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Can beauty come out of ashes ? [OS Nelly]

Nelly Horrocks
Nelly HorrocksSeigneur PNJ
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Profil Académie Waverly
Can beauty come out of ashes ? [OS Nelly] Icon_minitimeJeu 29 Aoû 2019 - 23:32
30 Août 2010


Une tonalité. Une deuxième. Une troisième. Les secondes semblèrent s’éterniser avant qu’une voix ne se fasse entendre à l’autre bout du fil. Soulagée, quelque peu tremblante, Nelly serra un peu plus fort ses doigts autour de son téléphone et soupira silencieusement. La gorge trop nouée pour parler, aucun son ne franchit ses lèvres, si bien que son interlocuteur s’inquiéta.

« Allô ? Nelly, t’es là ?
- … Oui. Salut, répondit-elle faiblement. … Non, ça va pas trop… Il se passe que... »

Sa voix se brisa et elle dut prendre une grande inspiration pour ne pas fondre en larmes.

Il s’était passé quelque chose qu’elle aurait préféré ne pas vivre, du moins pas aujourd’hui.

Plus tôt dans la journée…




Le claquement caractéristique d’un transplanage brisa la quiétude qui régnait au fond du terrain arboré de la villa Horrocks. Émergeant du massif d’hortensias derrière lequel ils étaient arrivés, Nelly et Mickaël s’avancèrent sur la pelouse jaunie par le soleil, les bras chargés de multiples sacs remplis de fournitures scolaires.

« On aurait jamais dû s’y prendre si tard… soupira Nelly en coulant un regard sur son frère.
- C’est sûrement ce que se disent toutes ces personnes qui ont aussi attendu le dernier moment pour tout acheter…
- Sérieux, j’ai l’impression d’être partie hier…
- Pareil. J’ai l’impression d’avoir passé ma vie dans les files d’attente, plaisanta Mike alors qu’ils passaient près de la piscine et approchaient de la terrasse pour rejoindre la cuisine par la baie vitrée.
- Plus les années passent et plus je m’y prends tard. Heureusement que c’est ma dernière année à Poudlard… Un an de plus et je serais arrivée en cours sans rien. Je te jure j’ai…
- Nelly, la coupa Mike qui s’arrêta soudainement de marcher.
- Quoi ? » La préfète se tourna pour observer son frère qui fixait un point dans la cuisine derrière elle, la mine assombrie.

Elle suivit son regard et son cœur rata un battement à la vision qui s’offrit à elle. Le temps sembla s’étirer, la vision périphérique de la jeune femme se troubla, les sons ne lui parvenaient plus et elle eut une impression de recul due au choc qu’elle commençait malheureusement à reconnaître. En moins de six mois, cela faisait déjà deux fois qu’elle vivait cette désagréable expérience…
Le souffle coupé et incapable de bouger, Nelly ne put détacher son regard de la scène qui se jouait à moins de trois mètres d’elle, dans la cuisine, et d’une personne en particulier qu’elle ne pensait jamais revoir dans cette maison.
Assise sur un tabouret de bar, les bras croisés sur le marbre de l’îlot central, sa mère la fixait, apparemment aussi mal à l’aise qu’elle. Éline était là aussi, figée comme une statue, son regard un peu perdu passant de sa mère à sa sœur. Visiblement, mère et fille étaient en pleine conversation autour d’un rafraîchissement avant l’arrivée des plus jeunes de la fratrie Horrocks.

Il y eut quelques instants de battement où tous restèrent immobiles, seulement séparés par quelques mètres et la baie vitrée. Puis, retrouvant un brin de conscience, Nelly détourna le regard de sa mère et entreprit de faire demi-tour comme si elle ne l’avait pas vue, préférant s’enfuir dans une stratégie d’évitement, comme elle l’avait toujours fait. Elle n’avait qu’à transplaner ailleurs et revenir plus tard… Mais si elle était toujours là ? Alors elle repartirait à nouveau, irait dormir chez Hannah, ou n’importe quelle autre personne acceptant de l’héberger pour la nuit, et ne reviendrait que lorsque sa mère ne serait plus là parce qu’elle refusait de se trouver sous le même toit que celle qui avait peuplé ses cauchemars. Ensuite, elle poserait à sa grande sœur toutes les questions qui se bousculaient dans sa tête sur les raisons de la présence de leur mère chez eux…
Seulement, c’était sans compter sur Mickaël qui l’arrêta dans son mouvement en empoignant son avant-bras.

