De la colle et des paillettes [PV Lilly]

Andrew Warlock - 30 ans - Avocat

Une fois n'est pas coutume, Andrew était plutôt satisfait de quitter le bureau en fin d'après-midi. Le jeune avocat avait plutôt pour habitude de passer ses soirées sur ses dossiers, jusqu'à tomber de sommeil. Les conditions de travail au département de la justice magique étaient pourtant de plus en plus difficiles, mais il préférait s'énerver sur des vices de procédures et des jugements sans fondement plutôt que de rentrer chez lui et d'affronter la solitude de son appartement.

Daphnée vivait toujours avec lui, en théorie, mais les deux fiancés évitaient au maximum de se croiser et se contentaient de salutations cordiales quand c'était inévitable. Il était persuadé qu'elle voyait quelqu'un d'autre, et il ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Un jour il leur faudrait annoncer à leurs familles respectives qu'il n'y aurait pas de mariage. Andrew était persuadé que tout le monde l'avait déjà compris, pourtant il continuait de repousser l'échéance.

"Passez une bonne soirée, lança-t-il en déposant sa robe d'avocat sur la patère près de la porte, avant de récupérer sa cape d'hiver. A demain !"

Wanda, la secrétaire du département de la justice, fut si surprise de le voir partir à cette heure qu'elle le dévisagea un instant avec des yeux ronds, avant de retrouver ses automatismes.

"Bonne soirée Maitre Warlock !"

Andrew quitta rapidement l'enceinte du Ministère et retrouva avec soulagement la fraicheur de l'extérieur, avant de soupirer à la pensée de la soirée qui l'attendait. Il ne comprenait pas cette lubie de Lilly. Offrir un album photo pour les deux ans de Bianca était une bonne idée, mais pourquoi devraient-ils faire ça tous les deux ? Il ne l'avait croisé qu'à quelques reprises et la connaissait à peine. Il ne savait même pas comment elle avait obtenu les coordonnées de son par -il soupçonnait Eliott- et avait été plus que surpris de recevoir un message de la jeune femme. Il avait toutefois fini par accepter, uniquement pour se donner bonne conscience. Il voulait être un parrain à la hauteur, et si cela impliquait de passer deux heures à coller des photos dans un album, et bien soit.

Le jeune homme se retrouva rapidement dans la petite cour intérieure que Lilly lui avait indiquée comme idéale pour transplanter discrètement près de chez elle. Il n'aurait pas vraiment qualifié ce coupe-gorge aux odeurs douteuses "d'idéal", et se dépêcha de retrouver une artère plus passante. Il s'approchait de l'adresse indiquée par la jeune femme quand il réalisa qu'il n'avait rien acheté pour la remercier de son invitation. Il avait été trop bien éduqué pour se présenter chez quelqu'un les mains vides, et se retrouva donc à hésiter entre un fleuriste et un caviste, avant de se rabattre sur une pâtisserie dont la vitrine présentait des créations toutes plus appétissantes les unes que les autres.

Quelques minutes plus tard, le jeune avocat frappait trois coups contre la porte de l'appartement de Lilly, une boite en carton avec deux parts de tarte à la main, pas très enthousiaste à l'idée de passer les prochaines heure à faire du bricolage en compagnie d'une quasi-inconnue.

Depuis que Lilly avait commencé à s'investir dans la résistance avec la création du Kraken, on ne pouvait plus qualifier sa vie de "normale". Elle partageait son temps entre le ministère et le LEXIT, dormait quelques heures dans la journée si elle avait le temps, et sautait un repas sur deux. Elle était épuisée, elle le reconnaissait volontiers, mais elle ne pouvait pas faire autrement et ne voyait pas l'intérêt de se plaindre de son sort.

De temps en temps, cependant, elle s'efforçait de se ménager du temps pour elle, bien consciente que ses moments-là étaient précieux et qu'elle ne pouvait décidément pas passer à côté. Un verre après le travail avec ses collègues, un repas avec Jeremy et Juliet dans les cuisines de Ste Agnès, un brunch avec Charlotte à Oxford, un goûter avec Bianca, qui grandissait à vue d'oeil... C'était pour cette dernière que Lilly s'était dégagée sa fin d'après-midi et que sa table était recouverte de bâtonnets de colle, de gommettes dorées, et de scotchs à paillettes. Noël approchait à grands pas, et Lilly avait décidé d'offrir à la famille Meyer-Warlock un joli album photo de la naissance de Bianca jusqu'à ses deux ans, qu'elle prendrait début janvier. C'était un cadeau commun avec Andrew, le parrain de la petite, qui ne devrait pas tarder à arriver chez elle.

Il avait essayé d'éviter ce rendez-vous au maximum, lui proposant notamment de lui faire un chèque en guise de participation, mais Lilly avait été intraitable : cet album photo serait réalisé par la marraine et le parrain de Bianca, et sans magie s'il-vous-plait. Or, comme Lilly était probablement l'une des Gryffondor les plus têtues que Poudlard n'ait jamais connu, Andrew avait fini par céder - probablement pour qu'elle le laisse enfin tranquille.

Les trois coups frappés à la porte la tirèrent de ses pensées et elle se dirigea vers l'entrée.

"Bonsoir Andrew." le salua Lilly avec un sourire avenant. "Entre, je t'en prie." lança-t-elle en s'effaçant pour le laisser passer.

Un miaulement curieux accueillit l'entrée d'Andrew : sur le canapé, Kenya observait le nouveau venu, l'air alerte.

"Je t'ai sorti absolument tout le matériel de torture." lança Lilly d'un ton joyeux en désignant la table chargée. "Est-ce que je peux te servir quelque chose à boire ? J'ai de la bière..." elle réprima un sourire en songeant qu'Andrew n'était pas le genre à boire des bières moldues en sortant du travail, "ou peut-être plutôt du vin ?"

Andrew Warlock - 30 ans - Avocat

Andrew retourna ses salutations à Lilly et suivit la jeune femme à l'intérieur de son appartement, qu'il ne put s'empêcher de détailler d'un regard curieux. L'endroit était joliment décoré et plutôt agréable, bien que pas parfaitement rangé. La vue de la pile de courriers qui s'entassait dans un coin de la cuisine -dont plusieurs semblaient être des factures- lui fit hausser un sourcil mais il ne fit évidement pas le moindre commentaire.

"Tu ne crois pas si bien dire, répliqua-t-il, mi-amusé mi-exaspéré quand elle parla de matériel de torture. Il jeta un regard suspicieux sur la table de la cuisine où était étalé des papiers colorés couverts de paillettes et plusieurs paires de ciseaux. Tu as conscience que tu vas devoir tout m'apprendre ? Et que je suis parfaitement incompétent en matière de collage ? "

Elle aurait très certainement été plus rapide et plus efficace sans lui. Il n'avait pas vraiment la fibre artistique et n'avait, à sa connaissance, jamais fait de bricolage ou quoi que ce soit d'approchant sans utiliser sa baguette magique, et il s'en portait très bien. Pourquoi se compliquer la vie quand deux sortilèges pouvaient venir à bout de cet album photos en quelques minutes seulement ? Il était toujours temps pour Lilly de réaliser qu'il ne lui serait d'aucune aide et de le mettre à la porte.

