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Les mauvais rêves [PV Maeva]

Peter Virtanen
Peter VirtanenMais qui es-tu, Peter, pour voler la place de directeur ?
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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeMar 3 Mar 2020 - 8:16
12 janvier 2011

Peter venait à peine de poser la tête sur l’oreiller, après plusieurs heures à se fatiguer les yeux en essayant de déchiffrer les copies de ses élèves, quand des bruits venant de la chambre voisine l’arrachèrent à un sommeil bien mérité. Il tendit l’oreille, et laissa échapper un soupir résigné en percevant distinctement les gémissements de Lou, qui semblait être en plein cauchemar. A bientôt quatre ans, la fillette était toujours victime de terreurs nocturnes qui, d’après les médicomages qu’il avait rencontrés, n’étaient plus vraiment de son âge.

Le père inquiet attendit, au cas où le sommeil de sa fille finirait par s’apaiser, mais les plaintes s’intensifièrent et se transformèrent finalement en un hurlement suraigu, du genre à réveiller les morts.

« Papaaaaaaa ! »

L’enseignant rabattit ses draps au pied de son lit et se leva précipitamment pour traverser le couloir et pousser la porte de la chambre voisine. Sa petite fille se tenait assise au milieu de son lit, les cheveux en bataille, le visage livide et ses grands yeux bleus pleins de larmes fixés sur lui. Cette vision lui serrait le coeur à chaque fois.

« J’ai fait un cauchemar… expliqua-t-elle d’une petite voix, penaude.
- Ma pauvre puce, tu veux me raconter ?
- Je me rappelle plus… »

Lou ne se souvenait jamais de ses mauvais rêves. Peter n’avait pas d’autres enfants et ne pouvait faire aucune comparaison, mais il s’était naïvement attendu à ce que sa fille de quatre ans lui parle de monstre sous son lit ou d’ombres bizarres dans sa chambre, qu’il aurait pu transformer en simple chaise ou porte-manteau en éclairant la pièce d’un coup de baguette. Les troubles de la fillette semblaient toutefois bien plus difficile à éloigner, et il ne savait plus quoi faire pour l’apaiser. Il avait noyé Rachelle sous les questions, avait consulté deux autres médicomages, et ils avaient tous eu le même verdict : physiquement tout allait bien. Il fallait juste laisser à Lou le temps de guérir de ses traumatismes.

Expliquer à sa fille que cette mère, dont elle se souvenait à peine et qui lui manquait pourtant terriblement, ne reviendrait pas, avait été une des choses les plus difficiles de sa vie. Lou avait posé beaucoup de questions, n’avait pas pleuré, et s’était enfermé dans un silence opaque pendant plusieurs heures. Il essayait de se raisonner et de se forcer à la laisser gérer son deuil comme elle le pouvait, mais il n’arrivait pas à faire taire cette inquiétude qui lui soufflait que quelque chose clochait, que sa petite fille n’était pas normale.

Il remisa toutefois cette angoisse dans un coin de sa tête -il aurait toute la nuit pour se torturer avec cette idée- et s’approcha du lit de la fillette avec l’intention de la prendre dans ses bras. Il eut presque du mal à l’atteindre au milieu de la montagne de draps et de doudou, et réalisa que la fillette était justement en train de rassembler l’ensemble de ses coussins et peluches autours d’elle.

« Qu’est-ce que tu fais Lou ? s’enquit-il doucement en attrapant une peluche. Tu vas avoir chaud avec tous tes doudous comme ça. 
- Je fais un fort ! lui répondit la fillette en récupérant le lapin en peluche que son père avait subtilisé et en le remettant à sa place - coincé entre un ourson et une chouette.
- C’est un fort qui protège contre les cauchemars ? »

Concentrée sur sa tâche de construction, Lou ne releva même pas les yeux et se contenta de hocher vigoureusement la tête avant de s’emparer de son oreiller et de se cacher derrière.

« Laisse-moi t’aider, regarde ! »

Peter sortit de la chambre un instant, sous le regard curieux de sa fille, et en revint avec sa baguette magique, qu’il agita du poignet en direction des peluches de la fillette. Celles-ci se mirent aussitôt à doubler de volume, et à se multiplier. Lou avait presque entièrement disparu sous une montagne d’animaux divers et variés.

« Trop bien ! »

Se rendormir n’était visiblement plus au programme puisque la fillette sauta sur ses pieds et commença à se saisir des immenses peluches pour les disposer stratégiquement tout autour de son lit. Peter renonça à l’espoir de la convaincre de dormir avant d’avoir achevé son fort, et s’agenouilla à côté d’elle pour l’aider dans cette construction.

Ils étaient en train de disposer un second étage de doudous par dessus le premier -c’était une véritable muraille !- quand la porte de la chambre s’ouvrit derrière eux. Peter se retourna, surpris, et accueillit le visage à moitié endormi de Maeva avec un sourire d’excuses.

« On t’a réveillé ? Je suis désolée, on va…
- On fait un fort ! lui expliqua sa petite soeur sans relever les yeux de son ouvrage. Viens nous aider ! »

Après tout, qu’y avait-il de mieux à faire, un jeudi à deux heures du matin ?


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Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeMar 3 Mar 2020 - 19:25
Souvent, Maeva délaissait la table des Gryffondor le mercredi soir pour dîner avec Lou - et Peter, lorsque ses obligations de directeur ne le retenaient pas trop tard. Elle récupérait sa petite-soeur chez Mrs Silvester, et s'occupait d'elle pour le reste de la journée. Elles allaient se promener au bord du lac, en sautant à pieds joints dans les flaques d'eau verdâtre, puis allaient se réchauffer au coin du feu, et riaient aux éclats en se racontant des histoires farfelues. Elles dînaient avec Peter, et Lou finissait généralement par tomber de sommeil en mangeant son dessert. Maeva avait alors le choix : elle pouvait retourner dans son dortoir pour y passer la nuit, où aller se coucher dans la chambre qui lui était réservée dans cet appartement. De plus en plus souvent, elle se prétextait trop fatiguée pour marcher 500 mètres, et allait se blottir sous ses couvertures, savourant cette ambiance familiale dont elle avait été privée bien trop tôt.

La perte de son père et le départ inexpliqué de sa mère étaient toujours des évènements dont elle avait dû mal à faire le deuil (même si cela faisait déjà trois mois.) Elle prétendait aller bien, parce qu'elle ne supportait pas lire la compassion feinte sur le visage de ses camarades et qu'elle avait en horreur les "je comprends..." qui n'avaient aucun sens, mais elle sentait bien qu'en elle, quelque chose s'était brisé. Qu'elle avait une part d'ombre qu'elle ne parvenait pas à chasser, une colère sourde dont elle ne se débarrassait pas facilement. Elle avait cette peur aussi, irrationnelle et pourtant insurmontable, d'être désormais abandonnée par toutes les personnes qu'elle chérissait. Alors ces quelques moments volés au sein d'une famille lui étaient infiniment précieux.

Elle aimait Lou, et la disparition de leur mère n'avait fait que renforcer ce besoin irrépressible d'être proche d'elle. Sa petite-soeur grandirait sans mère - à vrai dire, elle peinait à se souvenir de Chloé, et Maeva espérait secrètement que cela allégerait sa peine. En tant que grande-soeur, elle avait ce sentiment qu'elle se devait d'être présente pour Lou, peut-être encore plus que la normale. Elle voulait être un modèle pour elle, et, ainsi, sans trop en prendre conscience, avait une attitude bien plus maternelle envers elle qu'une simple soeur ne l'aurait eu.

