-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal

Fix you [PV Sofya]

Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 23 Juin 2019 - 22:43

08 août 2010

La porte de son appartement se referma sur Constantine et elle renonça finalement à lui jeter un objet à la figure. C'était trop tard, et elle n'en avait plus la force. Elle n'arrivait même pas à savoir si elle le haïssait ou si elle avait désespérement besoin de sa présence. Il était, paradoxalement, la source de sa souffrance mais aussi le seul à pouvoir comprendre ce qu'elle traversait.

Epuisée, Joséphine se laissa tomber sur le coin de son lit et attrapa sa tête entre ses mains. Elle était à bout de forces, et avait la sensation que son crâne allait exploser, mais elle ne voulait pas dormir. Elle avait trop peur de fermer les yeux. Elle était persuadée que si elle s'autorisait une seule minute de sommeil elle serait aussitôt assaillie par ses souvenirs et par des visions de son avenir. Cela faisait trois jours que Constantine essayait de provoquer ses transes, trois jours qu'elle était perdue entre le passé et le futur, trois jours qu'elle voyait s'enchainer des visions souvent incompréhensibles. Elle ne voulait plus rien voir.

Elle avait quitté son appartement cinq jours plus tôt, pensant être rentrée le lendemain. Elle savait que ce ne serait pas agréable, et qu'il lui faudrait s'approcher au plus près de l'état de transe, mais elle ne s'était pas préparée à ça. Si elle avait su à quel point cette expérience se révèlerait destructrice, elle n'aurait jamais accepté. Elle se rappela alors qu'elle n'avait prévenue personne de son absence et se pencha pour attraper son sac à main, qu'elle fouilla à la recherche de son Pear.

Ses doigts se refermèrent sur le journal de Camille et elle s'en empara d'une main tremblante. Elle l'observa un instant en silence, s'en remémora les derniers mots avec précision, et sentit une boule se former dans sa gorge. Dans un brusque accès de colère, elle jeta le précieux carnet de l'autre côté de la pièce, le regard chargé de haine. Elle mit quelques longues secondes à retrouver son calme et localisa finalement son Pear, au fond de son sac, où il était resté tout le temps de son séjour à Skye, faute de réseau. Elle avait huit messages d'Olga, la chorégraphe des Folies, qu'elle n'avait pas le courage d'affronter ce soir. Et quinze message de Sofya.

Des larmes de frustration lui montèrent aux yeux en pensant à sa petite-amie, qu'elle avait du abandonner sans explication. Elle mentait et mettait en péril sa relation, tout ça pour quoi ? Pour se retrouver avec l'esprit complètement retourné et hantée par les fantômes de son passé. Elle tenta de rédiger un message pour rassurer la comédienne et s'excuser de son absence, mais fut forcée d'abandonner. Elle ne pouvait pas simplement lui envoyer un message, elle avait besoin de la voir. Elle n'avait pas réalisé à quel point Sofya lui avait manqué, et à quel point sa présence lui était nécessaire à cet instant. Il n'y avait qu'auprès d'elle qu'elle pouvait espérer trouver un peu de réconfort.

La danseuse se releva, un peu chancelante, et mit un instant à se débarrasser des vertiges qui accompagnaient maintenant chacun de ses mouvements. Elle n'était pas certaine d'être en état de transplaner, mais refusait de perdre davantage de temps. Elle se traina jusqu'à sa salle de bain et s'aspergea le visage d'eau froide, ce qui eut au moins le mérite de la sortir un peu de cet état de torpeur. Elle se retrouva face à son reflet et ne put que constater l'ampleur des dégâts. Elle n'avait pas dormi plus de quelques heures depuis trois jours, ses yeux gonflés de fatigue était encore rougis par ses larmes, elle avait les lèvres sèches et le teint livide. Elle avait l'air malade. Elle renonça toutefois à essayer d'y remédier et quitta la salle de bain pour récupérer son sac.

Elle hésita une dernière fois, songea à appeler le Magicobus, mais ferma finalement les yeux, et se concentra sur sa destination en s'efforçant de tenir toute potentielle vision loin de son esprit. Elle n'en supporterait pas une de plus. Quelques seconde plus tard, elle sentit les sensations désagréables qui accompagnait le transplanage l'assaillir de toute part, et retint sa respiration. Un instant plus tard, elle se trouvait devant chez Sofya. Il était presque minuit. Elle aurait du appeler avant. Elle n'était même pas sûre que sa petite-amie soit chez elle. Tant pis, elle attendrait.

Le coeur serré et tremblante de fatigue, elle leva une main hésitante et frappa trois coups à la porte. Celle-ci s'ouvrit un instant plus tard sur une Sofya surprise et Joséphine se trouva sur le point de fondre en larme face à cette vision si réconfortante.

