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Le calme avant la tempête [Leopold & Melchior]

Melchior Haik
Melchior HaikDirecteur de la coopération magique
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Profil Académie Waverly
Le calme avant la tempête [Leopold & Melchior] Icon_minitimeLun 27 Avr 2020 - 14:01
20 février 2011

La patience était l'une des nombreuses qualités de Melchior et pourtant, il commençait sérieusement à en manquer à mesure que le temps passait. Le dernier rapport qu’il venait de recevoir n’était pas très engageant, il avait pourtant cru qu’en changeant l’ambassadeur anglais en France, certaines de ses problématiques se règleraient. Mais il n’en était rien, au contraire et l’ambassadeur français en Angleterre ne lui facilitait pas la tâche non plus. Est-ce qu’il commençait à perdre son calme ? Oui. Parfaitement. Le vase de fleurs en avait fait les frais, les fleurs fraîches faisaient grises mines alors qu’elles jonchaient le sol, entourées d’eau et de morceaux de terre cuite colorée. Une mimique d’agacement traversa le visage du ministre alors qu’il faisait disparaître les débris d’un mouvement de baguette. Ce n’était même pas satisfaisant. Il se recoiffa mécaniquement alors que deux coups secs se faisaient entendre contre la porte de son bureau.

"Quoi ?"

La tête de Mason, son secrétaire, passa dans l’entrebâillement de la porte, il jeta un coup d’œil prudent à son supérieur avant d’entrer en tirant sur sa robe de sorcier pour la lisser ce qui tira un haussement de sourcil à Melchior. Il n’avait donc que ça à faire ? Un claquement de langue impatient ramena le jeune homme à ses préoccupations premières et il s’avança avec un épais dossier entre les mains qu’il lui tendit.

"Le compte-rendu sur les accords économiques avec la Chine que vous m’avez demandé. Et Fabien Dupuis est arrivé. Je le fais entrer ?"

Le ministre prit le lourd dossier avant de le poser sur son bureau à côté d’innombrables parchemins. Il hocha lentement la tête en soupirant.

"Merci Mason et demande lui de patienter un peu, j’irai le chercher moi-même."

Le jeune homme hocha la tête avant de sortir en refermant derrière lui, un choix s’imposait à Melchior et si jusqu’à présent il n’avait pas voulu trop y penser, il avait l’impression qu’il n’avait plus trop le choix désormais. Danielle lui avait mis la pression de façon subtile mais il l’avait bien senti, la fuite des terroristes vers la France n’était pas une option. Malheureusement, les accords commerciaux avec la France étaient beaucoup trop importants pour qu’il puisse simplement fermer les frontières, il avait donc demandé des rapatriements et des extraditions. Notamment des familles Weaver et Whitaker mais il n’avait obtenu que des mensonges et des refus. Cela faisait un mois qu’il recevait encore et encore les mêmes réponses. Il avait fait pression sur son ambassadeur en France, Harry Osborn, mais il semblait avoir pris le parti des français en ne lui donnant que des réponses molles et hésitantes.

Des réponses insatisfaisantes et laissant penser que ce cher Harry n’était peut-être pas aussi pro-régime qu’il l’aurait dû. Il n’avait eu aucun état d’âme à le licencier et à donner son profil à Danielle pour que la Milice s’attarde sur son cas de façon plus approfondie une fois de retour en Angleterre. En ce qui le concernait, cet homme pouvait pourrir à Skye, il s’en lavait les mains, il avait des préoccupations bien plus urgentes. Il avait nommé à sa place, Heather Sturgis, une femme en qui il avait toute confiance. Elle travaillait au bureau, attendant sa chance de faire ses preuves et il venait de lui offrir l’opportunité qu’elle attendait depuis longtemps. Elle lui faisait de longs rapports détaillés sur les médias français et ce qu’il lisait ne lui plaisait absolument pas. Alors comme ça l’Angleterre n’était plus une démocratie ? Marchebank un dictateur ? Ils allaient voir ces sales bouffeurs de grenouilles. Il avait été suffisamment indulgent jusqu’à présent.

Il se leva et ouvrit la porte de son bureau en grand, il posa un regard intransigeant sur son lieu de travail, un de ceux qu’il n’avait pas souvent. Peu de ses subalternes l’avaient vu dans un tel état de colère et pour cause, Melchior n’était jamais en colère ou même énervé. Mais les français avaient réussi le pari de le sortir de son calme olympien, c’était un pari risqué, ils venaient de réveiller un monstre qu’il serait difficile de faire rentrer maintenant qu’il était sorti. Le silence se fit dans le bureau pourtant généralement joyeux et bruyant lorsque le ministre passa devant les box pour aller chercher l’ambassadeur français qui attendait sagement dans la salle d’attente. Il n’eut pas de sourire chaleureux à son égard, seulement une poignée de main froide et brève.

"Suivez-moi monsieur Dupuis."

Il fit le chemin en sens inverse pour rejoindre son bureau, toujours dans le plus grand des silences. Il désigna le siège face au sien pour inviter le français à s’asseoir. Il ne lui proposa pas à boire contrairement à son habitude, il ne tenta pas non plus de rendre l’atmosphère agréable. Puisque son approche amicale n’avait pas fonctionné, il passait à l’approche offensive et il ne doutait pas que Fabien Dupuis n’allait pas apprécier.

