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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine]

Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeMar 11 Fév 2020 - 21:12
08 janvier 2011

Elle continuait de penser que c'était une très mauvaise idée, et pourtant elle était là. En partie parce que cet arrangement lui permettait de gagner en une heure ce qu'elle gagnait habituellement en une soirée entière, et en partie parce que les paroles échangées lors de leur dernière rencontre lui étaient restées en travers de la gorge. Elle était tiraillée entre une envie de vengeance purement égoïste, et le besoin d'arrondir les angles pour apaiser sa conscience. Elle ne savait plus exactement sous l'impulsion duquel de ces sentiments elle avait accepté la demande de Dave, et ça n'avait pas d'importance.

Joséphine n'avait pas été déçue de constater que l'adresse communiquée par le jeune homme correspondait à un luxueux hôtel quatre étoiles dans le Londres moldu. Elle n'acceptait jamais de rencontrer ses clients ailleurs qu'entre les murs des Folies, alors si elle devait faire des exceptions elle s'attendait à un minimum de standing en retour. Evidement, il avait réservé la chambre sous un nom d'emprunt. Tout, dans sa façon de faire, criait à quel point il était mal à l'aise face à cette situation, à quel point il avait honte. Joséphine avait décidée de s'en amuser, en s'interdisant formellement d'éprouver cette pointe de pitié qui la menaçait à chaque fois qu'elle songeait à lui.

Elle aurait pu venir directement avec des sous-vêtements pailletés et une barre de pole dance que son statut de prostitué n'aurait pas été plus évident. Perchée sur une paire de talons outrageusement hauts et enveloppée dans un manteau en fausse fourrure suffisamment court pour dévoiler des cuisses simplement habillées de bas en résille, elle ne passait pas inaperçu. La jeune femme traversa le hall d'un pas déterminé, ses talons claquant bruyamment sur le sol en marbre.

"Bonsoir, lança-t-elle en s'approchant du comptoir d'accueil. Une réservation a été faite au nom de Monsieur Henry Roberts, poursuivit-elle en posant un regard fardé de noir sur l'employée de la réception qui semblait faire énormément d'effort pour ne pas la dévisager de haut en bas. Est-il arrivé ?
- Pas encore, Miss, lui répondit la jeune fille après avoir consulté rapidement un écran placé en face de lui.
- Très bien, je vais attendre au bar dans ce cas, lui répondit-elle avec un sourire poli. Merci !"

Elle s'éloigna d'une démarche assurée, consciente du regard lourd de jugement qui glissait dans son dos et le long de ses jambes. Elle trouva rapidement le bar de l'hôtel et s'installa sur un tabouret haut, son manteau dévoilant encore davantage de ses cuisses alors qu'elle croisait les jambes. Deux hommes d'affaires enfoncés dans des fauteuils en cuir interrompirent momentanément leur échange animé pour lui jeter un regard, avant de reprendre leur conversation.

"Un verre de Chablis, s'il-vous-plait, demanda-t-elle au serveur quand il passa à sa hauteur. Vous le mettrez sur la note de Mr. Roberts, chambre 57. Merci."

Le serveur lui tendit son verre un instant plus tard avec un regard entendu. Joséphine était persuadée que Dave allait détester toute cette mise en scène, de sa tenue provocante à son attitude désinvolte. Il avait tout fait pour gommer la réalité, pour tromper les apparences, mais qu'il le veuille ou non leur relation était désormais purement commerciale. Elle-même avait besoin de redéfinir les contours de leur relation maintenant qu'il n'y avait plus de mensonge entre eux. Ils avaient partagés plus que de simples étreintes physiques, avant. Ils avaient parlé, beaucoup, ils avaient ri, ils avaient diné. Elle ne pouvait plus jouer à ça maintenant, c'était terminé. Elle ne s'autorisait rien de tout ça avec ses autres clients, pour se protéger et éviter de s'attacher, et elle ne pouvait plus faire d'exception pour Dave. Il avait voulu une prostituée et c'était tout ce qu'elle allait lui donner.



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Dave Marchebank
Dave MarchebankEmployé de la March Bank
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeLun 16 Mar 2020 - 14:33
Joséphine avait raison. Dave avait honte. Il avait honte de céder à cette envie qui l’obsédait depuis quelques jours, honte du sentiment de manque qui le prenait quand il songeait aux étreintes qu’il avait partagées avec la prostituée, honte de ces rêves qu’il faisait à son sujet et qui laissaient des marques sur son corps en le réveillant en pleine nuit. Il avait honte de cette emprise qu’elle avait réussi à avoir sur lui et qu’elle avait toujours, alors même qu’il n’était toujours pas prêt à lui pardonner les mensonges qu’elle avait eu à son égard.

Il aurait pu se contenter d’appeler une autre prostituée des Folies Sorcières, maintenant qu’il avait le filon, mais au fond, il sentait qu’il ne s’agissait pas que de sexe, même s’il ne voulait pas l’admettre. C’était Joséphine qu’il voulait, pour certaines raisons qu’il s’avouait plus que d’autres. Il était poussé par le besoin de se confronter à elle de nouveau, après cette discussion au cabaret qui s’était terminée d’une façon dont il avait honte également. Il avait laissé voir des failles et des faiblesses chez lui qu’il ne laissait voir à personne. Il s’était trop dévoilé, il s’était rendu vulnérable, fragile aux yeux de Joséphine et il ne pouvait pas supporter cette pensée. Il avait besoin de rétablir son image, parce qu’il refusait qu’elle se souvienne de lui comme ce pauvre garçon handicapé en mal d’amour, qui avait nourri plein d’espoirs ridicules sur leur relation, pendant qu’elle avait toutes les cartes. Il connaissait la vérité lui aussi, maintenant, ils pouvaient se battre à armes égales. Ce n’était pas un rendez-vous galant qu’ils se donnaient, c’était une confrontation implicite. Ils avaient tous les deux quelque chose à prouver à l’autre. Dave posait la situation en ces termes-là, en refusant de réfléchir à ce qu’il cherchait en parallèle à se prouver à lui-même.

Armé de sa détermination et de son déni, couvert de sa honte, il pénétra dans l’enceinte de l’hôtel qu’il avait choisi. Un bâtiment plein de cette élégance subtile que seules les personnes riches pouvaient se permettre, dans une rue anonyme pour les sorciers qu’ils étaient. Il savait que le lieu était beaucoup fréquenté par des touristes aisés et espérait se fondre dans cette masse. S’il avait tout fait pour rester discret, il découvrit bientôt que ce n’était pas du tout le cas de Joséphine. Quand on lui désigna le bar en lui annonçant que quelqu’un l’attendait, il n’eut aucun mal à repérer la jeune femme, tant elle avait tout fait pour se rendre visible. C’était la première fois qu’il la voyait dans une tenue aussi provocatrice et il avait du mal à croire que les prostituées des Folies Sorcières sortaient tapiner dans ce genre de tenue. Joséphine avait plutôt l’air d’une de ces racoleuses de trottoir, outrageusement maquillées, sans le sou, qui cherchaient désespérément à attraper des passants par tous les moyens. Le cabaret de Bristol vendait ses services en mettant au contraire en avant une certaine marque de standing. Les sourcils de Dave se froncèrent face à cette vision qui provoquait chez lui une grande contrariété, difficile à retenir. Son regard croisa celui plein d’assurance de Joséphine, perchée sur le tabouret de son bar. Elle avait fait exprès, il en était sûr. Elle voulait voir cette scène de lui qui s’avançait sur son fauteuil vers elle, sous les regards intrigués, railleurs des clients qui pouvaient aisément faire des hypothèses justes sur leur relation. Puisque tu veux une prostituée, tu vas l’avoir, semblait dire Joséphine.