"Oh Sofya, je suis tellement désolée ! Elle se laissa tomber dans les bras de la comédienne et la serra fort contre elle, enfouissant son visage dans ses boucles épaisses et respirant son odeur familière. Elle aurait voulu rester ainsi des heures, et se nourrir de la simple présence de Sofya pour reprendre doucement des forces, mais elle savait qu'elle devait des explications à la jeune femme. Je suis désolée, répéta-t-elle dans un murmure en s'éloignant finalement d'elle. Est-ce que... Est-ce que je peux entrer ?" demanda-t-elle finalement avec un regard implorant.


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeVen 28 Juin 2019 - 10:31
Un roman dans une main, une jambe repliée sous son corps, Sofya lisait et relisait la même phrase depuis de longues minutes. Elle était attablée dans sa petite cuisine, appuyée contre le mur ocre, devant une assiette de pâtes au pesto et un grand verre de vin rouge. Du bout de la fourchette, elle piqua une pâte sans grande conviction et la porta à ses lèvres, plus par bonne conscience que par réel appétit.

Il était tard, l'appartement était plongé dans l'obscurité à l'exception d'une unique lampe à huile, et la lueur qui émanait de la fenêtre, grande ouverte pour laisser entrer l'air frais de la nuit. La ruelle était silencieuse, seuls quelques rires d'étudiants alcoolisés qui passaient par là et laissaient tomber une occasionnelle bouteille de biéraubeurre sur le pavé venaient troubler la tranquillité du voisinage.

Sofya avait l'habitude de manger à toute heure du jour ou de la nuit, et n'était pas très au fait du concept de mode de vie sain. Il n'y avait rien d'habituel à ce qu'elle grignote quelque chose entre deux missions, après une représentation théâtrale ou après une nuit de folie, aussi elle avait toujours quelques réserves de pâtes dans les placards.

Ce soir, elle était préoccupée. La mission d'espionnage que lui avait affecté Roy, auprès d'un petit gang de Liverpool suspecté d'avoir détourné de la marchandise des Veilleurs, n'avançait guère et sa prestation sur scène, le soir, n'avait pas été à son goût. Sofya se sentait en petite forme, incapable d'accorder sa pleine attention à une tâche unique, car elle était inquiète. Joséphine avait disparu, brusquement et sans préavis, et ses messages nombreux étaient restés lettre morte. Elle s'efforçait de se raisonner, de se dire que leur relation était toute fraiche et que la jolie danseuse ne lui devait rien. D'ailleurs, elles n'avaient jamais vraiment défini leur couple en ces termes, Sofya ne pouvait guère se payer le luxe d'être possessive étant donné leurs modes de vie respectifs et surtout la profession de Joséphine. Il n'était pas rare qu'elles passent plusieurs jours sans se voir ni même se donner de nouvelles, mais elles se prévenaient généralement de leur indisponibilité. Cette fois, rien de tout cela.

Alors Sofya était inquiète. Bien évidemment, son premier réflexe avait été de cuisiner Roy, qui avait été bien en peine de lui dire quoi que ce soit d'autre que "elle a pris des jours de congés". Explication qui ne satisfaisait guère la Veilleuse, qui avait d'ailleurs harcelé son chef en vain. Elle était bien placée pour savoir que la vie à Bristol et aux Folies n'était pas exempte de dangers. Robin avait été agressée au coeur même du cabaret, alors il pouvait très bien être arrivé quelque chose à Joséphine. D'abord désireuse de lui laisser sa liberté et de ne pas outrepasser sa place de petite-amie, Sofya s'était disciplinée, mais avait fini par craquer et par l'inonder de messages Pear. Pourtant, même son patronus n'avait pas semblé en mesure de la trouver...

Perdue dans ses pensées, Sofya sursauta si fort quand on frappa à sa porte qu'elle renversa une partie de son verre de vin sur sa chemise crème. Poussant un juron, elle épongea rapidement le tissu clair, avant de se précipiter vers sa porte d'entrée. A cette heure-ci, se pouvait-il que ce soit Joséphine ? Le cœur battant d'espoir et d'inquiétude mêlés, la comédienne ouvrit la porte et se trouva nez-à-nez avec sa petite-amie, dans un triste état. Ses yeux sombres s'arrondirent de surprise. Elle eut à peine le temps de percevoir un éclair de Joséphine - ses yeux gonflés de larmes, ses cernes et son teint anormalement pâle - avant qu'elle ne se jette dans ses bras avec un mot d'excuse.