Quant à Peter, Maeva et lui avaient mis quelques années pour s'apprivoiser mutuellement. Elle se sentait encore timide envers lui, parfois, alors que ses sentiments lui paraissaient pourtant clairs. Bien qu'aucun lien de sang ne les unissait, elle se sentait bien plus proche de lui qu'elle ne l'avait jamais été de son père - et elle ne pouvait s'empêcher de culpabiliser à cette pensée. Elle était pourtant encore sur la retenue, parce qu'elle avait peur de s'immiscer dans sa vie. Peter avait fait un enfant avec sa mère, mais il n'avait jamais demandé à avoir une adolescente de dix-sept ans en bonus. Un peu malgré elle, elle était terrifiée à l'idée de déranger et ainsi de se sentir rejetée par la seule personne dont elle recherchait pourtant l'approbation.

Cependant, Maeva était bien loin de toutes ces considérations, plongée dans un sommeil sans rêve duquel elle fut tirée par des exclamations réjouies. Elle ouvrit un oeil fatigué, et prit quelques instants pour se rappeler où elle était. Elle voulut se rendormir, mais la curiosité était trop forte, et elle se demandait bien pourquoi Lou semblait agir comme si le jour s'était levé depuis des heures. Elle passa un pull Gryffondor par-dessus son pyjama, et se dirigea en se frottant les yeux vers la chambre de sa petite-soeur. Elle la découvrit au milieu d'un immense tas de peluches, rendues magiquements plus volumineuses par Peter, qui lui offrit un sourire navré. La jeune fille mit quelques secondes pour comprendre la situation, encore ensomeillée. L'ordre de Lou lui arracha cela dit un sourire et elle s'étira pour chasser le sommeil de son corps.

"Un fort ?" répéta-t-elle.

"Pour me protéger de mes cauchemars." expliqua Lou avec patience, alors qu'une pile de peluches s'effondrait, à son plus grand désespoir.  

Maeva coula un regard vers Peter, un peu inquiète, puis se reconcentra sur la construction.

"Mais ça tombe bien, je suis la championne des forts !"

"C'est vrai ?" s'exclama Lou, avant de lâcher un "Ohhhhhh" lorsque sa peluche, en équilibre précaire, chuta à ses pieds.

"Evidemment. Et le plus important, dans un fort, ce sont les fondations." révéla Maeva sur un ton presque secret, alors que Lou, qui semblait boire ses paroles, hochait la tête avec vigueur. "Attendez, j'arrive."

La Gryffondor gagna le salon en quelques enjambées et attrapa les gros coussins du canapé, qu'elle coinça sous ses bras. Elle se dirigea ensuite vers la chambre de sa petite-soeur en vacillant sous la charge, et les lâcha sur le sol.

"Regarde, on va les mettre comme ça autour du lit." fit Maeva en positionnant un coussin à la verticale par terre.

Lou, enthousiaste, saisit un coussin dans sa main et entreprit de faire de même.

"Papa, aide-nous ! Fais-les grands, comme ça !" s'exclama-t-elle en écartant ses bras à son maximum.


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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeJeu 5 Mar 2020 - 8:25
Le sourire fatigué de Peter se fendit d'un sourire quand Maeva affirma être la reine des forts, et s'approcha de sa petite soeur pour lui expliquer les bases de l'architecture. Il était souvent impressionné par la force du lien qui unissait les deux filles, malgré leur écart d'âge et le fait qu'elles soient issues de pères différents. Il avait grandi enfant unique, et ne pouvait que s'imaginer la force d'un tel lien fraternel, qui semblait survivre même dans les contextes familiaux les plus compliqués. C'était peut-être même cela, qui renforçait la relation entre Lou et Maeva. Elles avaient toutes les deux affronté la disparition puis la perte de leur mère, chacune à leur façon, mais ensemble. C'était peut-être la seule chose positive à être née de cette histoire.

"On vous laisse faire, architecte !" répondit-il aux explications de Maeva concernant les fondations.

A sa grande surprise, l'adolescente quitta momentanément la chambre pour rejoindre le salon. Peter répondit au regard interrogateur de Lou par un haussement d'épaules, et guetta le retour de Maeva, qui ne tarda pas à faire son apparition, armée des coussins du canapé. Cet appartement ressemblait de moins en moins à un logement de directeur et de plus en plus à une aire de jeux. Le pire était que cela ne le dérangeait pas autant qu'il l'aurait imaginé.

L'apprentie-architecte entreprit de placer les coussins à la verticale autours du lit, et sa petite-soeur tenta tant bien que mal de l'imiter, rendue maladroite par le poids des coussins qui étaient presque aussi lourds qu'elle. Peter vint au secours de Lou et l'aida à positionner les imposants cousins comme elle le souhaitait. Imposants mais pas assez aux yeux de la fillette, visiblement, puisqu'elle lui demanda de les rendre encore plus grands, "comme ça". L'enseignant n'essaya même pas de résister au regard suppliant de sa fille, et agita sa baguette en direction des coussins, qui doublèrent de volume sous les cris enthousiastes de Lou.

"Maeva, met-les là ! La petite blonde avait grimpé sur son lit et distribuait ses directives. Si sa soeur semblait se destiner à une carrière d'architecte, la cadette avait déjà tout du chef de chantier. Papa, encore des coussins !"

Les ouvriers exécutèrent docilement chacune de leur tâche, et le lit de la fillette se retrouva rapidement encerclé d'une véritable muraille de coussins, sur lesquels était soigneusement disposée une armée de doudous. Quiconque tentait d'approcher s'exposait au danger de "mort par asphyxie sous un tas de peluche".

"Est-ce qu'il te plait, ce fort ? l'interrogea Peter. Lou, debout au milieu de son lit, observa la construction autour d'elle et hocha vigoureusement la tête. Tu vas pouvoir dormir maintenant ? La fillette parut hésiter, chercha le moindre défaut dans les remparts qui lui aurait permis de gagner cinq minutes mais, face à cette construction sans faille, se résigna à hocher la tête. Bien, dis bonne nuit à Maeva et...
- Nan ! Vous restez là ! protesta Lou qui s'était assise sur son lit et avait récupéré son doudou préféré -Monsieur Lapin- qu'elle serrait contre elle.
- Mais Maeva et Papa doivent dormir, ma puce. On est fatigués nous aussi...
- Jusqu'à ce que je dorme ! le supplia la fillette en faisant passer ses grands yeux pleins de larmes de son père à sa soeur. S'il-vous-plaiiit...
- Bon, jusqu'à ce que tu t'endormes ! Aller, au lit !"

Il était à peu près persuadé qu'il venait de bafouer une demi-douzaine de règles sur l'éducation, et de se condamner à rejouer cette scène pendant les trois prochaines semaines, mais il s'en fichait. Il élevait Lou comme il le pouvait, en essayant de s'adapter à elle plutôt que de suivre des règles établies. Il ne faisait peut-être pas toujours les bons choix, mais il faisait au mieux. La fillette se glissa sous ses couvertures, Monsieur Lapin serré contre elle, et Peter déposa un baiser sur son front avec un regard attendri.

"Bonne nuit Lou,
- Bonne nuit Papa !"

Il laissa Maeva embrasser sa petite soeur avant d'éteindre la lumière d'un coup de baguette, plongeant la pièce dans une obscurité à peine troublée par la veilleuse en forme de flocon qui diffusait une pâle lumière blanche dans un coin de la pièce. Peter s'assit directement sur le sol, s'adossant contre le mur à côté du lit encerclé de coussins.