« Elle nous a vus… Tu peux pas partir comme ça.
- Lâche moi, ordonna Nelly.
- On va rentrer et lui montrer qu’elle ne nous impressionne pas.
- Non. Laisse moi… Mike commença à avancer et entraîna progressivement sa sœur dans son mouvement qui résistait tant bien que mal, trop ébranlée pour se décider entre transplaner et laisser son frère seul dans cette situation ou affronter la présence de sa mère. A cet instant, les deux jeunes sorciers faisant approximativement la même taille, il aurait été bien difficile de déterminer lequel des deux était l’aîné.
- On est chez nous et rien ni personne devrait nous empêcher d’entrer et de faire ce qu’on veut. Le jeune homme s’arrêta et chercha le regard de Nelly. Il faut lui montrer ça. Lui montrer qu’elle ne nous entrave plus dans notre vie… Dans ta vie. »

Les yeux de la Serpentard croisèrent le regard bleu de son frère qui faisait preuve d’une sagesse extrême et d’une bienveillance sans égale à son égard. Pourtant, là, maintenant, elle le détestait. Elle le détestait pour le fait qu’il ait probablement raison, pour les belles paroles qu’il lui servait et pour l’impression que cette situation lui était imposée. Oui, elle les détestait tous : lui, Éline, sa mère…. tous. Et elle avait envie de partir le plus loin possible, de fuir cette situation qui ne lui inspirait rien de bon et de les laisser se débrouiller seuls. Elle ne voulait plus voir sa mère, tel était son choix, et n’était pas prête à la revoir aujourd’hui.
Pourtant, elle ne pouvait pas se résoudre à laisser Mike seul, ici, en présence de sa mère. Pour cause, il avait assisté à son agression, avait tout vu et lui avait même sûrement la vie. Lui aussi aurait pu être la malheureuse victime de sa mère et connaître le même sort qu’elle. Qui sait ce qu’elle lui dirait ou ferait aujourd’hui s’il se présentait seul face à elle ? Il y avait bien Éline, mais ce n’était pas pareil ; elle n’avait pas été là ce soir là. Et puis leur aînée n’avait pas la même possibilité qu’elle de les défendre en cas de besoin, pas avec la magie du moins…
Si quelqu’un devait être avec lui devant leur mère, c’était elle.

La jeune femme scruta encore un instant les yeux de son petit frère avant de capituler et de hocher la tête. Mike lui adressa un léger sourire et serra un peu son bras en signe de remerciement, ou d’encouragement, elle ne sut le dire, avant de franchir la distance qui les séparait de la cuisine et de leur mère, suivi par sa sœur.

Nelly entra lentement dans la cuisine, suivie du regard par Éline et sa mère qui guettaient la moindre de ses réactions.

« Qu'est ce qu'elle fait là ? finit-elle par lâcher à l'attention de sa sœur en posant son sac à main sur l'îlot central, sans même accorder un regard à sa mère.
Éline sembla chercher ses mots avant d'entrouvrir la bouche.
- ... Euh... , tenta la jeune femme, visiblement mal à l'aise. Nelly leva une main impatiente pour la couper.
- Non, c'est bon. Je veux pas savoir en fait. »

Sans plus de cérémonie, elle tourna les talons et quitta la grande pièce à vivre pour gagner sa chambre à l'étage où elle déversa sur son lit l'intégralité de ses achats pour la rentrée. C'était un rêve, ce n'était pas possible, irréel, elle nageait en plein délire, songeait la jeune femme en organisant ses affaires avec de grands gestes rageurs. Il n'y avait aucune logique dans ce qu'elle faisait, cela ne servait à rien, elle empila et désempila ses livres scolaires plusieurs fois, poussa ses bouteilles d'encre d'un point du lit à un autre, - et puis pourquoi faisait-elle cela sur son lit d'ailleurs ? - trop occupée à marmonner pour elle-même et à retourner ses pensées dans tous les sens. Mais que faisait sa mère ici ? Pourquoi venait-elle la torturer encore une fois par sa simple présence ? Elle ne pouvait pas la laisser tranquille ? Les laisser tranquille ? Et puis que faisait-elle de la décision de justice qui lui interdisait de la revoir ? Jetée aux oubliettes visiblement !