"Du vin ce sera parfait, merci. Il lui aurait fallu un peu plus fort que ça pour surmonter les longues heures de dure labeur qui l'attendaient, mais il se contenterait de ça. Il tendit la boite en carton de la pâtisserie à son hôte. J'ai amené le dessert, je ne savais pas ce que tu aimais, j'ai pris une tarte aux fruits et une au chocolat, tu choisiras."

S'avançant prudemment de quelques pas dans la cuisine, en restant à bonne distance de la table couverte de paillettes et autres trucs brillants, Andrew se débarrassa de sa cape, qu'il abandonna sur le dossier d'une chaise où trainait déjà une veste qui devait être celle de Lilly.

"J'adore cette photo, commenta-t-il en attrapant une photo posée sur la table où Bianca posait entre ces deux parents devant son premier sapin de noël, à côté d'une pile de cadeaux plus haute qu'elle. Charlotte rayonnait et Eliott avait cet air un peu idiot d'homme parfaitement heureux. Quant à Bianca, elle avait encore ses airs de bébés mais déjà un sourire de chipie. Ils étaient, il le reconnaissait, plutôt attendrissants.Elle grandit tellement vite."

Oui, contre toutes attentes Andrew Warlock pouvait se montrer sentimental, et avant même d'avoir bu le moindre verre de vin.

"Je ne m'y connais pas exactement non plus." reconnu Lilly avec un sourire penaud. "Mais ça ne doit être très compliqué ! A deux adultes on va bien réussir à vaincre ces gommettes..." Elle eut un sourire en coin en contemplant sa table, riant intérieurement en imaginant Andrew, les mains recouvertes de paillettes argentées. "Mais je crois que c'est important pour Charlotte de garder un lien avec ses origines moldues, alors..." expliqua-t-elle en haussant les épaules avec un sourire.

Alors ils allaient mettre de côté le fait qu'ils avaient un sens artistique probablement inexistant, et qu'Andrew préférerait probablement passer sa soirée à faire absolument n'importe quoi d'autre que de réaliser un album photo pour sa filleule sans utiliser sa baguette magique. Si elle était parfaitement honnête, elle devait bien avouer que cela l'amusait légèrement - non grandement - et qu'elle avait hâte de parler avec Eliott du jour où elle avait contraint son frère sang-pur à coller des gommettes.

"Oh c'est gentil, tu n'aurais pas dû !" lança Lilly en lui tendant un verre de vin. Elle s'était clairement mise à saliver au mot "chocolat" - pêcher mignon qu'elle cultivait depuis l'enfance. Elle se servit elle-même un verre, qu'elle porta à ses lèvres en observant la photo que lui désignait Andrew. "Je l'aime beaucoup aussi." sourit Lilly avant de fouiller parmi les photos qu'elle avait fait imprimer quelques jours plus tôt, "Mais je crois que ma préférée, c'est celle-ci." fit-elle en désignant une photographie où Bianca était assise sur la plage, hilare, ses petites mains refermées sur la manche d'une pelle en plastique rouge. Ses cheveux blonds voletaient au vent et ses jours étaient colorées de rouge. Elle avait l'air vivante, comme sur une photographie sorcière, et Lilly ne pouvait s'empêcher de sentir un sourire s'étirer sur ses lèvres à cette vision. "Oui, ce n'est déjà plus un bébé..." soupira-t-elle en observant les photos de Bianca prises quelques jours après sa naissance.

Elle but une longue gorgée de vin, et prit place à la table, l'observant avec l'air de celle qui sait qu'elle s'est lancée dans une entreprise un peu trop ambitieuse.

"Bon." lança-t-elle avec motivation. "Je pense qu'on peut coller les photos avec ça," elle désigna un scotch coloré dans les tons pastels (globalement les tons de cet album était le pêche, le vert d'eau, et l'or rose), "Et varier avec celui-là." fit-elle en montrant un autre rouleau. "Et on pourrait écrire quelques légendes dans les marges, histoire de situer les photos dans le temps..."

Andrew Warlock - 30 ans - Avocat

"Oui j'imagine..." répondit Andrew, évasif, quand Lilly affirma qu'il était important pour Charlotte de conserver un lien avec ses origines moldues.

De ce qu'il en savait, Eliott était encore plus attaché aux pratiques moldues que ne l'était sa femme -ce qui n'avait absolument aucune logique- mais il se garda de faire le moindre commentaire et se contenta de boire une gorgée de vin.

La photo que Lilly venait de sélectionner parmi les nombreux clichés disposés sur la table lui arracha un sourire alors qu’il reposait son verre. Bianca était sur la plage, et visiblement très heureuse de s'amuser avec une pelle rouge. Sur une photo magique on aurait même pu la voir rire aux éclats, et il était presque dommage que ce moment ait été figé ainsi sur le papier mais, même immobile, sa filleule restait particulièrement adorable.

Andrew observa Lilly s’installer à la table de la cuisine et, avec un soupir résigné, prit place en face d’elle en écoutant attentivement ses instructions. Il avala une nouvelle gorgée de vin et prit sur lui pour ne pas vider son verre. La tentation de s’alcooliser un peu pour réussir à affronter cette épreuve était grande, mais il tenait à faire bonne impression.

« Je veux bien me charger d’écrire les légendes, s’empressa-t-il de suggérer, ravi de pouvoir reléguer les tâches de collage à la jeune femme. J’écris très bien, mentit-il. Il ferait un effort. Je propose « Le jour où mes parents ont compris qu’ils ne pourraient jamais rien me refuser » pour celle-ci, souffla-t-il avec un sourire amusé en attrapant une photo où Bianca était assise à côté d’un énorme ours en peluche blanc, les yeux encore rouges de toutes les larmes qu’elle avait versées avant qu’Eliott n’accepte de lui acheter la peluche en question. Cette petite sait déjà trop bien s’y prendre ! »

Lui-même était incapable de lui refuser quoi que ce soit. Son emploi du temps bien chargé ne lui permettait pas de passer autant de temps avec Bianca qu’il ne l’aurait voulu mais il l’avait gardé à quelques reprises en compagnie de Paige, et s’était fait mener par le bout de la baguette -tant par sa nièce que par sa sœur d’ailleurs. Il soupçonnait sa cadette d’avoir appris à Bianca à maitriser le regard de chien battu à la perfection.

"Facile." taquina Lilly en lui tendant un stylo couleur or rose pour qu'il puisse inscrire les légendes à côté des photos.

Elle n'allait pas non plus faire sa difficile et lui imposer de coller des gommettes sur les pages de l'album photo ; elle pouvait s'en charger, et à vrai dire, elle ne savait pas si elle faisait véritablement confiance à Andrew pour faire quelque chose d'harmonieux... Enfin, elle n'était pas non plus très certaine d'y réussir.

"Parfait !" s'exclama Lilly en riant lorsque son coéquipier de collage lui proposa une légende plus qu'appropriée pour une photo. "Eliott ne peut rien lui refuser, elle le mène par le bout du nez..." sourit-elle en prenant une gorgée de vin.