Les hostilités étaient lancées. S’il montrait que sa petite manoeuvre l’atteignait, il perdait. Sa mine assombrie, il s’achemina jusqu’au bar, sans saluer la jeune femme, sans lui accorder un regard. Deux clients étaient accoudés au comptoir et il n’avait pas besoin de tourner la tête pour sentir leurs regards sur eux.

« Un verre de whisky, s’il vous plaît. 
-Bien sûr. Installez-vous ici, répondit le barman en désignant une table qui était plus accessible pour lui que le comptoir, on vous apporte ça monsieur. »

Il extirpa son portefeuille de sa veste, plein de billets moldus qu’il avait récupérés au bureau de change de la Marche Bank. Sans regarder Joséphine, il commenta, sarcastiquement :

« Tu ne peux pas t’empêcher de te faire remarquer, hein. »
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeMer 18 Mar 2020 - 8:17
Le coin de ses lèvres maquillées s'étira en un demi-sourire satisfait alors que Joséphine observait Dave s'avancer vers elle, les sourcils froncés. Il n'avait pas l'air ravi de la trouver dans cette tenue et elle se délectait de sa colère contenue, rejetant la peine que cette vision lui inspirait par ailleurs. Elle ne pouvait pas se permettre d'éprouver pour lui la moindre empathie. Ils n'étaient pas amis. Elle devait le considérer comme n'importe lequel de ses clients. Si elle ouvrait la porte à la pitié et à la compassion, elle savait qu'elle se laisserait submerger. Cette relation devait devenir ce qu'elle aurait du être depuis le début : purement commerciale. Cela ne l'empêcherait pas de se montrer charmante ou agréable -cela faisait partie du job- mais elle devait fermer la porte au moindre sentiment.

Le jeune homme ne la salua même pas alors qu'il s'approchait du bar pour commander un verre de whisky. Elle haussa les sourcils, un peu surprise par son attitude. Elle s'était imaginé qu'il préférerait rejoindre directement la chambre, mais s'il était prêt à payer pour qu'elle le regarde boire, cela lui convenait très bien. Elle le laissa régler leurs consommations en argent moldu et sirota une nouvelle gorgée de son verre de vin. Le barman orienta Dave vers une table ronde, plus accessible que le bar, et Joséphine l'y rejoignit en quelques enjambées. Elle s'installa dans un fauteuil confortable en face de lui et croisa les jambes, dévoilant un peu plus de ses cuisses dénudées au passage.

Les regards des quelques personnes présentes s'arrêtaient régulièrement sur eux, mais Joséphine n'y accordait pas la moindre attention. Elle avait l'habitude qu'on la regarde, parfois avec envie, désir ou avec jalousie, et parfois mépris voire pitié. Dans le milieu où elle évoluait, apprendre à se défaire du jugement des autres était une question de survie. Elle avait abandonné toute timidité ou pudeur depuis bien longtemps. Ce n'était évidement pas le cas de Dave, qui semblait à la fois gêné et agacé par la situation, ce qu'il exprima dans une remarque sarcastique qui tira un sourire insolent à Joséphine.

"Il y a un problème ?" s'enquit-elle innocemment.

Il n'avait pas été tendre avec elle, la dernière fois. Et même si elle pouvait comprendre sa colère envers elle, elle devait bien avouer qu'elle savourait cette petite vengeance. Elle ne le torturerait pas éternellement, songea-t-elle en attrapant son verre de vin. Au fond elle restait persuadée qu'il n'était pas foncièrement mauvais, juste blessé et en colère. S'ils devaient se revoir, elle se promit intérieurement de se faire plus discrète en espérant que, d'ici-là, il aurait retenu la leçon.

La jeune femme avait des douzaines de robes qui auraient été cent fois plus convenables que ce qu'elle portait. Ce n'était pas difficile : n'importe quelle tenue aurait été plus convenable. Elle n'avait rien conservé de son ancienne garde-robe de luxe, presque tout avait été saisi au moment de l'arrestation de son père et elle avait vendu le reste pour se faire un peu d'argent, au début. Avant qu'elle ne soit obligée de trouver autre chose à vendre. Si elle ne possédait plus de pièces de collection et de robes de créateur, Joséphine avait malgré tout conservé le goût des belles choses et elle appréciait les robes élégantes et les tailleurs bien coupés. Dave le savait parfaitement -il avait épluché ses relevés bancaires- mais elle aurait très bien pu ne rien avoir de tout ça dans ses placards.

"Si tu préfères que je porte autre chose, offre-moi ce que tu veux", ajouta-t-elle tranquillement.

Il lui était déjà arrivé que des clients lui offrent des choses qu'ils souhaitaient la voir porter. C'était rarement des tenues discrète.


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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeDim 22 Mar 2020 - 18:20
Dave avait besoin d’un verre d’alcool. Il avait souvent besoin d’un verre d’alcool. A chaque fois, il y avait une bonne raison. Noyer une vive angoisse, un élan de mélancolie insupportable, une colère noire. Trouver du courage, comme cette fois-ci. Il ne se sentait pas à l’aise dans cette situation qu’il avait pourtant créée et Joséphine ne lui facilitait pas du tout la tâche. Il n’était pas vraiment surpris de sa réaction et en même temps, il avait l’impression de découvrir une nouvelle personne. Ce n’était plus la Joséphine taquine, affectueuse, qu’il avait pensé connaître et avec qui il avait aimé partagé des étreintes. Celle qui lui faisait face était vénale, orgueilleuse, provocante. Elle pouvait jouer les innocentes en faisant mine de rien mais elle savait ce qu’elle faisait. Elle réussissait à le mettre mal à l’aise, car elle utilisait sa honte comme une arme contre lui et elle le savait parfaitement. Il ne lui fit pas la satisfaction de répondre à sa question qui, au fond, était rhétorique. Il ne voulait pas céder du terrain sur ce combat de leurs fiertés respectives. Alors il cherchait de la détermination au fond de son verre de whisky.

Pendant quelques instants, ils se contentèrent de boire leurs verres respectifs, puis Joséphine fit un commentaire qui le fit tourner la tête vers elle. Il la regarda de haut en bas, comme s’il essayait de jauger à quel point elle était sérieuse. Elle venait de le prendre au dépourvu, il ne s’était pas attendu à une telle suggestion. Probablement, c’était un usage courant entre un client et sa prostituée régulière, le premier offrait des cadeaux à la seconde, pour s’assurer la qualité et la durabilité de ses services. Pour assouvir un fantasme, aussi, éventuellement. Ce commentaire qui n’avait l’air de rien le projeta brusquement dans la peau d’un homme rebutant auquel Dave ne souhaitait pas s’identifier et pourtant, il était effectivement en train de s’acheter les services d’une femme, en son âme et en conscience. Comme pour rejeter cette image, il glissa entre ses dents :

« Rien ne dit qu’on va se revoir. »

Ce n’était pas faux, il n’avait pas précisé à Joséphine comment il voyait la suite des choses. Il avait simplement demandé un rendez-vous. Elle le lui avait accordé, sans même qu’il n’ait à déployer des arguments pour tenter de la convaincre, ce qui l’avait surpris, même s’il ne s’en plaignait pas. Il s’était attendu à se voir repoussé, ou même, à ce qu’elle ignore purement et simplement ses messages. Ses motivations lui étaient un peu obscures, il avait du mal à croire que c’était uniquement pour l’argent : elle avait déjà de nombreux clients au cabaret. Cette question le tracassait, il aurait aimé voir clair dans le jeu qu’elle jouait en acceptant de se présenter ici face à lui, alors que le bon sens aurait voulu qu’elle le raye définitivement de sa vie. Il posa son verre, déjà presque vide, sur la table.

