Situation amoureuse: C'est compliqué. [Nelly & Virgil]

« Hé ! Horrocks ! C’était quoi la date pour la loi sur les impardonnables déjà ? »

Nelly tourna la tête et rejoignit Kasya qui venait de l’interpeller. Leur examen blanc de DCFM terminé, les élèves de septième année stagnaient dans le couloir pour partager leurs différentes réponses. La préfète-en-chef n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche que Marceau Fayotsky la devançait et donnait déjà la fameuse date à la Gryffondor, non sans lui glisser un compliment déguisé.

« Oui c’est ça, confirma-t-elle en reportant son attention sur Kasya. Je l’ai retenue uniquement parce qu’il y a deux nombres identiques, » avoua-t-elle ensuite avec un léger sourire.

C’est vrai, cette date lui faisait penser à un numéro de téléphone de services moldu – ou au téléphone surtaxé du Père Noël qui était diffusé chaque année sur les télévisions – alors elle était simple à retenir et c’était très drôle d’imaginer des moyens mnémotechniques pour mieux la mémoriser ; du genre : « Un voisin vous menace de vous torturer avec l’Endoloris ? Appelez le 17 17, nos assistants se feront un plaisir de vous aider. »… Oui, parfois, Nelly avait beaucoup d’imagination et était assez forte pour trouver des pense-bête mémoriels qu’elle partageait avec Chloe lors de leurs révisions. Cette dernière ne tarda d’ailleurs pas à les rejoindre, précédée par Curtis et Norman royalement ignorés par le petit groupe, et soupira bruyamment pour répondre à la remarque de Kasya sur la deuxième partie de l’examen.

« Oooh m’en parle pas j’ai galéré comme jamais et je suis sûre d’en avoir oublié la moitié, se lamenta la belle jeune femme.
- T’inquiètes, l’essentiel c’est que tu réussisses les vrais ASPIC, lui fit remarquer Nelly avec un petit coup de coude.
- Encore faut-il qu’elle y arrive, souffla Marceau avec son petit air supérieur.
Chloe se pencha un peu à côté de Nelly pour le jauger de haut en bas.
- Répète encore ça et je te traîne dans le lac en te tenant par les cheveux, » menaça-t-elle avec un grand sourire forcé.

Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres de Nelly, très amusée par la situation. Les esprits s’échauffaient toujours assez vite après une évaluation, surtout celui de Chloe qui perdait vite patience lorsqu’elle était fatiguée, et elle trouvait cela particulièrement amusant à observer… Bon, ce soir, elle espérait bien que la discussion ne s’éternise pas de trop ; elle avait autre chose de prévu. Le regard de la préfète glissa sur Virgil alors que l’attention générale convergeait sur Lisa qui se plaignait, elle aussi, que le chapitre sur le Veritasserum soit tombé. La jeune femme, qui n’avait rien demandé, fut aussitôt rabaissée par Fayotsky qui fit une nouvelle fois preuve de son insupportable arrogance. Elle était bien la seule du groupe ici présent à ne pas se prendre les remarques désagréables du Serdaigle en pleine face, remarqua-t-elle. Celui ci se permettant même de la féliciter ouvertement avec un sourire de connivence. Nelly fronça légèrement les sourcils et se força à répondre au sourire de son camarade. Ils faisaient certes partie tous les deux du Club des Arts mais ils ne se fréquentaient pas tant que ça, aussi le comportement de Marceau lui paraissait étrange et la gênait quelque peu.

Parfois, la jeune femme remarquait que certains élèves du Club d’Art avaient changé d’attitude à son égard depuis qu’elle avait été choisie par Mildred Magpie pour réaliser le portrait de la romancière. Avant que le sujet ne s’ébruite, elle faisait partie des élèves les plus discrets du club et n’était clairement pas au centre de l’attention. Cela lui convenait et elle n’avait jamais cherché à voler la vedette, préférant laisser le rôle de chouchou de Mildred à Kristen ou Kanza. Mais aujourd’hui, les mentalités avaient changé et certains s’étaient découvert, du jour au lendemain, une légère haine à son égard ou une forme de sympathie voire d’admiration. Il y avait surtout de la jalousie derrière tout ça, Nelly en était certaine, mais, quelque fois, il faut dire que cela lui plaisait de voir les mines déconfites de certains et les efforts pour se montrer gentil des autres – comme le faisait Marceau à cet instant.

S'il y en avait un qui n'avait pas la chance de recevoir des compliments, c'était bien Virgil qui fut la victime d'une dernière raillerie de Fayotsky. La préfète en chef leva les yeux au ciel face au bas niveau de la blague. Il n'avait pas mieux pour un Serdaigle soit disant hyper intelligent ? Ses camarades étaient particulièrement navrants parfois. D'autant plus lorsqu'ils attaquaient le Gryffondor sur le sujet de sa petite baignade dans le lac noir. Après tout, il n'était pas le premier élève à se baigner dans le lac et ne serait pas le dernier... Bon, il s'était immergé tout habillé et apparemment sans réel but mais il était peut être temps de passer à autre chose et d'oublier cette histoire ? Virgil avait fait trempette dans les eaux boueuses du lac ; bien, pourquoi pas ?