« Nelly ?
- Quoi ?! Le regard excédé de la Serpentard se posa sur Éline qui était entrée discrètement derrière elle.
- ... Ça va ?
- Oh oui je vais merveilleusement bien ! Je respire la joie de vivre, je ne vois pas comment je pourrais aller mieux ! ironisa la préfète avec un rire nerveux, presque fou. J'ai l'air d'aller bien ?!
Éline s'approcha dans un geste compatissant et eut un drôle de rictus qui se voulait certainement encourageant.
- Je suis désolée de t'imposer ça... J'aurai dû te prévenir mais...
- Mais t'as oublié c'est ça ? Oh c'est pas grave il faut dire que tu as tellement l'air de passer du bon temps avec elle que je comprends pourquoi tu m'oublies.
- Ne sois pas ridicule, je ne t'oublie pas. Je sais à quel point c'est dur pour toi.
- Alors qu'est ce qu'elle fait là ? Hein ? s’énerva Nelly avec un haussement de sourcils, la main dirigée vers le sol comme pour montrer la cuisine juste en dessous. Je vis aussi dans cette maison je te rappelle et tu choisis de la voir ici, chez nous, dans notre maison, alors que tu l'as pas vu depuis je ne sais combien de temps ?
Éline blêmit et baissa les yeux, gênée.
Nelly, qui comprit très vite, eut un air faussement impressionné.
- Très bien. Si en plus vous avez vos petits rendez-vous, souffla-t-elle en se retournant vers ses affaires étalées sur son lit.
- Si je ne te l’ai pas dit c’est parce que je ne voulais pas que tu t’inquiètes, se défendit sa sœur, les bras croisés.
- Oh tu ne voulais pas que je m’inquiète ? railla la préfète en rassemblant ses parchemins à côté de ses manuels.
- Je me suis dit que tu sois au courant ou non ne changerait rien alors j’ai préféré ne pas t’en parler, pour que tu évites d’y penser… Nelly fit volte face pour couper court au plaidoyer de son aînée.
- Tu la revois depuis combien de temps ?
- Depuis que je bosse... J'ai pris de ses nouvelles un jour et j’ai su qu’elle allait mieux alors… Éline haussa les épaules. On s’est vues. Mais ce n’est que la deuxième fois qu’elle vient ici.
Nelly la jaugea un instant, le regard sombre.
- Fantastique. Contente pour toi, vraiment. Elle entreprit de ramasser les sacs de ses divers achats abandonnés un peu plus tôt sur le sol et reprit : Mais maintenant que vous avez bu votre petit thé glacé, que vous avez bien papoté et que vous vous êtes racontés tout ce que vous aviez à vous dire, tu peux gentiment lui proposer de vous revoir une prochaine fois et lui demander de partir. Je n’ai pas envie de la voir ici, » conclut sévèrement la jeune femme dont la voix transpirait de reproches et de sarcasmes.

Il y eut quelques secondes de silence, seulement troublées par les va et vient de Nelly entre son lit et son bureau où elle déplaçait ses fournitures.

« Pourquoi tu ne descends pas ? finit par l’interroger Éline en cherchant son regard.
- Pardon ? Les raisons ne te semblent pas évidentes ?
- Nelly c’est maman, notre mère, ta mère ! Et tu es sa fille, tu ne peux pas lui tourner le dos éternellement !
- Ce n'est pas parce que c'est ma mère que je suis dans l'obligation de la voir !
- Tu ne lui donnes même pas l’opportunité de te parler, les choses ont changé… Nelly roula ostensiblement des yeux et poussa un profond soupir. Depuis le temps vous avez toutes les deux changées. Ça ne mènera à rien de fuir sans cesse… Les tentatives de Éline pour raisonner sa petite sœur étaient louables mais cette dernière se fermait complètement à toutes éventualités de dialogues avec sa mère.
- Elle vit sa vie, je vis la mienne. J’avance très bien sans elle et je peux très bien continuer comme ça, rétorqua la préfète en lui tournant le dos. Qu'elle me foute la paix mainte…
- Mais merde grandis un peu et cesse de faire l'enfant !
Nelly braqua un regard noir sur son aînée, éberluée par ce qu'elle venait d'entendre.
- Non mais je rêve... C'est toi qui dis ça ? Toi qui n'as pas été capable de te confronter à la vie réelle pendant 3 ans ? Toi qui n'as pas osé me dire que tu la revoyais parce que tu avais trop peur de ma réaction ?... Permets moi de te dire que tu es mal placée pour donner des leçons.
Éline, bien que piquée dans son ego, s'interdit de se retrancher dans une attitude défensive et tenta de tempérer ses propos.
- C'est pas ce que je voulais dire...
- Si. Tu le voulais. »

S'ensuivit un duel de regard entre les deux sœurs au cours duquel elles se jaugèrent mutuellement. Éline n'allait donc jamais lui lâcher la grappe avec cette histoire ? pestait intérieurement la Serpentard alors que son aînée réfléchissait au meilleur moyen de la convaincre de descendre voir sa mère.