Passé la surprise, Sofya resserra ses bras autour du corps fin de la danseuse, en réponse à la pression qu'elle exerçait dans son dos. Joséphine était si clairement bouleversée que son angoisse ne disparut pas totalement, malgré le soulagement de la retrouver. Malgré les milliers de questions qui fusaient dans sa tête, elle se contenta d'étreindre la jeune femme dans ses bras, comme pour la protéger et chasser tout danger au loin. Glissant une main sur ses cheveux, elle les caressa doucement, comme pour la rassurer. Quand Joséphine s'écarta finalement, son regard implorant lui serra le coeur.

"Bien sûr, entre", souffla-t-elle en s'écartant pour la laisser entrer. "Est-ce que ça va ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? Une tasse de thé ?"

Son inquiétude était nettement perceptible dans ses questions qui se bousculaient et sortaient pêle-mêle.

"Qu'est-ce qui s'est passé ?"

Car il s'était passé quelque chose. Joséphine n'était pas simplement partie en vacances profiter de ses jours de congés, un simple regard suffisait à l'en assurer.


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 7 Juil 2019 - 20:10
La main de Sofya qui caressait doucement ses cheveux et ses bras qui l'enlaçaient tendrement suffirent à apaiser un peu Joséphine, qui sentit le peu de forces qui lui restaient l'abandonner complètement. Elle aurait pu s'endormir ainsi tant elle était fatiguée. Ici elle se sentait enfin en sécurité, protégée par l'étreinte de la comédienne. Elle trouva néanmoins le courage de s'écarter de la jeune femme et demanda à entrer dans son appartement. Elle n'était pas encore certaine de ce qu'elle était autorisée à lui dire, ni de ce qu'elle se sentait capable de partager, mais cette discussion ne pouvait pas avoir lieu sur son paillasson.

Retrouver l'appartement de Sofya, devenu familier, la rassura et Joséphine fit quelques pas prudents pour s'avancer dans le salon. Elle avait encore la sensation que son univers pouvait basculer à tout instant pour la plonger dans le passé ou dans le futur. Elle n'arrivait plus à se débarrasser de la crainte de voir tout son environnement s'évanouir brusquement. Elle s'accrocha au dossier d'un fauteuil, comme si cela pouvait l'aider à s'ancrer dans la réalité.

La danseuse hocha la tête avec un faible sourire quand Sofya lui proposa une tasse de thé.

"Merci..." murmura-t-elle quelques instants plus tard, un mug brûlant serré entre les mains.

Elle souffla doucement sur le liquide fumant, soudainement intimidée par le regard inquiet de la comédienne posé sur elle. Elle était venue ici pour donner à Sofya les explications qu'elle méritait, mais maintenant que la question était posée, elle ne savait même plus par où commencer.

Que s'était-il passé, finalement ? Il s'était passé qu'elle s'était laissée aveugler par une culpabilité vieille de vingt ans et qu'elle avait accepté de participer à une horrible expérience parce c'était soi-disant ce qu'il y avait de bien à faire. Parce que ne pas le faire aurait été égoïste. Parce qu'elle avait un don et qu'il fallait le partager, pour l'étudier, le comprendre, l'améliorer. Elle avait servi de cobaye, plus ou moins volontairement.

"Je...Je suis allée à Skye pendant quelques jours, pour une expérience sur la voyance. Elle se força à s'arrêter, consciente qu'elle n'avait pas le droit d'en dire plus. Je n'ai pas le droit d'en parler, expliqua-t-elle avec une grimace d'excuse. Mais ça a duré un peu plus longtemps que prévu, et ce...ça ne s'est pas très bien passé..."

Joséphine dut se mordre la lèvre pour retenir les larmes qui lui montaient aux yeux. Elle avait terriblement besoin de partager son ressenti avec Sofya, mais elle devait garder le silence. Elle aurait voulu lui parler de tout ce qu'elle avait vu, de tout ce qu'elle n'avait pas vu, de ce qu'elle avait revu, encore et encore. Elle aurait voulu lui parler de tous les souvenirs qu'elle avait du affronter.

Elle n'avait jamais éprouvé le besoin de parler de Camille, à personne. Elle avait fait le deuil de son premier amour à seize ans et elle avait avancé dans la vie sans se retourner, pour se protéger mais aussi par honte. Elle s'était forcée à ne plus y penser, à oublier pour ne pas regretter, pour ne pas s'en vouloir. Pour la première fois, elle aurait voulu tout dévoiler, tout raconter, se livrer toute entière. Pour la première fois, face à Sofya, elle aurait assumé. Et elle ne pouvait pas.