Elle reporta ensuite son attention sur l'album, observant avec méfiance les différents éléments qu'elle avait acheté pour le décorer. Bon, des paillettes. Elle pouvait mettre des paillettes sur le bas de cette page, et les répartir de façon à former un dégradé. Sourcils froncés, la jeune femme observa les instructions notés à l'arrière du paquet pour comprendre comment l'utiliser, puis chercha du regard un bâtonnet de colle. Elle en appliqua avec sérieux, sortit le sachet de paillettes... Dont la moitié se répandit en dehors de la page - évidemment - et dont l'autre adhéra plus ou moins à la page. Le résultat n'était pas exactement celui recherché, mais ce n'était pas trop mal, commenta-t-elle intérieurement... Avant de lâcher un léger soupir en se rendant compte qu'elle n'avait fait qu'une minuscule portion. Elle prit une gorgée de vin, reporta son attention sur Andrew qui travaillait en silence à côté d'elle. N'était-ce qu'une impression ou avait-il lui aussi une grande envie de mourir ?

"Bon." lâcha Lilly. "Je pense qu'on va avoir de besoin de quelque chose d'un peu plus fort que ça pour survivre." Elle laissa passer un moment de silence. "Tu aimes le rhum ?"

Andrew Warlock - 30 ans - Avocat

Andrew laissa échapper un éclat de rire à l'entente de la remarque de Lilly. Eliott et Charlotte avaient clairement du soucis à se faire avec leur chipie de fille.

"Je plaide coupable, je ne peux pas lui résister non plus, avoua-t-il avant de boire une nouvelle gorgée de vin. Regarde-moi ces yeux, c'est déloyal !" ajouta-t-il avec un sourire ou Bianca fixait l'objectifs avec ses grands yeux clairs.

Andrew reposa son verre presque vide sur la table et observa avec un mélange d'admiration et d'amusement Lilly qui se lançait dans une entreprise complexe. Il la dévisagea avec curiosité alors qu'elle étalait la colle avec soin et étouffa un éclat de rire en voyant la moitié du sachet de paillettes se répandre sur la table de la cuisine. Il ne voulait pas dire, mais rien de tout cela ne serait arrivé avec la magie. Le résultat était étonnement plutôt réussi, constata-t-il alors que Lilly contemplait son oeuvre avec résignation.

"C'est pas mal ! assura-t-il. C'est...brillant." Beaucoup trop brillant, si on lui demandait son avis. Mais il n'était pas une petite fille de deux ans donc son avis importait peu.

Lui-même n'avait absolument pas progressé et était toujours en train d'hésiter entre deux stylos différents pour écrire les légendes sous les photos. Photos dont aucune n'avait été collée sur l'album pour le moment. Ils étaient décidément d'une efficacité redoutable.

"Bleu ou orange ?" demanda-t-il en levant devant lui un stylo vert d'eau et un autre or rose.

Le choix effectué, il s'appliqua à inscrire la première légende "Premier noël en famille - Décembre 2009" sur un morceau de papier beige, en usant de sa plus belle écriture. Cette tâche effectuée, il laissa échapper un long soupir face à l'étendu du travail qui les attendait. Ils venaient de passer cinq minutes sur cette première photo.

"Clairement, répondit-il quand Lilly affirma qu'ils allaient avoir besoin d'alcool plus fort pour survivre à cette soirée. Je ne suis pas certain que cela nous rende plus efficaces. Au contraire. Mais je ne dis pas non !" céda-t-il toutefois quand elle lui demanda s'il aimait le rhum.

Cette soirée ne s'annonçait finalement pas si désagréable que ça.

"Je ne peux pas te blâmer, je lui cède tout." soupira Lilly, qui avait patiemment laissé Bianca la coiffer pendant plus d'une demi-heure ; elle avait fini avec tellement de nœuds dans les cheveux qu'elle avait dû user de trois sorts différents pour les démêler. "Heureusement que Charlie est là, cette enfant va finir pourrie gâtée sinon..." plaisanta-t-elle avant de se mettre à la tâche.

Une tâche, qui, de toute évidence, était un peu trop ambitieuse pour les deux sorciers qu'ils étaient. Lilly, bien qu'elle cotôyait Charlotte et Jensen depuis des années et était donc relativement à l'aise avec le monde moldu, elle avait eu une enfance typiquement sorcière et se s'était jamais prêtée à ce genre d'activité. Mais elle savait que c'était important pour le couple de garder un lien fort avec le monde moldu.

"C'est vert d'eau" expliqua Lilly, un sourire en coin, en lui désignant un stylo avec lequel Andrew s'appliqua à inscrire une légende.

Formidable, ils avaient pris environ cinq minutes à écrire trois mots et à disposer quelques paillettes sur une feuille couleur pêche.

"Je ne sais pas si ça nous rendra plus efficace, mais peut-être que ça décuplera un peu notre sens artistique ?" proposa Lilly en se levant pour se diriger vers la cuisine. Elle ouvrit un placard et saisit une bouteille de rhum arrangé à l'ananas et à la vanille ainsi que deux verres. Elle en posa un devant Andrew qu'elle remplit. "A mes merveilleuses idées." lança-t-elle en portant un toast.

****

Plus d'une heure s'était écoulée, mais, en effet, Andrew et Lilly n'avaient pas énormément avancé. Quelques photos avaient rejoint l'album photo et avaient été légendées par les soins de l'avocat. La table de la salle à manger était remplie de paillettes en tout genre et de gommettes - dont une s'était retrouvée collée sur la joue gauche d'Andrew, sans que les deux adultes n'y prêtent vraiment attention. Au fur et à mesure que la bouteille de rhum descendait, la conversation entre eux s'était détendue.

"Attends, attends." coupa Lilly en collant une petite étoile sur le bord d'une photo. "Comment ça Eliott a été exclue de vos réceptions parce qu'il a été retrouvé en position compromettante avec une fille ?" Elle ne put réprimer un éclat de rire, "Définis position compromettante" ?

Andrew Warlock - 30 ans - Avocat

Comme ils s'y étaient attendus, le rhum arrangé servi par Lilly n'avait pas vraiment augmenté leur efficacité, bien au contraire. Ils avaient à peine collé une dizaine de photos, il y avait des paillettes absolument partout sur la table, et Andrew avait failli se couper le doigt à deux reprises avec un ciseau cranté. Le découpage et le collage étaient des disciplines particulièrement périlleuses après quelques verres d'alcool.

Le rhum avait, en revanche, permit de réchauffer un peu l'atmosphère. Le jeune avocat s'était débarrassé de sa cravate et de sa veste, et la conversation avait dérivé vers des sujets encore moins sérieux que l'album photos qu'ils étaient en train de confectionner. Ils en étaient à évoquer leurs souvenirs d'adolescence respectifs avec Charlotte et Eliott, et Andrew n'avait pas pu s'empêcher d'expliquer à Lilly comment son cadet s'était retrouvé banni de toutes les réceptions de Mamie Harris. C'était une histoire qu'il avait toujours trouvé très drôle, même si cet avis n'était pas partagé par ses parents.

"Et bien...Disons qu'il avait les mains très baladeuses, et pas seulement au-dessus de la ceinture, répondit-il avec un sourire entendu. Mrs. Harris était horrifiée, je crois qu'elle bien failli s'évanouir."