Toutes discussions furent interrompues par l'arrivée de Damon qui ne se fit pas prier pour lancer son sujet préféré : les filles. Le joueur de Quidditch fit mine de s'adresser à l'intégralité des demoiselles réunies au milieu du couloir mais il fallait être vraiment mal informé pour ne pas savoir, qu'en réalité, il cherchait à attirer l'attention de deux filles en particulier. Nelly coula un regard sur Chloe pour guetter sa réaction et fut presque déçue de voir que son amie n'activait pas le mode "chasseuse", probablement un peu gênée par la présence de leurs autres camarades... Du coin de œil, elle surprit alors Kanza qui se recoiffait discrètement. Oh non, par pitié, elle ne pensait quand même pas que Drop l'avait dans le collimateur ? Cette fille avait un réel problème avec son ego...

Bien vite, Damon s'impatienta et lança le mouvement, aussitôt suivi par Virgil. La préfète les suivit des yeux tandis qu'ils s'éloignaient et que la discussion sur leur examen blanc reprenait. Après quelques secondes, Chloe passa son bras sous le sien et lança à qui voulait l'entendre :

"Bref, cet exam est fini et ce qui est fait n'est plus à faire alors, nous, on vous laisse.
- A plus, leur souffla Marceau non sans décocher un clin d'œil à Nelly.
- Ouais, lui répondit-t-elle à la dérobée alors que Chloe l'entraînait déjà hors du groupe. Il est bizarre lui, murmura-t-elle ensuite pour Chloe lorsqu'elles furent suffisamment éloignées.
- J'ai envie de le cogner, personnellement. Fort.
- Je crois que je ne t'en empêcherais pas," ricana la préfète.

Les deux amies passèrent à proximité des techniciens de Vargas Corp qui étudiaient le plan de l'école et qu'elles saluèrent avec leur plus beau sourire. Chloe avait appris par Damon que des caméras de surveillance allaient être installées un peu partout dans l'école d'ici la fin du mois et, déjà, le sujet agaçait certains élèves. En tant que la préfète en chef exemplaire qu'elle était, elle aurait dû se réjouir de ces installations mais, pour être honnête, l'idée que ses faits et gestes soient constamment observés ne la réjouissait pas tellement. Pour la simple et bonne raison qu'elle n'était pas une préfète si exemplaire que ça et qu'il lui arrivait de se trouver hors de sa salle commune après le couvre feu alors qu'elle n'était pas en ronde. De plus, ce changement dans l'école apportait une ambiance quelque peu anxiogène à son goût et avait été fait sans tenir compte de leur avis à eux, les élèves. Nul doute que la majorité aurait été contre ce projet mais elle pensait qu'ils auraient dû être informés plus tôt, avant même que les premiers employés de Vargas ne viennent étudier les proportions du château...

"... Oh je te parle !
Nelly émergea de ses réflexions et reporta son attention sur Chloe à ses côtés.
- Hein ?
- Du coup t'as rendez vous ce soir ? l'interrogea-t-elle avec un sourire en coin. Ça aussi c'était une chose qu'elle aimerait bien que les caméras de Vargas ne voient pas...
- Oui," se contenta-t-elle de répondre avec un petit sourire.

Elle ne pouvait rien cacher à Chloe qui la connaissait assez bien pour se douter de quelque choses dès qu'elle essayait de trouver une excuse bidon pour s'éclipser. Si bien qu'elle n'avait pas eu d'autres choix que de lui dire qu'elle voyait Virgil de temps en temps. Et ce n'était finalement pas pour lui déplaire... Il était plaisant d'avoir mise son amie dans la confidence à qui elle pouvait parler sans craintes et, étonnamment, Chloe respectait son désir de discrétion et la soutenait même parfois dans ses excuses pour se débarrasser des autres.

"Officiellement, je ne sais pas où tu es, reprit d'ailleurs la Serpentard.
- Oui, enfin, ça c'est uniquement si on te pose la question. Tu peux vaquer à tes occupations de ton côté et m'oublier... Je sais pas... Comme rejoindre Damon je ne sais où, proposa la préfète avec un regard lourd de sous entendus.
- Va rejoindre ton mec et t'occupe pas de mes histoires, riposta Chloe.
- On est pas ensemble.
- OK ton sex-friend alors ? corrigea la jeune femme en lui décochant un sourire goguenard.
- OK très bien je te laisse avec tes histoires," capitula Nelly en bifurquant dans un autre couloir sous les rires moqueurs de son amie.

Soulagée de trouver un peu de silence dans le couloir peu fréquenté dans lequel elle s'engagea, Nelly soupira et passa une main dans ses cheveux pour les recoiffer un peu. Retrouver Virgil après cette longue journée, sans que leurs camarades ne se doutent de quoi que ce soit, était bien l'une des choses qu'elle avait le plus attendue ces derniers jours. Il faut dire qu'avec son planning chargé d'élève de septième année, préfète en chef et portraitiste de Mildred Magpie, le jeune homme lui offrait une parenthèse dans son quotidien qu'elle comptait bien savourer pleinement, s'étant faite à cette relation étrange qu'ils entretenaient.