« Pourquoi as-tu accepté de venir ? »
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeLun 23 Mar 2020 - 8:19
Joséphine haussa un sourcil, sceptique, lorsque Dave souligna que rien ne promettait qu'ils allaient se revoir. Quand elle avait reçu son message, elle s'était imaginé qu'il souhaitait reprendre leurs habitudes, finalement. Peut-être s'était-elle trompée. Dans ce cas, elle ne comprenait pas pourquoi il lui avait demandé de venir dans un hôtel de luxe, en plein Londres moldu. Les motivations du jeune homme, qu'elle pensait pourtant avoir bien décodées, lui paraissaient soudainement plus opaques. Elle s'apprêtait à l'interroger sur les raisons de ce rendez-vous mais il la devança en lui demandant pour quelle raison elle avait accepté sa proposition.

La danseuse attrapa son verre de vin blanc et en but lentement une gorgée pour se donner un peu de temps. Il y avait plusieurs réponses à cette question. La première et la plus évidente était purement financière. Dave avait accepté de payer bien plus cher que n'importe quel client des Folies, cela ne se refusait pas. C'était une motivation qui aurait pu lui suffire, et peut-être la seule qu'elle était prête à assumer.

"L'argent, répondit-elle abruptement en reposant son verre sur la table. La proposition était plutôt intéressante."

Elle savait pourtant que ce n'était pas la seule réponse à la question de Dave. Joséphine était une femme vénale et peu de ses principes résistaient à des offres financières si généreuses, mais elle avait un minimum d'estime d'elle-même et n'était pas le genre à se laisser insulter un soir et conquérir le suivant. L'argent n'aurait pas du lui suffire pour pardonner à Dave ce qu'il lui avait dit lors de leur dernière rencontre.

C'était la vengeance qui avait achevé de la convaincre d'accepter. Elle était venue à ce rendez-vous avec la ferme intention de rectifier le tir suite à leur dernière entrevue, tant pour flatter son orgueil que pour récupérer un peu du pouvoir dont Dave l'avait complètement privé. Elle prenait un malin plaisir à le mettre mal à l'aise, exactement comme lui l'avait humiliée, et elle ne s'en cachait pas.

"Et puis, les choses ne se sont pas très bien terminées... poursuivit-elle, moins sèchement. Je voulais te laisser une occasion de t'excuser," termina-t-elle avec audace.

Elle n'aurait pas la moindre excuse, elle le savait très bien. Pourtant elle était là, et prête à lui donner ce qu'il voulait à condition qu'il mette le prix. L'argent et la vengeance n'étaient pas ses seules motivations, quoiqu'elle en dise. Elle refusait de se l'admettre à elle-même mais il y avait autre chose.

Leur dispute lui avait laissé un arrière-goût amer de remords et de culpabilité. Elle avait la désagréable impression d'avoir à la fois été trop dure et pas assez. Une part d'elle tenait à lui faire reconnaitre la violence de ses actes, et à les lui faire payer, mais une autre part d'elle-même n'arrivait pas à en vouloir à Dave pour les horreurs qu'il avait dites sous le coup de la colère, et avait de la peine pour lui. Elle avait choisi de ne pas écouter cette dernière voix, mais elle n'arrivait pas à la faire taire, et savait qu'elle avait participé à son choix.  



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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeLun 30 Mar 2020 - 21:12
Dave ne fut pas très surpris de voir Joséphine invoquer l’argent comme explication à son comportement mais il n’en fut pas entièrement satisfait. Il s’était un peu renseigné au sujet des Folies Sorcières, il avait su que leurs affaires tournaient très bien, en particulier ce commerce très lucratif qu’était la prostitution. Joséphine ne devait pas manquer de clients une seule seconde. Qu’elle accepte de revoir un client en particulier avec qui elle avait eu un accrochage plutôt violent pour le seul motif de l’argent lui semblait difficile à croire. Quelque part, il ne voulait pas le croire, il ne voulait pas que Joséphine soit ce genre de personne prêt à faire n’importe quoi pour quelques Gallions. Et surtout, il préférait penser qu’il y avait autre chose, qu’elle aussi, quelque part, sentait que leur histoire à tous les deux n’était pas tout à fait terminée.

Ce fut à peu près ce qu’elle reconnut à demi-mot, en ajoutant qu’elle était venue chercher des excuses de sa part. Dave tourna légèrement la tête vers elle, pour observer son visage. Visiblement, depuis leur dernière entrevue, Joséphine avait eu le temps de reconsidérer leur échange et se braquer sur des positions plus dures. Il se souvenait d’elle, pleine de regrets et d’excuses, allant jusqu’à lui demander si elle pouvait faire quelque chose pour lui. Pour être honnête, il s’était dit en envoyant son message que peut-être, elle accepterait pour se défaire de son sentiment de culpabilité. Peut-être était-ce le cas, mais dans ce cas, Joséphine n’en laissait rien paraître cette fois. Elle venait plutôt de renverser la situation, en pointant du doigt les excès dont il avait fait preuve. Après un long silence, Dave répondit :

« J’ai été brutal avec toi, c’est vrai. »

Lui aussi, il avait eu le temps de repenser à leur confrontation, de mettre à plat ce qu’il avait ressenti. Il s’était revu, sur le point de forcer Joséphine à avoir des rapports avec lui, un acte d’une violence dont il ne se pensait même pas capable. Une part de lui en avait honte. Une autre part, nourrie par sa colère et par le sentiment d’injustice et d’impuissance qu’il charriait depuis des mois, à la suite de ses multiples événements dramatiques et accidents, une part plus sombre avait aimé cette sensation de pouvoir sur Joséphine et était venue la chercher de nouveau aujourd’hui. Une autre part, encore, plus étouffée, aspirait à retrouver une affection que seule Joséphine lui avait donné ces derniers mois mais redoutait que ce ne soit plus possible, maintenant que le pot aux roses était découvert.

Toutes ces voix se battaient en lui et ce ne fut pas la plus tendre d’entre elles qui s’exprima, en ancrant son regard plein de défi dans celui de Joséphine, cherchant à mesurer la culpabilité qu'elle gardait à son égard :

« Mais je t’ai demandé de venir parce que tu m’es redevable. Tu m’en dois une, pour tout ce temps que tu as passé à te moquer de moi en me cachant qui tu étais vraiment. »
Joséphine Walker
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeMer 1 Avr 2020 - 13:49
« J’ai été brutal avec toi, c’est vrai. »

Cela ne ressemblait pas vraiment à des excuses. Joséphine ne s’en formalisa pas tant cette réponse était conforme à ses prévisions, et elle se contenta de boire tranquillement une autre gorgée de vin blanc. Elle savait parfaitement qu’elle n’aurait que peu de chances d’obtenir des excuses en acceptant ce rendez-vous. Pourtant, elle était là, et elle ne préférait pas trop s’interroger sur les raisons qui l’avait motivée. Sans rien laisser paraitre de son trouble intérieur, elle soutint le regard que Dave posa sur elle où brillait une lueur de défi. La danseuse manqua de s’étrangler quand le jeune homme lui expliqua les véritables raisons de ce rendez-vous.