"Vous êtes toujours là ? demanda la voix ensommeillée de la fillette après une poignée de secondes.
- Oui, oui, ne t'inquiète pas. Il faut dormir maintenant."

Alors que ses yeux s'habituaient doucement à la semi-obscurité, Peter put discerner de plus en plus distinctement les traits de Maeva, assise à côté de lui. Il était réellement reconnaissait à la jeune femme d'être si présente pour sa petite soeur dans ces moments difficiles. Ils n'étaient pas liés par le sang, et ne se connaissaient finalement que depuis quelques années, mais Maeva avait été un soutient important pour lui dans son nouveau rôle de père célibataire. Et il espérait qu'elle savait pouvoir compter sur lui en retour.

"Vas te coucher, si tu veux, souffla-t-il, aussi bas que possible. Et merci pour ton aide, madame l'architecte."


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Maeva Virtanen
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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeVen 20 Mar 2020 - 9:21
Maeva et Peter œuvraient, petites fourmis travailleuses, sous les ordres de Lou, debout sur son lit, qui avait visiblement pour objectif de ne plus laisser une seule faille dans le rempart qu'elle construisait autour de son lit. Toute fatigue avait disparu des traits de la jeune fille, qui plaçait consciencieusement les coussins et les peluches, devenues immenses, de façon stratégiques en veillant à ce  qu’elles soient suffisamment soutenues pour que le fort ne s’effondre pas en plein milieu de la nuit sur sa petite-sœur.

Mais, au-delà de cette activité, en soit plutôt amusante à réaliser en famille, Maeva ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe d’inquiétude, qu’elle savait que Peter partageait. Lou n’était pas elle-même, depuis quelques mois. Petite fille pleine de vie avant la disparition de Chloé, elle était devenue morose, silencieuse, en proie à des terreurs nocturnes et des angoisses qui n’étaient jamais clairement identifiées. Evidemment, le contexte familial dans lequel elle évoluait expliquait cette attitude, mais il y avait autre chose, Maeva en était certaine, sans avoir véritablement de preuves de ce qu’elle avançait.

Pour l’instant, la petite-fille semblait rassurée, sûrement à la fois par cette construction qui maintiendrait ses démons à distance, et par la présence de son père et sa grande-sœur, qui l’observaient tous les deux, un doux sourire accrochés à leurs lèvres. Lorsque Peter sonna leur du sommeil, Lou  ne put s’empêcher de négocier un peu, consciente qu’elle allait sinon rapidement se retrouver toute seule dans sa chambre. Finalement, Peter consentit à rester jusqu’à la petite s’endorme, et Maeva approcha d’un hochement de tête. A la suite de son beau-père, elle se pencha vers sa petite-sœur pour l’embrasser. Lou accrocha ses petits bras autour de son cou et enfouit sa tête dans son cou.

« T’as vu ? J’ai le même château que la princesse Victoria. » lui chuchota Lou. Maeva esquissa un sourire tendre.
« Et tu es aussi courageuse qu’elle. »
« Pas trop… » avoua Lou, un peu dépitée. « Moi, j’ai peur du noir. »
« Hum. » Maeva fouilla dans la poche de son sweat-shirt pour y sortir sa baguette magique. Elle l’agita en direction d’une peluche, située tout en haut du fort, qui se mit à s’illuminer doucement, baignant l’endroit dans une jolie lumière tamisée. Les yeux de Lou s’illuminèrent brusquement. « Bonne nuit, Loulou. »
« Bonne nuit ! »

La petite-fille disparut sous ses couvertures, son lapin serré contre son torse. Maeva se laissa glisser sur le sol à côté de Peter et cligna plusieurs fois des yeux pour s’habituer à l’obscurité. La question de Lou, prononcée d’une voix ensommeillée, lui tira un sourire, et elle resta silencieuse, trouvant un certain réconfort dans le calme de la pièce, seulement troublé par les respirations désormais plus profondes de sa petite-sœur, et celle de Peter, pour le coup bien éveillé.

Elle refusa sa proposition en hochant négativement la tête, et lui répondit, tout bas : « C’était avec plaisir. »

Elle se tut ensuite, les yeux rivés sur le lit de sa petite-sœur, depuis lequel on n’entendait plus aucun bruit. Les minutes passèrent doucement. Maeva glissa un regard vers Peter, terriblement reconnaissante qu’il lui laisse la possibilité d’être là, avec eux, alors qu’elle n’était même pas sa fille biologique. Elle se sentait parfois comme une intruse.

« Je crois qu’elle dort. » souffla-t-elle doucement.

Peter et Maeva quittèrent la pièce sur la pointe des pieds pour rejoindre le salon, où le canapé avait été dépouillé de ses coussins. Maeva s’appuya contre la table à manger et observa Peter :

« Elle ne se souvenait pas de son cauchemar, j’imagine ? » demanda-t-elle doucement en tournant brièvement le regard vers la porte de Lou, désormais fermée.

C’était ça, le plus étonnant, qui lui faisait dire que quelque chose clochait. Maeva était aussi en proie à des cauchemars. Elle rêvait de sa mère, derrière laquelle elle courrait sans jamais pouvoir la rattraper. De son père, ivre et menaçant, qui la poussait pour qu’elle aille dans sa chambre. De son père encore, mort, le regard vide et fixe. De sa mère, qu’elle savait morte mais dont le corps n’était jamais retrouvé. Elle se réveillait en sueur, avec la boule au ventre, terrifiée. Mais elle s’en souvenait.


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Peter Virtanen
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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeSam 21 Mar 2020 - 9:06
Malgré l'heure avancée et la fatigue accumulée ces derniers mois, Peter savait qu'il allait devoir lutter pour retrouver le sommeil. Il avait toujours eu des nuits plutôt agitées mais depuis la rentrée il arrivait à peine à grappiller quelques heures de sommeil par jour, et se maintenait éveillé en avalant des litres de café. Le père de famille tendit l'oreille pour guetter le moindre bruit venant du lit de Lou, mais la respiration de la fillette s'était faite plus lente et plus profonde. Elle s'était finalement endormie.

Peter hocha silencieusement la tête à la remarque de Maeva et entreprit de déplier ses longues jambes pour se relever en faisant le moins de bruit possible. Il couva sa fille d'un dernier regard protecteur en espérant que le reste de sa nuit serait paisible, et quitta la chambre en prenant soin de bien refermer la porte derrière lui. Il rejoignit le salon, où Maeva s'était appuyée contre la table de la salle à manger. Elle non plus n'avait visiblement pas l'intention de se rendormir toute suite.

La question de la jeune femme lui tira un soupir et il garda le silence un instant. Il s'en voulait de retrouver ses propres craintes dans la voix de sa belle-fille, qu'il aurait voulu protéger de tout ça. Maeva avait déjà tellement de sources de tourments dans sa propre vie, elle n'aurait pas dû avoir à s'inquiéter pour sa petite soeur également. Elle avait son propre deuil à faire, et Peter avait essayé de l'aider en restant discrètement présent et en gardant pour lui ses préoccupations. Il avait mis un point d'honneur à ne pas communiquer ses angoisses à la jeune femme, parce qu'il s'interdisait de se décharger sur elle alors qu'elle traversait des moments si difficiles.