Il l'attendait, dos à une fenêtre, là où ils s'étaient donnés rendez-vous, et elle attendit d'être à sa hauteur pour rompre la quiétude des lieux.

"Monsieur Forbes, quelle surprise ! Vous n'êtes pas allé rejoindre votre copine Strangulot au fond du lac ? le charia la jeune femme, en songeant qu'elle lui tendait une grande perche pour qu'il la vanne à son tour avec une réplique du genre : "Si, justement la voilà."
Elle s'approcha de lui et vint s'appuyer sur le rebord de la fenêtre à ses côtés.
Désolée, c'était trop tentant, dit-elle avec un sourire malicieux. Marceau est un idiot..., poursuivit la jeune femme en faisant référence à la mauvaise blague que lui avait fait le Serdaigle. Et un lèche-bottes, ajouta-t-elle en songeant à l'attitude qu'il avait à son égard. Ne lui prête pas trop attention."

Jusqu'à maintenant, il ne lui semblait pas que Virgil soit une fois parti au quart de tour suite à une remarque de leurs camarades sur sa baignade improvisée dans le lac... Ce qui était étonnant venant de lui qui n'était pas du genre à prendre sur soi, préférant rabaisser les gens avec plus ou moins de tact.
Nelly poussa un nouveau soupir et laissa tomber sa tête contre l'épaule du Gryffondor.

"Cette journée était si longue, j'en ai marre !... Pourquoi il a fallu qu'on finisse avec un ASPIC blanc ? se lamenta la Serpentard. Elle se tut quelques secondes avant de se reprendre : Enfin bref, assez parler de ce contrôle ! Ça va toi ?" s'enquit ensuite la jeune femme en relevant les yeux sur le Gryffondor.

Nelly étouffa un rire lorsque Virgil imita assez justement Fayotsky et ses tentatives plus ou moins fructueuses pour attirer son attention. Ainsi près de lui, son souffle chaud contre sa peau, la préfète sentait une certaine sérénité la gagner et la fatigue accumulée pendant la journée sembla s’envoler de son corps. Dans son quotidien chargé, les rares moments en tête en tête avec le jeune homme étaient précieux à ses yeux et elle les chérissaient réellement, s’efforçant d’être dans l’instant et d’oublier tout le reste. Aussi accueillit-elle les lèvres du Gryffondor avec un sourire alors que sa main venait se glisser dans la sienne posée sur son épaule.

Alors certes, Virgil n'était pas très loquace quand elle lui demandait des nouvelles mais elle s'était habituée à ce qu'il ne parle pas beaucoup de sa vie. Parfois, elle se demandait s'il n'avait pas quelque chose sur le cœur qu'il avait envie de lui partager - elle l'écouterait si besoin - mais songeait que parler à cœur ouvert n'était pas dans son caractère et qu'il était de toute façon normal qu'il garde des choses pour lui, comme elle le faisait également. Ils ne s'étaient pas fait la promesse de tout se dire ou une bêtise dans le genre comme le faisaient les gens qui s'aimaient puisque, aux dernières nouvelles, ils n'étaient pas en couple. Nelly ne savait pas vraiment sur quel pied danser avec le Gryffondor... Elle passait toujours de bons moments avec lui mais n'osait pas espérer plus ou chercher à savoir ce qu'il en était de son côté. Ses sentiments à son égard étaient ils toujours les mêmes et avait il toujours cette même opinion tranchée sur leur relation ? Il lui semblait que oui et se satisfaisait de ce que le jeune homme était prêt à lui offrir. Pour combien de temps ? L'avenir le leur dirait.

Pour le moment, la préfète était toute focalisée sur l'instant - ce qu'elle s'était résolue à faire dès qu'elle était en présence de Virgil afin d'éviter tout questionnement et réflexions inutiles sur la nature de leur liaison.

"La prochaine fois, est ce que tu pourrais éviter d'imiter Fayotsky avant de m'embrasser ? se moqua la jeune femme alors que Virgil se redressait. J'aimerais éviter les visions d'horreur."

Elle se serra un peu plus contre le Gryffondor, ravie de pouvoir profiter de sa chaleur et l'imita en observant les alentours. Au loin, dans d'autres couloirs, des élèves passaient. Mais eux, ils étaient tranquilles et si tout se passait bien, personne ne viendrait troubler leur petit moment partagé en secret.
Nelly reporta son attention sur Virgil lorsqu'il reprit la parole et ne put qu'accorder du crédit à ses propos d'un hochement de tête affirmatif. Oui, il avait raison, ils avaient eu une journée particulièrement longue et pénible et, à son humble avis, après tous les éléments qui rendaient définitivement cette journée merdique, ils méritaient un peu de réconfort. La préfète accueillit donc l'étreinte du Gryffondor avec un sourire et, passant ses mains dans son dos et sous sa cape, elle posa sa tête sur son torse et laissa la chaleur corporelle du jeune homme l'envelopper. La seconde remarque de son camarade qui résonna dans sa cage thoracique et contre son oreille lui fit lever les yeux vers lui, les sourcils froncés mais sans se départir de son petit sourire.