 « Mais je t’ai demandé de venir parce que tu m’es redevable. 
- Je ne te dois rien du tout, répondit-elle automatiquement.

Elle ne devait rien à personne, elle y veillait avec attention. Après l’arrestation de son père elle s’était jurée de ne plus jamais dépendre d’un homme. Combien en avait-elle rencontré, des riches clients qui pensaient devoir la « sauver » de sa condition et qui avait offert de la « sortir de là » si elle acceptait de s’attacher à eux ? Elle avait toujours refusé. Elle tenait trop à sa liberté et à son indépendance financière durement acquises. Elle était consciente de ne pas être parfaitement libre -elle travaillait pour Calder et Magie et elle avait des comptes à rendre- mais elle se contentait de cette illusion de liberté, qui lui donnait au moins la satisfaction de gagner sa vie.

Les paroles accusatrices de Dave achevèrent de la pousser dans ses retranchements. Elle n'en pouvait plus de l'entendre lui reprocher ses mensonges. Elle savait qu'elle avait mal agi, et elle avait déjà reconnu ses torts, ne pouvait-il pas la laisser passer à autre chose ?

« Je t’ai dit que j’étais désolée ! répliqua-t-elle avec agacement. Qu’est-ce que je dois faire pour… ? »

Joséphine s’interrompit avant la fin de sa phrase, refusant de terminer sa question. Elle refusait de lui donner raison et d’admettre qu’elle se sentait coupable et qu’elle était venue, en partie, avec l’espoir de se racheter. Elle avait mauvaise conscience, oui, et elle s'était imaginé qu'en reprenant du service auprès de Dave, elle se sentirait mieux. Elle se refusait à le verbaliser mais elle était parfaitement consciente que son attitude défensive l’avait déjà trahie.

Les nerfs à vif, la danseuse siffla la fin de son verre de vin et se décida à mettre un terme à cette discussion qui avait déjà trop duré. Ils n'avaient aucune envie de se parler l'un à l'autre. Cela se ressentait dans chacune de leurs paroles. Ils s'attaquaient, ils se mentaient, c'était une joute verbale plutôt qu'une véritable conversation. Ils arrivaient à se parler pourtant, avant. Elle se souvenait de leurs longues discussions sur des sujets allant du plus futile au plus sérieux. Mais le dialogue entre eux était rompu et ils n'étaient pas prêts à se faire de nouveau confiance. Mais de toute façon, ils n'étaient pas là pour parler.

« Et sinon, j’imagine que tu ne m'a pas demandé de venir pour boire un verre et discuter ? »


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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeSam 16 Mai 2020 - 13:10
Joséphine fut déstabilisée, même contrariée, face à ses paroles et Dave en tira une certaine satisfaction malsaine, toujours mêlée de ce sentiment d’inconfort qu’il n’arrivait pas à démêler. Une part de lui voulait la voir mal en point, parce qu’elle était l’exutoire idéal : elle l’avait blessé, ce qui lui fournissait un prétexte légitime pour se défouler sur elle, et il la payait pour satisfaire ses désirs, ce qui lui offrait un outil efficace pour la soumettre. Une autre part de lui, un peu plus étouffée, se trouvait mal à l’aise face à la noirceur qu’il observait de lui-même et dont il ne se pensait pas capable. Il ne savait pas encore s’il aimait cet aspect assez laid de lui, s’il voulait l’accueillir ou au contraire le repousser. Pour le moment, il ne le repoussait pas, car sa colère, toujours présente, l’en empêchait.

« Qu’est-ce que je dois faire pour… ? »

Cette phrase laissée en suspens, après des protestations pour se dégager de l’emprise qu’il avait sur elle, prouvait justement qu’elle ne s’était pas débarrassée de sa culpabilité autant qu’elle le faisait croire en arrivant ici, froide, provocante, en pleine maîtrise de la situation. Elle cherchait encore à faire amende honorable et c’était peut-être la raison pour laquelle elle avait accepté de venir. Lui attirait-il de la pitié ou de la sympathie ? Difficile de le dire avec certitude à ce stade mais Dave avait beaucoup plus tendance à se montrer pessimiste ces derniers temps et porter un regard largement négatif sur lui-même alors il penchait plutôt sur la pitié. Cette pensée lui mit un coup qu’il n’avait pas anticipé. Il était venu pour se sentir dans une position de pouvoir et tout ce qu’il réussissait à faire était de se sentir vraiment misérable.

En colère, mais contre lui-même cette fois, et non plus contre Joséphine, il répondit entre ses dents :

« Non en effet. Allons à l’étage. »

Il délaissa le verre qu’il n’avait pas entamé et fit tourner son fauteuil, sans un regard en arrière.

******

Quoique Dave avait espéré ressentir après leur relation, ce fut différent de la réalité. Il ne savait pas trop comment qualifier ce qu’il ressentait, nu sous ces draps anonymes, en pleine contemplation du plafond. Du plaisir ? Un peu, sur le coup, mais il était loin de ressentir l’apaisement et la plénitude qu’il avait pu éprouver après ses précédentes étreintes avec Joséphine. Une chose était sûre, cet amas d’émotions au creux de son estomac n’était pas très agréable, il croyait identifier une certaine déception, un peu de honte, et surtout un grand mal-être.

Ce qu’il avait toujours cherché et trouvé dans ses moments avec Joséphine, jusque là, c’était l’opportunité d’oublier pendant un instant qui il était, se délester de tout le poids de ses traumatismes qu’il portait sur ses épaules et se sentir léger, juste le temps de quelques battements de cil. Cette fois-ci était à son grand regret bien différente car Dave se retrouvait à vivre tout le contraire, en faisant mentalement une espèce de point sur sa vie. En l’espace de quelques mois, il avait perdu plusieurs personnes qui lui étaient très proches, sa grand-mère, ses meilleures amies, son oncle. Il avait vécu un accident qui l’handicapait à vie, portant un sérieux coup à son estime personnelle et sa foi en l’avenir. Il sentait tous les jours la colère monter parmi la population et l’étau se resserrer autour de son père, autour du nom des Marchebank. Où qu’il regarde, Dave ne voyait que des obstacles ou des ennemis. Il n’avait personne à qui se raccrocher vraiment, aucune épaule sur laquelle se reposer. Son père était souvent absent, pris par ses responsabilités et ses problèmes, en déplacement aux quatre coins du pays et de l’Europe. Rosaleen ou Kessy, bien qu’il les appréciait, il n’avait pas noué de complicité suffisante avec elles deux pour pouvoir leur confier tous ses états d’âme. Sa mère était peut-être la personne dont il se sentait le plus proche à l’heure actuelle, mais ils ne se comprenaient pas toujours et elle se montrait parfois maladroite et invasive avec lui. Il n’avait pas d’ami proche, il n’avait pas d’ami tout court. Ses soutiens les plus solides étaient partis dans de terribles circonstances. La clairvoyance inégalable de Griselda lui manquait, elle l’aurait aidé à faire le tri dans ses émotions et les événements de sa vie. L’amour de Samantha et de Lauren lui manquait plus que tout.

Finalement, c’était triste à dire mais la seule relation qui lui avait fait un peu de bien ces derniers temps était celle qu’il avait entretenue avec Joséphine. Il ne s’était rien passé de véritablement romantique entre eux, mais Dave s’était malgré tout attaché à elle, il avait trouvé une certaine source d’affection dans leurs moments. Une affection qu’il ne trouvait nulle part ailleurs et qui avait disparu de l’étreinte qu’ils venaient de partager. Peut-être était-ce précisément ce qui lui serrait la gorge de tristesse et de regrets.