Les rares fois où ils avaient vaguement abordé le sujet, il avait répondu que c'était l'âge des terreurs nocturnes, que Lou avait beaucoup d'imagination et que cela devait lui jouer des tours. Il fallait croire qu'il n'était pas si bon menteur qu'il le pensait. Peut-être parce qu'il était près de quatre heure du matin, ou peut-être parce qu'il avait besoin de s'ouvrir à quelqu'un sur le sujet, il décida de ne pas évacué la question de Maeva comme il l'avait toujours fait jusqu'à présent.

"Non, répondit-il simplement avec un haussement d'épaules fataliste. Toujours pas... Il croisa les bras et s'appuya contre la bibliothèque derrière lui pour faire face à la jeune fille. Parfois j'ai l'impression qu'elle a peur de quelque chose qu'elle n'arrive même pas à verbaliser."

Il avait senti, quelques fois, que Lou essayait de mettre des mots sur l'objet de ces terreurs nocturnes qui la réveillaient chaque nuit, sans succès. Comme si c'était quelque chose qu'elle ne pouvait pas décrire, ni en paroles ni en dessin. Il essayait de se convaincre que c'était lui qui projetait ses craintes sur sa fille, et qu'il ne s'agissait surement que de cauchemars d'enfant, mais il avait de plus en plus de mal à y croire.

"Rachelle dit qu'elle va bien, tous ses examens sont parfaits mais..." Nouveau haussement d'épaules.

Lou était en excellente santé, et la plupart du temps elle était une petite fille joyeuse, active et curieuse de tout. Mais il y avait aussi des moments où elle se renfermait complètement sur elle-même, devenait silencieuse et morose. Il avait redouté un trouble de la personnalité mais ni Rachelle ni le psychomage qu'il avait rencontré n'avait posé ce diagnostique. Et puis, ces cauchemars qui revenaient sans cesse et que personne ne pouvait expliquer.

"Je ne sais plus quoi faire..." avoua-t-il finalement avec une expression douloureuse.

Il se sentait tellement dépassé par la situation qu'il aurait pu s'effondrer, au beau milieu du salon. Et il savait bien que Maeva était certainement prête à l'écouter davantage et à l'aider mais il savait aussi qu'il ne pouvait pas le lui demander. C'était à lui de la soutenir, et pas l'inverse. Il se força à se ressaisir et à retrouver un visage le plus neutre possible.

A l'annonce de la mort de Chloé, il n'avait pas éprouvé de tristesse -cette blessure là avait déjà commencé à cicatriser depuis longtemps. Il avait honte de l'admettre mais il s'était senti soulagé, comme débarrassé de cette incertitude qui était devenue un fardeau. Cette mauvaise nouvelle avait été libératrice, mais il s'était aussi retrouvé investi d'une nouvelle responsabilité vis-à-vis de Maeva. Il avait toujours été "l'autre", celui qui vivait avec sa mère mais n'était pas son père. Celui qui n'était pas vraiment une figure parentale. Et puis d'un seul coup, il était devenu ce qui s'en rapprochait le plus pour elle, et il ne savait pas exactement comment remplir ce rôle.

Leurs rapports s'étaient beaucoup renforcés, depuis qu'ils vivaient tous les trois avec Lou, mais il n'avait jamais osé se comporter comme un père avec elle. Il avait eu peur de voler une place qui n'était pas la sienne, parce qu'à l'époque, elle avait déjà un père. Elle était désormais orpheline mais suffisamment âgée pour ne plus avoir besoin de tuteurs légaux. C'était à elle de décider à qui elle laissait une place dans sa vie, et Peter ne voulait pas lui forcer la main. Il se contenterait du rôle qu'elle voudrait bien lui accorder. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle sache qu'il serait toujours là pour elle. Lien de sang ou pas, ils étaient une famille.

"Et toi ? reprit-il en posant ses yeux clairs dans ceux de la jeune femme. Tu tiens le coup ? demanda-t-il d'une voix douce. J'imagine que Lou n'est pas la seule à faire des cauchemars..."


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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeSam 28 Mar 2020 - 11:48
L’inquiétude de Peter était visible sur ses traits tirés et au fond de ses yeux. Maeva eut un pincement au cœur en le voyant ainsi. La vie, ces derniers temps, ne l’avait pas épargné non plus, même s’il faisait son possible pour rester stable, fort, solide dans toutes ces épreuves. Pour Lou. Pour elle.

« Tous les examens sont peut-être parfaits, mais ce n’est pas normal qu’elle oublie des rêves qui la terrorisent autant, non ? » demanda Maeva, les sourcils froncés. Les médicomages étaient peut-être passés à côté d’un élément clé pour comprendre les raisons des terreurs de Lou. « Elle n’a pas de souci de mémoire, la journée, si ? » Elle essayait, vainement, de se rappeler de ce qu’elle avait noté, ces derniers temps, chez sa petite-sœur.

Aussi était-elle plongée dans ses pensées, et sursauta lorsque Peter l’interrogea à son tour. Elle resta silencieuse un instant, puis tourna doucement son regard vers celui de son beau-père.

Elle n’allait pas bien.

Elle aurait aimé, pourtant, tenir le coup avec cette force qui la portait depuis des mois maintenant. Encaisser sans broncher, relever la tête et se maintenir hors de l’eau. Elle n’y parvenait pas ; elle coulait. Elle arrivait encore à faire bonne figure devant ses camarades, mais son sourire avait perdu de sa superbe et son rire de son éclat. Cela faisait pourtant des mois qu’elle se disait préparée à l’annonce de la mort de sa mère. Elle avait disparu depuis si longtemps qu’il n’était pas vraiment raisonnable d’espérer encore qu’elle revienne. Force était de constater qu’elle s’était accrochée à cette idée malgré elle, malgré tout bon sens.

Elle avait été idiote.

A dix-huit ans, on n’est jamais préparé à perdre un parent. Encore moins à devenir orpheline.

Car voilà le nouveau statut qu’elle avait acquis, officiellement, celui d’orpheline. Elle n’avait plus de père, plus de mère ; et les deux décédés à quatre mois d’intervalle.

Maeva se sentait seule. L’annonce de la mort de sa mère avait ouvert en elle un gouffre qui ne demandait qu’à l’aspirer, à l’entraîner au fond, à la noyer dans des eaux noires. Elle luttait de toutes ses forces pour ne pas y basculer définitivement, à coup de mécanismes de défense hasardeux, fragiles, branlants. Mais ce soir, après avoir observé sa petite-sœur se débattre avec les mêmes démons qu’elle, elle n’avait plus vraiment envie d’être forte.

« Je n’arrive pas à croire qu’elle soit morte. » souffla-t-elle douloureusement.

Elle était encore sous le choc de cette annonce, se rappelait avec précision du moment où Peter était venu la chercher, le matin du 7 janvier. Elle avait su avant même qu’il ne prononce un mot. Chloé Hellsoft était décédée dans la nuit du 6 au 7 janvier 2010. Elle s’était suicidée pour pouvoir échapper à la milice ; elle avait choisi de mourir, quand bien même elle avait ainsi réduit à zéro ses chances de revoir ses filles. Un choix que Maeva avait dû mal à digérer, comme tous ceux qu’elle avait fait depuis qu’elle avait décidé de les abandonner. Pas d’explications, pas d’excuses, pas de mot, rien. Maeva n’arrivait même pas à se souvenir du sujet de leur dernière conversation, des toutes dernières phrases que sa mère avait eu pour elle. Savait-elle alors qu’il s’agirait des derniers mots qu’elle lui adresserait ? Chloé Hellsoft était morte et Maeva n’avait même pas eu la chance de lui dire adieu. Elle devait se contenter de ce silence que sa mère lui avait imposé, ce silence qui la rendait folle, qui la mettait hors d’elle.  