"Qu'est ce que tu veux dire par là ? l'interrogea-t-elle, le ton de sa voix trahissant le fait qu'elle avait parfaitement compris. Son regard sonda encore quelques secondes les yeux bleus du jeune homme puis elle reprit : Je vois... Tu n'es pas assez bien là ? Ce couloir est très cosy pourtant... Cite moi au moins une bonne raison de le quitter... Et moi je suis dans des conditions idéales pour me détendre, dit-elle doucement en reposant sa tête contre le torse du jeune homme et en resserrant ses bras autour de sa taille, les yeux fermés. Tu as une idée derrière la tête ?" s'enquit-elle alors que son sourire s'étirait un peu plus.

Derrière ses paupières closes, ses yeux étaient rieurs et elle avait bien une idée assez précise de ce qui se tramait dans l'esprit de Virgil - il avait plusieurs fois suggéré l'idée qu'elle lui fasse visiter la salle de bain des préfets - mais, pour rester dans les bonnes habitudes, elle avait envie de le faire mariner un peu.

Ce soir, Nelly pouvait être sûre d'une chose : Virgil était un vrai Gryffondor, obstiné et déterminé à obtenir ce qu'il voulait. Elle en avait une fois de plus la preuve alors qu'il l'entraînait progressivement au bout du couloir en commentant l'architecture de ce dernier au passage. Il se comportait presque en Serpentard, remarqua-t-elle avec un sourire en le laissant lui prendre la main pour l'emmener à sa suite dans les escaliers en colimaçon. Ruser avec des commentaires dignes d'un guide touristique pour faire diversion était digne de la maison des vert et argent.

"Avec leurs orteils ? Vraiment ? C'est dingue..." commenta-t-elle avec un air faussement impressionné quand Virgil inventa l'histoire des gobelins manchots.

Amusée - et conquise, il fallait le dire - par la situation, la préfète ne disait rien et se contentait de hocher la tête, un léger sourire aux lèvres et l'air intéressé, jusqu'à ce qu'ils manquent de se faire surprendre par des élèves qui montaient l'escalier dans l'autre sens. Virgil la poussa presque et les deux adolescents s'engouffrèrent dans une pièce vide pour se camoufler dans un recoin sombre. Ils étaient mignons, ainsi, à se cacher des autres comme des enfants qui ne voulaient pas être pris sur le fait alors qu'ils déambulaient main dans la main et sourire béat collé aux lèvres. C'en était presque trop niais mais Nelly trouvait cela très amusant, voire grisant, songea-t-elle en levant les yeux vers le Gryffondor pour lui adresser un sourire.
Les bruits de pas s' éloignèrent et Virgil reprit sa visite guidée comme si rien ne l'avait dérangé... À défaut d'avoir quelque chose à dire, puisque l'endroit était parfaitement vide, et épuré comme il le disait si bien.

"Et la belle hauteur sous plafond. Très belle hauteur sous plafond," rajouta la jeune femme avec sérieux en regardant les voûtes au dessus d'eux.

Ils reprirent ensuite leur chemin, main dans la main, et Virgil l'entraîna dans des coursives délabrées et poussiéreuses en commentant la rusticité de l'endroit.

"Rustique, rustique... C'est surtout dégueulasse," fit remarquer la préfète en éternuant à plusieurs reprises, le nez plissé de dégoût.

Fort heureusement, ils débouchèrent rapidement dans un couloir aux normes de salubrité publique que Nelly connaissait bien. Un soupir amusé s'échappa d'entre ses lèvres alors que le Gryffondor jouait encore l'innocent tout en s'approchant de l'entrée de la salle de bain des préfets. Il finit par se poster devant la porte et l'attirer près de lui avec un sourire malicieux. Il était irrécupérable. Il y tenait à sa virée dans cette salle de bain. En même temps, qui n'en avait pas envie ? Qui ne rêvait pas de pouvoir profiter de ce privilège un jour ?

"Ah bon ? Tu trouves ?" souffla Nelly quand il vanta l'aspect cosy du lieu. Elle accueillit le baiser du jeune homme en levant quelque peu les yeux au ciel mais le sourire aux lèvres en sachant pertinemment qu'elle ne pourrait pas lui refuser un petit moment dans la salle de bain juste derrière la porte. Maintenant qu'ils étaient là, elle n'allait pas doucher son enthousiasme sur place.

Se détachant légèrement du jeune homme, elle se hissa sur la pointe des pieds pour murmurer le mot de passe à la porte par dessus l'épaule de Virgil. Il y eut un cliquetis caractéristique et la lourde porte s'ouvrit doucement, laissant le passage libre aux deux tourtereaux.