Ils se souvenaient très bien de la réaction de ses parents -furieux et très embarrassés. Quant à lui, il devait admettre qu'il avait été un peu jaloux de voir son petit-frère avoir plus de succès auprès des filles qu'il n'en avait à l'époque. Il avait alors dix-neuf ans et ne se serait jamais permis de faire ça derrière un buisson au beau milieu d'une réception mondaine. Il ne se le permettrait d'ailleurs toujours pas à l'heure actuelle. Mais Eliott était Eliott et ne connaissait visiblement aucune limite.

"Tu m'en dois une sur Charlotte maintenant ! lança-t-il en vidant son verre de rhum. Je suis sûr que vous n'étiez pas si sages que ça à Poudlard, vous non plus ! Bande de Gryffindors !"

La femme de son frère avait l'air d'être quelqu'un de plutôt responsable, mais il avait le sentiment que Lilly était un peu moins rangée. Il découvrait au cours de la soirée une jeune femme pleine de vie et plutôt drôle, et devait reconnaitre que sa compagnie était plutôt agréable. Il avait donc hâte d'en apprendre un peu plus sur ses frasques adolescentes.

"Eliott ?" répéta-t-elle, puis, elle ajouta aussitôt : "En fait, ça ne m'étonne pas trop." On parlait tout de même d'Eliott Warlock.

Elle connaissait bien le jeune père de famille et était surtout la meilleure amie de Charlotte. Or, il était bien connu que les deux Gryffondor parlaient beaucoup... Et n'oubliaient pas les détails croustillants des histoires. Avant que Charlotte ne vive avec Eliott, Lilly passait environ la moitié de la semaine chez la jeune femme. Lorsqu'elle s'était mise avec Alexander (qui était beaucoup moins sympa qu'Eliott), elles avaient conservé quelques habitudes et notamment leur fameux repas "Pizza-potins" du vendredi soir. Même aujourd'hui, même si elles avaient beaucoup moins de temps, elles essayaient de se ménager quelques moments privilégiés.

"Sur Charlotte ?" fit-elle, pensive. Son regard s'éclaira alors qu'un sourire s'étirait sur ses lèvres. "Tu savais que l'histoire entre Eliott et Charlotte a commencé à la fin de notre cinquième année ?" elle l'observa, amusée. "Ils avaient beaucoup bu et se sont embrassés à la fin de la soirée. Le problème c'est qu'ils l'ont complètement oublié... Enfin, Charlotte l'a oublié. Eliott s'est souvenu qu'il avait embrassé une fille mais ne savait absolument pas qui c'était. Evidemment, quand il a raconté cette histoire, personne ne l'a cru, évidement, et tout le monde lui a dit qu'il avait simplement embrassé Peaves."

La jeune femme ne put retenir un bref éclat de rire à ce souvenir. Cette douce époque lui paraissait si lointaine, si bien qu'elle avait presque du mal à croire qu'elle avait un jour existé.

"Et toi ?" interrogea Lilly en cachant son sourire malicieux dans son verre alors qu'elle reprenait une gorgée de rhum. "Je suis sûre que tu n'es pas aussi sage que ton frère veut le faire croire."

Andrew Warlock - 30 ans - Avocat

Andrew haussa les sourcils, surpris, en entendant Lilly expliquer que l'histoire entre Charlotte et Eliott avait commencé alors qu'ils étaient encore à Poudlard. A sa connaissance, les deux tourtereaux n'avaient commencé à se fréquenter que des années après leur sortie de l'école, où ils n'avaient toujours été que camarades de promotion. Il étouffa un rire en écoutant la chute de l'histoire. Lui qui pensait avoir découvert toutes les frasques de son frère depuis longtemps avait visiblement encore du travail.

"J'imagine à peu près l'état dans lequel ils devaient être à la fin de cette soirée..."

Il avait quitté Poudlard avant l'apparition des traditionnelles soirées de fin d'année mais en avait entendu parler par Eliott puis par Paige -qui avait prudemment attendu d'être sortie de l'école pour assumer sa participation à ces évènements. Peut-être avait-il ainsi loupé sa chance de rencontrer sa future femme ? S'il avait eu l'occasion de prendre part à ce genre de fête il n'aurait peut-être pas eu à se trouver une fiancée parmi les sang-purs de sa génération, songea-t-il avec une pensée amère pour ses fiançailles ratées. Il chassa ces idées en avalant une nouvelle gorgée de rhum, et répondit par un sourire amusé à la question de Lilly.

"Tant qu'il a dit "sage" et pas "chiant", je prends ça pour un compliment ! Son cadet ne s'était jamais privé de lui rappeler à quel point il n'était pas drôle. J'ai toujours eu une conduite irréprochable, ajouta-t-il avec l'air de celui qui ne dit pas toute la vérité, alors même que c'était tristement vrai. Jusqu'à aujourd'hui en tout cas..."

Il avait récemment fêté ses trente ans et, même adolescent, il ne s'était jamais rebellé contre son éducation ou conter l'autorité. Il avait toujours fait exactement ce que tout le monde attendait de lui, avait réussi sur le plan professionnel, choisi une fiancée qui plaisait à tout le monde sauf à lui, et avait protégé les intérêts de sa famille, mais il avait le sentiment d'être passé à côté d'une partie de sa vie. Peut-être n'était-il pas trop tard pour se rattraper ?

"Et toi ? Des écarts de conduite à confesser ?"

Lilly préféra ne rien répondre au commentaire d’Andrew. Il se pouvait, peut-être, que Eliott ait qualifié son frère de « chiant » une fois ou deux. Peut-être plus. Mais, dans une volonté de préserver les relations fraternelles entre les deux hommes Warlock, Lilly décida de taire cette information. Pour ça, et parce que, pour le moment, elle ne pouvait pas qualifier la conversation qu’elle avait avec Andrew de véritablement ennuyante.

En réalité, elle s’amusait plutôt bien, et avait cette douce impression de retrouver une vie à peu près normale le temps d’une soirée. Pas de mention du LEXIT, du gouvernement, de son implication dans la résistance… Cela la changeait assurément de son quotidien et égayait un peu sa soirée. Et qui aurait pu penser que Andrew Warlock, des gommettes et des paillettes soient à l’origine de son amusement ? Personne. Et sûrement pas Charlotte, quand elle le lui raconterait.

Une phrase d’Andrew la tira de ses pensées et elle lui envoya un sourire aussi étonné que malicieux. Elle ne connaissait pas grand-chose de sa vie, mais, aux dernières nouvelles qu’elle avait entendues, le jeune homme était fiancé à Daphné Greengrass depuis des années… Ou peut-être l’un des deux avait mis un terme aux fiançailles, comme le sous-entendait-il ? Lilly reprit une gorgée de boisson, cachant sa curiosité dans son verre.

»Des écarts de conduite ? » répéta-t-elle, pensive.

Il y en avait eu – tellement. Ils étaient de loin sa plus grande honte, qui la rongeait encore aujourd’hui, même si elle s’efforçait de faire la paix avec elle-même. Lilly n’avait jamais été une femme qui respectait scrupuleusement les règles, et, malheureusement, cet aspect de sa personnalité avait fait souffrir plus d’une personne de son entourage, son ex-fiancé le premier.