« Elle s’est suicidée, Peter. Elle a décidé que nous n’étions même plus une raison suffisante pour rester en vie. » affirma Maeva, sans même considérer le fait que, peut-être, sa mère avait fait ça pour la protéger. Elle était incapable de prendre le recul nécessaire pour analyser cette situation. Sa mère était morte, et Maeva était redevenue une enfant en souffrance. « Je pensais… » Elle hésita un peu, puis se décida à poursuivre. « Je pensais que je serais soulagée d’apprendre sa mort. C’était ce que je me disais, depuis quelques mois. Au moins, j’arrêterai de me demander où elle est, ce qu’elle fait, pourquoi elle ne revient pas… Mais c’est pire. » Parce que, même dans son imaginaire, Chloé Hellsoft avait tout simplement cessé d’exister. « Je lui en veux tellement. » Ses doigts se resserrèrent autour du bord de la table, alors que ses yeux se mettaient à la piquer. « Et elle me manque. »


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Peter Virtanen
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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeMer 1 Avr 2020 - 7:54
"Non, je ne crois pas... répondit Peter quand Maeva l'interrogea au sujet des problèmes de mémoire de Lou. Mais j'ai l'impression que... Qu'elle est un peu absente, parfois. Il y a des moments où elle se renferme complètement sur elle-même, sans raison... Je ne comprends pas."

Il laissa échapper un nouveau soupir avant de reporter son attention sur Maeva. Il aurait plus que le temps de s'inquiéter pour Lou demain. Pour le moment, la fillette dormait sagement, protégée par un fort de peluches, et c'était plutôt sa grande-soeur qui avait besoin que l'on s'inquiète pour elle. Elle n'avait malheureusement plus de parents pour veiller sur elle, à seulement dix-huit ans, mais Peter ne voulait pas qu'elle se sente livrée à elle-même. Il recherchait un équilibre fragile en essayant de ne pas s'imposer tout en étant présent pour elle, et avait parfois du mal à trouver sa place.

Profitant de ce rare moment où ils se retrouvaient seuls, l'enseignant se permit de questionner un peu la jeune femme sur la façon dont elle gérait la situation. Il s'était préparé d'avance à une réponse évasive, à un sourire forcé ou des paroles rassurantes, et l'aveu douloureux de Maeva le troubla profondément. Elle n'était pas la fille de Chloé pour rien et Peter la connaissait suffisamment bien pour savoir qu'elle n'était pas du genre à laisser voir ses faiblesses. Elle gardait la tête haute et se cachait derrière l'humour ou la colère plutôt que de se laisser aller à la tristesse, un mécanisme de défense qui ne paraissait plus fonctionner aujourd'hui tant sa peine était grande.

Peter garda le silence alors que l'adolescente reprochait à sa mère de les avoir abandonnés à nouveau en se suicidant pour échapper à son arrestation. Il ne lui répondit pas que Chloé avait peut-être agi ainsi pour les protéger. Maeva savait cela, et elle savait aussi que si sa mère avait réellement voulu protéger ses filles, elle ne se serait pas engagée auprès de groupuscules terroristes.

"Je lui en veux tellement..."

"Moi aussi..." avoua-t-il dans un soupir.

Il comprenait. Lui aussi lui en voulait terriblement. Il ne pardonnerait jamais à son ex-compagne les risques qu'elle avait fait peser sur leur famille. Son coeur se serra Maeva quand Maeva lui avoua qu'elle pensait se sentir soulagée par l'annonce de la mort de Chloé, mais que ça n'avait pas été le cas. Il était incapable de dire ce qui était le plus triste dans la phrase de l'adolescente. Le fait qu'elle ait presque espéré la mort de sa mère pendant des mois, ou le fait que celle-ci l'affecte bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Ce n'était pas le cas pour lui. Il avait honte de l'admettre mais il n'avait pas ressenti de profonde tristesse ou de colère ravageuse en apprenant la mort de Chloé. Juste un vague sentiment de déception teintée de rancoeur, et le soulagement de savoir qu'elle ne serait plus une menace pour eux.

"Et elle me manque."

Peter se sentait complètement démuni face au désarroi de Maeva, contre lequel il ne pouvait rien faire. Cette fois-ci il ne put même pas prétendre qu'il éprouvait la même chose, parce que Chloé ne lui manquait pas. Elle ne lui manquait plus. Il avait eu des mois pour détruire l'image et les souvenirs qu'il avait d'elle, pour la réduire à cette terroriste égoïste et inconsciente, qui avait abandonné sa famille sans un regard en arrière. Il avait fait son deuil de la Chloé qu'il avait aimée depuis bien longtemps, mais il n'était pas étonnant que sa fille ait besoin de davantage de temps. Il aurait voulu pouvoir l'aider mais ne savait pas quoi faire pour apaiser sa peine.

Incapable de trouver les mots justes, Peter s'approcha de Maeva et lui pressa doucement l'épaule, avant de se débarrasser de sa réserve et de passer un bras dans le dos de la jeune femme, qu'il serra doucement contre lui.

"C'est normal, répondit-il simplement. Et tu as le droit d'être triste ou en colère, autant que tu veux. Je suis sûr que les coussins du canapé peuvent aussi faire office de punching ball," ajouta-t-il dans une vaine tentative de détendre un peu l'atmosphère.

Peter n'était pas exactement dans son élément, les déclarations sentimentales n'étaient pas son fort, mais c'était important qu'il le dise. La fin de l'année approchait et il voulait que Maeva sache que même si elle était officiellement orpheline, elle avait encore une famille ici, à Poudlard.

"Tu n'as pas besoin de tout intérioriser, reprit-il en cherchant à accrocher le regard de l'adolescente. Tu as le droit de craquer. Je suis là pour toi, si tu veux en parler, et Lou aussi, à sa façon. Tu es chez toi ici, d'accord ? Et tu le seras toujours."


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Maeva Virtanen
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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeJeu 9 Avr 2020 - 16:09
Maeva n’avouait jamais sa tristesse. Elle avouait sa colère, sa fureur, sa rage, parce qu’il s’agissait pour elle d’émotions plus simples à maîtriser, à canaliser, à sublimer. Sa peine, quant à elle, était menaçante, effrayante, effroyable. Aussi, dire à Peter que sa mère lui manquait lui serra la gorge, fit peser un poids supplémentaire sur ses épaules dont elle aurait aimé ne jamais sentir, mais la libéra d’une charge dans son cœur qu’elle ne soupçonnait pas d’exister.

Elle se laissa entraîner contre son beau-père sans opposer la moindre résistance, et referma ses bras dans son dos. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas reçu une étreinte comme celle-ci, celle d’un adulte. Celle d’un parent. Il y avait bien longtemps que son père n’avait plus de gestes tendres à son égard ; et elle ne se souvenait pas de la dernière fois que sa mère l’avait prise dans ses bras. La jeune femme lutta un moment pour ne pas pleurer, mais la chaleur de cette étreinte eut raison d’elle, et de grosses larmes dévalèrent ses joues. Elle n’en pouvait plus.

C’était trop. En l’espace de quelques mois, elle avait perdu son père, puis sa mère, puis Noah. Elle canalisait généralement sa tristesse en entretenant une sérieuse rancune envers eux, mais elle n’en n’était plus capable aujourd’hui, pas alors qu’elle était blottie dans les bras de la dernière personne qui semblait se préoccuper d’elle. Personne ne pouvait gérer un tel drame, un tel abandon. Même pas elle.