« Écoute, reprit Éline en s'approchant du lit pour s'y asseoir. Si tu ne le fais ni pour toi, ni pour moi, ni pour maman, fais le au moins pour Mike. Nelly planta ses yeux dans ceux de sa sœur. Il est en bas, il affronte ça seul alors que lui aussi a souffert. Il était là...
- Je sais, trancha Nelly. Ne joue pas la carte de l'émotion et n'essaie pas de me dire que je suis égoïste. Et pourtant c'était le ressentiment qui était apparu dans son esprit dès l'instant où Éline avait mentionné son petit frère.
- Je ne dis pas ça ! Seulement que vous pourriez vous soutenir tous les deux. Vous avez l'occasion de lui parler ici, dans un endroit sûr où on est tous ensemble. La jeune femme marqua une pause en suivant Nelly du regard qui faisait les cent pas dans sa chambre en se massant le crâne des deux mains. Je sais bien que c'est compliqué et que je ne peux pas comprendre, je ne comprendrai jamais, mais j'essaie de t'aider... Tu as trop souffert, tu ne peux plus te contenter de garder tout ça enfermé à l'intérieur de toi. »

Des sentiments puissants se battaient dans l'esprit de Nelly qui continuait de tourner en rond dans la pièce, incapable de mettre de l'ordre dans ses pensées. Oscillaient en elle une angoisse montante qui menaçait à tout moment de la submerger et une colère sourde qui la poussait à mettre un terme à cette situation le plus vite possible.

« Elle a été soignée Nelly, ajouta Éline en se levant pour venir près de sa petite sœur. Elle ne te fera plus rien. Et puis, on est là. »

Nelly évita de croiser son regard lorsqu'elle la prit doucement par les épaules. Elle n'avait aucune envie d'être ici et se demandait pourquoi elle n'était pas repartie dès son arrivée... Pour Mike, lui souffla une petite voix dans sa tête. Pour ne pas passer pour une lâche devant lui, pour ne pas le laisser seul face à sa mère, pour lui donner l'exemple d'une grande sœur forte qui avait pansé ses blessures... Et là elle le laissait tomber. Elle avait fui comme une petite fille apeurée, une fois encore, alors qu'il était le benjamin de la fratrie et que son rôle devrait être de le protéger, de veiller sur lui, de l'accompagner. Et elle n'était pas là pour lui comme il avait été là pour elle le soir où leur mère avait pété les plombs, elle ne faisait pas pour lui ce qu'il avait fait pour elle, alors qu'il était si jeune.
Un profond sentiment de regret et de dégoût contre elle-même lui noua la gorge et elle reporta son regard sur Éline.

« Tu te souviens que je l'ai vue pendant les vacances de Pâques ? Avec Virgil, à Londres ? Son aînée hocha silencieusement la tête. Et qu’elle lui avait dit qu’elle pensait à nous et qu’elle nous embrassait ? La Serpentard frissonna à ce souvenir. La crise d’angoisse qu’elle avait alors vécue lui revenait en mémoire et elle s’était jurée de ne plus revivre ce moment, de ne plus se laisser submerger par ses peurs. Éline l’encouragea à poursuivre du regard. Je m’étais dit que tout ça n’était que pur mensonge, qu’elle jouait un rôle, qu’elle ne pouvait pas penser à nous après tout ce qu’elle nous avait fait alors que moi… Nous, nous vivons très bien sans elle… Nelly baissa la tête pour s'accorder quelques secondes pour réfléchir et se donner un semblant de courage puis finit par la relever, le regard habité d'une lueur colérique, presque vengeresse, probablement pas celle qu’Éline espérait voir.
Peut être qu'elle vit mal notre absence et qu'elle pense souvent à nous. Mais je vais lui montrer qu'elle peut nous oublier et qu'on vit très bien sans elle. »

Éline fronça légèrement les sourcils et suivit sa sœur du regard alors qu'elle quittait sa chambre. Devait-elle se réjouir de voir Nelly redescendre, l'air déterminé à parler à sa mère, ou bien devait elle s'inquiéter de la suite des événements ? s'interrogeait la jeune femme en emboîtant le bas à sa cadette.
Nelly regagna rapidement l'étage inférieur et s'arrêta juste avant de passer la grande porte coulissante qui donnait sur le salon et la cuisine où se trouvaient Mike et leur mère. La gorge nouée par le stress, la préfète prit de profondes inspirations et coula un dernier regard à Éline derrière elle avant de pénétrer dans la grande pièce à vivre.

Si une discussion se déroulait avant son arrivée, le silence se fit et elle avança en silence, les yeux fixés sur le sol, sans même accorder un regard à qui que ce soit alors qu'elle sentait les regards posés sur elle. Ce fut seulement lorsqu'elle s'arrêta au niveau de l'îlot central, à côté de son frère, qu'elle se risqua à regarder sa mère, assise de l'autre côté de la surface en marbre. La jeune femme eut toutes les peines du monde à soutenir son regard et à ne pas redevenir la petite fille de ses cauchemars, mais elle ne flancha pas. Sa mère ne lui ferait rien. Elle ne lui avait rien fait au parc quelques mois plus tôt et ici elle était en sécurité, alors… Alors hors de question de tétaniser et de perdre les pédales. Elle était forte et n'allait pas se laisser démonter par sa simple présence. Elle allait lui montrer qu'elle n'avait plus peur d'elle et qu'elle était tout à fait apte à lui tenir tête désormais. Non, elle ne baisserait pas les yeux. Non, elle ne fuirait pas en paniquant. Pour Michael.