(color=violet] « Beaucoup. »[/color] avoua-t-elle, honnête. « J’ai été fiancée jeune et le mariage a été… J’ai annulé le mariage. Alors après, j’ai eu besoin de m’égarer un peu. » éluda-t-elle simplement, peu désireuse d’en dire plus.

Il y avait eu les hommes rencontrés dans un bar, celui qu’elle fréquentait souvent après le travail, et ceux qu’elle avait rencontré au ministère. Il y avait eu ceux qu’elle n’avait connu que le temps d’une nuit, et ceux qui avaient partagé une minuscule parcelle de son quotidien pendant un bref moment. Puis il y avait eu Jensen, encore et toujours, qu’elle avait retrouvé avec bonheur et qui, désormais, était parti. Depuis, il n’y avait plus eu personne.

« Bienvenue au club, j’imagine ? » finit-elle par demander, sans détour.

Quand bien même elle n’avait rien appris sur les fiançailles d’Andrew Warlock, cela faisait plus de trois ans qu’il avait annoncé son mariage avec Daphné, sans que celui-ci ne soit organisé. C’était suffisamment étonnant pour être souligné – surtout chez les Sang-Pur – et, honnêtement, Lilly avait trop longtemps été la « fiancée qui fuit » pour ne pas reconnaitre ses pairs.

Andrew Warlock - 30 ans - Avocat

« Il faut bien que jeunesse se fasse » récita-t-il avec un sourire amusé quand Lilly lui avoua avoir de nombreux écarts de conduite à confesser.

C’était une rengaine qu’il avait souvent entendue, généralement à propos d’Eliott d’ailleurs. Jamais de la bouche de ses parents, qui considéraient que jeunesse pouvait très bien se faire dans le respect des règles, mais peut-être de celle de Léopold. Cela lui ressemblait bien.

« Oui, je comprends… » répondit-il, pensif, quand la jeune femme lui expliqua avoir eu besoin de « s’égarer » après avoir annulé son mariage avec son amour de jeunesse.

Lui-même avait de plus en plus l’impression d'étouffer, de s’oppresser lui-même avec des principes en lesquels il ne croyait plus. Il avait toujours fait ce qu’il fallait, il avait suivi les règles, il avait ménagé tout le monde et avait pensé aux autres avant de penser à lui, tout ça pour quoi ? Il n’était pas heureux. Il regrettait beaucoup de ses choix, et remettait toute sa vie en cause. Même son métier ne lui plaisait plus tant que ça. On ne lui confiait plus aucune affaire intéressante et il était considéré comme persona non grata au Ministère -le sort de tous les anciens opposant politiques. Et sa vie personnelle ne lui apportait pas plus de satisfaction que sa vie professionnelle.

Comme si elle avait suivi le cheminement de ses pensées, Lilly laissa entendre que lui aussi faisait partie du club des fiancés qui n’avaient pas célébré leurs noces. Le fait qu’il soit fiancé depuis trois ans avec Daphnée et qu’aucune date n’ait été annoncé pour leur mariage faisait naitre de plus en plus de rumeurs et les deux jeunes sang-purs étaient conscients qu’il leur faudrait vite annoncer qu’il n’y aurait, finalement, pas de mariage. Pourtant ils continuaient de repousser l’échéance, comme si vivre dans ce mensonge leur convenait. Mais cela ne lui convenait plus du tout. Il voulait vivre, pour de bon, tomber amoureux, en souffrir, et tomber encore. Il voulait faire des erreurs, apprendre et recommencer. Il voulait faire ce qu’il voulait, sans penser aux autres, sans agir par intérêt. Il voulait s’égarer, comme l’avait fait Lilly.

« A nos mariages ratés ! lança-t-il, un peu amer, en levant son verre de rhum presque vide. Et à l’égarement alors, ajouta-t-il, radoucit, en faisant tinter son verre contre celui de Lilly. Que nous puissions nous perdre ensemble ! »

Il n’avait pas exactement prévu de tourner sa phrase comme ça -le rhum commençait à faire son effet- mais ne se corrigea pas. Il avait plutôt l’intention de se perdre seul de son côté, avec l’espoir qu’il finirait peut-être par se trouver. Mais il n’était pas contre se perdre un peu en compagnie de Lilly. Plus la soirée avançait plus la jeune femme lui était agréable. Il ne ressentait aucun jugement de sa part, elle était drôle et souriante. Pour ne rien gâcher à ce tableau, elle était également très jolie, même avec des paillettes collées dans les cheveux et du feutre sur les doigts.

Andrew comprenait, et, aux yeux de Lilly, ces deux petits mots, apparemment inoffensifs, voulaient tout dire. Ce n'était pas tant qu'il comprenait la situation dans laquelle elle s'était retrouvée, quelques années plus tôt, mais plutôt qu'il en vivait une similaire. Elle avait aimé Jensen, pourtant, alors qu'elle soupçonnait l'avocat de n'avoir fait qu'une union de convenance ; mais tous les deux se rejoignaient sur un point : leurs fiançailles avaient été factices.

Lilly n'avait pas envie de se marier ; d'ailleurs elle se demandait véritablement si elle le souhaiterait un jour. On ne s'en rendait peut-être pas compte, lorsqu'on se réjouissait de l'union des autres, mais le mariage pesait un véritable poids sur les épaules. On avait attendu des choses d'elle qu'elle n'était pas capable de donner. Elle se mariait alors il fallait qu'elle déménage, qu'elle achète une maison, un chien, et des bégonias. Elle se mariait alors il fallait qu'elle pense aux enfants, aux écoles dans lesquelles elle pourrait les inscrire. Elle se mariait alors il fallait qu'elle prenne soin d'économiser, d'épargner, de mettre de côté. Elle avait essayé de tenir ce rôle pendant ces fiançailles et avait lamentablement échoué. Parce qu'elle ne voulait pas de cette vie-là, parce qu'elle ne pouvait pas continuer à jouer un rôle pour faire plaisir à sa famille, pour faire plaisir à son fiancé. Alors elle avait tout fichu en l'air.

"Aux mariages ratés." répéta-t-elle en levant son verre pour trinquer avec Andrew.

La suite de son toast la laissa silencieuse, surprise de ses propos. Un léger sourire s'étira sur ses lèvres alors qu'elle se penchait vers lui.

"Tu commences déjà à t'égarer chez moi, j'ai l'impression." Elle effleura sa joue avec ses doigts pour ôter l'étoile dorée qui était collée sur sa joue. "Je ne pensais pas voir de si tôt Andrew Warlock avec des paillettes sur le visage."[/color]

Andrew Warlock - 30 ans - Avocat

Andrew ne s'écarta pas en voyant Lilly se rapprocher de lui avec un sourire amusé. Il détailla son visage d'un regard brillant, remarquant pour la première fois ses jolis yeux clairs, et une douce chaleur se répandit doucement en lui face à cette vision. Il se sentit frémir alors que la main de la jeune femme frôlait sa joue et il laissa échapper un rire quand elle retira la paillette dorée qui s'était visiblement collée sur sa joue. Effectivement, il s'égarait un peu, et dans d'autres circonstances il aurait pu facilement être embarrassé par la situation, mais il se sentait étrangement bien.