Lentement, il tourna la tête vers le corps de Joséphine à ses côtés, qui commençait déjà à ramasser ses affaires. Elle n’avait aucune raison de traîner, de papoter un peu avec lui ou lui offrir quelques derniers baisers, comme elle pouvait le faire avant. Leur relation avait définitivement changé, brisée et enlaidie par des mensonges révélés au grand jour. Le fait de retrouver les mêmes gestes qu’avant n’y changeait rien : ils n’y mettaient plus la même intention, ni la même signification. Ce n’était que du sexe vulgaire, sale, dénué de sens, celui qui ne laissait derrière lui aucune trace de plaisir.

Au fond, Dave avait détesté, il pouvait l’admettre après cette longue introspection, mais pas autant qu’il détestait ce que leur relation était devenue. Sa voix s’échappa de ses lèvres dans un murmure, alors que son regard était toujours posé sur le dos de Joséphine :

« Je n’ai pas envie qu’on soit ennemis, toi et moi. »

Son premier aveu de faiblesse, son premier pas vers elle. Il n’en pouvait plus de n’avoir que des étrangers ou des ennemis autour de lui, et de repousser ou ne pas savoir comment aborder les autres. Il ne pouvait plus se le permettre.
Joséphine Walker
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeLun 18 Mai 2020 - 8:58
Joséphine avait l'habitude de coucher sans sentiment. Elle n'éprouvait généralement pour ses clients qu'un intérêt purement financier et cela ne la gênait pas. Ce n'était pas nouveau pour elle, et elle avait appris depuis longtemps à dissocier ses véritables émotions de celles que son corps devait exprimer. Elle avait l'habitude de dissimuler son indifférence sous des sourires charmeurs et des oeillades mutines, mais l'attitude la plus séductrice n'aurait pas réussi à faire disparaitre la tension entre eux. Pourtant elle avait poussé cette prouesse jusqu'à faire taire la rancoeur, ignorer la colère et le malaise, et elle n'en était pas très fière.

Le silence était retombé sur la chambre d'hôtel, lourd, et d'une nature bien différente des silences qu'ils avaient pu partager avant. Il n'avait rien d'apaisant et de confortable, et laissait presque entendre le bruit de leurs cerveaux qui cogitaient. Cela n'avait pas été une bonne expérience, il fallait être honnête, et son seul espoir était que cela ne se reproduise plus. Ça ne fonctionnait plus entre eux, Dave allait devoir se rendre à l'évidence et trouver quelqu'un d'autre. Comme pour précipiter cette séparation, la jeune femme se redressa au bord du grand lit et commença à rassembler ses affaires, éparpillées à ses pieds.

Elle s'apprêtait à se lever pour aller s'habiller dans la salle de bain quand un murmure dans son dos lui fit suspendre son geste. Un soupir imperceptible s'échappa de ses lèvres alors que tous les sentiments contradictoires qu'elle avait difficilement tenus éloignés lui revenaient brusquement en pleine figure.

"Moi non plus..." répondit-elle dans un souffle.  

Elle se retourna lentement pour lui faire face. Cet aveu de faiblesse, ce premier pas vers elle, lui permettait pour la première fois depuis le début de ces retrouvailles de laisser de côté sa rancoeur et son égo blessé pour accepter les autres sentiments provoqués par cette situation. De l'empathie, des regrets, de la honte. Ce n'était pas plus agréable, mais c'était moins destructeur.  

"Nous n'avons pas à l'être, assura-t-elle calmement. Si tu penses pouvoir me pardonner, les choses pourraient redevenir...normales."

Aussi normales qu'elles pouvaient l'être dans une relation tarifée, évidement. Elle ne pouvait pas lui promettre autre chose que ça, mais elle avait aussi envie qu'il ait conscience que leur relation n'avait pas à être si brutale, si creuse et si sale. Elle avait des clients réguliers avec qui elle s'entendait plutôt bien, ce qui rendait les choses bien plus agréables pour tout le monde. Il était évident qu'il avait honte d'elle, de devoir la payer, et honte de lui aussi, mais il fallait qu'il accepte ce qu'elle était s'il tenait à retrouver un peu de la relation qu'il avait partagé avant.

Joséphine abandonna les vêtements qu'elle avait ramassés et se rallongea à côté de Dave, redressée sur un coude. Elle l'avait facturé au moins trois fois le prix habituel des Folies, elle pouvait bien prendre un peu de temps pour discuter. Une petite voix dans sa tête lui souffla qu'elle l'aurait fait de toute manière, parce qu'elle avait elle aussi besoin d'arranger les choses, de réparer ce qui s'était brisé entre eux, mais elle décida de l'ignorer et de mettre son changement d'avis sur le compte de l'argent. C'était un choix plus facile à assumer.

"Ce ne sera plus comme avant, reprit-elle après un instant de silence. Il savait la vérité désormais, et c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas oublier, il s'agissait simplement de l'accepter. Mais la vérité ne doit pas forcément tout gâcher, cela peut aussi rendre les choses plus simples, et plus...vraies. Ils étaient sur un pied d'égalité à présent, et ils avaient tous les deux toutes les cartes en main pour que les choses se passent bien. Je préfère ne plus avoir à te mentir, ajouta-t-elle en baissant les yeux. Je n'ai pas changé, et toi non plus... Elle avait changé de statut à ses yeux, inévitablement. Là où elle avait su le charmer par le passé, elle ne lui inspirait plus que du mépris, et pourtant elle était toujours la même personne. Alors si tu arrives à ne plus me détester -inutile de nier, il avait dû la haïr- rien ne nous interdit de passer un bon moment..."

Ce n'était pas parce qu'il la payait qu'ils devaient s'interdire d'éprouver autre chose que du mépris ou de la colère l'un pour l'autre. Ils avaient le droit de remettre un peu d'échange et d'affection dans leur relation, s'ils en avaient envie.


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Dave Marchebank
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeSam 23 Mai 2020 - 15:00
Dans la voix de Joséphine, Dave sentit qu’elle avait des regrets elle aussi et cela le rassura étrangement. Il mettait le doigt sur ce qu’il était venu chercher, à présent. C’était de l’attention, tout simplement. C’était tout ce qui lui manquait dans sa vie, actuellement. De l’attention et de l’affection. Tout ce qu’il espérait, désormais, c’était que ce n’était pas trop tard pour en demander un peu. Si Joséphine éprouvait des regrets, alors peut-être qu’elle était prête à faire machine arrière avec lui. Mais si elle refusait, il ne pourrait rien dire. La forcer à se soumettre à lui ne lui procurait pas ce qu’il recherchait, il s’en rendait compte maintenant qu’il avait été au bout de son geste.

Son pardon, c’était tout ce que requérait un relatif retour à la normale, disait t-elle. Dave prit le temps de méditer dessus. Malgré la désolation qu’il ressentait face à ce que leur relation était devenue et qui l’emportait sur sa colère désormais, il ne pouvait pas nier qu’il se sentait toujours blessé par ce qui s’était passé. Il ne serait pas honnête en disant à Joséphine que c’était oublié, qu’il lui pardonnait. Il sentait qu’il avait besoin d’autre chose pour faire ce pas, il ne savait pas simplement encore quoi. Ce fut les paroles suivantes de Joséphine qui lui permirent de poser le doigt dessus.