« J'étais justement en train de dire à ton frère qu'il avait bien grandi et qu'il était très beau... Leur mère s'était raclé la gorge, avait baissé les yeux quelques secondes avant de briser le silence pesant qui s'était installé dans la pièce. Nelly avait presque oublié le timbre de sa voix. Elle était chaude et basse, presque comme un murmure, un peu incertaine, et on sentait que chaque mot était soigneusement réfléchi. Toi aussi, tu as grandi...
- Si c'est tout ce que tu avais à nous dire, c'est bon tu peux partir. Nelly avait parlé vite, pressée d'en finir, son ton était cassant et contrastait avec celui de sa mère.
- Je vois ce qu’Éline voulait dire par "Elle peut avoir du caractère", remarqua Déborah Williams en échangeant un regard presque amusé avec l'aînée de ses enfants. Nelly, elle, jeta un regard loin d'être amusé à sa grande sœur qui s'était postée entre elles à l'extrémité de l'îlot, comme une arbitre entre deux adversaires. Leur mère, consciente de sa bévue, rectifia le tir : Éline m'a dit beaucoup de bien sur toi...
- Je suis ravie que vous parliez de moi, vraiment, répondit la Serpentard, son regard noir braqué sur sa sœur. Puis, toujours dans l'ironie, elle poursuivit : J'imagine que vous vous êtes dit tout un tas de choses ? »

Le regard sombre de la jeune femme passa de son aînée à sa mère qui semblait gênée par la situation. Quant à Nelly, elle n'était plus gênée et avait moins peur ; ses premiers mots lui avaient délié la gorge. Déborah se racla une nouvelle fois la gorge.

« Et donc, comment ça se passe à Poudlard ? Tu as bientôt fini ta scolarité, non ?
La préfète échangea un bref regard avec Éline qui l'encouragea à répondre d'un léger mouvement de tête avant que son regard ne se pose sur Mike à ses côtés qui esquissa un léger sourire sans trop oser la regarder.
- Bien, finit par lâcher Nelly après avoir pris une grande inspiration. Ça se passe très bien. Et je rentre en dernière année, effectivement. »

Au vu du silence qui suivit, tout le monde autour de la table attendait une réponse plus poussée de sa part mais faire un récit détaillé de sa vie à sa mère était le dernier de ses soucis, elle voulait qu’elle parte, qu’elle les laisse tranquille, et ce le plus tôt possible. Déborah prit le verre posé devant elle entre ses mains et fit mine de s’y intéresser le temps de chercher ses mots, sous le regard attentif de Nelly qui suivait le moindre des ses gestes.

« Le temps passe vite, fit-elle remarquer au bout d’un instant, comme elle aurait pu le dire dans une discussion tout à fait banale. Je ne t’ai pas vue grandir… La préfète se crispa légèrement, sentant le sujet sensible arriver. On a perdu tellement de temps.
- La faute à qui ? siffla la Serpentard entre ses dents.
- Nelly, souffla Éline en guise d’avertissement, soucieuse que la situation ne dégénère pas.
- Bah quoi ? C’est vrai. Moi je n’ai pas perdu de temps. C’est de sa faute si elle a perdu le sien, » renchérit la jeune femme en reportant son regard sur sa mère et en utilisant volontairement la troisième personne.

Mère et fille se fixèrent quelques secondes dans les yeux. Déborah se sentait quelque peu désemparée par la lueur de défi qui brillait dans le regard de sa fille. Elle qui voulait discuter, ou du moins instaurer les prémices d’un dialogue, se heurtait à la colère de Nelly. Quoi de plus normal, quand on songeait à ce qu’elle lui avait fait. Le sentiment de sa fille cadette était entièrement justifié  et cela aurait été idiot de sa part d’espérer des retrouvailles différentes. N’était-elle pas celle qui l’avait tant fait souffrir ? N’était-elle pas celle qui lui avait gâché une partie de sa vie ? Et maintenant, après tant d’années, elle la revoyait dans le lieu qui lui était le plus familier, l’endroit qu’elle chérissait le plus et où elle se sentait le plus en sécurité… La colère de Nelly était parfaitement légitime, pourtant Déborah continuait d’espérer, qu’un jour, la vie lui donne une seconde chance et qu’elle puisse rattraper le temps perdu avec sa fille.
Lorsqu’elle avait commencé à revoir Éline, avec qui sa relation n’avait pas été autant fragilisée, la mère de famille avait senti une nouvelle énergie la gagner et, au fil des différents rendez-vous avec sa fille aînée, avait nourri l’espoir de revoir un jour ses enfants au complet. Elle s’était bien sûr faite à l’idée que les retrouvailles ne seraient pas faciles et, bien que cela se soit plutôt bien passé avec Mike pour le moment, la réaction de Nelly confirmait ses craintes.