"Je l'avoue, c'est une première, répondit-il avec un sourire, sans la quitter des yeux. Mais tu es mal placée pour te moquer ! Il tendit le bras et attrapa une mèche de cheveux blonds dont l'extrémité avait apparement trempé dans la colle et les paillettes. Tu portes le bleu à merveilles. Pardon, le vert d'eau ! "

C'était réellement le cas, songea-t-il en observant les joues légèrement rosies de la jeune femme. Elle était belle, même avec des paillettes bleues partout. Il laissa la mèche de cheveux blonds glisser entre ses doigts mais sa main resta suspendue un instant à proximité du visage de Lilly, lui effleurant presque la joue. Main qui se glissa finalement tout doucement dans le cou de la jolie blonde.

Andrew était quelqu'un de réfléchi, il n'agissait jamais sans avoir analysé la situation au préalable. C'était un cérébral, qui écoutait sa raison plutôt que son instinct et qui luttait contre ses envies. Il n'avait pas l'habitude de profiter, de vivre l'instant présent sans penser aux conséquences, et il en avait marre. Il avait envie de s'écouter, pour une fois.

Sa main s'égara dans la nuque de Lilly, ses doigts se glissèrent dans ses cheveux blonds, et il envoya valser tous ses principes. Sans se laisser le temps de réfléchir et de penser à toutes les raisons pour lesquelles il ne devrait pas faire ça, il se pencha vers elle pour s'emparer de ses lèvres.

Le ton enfantin de la soirée avait radicalement changé, en l'espace de quelques secondes. Le regard qu'Andrew posait sur elle n'avait rien d'innocent, le contact attardé qu'elle avait porté sur sa joue non plus. Elle l'observa saisir une mèche de ses cheveux entre ses doigts, et éclata de rire à sa remarque.

"Ne te moque pas !" lança-t-elle avec un sourire, les yeux brillant d'amusement, "Je savais que étais incapable de faire la distinction entre le beige et le pêche, c'est pour ça que je me suis chargée des couleurs."

Sa taquinerie finit par mourir sur ses lèvres, alors que la main d'Andrew glissait contre son cou. Lilly resta silencieuse, le regard accroché à celui de l'avocat, alors que les secondes s'écoulaient, lentement, à l'inverse de son coeur dont les battements s'étaient drastiquement accélérés.

Il y avait pleins de raisons pour lesquelles elle aurait dû s'éloigner, se dégager de son étreinte, mais aucune de lui traversa l'esprit. Doucement, elle posa une main sur sa joue, laissant des paillettes dorées dans la barbe de trois jours de l'avocat. Lorsqu'il se pencha vers elle pour capturer ses lèvres, un soupir de satisfaction lui échappa alors qu'elle approfondissait l'étreinte. Sa main quitta sa mâchoire pour se perdre dans ses cheveux, puis glissa le long de son torse. Elle sourit contre les lèvres d'Andrew en sentant sous ses doigts l'étoffe de sa chemise bien coupé, dont il avait ouvert seulement le premier bouton quelques heures plus tôt. Elle joua un instant avec le tissu pour l'attirer plus proche d'elle. L'étreinte s'intensifia, et, d'un mouvement malencontreux de coude, le contenu d'un verre fut renversé sur la table. Il ne fallu qu'un réflexe miraculeux de la part de Lilly pour sauver in-extremis l'album qu'ils étaient en train de réaliser. Elle s'en empara et le souleva, laissant le rhum s'écouler copieusement sur son chemisier et goûter sur le pantalon d'Andrew.

Les joues rouges, le regard brillant, elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en coin. "Excuse-moi." lança-t-elle toutefois en déposant précautionneusement l'album photo sur le bar de la cuisine, avant d'essuyer la table avec une éponge.

Un frisson lui parcourut le dos alors que les doigts de Lilly s'accrochait au col de sa chemise et effleurait son torse, et il laissa sa main glisser dans le creux du dos de la jeune femme alors que l'autre se perdait dans ses cheveux blonds. Il avait oublié toutes les raisons pour lesquelles ce baiser aurait du être une mauvaise idée, cette étreinte lui paraissait juste, authentique. La spontanéité n'était pas son point fort, et il s'accordait rarement le droit de faire ce dont il avait envie, sans penser aux conséquences, mais pour une fois il enferma sa conscience dans un coin dans un esprit et l'ignora royalement.

Andrew entendit le bruit de verre renversé et songea que c'était probablement une tentative du destin de les rappeler à l'ordre. Il se figea aussitôt alors que Lilly s'emparait de l'album pour le soulever et le sauver du rhum qui se répandit sur la table, jusque sur leurs vêtements. Bien. Le message était clair, merci Merlin.

L'avocat rendit son sourire en coin à la jeune femme et s'éloigna un peu de la table de la cuisine pour limiter les dégâts. Il chercha des yeux sa baguette pour nettoyer la table, mais Lilly l'avait devancé avec une éponge.

"Il n'y a pas de mal," répondit-il sans se départir de son sourire.

Etaient-ils censés considérer cet incident comme une chance de s'arrêter avant que les choses ne dérapent, ou pouvaient-ils l'ignorer et continuer ce qu'ils avaient commencé ? Son cerveau et son coeur (appelons ça son coeur) lui dictaient deux réponses tout à fait différentes.

"Il va falloir te resservir un verre maintenant, lança-t-il pour rompre le silence un peu gênant qui s'était installés. Il attrapa le verre désormais vide et le remplit à moitié de rhum arrangé avant de le tendre à la jeune femme, plantant son regard dans le sien. Où en étions-nous ?"

Où en étaient-ils dans l'album photo avant qu'ils ne s'égarent ? Ou en étaient-ils dans cet égarement avant que le verre ne se renverse ? Il laissait le choix à Lilly de répondre comme il lui plaisait.

La situation était parfaitement incongrue, songea Lilly en essuyant la table avec une éponge. Elle avait bien vu qu'Andrew avait voulu saisir sa baguette, mais elle avait été plus rapide que lui. Elle aimait bien vivre à la moldue, chez elle, notamment parce que la majorité de ses équipements étaient moldus et avaient tendance à tomber en panne lorsqu'elle faisait trop de magie à côté. La table épongée, elle se retourna vers l'avocat, qui affichait un sourire et lui resservit un verre.

Comment étaient-ils censés poursuivre cette soirée ? De toute évidence, Andrew lui laissait le choix, à en croire sa dernière phrase. Lilly, qui passait un moment très agréable en sa compagnie, n'était pas certaine d'avoir envie de reprendre son atelier collage.

"On en était à ne jamais expliquer à notre filleule comment son parrain et sa marraine on réalisé son album." lança-t-elle avec sourire en coin en se rapprochant d'Andrew.

Elle leva les yeux vers lui - Andrew était peut-être plus petit qu'Eliott mais Lilly était globalement très petite - et glissa ses mains sur son torse pour jouer avec sa chemise, dont les premiers boutons étaient ouverts.