"Je me chargerai de changer le mot de passe dès ce soir," avertit la jeune femme avec un sourire de connivence. Pour ce soir, il avait le droit d'entrer. Mais il n'y remettrait pas les pieds sans elle, préférant éviter une soirée improvisée par des Gryffondors comme, par exemple, Damon Drop.

Après avoir jeté un dernier regard aux alentours, Nelly passa ses bras autour du cou du Gryffondor et, se glissant dans l'entrebâillement de la porte, l'attira à l'intérieur de la pièce. Repartant à l'assaut de ses lèvres, elle le poussa contre la porte qui se referma sous leurs poids et actionna le verrou. Ses mains remontèrent ensuite le long du dos du jeune homme et se perdirent dans ses cheveux sombres, ses pouces venant caresser sa mâchoire. Elle l'embrassa encore quelques secondes, mordilla ses lèvres et finit par s'éloigner quelque peu, le souffle court. Restant au plus près de lui, les mains toujours sur son visage, elle plongea son regard noisette dans le sien et lui sourit.

"Bienvenue dans la salle de bain des préfets," dit-elle doucement avant de s'écarter sur le côté.

Les chandelles s'étaient allumées à leur entrée, baignant la pièce dans une douce lumière chaude - et cosy, pour le coup - et les multiples robinets disposés autour du bassin braillaient à la lueur vacillante des bougies. Nelly s'approcha du bassin et laissa tomber son sac au sol, soudainement envahie d'une exquise sensation de plénitude. L'ambiance qui régnait ici invitait à la détente et à la relaxation. En ces lieux, la préfète avait toujours envie de prendre son temps pour une fois, de s'accorder un petit plaisir, de se faire du bien et de prendre soin d'elle. Elle prit une profonde inspiration et reporta son attention sur Virgil.

"Voilà d'où je tiens cette peau veloutée, plaisanta-t-elle en passant le dos de sa main sur sa joue. Avec le dur travail qui nous a été confié, on a bien le droit à une salle de bain pareille, nous les préfets, ajouta la jeune femme en parcourant la pièce du regard. Elle fit quelques pas autour du bassin tout en interrogeant Virgil de son regard malicieux. J'imagine que tu veux prendre un bain ? Ce serait bête de laisser cette baignoire vide. La préfète actionna un robinet pour faire couler l'eau, vérifia la température, puis en tourna un autre pour ajouter de la mousse. Mets ce que tu veux, lança-t-elle. Tu peux parfumer l'eau, la colorer, rajouter de la mousse, des huiles aux propriétés particulières... Elle se redressa pour le regarder, les yeux rieurs. Ne rêve pas, il n'y a pas d'huiles aphrodisiaques. Le CA n'était pas fou : ils n'allaient quand même pas encourager les bains en duo... Tu peux ouvrir lui, là-bas ?" demanda-t-elle en montrant du doigt un robinet à l'autre bout du bassin.

Satisfaite du bain chaud qui était en train de couler, Nelly rejoignit sereinement le Gryffondor, un petit sourire au coin des lèvres. Elle détacha sa cape, la laissa glisser de ses épaules jusqu'au sol et, pleine d'assurance, fit de même avec celle de Virgil, l'invitant par la même occasion à moins de pudeur.

"Il ne reste plus qu'à espérer que Mimi Geignarde ne vienne pas nous déranger," souffla alors la jeune femme en se hissant sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres du jeune homme.

***

***

Le visage parsemé de gouttes d’eau, le corps plongé tout entier dans l’eau du bain et un air bienheureux sur le visage, Nelly soupira d’aise. Elle était bien là. Ils avaient finalement bien fait de venir ici. Enfin, pour être plus précis, Virgil avait bien fait de forcer un peu les choses en l’amenant innocemment devant la porte. Cela faisait déjà un petit bout de temps qu’ils se prélassaient dans l’eau, profitant de ce moment suspendu après les doux instants qu’ils avaient partagés. Visiblement, ils étaient tous les deux bien incapables de mettre un terme à ce bain qui s’éternisait. Cela ne lui déplaisait pas, au contraire, le préfète profitait de chaque seconde de cet état de semi-torpeur dans lequel elle se trouvait. Ils reviendraient, elle en était sûre, à la moindre occasion. Pas après avoir goutté à ce petit havre de paix où ils pouvaient s’aimer sans avoir peur d’être vus. Elle se demandait, maintenant, pourquoi elle avait été tant réticente à ce qu’ils viennent ? Ils ne faisaient rien de mal. Peut-être était-ce pour ne pas donner à Virgil tout ce qu’il voulait. Il avait obtenu pas mal de choses de sa part, elle qui finissait toujours par céder, alors peut-être était-ce pour le plaisir de le faire poireauter un peu ? Pour avoir le plaisir d’avoir une carotte à agiter sous son nez sans qu’il ne puisse l’avoir. De toute façon, elle pourrait bien continuer à jouer à ce petit jeu puisqu’il ne pouvait pas revenir ici sans le mot de passe, donc sans elle. Amusée à l’idée d’avoir un petit moyen de manipulation sur Virgil, la jeune femme redressa la tête, un sourire aux lèvres, alors que ce dernier émergeait la tête de l’eau mousseuse.