Le regard de Déborah glissa sur la main de sa fille qui s’était mise à lisser machinalement la fine cicatrice entre son pouce et son index. Lorsque celle-ci surprit le regard de sa mère, elle suspendit son geste et camoufla ses mains sous la table, posées sur ses jambes qui s’agitaient nerveusement. Dans un geste tendre qui se voulait rassurant, Michael posa sa propre main sur celle de sa sœur et la serra légèrement ; de ce simple contact, Nelly en tira un réconfort bienvenu.

« Je m’en veux… beaucoup, tu sais ? finit par souffler Déborah.
- De quoi ? répondit la préfète en sachant pertinemment de quoi parlait sa mère.
- C’était il y a longtemps…
- De quoi ? répéta-t-elle plus fort en insistant sur chaque syllabe. Elle voulait l’entendre mettre des mots sur ce à quoi elle faisait référence.
- Je n’étais pas moi-même… Je vais mieux. J’ai été soignée.
Ça, Éline le lui avait déjà dit… Ne supportant plus les allusions de sa mère, Nelly finit par lâcher les mots qui lui brûlaient les lèvres.
- Non ! Tu ne vas pas mieux. Regarde toi, tu n'es qu'une tarée complètement droguée par ses médicaments, cracha la préfète.
- Nelly ! gronda Éline en jetant un regard mauvais sur sa petite sœur.
- Non, tempéra leur mère en levant une main. Elle a raison. Et je n'en suis pas fière... Je ne serai jamais comme avant, je le sais. Déborah baissa les yeux sur ses doigts qui s'agitaient nerveusement sur la table. Parfois, je me sens confiante et apaisée, j'ai le sentiment de pouvoir répartir à zéro, de tout oublier, sans craindre une rechute. Mais d'autres fois, j'ai l'impression que tout peut revenir et j'ai peur de sombrer à nouveau…
- Comme tu l’as fait ce soir là ? gronda Nelly en la toisant du regard. Ce soir là où tu as failli me tuer ?
- Je n’aurais jamais fait ça… Je… J’étais malade, je ne le voulais pas… Ce n’était pas moi, répéta la mère de famille avec un petit sourire triste.
- Mais le résultat est le même. »

Nelly dardait sur sa mère un regard rempli de colère et d’amertumes, visiblement pas prête à entendre la moindre excuse de sa mère et déterminée à démonter n’importe lequel de ses arguments.

What's left to say ?
These prayers ain't working anymore
Every word shot down in flames


En voyant sa fille dans cet état, en constatant toute l’ampleur de la rancune qu’elle ressentait à son égard, Déborah se rendait bien compte que ses espoirs étaient vains et que cette situation ne mènerait à rien. Sa fille n’était pas prête pour l’écouter, pas encore, elle avait trop souffert et ce qu’elle lui avait fait sous l’emprise de l’alcool avait brisé quelque chose en elle.

What's left to do with these broken pieces on the floor ?
I'm losing my voice calling on you


Les espoirs de la mère de famille étaient dignes de ses rêves les plus fous : elle savait qu'elle ne pourrait jamais repartir de zéro avec Nelly. Même si elle en avait envie et même avec toutes les bonnes volontés du monde, leur relation était à jamais détruite. Et puis, tout dans sa fille la ramenait à ce tragique événement : sa colère, sa rancune, sa peine, sa douleur, ses cicatrices aussi bien psychologiques que physiques. Tout lui rappelait ce qu'elle avait fait et ce qu'elle pourrait refaire si elle perdait à nouveau pieds.

'Cause I've been shaking
I've been bending backwards till I'm broke
Watching all these dreams go up in smoke


« Je suis désolée… Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça… A ce moment là, ma vie déraillait et rien n’allait dans mon esprit. Ce n’était pas moi…, répéta une nouvelle fois la mère de Nelly en baissant les yeux. Son ton était devenu presque implorant et un voile de tristesse était apparu sur son visage, comme si elle allait se mettre à pleurer à tout instant. Ma tête me disait de le faire mais… je ne t’aurais jamais fait de mal. Elle marqua une pause et releva les yeux sur sa fille cadette. Je suis désolée, je sais à quel point tu as souffert… »

Au fond de ses yeux brillait la question qui occupait toutes ses pensées : redeviendrait-elle un jour la femme qu’elle avait été avant tout ça ?

Let beauty come out of ashes
Let beauty come out of ashes
And when I pray to God all I ask is
Can beauty come out of ashes ?