Passé le choc de la perte, la jeune femme avait également réalisé que, désormais, elle serait seule. Que, là où elle aurait pu compter sur ses parents, elle ne pouvait plus que compter que sur elle-même. Qu’elle ne partagerait jamais les moments les plus heureux,  ni les plus tristes, de sa vie d’adulte avec eux. Qu’elle ne fêterait pas avec eux sa sortie de Poudlard. Qu’elle ne pourrait pas leur faire visiter son premier chez-elle. Qu’ils n’assisteraient jamais à son mariage ou à la naissance de ses enfants. Ce constat la laissait amère, aussi triste que furieuse, et envieuse des autres.

Evidemment, il y avait Peter, et il y avait Eden, mais ce n’était pas la même chose, songea-t-elle en esquissant un maigre sourire devant la tentative d’humour de son beau-père. Tous les deux avaient leur propre enfant, la chair de leur chair, deux petites-filles adorables dont la plus âgée n’avait que trois ans. Ils n’avaient pas demandé une jeune femme majeure, au passé trouble, au contexte familial désastreux, en plus.

Maeva releva les yeux vers Peter, l’observant en silence alors qu’il lui assurait qu’il était là pour elle. Elle voulut le remercier, le croire que parole. Mais, au fond d’elle-même, elle ne parvenait pas à adhérer à son discours. Elle ne voulait pas le forcer à s’occuper d’elle, pas alors qu’il avait déjà tant à gérer, entre son nouveau poste de directeur et Lou, qui peinait à se remettre de la perte de sa mère. Elle ne voulait s’imposer dans sa vie. Elle était grande, elle était majeure, elle pourrait se débrouiller par elle-même.

« C’est gentil. » dit-elle avec un léger sourire. « Mais… » Elle se détacha doucement de lui, les joues humides, les yeux encore brillants de ses larmes. « Tu n’es pas obligé de faire ça. »

La jeune femme prit une longue inspiration pour calmer les battements désordonnés de son cœur.

« Tu as Lou, et elle va avoir besoin de toi. Tu n’as jamais promis quoique ce soit, ni à ma mère, ni à moi. » Elle haussa les épaules, l’air désinvolte, mais meurtrie intérieurement. « Je ne veux pas m’imposer dans ta vie, ou être une charge pour toi. Je suis majeure, je pourrais me débrouiller. » Elle eut un petit sourire triste à l’égard de son beau-père, et sécha ses larmes d’un revers de main.


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Peter Virtanen
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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeLun 13 Avr 2020 - 10:03
Une profonde peine l'étreignit en même temps que les bras de Maeva qui se refermaient dans son dos. Surpris par la réaction de la jeune femme, qui se montrait rarement si vulnérable, Peter la serra contre lui et caressa doucement ses cheveux bruns dans une vaine tentative d'apaiser ses pleurs. Il n'était pas particulièrement à l'aise face aux émotions des autres, lui qui montrait si rarement les siennes, et il se trouvait complètement désemparé face au désespoir de sa belle-fille. Il n'osait même pas lui promettre que tout irait bien, parce qu'il savait que ce ne serait pas le cas, et que des mois difficiles attendaient la jeune femme désormais orpheline. Il n'avait rien d'autre à lui offrir qu'un peu de soutient et la promesse de sa présence à ses côtés, aussi longtemps qu'elle voudrait bien de lui.

Maeva s'écarta finalement de lui et Peter sentit son coeur se serrer face à ses grands yeux remplis de larmes. Elle lui paraissait si jeune tout à coup ! Il était souvent frappé par la ressemblance de l'adolescente avec sa mère -tant sur le plan physique que sur celui du caractère ! Pourtant à cet instant, c'était à sa petite soeur qu'elle ressemblait. Jamais Peter ne s'était senti aussi proche d'elle, et aussi responsable. Il disait souvent qu'il avait deux filles, quand on lui posait la question. C'était plus simple que de devoir détailler toute sa situation familiale. Après le départ de Chloé, il s'était surpris à penser de plus en plus à "ses filles", mais jamais il ne l'avait ressenti aussi fort qu'en cet instant.

"Je sais, répondit-il calmement quand Maeva lui assura qu'il n'avait aucune obligation à son égard. Je ne le fais pas par obligation, mais parce que j'en ai envie."

Il secoua la tête de gauche à droite quand la jeune femme parla de s'imposer dans sa vie. Il ne voulait surtout pas qu'elle ait le sentiment d'être un fardeau pour lui. Il n'avait pas choisi de se retrouver avec une adolescente de six-sept ans, non, mais elle faisait partie de sa famille et il en était très reconnaissant. Ils avaient mis un peu de temps à s'apprivoiser tous les deux, mais avaient fini par construire une relation plutôt complice, qu'il avait à coeur de préserver.

"Tu ne seras jamais une charge, compris ? assura-t-il en posant ses deux mains sur les épaules de Maeva. Lou a besoin de toi, et moi aussi, autant que tu as besoin de nous. Je ne t'ai peut-être rien promis, mais je n'ai pas besoin d'une quelconque obligation pour vouloir faire partie de ta vie, si tu le veux bien."

Il avait beaucoup réfléchi à leur relation cers derniers temps, à leur famille et à l'absence de lien direct entre eux deux, d'un point de vue officiel. Maeva était majeure, et elle n'avait pas besoin qu'un nouveau tuteur légal lui soit désigné mais il s'était parfois demandé s'il devait prétendre à ce rôle, sans jamais osé aborder le sujet. Une partie de lui avait envie que ce soit Maeva qui en fasse la demande, parce qu'il ne voulait pas lui forcer la main, mais il la connaissait assez bien pour savoir que, quand bien même elle en aurait envie, elle ne le ferait pas. Alors il décida de prendre les devants, et de lui offrir le choix

"Et je suis prêt à rendre ça légal et officiel, sans aucune hésitation, si c'est ce qui t'inquiète... tenta-t-il timidement. Uniquement si tu le souhaites."


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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeSam 18 Avr 2020 - 11:07
Maeva avait baissé les yeux à la fin de sa tirade, un peu gênée de toutes les émotions qui transparaissaient de cette discussion. Elle avait offert à Peter une porte de sortie, et, au plus profond d’elle-même, elle savait qu’elle ne lui en voudrait pas de la prendre. Ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, et puis, elle était déjà majeure… Elle détesterait être une charge pour lui, une responsabilité de plus, alors qu’il y avait déjà Lou, qui avait besoin de toute son attention. Elle se débrouillait bien toute seule, après tout, elle pouvait bien continuer ainsi, souffla une petite voix dans sa tête, sur un ton profondément mensonger qu’elle reconnut tout de suite.

C’était, évidemment, faux. Maeva avait terriblement besoin de la présence d’un parent dans sa vie, d’un cercle familial proche, auquel elle pourrait se raccrocher. Elle aimait Lou, elle aimait Peter, et elle avait besoin d’eux ; mais, malheureusement, elle était bien trop fière pour l’admettre. Sûrement ressemblait-elle à sa mère sur ce point, qui l’avait élevé quasiment toute seule, et qui n’avait pu compter sur personne. Elle n’avait pas grandi dans une famille très prompte aux déclarations d’amour et aux gestes affectueux, aussi connaissait-elle une profonde difficulté dans l’expression de ses sentiments.