Le voir ainsi la rendait heureuse, elle aussi. Il semblait détendu, avoir les idées claires et être à l’aise, aussi bien avec elle qu’avec ses sentiments. Il se montrait beaucoup plus tendre envers elle en venant l’embrasser sans retenue, sans timidité, juste en douceur. En le voyant comme cela, Nelly ne pouvait que se dire qu’elle ne le laissait pas indifférent. Elle ne pouvait que supposer qu’il avait plus de sentiments pour elle qu’il ne voulait l’admettre. Peut-être n’était-il pas fou amoureux mais elle voyait bien qu’il changeait, à ses côtés. Il ne se montrait pas aussi grinçant et corrosif comme il l’était avec d’autres personnes ou au début de leur relation. Ces changements évidents dans sa manière de fonctionner lui donnaient l’espoir, qu’un jour, il se rende compte que leur relation méritait plus que ces tête-à-tête partagés en catimini. Pour l’instant, ils s’en contentaient très bien, mais jusqu’à quand ? La jeune femme ne comprenait pas vraiment son camarade. S’il était si bien avec elle et s’il avait des sentiments pour elle, pourquoi ne voulait-il s’engager un peu plus ? Pourquoi ne se fixaient-ils pas quant à leur relation qu’ils pourraient, pourquoi pas, « officialiser », sans lui sortir de grandes promesses ou former le couple niais et stéréotypé du rebelle et de la préfète. Peut-être avait-il peur de l’engagement ? Alors que Nelly, elle, ne voyait pas la chose comme si effrayante que cela. Ni aussi sérieusement, peut-être. Ils ne se mariaient pas ! Quoiqu’il en soit, un flou permanent les entourait ; ils n’étaient pas en couple, pourtant il s’aimaient, mais pour combien de temps ? Seul Merlin savait.

« … et si on remettait un peu d’eau chaude ? »

Nelly laissa le tas de mousse à travers lequel elle passait les doigts pour s’amuser et s’enfonça un peu plus dans l’eau pour faire face à Virgil, un petit sourire aux lèvres.

« Heureusement qu’on ne paie pas l’eau, souffla-t-elle en passant ses mains autour du cou du Gryffondor pour embrasser ses lèvres qui dépassaient juste assez de la surface. Et la planète alors ? Faut faire attention à notre consommation d’eau. Soudainement malicieuse, la préfète sourit contre les lèvres du jeune homme et glissa ses mains sur ses épaules pour le couler le plus profondément possible dans un grand éclat de rire machiavélique. Elle le sentit se débattre sous ses pieds avant de s’écarter rapidement pour le laisser remonter et fuir vers le bord du bassin. Elle eut le temps de s’accrocher aux robinets pour éviter la vengeance de son camarade et tourna vers lui un visage radieux, illuminé par des yeux rieurs. Je t’ai eu ! » s’exclama-t-elle, assez fière de sa petite blague, il fallait l’avouer.

Nelly tourna le robinet auquel elle s’était accroché pour faire couler l’eau chaude – qu’elle se prit à moitié dans la figure – avant de se décaler sur le rebord et de prendre appui dessus pour sortir à moité de l’eau et attraper son sac, au prix d’un effort surhumain, qu’elle avait laissé sur le sol en arrivant. Elle s’essuya les mains sur une serviette et sortit son Pear d’une pochette intérieure avant de redescendre précautionneusement dans l’eau. Il ne manquait plus qu’elle échappe son Pear dans l’eau chaude du bain… Virgil la rejoignit et elle se blottit contre lui, allongée dans l’eau et la tête contre l’épaule du jeune homme.

« Voyons voir si Chloe m’a envoyé un message du genre "T’es morte ?", parce que ça fait trop longtemps qu’elle ne m’a pas vue, ou si tout va bien… Rien à signaler, elle s’en fout de moi. Et c’est pas plus mal, ricana la préfète. Elle ouvrit ensuite Instamag et fit défiler quelques photos et stories, ne se privant pas, au passage, de faire quelques commentaires. Sam Allport a été invité à Vargas Corp pour avoir franchi les 10 000 abonnés… Bien. On est contents pour lui. N’est ce pas ? s’enquit-elle en tournant un peu la tête pour croiser le regard de Virgil qui en avait certainement tout autant rien à faire qu’elle. … Oh, God. Par contre faut que Damon arrête de faire des poses gênantes sur ses photos, reprit-elle, une moue écœurée sur le visage, alors qu’elle tombait sur un post du joueur de Quidditch. Bon, OK, il est bien foutu, mais ça fait pitié un peu… Juste après, un cliché de Chloe s’afficha. … Bon. T’as le droit de te moquer, » dit-elle d’un ton blasé.