"Je crois qu’il y a eu une incompréhension entre nous Monsieur Dupuis. Lorsque nous vous avons demandé de l’aide, lorsque nous vous avons demandé d’interférer en notre faveur auprès de votre gouvernement. Je ne vous demandais pas de me ressortir le même mensonge qu’ils nous servent depuis des semaines. Je croyais pourtant que nous nous étions compris, vous jouissez d’une vie confortable dans notre beau pays n’est-ce pas ? Je crois que vous n’avez pas à vous plaindre de votre liberté de mouvements, vous jouissez tout comme le peuple anglais d’une bonne liberté d’actions et même d’expression. ", le regard de Melchior se durcit. "Est-ce que je me trompe ?"

Son regard se fit interrogateur alors qu’il abattait la presse française sur le bureau en un grand claquement.

"Alors expliquez moi pourquoi votre presse titre le mot dictature partout en parlant de notre politique ?"

Le visage du ministre se ferma alors que celui de l’ambassadeur pâlissait, il posa un regard apeuré sur Melchior alors que ce dernier se levait et s’appuyait au bureau, rapprochant dangereusement son visage du sien.

"Je…", balbutia-t-il dans une veine tentative de défense.

"C’est bien ce qu’il me semblait", le coupa Melchior. "Alors puisque nous sommes une dictature, vous ne verrez aucun mal à ce que votre liberté de mouvement soit un peu… diminuée. N’est-ce pas ? Vous êtes assigné à domicile jusqu’à nouvel ordre, Monsieur Dupuis."

Sans un mot de plus, il se redressa et contourna pour ouvrir la porte de son bureau. Deux miliciens étaient arrivés pendant l’entretien et attendaient dans le couloir. Le ministre posa un regard froid sur l’ambassadeur avant de détourner les yeux avec mépris pour porter son attention sur les miliciens.

"Raccompagnez cet homme chez lui, voulez-vous ? Il serait fort dommage qu’il ne disparaisse de façon fâcheuse alors qu’il est sur notre sol."

La menace était à peine voilée, il fallait également qu’il garde un œil sur lui, il était devenu un moyen de pression conséquent pour récupérer les Weaver et les Whitaker le moment venu. Il inspira profondément avant de se saisir de plusieurs dossiers sur son bureau. Celui des français et celui des chinois, il rajouta également celui des allemands et des russes ainsi que celui des américains. De nouvelles options et de nouvelles alliances étaient à envisager maintenant et il était également temps de prendre une décision concernant leurs alliés de toujours qui s’avéraient aujourd’hui de potentiels ennemis.

Il se dirigea vers les ascenseurs magiques en direction du niveau un, il jeta un coup d’œil à son Pear. Il était parfaitement à l’heure, même un petit peu en avance. Il avait sollicité une entrevue avec le Ministre de la Magie pour parler de leurs différents problèmes épineux et surtout pour demander son aval avant d’entreprendre tout changement trop… violent. Il voulait éviter tout impair et il était préférable d’évoquer toutes les options. Il poussa un soupir pour évacuer toute la pression accumulée et se composa un sourire enjoué et avenant. Les portes de l’ascenseur coulissèrent laissant apparaître le bureau du premier ministre. Il s’avança vers la secrétaire avec un sourire.

"Bonjour Josie, comment allez-vous ? J’ai rendez-vous avec monsieur le Ministre. "

Il lui décocha un grand sourire charmeur alors qu’elle vérifiait dans l’agenda ministériel ses dires. Elle le fit patienter quelques minutes avant de revenir vers lui avec son éternel air grincheux.

"Il va vous recevoir, suivez-moi"

Melchior la suivit tout en se recoiffant légèrement mais sans se départir de son sourire. Il n’avait pas revu Leopold depuis le nouvel an et n’avait donc pas eu l’opportunité de savoir comment il avait pris sa liaison avec sa fille. Comme le lui avait gentiment souligné Angus en début de mois. Mais ce n’était pas ce qui le préoccupait le plus dans l’immédiat. Peut-être aurait-il dû ? Mais c’est assez confiant qu’il entra dans le bureau ministériel.

"Bonjour monsieur le ministre. Comment allez-vous ?"

Son sourire se fit légèrement espiègle alors qu’il saluait son supérieur, toutefois, il ne garda pas son air insouciant bien longtemps, prenant même un air grave.

"Il faut que nous discutions de quelques points. Je crois qu’il est temps de revoir nos alliances et nos accords économiques. L’heure est grave."