La détestait t-il ? s’interrogea t-il, en son for intérieur. Peut-être. Peut-être que ce qu’il ne pardonnait pas à Joséphine, au-delà du fait qu’elle lui ait menti, c’était tout simplement qu’elle soit ce qu’elle était. Une prostituée. Une prostituée dont il payait les services, parce qu’il se sentait seul. Cela lui renvoyait une honteuse image de lui-même, qu’il rejetait. Et s’il éprouvait de la honte, c’était parce qu’il n’aimait pas ce que Joséphine faisait pour gagner sa vie. Il avait une bien piètre image des prostituées, qu’il jugeait sans concession au fond de son coeur, pétri par l’éducation qu’il avait reçue à la fois de sa famille Sang-Pur et de la société en général. Elles n’avaient aucun amour-propre, à ses yeux, elles se donnaient à n’importe quel inconnu pour de l’argent, c’était un acte sale, méprisable. Voilà ce qu’il détestait chez Joséphine, voilà pourquoi il lui en voulait beaucoup plus qu’à son propre père, qui était pourtant le véritable responsable de cette situation puisque c’était lui qui l’avait contrainte à lui mentir.  

Cette réalisation lui fit lever les yeux vers la jeune femme, qu’il observait longuement, sans rien dire. Cherchant ses mots, il finit par souffler :

« Je ne sais pas si je peux te pardonner… Mais j’aimerais essayer. »

C’était un élan purement égoïste de sa part, s’il voulait essayer ce n’était pas parce que Joséphine lui apparaissait soudainement sous un nouveau jour plus positif, pas encore en tout cas. Il avait simplement l’impression de ne pas avoir le choix, il était suffisamment désespéré pour s’accrocher à cette unique relation qu’il avait avec une femme, aussi tordue soit-elle.

La vérité pouvait rendre les choses plus simples, plus vraies, elle n’avait pas changé, disait-elle. Dave avait plutôt la sensation de découvrir qui était vraiment Joséphine. Il se rendait compte que, maintenant qu’il avait décidé d’essayer de mettre sa rancoeur de côté, il avait plein de questions à son sujet, des questions qui pouvaient éventuellement lui permettre de changer de regard sur elle et sur ce qu’ils faisaient ensemble.

« Je peux te poser une question ? s’enquit t-il. Comment tu t’es retrouvée à faire… » Ce métier ? Pouvait-on réellement parler d’un métier ? Un peu maladroit, il acheva : « …cette activité ? »
Joséphine Walker
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 10:43
Joséphine hocha doucement la tête et esquissa un vague sourire quand Dave affirma vouloir essayer de la pardonner. C'était un bon début. Ne plus chercher à s'humilier mutuellement et à se faire du mal serait déjà un progrès dans leur relation. Au fond elle n'était pas certaine que ce soit une excellente idée, de vouloir absolument réparer ce qui s'était cassé entre eux. Ils avaient trop de passif pour pouvoir retrouver la distance qu'elle estimait indispensable dans ses relations professionnelles. Elle avait rarement de rapports si compliqués avec ses clients. Il n'y avait généralement aucun sentiment, ni positif ni négatif, seulement une sorte de neutralité qui permettait à chacun de ne pas trop s'impliquer. Certains aimaient discuter un peu, pour avoir la sensation de créer un lien, mais cela restait toujours parfaitement superficiel.

Avec Dave elle avait l'impression d'avoir déjà dépassé la limite. Elle avait franchi cette ligne imaginaire qu'elle prenait pourtant soin à ne jamais approcher. Elle avait révélé ses émotions, elle s'était montrée successivement apeurée, en colère, troublée. Elle était sortie de son rôle de prostituée des Folies Sorcière et elle se sentait plus vulnérable face à lui que face à n'importe quel autre client. Elle savait que c'était une erreur, de poursuivre dans cette voie et de continuer à se dévoiler, pourtant elle ne pouvait pas envisager de ne pas répondre honnêtement à la question du jeune homme. Elle lui devait bien ça.

Elle entendait sa gêne, dans sa question maladroite, et devinait sans mal sa honte. Elle savait parfaitement ce qu'il devait penser d'elle, et de ce qu'elle faisait pour gagner sa vie. Elle avait reçu une éducation qui n'était pas si différente de celle du jeune homme, et elle avait longtemps pensé comme lui. Comment ces pauvres filles pouvaient-elles en arriver là ? N'avaient-elles donc aucun amour-propre ? Etaient-elles si désespérée qu'elles ne trouvaient rien de mieux à faire ? Se prostituer avait longtemps été à ses yeux la chose la plus dégradante qu'une femme puisse faire. Elle avait mis du temps à accepter qu'elle puisse avoir tort, à envisager un autre regard sur ce qui était le plus vieux métier du monde, et à demander le minimum de respect qui lui était dû. Elle vendait son corps, oui, parce qu'elle l'avait décidé et parce que cela lui avait permis d'acquérir une indépendance financière qu'elle n'avait eu.

"J'ai commencé à dix-neuf ans, quand j'ai vraiment eu besoin d'argent," répondit-elle simplement en se laissant retomber sur le dos, ses yeux fixant vaguement le plafond de la chambre d'hôtel.

Elle aurait pu s'arrêter ici, pourtant elle ressentit le besoin de s'expliquer davantage, comme pour être mieux comprise par Dave, et peut-être acceptée. Elle n'avait plus seulement franchi la ligne, elle en était tellement éloignée qu'elle ne la voyait même plus. Foutue pour foutue...

"Mon grand-père avait fait fortune dans la finance, en France, je pensais ne jamais avoir à travailler un seul jour de ma vie. Un rire amer lui échappa à cette idée. Mon père a tout perdu en un claquement de doigts... Il été arrêté pour escroquerie, détournement de fonds, abus de faiblesse, la totale. Tout a été saisi."

Elle se souvenait parfaitement de ces quarante-huit heures qui avait été parmi les plus étranges de sa vie et au cours desquelles elle était passée brusquement d'héritière multi-millionnaire à adolescente complètement fauchée. Elle n'avait presque jamais raconté cette partie de sa vie à qui que ce soit, et cela lui faisait étrange de parler à voix haute de souvenirs qu'elle avait remisés dans un coin de son cerveau depuis des années.

"Je suis partie en Allemagne avec ma soeur pour fuir le scandale, on pensait se trouver facilement un petit boulot à Berlin. On s'est retrouvées à faire le service dans un bar-cabaret un peu miteux du quartier magique. Ça payait mal et j'étais la pire serveuse qu'ils aient jamais eu, la moitié de mon salaire passait dans les verres cassés que je devais rembourser au patron. Patron qui, par la suite, l'avait initiée à la monalisa pour exploiter son don de voyance, et avait épousé sa soeur. Les filles là-bas arrondissaient leur fin de mois en couchant avec les clients, le bar était connu pour ça, et j'ai fini par me faire avoir aussi. Mon premier client m'a payé plus d'un mois de loyer... Il avait acheté sa virginité à cette adolescente paumée aux grands yeux apeurés et aux formes voluptueuses. Et depuis je n'ai plus arrêté."

Elle ponctua sa conclusion d'un petit haussement d'épaules, son regard toujours tourné vers le plafond. En s'écoutant raconter sa propre histoire, elle avait le sentiment de ne pas se faire justice. Elle avait été cette adolescente complètement paumée et en manque d'argent, à la fois terrifiée et écoeurée par ce qu'elle faisait, mais ce n'était plus ce qu'elle était. Elle avait évolué, depuis, et son regard sur elle-même avait changé. Elle avait continué les passes, même en rentrant en Angleterre, mais plus par nécessité. Elle avait continué parce qu'elle était douée, parce qu'elle gagnait plus que correctement sa vie et que cela ne lui coûtait plus autant. C'était devenu facile. Elle avait finalement désacralisé l'acte sexuel pour en faire un service comme un autre, et n'avait plus honte d'en faire commerce. Si elle avait pu faire ce travail d'acceptation, peut-être que Dave y parviendrait aussi, un jour.