Les deux adolescents restèrent quelques minutes ainsi, à se moquer plus ou moins gentiment de ce qu’il voyait sur les réseaux sociaux magiques. Du moins, pendant que rien ni personne ne les dérangeait…

Toutes les bonnes choses ont une fin. Le célèbre adage se vérifia une nouvelle fois alors que l’instant d’intimité que partageaient les deux adolescents se brisa à l’instant où un message de Mildred Magpie apparut sur le Pear de Nelly. Super. Pourquoi avait-il fallu que la romancière envoie un message maintenant ? Un message rempli de de mièvreries et de compliments en plus, à l’instar du reste de la conversation au-dessus…
Virgil se dégagea dans les secondes qui suivirent et sortit de l’eau pour se sécher, laissant la préfète seule dans le bassin et qui se retint de lever les yeux au ciel. Le Gryffondor ne portait pas vraiment Magpie dans son cœur, loin de là. Nelly le savait. Et son travail avec elle pour réaliser son portrait était leur principal sujet de mésentente. La préfète avait compris le point de vue de son ami qui avait un passif houleux avec la toute nouvelle enseignante artistique, et c’était peu dire ! En effet, l’écrivaine semblait avoir un profond ressentiment envers la famille Forbes et avait même tenté de faire virer Virgil de l’école. Nelly était au courant de tout cela, elle s’était retrouvée au milieu de cette affaire un peu malgré elle, et comprenait entièrement l’antipathie du Gryffondor envers Mildred. Ce sentiment était d’ailleurs parfaitement justifié au vu des actes plus que douteux de la romancière…

Seulement, elle estimait que leur histoire n’avait rien à voir avec elle. Et même si cacher de la drogue dans les affaires d’un élève pour le faire expulser était grave et inacceptable, elle ne pouvait pas passer à côté de l’opportunité de travailler avec Mildred Magpie, qui exerçait une influence énorme sur le monde artistique, juste parce que le garçon qu’elle aimait voyait cela d’un mauvais œil. Certes, elle admirait Mildred pour l’empire qu’elle avait battu autour d’elle, mais leur relation n’était que purement « professionnelle » pour Nelly. Oui, Mildred la chouchoutait un peu, oui elle la glorifiait, oui elle la maternait même un peu mais elles n’étaient pas amies pour autant. Nelly savait très bien jouer la petite préfète parfaite et faire la faillot de service pour rester dans les bonnes grâces de l’écrivaine. Elle était chez les Serpentard après tout ! Elle était ambitieuse et pouvait se montrer hypocrite pour arriver à ses fins.
Ce n’était pas parce qu’elle travaillait avec Magpie qu’elle approuvait ce qu’elle avait fait à Virgil et son père. Virgil ne semblait pas comprendre cela et prenait les faits comme un affront personnel, elle le sentait. Et il ne semblait pas non plus capable de comprendre que ce projet était important pour elle et qu’elle avait envie de faire le portrait de la célèbre romancière. Avait-il seulement conscience de ce que cela représentait ? Elle pouvait se faire connaître par son art juste en faisant ce tableau !

La jeune femme observait son ami s’habiller, dos à elle, et voyait bien que son état avait changé du tout au tout. Et ce pour un petit message qui avait fait remonter toute sa rancœur à l’encontre de Magpie… Son intuition se confirma lorsqu’il finit par se tourner vers elle dans une attitude nonchalante mais le visage néanmoins fermé.

« C’était cool. »

Nelly haussa les sourcils devant le manque évident de passion dans sa voix et le sourire un peu mécanique qu’il lui offrit, comme s’il se forçait à rester un minimum aimable. La suite de ses propos lui arracha un soupir qu’elle ne put réprimer. Ils en étaient à nouveau là : à se tendre et à se monter froids dès que le sujet Mildred Magpie était lancé…

« Tu sais, c’est pas parce qu’on s’écrit qu’on est les meilleures amies du monde, fit-elle remarquer avec un petit sourire. Et puis, je vois pas ce que je fais de mal... Je sais, l’arrêta-t-elle en levant une main. Ce qu’elle a fait avec toi est intolérable. Mais c’est fini toute cette histoire non ? Et travailler avec elle ne veut pas dire que je la soutiens, dit-elle pour lui partager le fond de sa pensée. Jamais je ne soutiendrai de telles choses et je garde tout ça en tête, je n’ai pas oublié. Ce qui l’avait d’ailleurs projetée dans cette entreprise était le tableau symbolisant la vengeance qu’elle avait peint dans l’espoir de susciter une quelconque réaction chez Mildred Magpie, afin de vérifier les dires de Virgil à l’époque de l’histoire de la Volubilis. Mais même si je trouve ça inacceptable, je ne pouvais pas passer à côté d’une telle chance…, reprit-elle, un peu gênée. Et tout ça, elle agita son Pear pour faire mention des messages. Je peux très bien faire la lèche-bottes tu sais. »

Nelly, en tout conscience, savait qu’elle s’attaquait à un sujet sensible. Mais fermer les yeux et laisser ce désaccord gangrenait petit à petit leur relation n’était pas la meilleure solution. Il fallait crever l’abcès. Ils se connaissaient assez et se faisaient suffisamment confiance l’un envers l’autre pour que les choses ne déraillent pas. S’ils gardaient tous les deux leur calme en discuter ne pouvait être que bénéfique. Mais Virgil ne semblait pas être de cet avis…
Alors qu’elle s’était montrée la plus douce et la plus diplomate possible pour ne pas l’agacer et garder un semblant de climat apaisé, le jeune homme répliqua froidement et calmement. Trop calmement pour espérer une discussion constructive. La préfète fronça les sourcils à ses premiers mots, surprise qu’il soit si rapidement vulgaire et en colère.

