égard et ce fut un coup de grâce pour Leonard. Ce surnom tendre, qu’elle avait toujours eu pour lui dans leurs meilleurs moments, le ramena au souvenir de la sensation de ses bras autour de lui, de ses lèvres douces sur les siennes, de leurs sourires partagés, leurs regards amoureux ancrés l’un dans l’autre. Toutes ces sensations étaient encore si vives, si profondément imprimées en lui qu’il eut l’impression de sentir à nouveau le parfum de son amoureuse et la chaleur réconfortante de sa présence l’envahir, comme s’ils s’étreignaient encore. Il manqua de défaillir sous cette immense vague de nostalgie qui le prit et lui laissa un goût de solitude si amer que les larmes lui montèrent aux yeux. Il baissa aussitôt la tête pour ne pas les laisser voir mais sa voix tremblait légèrement quand il pria dans un murmure :

« Arrête, Lili. Oublie-moi… Je t’en supplie, oublie-moi. »

Il ne répondit à aucune des questions qu’elle avait posées, aucun des appels suppliants qu’elle avait lancé dans sa direction. C’était trop. Trop dur, trop cruel, trop violent. Submergé par une tristesse qu’il ne pouvait plus du tout contenir face à elle, Leonard fit la seule chose qu’il se sentait capable de faire : il prit la fuite, brutalement, sans se retourner. Dans un bruit de transplanage, il atterrit dans l’une des rues illuminées de Leopoldgrad, bouscula quelques personnes qui pestèrent sur son passage. Désorienté, l’âme en peine, il peina à trouver son chemin jusque l’appartement qu’il occupait temporairement depuis sa rupture avec Eiluned.

Quand il poussa la porte d’entrée, il s’adossa contre elle, sans faire un geste pour retirer son manteau, le coeur battant et le souffle court à cause de sa course, alors qu’il prenait lentement conscience de l’ampleur de ce qui venait de se produire. Il entendit vaguement la voix de son frère l’appeler mais l’effroi l’empêcha de répondre. Il croisa le regard d’Ulysse qui pénétrait dans l’entrée, au même moment où une barrière se brisa en lui, libérant l’immense chagrin qu’il contenait jusqu’à maintenant. Toutes les larmes qu’il avait retenues face à Eiluned surgirent sans prévenir, brutalement, bruyamment. Ses jambes cédèrent sous son propre poids et le firent glisser contre la porte.

Leonard s’effondra, entre deux sanglots de détresse, le visage entre les mains.


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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeVen 12 Juin 2020 - 7:46
Eiluned se surprit à espérer qu’enfin Leonard s’ouvre à elle. Elle se surprit à penser que peut-être, cette sordide histoire s’arrêterait là, que tout pourrait enfin redevenir comme avant. Ses grands yeux bleus étaient rivés sur lui alors qu’elle le suppliait intérieurement de mettre fin à ce mensonge douloureux.

Il n’en fit rien. Après lui avoir murmuré une dernière fois de l’oublier, la voix tremblante, Leonard s’écarta d’elle et transplana. Elle se retrouva brusquement seule dans cette rue mal éclairée, de la même façon qu’elle s’était retrouvée soudainement seule dans leur appartement, un mois auparavant. Leonard était parti, encore, et cette fois, elle avait été là pour assister à cette scène de ses propres yeux.

La douleur qui la saisit à cet instant-là fut poignante, suffocante et la laissa un long moment interdite et silencieuse. Elle n’osait pas bouger, comme si elle avait trop peur réintégrer physiquement cette réalité trop cruelle qu’elle ne voulait pas affronter. De grosses larmes dévalèrent ses joues qu’elle ne chercha cette fois pas à essuyer ni à retenir. De gros sanglots lui comprimaient la poitrine alors qu’elle restait là, les yeux rivés sur l’endroit où se tenait Leonard quelques secondes plus tôt.

Il était parti, encore. Il l’avait laissé, encore. Cette discussion ne lui avait apporté aucune explication supplémentaire sur les raisons de son départ, aucun apaisement par rapport à cette rupture qu’elle n’acceptait toujours pas. Rien. A part cette certitude, toujours profondément ancrée en elle, qu’elle ne détenait pas toute la vérité. Que Leonard lui cachait quelque chose. Elle l’avait vu dans son expression triste, dans son regard, entendu dans sa voix tremblante.

Mais cela ne changeait rien, songea-t-elle alors qu’elle transplanait à son tour, en larmes, jusqu’à son appartement. Cela ne changeait absolument rien. Quand bien même lui avait-elle dit et redit qu’elle savait que quelque chose n’allait pas, Leonard s’était montré complètement hermétique à ses paroles. Elle ne savait toujours rien, elle était toujours seule, elle avait toujours mal.

La jeune femme se laissa tomber sur son canapé, le visage ravagé par la tristesse et la douleur. Oublier Leonard, oublier leur amitié, oublier leur histoire, cela revenait à oublier sa vie. A oublier tous ses souvenirs d’enfance, à oublier les cinq dernières années qu’elle avait passé à ses côté. Cela revenait, comme elle le lui avait déjà écrit, à s’oublier elle-même, à renoncer à l’un des éléments les plus importants de sa vie, qui constituait une part importante sinon majoritaire de ses souvenirs et donc de sa personnalité. Leonard en était peut-être capable. Pas elle.