Lorsque Peter posa ses deux mains sur ses épaules, elle releva la tête pour accrocher son regard, et but ses mots avec la sensation d’être assoiffée. Elle peinait un peu à croire ce qu’il se passait, dans l’intimité de ce petit salon, à une heure avancée de la nuit. Elle observa Peter longuement, silencieusement, alors qu’il lui jurait avoir envie de faire partie de sa vie… A tel point qu’il était prêt à rendre cela officiel.

La nouvelle lui fit écarquiller légèrement ses yeux encore humides, alors qu’une véritable expression de surprise se peignait sur son visage. Bien évidemment, elle avait déjà réfléchi à cette possibilité, mais elle n’en n’aurait jamais fait la demande à son beau-père, par crainte de lui forcer la main. Elle avait eu deux parents plutôt absents, parfois aimants et parfois indifférents, et ne voulait pas prendre le risque de revivre une nouvelle relation difficile, blessante, en s’imposant dans la vie de Peter.

Mais c’était lui qui en faisait la demande ; c’était lui en avait envie, et qui le lui témoignait ce soir d’une telle façon qu’elle était obligée de le croire sur parole. Elle ne put s’empêcher de demander, comme pour confirmer ce qui était en train de se passer : « Tu serais d’accord pour m’adopter ? »

Ce mot lui paraissait immense, et la démarche encore plus. Il ne fallut que quelques secondes pour réaliser qu’elle en avait véritablement envie aussi ; que cette idée lui procurait une joie, si douce, qu’elle n’avait ressenti depuis longtemps. Une joie saine, durable.

« J’aimerais beaucoup. » répondit-elle, un peu timidement, alors que l’idée de faire partie, pleinement, de sa famille, se frayait un chemin dans son esprit.

Il l’avait choisi. Elle aussi. En certifiant tous les deux leur envie de faire partie de la même famille, ils s’étaient mutuellement choisis, en tant que père, et en tant que fille. Cette pensée lui tira une dernière larme, émue, qui roula sur sa joue.

« Merci. Merci, merci, merci, merci. » souffla-t-elle en étreignant Peter et en se hissant sur la pointe des pieds pour déposer sur sa joue un baiser, comme elle ne le faisait que rarement.

Une dernière idée lui vint en tête, une chose à laquelle elle avait déjà réfléchi, et qu’elle hésita à formuler. Mais comme Peter avait déjà fait le premier pas, elle décida de se lancer à son tour, avec une attitude un peu timide qu’on ne lui connaissait pas.

« Peter ? Tu penses que, si tu m’adoptes, je pourrais prendre ton nom ? Ou au moins l’ajouter au mien ? »


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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeDim 19 Avr 2020 - 9:38
Peter s'était tendu sans même s'en rendre compte alors qu'il attendait la réaction de Maeva avec un mélange d'appréhension et d'excitation. Tous ses muscles se détendirent et un sourire éclaira son visage alors qu'une surprise teintée de joie se dessinait sur celui de sa belle-fille. De sa future fille, corrigea-t-il avec fierté alors que la jeune femme répondait à sa question par l'affirmative. Il avait du mal à croire qu'ils soient réellement en train d'avoir cette conversation, de parler d'adoption, de se choisir comme véritable famille. Pourtant il était absolument certain qu'il ne regretterait pas cette décision. Il avait fait énormément d'erreurs, en particulier ces derniers temps, mais il savait qu'adopter Maeva n'en était pas une.

Les remerciement de Maeva le bouleversèrent plus qu'il ne l'aurait cru et il sentit ses yeux s'humidifier sous le coup de l'émotion. Il referma ses bras autours d'elle et se baissa un peu pour qu'elle puisse déposer un baiser sur sa joue. Peter n'était pas particulièrement tactile et avait rarement ce genre de gestes d'affection avec Maeva, ou avec qui que ce soit, mais il y avait des situations qui faisaient tomber les barrières mêmes les plus solides.

L'adolescente sûre d'elle et indépendante qu'il connaissait semblait être momentanément redevenue une petite-fille timide, et c'est d'une petite voix que Maeva lui demanda si, dans le cadre d'une adoption, elle pourrait prendre son nom. Peter réalisa alors que, si Maeva devait devenir officiellement sa fille, il lui devait quelques explications avant tout. Il ne pouvait pas se permettre de lui raconter toute la vérité sur son histoire -il tenait trop à son affection pour risquer de la perdre en lui avouant les choses terribles qu'il avait faites- mais il pouvait lui donner un minimum d'informations.

"Bien sûr, répondit-il doucement. J'en serais très fier, ajouta-t-il avec un sourire sincère. Mais je dois te dire quelque chose avant, viens..."

Il fit quelques pas dans l'appartement et prit place autours de la table en bois sombre qui lui servait à la fois de table à manger et d'annexe à son bureau, invitant Maeva à le rejoindre d'un signe de tête. Il était peut-être un peu tard -ou tôt, selon les points de vue- pour avoir ce genre de conversation, mais il se doutait que Maeva ne trouverait pas le sommeil tout de suite, et lui non plus. Puisqu'ils avaient entamé cette conversation, il lui semblait important de la finir. Il ne voulait pas laisser la jeune fille se construire de faux espoirs autour de sa nouvelle famille. Il lui devait la vérité. Une partie du moins.

"Virtanen est le nom de ma mère, commença-t-il calmement. C'est un nom très commun en Finlande et plutôt passe-partout là-bas. Je l'ai adopté au moment de venir en Angleterre, pour éviter d'attirer l'attention. Il fit une pause, conscient qu'il était en train de tourner autours du pot mais qu'il ne pourrait retarder sa révélation plus longtemps. Mon père s'appelle Jonathan Carrow. Il est le cousin d'Alecto et Amycius Carrow, les mangemorts qui ont enseigné à Poudlard pendant la deuxième guerre. Tu peux voir l'ironie de la situation..." commenta-t-il en écartant les bras comme pour rappeler son propre statut de directeur de l'école.

Il savait que Maeva comprendrait son choix. Il se doutait d'ailleurs que la demande de la jeune fille de prendre son nom répondait plus ou moins à la même logique. Elle n'était probablement pas tant attirée par "Virtanen" qu'elle n'était embarrassée de "Hellsoft". Chloé avait fait en sorte que ce patronyme soit connu de tous comme celui d'une dangereuse terroriste, recherchée dans tout le pays. Un fardeau bien lourd pour une jeune adolescente.

"Mon père n'était pas quelqu'un de bien, poursuivi-il. N'est, corrigea-t-il. Il est encore vivant, poursuivit-il en retenant le soupir que lui inspirait cette idée. Il purge une peine de prison en Finlande, pour le meurtre d'un né-moldu. Ses idées n'étaient pas bien différentes de celles de ses cousins..."

Peter se retrouva malgré lui confronté mentalement à ses propres crimes. Il se sentait coupable de mentir à Maeva, en ne lui avouant pas que lui aussi avait participé au meurtre de ce né-moldu, en lui cachant son rôle dans la mort de Daisy, mais il savait qu'il ne pouvait pas lui dire la vérité. Elle ne le lui pardonnerait pas, et elle avait besoin de lui en ce moment. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour elle, se répétait-il.  

"Je suis désolé de ne jamais t'avoir parlé de tout ça, et je comprendrai parfaitement si tu préférais y réfléchir avant d'intégrer une famille comptant plusieurs mangemorts..."