« Non, tu ne sais pas, articula Nelly, le ton grave et la mâchoire serrée. Tu ne sais pas ce que ça fait de te demander tous les jours si tu es une paria parce que ta mère t’interdit de parler de magie et te reproche d’être une sorcière ! explosa la jeune femme en se penchant sur la table. Autour d’elle, Mike et Éline sursautèrent d’un même mouvement. Ou plutôt d’être ce que tu es alors que tu n’y peux rien ! Tu ne sais pas ce que ça fait d’avoir peur de sa mère à chaque fois que tu dois la voir jusqu’au jour où elle pète les plombs et décide de te couper en morceaux ! Tu ne sais pas ce que ça fait d’en arriver au point d’être soulagée de voir sa mère passée au tribunal et de décider de l’oublier ! Oh non, tu ne sais pas ce que ça fait de faire et refaire le même cauchemar pendant des années où tu as peur de mourir ! »

Au fil de ses paroles, les larmes s’étaient mises à rouler sur les joues de la préfète, trop longtemps contenues et ravalées comme toutes ces souffrances et ces non-dits qu’elle avait gardés au fond d’elle et qu’elle recrachait aujourd’hui à la figure de sa mère. Encaissant les coups sans ciller, la principale concernée ne suivit que son instinct maternel et eut un élan de compassion pour sa fille en tendant sa main par dessus le marbre pour prendre celle de sa fille.

Can you use these tears to put out the fires in my soul ?
'Cause I need you here…


Nelly eut un mouvement de recul et retira prestement sa main. Éline, livide, observait la scène sans rien dire, une main posée sur ses lèvres, tandis que le regard de Mike, impuissant face à ce qu’il se jouait devant lui, passait de sa mère à sa sœur. Sans prendre la peine d’essuyer ses larmes, Nelly plongea sa main dans son sac qu'elle avait abandonné sur la table à son arrivée et en sortit sa baguette qu'elle pointa droit sur sa mère.

'Cause I've been shaking
I've been bending backwards till I'm broke
Watching all these dreams go up in smoke


« Woh Nelly à quoi tu joues ? s’inquiéta Éline en écarquillant les yeux.
- Avant je ne pouvais pas me défendre mais maintenant si. Et de beaucoup de façons, siffla Nelly en gardant sa mère en joue qui fixait la baguette dirigée sur elle.
- Tu n'oseras pas t'en servir…, souffla calmement Déborah en agitant la tête.
- Tu crois ? D’un mouvement rapide du poignet, elle envoya valser le verre de sa mère qui explosa en mille morceaux sur le mur à l’autre bout de la pièce. Éline poussa un petit cri de stupeur et rentra la tête dans ses épaules.
Si tu ne pars pas d'ici tout de suite, je n'hésiterai pas, menaça la jeune femme, la voix rendue rauque par l’émotion et le souffle court. Le moindre mot lui demandait toujours plus d’effort tant sa gorge était nouée par la colère qui grondait en elle, et les larmes continuaient de couler malgré elle.
- Nelly, calme toi, intervint doucement Mike en posant une main sur l’avant bras de sa sœur.
- Ne t’en mêle pas, » le coupa sèchement la Serpentard en dégageant son bras.

Elle ne voulait pas qu’il s’interpose, cela se jouait entre elle et sa mère. Et si cette dernière ne quittait pas rapidement les lieux, elle comptait bien mettre ses menaces à exécution. Elle ne voulait plus la voir, elle ne voulait plus l’entendre, elle n’en avait rien à faire de ses excuses et de ses jérémiades. Elle voulait qu’elle parte, maintenant !
Les yeux rivés sur la baguette pointée droit sur elle et sur sa fille qui la menaçait, Déborah sentit ses derniers espoirs et ses dernières forces s’envoler. C’était peine perdue. Nelly voulait la voir partir et son ton était sans appel. Irait-elle jusqu’à mettre ses menaces à exécution ? Irait-elle jusqu’à utiliser la magie pour lui faire payer ce qu’elle lui avait fait, pour se venger ?

Let beauty come out of ashes
Let beauty come out of ashes
And when I pray to God all I ask is
Can beauty come out of ashes ?


« Inutile de se mettre dans des états pareils…, tenta Déborah en levant une main.
- Va t-en ! cracha Nelly. Laisse nous tranquilles ! Laisse moi… Sa voix se brisa alors qu’un nouveau sanglot montait dans sa gorge.
- Tu devrais y aller, suggéra Mike d’une voix blanche en coulant un regard à sa mère. Éline émergea alors de sa torpeur et intervint à son tour.
- Oui… Viens maman, » souffla-t-elle en posant une main sur l’épaule de sa mère pour l’inviter à la suivre.