Le Gryffondor se montra mauvais, moqueur et vexant et elle ne comprit pas comment ils en étaient si vite arrivés là alors que, quelques minutes plus tôt, ils se prélassaient dans l’eau chaude de leur bain. Nelly l’écouta déblatérer ses offenses, en silence, et une expression outrée apparut sur son visage lorsqu’il lâcha qu’elle était ridicule puis se mua en une autre plus fermée, plus vexée, face à la suite de ses propos.

Elle se sentait blessée et commençait à sérieusement regretter d’avoir initié cet échange alors qu’ils auraient pu se voiler la face, comme toujours, et se quitter pour se revoir une prochaine fois, toujours autant amoureux. De la rancœur s’immisça dans son esprit lorsque Virgil mentionna ses soit-disant valeurs de Serpentard. Mais de quel droit la jugeait-il de cette manière ? Et c’est lui qui parlait de valeurs et d’amour propre alors qu’il était très certainement capable de faire abstraction de bon nombre de valeurs humaines et essentielles pour arriver à ses fins ? Une petite voix lui soufflait bien qu’il avait peut-être raison et qu’elle était effectivement prête à tout pour la célébrité mais sa colère et sa tristesse étaient bien plus fortes. Elle s’apprêtait à répliquer qu’il devait certainement très bien s’y connaître en amour-propre, égoïste comme il était, mais l’ultime attaque du jeune homme la frappa en plein cœur.

« En fait, je suis bien content qu’on ait rien officialisé toi et moi. Franchement, j’aurais eu honte. »

Il lui montrait tous ses mauvais côtés, sans retenue, il était tout ce qu’il n’était plus en sa présence et ce qu’il n’avait jamais vraiment été même au début de leur relation. Jamais il ne s’était montré aussi volontairement méchant, aussi blessant. Elle avait fi de cet aspect là de sa personnalité, celui qui le caractérisait peut-être le plus, car elle avait été persuadée, au fond, qu’il n’était pas si mauvais. Il le lui avait d’ailleurs montré. Elle avait découvert qu’il pouvait se montrer particulièrement doux et calme quand il le voulait, quand il se sentait en confiance et apaisé. Elle avait réellement apprécié découvrir ce Virgil là sans pour autant oublier ni détester ses mauvais penchants. Elle le savait corrosif, piquant, conflictuel et elle l’avait accepté. Même que cela l’amusait quand tout ceci ressortait lorsqu’ils se lançaient mutuellement des vacheries, comme ils savaient si bien le faire.

Pourtant ce soir, il l’avait blessée et elle regrettait amèrement d’avoir cru qu’elle avait suffisamment de valeur à ses yeux pour ne pas subir son mauvais caractère. Il avait la fâcheuse tendance à aimer faire souffrir les autres et elle avait bêtement cru qu’elle serait épargnée. Se sentant soudainement vulnérable, nue dans l’eau, elle ramena ses jambes contre elle et laissa la mousse s’amasser autour de son corps.

« On dirait que tu en as toujours eu honte... De nous », finit-elle par dire dans un souffle.

Contrairement à lui, elle n’aurait pas été contre l’idée d’officialiser leur couple car elle n’en aurait pas eu honte. Elle n’avait pas honte de ses fréquentations et encore moins des personnes de qui elle tombait amoureuse. Mais visiblement, ce sentiment était loin d’être partagé.

« Tu sais, reprit-elle d’un ton monotone. Je pensais que tu allais finir par me soutenir, ne serait-ce qu’un minimum, par accepter. Parce que je pensais que j’avais un minimum de valeur à tes yeux et que tu aimais ce que je suis, même si tu n’acceptes pas tout ce que je fais. Elle prit un instant pour mettre de l’ordre dans ses pensées qui se bousculaient dans son esprit. Mais visiblement, je me suis trompée. »

Elle avait le sentiment d’avoir accepté et toléré beaucoup de choses chez Virgil tout comme de l’avoir soutenu quand il en avait eu besoin. Elle s’était sûrement trompée et avait perdu de l’énergie pour pas grand-chose finalement, si ce n’était pour quelques bons moments.

Nelly détourna le regard pour ne plus avoir à lui faire face et soustraire de sa vision sa mine défaite et ses yeux brillants qui menaçaient de laisser s’échapper leurs larmes à tout instant. Plus que blessée, elle était écœurée d’en être arrivée là et voulait le voir quitter cette pièce au plus vite.

« Tu attends quoi ? Bonne soirée Virgil. »