"Tu ne sais même pas faire la distinction entre les couleurs, de toute façon." commenta-t-elle en haussant les sourcils, avant de défaire doucement un bouton de sa chemise, quelque peu imbibée de rhum, puis laissa ses lèvres courir le long de son cou. "Alors à moins que tu aies très envie d'apprendre, ce soir, à faire la différence entre rose et pêche..." elle laissa sa phrase en suspend et déposa un léger baiser sous son oreille.

HRP:

Un sourire amusé s'étira sur les lèvres d'Andrew à l'entente de la réponse de Lilly. Il vaudrait mieux qu'ils évitent de raconter à Bianca la soirée de confection de son album photo, effectivement. Le jeune avocat chassa de son esprit toute pensée concernant sa filleule, le fait que lui et Lilly seraient forcément amener à se revoir, ou qu'elle soit une amie de son frère. A vrai dire, il chassa toute pensée de son esprit, tout court, et se laissa uniquement guider par son coeur ().

"Je suis certain que tu inventes des couleurs qui n'existe pas..." répondit-il avec un sourire en coin alors que la jeune femme s'attaquait aux boutons de sa chemise.

Il glissa une main dans ses cheveux blonds et l'autre autour de sa taille pour l'attirer contre lui et plongea son visage dans son coup pour inspirer son odeur et déposer un baiser contre sa peau. Il était complètement enivré par son parfum -et par le rhum arrangé- et n'avait aucune envie d'interrompre ce moment, surtout pas pour recommencer à faire du collage.

"Je propose que l'on remette l'apprentissage des couleurs à plus tard..."

Ses mains glissèrent du creux du dos de la jeune femme jusqu'en haut de ses cuisses et il la souleva légèrement pour la reposer délicatement sur la table de la cuisine avant de s'emparer de ses lèvres à nouveau.  

*Boite à meuh*

"Bonne idée." souffla Lilly contre les lèvres d'Andrew alors que ce dernier lui proposait de remettre l'apprentissage des couleurs à plus tard. Elle glissa ses mains sous la chemise d'Andrew, désormais complètement déboutonnée et apprécia son corps nu sous ses paumes brûlantes.



Ils n'avaient même pas fait l'effort d'atteindre son lit, constata Lilly avec un sourire en coin, serrée contre Andrew sur le canapé de son salon. Elle resta immobile un moment pour reprendre son souffle, le coeur battant à une vitesse folle. Avec le temps, les effets du rhum s'étaient dissipés, si bien qu'elle se sentait complètement sobre et prenait réellement conscience ce qu'ils venaient de faire. Elle préféra ne pas trop s'attarder sur le fait qu'Andrew était le parrain de Bianca, et accessoirement le frère d'Eliott, bien que cette pensée lui tira un sourire amusé. L'espace d'un instant, elle s'était sentie bien. Elle n'avait pas eu l'impression d'être à la tête du plus gros mouvement de résistance du pays, d'être traquée par un gouvernement au sein duquel elle travaillait... Elle s'était simplement sentie entière, et surtout, elle s'était simplement sentie vivante.

Elle se retourna avec précaution pour faire face à Andrew et leva sur lui un regard assez doux, dans lequel elle voulait simplement faire passer l'apaisement qui l'habitait, elle d'ordinaire en proie à de sévères doutes. Elle embrassa sa mâchoire - l'un de des seuls endroits qu'elle pouvait atteindre sans basculer dans le vide. Elle constata, en avisant la luminosité de la pièce, que la nuit devait être tombée depuis longtemps. Elle constata, en même temps, qu'elle mourrait de faim.

"Qu'est-ce que tu veux faire ?" chuchota-t-elle, sans trop de raison, parce qu'ils étaient seuls dans la pièce. Elle rajouta avec un sourire compréhensif, "Je ne te force pas à rester avec moi." Son ventre choisit ce moment pour gargouiller, et elle lâcha un petit rire. "Je vais commander quelque chose à manger."

Et à la moldue, s'il-vous-plait.

Andrew ferma les paupières un instant et se laissa envahir par une douce torpeur. Il se sentait particulièrement bien, Lilly blottie contre lui, dans la semi-obscurité de son salon un peu désordonné. Il avait passé un moment très agréable et ne le regrettait pas le moins de monde, pourtant il savait qu'il suffirait qu'il rouvre les yeux pour que son cerveau se remette en marche et ne lui dresse la liste des trente-sept raisons pour lesquelles il n'aurait pas dû faire ça. Raison numéro 1 : Lilly était la marraine de Bianca, et ils allaient donc se recroiser régulièrement pendant les dix-huit prochaines années, ce qui serait forcément gênant.

Pourtant, il n'y avait aucun malaise entre eux quand la jeune femme se retourna doucement contre lui pour lui faire face. Le jeune homme raffermit un peu son étreinte autour d'elle, tant pour profiter encore un peu de la chaleur de son corps que pour l'empêcher de tomber du canapé.

"Je suis un otage consentant, murmura-t-il en guise de réponse quand elle lui assura qu'il n'était pas obligé de rester avec elle. Sauf si...Tu veux peut-être que je te laisse tranquille ?" ajouta-t-il un peu plus fort en réalisant qu'il était peut-être en train de s'imposer là où elle aurait souhaité être seule.

Fidèle à lui-même, il était en train de transformer ce doux moment de spontanéité en situation embarassante, mais fut heureusement sauvé par l'estomac de Lilly qui choisit ce moment pour se manifester, arrachant un sourire amusé au jeune avocat.

"Excellente idée, je meurs de faim aussi ! répondit-il en réalisant qu'il était effectivement affamé. Je ne pense pas que les rondelles d'orange imbibées de rhum soit un dîner très nourrissant...Mais, comment ça "commander" ?"

Il n'avait pas vu d'elfe de maison et ne comprenait pas très bien à qui elle prévoyait de commander le dîner. Il espérait qu'elle ne comptait pas sur lui, parce qu'il était très mauvais cuisinier. S'ils s'y étaient pris en avance ils auraient pu commander quelque chose à l'hypogriffe cendré, mais s'ils envoyaient un hiboux maintenant ils seraient servis pour le déjeuner du lendemain !  

Lilly ne put s'empêcher d'esquisser un sourire lorsqu'Andrew lui demanda si elle préférait qu'il la laisse seule. En guise de toute réponse, elle l'embrassa doucement sur les lèvres, bien décidée à profiter la chaleur de cette étreinte encore un peu.

Finalement, ce fut la faim qui les tira de cette torpeur relativement agréable. Il fallait qu'elle ingère quelque chose - autre que du rhum, entendons-nous bien - sinon, elle risquait de mourir. Comme cuisiner à cette heure avancée de la nuit n'était absolument pas une option envisageable - il ne s'agissait déjà pas d'une option envisageable à une heure raisonnable de la journée - Lilly émit l'idée de commander quelque chose à manger. La réponse interloquée d'Andrew lui tira un rire amusé et elle secoua doucement la tête.

"J'oublie que tu n'es pas habitué à la technomagie." elle esquissa un sourire, et tatonna quelques instants pour trouver son PearOne. Elle fit défiler les applications, jusqu'à tomber sur WitcherEats. Elle se cala un peu plus confortablement contre Andrew pour lui permettre de regarder l'écran avec elle. "Ici, tu as l'intégralité des restaurants à proximité qui peuvent nous livrer de la nourriture en moins de trente minutes." expliqua-t-elle. "Tu peux filtrer en fonction de ce que tu as envie de manger, par exemple. C'est un peu comme... Comme..." elle chercha une comparaison un instant, "Comme un réseau d'elfes de maison ?" tenta-t-elle pour lui faire comprendre le principe de la livraison à domicile.