Darkness is your candle.
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
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Profil Académie Waverly
Le calme avant la tempête [Leopold & Melchior] Icon_minitimeDim 7 Juin 2020 - 17:57
Installé dans son immense fauteuil en cuir noir, le ministre de la magie était occupé à mener une tâche essentielle : caresser son chat Machiavel. Lové sur ses genoux, le félin était roulé en boule et redressait la tête sous les attentions de son maître, les yeux clos de plaisir. Les ronronnements féroces de l'animal, signes de la libération d'endorphines, apaisaient peu à peu son humain, dont les tensions musculaires semblaient se dénouer progressivement. Cela faisait dix bonnes minutes que le duo était occupé à mener ce dialogue silencieux qui leur était propre, et que le ministre faisait fi de ses obligations. Son Pear Pro était résolument passé en mode Silencio, et les notes de services s'accumulaient à mi-hauteur sur son bureau, à qui il tournait le dos.

Ce n'étaient pourtant pas les dossiers urgents qui manquaient, mais Leopold avait besoin d'une pause après une visite éprouvante à Sainte Mangouste pour témoigner de sa sympathie à des victimes d'un accident d'une entreprise de la cité Cosmos. Une explosion dans une chaîne de production de potions avait causé plusieurs grands brûlés, dont la vue des chairs calcinées était à peine soutenable, mais il avait pris sur lui pour faire bonne figure et les assurer du soutien de l'Etat dans cette dure épreuve. Après une conférence de presse, il s'était empressé de regagner le ministère pour s'occuper de plusieurs affaires urgentes, mais avait fini par fermer sa porte et s'effondrer dans son fauteuil, terrassé par la fatigue des dernières semaines.

Son petit compagnon à quatre pattes avait dû sentir l'immense lassitude et le désarroi qui émanaient de son maître, car il s'était étiré longuement sur le canapé sur lequel il avait trouvé refuge, puis s'était empressé de sauter sur ses genoux. Depuis, Leopold grattouillait ses oreilles et le couvrait de caresses, en laissant ses pensées vagabonder. Les mêmes noms et les mêmes visages tournaient en boucle dans son esprit. Clara. Joséphine. Meredith. Rosaleen. Clara. Jacob. Whitaker. Weaver. Kelsey. Clara. Charles... Il tentait de ne pas penser à la nouvelle photo de son père, qu'il avait reçu par courrier anonyme ce matin encore. Il faisait tout son possible pour ignorer le silence étrange du Lexit, qui semblait se faire discret depuis plusieurs semaines, ce qui laissait croire à la milice qu'un nouveau coup était en préparation. Malheureusement, son esprit était aussi vivace que d'ordinaire et sautait allègrement de problème en préoccupation en tentant d'anticiper les prochains coups de son adversaire.

Redressant le regard sur l'exemplaire de la Gazette qui trônait sagement sur son bureau, il lut la une et soupira intérieurement. La scène européenne était agitée et il allait devoir se résoudre à reprendre ses activités pour s'intéresser aux sujets les plus pressants, dont celui de la diplomatie. Comme si elle était capable d'entendre ses pensées, ce que Leopold soupçonnait régulièrement, Josie choisit ce moment pour frapper quelques coups secs à la porte et pénétrer dans le bureau.

Leopold tourna sur sa chaise et afficha un air coupable quand elle avisa ce qu'il était en train de faire. Après une dernière papouille pour Machiavel, il fit descendre le félin de ses genoux et se racla la gorge, arborant un air impénétrable.

"Oui Josie, c'est à quel sujet ?"

"Votre rendez-vous. Le directeur Haik est arrivé", indiqua Josie en le toisant avec ce regard qui avait le don de le faire se sentir tout petit.

"Faites-le entrer", répondit-il en retenant un nouveau soupir. La récréation était terminée, il était temps de retrouver le chemin des responsabilités, mais c'était très bien ainsi : il était plus que temps que Melchior et lui abordent les sujets qui fâchent, à commencer par la situation diplomatique avec la France...

Du plat de la main, il épousseta son costume noir pour en chasser quelques poils bruns, puis redressa la tête en entendant le pas déterminé de Melchior. Comme toujours, son collaborateur était plein d'énergie.

"Bonjour", le salua-t-il en retour avec un sourire sibyllin, en lui indiquant d'un geste de prendre place dans un siège vide. "Je me porte bien, et vous ?"

Leopold croisa les mains sur son bureau en observant Melchior qui s'installait, et Machiavel qui venait tourner autour de ce nouvel arrivant, avec l'air de le jauger. Finalement, il émit un miaulement désapprobateur et leur tourna le dos, sa queue touffue dressée en l'air avec dédain. D'un bond gracile, il regagna son canapé et se roula en boule pour entamer sa cinquième sieste de la journée.

De son côté, Melchior débuta leurs échanges par une annonce dramatique, qui tira un hochement de tête à son supérieur.

"Je pense aussi que nous avons à discuter. Je pensais peut-être provoquer une réunion du cercle rapproché pour aborder la question...", révéla-t-il, en songeant que le cercle ne s'était de toute façon pas réuni depuis trop longtemps. "Je vous écoute, où en est la situation ? Avez-vous fait quelques progrès avec la France, notamment ?"

Une lueur d'impatience luisait au fond des prunelles sombres de Leopold chaque fois que le pays voisin était évoqué. Il était plus que de temps de leur livrer les familles de l'Ennemi W. Justice devait être rendue, justice pour Jacob, et il entendait bien la rendre d'une façon ou d'une autre...
HRP: