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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux]

Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 19 Avr 2020 - 12:53
10 février 2011

Le reflet que Roy contemplait face au miroir précieux encastré dans le mur juste au-dessus du lavabo lui renvoyait une image plutôt satisfaisante. ll s’admira quelques secondes, jugeant que son apparence était parfaitement adaptée à la mission qui l’attendait. Pour une fois, le Polynectar n’avait pas de goût vaseux, voire dégoûtant, peut-être parce que l'apparence qu'il empruntait était tout bonnement délicieuse. Plutôt discriminatoire, cette potion, songea t-il avec un certain cynisme. En tout cas, Avalon avait fait un excellent travail en sélectionnant cette apparence pour jouer le rôle de sa sympathique collègue de la Milice. C’était dans ce genre de petits détails que pouvait se jouer l’atmosphère qu’ils cherchaient à créer. Il ne s’agissait pas de braquer leur future victime qui devait déjà être sur ses gardes, mais au contraire de le faire se sentir suffisamment à l’aise pour tomber docilement dans le piège qu’ils allaient lui tendre et en l’occurrence, deux jolies et jeunes miliciennes étaient plus aptes à créer un climat de confiance et de séduction, que les molosses patibulaires et baraqués que Roy aurait en vérité préféré mettre à leur place pour faire mordre la poussière à son ennemi.

Un peu de patience, se répéta t-il en sortant de sa salle de bains. Après ses mois passés à tâtonner à l’aveugle, il avait réussi à identifier son ennemi caché et sa vengeance était enfin à portée de main. L'enquête de Robin avait confirmé leurs intuitions. Cette perspective l’emplissait d’une douce satisfaction et d’une violente fébrilité à la fois. Il avait dû prendre un somnifère cette nuit pour pouvoir dormir et ne pas se laisser envahir par ses pensées qui tournaient en boucle. Ces derniers jours, il s’était passé et repassé chaque étape de leur plan, de manière à envisager chaque scénario possible parce que, évidemment, il ne s’attendait pas à ce que ce plan se déroule exactement comme prévu. Il y avait toujours un imprévu qui devait les forcer à s’adapter. Roy espérait simplement réussir à s’adapter pour remettre le déroulé du plan sur les rails s’il le fallait et pour cela, il avait choisi une partenaire de choix. Ils ne seraient que deux sur le terrain, alors que les personnes qui avaient participé à élaborer ce piège étaient plus nombreuses : Fergus, Toni, Jayce, Robin, Ignacio. Mais Roy n'avait pas hésité à faire son choix. Avalon avait l’habitude des missions sous couverture, elle en avait fait des dizaines entre sa carrière d’Auror et de milicienne. Comme prévu, elle l’attendait, au bas de l’élégant escalier de sa villa, avec sa cape violette sur les épaules. Roy achevait de nouer la sienne autour de son cou en l’approchant. Une fois à sa hauteur, il déclara avec un sourire en coin qui voulait tout dire :

« C’est dommage que ça soit pas vraiment ta collègue, Av’, j’aurais aimé faire sa connaissance. » Une plaisanterie à cet instant était plutôt salvateur et utile pour ne pas trop laisser voir l’anxiété qui lui serrait l’estomac alors il enchaîna avec une deuxième : « Bon alors, dis-moi tout sur cette merveilleuse jeune femme, j’espère au moins que je suis ton soldat préféré. »

Avalon avait accepté de s’occuper de la partie fausse identité, tâche qu’elle avait l’habitude de faire, et Roy lui avait entièrement fait confiance là-dessus. Il écouta attentivement chacune de ses instructions et récupéra les autres effets qu’elle avait jugé utile de lui procurer pour parfaire sa couverture. On ne savait jamais comment la conversation tournerait, Roy pouvait tout à fait se retrouver à devoir répondre à des questions sur sa fausse identité et il préférait avoir des réponses toutes faites en tête si la situation se présentait.

L’irruption de Toni dans la grande pièce de vie les interrompit dans leur échange. La vision de la nouvelle apparence de Roy le fit hausser les sourcils et ricaner :

« Joli cul, Roy. Fais gaffe à lé ramener en oune seul morceau. »

Il serra la main de son ami dans une accolade amicale qui semblait banale mais dans laquelle Roy perçut son inquiétude sincère. Sans surprise, cette inquiétude fut un peu plus visible et expressive quand il se tourna vers Avalon qu'il ne se retint pas de serrer dans ses bras.

« Toi aussi fais attention, la sermonna t-il en pointant son doigt sur elle, tel un papa avec sa fille. A la moindre couille, vous faites le signal et les hommes autour du restau rappliquéront, hein.
-Ils sont tous à leur poste ?
-Ouais. On a bien préparé lé terrain. Tout est prêt pour votre arrivée. »

Roy approuva d’un bref hochement de tête, alors qu’un échange avec Toni quelques semaines plus tôt lui revenait en tête. Ils étaient dans son bureau aux Folies Sorcières, en compagnie de Jayce et Fergus, à peaufiner les derniers détails de leur plan, quand l’italien s’était brusquement insurgé.

« On dévrait passer à l’attaque dès maintenant, non ? On peut lé cerner, cé fils dé troll, et il s’est suffisamment foutu de nous, pourquoi attendre encore ?  
-Non. Il sait qu’on est sur ces traces, il doit être sur ses gardes depuis le meurtre d’Evan. Laissons passer du temps, histoire qu’il baisse sa garde. Il ne verra pas ce coup venir. 
-Sois prudent quand même. On a déjà fait l’erreur de le sous-estimer une fois… On ne peut pas la refaire. »

Roy gardait précieusement en tête cette recommandation pleine de sagesse de Fergus. Effectivement, il avait déjà fait l’erreur une fois de sous-estimer Helmet Norvel, quand il était encore en contact avec lui, à cette époque où ils travaillaient tous les deux pour Griggs. Roy se souvenait de lui comme d’un second pas très malin, plutôt peureux. En voyant les dégâts qu’il avait causés aux Veilleurs ces derniers mois, il ne pouvait plus le considérer comme ce rebutant petit personnage idiot qu’il avait piétiné des années plus tôt, en faisant son coup d’Etat. Bien que toujours aussi lâche, Norvel avait prouvé qu’il était un adversaire à sa hauteur et il n’allait pas le sous-estimer cette fois.


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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeMer 22 Avr 2020 - 12:49
Avalon attacha sa cape violette et observa longuement son reflet dans le miroir. Elle était anxieuse, et s’efforça à prendre de longues inspirations pour se détendre. Elle était arrivée un peu plus tôt dans l’immense villa de Roy pour lui donner polynectar et vêtements adéquats, et attendait désormais qu’il revienne vers elle.

La jeune femme avait l’habitude des missions sous couvertures et des infiltrations ; elle en faisait régulièrement, depuis son arrivée chez les Aurors, et avait un certain talent pour ça. Elle n’était généralement pas nerveuse, mais plutôt impatiente, boostée par l’adrénaline qui se répandait doucement dans ses veines. Mais ce n’était pas une mission comme les autres ; et elle avait beau savoir pouvoir compter sur ses compétences pour s’en sortir quoiqu’il arrive, elle ne parvenait pas à s’ôter tout doute de l’esprit.

Elle avait toujours cette désagréable sensation d’aller à l’encontre de la milice en revêtant son uniforme sans en avoir informé sa hiérarchie – à savoir Danielle – auparavant. Evidemment, elle n’avait pas la trempe d’une Amely Weaver, prête à trahir ses collègues et amis, et même à les attaquer, mais elle ne se sentait pas tout à fait honnête avec elle-même non plus, comme la bonne Poufsouffle qu’elle était.

Ensuite, si elle faisait confiance à Roy, elle ne croyait pas autant en lui qu’en sa propre réflexion. Elle avait accepté de servir d’appât pour un piège, mais elle n’était pas habituée à ne pas maîtriser l’intégralité d’une mission, depuis la création du plan jusqu’à sa réalisation. Le lâcher-prise était un concept qu’Avalon Davies avait dû mal à maîtriser, surtout dans son métier.

Conséquence des profondes respirations qu’elle s’efforçait de prendre, son rythme cardiaque redescendait peu à peu, tandis que sa conscience parait à tous les éléments qui contribuaient à sa nervosité. Elle ne trahissait pas la milice – d’autant plus que les Veilleurs étaient leurs alliés – mais elle rendait service à ceux qui avaient toujours été là pour elle. Roy savait ce qu’il faisait ; il nageait dans son élément, elle devait simplement suivre son mouvement. Et, quoiqu’il arrive, Avalon Davies, âgée de 28 ans, était lieutenante-milicienne, promise à avenir radieux au sein d’un corps d’élite ; bien loin de craindre un mafieux un peu trop sûr de lui.

Elle se sentait mieux au moment où Roy revint dans l’immense pièce à vivre – sérieusement, cela faisait environ la taille de son appartement à Manchester – sous une apparence plutôt délicieuse, comme il ne tarda pas à lui faire remarquer.  

« Pas sûre que ce soit une excellente idée, elle devrait sérieusement se pencher pour t’embrasser. » fit-elle remarquer avec un sourire narquois en levant les yeux pour observer la nouvelle apparence de Roy qui devait mesurer un bon mètre quatre-vingt. Depuis son petit mètre soixante, elle semblait un peu ridicule. « Tiens. » fit-elle en lui fourrant dans les mains tout ce qui était nécessaire à une bonne couverture : portefeuille, papiers d’identités, carte de la milice… « Tu es Joanne Roberts 26 ans. Membre de la Police Magique avant de rejoindre la milice, il y a deux ans. Scolarisée à Serdaigle, fiancée depuis dix mois à Damian Taylor. Tu es connue pour ton ambition. Ça fait quelques mois que Danielle nous a demandé de bosser ensemble pour compléter les indics de la milice. Elle était sceptique quand on lui a proposé de s’associer à un gang de Londres, mais nos arguments ont fini par faire mouche. »  

L’irruption de Toni dans la pièce – toute en subtilité, comme à son habitude – les interrompit, et Avalon l’observa saluer Roy avec un sourire amusé. Elle eut le temps de contempler l’inquiétude qui se lisait sur son visage juste avant qu’il ne l’étreigne avec force. Elle passa ses bras autour de sa taille pour lui rendre son étreinte – Merlin cet homme était bien trop grand – et le rassura d’un sourire.

« T’inquiète, c’est pas des petits mafieux énervés qui vont me faire flipper. » lâcha-t-elle avec un sourire pour détendre l’atmosphère. Elle hocha cependant la tête, rassurée de savoir que plusieurs Veilleurs veilleraient à leur sécurité pendant cet échange délicat.

« Parfait. » lança Avalon en retrouvant le sérieux de son attitude milicienne. « Roy. » fit-elle en se tournant vers l’homme – la femme, actuellement. « Je sais que tu as l’habitude de commander tes hommes, et je sais que tu fais ça très bien. Mais là-bas, ce sera moi qui mènerai l’échange. » Elle accrocha son regard, les sourcils légèrement froncés. « Je suis lieutenante, c’est logique que je sois responsable d’un tel contrat. Notre couverture tient à ma légitimité en tant que lieutenante de la milice, et je ne tolère pas l’insubordination. Joanne est là en tant que soutient, assistance, et back-up. » Elle lui lança un clin d’œil amusé. « Plus sérieusement, laisse-moi faire mon travail, il paraît que je suis bonne à ça. »


Avalon Calder

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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeMer 22 Avr 2020 - 17:28
« Allons, Avalon, fit Roy en secouant doucement la tête, d’un air faussement navré, décidé à renverser cette pique qu’il prenait tout à fait personnellement, ne sois pas si jalouse des femmes plus grandes que toi, toi aussi tu as tes qualités. »

Plaisanter avec sa partenaire du crime était une façon comme une autre d’apaiser sa nervosité à l’idée de la mission qui les attendait. Roy avait passé du temps, avec ses comparses et également avec Avalon, à imaginer tous les cas de figure possibles pour trouver des parades. Ils se rendaient sur un terrain qui semblait à priori normal, tout à fait neutre, mais qui avait été en vérité balisé par leurs soins. Ils partaient déjà avec un bel avantage car ils savaient où ils mettaient les pieds, ce qui n’était pas le cas de Norvel. Ils avaient même pensé à parer à toute éventualité qu’il puisse préparer le terrain de son côté, puisque Avalon, qui avait échangé avec lui pour lui proposer un rendez-vous, l’avait prévenu qu’elle lui fournirait le lieu le jour-même.

Cependant, Norvel avait prouvé qu’il pouvait se montrer particulièrement retors alors ils ne pouvaient pas se reposer sur les lauriers de leur plan bien préparé. La mission comportait des risques non négligeables et Roy comme Avalon ne pouvaient que compter sur leur expérience de terrain pour être suffisamment malins et réactifs s’ils se trouvaient face à un imprévu. En attendant, ils avaient bien préparé leur copie. Roy grava dans sa mémoire chaque information sur cette Joanne Roberts qu’Avalon décrivait et s’évertua à se glisser mentalement dans la peau de cette nouvelle personne. Là-dessus, il partait également avec quelques facilités puisqu’il était plutôt bon menteur et bon acteur. Tout en dépliant les divers papiers d’identité qu’Avalon lui tendait, il commenta :

« Compris, j’adore Damian Taylor, j’aimerais prendre ta place un jour et j’espère mettre des paillettes dans les yeux du grand manitou Danielle en lui rapportant un juteux contrat dont elle ne soupçonnait même pas le potentiel. Il replia les papiers et les glissa soigneusement dans la poche de sa cape, adressant un sourire à sa partenaire. Tu sais, je suis impressionné par la vitesse à laquelle vous fabriquez de faux papiers à la Milice, vous devriez vous lancer dans ce commerce, ça rapporte gros. »

Il y avait littéralement tout ce qu’il fallait pour quitter le pays demain avec cette fausse identité. Evidemment, Roy serait sage et rendrait l’ensemble de ces effets à Avalon après leur mission. Ce n’était pas dans ses plans de fuir, mais au contraire de réaffirmer sa place sur son territoire que ce lourdaud de Norvel avait menacée avec ses coups dans le dos. Toni avait la même impatience et la même envie d’en découdre que lui, Roy le voyait dans le regard qu’il posait sur eux, mais ils savaient tous les deux qu’il n’était pas fait pour les missions d’infiltration : trop impatient, trop franc, trop brut de pomme pour mener à bien ce genre d’opération qui nécessitait une certaine subtilité.

Roy aurait pu envoyer quelqu’un d’autre que lui, en revanche, pour assurer cette mission. Robin aurait pu être un choix, par exemple. On n’envoyait généralement pas le chef du gang en première ligne, les hommes de terrain étaient là pour faire le sale boulot. Cependant, il tenait très personnellement à mener cette dernière attaque et à voir le regard soumis et apeuré de son ennemi juré, avant de lui asséner le coup de grâce. Norvel s’était suffisamment moqué de lui, il était temps de le lui faire payer de ses propres mains.

Pour mener à bien cette opération, il était prêt à tout. Laisser Avalon prendre le commandement de la mission était une stratégie logique et il avait fait appel à elle exactement pour l’argument qu’elle avançait : sa position de choix dans la hiérarchie de la Milice. Tout le monde n’avait pas la légitimité d’approcher un chef de gang, il fallait au moins être lieutenante de la Milice pour cela. Ce qu’elle lui disait, Roy l’avait déjà intégré mais il ne put s’empêcher une dernière plaisanterie en échangeant un regard complice avec Toni :  

« Oh mais regarde-moi toute cette autorité, une vraie commandante en herbe. Je me demande ce que Danielle attend pour te laisser sa place… » Sa mine devint plus sérieuse quand il reprit : « Je te laisse faire ton boulot, Av’. C’est pour ça que j’ai fait appel à toi. 
-Vous allez déchirer. Jé souis déçu dé pas pouvoir lui éclater la tronche moi-même à cet enculé, pensez à moi quand vous loui férez mordre la poussière. »

Roy hocha la tête, la mine plus sombre à la pensée de cette fin funeste. Pour être honnête, il allait lui-même prendre son pied à se venger comme il le fallait de Norvel. Il tendit la main en direction d’Avalon :

« Prête ? »

Leurs silhouettes disparurent dans un même tourbillon de capes violettes. Quand Roy rouvrit les yeux, il aperçut les contours d’une rue sans prétention du Manchester sorcier, d’un quartier de grands immeubles de brique grise. Son regard se fixa sur la devanture du restaurant de grillades face à eux. Il sentit l’impulsion d’Avalon pour avancer vers leur destination et retint brièvement sa main dans la sienne avant qu’elle ne lui échappe, le temps d’une dernière recommandation :

« N’oublie pas, il va sûrement essayer de te tester, de savoir pourquoi tu as décidé de l’approcher, parce qu’il est susceptible et méfiant de nature. Mais il est surtout très complexé, toujours à chercher sa légitimité… C’était en tout cas ce qu’il se rappelait de lui, du temps du règne de Griggs. La meilleure façon de l’avoir dans la poche, c’est de le flatter. »


Roy Calder

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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeSam 25 Avr 2020 - 15:29
Avalon ne prit pas la peine de répondre à la pique de Roy par autre chose qu’un regard outré, et entreprit plutôt de lui exposer des détails de l’identité qu’elle avait créée pour lui.  Cela n’avait pas été très compliqué ; la milice avait un bureau spécialement destiné à la création de fausses-identités, pour leurs agents, et elle s’entendait plutôt bien avec Katherine, une employée d’une cinquantaine d’années qui travaillait au sein du ministère depuis plusieurs longues années. Cette dernière lui avait laissé utiliser son poste de travail pendant sa pause-café avec Josie du service comptabilité, et Avalon avait pu bricoler une fausse-identité en quelques minutes. Bien sûr, celle-ci n’était pas parfaite. Elle était suffisamment solide pour qu’Avalon ne soit pas inquiète cependant, et elle parviendrait sans mal à berner quelques mafieux, le temps d’un repas au moins.

« Tu as tout compris. » lança-t-elle un sourire aux lèvres lorsque Roy récita sa nouvelle identité sans se tromper. « Eh  bien, oui, formidable. Tu pitcheras ton idée à Danielle la prochaine fois que tu la vois ? » proposa la jeune femme sur le ton de la plaisanterie.

Cependant, Roy avait raison sur un point ; les couvertures des agents de la milice étaient – généralement, quand Golstein ne décidaient pas de couper leurs financements pour de sombres raisons – excellentes. Forcément, les faux-papiers fournis par le ministère étaient authentiques, et donc d’une qualité bien supérieure à ceux qu’on pouvait trouver sur le marché noir. Tant mieux si cela pouvait contribuer au plan de Roy et à berner l’ennemi, songea la jeune femme alors qu’elle posait des conditions très claires à sa contribution.

Elle connaissait Roy depuis plusieurs années et connaissait le fonctionnement des Veilleurs – et globalement, de tous les réseaux mafieux. Elle pouvait concevoir que Roy ait envie de mener la danse – c’était sa vengeance, son plan – mais elle se montra intraitable en lui imposant son propre commandement, dans un souci de réalité. Avalon était une femme au caractère bien trempé, têtue, et certaine de ses idées, aussi fut-elle soulagée lorsque Roy accéda immédiatement à sa demande, peu enthousiasmée par l’idée de débattre avec lui pendant plusieurs minutes alors qu’elle était persuadée d’avoir raison.

« Je lui en toucherai deux mots la prochaine fois que je la vois. » lança-t-elle avant d’hocher la tête : « Parfait. »

Le commentaire de Toni, échaudé par cette mission, lui tira un sourire avec qu’elle attrapait la main de Roy. « J’espère que tu souffres pas trop qu’on envoie une fille se battre à ta place, chouchou. » fut ses dernières paroles à l’intention de Toni, avant qu’elle ne disparaisse dans le tourbillon caractéristique du transplanage.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle se trouvait dans un quartier qu’elle connaissait bien, pas très loin de l’endroit où se trouvait son propre appartement. Elle avisa le restaurant choisit pour la rencontre et esquissa un pas pour s’y diriger. La pression que Roy exerça sur sa main la retint en arrière quelques secondes et elle écouta ses paroles avec attention.

« Oh, encore un homme complexé par la taille de sa baguette qu’il faut rassurer. Tous les mêmes. » soupira-t-elle avec un sourire en coin pour détendre l’atmosphère. Son regard se fit plus sérieux lorsqu’elle souffla : « Noté. Allons-y. »


Elle prit la direction du restaurant d’un pas tranquille, Roy marchant à ses côtés. Lorsqu’elle pénétra dans la salle principale – relativement vide – elle avisa un serveur et lui adressa un léger signe de tête. Puis, sans un mot pour lui, elle descendit dans une salle un peu éloignée, qui avait été privatisée pour cette rencontre. Il n’y avait encore personne ; ils étaient arrivés les premiers. Tant mieux, songea Avalon en allumant d’un coup de baguette les lumières de la salle, elle préférait prendre possession du territoire la première pour appréhender son environnement. Ils s’installèrent à une table au milieu de la pièce, et patientèrent quelques secondes avant que la porte s’ouvre sur quelques hommes…


Avalon Calder

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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 26 Avr 2020 - 13:56
Avalon avait du caractère et du répondant et c’était précisément la raison pour laquelle il avait confiance en elle pour cette mission. Ils s’apprêtaient à jouer les acteurs tous les deux, ce qui nécessitait une certaine dose de culot et de réactivité. Roy avait confiance en son plan, qu’il pensait imparable, mais il restait tout de même sur ses gardes. Norvel avait prouvé à plusieurs reprises qu’il était vicieux. Puisque la conversation allait reposer principalement sur les épaules d’Avalon qui était sensé être la chef ici, comme elle l’avait souligné, Roy préférait s’assurer qu’elle ait toutes les cartes en main pour bien saisir la psychologie de son adversaire. Il esquissa un sourire à sa réponse.

« Tu peux partir de l’idée que la sienne fait la taille de son petit doigt et qu’il a vraiment besoin d’être rassuré. »

Il se souvenait de lui, traînant sans cesse dans les pattes de Griggs, cherchant la moindre occasion de prouver sa valeur, usant maintes fois de flatteries pour se mettre dans les petits papiers de Griggs, ce qui avait parfaitement fonctionné. Roy ne doutait pas que Norvel était sensible à tout ce qui pouvait flatter son petit ego et c’était aussi pour ça qu’il avait fait appel à Avalon : elle n’était pas une quelconque milicienne. Se faire approcher par une lieutenante de la Milice pour se voir proposer un accord, ce n’était pas à la portée de n’importe quel petit chef de gang.

Roy comptait lui laisser l’essentiel de la discussion et attendre le bon moment pour frapper. Il aurait lui aussi son moment de gloire et il en était impatient. Il brûlait d’impatience d’interroger Norvel au bord de l’agonie, de le forcer à lui donner les réponses qu’il attendait avant de lui porter le coup de grâce. Car s’ils avaient établi avec Robin que son implication dans le meurtre d’Evan était quasi certaine, de nombreuses autres questions restaient en suspens. Roy le soupçonnait notamment d’avoir un rôle à jouer dans l’agression des MacFarlane, le meurtre d’Evan qui enquêtait précisément sur cette affaire ne pouvait pas être une coïncidence. Si taupe il y avait au sein des Veilleurs, il avait la profonde intuition qu’elle était payée par Norvel et Roy comptait bien l’acculer au point de lui faire cracher le morceau sur son identité. Après cette opération, tout reviendrait à la normale, songeait t-il pour se rassurer. Ils allaient faire du ménage dans leurs rangs et les traîtres seraient éliminés.

Fort de cette pensée, il pénétra dans le lieu où tout devait se jouer. Les Veilleurs ne pouvaient pas prendre le risque d’attirer Norvel dans un espace qui leur appartenait, au risque d’éveiller les soupçons de celui qu’ils tentaient de piéger. Ils avaient donc cherché un lieu parfaitement neutre. Tout avait été arrangé à l’avance. Le propriétaire du restaurant s’était vu offrir une grosse somme -accompagnée de quelques menaces bien senties- pour leur permettre de faire leur affaire dans une salle privatisée, couvrir les éventuels dégâts qui résulteraient de l’opération et surtout, bien fermer sa bouche.

Il pénétra en silence dans la pièce qui leur avait été réservée, vérifiant du coin de l’oeil que tout était bien arrangé comme prévu. Avalon sembla faire le même exercice et il s’assit docilement à ses côtés, comme l’aurait fait Joanne Roberts, milicienne à son service. Quand la porte s’ouvrit enfin sur leurs invités et que Roy vit entrer son ennemi, il dut se faire violence pour garder l’expression impassible qui convenait au rôle qu’il jouait.


*****

Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Helmet10
Helmet Norvel, chef de gang à Londres, 39 ans

La petite main potelée du chef de gang s’introduisit dans une poche de l’élégante cape qu’il avait revêtue pour l’occasion et en extirpa un peigne incrusté de pierres précieuses. Il détestait le transplanage pour deux raisons : les remous que cela provoquait dans son estomac et le désordre que cela créait dans sa mèche de cheveux soigneusement coiffée en arrière. Il prit tout le temps d’y remettre de l’ordre, de quelques coups de peigne, puis afficha un sourire satisfait. Rien ne le départirait de sa bonne humeur aujourd’hui. Son regard se posa sur la devanture du banal restaurant de grillades.

« Eh bien. Je m’attendais à un restaurant plus luxueux.
-C’est sûrement pour ne pas attirer l’attention et opérer en toute discrétion, boss. C’est une lieutenante de la Milice, dans un restaurant huppé, elle se ferait immédiatement reconnaître.
-Sans doute, sans doute. En tout cas, elle a visé juste. Un sourire étira ses fines lèvres. J’adore les grillades. »

Sans plus de cérémonie, il s’avança suivi de son fidèle second, Francis Bonham, aussi différent de lui que la lune l’était du soleil. Là où Helmet était doté d’un généreux embonpoint, d’un caractère obséquieux et lunatique, Francis lui, était un grand dégingandé imperturbable, plein de sang-froid. Une paire qui se complétait à la perfection et leur permettait de faire de grandes choses ensemble. Aujourd’hui était le jour d’une possible grande réussite pour Helmet. Cette rencontre avec une personnalité haut placée de la Milice était une aubaine et il comptait bien en tirer le plus de profit possible.

Aussi tenait-il à se présenter de la meilleure manière qui soit, afin de marquer les esprits. De nature coquet, il n’avait pas hésité à dépenser dans de beaux apparats sa fortune qui avait grandement accru depuis qu’il avait pris la place de ce bon vieux Bill Griggs. A l’instar des technologies moldues qui commençaient à infiltrer le monde des sorciers, la mode vestimentaire était au savant mélange des deux mondes et Helmet était tombé amoureux de ces petits noeuds papillons que les moldus portaient lors de grandes occasions, aussi en avait t-il toute une collection, des modèles les plus sobres aux plus fantaisistes. Il ajusta son petit noeud en satin bleu parsemé de petits motifs argentés avant de pousser la porte du restaurant où allait se dérouler sa plus belle affaire.

Il se laissa conduire vers la salle qu’on avait réservée pour eux et eut le plaisir d’y découvrir la jeune femme qui l’avait approché quelques jours plus tôt. Un grand sourire s’étira sur sa figure, alors qu’il la saluait chaleureusement en tendant sa main :

« Lieutenante Davies ! C’est un plaisir de vous revoir, comment allez-vous ? » Il remarqua la milicienne ravissante qui se tenait à ses côtés et qu’il n’avait pas eu le loisir de rencontrer plus tôt. « Je vois que vous n’êtes pas venue seule. Moi non plus, permettez-moi de vous présenter mon bras droit, Francis Bonham. Il n’est pas très bavard mais je vous rassure, derrière ses airs patibulaires, il est parfaitement aimable ! »

Il laissa Avalon présenter la personne qui l’accompagnait. Derrière toutes ces formules de politesse mielleuses, ils savaient tous les deux pourquoi ils n’étaient pas venus seuls. Ils restaient une milicienne et un mafieux, donc à priori, deux personnes dans des camps très opposés et à tout moment, la situation pouvait dégénérer. Francis, tout comme Joanne, bien qu'ils pouvaient participer aux négociations, étaient là pour intervenir au cas où la situation échappait à leur contrôle.

Il retira sa cape de ses épaules puis, laissant le soin à son bras droit de l’en débarrasser, il prit place juste en face de la lieutenante Davies.

« Permettez-moi encore une fois de vous dire que je suis ravi que nous ayons cet échange. Mais puis-je demander ce qui a attiré votre attention sur nous ? Après tout, les gangs à Londres sont nombreux et je n’ai pas la fierté de prétendre que nous sommes les plus gros… »

Derrière son petit sourire toujours plaqué sur ses lèvres, Helmet était attentif au moindre tressaillement de sourcil sur le visage d’Avalon.


Roy Calder

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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeMar 28 Avr 2020 - 12:52
Avalon était installée face à une table au bois abîmé par les années et attendait silencieusement que Helmet Norvel fasse son apparition. C’était peut-être le moment qu’elle préférait dans une mission sous-couverture, où tout se jouait à la finesse de la discussion. Elle sentait l’adrénaline se répandre doucement dans ses veines alors que tous ses sens étaient en alerte, comme si son corps avait compris qu’elle s’apprêtait à mener une bataille. Peut-être préférait-elle cela à l’intervention elle-même, baguette au poing, aux courses-poursuites effrénées dans les rues, songea-t-elle avec un vague sourire. Elle aimait mener un combat avec la force de ses mots, convaincre son interlocuteur de lui faire confiance – et, étonnement, Avalon inspirait généralement la confiance.

Elle offrit son plus joli sourire à un Helmet mis sur son trente-et-un qui venait d’arriver et se leva pour lui serrer la main.

« C’est un plaisir partagé, monsieur Norvel. » assura-t-elle en l’invitant à prendre place. « Très bien, et vous ? » répondit-elle ensuite, avant de laisser son interlocuteur présenter la personne qui l’accompagnait. Elle tendit la main vers le dénommé Francis pour le saluer, accompagné d’un « Enchantée. » puis se tourna vers la jeune femme blonde qui l’accompagnait. « Voici Joanne Roberts, elle a travaillé avec moi sur la proposition que je suis venue vous faire aujourd’hui. » Elle offrit un sourire à Roy, avant de reporter son attention sur leurs interlocuteurs.

Il était évident que Helmet n’allait pas venir seul à ce rendez-vous et avait assuré sa sécurité en se faisant accompagner de son bras-droit, Francis. En lui communiquant le lieu le jour-même de la rencontre, Avalon s’était assurée qu’il ne puisse pas piéger le restaurant, ou placer plusieurs hommes à quelques endroits stratégiques autour. Les Veilleurs, en revanche, avaient eu plusieurs jours pour imaginer des planques subtiles pour rester proches d’eux.

Avalon afficha un sourire tranquille face à la question de Norvel, comprenait soudainement ce que Roy avait voulu dire en lui conseillant de le flatter pour gagner sa confiance. Helmet semblait être un homme qui avait l’air d’avoir besoin d’être rassuré, non pas sur la taille de sa baguette, mais sur celle de son gang.

« Peut-être. » concéda Avalon en hochant la tête, « Mais ce n’est pas tant la taille qui compte que la façon dont il est géré, et l’influence qu’il a, ou qu’il pourrait avoir, sur le territoire où il est installé. » expliqua-t-elle. « La mafia londonienne est dense, je vous l’accorde, et j’imagine que vous connaissez vos principaux concurrents. Vous n’êtes donc pas sans savoir que le fonctionnement de ces groupes est chaotique, souvent instable. Les mutineries sont nombreuses, les chefs changent souvent, les hommes sont nombreux – trop nombreux, si vous voulez mon avis. Dans un contexte comme celui-ci, la milice n’a pas d’intérêt à instaurer un partenariat avec eux. Nous visons quelque chose de durable, qui pourra perdurer dans le temps. Nous voulons collaborer avec des gens de confiance. » lança-t-elle en appuyant volontairement sur le dernier mot. « Des gangs déjà installés dans le paysage londonien, mais solides. Et les plus gros gangs ne sont pas les plus solides. »

Elle tapota le bois de la table du bout des doigts, et se pencha légèrement pour poursuivre son petit discours.

« C’est pour ça que j’ai pensé à vous, monsieur Norvel. Vous êtes dans le milieu depuis plusieurs années maintenant, vos hommes vous font confiance et, surtout, ils vous sont loyaux. Vous savez rebondir, vous avez su vous diversifier pour vous adapter au marché… Et je pense que nous gagnerons, tous les deux, à conclure un partenariat. Vous jouirez d’une impunité relative sur votre territoire, ce qui vous permettra de vous développer plus facilement, sans craindre la justice magique. En parallèle de ça, vous accepterez d’informer la milice sur certaines activités du territoire, sur vos concurrents… » énuméra-t-elle. « Evidemment, ces arrangements sont à discuter entre nous. »


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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeVen 8 Mai 2020 - 16:34
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sous les traits de Joanne Roberts, milicienne

« Enchanté monsieur Norvel. »

La voix qui émana de Roy sonnait très étrangère, pas seulement pour son timbre féminin mais également pour l’amabilité factice qu’il y mettait. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas vu ce gros lourdaud. Eh bien, sa montée dans les échelons avait fait du bien à son portefeuille et son ego, visiblement, songea t-il en jetant un oeil aux apparats dont il s’était vêtu. Sa richesse transpirait par tous les pores de sa peau, c’en était presque indécent, avec un style vestimentaire bien à lui, que Roy ne savait pas trop comment qualifier. L’équilibre entre l’élégance et le mauvais goût était précaire, mais sans doute n’était-il pas objectif.

Les formalités passées, ils prirent tous les quatre place, tandis que les deux chefs présents engageaient la conversation sérieuse. Sans rien en dire, Roy salua intérieurement la manière dont Avalon menait l’échange. Il y avait tout juste ce qu’il fallait de flatterie dans son discours, sans verser dans une caricature qui aurait paru louche. Elle se présentait véritablement comme une milicienne désireuse de tirer le meilleur parti d’une situation, et non présente pour faire plaisir à Norvel. Ses arguments clairs, soulignant les faiblesses des ses rivaux, parurent faire mouche sur le chef londonien, dont le regard s’illumina. Roy le savait, s’il y avait une chose qui faisait plus plaisir à Helmet que des compliments envers sa personne, c’était d’entendre des critiques contre ses ennemis.

Avalon enchaîna avec l’offre alléchante dont ils avaient convenu tous les deux et dont Roy savait qu’elle titillerait l’intérêt de Norvel : toute sa vie il avait rêvé d’être numéro un, c’était une aubaine pour lui de se voir offrir une chance de le devenir.

« Je vois… Il est vrai que nous sommes un gang solide, bien installé, qui a tenu dans les années. Vous devez connaître Bill Griggs, l’homme qui en était à la tête auparavant, avant de mourir dans un tragique accident. Il était très apprécié de ses hommes mais manquait un peu de vision à mon goût. » Double mensonge, s’offusqua intérieurement Roy sans rien en laisser paraître. Nombreuses étaient les critiques envers Griggs au sein du gang et c’était d’ailleurs grâce à ça qu’il avait pu mener sa mutinerie et emporter une partie des hommes à Bristol. Quant à Norvel, il manquait bien plus de vision, lâche qu’il était et préférant laisser les autres faire le travail à sa place. « Nul doute qu’il se serait montré prudent face à une proposition pareille. Et je sais que c’est ce que mon second ici présent me soufflerait de faire alors… »

Il s’approcha un peu, posant les coudes sur la table alors que son regard passait d’Avalon à Joanne.

« Pardonnez-moi l’expression mais vous me proposez en des termes moins polis de faire la balance. Vous savez que nous n’aimons pas trop ça dans notre milieu… Alors j’ai plusieurs questions. Quel genre d’informations vous attendez ? Et si mes concurrents viennent à apprendre que je divulgue directement des informations sur eux, qu’est-ce qui me protégera ? Comment vous pouvez me garantir que ce petit accord très alléchant ne se retournera pas contre moi et mes hommes ? »

Ah, cette fois il était honnête, même s’il mettait ses propres craintes sur le dos de quelqu’un d’autre. Après un bref regard pour Avalon, Roy se permit de prendre la parole sous les traits de Joanne, la milicienne qui l’assistait dans cette négociation, car il savait exactement quoi dire pour pousser Norvel là où ils le souhaitaient :

« Nous ne pouvons pas ». *Chacun son travail et ses problèmes, c’est la Milice que tu as en face de toi, idiot, pas un instituteur qui sépare des gamins en cours de récréation* songea t-il. « Ce que nous pouvons faire, c'est fermer les yeux sur vos activités et mener la vie dure à vos concurrents, si les informations que vous nous apportez sont utiles, et nous pouvons vous garantir de la discrétion là-dessus. Que cela se retourne contre vous est un risque à prendre. Tout dépend de l’ambition que vous avez pour votre gang. »

Roy emprunta un ton de défi sur cette dernière phrase car il savait que Norvel était particulièrement sensible à la provocation. Il ne manquait jamais une occasion de répondre, simplement pour prouver qu’il n’était pas faible. Roy, qui voyait déjà son regard durcir, signe qu’il réfléchissait, retint un sourire et laissa à Avalon la parole, pour achever de convaincre leur cible. Bientôt, la figure de Norvel s’adoucit et son ton se fit plus doucereux, alors qu’il posait d’autres questions :

« Simple curiosité. Est-ce ce genre d’accord que vous avez conclu avec les Veilleurs de Bristol et qui leur permet d’être tranquilles dans la Voie des Miracles ? »


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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeLun 18 Mai 2020 - 17:44
Avalon, face à Norvel et à son second, affichait ce sourire confiant, tranquille, qui était l’une de ses plus grandes forces. Elle sentait, au regard que le mafieux posait sur elle, qu’il était à la fois intrigué et flatté par la proposition qu’elle lui faisait. Elle avait bien retenu le dernier conseil de Roy et avait dosé avec soin la flatterie qu’elle avait glissé dans ses propos : suffisamment pour donner un sentiment d’importance à Norvel, mais pas trop non plus pour ne pas attiser sa méfiance ; après tout, la milice n’était pas désespérée au point de recruter le gang de londonien coûte que coûte.

Avalon hocha la tête à la mention de Bill Griggs et soutint son regard lorsque Norvel se rapprocha d’elle en posant ses coudes sur la table. Elle laissa Roy, sous l’apparence de Joanne, répondre à sa dernière interrogation, approuva ses paroles d’un mouvement de la tête.

« C’est exactement ce qu’on vous demande de faire. » confirma-t-elle sans ciller. « Majoritairement des informations qui concernent la sécurité du pays et les mouvements terroristes. On a besoin d’yeux sur Londres, d’oreilles aussi. Vous avez sûrement dû en entendre parler mais le LEXIT est une organisation fragile, susceptible de faire des erreurs… Et il en va de notre intérêt à tous de la faire disparaître rapidement. On sait qu’il y a des trafics entre les LEXIT et certains mafieux sur l’Allée, et on souhaite remédier à ça. » Elle haussa les sourcils. « Au fond, ce que je vous propose, c’est de faire d’une pierre deux coups : supprimer vos ennemis, et les miens. »

Helmet Norvel était un parfait idiot s’il passait sur une proposition aussi alléchante qu’elle venait de lui faire. Bénéficier de l’impunité relative du ministère de la magie permettrait à un gang comme le sien, basé sur Londres qui plus est, de se développer à une vitesse fulgurante. Leurs concurrents seraient éliminés rapidement par la milice, le marché serait libre ce qui leur permettrait d’augmenter considérablement leurs bénéfices… C’était notamment ce qui avait permis aux Veilleurs de devenir si prospères, comme le faisait d’ailleurs remarquer Norvel d’un ton doucereux.

« Si c’est le cas, ils ont su en tirer un sacré profit. » fut le seul commentaire d’Avalon, qui posait un sourire indéchiffrable sur le mafieux.

Elle joignit ses mains devant elle. Elle sentait Norvel était prêt à accepter sa proposition ; elle le voyait dans son attitude un peu plus ouverte, plus détendue, comme s’il s’apprêtait à célébrer quelque chose. Elle le comprenait un peu ; Avalon lui proposait littéralement de faire le sale boulot à sa place en échange de quelques informations sur les mouvements suspects dans la ville.

« Je comprends que votre second vous incite à la prudence. » commenta cependant la jeune femme avec un regard pour Francis Bonham. « Mais vous l’avez dit vous-même, monsieur Norvel, vous êtes un visionnaire. » Un sourire en coin étira ses lèvres. « Ce que je vous propose est inhabituel, je vous l’accorde, parce qu’il ne s’agit pas d’un partenariat des plus courants… Et pourtant, je suis certaine que vous parvenez à percevoir les opportunités qu’il pourrait vous apporter. »

Si Helmet avait encore besoin d’être convaincu, Avalon espérait que cette petite tirade avait été efficace, et qu’elle avait su lui rappeler la « vision » dont il disait savoir faire preuve. Si elle était profondément honnête, la jeune femme avait du mal à voir en quoi ce Norvel était visionnaire ; à vrai dire, il lui paraissait plutôt antipathique et, dans le cas où la milice aurait voulu signer un pacte avec l’un des gangs mafieux de Londres, son choix ne se serait jamais porté sur lui – et elle disait ça en toute objectivité, sans prendre en considération son attachement pour les Veilleurs, qui avaient de toute façon sa loyauté de cœur.

« Est-ce que vous avez des éventuelles revendications à me faire part ? » demanda-t-elle en posant un regard intéressé sur son interlocuteur.


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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 31 Mai 2020 - 17:43
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Avalon prenait en main l’échange avec une maîtrise et un calme tout à fait adaptés à la situation. Roy le savait, dans ce genre de transactions, l’attitude de son futur potentiel collaborateur était cruciale. Elle dégageait une confiance qui mettait à son tour en confiance son interlocuteur, exposant clairement les informations qui pouvaient répondre à ses interrogations. Roy se félicitait intérieurement de l’avoir choisie comme partenaire de crime et commençait à attendre avec impatience le moment de conclure cet accord, qui allait signer la fin de Norvel.

Il tressaillit toutefois légèrement en l’entendant mentionner le nom des Veilleurs, non parce que le chef de gang londonien mettait le doigt sur un accord qu’il avait effectivement avec la Milice. Bien que jamais confirmé devant ses concurrents, et encore moins au grand public, cette accointance entre les mafieux de Bristol et la Milice était désormais largement soupçonnée. La différence entre le moment où, quelques années plus tôt, cet accord s’était conclu et aujourd’hui, était que Roy avait largement fait son nettoyage à Bristol et que les Veilleurs avaient pris suffisamment de pouvoir et d’importance pour se tenir relativement hors de portée des critiques, car on y réfléchissait à deux fois avant de s’en prendre à eux. « Oui et alors, qu’est-ce que tu vas faire ? » aurait pu répondre Roy à la question de Norvel. Avalon eut le réflexe bien plus intelligent de répondre sans vraiment répondre et de manière à recentrer la conversation sur le sujet qui les intéressait.

Mais cette position de puissance était précaire, Roy en était conscient. A tout moment, il pouvait tout perdre, car la chance tournait vite dans la mafia et les faits prouvaient par ailleurs que Norvel avait osé l’attaquer sur d’autres plans. C’était justement ce dont il venait s’occuper aujourd’hui, il espérait que la conversation les mène là où il l’avait prévu. Avalon se mit justement à rajouter une couche à ce sujet, sans cesser de le flatter subtilement. Sa proposition alléchante commençait doucement à faire son chemin dans l’esprit de son ennemi, Roy le voyait à la manière dont son ton se mêla de miel quand il répondit :

« Je vois tout à fait et permettez-moi de vous assurer que j’ai tout autant à coeur que vous le démantèlement de ces réseaux d’opposants. »

C’est ça, fais-lui de la lèche, songea Roy avec mépris. Il ne pouvait s’empêcher de cracher mentalement sur l’attitude de Norvel, quand bien même elle l’arrangeait à cet instant. A la dernière question d’Avalon, un sourire roublard s’étira sur son visage tandis qu’il répondait :

« Ecoutez, si je peux vous débarrasser de vos ennemis et qu’en échange vous me débarrassez des miens, il me semble qu’il s’agit là d’un gagnant-gagnant comme je les aime. Alors je n’ai qu’une question : que prenons-nous pour fêter ça ? »

Parfait. Se retenant de pousser un cri de victoire, Roy se glissa dans la peau de la milicienne qu’il était et se contenta de sourire poliment en proposant :

« Merveilleux. Une bonne bouteille de vin des Elfes, cela vous irait ? Ils ont une cave de très bonne qualité, ici. »

Il fit un signe de la main au serveur qui attendait posté à l’entrée de la pièce réservée, pour qu’il aille chercher leur commande. Quatre verres furent bientôt disposés entre eux. Pendant que le serveur les remplissait de ce délicat vin transparent, Norvel, lui, reprit la parole de son ton douceureux, pour faire une déclaration qui accéléra le coeur de Roy :

« Mais vous voyez, je dois vous faire un aveu, lieutenante Davies. Mes principaux ennemis ne se situent pas à Londres mais précisément… A Bristol. C’est pour quoi je vous ai posé cette question sur les Veilleurs, j’aimerais m’assurer qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêts, voyez-vous. »

De son regard bleu d’empreint, Roy évaluait la posture et l’expression de son rival, afin de chercher à déceler ses intentions. Il n’avait pas forcément prévu tout de suite de l’interroger sur ses plans à l’encontre de son gang, mais il lui semblait que l’occasion était parfaite pour rebondir et prendre un peu d’avance sur le sujet alors il la saisit sans se faire prier, en fronçant les sourcils, telle une milicienne intriguée par ces jeux de pouvoirs :

« Vraiment ? Quel est donc le sujet de votre mésentente avec les Veilleurs ? »


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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 7 Juin 2020 - 20:02
Avalon, si elle n’était pas spécialement sensible au ton doucereux employé par Norvel pour la flatter, esquissa toutefois un sourire en hochant la tête à ses propos. Elle était à peu près certaine que la priorité de son gang n’était pas le démantèlement des réseaux d’opposition au gouvernement, comme ce n’était pas non plus celle des Veilleurs, qui trouvaient simplement leur compte dans ce partenariat. Derrière son sourire, Avalon se demanda brièvement si Norvel la pensait stupide ou naïve, pour se présenter comme son allié dans une lutte qui ne le concernait pas, alors qu’elle était certaine qu’il ne trouvait qu’un intérêt financier à cet accord. Elle chassa bien rapidement cette pensée de son esprit pour se concentrer sur les deux hommes en face d’elle ; ils pouvaient bien la sous-estimer un peu, ce n’était a priori pas elle qui finirait par le regretter.

« Parfait. » approuva Avalon après le choix de sa prétendue collègue. « Je suis ravie de pouvoir trinquer avec vous à ce partenariat prometteur » ajouta-t-elle avec une jolie dose de flatterie dans la voix.

Un serveur ne tarda pas à disposer devant eux quatre verres qu’il remplit de vin et qu’Avalon remercia brièvement du regard avant de reporter son attention sur Norvel qui, d’un ton doucereux, évoquait un potentiel conflit d’intérêt avec les Veilleurs. Avalon fronça légèrement les sourcils et suspendit le geste qu’elle avait amorcé vers son verre, pour poser un regard penseur sur Norvel, laissant le soin à Roy, sous les traits de Joanne, de questionner le mafieux quant à ces jeux de pouvoirs qu’elles étaient censée ignorer.

« Disons que Roy Calder est une vieille connaissance… Nous faisions même partie du même gang à une époque. Je dois vous avouer que nous ne nous sommes pas quittés en très bons termes. »

Avalon n’était pas particulièrement satisfaite du tournant de cette conversation, mais ne manifesta pas cet agacement et se contenta d’afficher un air passablement intrigué par cette nouvelle information qu’elle obtenait.

« Je comprends. » lâcha-t-elle finalement en vrillant son regard dans celui de Norvel. « Mais je ne vois pas en quoi cela pourrait causer un quelconque conflit d’intérêt. » fit remarquer Avalon en haussant un sourcil. Elle pianota doucement la table du bout de ses doigts, avant de considérer avec sérieux le mafieux. « Vous avez raison, la milice entretient des accords avec les Veilleurs. » admit-elle. Ce n’était une grande surprise pour personne et, à vrai dire, Norvel ne tarderait pas à emporter ce secret dans sa tombe. « Je vous en informe dans un souci d’honnêteté, parce que nous allons être amené à travailler ensemble désormais, vous et moi, mais la milice n’a pas pour vocation de gérer les conflits entre les différents gangs du monde magique. » Il ne voulait pas non plus qu’elle se transforme en institutrice pour en réprimer un quand il aurait dépassé les bornes ? « Nous avons simplement besoin d’une entrée dans Londres et d’une autre dans Bristol. Les détails annexes de nous concernent pas. » conclut-elle d’une voix assurée.

Elle considéra en silence les deux hommes en face d’elle, avant de saisir son verre entre ses doigts.

« Je vous propose de trinquer à notre accord. » lança-t-elle alors avec un sourire. « Qui sera, je pense, fructueux pour nous deux. »

Ils entrechoquèrent leurs verres en s’échangeant quelques regards ravis et la jeune femme porta sa coupe à ses lèvres pour boire une gorgée de vin, bien plus ravie par l’issue de cette rencontre que par ce faux partenariat que la milice n’aurait jamais passer avec un homme comme Helmet Norvel. Elle s’apprêtait à reprendre la parole pour relancer la conversation sur quelques points techniques, mais fut devancée par le mafieux qui avait repris un ton doucereux pour s’exprimer.

« Je vous le dis comme un conseil, entre alliés que nous sommes, désormais. Les Veilleurs ne sont pas des gens fiables. Leur chef a trahi ses propres alliés pour en arriver là où il est aujourd’hui. A votre place, je m’en méfierais… Qui dit que ce n’est pas contre vous qu’il retournera sa veste, bientôt ? »

L’air faussement concerné de Norvel ne trompa personne – et encore moins Avalon. Cette petite mise en garde l’agaça prodigieusement, parce qu’elle mettait largement en doute les capacités du ministère, de la milice et donc, les siennes. Elle resta plus ou moins impassible et se contenta d’hausser les épaules.

« Quel intérêt aurait-il à retourner sa veste ? » demanda-t-elle alors. « Et quand bien même il le ferait… Ce n’est pas la milice, et donc le gouvernement qui ploiera devant les Veilleurs. »



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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 7 Juin 2020 - 21:33
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Le sang de Roy bouillonnait dans ses veines, face aux paroles de Norvel qui était ni plus ni moins en train de le descendre face à deux miliciennes. Cette attitude fournissait une preuve supplémentaire au chef de gang qu’il ne s’était pas trompé de cible. Norvel l’avait affirmé lui-même : les Veilleurs étaient ses plus grands ennemis. Cette déclaration, ajoutées aux preuves qu’ils avaient réussi à récolter avec Robin démontrait une implication dans les derniers remous qui avaient secoué leur gang. Pour l’assassinat d’Evan, c’était certain. Pour l’agression de Robin, cela restait à prouver, c’est pourquoi Roy avait monté ce plan pour l’acculer et le forcer à faire ses révélations.

Mais ils n’avaient désormais plus beaucoup de temps. Il trinqua et but son verre de vin pour faire preuve de bonne foi dans cet accord factice, en même temps que ne le faisaient les trois autres. Avalon continua de jouer à la perfection son rôle de milicienne défendant ses intérêts, Roy ne cilla pas en l’écoutant confirmer la collaboration entre le gang bristolien et la Milice. Bientôt, les deux hommes en face d’eux ne seraient plus en vie pour en témoigner. Roy attendait la bonne ouverture dans l’échange qui se déroulait devant lui et crut la voir quand Avalon répondit avec une certaine fermeté. Ce qu’il déclara lui arracha la langue, mais il le fit avec toute l’indifférence de la milicienne qu’il était sensée être :

« De toute manière, les Veilleurs sont affaiblis en ce moment… Ils ont subi des attaques répétées. Apparemment ils auraient perdu l’un de leurs plus talentueux espions, sauvagement assassiné dans une ruelle de Londres… Pas loin de votre territoire à vous, à ce que nous avons entendu. Dois-je comprendre que vous avez déjà commencé vos règlements de compte, monsieur Norvel ? » Un sourire mielleux s’afficha sur son visage, Roy leva les mains comme pour se dédouaner. « Simple curiosité. Comme nous vous l’avons dit, nous sommes pas là pour faire la police entre les conflits mafieux. »

Il était désormais temps de rentrer dans le vif du sujet. Le regard de Roy ne quittait pas le visage de Norvel, tandis qu’il l’écoutait réagir, sans manquer de surveiller le temps. La course contre la montre avait démarré. Son ennemi ne tarda pas à répondre, en affichant un insupportable sourire confiant sur son visage :

« Ma foi… Si vous saviez tout ce que j’ai perdu par la faute de Calder, vous seriez bien d’accord avec moi pour dire que prendre la vie d’un seul espion en contrepartie, ce n’est pas grand-chose. »

L’aveu était fait. Roy affichait toujours son innocent sourire mais ses yeux brillaient d’une lueur de colère. Toutefois, ce fut vers Avalon que Norvel tourna la tête pour poursuivre :

« Voyez-vous, notre gang, que vous approchez aujourd’hui, n’est qu’à la moitié de ses forces. J’ai hérité de la position de Bill Griggs à Londres, comme cela me revenait de droit, ayant été son plus fidèle allié depuis ses débuts. Mais, alors qu’il cherchait à conforter le commerce qu’il possédait à Bristol et l’étendre davantage, il s’est heurté à quelques sharacks récalcitrants… Je n’ai guère besoin de vous refaire l’histoire, miss Davies, je pense que vous êtes très au fait de cette guerre qui a marqué le 21 septembre 2009. Après ce tragique événement qui a marqué le pays tout entier, Griggs était aux portes de la mort. Mais je peux vous affirmer qu’il n’y serait pas tombé, s’il n’avait pas reçu un odieux coup dans l’ombre de la part de celui qui était sensé être son allié… Roy Calder. Un jeune et arrogant délinquant, qui espérait se tailler une place dans la cour des grands et n’hésitait pas à user des plus vils coups bas pour parvenir à ses fins. Il m’a acculé, je le reconnais. Je ne m’étais pas assez méfié de lui. Il m’a piégé, de sorte à amputer le gang d’une grande partie de ses hommes en leur faisant miroiter un règne total sur la Voie des Miracles, ne me laissant que des miettes à Londres. Evidemment. Entre une concurrence féroce à la capitale et une voie royale à Bristol, je vous laisse deviner quel parti a été préféré… »

Roy aurait voulu interrompre à plusieurs reprises le discours interminable d’Helmet Norvel, pour réagir et reprendre la main sur cette conversation, afin d’obtenir des réponses aux questions qu’il souhaitait, plutôt que l’écouter refaire une histoire qu’il connaissait déjà. Mais une vive douleur dans l’estomac l’empêchait de faire. Ses intestins semblaient brûler, littéralement. Un gémissement de douleur étouffé lui échappa, sa main s’abattit brusquement sur la table, pour s’empêcher de tomber au sol, mais le bruit ne fit même pas ciller Norvel, qui continuait impitoyablement :

« Vous comprenez donc que j’ai une tenace rancoeur à l’égard de cet homme qui m’a tout pris ou presque. Et je suis vraiment désolé que vous soyez une victime de mes machinations, vous qui n’avez pas… Comment avez-vous dit ? Vocation à gérer les conflits entre les différents gangs du monde magique, répéta t-il, sans masquer son mépris moqueur. Mais je crois que vous avez choisi d’aider la mauvaise personne. »

Effaré, Roy tourna la tête vers Avalon à sa droite, qui était dans le même état que lui. Pâle, essoufflée, pliée en deux sous la souffrance. Il finit par céder sous son poids et tomba à genoux, alors que la douleur semblait remonter jusque ses poumons maintenant. Il manquait d’air. Sa main tremblante s’accrocha à l’attache de sa cape pour la défaire fébrilement, face à Norvel qui le regardait désormais avec une mine horriblement satisfaite.

« Espèce de… »

Quelle que soient les insultes qu’il aurait voulu proférer, elles ne purent franchir la barrière de ses lèvres. Sa voix ne lui répondait plus. Cette fois, il s’écroula au sol, toujours conscient, mais dans un état insoutenable. Les paroles d’Ignacio lui revenaient en tête, tandis qu’il cherchait à donner un sens à cette situation qui venait d’échapper à son contrôle, en quelques minutes à peine.

« Vous allez trinquer avec lui et partager le même vin en guise de bonne foi.
-Comment tu veux qu’on empoisonne son vin si on boit le même ? »
avait demandé Avalon.

Parce qu’ils n’allaient pas empoisonner le vin directement, leur avait répondu Ignacio. Ils allaient imprégner les verres, seulement ceux de leurs deux victimes. Cela supposait d’avoir un serveur acquis à leur cause, qui allait soigneusement préparer le plateau et poser les verres sains face à eux. C’était le cas, Roy avait échangé un regard avec le Veilleur déguisé en serveur qui avait déposé le plateau tout à l’heure, un homme fiable, qui ne pouvait pas avoir fait une erreur et encore moins les avoir trahis. Alors comment… ?

Son cerveau ne parvenait plus à réfléchir correctement. Tout son corps s’était mis en alerte, focalisé sur la nécessité de survivre, sans toutefois trouver la moindre solution. Il se débattait avec cette affreuse sensation qu’un objet s’était coincé dans sa gorge et qu’il ne pouvait pas l’en déloger. Couché sur le dos, les traits de Roy s’étaient figés d’horreur, tandis qu’il reconnaissait en tous points la description que lui avait faite Ignacio, quelques semaines plus tôt.

« Comment agit le poison, une fois ingéré ?
-Il commence à agir au bout d'une dizaine de minutes. Ça commence par une légère douleur à l’estomac, comme une gêne, puis ça s’intensifie assez rapidement, jusqu’à devenir intenable. La victime est déjà facilement maîtrisable à ce moment-là. Ensuite elle finit par sentir sa respiration devenir de plus en plus difficile et là, ça devient une véritable agonie, pendant de longues minutes.
-Et c’est comme ça qu’elle meurt ?
-Oui. Par une lente asphyxie. »


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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeSam 13 Juin 2020 - 13:05
Avalon et Roy jouaient parfaitement les rôles qu’ils étaient censés incarner. Avalon se montrait parfaitement impitoyable et assurée dans sa position de lieutenante, ravie de cet accord fructueux qu’elle s’apprêtait à signer avec ce gang londonien. Roy, quant à lui, adoptait avec justesse la position de sa seconde, interrogeant le mafieux sur son conflit avec les Veilleurs, avec l’air de celle qui n’était absolument pas concernée par de telles histoires.

Théoriquement, leur plan était infaillible. La légitimité d’Avalon en tant que lieutenante aurait dû suffire à endormir les soupçons de Norvel sur cette rencontre, et ils s’étaient préparés avec soin pour éviter tout débordement. Elle savait que plusieurs Veilleurs – dont Toni – sécurisaient la zone, et qu’ils étaient prêts à intervenir au moindre problème… Et justement, Helmet Norvel leur donnait du fil à retordre. Son acharnement sur les Veilleurs – s’il semblait au début logique – était de plus en plus inquiétant, bien qu’elle s’efforça à demeurer silencieuse, l’air passablement intéressée par l’histoire qu’il lui racontait…

Et qu’elle connaissait déjà. Elle savait que Roy, Jayce, Fergus et Toni avaient monté une mutinerie pour se débarrasser de Bill Griggs, ce qui avait donné naissance aux Veilleurs. Elle n’avait pas été particulièrement choquée de cette nouvelle, à l’époque, pas plus qu’elle ne l’était aujourd’hui en réécoutant cette histoire. Avalon connaissait le milieu mafieux et tout ce qu’il impliquait. Elle n’avait pas véritablement de leçon de morale à donner à qui que ce soit, et, à vrai dire, elle était bien trop loyale à ses amis pour ne pas les soutenir. Son camp se trouvait auprès de ses proches, alors ce discours interminable ne lui tirait aucune once d’empathie.

Avalon ouvrit la bouche pour reprendre la parole, dans la volonté de ramener Norvel sur le chemin qu’elle avait tracé, mais une violente douleur à l’estomac l’empêcha de formuler le moindre mot. Dans un réflexe, elle posa sa main sur son ventre, les sourcils froncés par la souffrance, et elle se plia en deux. Elle se sentait dévorée par un feu intérieur, prise d’une douleur qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant, qui était née dans le creux de son ventre et qui remontait doucement mais sûrement jusqu’à ses poumons. Elle chercha à reprendre son souffle, sans y parvenir véritablement. Sa gorge était compressée, et seul un maigre filet d’air parvenait encore à y passer.

« Mais je crois que vous avez choisi d’aider la mauvaise personne. »

Sa tête pivota vers Norvel, dans un effort qui lui arracha un gémissement étouffé, alors qu’elle plantait un regard assassin sur le mafieux, très satisfait de lui-même. Avalon se sentit brièvement envahie d’un sentiment de colère terrible, qui appelait une vengeance sanglante. Elle voulait lui faire ravaler ce sourire méprisant qu’il posait sur eux, lui arracher cette expression mielleuse…

Mais, bien vite, elle fut coupée de ce désir revanchard. A présent complètement privée d’air, elle bascula au sol, une main posée sur sa poitrine qui ne se soulevait plus. Elle sentait qu’elle perdait peu à peu ses facultés mentales. Sa dernière pensée cohérente fut celle qu’elle allait mourir et son dernier regard fut pour Roy, avant d’une sombre tâche noire ne se forme dans son champ de vision.



Avalon Calder

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Jayasimha Vijayan
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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeLun 23 Nov 2020 - 20:09
Jayce serrait compulsivement les pierres roulées qu’il avait glissé dans la poche intérieure de son bomber noir. Il sentait l’énergie des minéraux irradier entre ses doigts fébriles. Un œil de tigre pour la force, la persévérance et la protection. Une citrine contre la peur, le stress, et pour la réussite (ainsi qu’une seconde dose de protection, on n’était jamais trop prudent.) Un galet de cornaline pour lui seul, Jayce, qui devait lui insuffler le courage d’affronter cette situation. Et quatre ou cinq autres pierres censées favoriser la réussite de l’entreprise délicate dans laquelle ils s’étaient tous lancés.

Mais sentir la consistance des pierres ne l’aidait pas à retrouver un calme confiant.

Jayce n’était pas un homme de terrain, mais cela n’avait rien n’à voir avec un manque de courage ou l’incapacité chroniques à faire face à des situations dangereuses. En terme général, Jayce avait au contraire un attrait fondamental pour l’adrénaline, et il l’avait prouvé à Roy de très nombreuses fois par le passé, en l’entraînant dans des aventures qu’ils considéraient tous les deux aujourd’hui avec un mélange d’amusement et d’incrédulité pour les risques inutiles qui avaient parsemés ces scénarios. Seulement, voilà. Depuis Sundari, depuis que Jayce avait pris en main de récupérer une sobriété exemplaire et d’être pour la jeune femme l’homme le plus responsable qu’il pouvait être, il avait fait la promesse de ne jamais mettre sa vie en danger, et de respecter au plus près l’ordre moral que leur dictaient leurs religions. Ce qui était une contrainte d’une difficulté insurmontable lorsqu’on avait dû rejoindre à nouveau les rangs du banditisme. Et si Jayce ne pouvait tenir en permanence toutes ses promesses, il observait la première avec une attention particulière.

Par conséquent, il n’était plus un homme d’action. Il ne participait pas aux raids, aux sorties, aux attaques. Il demeurait dans l’ombre, de préférence derrière un bureau, à la limite à la surveillance d’une livraison et c’était là son maximum car d’aucun savait que cela pouvait mal tourner. Mais jamais, au grand jamais, il n’accompagnait Roy et une cheffe milicienne tenter d’empoisonner l’un des pontes du crime Londonien.

En théorie.

Il semblait qu’aujourd’hui été particulier et différent, et c’était un conflit que Sundari et lui n’avaient pas terminé de régler. D’autant moins qu’elle l’avait senti, alors qu’il avait quitté la maison ce matin-là, particulièrement tendu et inquiet, ce qui était très rare pour Jayce dont le calme et la sérénité étaient les deux grands traits de caractères unanimement reconnus.

Jayce avait effectué un tirage la veille. Quelque chose instinctivement lui avait semblé ne pas aller de soi, mais il s’était trouvé incapable de mettre le doigt dessus. Théoriquement, le plan était parfait. Théoriquement, il n’y avait aucune chance pour que Norvel puisse les soupçonner de quoi que ce soit et ne pas tomber dans le piège. Quand bien même, il devait être là, au deuxième étage du restaurant, sous polynectar, accompagné d’un groupe de leurs meilleurs combattants près à surgir dans le cas où Helmet les surprendrait. Un groupe en haut, un groupe dans la salle, un groupe à l’extérieur. S’ils ne l’avaient pas par ruse, ils l’auraient par le nombre. Ils ne pouvaient pas perdre.

Pourtant l’instinct de Jayce ne s’apaisait pas, il battait, hurlant, alarmé, incapable d’identifier ce qui ne fonctionnait pas dans cette histoire qui allait exister d’ici quelques heures. Un mauvais pressentiment, tout au plus.

Donc, Jayce avait effectué un tirage. Pour se rassurer. Pour se prouver qu’il avait tort.

D’un plat en étain il avait choisi trois runes de son jeu d’ambre, censées favoriser sa clairvoyance, et avait débuté par une tentative simple. Faces cachées, il avait disposé les trois runes, alignées de droite à gauche avant de les retourner dans l’ordre, l’une après l’autre. Son cœur s’était figé.

Ur renversée. Jayce y avait instantanément vu une erreur de jugement passé. Malchance. Mauvais moment pour agir. Seulement, Ur avait tendance à prévoir des perturbations bénignes et dans sa position passée, elle ne pouvait référer qu’à cette question d’orgueil. Roy avait-il pu mal juger Norvel ? Leurs quatre attentions concertées, leurs subjectivités si différentes les unes des autres auraient-elles pu se fourvoyer ? Cela semblait impossible. Et si c’était le cas, à quel endroit ?

Os, l’être suprême, renversée. A nouveau Jayce avait frémit. Dans sa position, dans tous les domaines, cette seconde rune conjuguée au présent lui hurlait une erreur d’appréciation qui corroborait Ur en ajoutant une donnée profondément déstabilisante : ils ne possédaient pas toutes les données. Un mensonge, un mauvais conseil, une orientation délicate. N’agissez pas car il vous manque des éléments. Jayce avait posé son front brûlant contre sa main qu’il avait trouvé glacée. Il avait porté son regard sur la troisième rune et fermé les yeux.

Ken, renversée : incapacité à y voir clair. Formidable, avait-il marmonné. Ça ne l’aidait pas. En synthèse, Ken évoquait l’incapacité d’agir à sa guise. Jayce fronçait les sourcils. Santé : insolations ? Chaleur ? Rien n’a voir avec un empoisonnement contraire auquel d’autres runes auraient pu correspondre. Jayce ignorait comment interpréter ce futur potentiel. Mais il frémissait. Il était rare de faire un tirage aussi profondément négatif.

Sa question avait été simple : Y-a-t-il un danger ? La réponse était simple : OUI. Mais elle ne précisait pas de façon claire. Il semblait juste primordial de ne pas agir. De se concerter sur cette potentielle erreur de jugement, si s’en était bien une. S’agissait-il de cela ? Jayce interprétait rarement ses tirages de la mauvaise façon, mais il ne pouvait ignorer la première rune qui lui dictait un manque de clairvoyance. Était-il trop inquiet pour interpréter correctement ? Avait-il insufflé dans le tirage trop de son anxiété et faussé le résultat ? Jayce savait que sa nervosité n’était pas appréciable pour un tirage réussi, mais pouvait-il se permettre d’ignorer ce qu’il venait de voir ?

Il hésita à parfaire un second tirage en croix de Thor pour obtenir une réponse plus précise, mais son inquiétude n’avait fait qu’augmenter et il avait renoncé. Tour à tour, il avait appelé ses trois partenaires. Tous avaient tenu compte de ses inquiétudes, même Fergus qui n’était pas un fervent adepte de la divination. Mais ils ne pouvaient se permettre d’ajourner un plan si parfait, si complexe, pour un pressentiment et un tirage mystérieusement négatif.

Jayce s’était couché avec le ventre noué, s’était levé avec le ventre noué.

Désormais au deuxième étage sous les traits d’un homme blanc de quarante ans, il attendait silencieusement que Roy et Avalon terminent ce qu’ils avaient à faire. Les doigts crispés sur les pierres. Sans résultat.

Depuis le rempart qui s’ouvrait sur le restaurant en contrebas, les coudes posés sur la table à laquelle il sirotait un soda pour se donner contenance, parfaitement impassible de l’extérieur, souriant à la compagne attendrissante qui lui faisait la conversation et sous les traits de laquelle se dissimulait l’un de leurs plus anciens capo, Jayce tendait l’oreille pour saisir la discussion qui lui parvenait, portée par l’acoustique. Même couverte par les aigues d’une voix qui ne lui appartenait pas, Jayce sentait la tension de Roy dans ses paroles. Lui n’avait pas encore vu le visage de Norvel, mais il retrouvait à l’intérieur de lui une impatience et une excitation, une envie de confrontation et d’affrontement, qui lui avaient manqué mais auxquelles il n’accordait rien d’autre qu’un dédain princier par respect pour la promesse qu’il avait fait à Sundari.

- Vraiment ? Quel est donc le sujet de votre mésentente avec les Veilleurs ? » Jayce dissimula un rire qu’il conserva à l’intérieur. S’il avait pu lever les yeux au ciel et secouer la tête probablement l’aurait-il fait. L’échange entre Norvel et Avalon était instructif. Un peu vexant, aussi.

Jayce avait certes l’habitude de ne pas figurer en premier lorsqu’on abordait les problèmes de représentation des Veilleurs mais personne n’ignorait que le gang avait deux têtes, et Norvel semblait l’oublier sciemment. Certes Helmet avait eu des comptes à régler avec Roy bien avant sa trahison, bien avant le meurtre de Griggs, bien avant qu’ils n’assaillent tous les deux leur pouvoir sur Bristol. Mais Jayce avait été là aux moments les plus décisifs. Il avait été là pour faire le pieds de nez à Norvel lorsqu’ils avaient sapé son autorité et volé les meilleurs placements sous son nez hébété. D’où lui venait un tel mépris à son égards, Jayce l’ignorait. Peut-être de sa nature discrète. : Helmet était bien le genre de personne incapable de voir ce qui n’était pas évident.

Mais enfin, Jayce avait un compte à régler avec Norvel qui n’avait pas l’air réciproque.

- Vous comprenez donc que j’ai une tenace rancoeur à l’égard de cet homme qui m’a tout pris ou presque. » Disait Helmet avec le ton le plus victimaire possible. Jayce se trouvait confondu par ces plaintes et commençait à se demander jusqu’où allait son obsession pour Roy Calder tant il semblait oublier ceux qui avaient agi à ses côtés. Son monologue s’eternisait sur des brides de regrets qu’à défaut de juger déplacés, Jayce trouvait consternants. Ce n’était pas de leur faute s’il n’avait pas su déplacer ses pions correctement. Lustrer l’égo de ses supérieurs ne leur garantissait jamais d’échapper à un accident malencontreux, et personne n’était responsable à sa place de na pas y avoir pensé.

Jayce allait soupirer lorsque quelque chose dans le ton de Norvel changea subitement. Il releva la tête promptement.

Soudain, ses sens se mirent en alerte. Comme un échos amplifié, les râles de Roy lui parvinrent, puis le choc d’un corps qui s’affale, puis un autre.

Jayce comprit aussitôt ce qu’il se passait. D’un bond il fut debout. Au moment où il levait la main pour intimer à son groupe de dégainer, la porte qui lui faisait face vola en éclat et laissa pénétrer un groupe d’hommes qu’il reconnu aussitôt pour appartenir à Norvel.

Jayce vit trouble. D’un geste il saisit sa baguette, autour de lui les sorts avaient commencé à fuser. De justesse il se baissa pour éviter un sortilège qui explosa la rembarde derrière lui. Il roula sur le côté en tentant d’hurler un ordre qui fut couvert par les cris et le tonnerre magique.

- Là-bas ! Entendit-il hurler, le type avec un bomber noir !

Jayce s’accroupit pour se dissimuler derrière la table qu’il avait renversé du pieds, cherchant à tout prix une issue. Il perçut à l’extérieur la même ambiance catastrophique d’affrontement et compris que les veilleurs qui stationnaient devant le restaurant subissaient le même sort que ceux qui l’avaient accompagné à l’étage. Il ferma les yeux. Se rendre, c’était mourir, il le savait. Il avait compris qu’Avalon et Roy avaient bu à la place de Norvel le poison qui aurait dû mettre un terme à sa grandiloquence. Helmet savait tout. Une erreur d’appréciation. Jayce laissa un sourire amer écarteler ses lèvres. Il pouvait encore se lever et tenter de foncer dans le tas, ou se jeter depuis l’étage pour… Pour quoi ? S’allonger près de Roy ?

On fit le choix pour lui. D’une impacte latérale, la table qui le protégeait vola en éclat. Il sentit les échardes se planter dans le revers de la main qu’il avait levé pour se protéger le visage. Lorsqu’il l’abaissa, au moins quinze baguettes étaient pointées vers lui. Il se leva lentement, les mains en l'air. C’était un carnage. Un carnage total. Un carnage absolu.

- Paraît que pour tuer une hydre faut couper toutes les têtes d’un seul coup, hein ? » Jayce ne répondit rien. La baguette s’enfonça entre ses côtés. « Allez, avance. »

Sans surprise, on le força à descendre les escaliers pour rejoindre la table où Norvel attendait, assit comme un roi qui contemple le bon accomplissement d’une pendaison. Il s’était remis à manger et à boire, et s’essuyait négligemment les coins de la bouches avec sa serviette.

Sur le sol Roy et Avalon se tordaient dans un lent silence d’agonie. Jayce savait qu’il ne leur restait plus que quelques minutes avant que le poison ne les empêche totalement de respirer. Ensuite, quelques minutes encore avant qu’ils ne perdent connaissance, puis meurent.

Jayce résista malgré lui. Il aurait voulu continuer à avancer calmement vers la fatalité de ce qui l’attendait mais la vision de son meilleur ami agonisant traversa son corps d’une rigidité brutale qui l’obligea à s’immobiliser. Son sourire avait disparu et son visage avait pâlit. Et rien de ces signes n’avaient échappés à Norvel. Jayce releva la tête vers lui, les dents serrées. Il le vit faire un geste vague et paresseux en direction d’un de ses hommes qui apporta un verre.

- Oui, oui… Bowers… J’ai tendance à oublier le nom des petits cafards qui se dissimulent dans l’ombre en pensant qu’on ne les remarquera pas, et se vexent ensuite d’avoir été oubliés. » Norvel exécuta un nouveau geste nonchalant et Jayce fut traîné jusqu’à la table où on lui asséna un puissant coup au creux du ventre qui le plia en deux, puis sur la nuque qui le fit tourner à genoux. « Mais je sais me souvenir à temps de ceux qui ont œuvrés contre moi alors tu vois… Ne sois pas déçu de ne pas avoir fait partie du grand drame. Je te donne ainsi une bonne occasion de le contempler. »

Norvel se remit à manger. De longues secondes. La pression qu’on maintenait sur Jayce était terrible. Quelqu’un avait passé une main dans ses cheveux et lui tenait la tête pour le forcer à contempler le corps de Roy, spécifiquement le corps de Roy, dont le regard pâlissait. Jayce avait tenté de clore ses paupières mais un coup de poing l’avait obligé rouvrir les yeux.

Ken renversée. Incapacité d’agir.

Jayce aurait voulu hurler, appeler Roy et Avalon pour qu’ils ne cèdent pas. Il aurait voulu glisser dans la gorge de Norvel non pas le poison mais le tesson de la bouteille qui l’avait contenu. Il ne pouvait rien faire. Il voyait l’agonie, il pensait à Sun, à Meera, à Chandra, et il ne pouvait rien faire. C’était ici, probablement, qu’il allait mourir. Accroché au regard de Roy qu’il ne quittait plus et dont il observait avec un désespoir terrible le voile couvrir peu à peu l’esprit.

- Roy, murmura-t-il pour rappeler son ami à lui. Il ne pouvait pas partir sans lui. Roy, répéta-t-il plus fort.
- Roy, roy ! Le singea Norvel. Puis d'un ton irrité : "Faites-le taire."

On lui tira la tête en arrière. Une main gantée pressa ses mâchoire, inséra de force les bords coupant du cristal contre ses lèvres, contre ses dents serrées. On lui fit mal pour qu’il ouvre la bouche, on lui pinça le nez pour le forcer à avaler. Le poison glissa le long de sa trachée. Glissa le long de sa joue. Il invoqua toutes les images possibles qu’il avait de Sundari pour s’accrocher à l’espoir qu’il ne voulait pas quitter. Ils ne pouvaient pas mourir. Ils étaient invincibles.

Ils ne pouvaient pas mourir.

Ils étaient invincibles.


Jayce Bowers
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Fergus Avner
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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 28 Fév 2021 - 18:07
Crac.

Avec l’impulsion de Toni, ils ont regroupé leurs forces en quelques minutes. Maintenant ils apparaissent devant le restaurant. Spécifiquement, deux groupes dispersés en bout de rue. À leur tête, un Tonino impatient, et un Fergus incontestablement furieux.

Il ne leur faut qu’un coup d’œil pour réaliser le drame. Les corps inertes qui jonchent la rue, c’est l’évidence d’une catastrophe. D’accord. Parmi les cadavres il y a aussi les grimaces des hommes de Norvel. Mais les types toujours dressés face à l’entrée du restaurant en sont aussi. De l’autre bout de la rue Fergus et Toni s’adressent un signe rapide, en quelques secondes, les derniers gardiens d’Helmet sont canardés de sortilèges. À nouveau la rue se remplie d’échanges de hurlements. Pas à pas, ils progressent vers la porte d’où surgissent d’autres hommes, alertés par les cris. Pas de trace des leurs. Le cœur de Fergus a le débit d’une mitraillette. Chaque seconde compte. Chaque seconde qui les empêche d’entrer dans le bâtiment est un nouveau risque de perdre Roy, Avalon, Jayce, et le reste de leurs hommes s’ils n’ont pas déjà été massacrés. Pour le moment, le cerveau de Fergus n’a pas le temps d’analyser les conséquences de leur échec ; il écarte les soldats de son passage, Ignacio sur ses traces, précédés par tous ceux qui se battent mieux et plus vite. Désormais contre les battants, ça canarde par les fenêtres en se couvrant derrière les murs. Depuis l’angle, Fergus peut apercevoir les corps de Roy et d’Avalon qui convulsent et cherchent leur oxygène. Il a le sang glacé dans les veines et une ardeur qui palpite plus grande encore : ils ne sont pas morts. Rien ne résiste dans le restaurant. Ça fait des dizaines d’hommes perdus pour aucun résultat. Où est Jayce ?

Fergus évite un rayon qui heurte le bois dans un crépitement calciné. Puis, un silence. D’un mouvement commun, les Veilleurs pénètrent la pièce en vague, par les fenêtres, la porte, partout, et découvrent une salle presque déserte. Jayce est à genoux, figé dans une position qui fait vite comprendre à Fergus qu’il est paralysé. Face à lui, Avalon et Roy halètent.

- Ignacio !! »

Hurle Fergus avec urgence. Il s’est accroupit tout près d’Avalon et a dégagé son front de ses cheveux collés de sueurs. « Où est Ignacio putain de merde ! Apportez l’antidote ! » Hurle-t-il encore avec un accent amplifié par la colère. Pas de trace de Norvel. Cette chiure a dû se faire la malle avec ce qui lui restait de son club en prenant la porte des cuisines. Dans la panique, ils n’ont pas vraiment eu le temps d’organiser un comité d’accueil à l’arrière du bâtiment et de toutes façons, ce n’est vraiment pas la priorité de Fergus. Dommage qu’Helmet n’ai pas été assez malin pour tuer Roy et Jayce rapidement. Putains d’égocentrique. Norvel a toujours été comme ça, complexé. Sans doute le besoin de se montrer plus malin en mettant en place son petit théâtre personnel a été plus fort que celui d’agir avec pragmatisme. Résultat il n’a même pas pu se servir d’une de ses trois victimes comme d’un otage. Sa stupidité ne l’a pas empêché de comprendre que Fergus ou Toni ont compris, eux aussi, que c’est par le poison qu’il a choisi de commettre son meurtre, et que d’agonisants, il n’a plus rien à tirer.

Roy se met à suffoquer. Un instant Fergus laisse aller le corps tremblant d’Avalon pour poser ses lèvres contre celles de son ami et lui transmettre son air. Lorsqu’enfin Ignacio apparaît, il s’écarte.

- Vite, intime-t-il nerveusement.



   
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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 14 Mar 2021 - 20:14
Ignacio n’était pas mercenaire par hasard ; il en avait toutes les qualités. Il était patient, méticuleux, méthodique et prévoyant. Il n’y avait que les amateurs qui étaient capables de préparer un poison aussi puissant que celui qu’il avait fourni à Roy sans prévoir son antidote. La préparation en elle-même n’était pas particulièrement compliquée ; en revanche, elle était beaucoup longue et contraignante – il fallait croire que ramener quelqu’un à la vie supposait une motivation supplémentaire qui n’était pas requise lorsqu’il s’agissait de lui ôter. Pour obtenir l’antidote du poison mortel qu’Ignacio avait concocté, il avait dû distiller plusieurs gouttes de la potion initiale, à diverses températures, pour mélanger ensuite l’essence du poison extraite avec diverses racines écrasées, bouillies, qui dégageaient une odeur atroce. Le processus avait été particulièrement long à mettre en place, parce l’antidote exigeait de longue période de chauffe à basse température, mais, en saisissant précipitamment les flacons entre ses doigts, Ignacio se remercia intérieurement d’avoir été au bout d’une telle préparation.

Un accident était vite arrivé, se répétait-il souvent, comme pour expliquer sa prévoyance naturelle.

Il ne croyait pas si bien dire.

Et encore, ce n’était pas un simple accident, rectifia-t-il en arrivant dans la rue qui menait au restaurant, c’était un véritable carnage, préparé et orchestré avec soin. Putain, jura-t-il à la vue des Veilleurs allongés sur le sol, au milieu des traces d’une lutte évidente. Il se précipita à l’intérieur, dévala au pas de course les escaliers qui menaient au sous-sol, évita de justesse un sort qui para et renvoya d’un geste nerveux de la main. D’abord masqué par le corps de Fergus, Roy apparut finalement à la vue d’Ignacio. Il ne suffoquait même plus, pas plus que la lieutenant Davies, dont le teint terriblement pâle, et les lèvres bleues, laissaient penser que le poison avait été ingéré bien trop longtemps auparavant.

Il fallait agir vite.

Il ne fallut qu’une demi-seconde pour qu’Ignacio soit agenouillé auprès d’un Roy inconscient. Il saisit sa mâchoire entre ses doigts pour lui ouvrir la bouche, et fit couler le contenu d’un flacon directement dans sa gorge. Il l’aperçut déglutir difficilement au moment où il se relevait pour rejoindre le corps inerte d’Avalon Davies. Il fit couler l’antidote entre ses lèvres ; sa poitrine se souleva dans une respiration qui lui tira une quinte de toux, sans qu’elle ne reprenne véritablement conscience pour autant.

Roy et Avalon respiraient ; de manière erratique, mais ils respiraient. D’un bond, Ignacio fut près de Jayce, qui avait été rejoint par Toni. Son souffle était court et il montrait les premiers signes d’un empoisonnement qui ne tarderait pas à se répandre dans le reste de son corps. Il vida le contenu d’une fiole dans sa bouche d’un geste mesuré, précis, qui trahissait largement avec l’ambiance nerveuse autour d’eux.

Le flacon finit par s’échouer à terre, dans un bruit aigu, alors que Jayce retrouvait un souffle régulier, et une parole fluide. Ignacio était déjà debout, aux aguets, baguette à la main. Il arrêta un sort, se lança, à son tour, dans une bataille perdue d’avance. Norvel semblait avoir disparu.

Un accident était si vite arrivé.


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Jayasimha Vijayan
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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 14 Mar 2021 - 21:40
Jayce connaissait trop bien l’odeur de la mort pour ne pas la reconnaître alors qu’il regardait les corps de Roy et D’avalon se tarirent peu à peu de leurs derniers spasmes d’agonie. Il les vit se figer, impuissant, incapable de bouger, incapable d’agir. D’ordinaire doux et calme son regard était devenu la seule indication des émotions terribles qui explosaient à l’intérieur. Son corps immobile s’exprimait malgré lui ; de rage incontrôlée ses dents claquaient doucement. Sur sa tempe une longue ligne de sueur trahissait la fureur qui s’était immiscé en lui comme un vieux démon bien connu qu’il accueillait à nouveau avec, pour une fois, un plaisir désespéré. De ses yeux coulaient des larmes exultées par la frustration de cette enveloppe rigide qui ne répondait à aucun des ravages émotionnels qu’il était en train de vivre.

S’il avait pu bouger, il se serait jeté sur Norvel pour lui arracher la trachée avec les dents. S’il avait pu bouger, il aurait utilisé sa baguette pour l’enfoncer dans l’œil de son ennemi dans le seul but de l’entendre rugir autant qu’il rugissait lui-même. Ça n’aurait sûrement pas été suffisant. Mais il aurait pris du temps pour lui faire mal. De sang-froid il l’aurait assassiné. De sang-froid il l’aurait tabassé à mort avant de l’enterrer vivant. Norvel serait mort par suffocation, lui aussi. Mais il aurait eu le temps de voir la terre le recouvrir, entrer dans sa bouche douloureuse, comprimé son corps aux os rompus. Jayce en était capable. Si seulement il avait pu bouger.

Son propre souffle se raréfiait. Il le sentait s’amenuiser alors que sa colère lui procurait une irrégularité douloureuse. Sa gorge se serrait, l’air sifflait à chacune de ses expirations. Il lui sembla que ce qui ne durait que quelques minutes évoluaient depuis des heures. Son esprit malmené par la violence de ses émotions, les émotions cycloniques que Jayce avait si bien appris à réguler et qui s’exprimaient librement, le faisaient chuter d’un désespoir intense qui évoquait l’image de sa femme et de ses filles, à une fureur extrême qui le ramenait à Norvel et les corps immobiles de Roy et d’Avalon.

Et puis soudain, alors que l’air qui entrait dans ses poumons se raréfiait encore, il entendit rugir au dehors les échanges d’une bataille.

Son cœur se remis à battre, et dans ses veines afflua un regain d’espoir fou. Des secours ! Fergus et Toni, peut-être, prévenus à temps par il ne savait quel miracle.

Lorsque l’irlandais fit irruption dans son champ de vision en appelant à lui Ignacio et l’antidote, lorsqu’il le vit se pencher sur les lèvres de son amie pour conserver la vie qui s’échappait de son corps, Jayce su qu’ils n’allaient pas mourir. Et quand Toni le libéra du sortilège et qu’Ignacio glissa dans sa gorge l’onctuosité amer de l’antidote, Jayce se leva brutalement, le corps agité de spasmes incontrôlables, en indiquant à Toni par où était parti Norvel et en lui donnant l’ordre de le rattraper. Il voulait le suivre. De toute sa volonté il voulait être là pour écraser Norvel de son propre talon. Il ne put pas, encore attaqué par les résidus du sortilège et les effets estompés du poison, ses jambes fléchirent sous lui et il se retrouva à genoux. Alors il se traîna lentement entre Roy et Avalon pour s’assurer qu’ils respiraient et se mit à prier intérieurement pour qu’une fois éveillés, l’asphyxie n’ai pas durée assez longtemps pour leur faire du mal durablement.


Jayce Bowers
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Robin MacFarlane
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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 21 Mar 2021 - 11:42
Baguette en main, Robin se tenait debout au milieu des Veilleurs aguerris postés dans la rue du restaurant de grillades. Bien qu’elle fut plus connue pour ses aptitudes en broom-dance que pour ses duels à main armée, personne n’avait remis en cause sa présence ici.  Leur chef se trouvait en danger de mort, toutes les baguettes disponibles étaient les bienvenues et Robin s’estimait même la plus légitime  pour mener ce combat contre le gang londonien.