Elle lui adressa un léger sourire avant de l'observer avec beaucoup de plus sérieux.

"Par exemple, de quoi as-tu faim, là maintenant ?"

"Je suis habitué ! J'ai un Pear Pro ! protesta-t-il sans grande conviction quand Lilly affirma qu'il n'était pas habitué à la tcehnomagie. Enfin, je m'habitue..."

Il reconnaissait volontiers quelques avantages pratiques au Pear, notamment pour la gestion de son agenda professionnel, mais il ne faisait pas partie de ces sorciers qui utilisaient désormais leur Pear pour gérer tous les aspects de leur vie. Il avait le sentiment d'avoir quatre-vingt-ans quand il voyait les jeunes stagiaires du Ministère dicter leurs conclusions directement à leur Pear plutôt que de les écrire sur parchemin. Mais il n'appartenait pas non plus aux sang-purs réactionnaires qui refusaient complètement la technomagie, il était juste un peu méfiant, et préférait ne pas partager toute sa vie avec Vargas Corp.

"C'est un peu intrusif, toute cette technmagie, poursuivit-il. Tu achètes un Pear Pro pour le boulot et tu te retrouves harcelé au sujet d'un album photos à coup de quatre messages par minutes..." ajouta-t-il avec un sourire moqueur.

Il ne regrettait pas d'avoir cédé face à l'insistance de Lilly, il se serait priver d'un agréable moment en sa compagnie s'il avait refusé de participer à l'élaboration de l'album, qui n'avait d'ailleurs pas beaucoup avancé. Il passa un bras autours de la jeune femme pour l'empêcher de tomber du canapé alors qu'elle se calait contre lui pour lui montrer l'écran de son Pear, sur lequel défilait des photos de plats tous plus appétissants les uns que les autres. Il éclata de rire en entendant sa comparaison avec un réseau d'elfe de maison -tout en notant cette idée- et secoua la tête, faussement vexé.

"Tu n'es pas obligé de me parler comme si j'avais 150 ans, je suis un homme moderne ! répliqua-t-il en riant, conscient de ne tromper personne. Je me suis déjà fait livré par le paradis d'Eden. Oui, parce qu'il était aussi un homme qui aimait les cupcakes. Bon, j'avais commandé par hiboux... Il soupira, vaincu. Tu aimes les sushis ?" s'enquit-il alors qu'un assortiment de makis s'affichait sur le Pear de Lilly.

La réponse d'Andrew lui tira un léger sourire ; oui, évidemment, il s'habituait à la technomagie (parce que, désormais, une grande majorité des sorciers étaient équipés d'un Pear), mais il venait d'une famille traditionnelle, et Lilly était prête à parier qu'ils étaient majoritairement réticent à ces avancées techniques, largement inspirées de celles des moldues. La réticence d'Andrew était toute autre, cependant, comme il lui fit remarquer en lui rappelant le caractère intrusif de ces dispositifs.

"Et vu comme on a avancé ce soir, prépare-toi à recevoir d'autres messages. Histoire qu'on ait fini avant noël." plaisanta-t-elle avec le même ton moqueur.

Elle lui expliqua ensuite le système de livraison à domicile, avec une pédagogie absolument délicieuse, contre laquelle il fit semblant de se révolter. Elle haussa toutefois les sourcils lorsqu'il lui apprit avoir commandé au Paradis d'Eden... Avant d'éclater de rire lorsqu'il lui avoua qu'il s'agissait d'un livraison par hibou. "Quel sorcier moderne." railla-t-elle gentiment, en déposant un baiser sur son épaule pour adoucir sa plaisanterie. "Ohh, tu parles mon langage, Warlock." poursuivit-elle lorsqu'il lui demanda si elle aimait les sushis (elle en raffolait). Quelques manoeuvres plus loin - et un argumentaire pour savoir s'il valait mieux manger ses sushis avec de la sauce sucrée ou salée - ils avaient commandé deux plateaux, qui arriveraient dans une dizaine de minutes, selon les estimations de l'application. Ils étaient encore enlacés sur le canapé, toujours aussi peu habillés, lorsque la sonnerie retentit.

"Je vais finir par devoir porter plainte pour harcèlement !" répondit Andrew en riant quand Lilly le mit en garde au sujet des autres messages qu'elle allait devoir lui envoyer pour qu'ils terminent cet album.

Il aurait pu faire une blague sur le fait qu'il s'agisse plutôt de harcèlements sexuel, vu comment s'était terminé leur première séance de loisirs créatifs, mais il jugea que ce ne serait pas de très bon goût et choisit de s'abstenir. N'est pas beauf qui veut. Il se demandait d'ailleurs si leurs prochaines soirées ensemble se termineraient de la même façon, ou s'il y aurait désormais une sorte de malaise entre eux. Les inquiétudes qu'il avait réussi à faire taire par il ne savait que miracle -le rhum arrangé- l'assaillaient de nouveau et il commençait à regretter d'avoir cédé si vite à ses désirs.

Il avait peur d'avoir gâché sa relation avec Lilly, qu'il serait forcément amené à côtoyer toute sa vie puisqu'elle était la marraine de Bianca. Mais au prix de grands efforts, le jeune avocat réussit toutefois à remettre cette séance de torture intérieure à plus tard, et se concentra sur les options de dîner que la jeune femme faisait défiler sous leurs yeux, non sans se moquer de lui au passage. Ils s'engagèrent alors dans un débat houleux sur le sujet de la sauce soja -qui pouvait bien manger de la sauce soja sucrée avec du poisson cru ?- qu'Andrew conclut avec un argument digne de ses plus grandes plaidoirie.

"Tu aimes les sushis avec du fromage frais, je suis navré mais à partir de là je ne pense pas que l'on puisse considérer ton opinion comme fiable !"

Ils avaient été si occupés à se disputer pour savoir qui avait meilleur goût en matière de sushis qu'ils en avait oublié de se lever et de s'habiller, aussi Andrew sursauta-t-il en entendant la sonnerie de l'appartement. Ah. En preux chevalier qu'il était, il décida d'aller braver le danger aux devants de Lilly et se mit donc en quête d'un caleçon ainsi que d'une chemise -qu'il ne prit même pas la peine de remettre à l'endroit. Il avait à peine fini d'enfiler son pantalon quand il ouvrit la porte pour affronter le regard vide du livreur, qui le détailla de haut en bas : cheveux en bataille, chemise à l'envers et à moitié ouverte, pieds nus, avant de lui tendre la commande.

"Merci beaucoup, bonne soirée !
- Vous aussi..."

Après un regard entendu, le livreur s'éloigna en direction des escaliers et Andrew revint dans le salon, les sourcils froncés, peu habitué à passer pour un coureur de jupons.

"Je crois que je me suis fait jugé par le livreur de sushis..." lança-t-il simplement avant de laisser échapper un éclat de rire face à au ridicule de la situation.