Les deux femmes se levèrent alors et traversèrent la pièce à vivre pour rejoindre l’étage inférieur et la porte d’entrée. Juste avant de quitter le salon, Déborah Williams s’arrêta pour jeter un dernier coup d’œil à Nelly.

« J’espère qu’un jour tu accepteras de m’écouter, » lui dit-elle calmement, les yeux brillants.

Can beauty come out of ashes ?


Michael et Nelly s’étaient levés de leur siège et les avaient suivies du regard. La préfète resserra ses doigts autour de sa baguette et ne le baissa que lorsque sa mère eut quitté son champ de vision, ne réagissant même pas à ses dernières paroles.
Dans une drôle de grimace, de nouvelles larmes s’échappèrent de ses yeux et, dans un cri rageur, presque libérateur, sa baguette magique fendit l’air et la baie vitrée la plus proche explosa. Les morceaux de verre coupants volèrent à l’extérieur de la maison, emportés par le souffle de la déflagration. La main de Nelly retomba le long de son corps et, sans accorder un regard à son frère qui s’était couvert la tête des deux mains, elle quitta la pièce.

Épuisée et remplie de rage, la jeune femme se laissa tomber sur son lit, le visage enfoui dans son oreiller, sans, cette fois, retenir ses pleurs. Des larmes perlaient au coin de ses yeux et venaient mouiller le tissu de sa taie d’oreiller ou roulaient jusqu’à ses lèvres pour y laisser leur goût salé. Toute sa douleur, toute sa colère remontaient et ressortaient avec force, secouant son corps de sanglots.
Au bout d’un certain temps, la porte de sa chambre s’ouvrit doucement.

« Nelly ? Mike passa prudemment la tête dans l’entrebâillement de la porte. La préfète empoigna sa baguette resté sur le lit à côté d’elle et la pointa sur la porte qui claqua au nez du jeune homme et se verrouilla.
- Laisse moi !
- On veut juste savoir si tu vas bien… La voix quelque peu étouffée d’Éline lui parvint.
- Foutez moi la paix putain ! »

Nelly enfonça sa tête dans son oreiller et se boucha les oreilles. Qu’est ce qu’ils ne comprenaient pas ? Elle voulait être seule ! Que le monde entier lui fiche la paix !

Elle resta ainsi de longues minutes, peut-être une heure, ou plus, elle ne savait pas, elle avait perdu toute notion du temps. Difficilement, elle se redressa dans son lit, tendit la main vers sa table de chevet et attrapa son Pear pour consulter l’heure ; dix-neuf heures passées. La préfète ferma les yeux et posa le téléphone sur son ventre. Elle avait besoin de parler de ce qu’il s’était passé à quelqu’un, elle ne pouvait pas garder ça pour elle…
L'idée d'appeler Virgil lui traversa l'esprit. Elle déverrouilla son Pear, chercha le nom du jeune homme dans ses contacts mais se ravisa au dernier moment, le pouce au dessus du téléphone magique. Non... Elle pouvait affronter ça seule. Il était hors de question qu'elle s'abaisse à la demoiselle en détresse qui appelle son prince charmant à la rescousse. Et puis, pourquoi appellerait-elle Virgil ? Il ne serait probablement pas cabale de lui apporter le réconfort dont elle avait besoin. L’empathie, ce n'était pas son genre. De plus, les derniers messages qu’ils avaient échangés étaient quelque peu houleux et ils s’étaient pris la tête à propos de sa décision à réaliser le portrait de Magpie... Alors appeler le Gryffondor n’était pas la meilleure idée.
La jeune femme serra le Pear dans sa main et le ferma à contre cœur. Elle avait besoin de parler, pourtant, et elle aurait voulu pouvoir le faire avec Hannah ou Chloé mais elles ne savaient rien. Elle avait besoin de quelqu'un qui savait tout… Sans être de sa famille. Hors de question. Mike et Éline étaient bien les dernières personnes à qui elle voulait parler ; elle ne voulait pas se confronter à leurs paroles, leurs regards, leur compassion...

La jeune femme secoua la tête et se leva pour récupérer son smartphone moldu sur son bureau avant de se laisser tomber au sol, appuyée contre son lit. Après quelques secondes de réflexion, elle porta son téléphone à l’oreille.
Les membres crispés, les yeux fermés et comptant les tonalités, Nelly tenta de respirer profondément pour calmer ses tremblements avant que son correspondant ne décroche.

« Oui. Salut... dit elle faiblement. Non, ça va pas trop... Il se passe que... Sa voix se brisa et elle dut prendre une grande inspiration pour ne pas fondre en larmes. J'ai besoin de parler. Liam ? Est ce qu'on peut se voir ? »


RP TERMINE


Can beauty come out of ashes ? [OS Nelly] Nelly_11