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Ulysse Wellington, restaurateur

Ulysse baillait en consultant distraitement son fil d’actualité Instamag, affalé sur son lit, lorsque le bruit de la porte d’entrée lui fit relever la tête. Il consulta l’heure sur son Pear et fronça les sourcils en constatant qu’il était particulièrement tôt. Leonard n’était parti que depuis une demi-heure, maximum, à cette soirée à laquelle il avait pratiquement été traîné par l’un de ses amis.

« Lenny ? » l’appela-t-il depuis sa chambre, tout en se redressant pour quitter son lit.

Il parcourut les quelques mètres qui le séparait de l’entrée de son appartement et croisa le regard dévasté de son petit-frère, au même moment où celui-ci fondait en larmes et s’écroulait au sol.

Ulysse se précipita vers lui, l’air catastrophé. « Lenny ? Lenny ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » Il posa sa main sur l’épaule de son frère.

Ulysse et Leonard avait toujours eu une relation particulière, basée à la fois sur un amour profond, comme celui qui liait la plupart des fratries, et sur une jalousie mutuelle entretenue par les démons de l’un et de l’autre. Plus jeunes, ils avaient été très soudés, notamment parce que leur petite-sœur, Octavia, calmait leur dispute et jouait le rôle de médiatrice entre ses deux frères.

Puis, Octavia avait disparu, et leur lien s’était effiloché légèrement, alors qu’ils géraient leur peine de manières différentes. Ils étaient tous les deux animés par ce besoin de découvrir ce qu’il était arrivé à leur petite-sœur, mais ils avaient toujours ces mêmes difficultés à communiquer, à poser des mots sur les émotions qu’ils ressentaient l’un envers l’autre.

Puis, on avait diagnostiqué à Leonard son cancer, incurable, qui le condamnait à mourir dans trois ans. Ulysse avait été dévasté par cette annonce, meurtri intérieurement par cette prochaine disparition, détruit par la perspective d’être le seul survivant de sa fratrie. Il avait accueilli Leonard chez lui après sa rupture avec Eiluned et n’avait pas envisagé une seule seconde de le presser à quitter son canapé. A défaut de pouvoir lui apporter ce traitement miracle dont il priait la création tous les soirs, Ulysse se faisait violence pour agir avec lui comme il l’avait toujours fait.

Mais c’était la première fois qu’il voyait Leonard aussi dévasté, ravagé par un chagrin qui se traduisait par ces gros sanglots qui déchiraient l’air. Ulysse s’agenouilla complètement à ses côtés et l’attira dans ses bras, en une longue étreinte, qu’il ne relâcha pas avant que ses sanglots se soient apaisés. A défaut d’être extrêmement doué avec les mots, Ulysse excellait avec les gestes. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » répéta-t-il à nouveau à son oreille, sur un ton qui trahissait son inquiétude.



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When the party's over [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeJeu 18 Juin 2020 - 17:30
Leonard avait déjà craqué plusieurs fois, depuis ce fatidique jour de janvier où il avait claqué la porte de l’appartement qu’il partageait avec Eiluned, pour ne plus jamais revenir. Il avait pleuré assez longuement en rédigeant sa propre lettre puis en recevant quelques jours plus tard celles tout aussi déchirantes de Lili. Parfois quelques larmes lui échappaient aussi quand il était pris d’un gros coup de nostalgie et qu’il regardait des photos de son ex, sur son Pear, ou qu’il se remémorait un moment particulièrement fort qu’ils avaient vécu, ce qui était assez fréquent : tellement de choses dans son quotidien lui rappelait l’absence d’Eiluned, parce qu’il avait toujours tout fait avec elle. Il était triste, désespéré, même, alors il pleurait et souvent, cela finissait par avoir un effet relativement apaisant sur lui. Quand il laissait son trop-plein d’émotions s’échapper, il se sentait un peu plus en maîtrise de lui-même, dans une position un peu plus rationnelle, il pouvait se rappeler toutes les raisons qui le poussaient à maintenir cette situation d’éloignement forcé et il tenait bon.

Alors il avait craqué plusieurs fois, oui, mais jamais aussi fort. Leonard n’avait même pas conscience de charrier un tel chagrin, au point que ses sanglots ne semblaient plus pouvoir s’arrêter et lui arrachaient des hoquets. Cette fois, il ne se sentait pas aller mieux au fur et à mesure qu’il laissait s’écouler cette peine, il avait au contraire l’impression qu’il ne faisait que creuser son propre trou, que sa douleur n’allait jamais disparaître. Le visage enfoui contre le buste d’Ulysse, Leonard s’accrocha à lui comme on s’accrochait à sa seule bouée mais il eut tout de même la sensation de chuter sans fin dans un gouffre de malheur. Derrière ses yeux fermés, il ne voyait que le visage d’Eiluned, amaigri, ravagé par les larmes et il se demandait quel genre de monstre il était pour l’avoir laissée dans cet état.

Quand son flot de larmes se réfréna enfin et qu’il fut à peu près capable de parler, il articula, la voix tremblotante :

« Lili était là… à la soirée et je… »

Sa voix se perdit avant la fin de sa phrase. Tout reniflant, il finit par se détacher de l’étreinte de son frère pour essayer de se ressaisir tant bien que mal. Les yeux fermés, il s’adossa contre la porte alors que des images douloureuses de toute la scène qu’il venait de vivre lui revenaient en tête. Il eut un frisson en reprenant la parole :

« Elle était vraiment… Elle n’allait pas bien, ça se voyait. » Honteux, affligé, il cacha son visage dans ses mains. « Elle m’a rattrapée, elle était en colère contre moi, elle voulait qu’on parle et j’ai juste… J’ai juste fui. C’était trop dur de la voir. »


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