Aucune famille n'était parfaite, mais il avait conscience que le passé de la sienne était particulièrement lourd, et il n'en voudrait jamais à la jeune femme si elle refusait finalement de devenir officiellement sa fille. Ce qui comptait, au fond, c'était qu'ils continuent de former une famille, quoiqu'en dise l'état civil magique.


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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeMer 22 Avr 2020 - 11:41
Maeva avait posé sa question très timidement, dans un souffre. La réponse de Peter lui arracha un grand sourire, qui s’agrandit d’autant plus lorsqu’il affirma qu’il serait très fier qu’elle porte son nom. La suite de sa phrase, cependant, lui tira un froncement de sourcil inquiet, et elle le suivit sans un mot autour de la grande table à bois. Elle prit place sur une chaise, à côté de lui, qu’elle déplaça pour lui faire face.

Elle ne savait pas exactement le sujet que voulait aborder Peter, mais elle avait l’impression qu’il s’agissait de quelque chose d’important, de crucial, même pour lui. Aussi, elle resta silencieuse et le regard qu’elle posa sur lui fut le signe qu’il avait toute son attention. En quelques mots, il lui avoua que le nom « Virtanen » n’était pas son nom de naissance, mais celui de sa mère, qu’il avait adopté en quittant la Finlande pour s’installer en Angleterre, abandonnant ainsi le nom de père… Carrow. Une expression de surprise se peignit sur le visage de la jeune femme. Carrow était un nom de famille tristement célèbre en Angleterre – et encore plus à Poudlard, puisque c’était celui de deux mangemorts qui avaient été choisis par Voldemort pour enseigner au château pendant la deuxième guerre. Les récits sur cette période étaient atroces, Maeva se souvenait d’en avoir lu plusieurs en Histoire de la Magie, quelques années plus tôt. Les deux mangemorts étaient adeptes des punitions corporelles, et forçaient ainsi leurs élèves de « Art des Forces du Mal » à jeter des sortilèges Impardonnables sur leurs camarades en retenue. Comme beaucoup de famille de Mangemorts, les Carrow n’étaient pas très bien vus dans la société sorcière. Cela semblait s’améliorer avec le temps, qui adoucissait les esprits – la femme du ministre était une descendante de la famille Lestrange, par exemple.

Mais cela pouvait se comprendre que Peter n’ait pas eu envie d’être connu par son nom, encore plus s’il avait souhaité rejoindre l’Angleterre pour y enseigner. Au fond, ce n’était pas très différent de sa situation à elle, songea-t-elle fugacement. Le nom de « Hellsoft » était maintenant associé à un mouvement terroriste, et donc à l’effondrement de la Marchebank, cet évènement terrible qui avait fait tant de morts…

A la mention du père de Peter, Maeva l’observa d’un regard curieux ; il ne parlait jamais de sa famille. Son père purgeait donc une peine de prison, apprit-elle avec un léger pincement au cœur. Peut-être était-ce la fatigue qu’elle ressentait à cette heure avancée de la nuit, ou le résultat de ces émotions fortes, ou bien encore leurs histoires respectives qui, à la lueur des récents évènements et révélations, lui paraissaient bien similaires, mais jamais Maeva ne s’était sentie si proche de son beau-père qu’à cet instant.

« Non, » fit-elle en secouant doucement la tête. « je n’ai pas besoin de plus de temps pour réfléchir. » Elle glissa sa main dans celle de Peter. « On ne choisit pas sa famille. La plupart du temps, du moins… » ajouta-t-elle avec un léger sourire. « Et les enfants n’ont pas à être tenus responsables des erreurs de leurs parents. » Elle ne savait plus très bien à qui elle s’adressait, à Peter ou à elle-même. « Si tu es d’accord, je serais très fière de porter ton nom. Qu’importe à qui d’autre il est associé. En plus tu n’es pas… Tu n’as rien à voir avec les Carrow, je le sais. » affirma-t-elle en hochant la tête. Puis elle ajouta, avec une touche d’humour un peu noir, comme pour compenser cette déclaration dont elle n’était pas coutumière. « Et puis. Vu ma famille, ce n’est pas quelques mangemorts qui vont m’effrayer. »


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Les mauvais rêves [PV Maeva] Icon_minitimeSam 2 Mai 2020 - 9:41
La réponse de Maeva arracha un sourire à Peter, qui s'agrandit quand la jeune femme posa sa main sur la sienne. Elle voulait toujours devenir sa fille, malgré ce qu'elle avait appris sur sa famille. Il allait devenir son père, aux yeux de la loi. Il avait encore un peu de mal à y croire et à prendre en compte tout ce que cela impliquait, pourtant il aurait signé les papiers tout de suite et sans la moindre hésitation s'il avait pu.

Son coeur se serra néanmoins quand l'adolescente affirma que les enfants ne devaient pas être tenus responsable des erreurs de leurs parents. Il avait le sentiment que sa future fille s'adressait autant à lui qu'à elle-même. Il pouvait comprendre cette envie de faire un parallèle entre leurs deux situations, pourtant elles n'avaient rien à voir. Maeva ne ressemblait en rien à ses parents. Bien sûr, elle avait le tempérament de feu et l'impulsivité de Chloé, et elle tenait peut-être certains traits de son père également, mais elle était radicalement différente d'eux dans ses convictions, dans son jugement moral. Elle n'était ni une dangereuse terroriste prête à mettre sa famille en danger pour des idées anarchistes, ni une star du Quidditch violente et alcoolique. Elle s'éloignait de ce que ses parents avaient été à mesure qu'elle grandissait, là où Peter sentait l'ombre des crimes de son père se rapprocher de plus en plus de lui.

Il ne valait pas mieux que son paternel, contrairement à ce qu'affirmait Maeva. Il était peut-être même pire que lui. Là où Jonathan Carrow tuait par croyance, par conviction, son fils ne tuait que par peur. Il avait tué Daisy pour ne pas être mis en danger, pour assurer ses arrières et protéger sa famille. Il était lâche, et il faisait preuve de la même lâcheté en ne racontant qu'une partie de son histoire à Maeva. Il lui devait la vérité, à ce moment où elle s'apprêtait à le désigner comme son père, mais il ne pouvait pas se résoudre à lui avouer. Il avait fait tout ça pour les protéger, Lou et elle, mais elle ne comprendrait pas. S'il lui disait la vérité, il la perdait, alors il garda le silence.

Le visage du directeur s'était assombri mais se fendit d'un nouveau sourire face à la tentative d'humour de la Gryffondor, qu'il reconnaissait bien dans cette tendance à vouloir casser cette ambiance un peu trop solennelle.

"Bienvenue dans la famille alors, répondit-il en pressant doucement la main de l'adolescente dans la sienne. Maeva Virtanen alors ? suggéra-t-il en se reculant légèrement sur sa chaise comme pour pouvoir mieux observer la jeune femme en face de lui. Ça ta va très bien, et ça me rend très fier, avoua-t-il avec une émotion sincère. Mais avec un nom pareil, il va falloir commencer à apprendre le finnois !"

On n'avait jamais vu un Virtanen qui ne parlait pas couramment finnois. Mais, au fond de lui, Peter espérait que Maeva resterait bien différentes des Virtanen qu'il connaissait, et qu'elle tracerait seule son chemin entre ses deux histoires familiales bien compliquées. Il avait à coeur qu'elle réussisse à faire ce qu'elle voulait de sa vie, que ses blessures cicatrisent et qu'elle puisse être heureuse et épanouie. Mais n'était-ce pas ce que n'importe quel père souhaiterait pour sa fille ?
RP Terminé Chaudrillon


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