"Ce n'est pas si pathétique que ça en a l'air, reprit-elle en tournant finalement la tête vers le jeune homme, comme pour évaluer sa réaction suite à son récit. J'aurais pu arrêter et changer de métier, mais finalement j'y trouve mon compte."


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Dave Marchebank
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeLun 1 Juin 2020 - 16:11
Un certain malaise planait toujours dans l’air, mais cette fois, ce n’était plus parce qu’ils faisaient en sorte de s’humilier et se blesser mutuellement mais au contraire parce qu’ils cherchaient tous les deux à se repositionner. Dave avançait totalement à l’aveuglette, sur une voie qui lui paraissait dangereuse et incertaine. Il avait eu des idées plus brillantes que celle de se lier à une prostituée mais malheureusement, c’était ce à quoi sa vie qui s’effondrait morceau par morceau le menait : sur des voies et des états d’esprit qu’il ne pensait jamais connaître un jour. Il aurait voulu s’extraire de son corps et s’oublier quelques minutes, oublier sa douleur et ses regrets qui le dévoraient de l’intérieur. Celle qui lui avait permis le plus d’approcher cet oubli de lui-même, c’était justement la jeune femme qui parlait face à lui. Pour le meilleur, au départ, quand leur relation était encore positive et que leurs étreintes lui faisaient du bien. Pour le pire, ensuite, quand le pot aux roses avait été découvert et qu’il s’était senti littéralement hors de lui, allant jusqu’à faire preuve d’une violence dont il ne se pensait pas capable. Maintenant, il espérait revenir sur le meilleur, car il n’aimait pas beaucoup l’autre Dave, il en avait peur, au fond. Il avait peur de cette noirceur qu’il percevait dans son âme et qui grandissait jour après jour, avec pour objectif de finir par l’engloutir totalement.

Joséphine pouvait peut-être devenir une rencontre positive dans sa vie, comme il avait pensé qu’elle l’était au départ. Tout n’était pas perdu, s’efforçait-il de penser en l’écoutant lui révéler des éléments de son passé. Peut-être que cette transformation qu’il espérait dans leur relation allait commencer à s’opérer au détour de ces quelques confidences qu’elle lui faisait dans le secret de cette chambre en regardant le plafond, plongée dans ses souvenirs. Dave s’allongea à son tour à ses côtés, en appuyant sa tête sur sa main, le coude sur le matelas, tandis qu’il observait Joséphine autant qu’il l’écoutait. Il découvrit un personnage qu’il n’avait pas imaginé une seule seconde au cours de leurs entrevues, une jeune femme désargentée après avoir connu l’opulence, séparée d’un père criminel jeté en prison, puis livré à elle-même avec sa soeur, forcée de trouver de quoi survivre. Son histoire ressemblait à celles tragiques qu’on pouvait lire dans des romans sur des prostituées de manière à attirer la compassion du lecteur. Elle n’avait pas eu le choix, pouvait-on se dire. Elle avait dû vendre la seule chose qu’elle possédait, à savoir son corps pour survivre.

Et pourtant… semblait dire le bref silence par lequel Joséphine conclut son récit sur son escapade en Allemagne. Pourtant, la voilà aujourd’hui, en Angleterre, toujours prostituée. Elle aurait pu arrêter, songea Dave à l’instant où Joséphine reconnaissait la même chose, à haute voix.

« Qu’est-ce qui fait que tu t’y retrouves alors ? demanda t-il avec une vraie curiosité. Je connais le salaire que tu perçois avec tes danses aux Folies Sorcières… rappela t-il, haussant légèrement les sourcils, en se souvenant des comptes qu’il avait épluchés à la Marche Bank. L’argent n’est plus vraiment une motivation, si ? »

En tout cas, pas la seule, car Joséphine gagnait assez honnêtement sa vie avec toute l'activité légale qu’elle accomplissait aux Folies Sorcières en dansant sur les scènes du cabaret. Et pourtant, elle semblait avoir cédé à l’appel de se perdre dans les couloirs de l’Aile Ouest, exactement comme elle l’avait fait dans ce bar en Allemagne en couchant avec des clients pour arrondir des fins de mois difficiles… Pourquoi ? semblait demander le regard perdu de Dave.
Joséphine Walker
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeSam 6 Juin 2020 - 9:31
"Pas la seule, non", admit-elle quand Dave devina que l'argent n'était plus la seule raison pour laquelle elle vendait son corps.  

Joséphine aurait pu vivre sur son seul salaire de danseuse, si elle l'avait souhaité. Il lui aurait fallu faire un peu plus attention à ses dépenses, et changer son mode de vie, mais avec un peu de volonté cela aurait été facilement réalisable. Mais elle n'avait jamais eu cette volonté. Il ne lui avait fallu que quelques jours après son arrivée en Angleterre pour pousser la porte des Folies et, rapidement après, celle de l'aile ouest. Elle n'avait même pas réfléchi à une autre possibilité de carrière, elle s'était instinctivement rapproché de ce qu'elle connaissait, de ce qu'elle savait faire. C'était peut-être triste à dire, mais ce milieu là était devenu familier pour elle, presque rassurant.

"Je crois que je me suis simplement...habituée."

Elle était consciente que cela puisse être difficile à comprendre pour quelqu'un qui n'était pas dans sa situation. Elle-même avait parfois du mal à identifier clairement ce qu'elle ressentait vis à vis de son métier. Elle n'en avait plus honte, mais elle restait parfaitement lucide sur la précarité et l'illégalité de sa profession. Elle était simplement arrivée à un point ou elle avait besoin de ça, de l'intérêt et du désir de ses clients, comme les artistes ont besoin d'applaudissements. Elle avait besoin de se sentir désirée, cela lui donnait l'illusion de compter pour quelqu'un. Elle avait accepté cette forme de désir sans se poser de question parce que c'était la seule forme d'amour qu'elle avait reçu pendant longtemps.

Elle avait connu avec Camille une histoire purement sentimentale. Une histoire d'amour adolescente, faite de belles déclarations et de promesses qu'ils n'avaient pas tenu. Une relation amoureuse qu'ils n'avaient jamais consommée. Et puis trop rapidement après elle avait connu l'exact opposé. Des relations seulement charnelles, du désir sans sentiment, sans attache, sans intimité. A l'amour le plus pur avait immédiatement succédé l'amour le plus faux, mais elle était tellement en manque du premier qu'elle l'avait inconsciemment remplacé par le second. Cette illusion de relation, cette mise en scène, avait réussi à combler son besoin d'attention.

Elle était partie en Angleterre seule après que sa soeur et son beau-frère se soient fait incarcérés à Berlin pour trafic de drogues, proxénétisme et blanchiment d'argent. Elle aurait pu en profiter pour chercher un autre travail, essayer de rencontrer quelqu'un. Mais elle s'était persuadée qu'elle ne pourrait plus jamais recevoir de quelqu'un un amour véritable, autre que ce désir purement charnel qu'elle éveillait chez ses clients, alors elle s'en était contenté. Parce qu'elle se sentait seule, qu'elle avait besoin d'être désirée et d'être aimé, même si ce n'était pas pour de vrai. Son nombre de clients avait sur elle le même impact que le nombre de likes sur Instamag pour d'autre, cela lui donnait confiance en elle, cela lui donnait le sentiment d'être importante, aux moins aux yeux de certaines personnes.