Cet amer constat nourrissait sa volonté d’en découdre. Elle ne se battrait pas seulement pour Roy ou pour la mafia, elle le ferait aussi, et surtout,  pour elle.  Norvel lui avait tout pris ces derniers mois. Son frère, tout d’abord, qui n’était plus le même depuis son agression et Ethan, mort pour avoir découvert les secrets du chef londonien.

Robin avait perdu en partie la confiance de ses patrons, elle avait évolué dans un climat de suspicion constant, frisant parfois la paranoïa. Sa foi en elle-même avait lourdement faiblie, aussi. Elle avait besoin de prendre sa revanche et ce triste concours de circonstance le lui permettait enfin. Si elle parvenait à chopper Norvel, elle serait en paix avec elle-même. Elle annulerait sa dette envers les Veilleurs. Oui, elle avait trahi son gang sous la contrainte d’une arme mais on lui offrait aujourd’hui la possibilité de se racheter. Si elle réussissait, Roy n’aurait pas d’autres choix que d’accéder à sa requête : Partir pour recommencer une vie meilleure, ailleurs.

Mais avant cela,  elle avait un dernier fait d’arme à accomplir aujourd’hui.

 Robin expira profondément et  se lança dans l’assaut, en couverture de Toni. Sans pitié. Les sorts fusèrent depuis sa baguette. Des sortilèges d’une violence rare qu’elle utilisait peu – voir jamais-  mais qu’elle connaissait tout de même pour avoir grandi dans le milieu mafieux depuis sa plus tendre enfance. Elle longea le corps sans vie d’un collègue -un de plus-  et  lança un maléfice qui atteignit un rival londonien en pleine poitrine. Un de moins. Les hommes de Norvel furent vite pris en tenaille entre les groupes menés par Fergus et Toni. Certains transplanèrent et d’autre fuirent par les contre-allées si bien que les Veilleurs purent pénétrer facilement dans le restaurant où les tables et les chaises avaient été renversées. Robin suivit le mouvement et emboita le pas de ses collègues pour rejoindre le sous sol, les épaules compressées entre deux Veilleurs prêts à en découdre. Elle fut toutefois stoppée dans sa progression au bas des escaliers par un petit attroupement qui s’était formé devant elle.

«  Ignacio !! »
Il lui fallut quelques secondes pour reconnaitre l’auteur de ce cri de détresse. « Où est Ignacio putain de merde ! Apportez l’antidote ! »

Fergus.

La situation devait être grave pour que la peur et la colère  transpire jusque dans son timbre de voix. Elle ne l’avait jamais entendu aussi alarmé. Robin se fraya un chemin sur le côté et découvrit au milieu de la pièce, les corps de Roy, de Jayce et celui de la nouvelle chef de la Milice, gisants au sol.
Si Fergus et Ignacio  géraient de toute évidence la mission sauvetage tant bien que mal, personne ne semblait décidé à prendre en fuite Norvel. Cette immondice allait s’en tirer et Robin refusait l’idée de le laisser partir sans même essayer de lui rendre la monnaie de sa pièce.

« Les cuisines ! » s’exclama-t-elle pour initier un mouvement en direction de la seule autre issue possible depuis le sous sol. Elle traversa la pièce, enjamba le corps d’Avalon Davies et poussa les portes battantes menant dans l’arrière salle. Ils étaient quelques uns à l’avoir suivie jusqu’ici et à inspecter avec elle les différents recoins de la pièce. Les grands placards en inox.  La chambre froide. Le garde mangé. Norvel avait surement dû placer l’établissement sous sortilège anti-transplanage pour éviter que Roy et Avalon ne puissent s’enfuir.
Cette précaution se retournait contre lui maintenant.

Robin ouvrit la porte de la réserve et pénétra dans une longue pièce éclairée par les lumières blanches des néons industriels. Les rayonnages étaient remplis de boites de conserve  et de cartons. Au fond, des sacs de pommes de terre étaient posés en tas à même le sol.  La cachette parfaite.
Robin leva sa baguette dans cette direction tout en avançant précautionneusement, bras tendu devant elle,  mais un imperceptible mouvement sur le mur au dessus des rayonnages attira son attention. Une forme rampante se déplaçait doucement en direction d’une fissure dans la cloison. Une petite araignée dodue.

Tout aussi dodue qu’Helmut Norvel.

La danseuse fut frappée par un éclair de lucidité alors que les révélations d’Ethan lui revenaient en mémoire. Elle changea brusquement de position et pointa son arme sur l’arachnide qui filait à grande vitesse maintenant qu’elle se savait repérée. Robin devait anticiper sa trajectoire pour la toucher du premier coup. Elle prit quelques instants pour ajuster son tir  mais ce fut malheureusement la seconde de trop. Un Sectumsempra informulé l’atteignit à la gorge, tranchant la peau claire de son cou d’une entaille profonde.

Le sang chaud et poisseux inonda rapidement sa poitrine et elle tomba à genoux, les deux mains sur sa gorge pour tenter vainement de retenir l’hémorragie. Le sang maculait déjà le haut de son pantalon lorsque Francis Bonham, le bras droit de Norvel, sortit de sa cachette sous les sacs de pomme de terre. Son maléfice avait atteint sa cible. Il leva les yeux sur le mur pour s’assurer de la fuite de l’araignée et reporta son attention sur la danseuse qu’il venait de blesser gravement. Robin voulut crier pour alerter les autres mais elle ne laissa échapper qu’un terrible gargouillis qui la plongea dans une pure terreur. Elle avait la tête qui tournait et elle pouvait sentir le sang pulser contre ses paumes et jaillir entre ses doigts sous le rythme frénétique de son cœur battant. La danseuse bascula au sol alors qu’elle cherchait désespérément à respirer sans y parvenir. Les souliers de Bonham avancèrent dans son champ de vision. Ils furent bientôt menacés par une flaque brune et rampante, s’étendant inexorablement comme une marée montante composée de son propre sang.  Elle allait mourir, comprit-elle alors.

Elle ne pouvait pas. Pas comme ça, pas ici. Pas aujourd’hui.

Elle était prête à combattre cette fatalité, prête à tromper la mort qui l’enveloppait petit à petit. Son regard se troubla tandis que ses forces s’amenuisaient et que son esprit s’embrouillait. Elle devait tenir. Quelqu’un allait arriver et la tirer de là. Fergus. Toni. Igniacio. N’importe qui, ils étaient juste à côté. Ils avaient sauvé Roy, Jayce et le lieutenant Davies. Ils allaient réussir avec elle aussi. Robin ferma brièvement les yeux mais elle lutta pour ne pas s’endormir. Lutter. Toujours lutter. Ne jamais s’avouer vaincue. Voilà ce qu’elle avait appris au fil des années. Ses paupières s’ouvrirent  en grand, dans un ultime sursaut de vie et Francis Bonham  recula d’un pas afin de préserver ses chaussures de la flaque de sang. Robin avait les  yeux ouverts, le regard fixe et décidé  mais Bonham ne s’y trompait pas : Ces grands yeux bruns resteraient ainsi, figés à jamais dans la mort.


Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] 20021210524842197
Antonino Tessio
Antonino TessioChef de la mafia
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Whatever it takes [Roy, Avalon & Vils mafieux] Icon_minitimeDim 21 Mar 2021 - 17:05
C’est un carnage. Il n’y a pas d’autres mots. Toni est dans le feu de l’action, mû par une force titanesque qui le fait avancer tel un char de guerre dans cette bataille où il se jette à corps perdu, en multipliant les victimes sous sa baguette magique et ses poings violents. Mais cette avancée aveugle ne l’empêche pas de prendre la mesure de chaque cadavre qu’il heurte de son pied ou attrape du regard. Marco, Anton, Tommy, Felix, Rudolf, Miguel, Jeremiah, Sergio, Russell, Steve, Tobias… Ces hommes ont tous des noms, des histoires qu’il connait, parce qu’il les côtoie, parce qu’il les a formés, félicités, punis, respectés et aimés d’une certaine manière. Ces hommes font partie de cette grande famille de substitution qui est la sienne depuis des années et qu’il aime comme si elle était de son sang. Le sang qui coule au sol est aussi le sien, la souffrance de ces hommes à terre qu’on a envoyés au combat est aussi la sienne. L’adrénaline du combat empêche Toni de se laisser paralyser par les émotions qui le submergent et qu’il utilise plutôt comme un moteur de sa rage, tant qu’il y a des ennemis à abattre. Mais quand viendrait l’heure de faire le bilan et assumer les conséquences de tous ces dégâts, il sait que chacune de ces morts sacrifiées pour les intérêts du gang laisseraient une marque son coeur, impossible à effacer jusqu’à ce qu’il obtienne vengeance pour eux.

Quand il pénètre dans la cave où se déroule le coeur de l’opération, il manque de se laisser sérieusement déstabiliser. Les corps inanimés d’Avalon et de Roy gisent au sol, dans une posture où ils semblent morts. Pendant un bref instant, Toni envisage le pire. Il songe que ça y est, l’irréparable est commis. Il a perdu deux des personnes qu’il aime le plus au monde, deux des piliers qui le soutiennent dans sa colossale stature et ce coup le laisse immobile. Fergus, lui, agit, agenouillé près de leurs amis, il donne des ordres dans une voix pleine d’urgence et de panique qui ne lui ressemble pas du tout et porte un autre coup à Toni.

Son monde s’arrête de tourner, ses membres s’arrêtent de bouger et cet état d’hébétude dure peut-être cinq, dix secondes.

Brusquement, la poitrine de Roy se soulève, sous l’effet de l’antidote qu’on lui a administré. Celle d’Avalon reprend vie à sa suite. Enfin, celle de Toni peut se mouvoir à son tour. Il prend une immense inspiration salvatrice, chassant de son coeur la terreur qui le paralysait. La voix de Jayce, erratique, sur sa droite, achève de le réveiller totalement :

« Toni… »

Son monde se remet à tourner, l’action reprend. Toni se jette sur Jayce, le libère du sortilège qui le paralysait et écoute les instructions d’un Jayce affaibli. Il comprend ce qui se passe, en quelques mots. Norvel, toujours vivant, transformé en araignée, en fuite dans le bâtiment, qu’il faut réussir à coincer avant qu’il ne s’échappe. Ses réflexes font le reste du travail pour lui.

Il s’élance dans la direction où accourent leurs hommes, vers les cuisines qui semblent vides de leurs ennemis, en apparence. Répartis dans les différents couloirs longés d’étagères, ils sont tous à l’affût du moindre signe de vie. Mais c’est la mort qui finit par se présenter aux pieds de Toni, sous l’aspect d’une flaque de sang sombre, gigantesque, qui déborde sous une étagère et trempe le bout de sa chaussure.

Quand il contourne le rack, il voit un corps secoué de spasmes, dont il reconnait encore une fois l’identité, et le fait hurler :

« Robin ! »

Dans le plus grand désordre, il accourt vers elle, dérape sur la flaque, tombe à genoux à ses côtés. Ses mains, ses vêtements, ses avant-bras se maculent de tâches, d’éclats rouges alors qu’il presse par réflexe sa main contre la gorge entaillée de Robin. Très vite, il comprend qu’il ne peut pas endiguer cette abondante hémorragie. Il n’y a plus rien à faire.

Frustré, horrifié, furieux, Toni ferme brièvement les yeux. L’image de lui, entraînant d’un geste à sa suite cette jeune femme de leur gang, pas vraiment entraînée au combat, lui revient. Il sait ce qui l’a poussé à prendre cette décision, sur le coup. Il a vu l’éclat de la vengeance briller dans son regard, une envie très personnelle d’en découdre, et comment l’en blâmer ? Elle et son frère ont été les premières et directes victimes des machinations de Norvel. Il lui a donné ce ticket pour obtenir sa vengeance dans un combat frontal, songeant que dans un moment de crise pareille, toutes les baguettes étaient bonnes à prendre.

Il s’est trompé. Il a envoyé une femme insuffisamment préparée à l’échafaud. C’est son erreur, sa mauvaise évaluation de la situation en tant que chef en charge des décisions à ce moment-là et responsable de ses hommes dont Robin fait partie.

La gorge serrée, il cherche le regard effaré de Robin, pour qui il ne peut plus rien faire, à part la tranquilliser sur ces derniers instants. 

« Ça va aller. » Il déplace sa main, de sa gorge vers son front, écartant ses mèches de cheveux en désordre. « Ferme les yeux, ça va aller… »

Le corps de la jeune femme ne bouge plus quand la voix d’un Veilleur retentit dans les cuisines, ravivant le sentiment d’échec de Toni :

« Ils se sont tous tirés ! »

Ils ont perdu.


FIN DU RP


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
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