"Pendant longtemps j'ai pensé que plus personne ne m'aimerait autrement que comme ça, en payant pour mes services, et j'avais décidé de m'en contenter," conclut-elle, les yeux toujours rivés sur le plafond de la chambre.

Il avait fallu qu'elle rencontre Sofya pour réaliser à quel point elle se trompait. Un léger sourire s'étira sur ses lèvres à la pensée de sa petite-amie et elle se retourna sur le côté pour faire face à Dave, à côté d'elle. Jamais elle n'aurait pensé partager ce genre de pensée particulièrement intimes avec un client, encore moins avec lui, pourtant elle n'avait pas cherché à éludé sa question. Et même alors qu'elle se sentait particulièrement vulnérable et un peu embarrassée de s'être tant dévoilée, elle réalisait aussi à quel point cela lui avait fait du bien, de se livrer.

"Qui aurait cru que je serais celle qui casserait l'ambiance avec des histoires déprimantes ?" lança-t-elle finalement avec un sourire amusé dans l'espoir de redonner un peu de légèreté à la conversation.


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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 14:02
Dave resta un temps silencieux face aux confidences de Joséphine, qui lui ouvraient un monde et un mode de pensée qui ne lui était pas du tout familiers. Cela lui semblait totalement incongru qu’on puisse « s’habituer » à un acte tel que celui de vendre son propre corps et qu’on puisse y trouver son compte, il n’avait jamais songé que des femmes puissent faire cela par réel choix et qu’elles n’étaient pas contraintes soit par la pression de trouver un gagne pain pour survivre soit, dans le pire des cas, par la contrainte d’hommes qui en faisaient des esclaves. Joséphine y trouvait l’attention dont elle avait besoin, comprit t-il à travers ses mots. Elle trouvait dans cet acte la même chose que ses clients, finalement, une espèce d’attention et d’amour marchandé qu’elle ne parvenait pas à trouver autrement, ailleurs, dans des liens plus sincères.

Dave, qui ne s’attendait pas à cet aveu, trouva cette conclusion profondément triste. Mais il y trouva également une forme de communion avec la jeune femme, puisqu’elle avait expérimenté -et peut-être expérimentait toujours- l’espèce de désespoir qui la poussait à consommer des relations régies par l’argent. C’était plus facile de ne pas la juger elle, dans ses choix et son métier, maintenant qu’il savait cela car il espérait lui aussi, qu’elle ne le jugeait pas lui.

Il tourna la tête vers elle à son commentaire qu’elle lança pour détendre l’atmosphère, sur un ton amusé qui lui parut un peu forcé. Pendant quelques secondes, il la regarda, le coeur battant, puis un aveu lui échappa à son tour :

« Moi je t’apprécie autrement, dit-il, en reprenant ses mots. Je… je veux dire, je ne savais pas que tu étais payée pour me voir et… j’aimais bien nos moments. »

C’était la raison pour laquelle il s’était senti si trahi, d’ailleurs, il avait eu l’impression d’être le seul à avoir entretenu de la sincérité dans cette relation qui avait démarré sur la base d’un gros mensonge. Maintenant, il lui semblait que tout n’était pas si noir ou blanc, que Joséphine était elle aussi pleine de contradictions et que son attitude trahissait un certain souci qu’elle avait de lui : parce qu’elle était venue, d’abord, alors que rien ne l’y obligeait et parce qu’elle se révélait à lui, maintenant, alors qu’elle aurait pu prendre ses pièces et s’en aller. Cette réalisation donna assez de courage à Dave pour qu’il se lance dans une proposition, en cherchant un peu timidement le regard de Joséphine :

« J’aimerais bien te revoir dans un autre cadre… Pas pour… ça, dit-il en baissant légèrement le regard sur les draps qui masquaient leurs corps dénudés, et pas comme ça. Juste autour d’un verre si tu en as envie aussi pour… parler. »

Il avait envie de voir si une relation non monnayée pouvait se développer entre eux et s’il pouvait compter sur une base de sincérité. C’était tout ce qu’il désirait après toutes les désillusions de ses derniers mois, après la trahison, après la solitude : juste un peu de sincérité.
Joséphine Walker
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Nocturnal Animals [Dave/Joséphine] Icon_minitimeMar 20 Oct 2020 - 8:53
L'aveu un peu hésitant de Dave arracha un sourire attendri et un peu désabusé à Joséphine. Le sourire de celle à qui on l'a déjà trop fait. Elle savait ce que valaient les compliments et les promesses des hommes dans ces moments-là: pas grand-chose. Pourtant il y avait dans le regard du jeune homme une sincérité qui la bouleversait.

Cela avait toujours été le plus difficile à gérer, pour elle. Quand on pensait au milieu de la prostitution on imaginait des pauvres filles contraintes, victimes de proxénètes malhonnêtes, des clients bourrus, violents, souvent alcoolisés. La réalité n'aurait pas pu être plus différentes. Après des années d'expérience, Joséphine était persuadée que les hommes se montraient rarement aussi vulnérables qu'auprès d'une femme qu'ils avaient payé pour un peu d'affection. Ils dévoilaient leur solitude, leur mal-être, leurs complexes, se déchargeait de tout ce que la société leur imposait de garder pour eux. Ici pas besoin d'être le plus beau, le plus fort, le plus riche, la fille était déjà acquise et son opinion n'avait pas vraiment d'importance. Cela se révélait souvent difficile d'imposer la distance nécessaire et de rester professionnelle face à tant de sincérité. Parfois c'était même impossible.

A cet instant, par exemple, elle aurait dû détourner les yeux, se lever, commencer à se rhabiller. Pourtant elle laissa le regard de Dave trouver le sien alors qu'il formulait timidement sa proposition. Elle se força à réfléchir, comme si elle ne savait pas déjà qu'elle allait accepter. Elle aurait dû dire non, clore cette histoire ici avant que cela ne devienne encore plus compliqué que cela ne l'était déjà.  Elle savait qu'accepter revenait à lui donner de faux espoirs, à lui faire miroiter une relation qu'ils ne pourraient jamais construire, et pourtant elle ne pouvait pas refuser. Il ne lui demandait que d'accepter de boire un verre et de parler un peu et, malgré elle, elle avait le sentiment qu'elle lui devait bien ça. Elle avait beau se défendre et affirmer qu'elle ne lui était redevable de rien, elle n'arrivait pas complètement à se débarrasser de la culpabilité de lui avoir menti, de l'avoir trompé.

"Pourquoi pas, répondit-elle avec un léger sourire. Faisons ça."

Plus elle y pensait plus elle était persuadée que c'était une très mauvaise idée, et pourtant elle lui confirma de nouveau sa réponse, quelques instants plus tard quand ils se séparèrent. Il avait son numéro, il n'aurait qu'à lui envoyer un message quand il aurait envie de partager un verre. Alors qu'elle s'éloignait de l'hôtel, perchée sur ses bottes à talons hauts, elle songea qu'il ne le ferait peut-être jamais. Qu'il en avait eu envie sur le moment mais qu'au fond elle ne l'intéressait pas vraiment. Une partie d'elle était plutôt soulagée par cette hypothèse -ce serait mieux ainsi- et elle se força à ignorer la pointe de déception qu'elle ressentait à cette idée.
RP Terminé


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