"Ça a fait remonter beaucoup de souvenirs, reprit-elle dans l'espoir que cela suffirait à justifier son état misérable. Je ne m'y étais pas vraiment préparée... Elle laissa échapper un éclat de rire qui sonnait comme un sanglot étouffé. Rien n'aurait pu la préparer à ça. On n'affrontait pas les erreurs de son passé sans en souffrir les conséquences. J'aurais dû te prévenir, je suis désolée. Je ne pensais pas que ce serait si long..."

Les mains légèrement tremblantes, Joséphine porta sa tasse à ses lèvres et but une longue gorgée de thé. Le liquide lui brûla la langue mais la chaleur se répandit bientôt dans le reste de son corps et elle sentit ses muscles tendus se détendre un peu. Elle se sentait déjà mieux, et savait que ce n'était pas seulement dû au thé.

"Merci d'être là... souffla-t-elle avec un sourire triste. Ça me fait du bien de te voir."


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeMar 16 Juil 2019 - 13:23
Sofya prépara machinalement ses deux tasses de thé, tout son esprit agité par un tourbillon de questions inquiètes. Elle regagna le salon un peu trop rapidement, non sans renverser un peu de liquide brûlant sur son plancher, qu'elle ne se soucia pas d'essuyer. Déposant son précieux chargement sur la table basse, elle attrapa la main de Joséphine pour l'entraîner doucement vers le canapé. Là, la danseuse ne put se débarrasser de son regard inquisiteur.

Le nom de Skye alerta aussitôt Sofya, qui arqua ses sourcils blonds. Un mauvais pressentiment l'envahit aussitôt, alors qu'elle se mettait à spéculer et à imaginer mille-et-une scènes atroces. L'île maudite avait acquis une triste réputation au cours des derniers mois, auprès des milieux bien informés, et Sofya avait glané suffisamment d'informations à ce sujet pour savoir qu'il s'y tramait probablement plus qu'un simple programme de réhabilitation mémorielle - programme dont le concept même posait d'ailleurs des questions éthiques indéniables.

Qu'est-ce que sa petite-amie pouvait bien avoir eu envie de faire avec un tel endroit ? Une expérience sur la voyance ? Mais qui était donc venue la chercher, dans les couloirs confidentiels des Folies Sorcières, qui avait pu découvrir que la jolie danseuse disposait de bien d'autres talents que celui de savoir arquer son corps autour d'une barre de pole dance ? Une colère sourde commença à gagner la comédienne face au récit, bien trop maigre en détails à son goût, de Joséphine. S'ils lui avaient fait quoi que ce soit...

Elle s'agita dans son coin de canapé, mal à l'aise, et ramena ses jambes en tailleur sous son corps. S'inquiéter à ce point pour quelqu'un ne faisait pas partie de ses habitudes, pourtant elle constatait avec une certaine gêne que le sort de Joséphine était loin de la laisser indifférente. Leur relation était pourtant si jeune, si frêle, mais Sofya réalisait bien à quel point elle avait passé les derniers jours dans un état d'angoisse peu enviable, et peu habituel pour quelqu'un comme elle. Intérieurement, elle s'efforça de lutter contre cet attachement incongru, qui la déstabilisait profondément, en la rendant tributaire des faits et gestes d'une autre personne. Sofya n'aimait pas ça.

D'un geste impatient de la main, elle écarta les excuses de Joséphine comme si ce n'était rien. Comme si elle n'avait pas passé les derniers jours à tourner comme un lion en cage et à guetter les vibrations de son Pear...

"Tu ne pouvais pas savoir, et puis, tu ne me dois aucune explication", répondit-elle avec un détachement plus forcé que réel. "Je suis simplement heureuse de savoir que tu es sortie de là."

Elle accueillit les remerciements de sa petite-amie avec un sourire contraint. La fragilité apparente de Joséphine, ses yeux embués de larme et sa voix tremblante touchaient une corde sensible en elle, et la troublaient un peu plus. La comédienne se sentait tiraillée, entre l'attirer à elle pour la réconforter, et celle de fuir ces émotions qui éveillaient une alarme en elle. Maigre compromis, elle resta figée sur son bout de canapé, à l'observer d'un regard indicible, visage fermé.

"Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? Quel genre de souvenirs ?", s'enquit-elle à voix basse, fouillant le regard de Joséphine comme pour l'inciter à se dévoiler d'avantage. Elle en avait à la fois trop dit et pas assez... "Qui est-ce qui t'a convaincu de faire cette expérience ?"

Se penchant vers la danseuse, elle pressa doucement son avant-bras et ajouta :

"S'ils t'ont fait du mal..."

Sa phrase mourut sur ses lèvres, car elle n'avait pas besoin d'en dire d'avantage. Sofya avait des connexions, Joséphine aussi d'ailleurs, étant placée comme toute danseuse sous la protection des Veilleurs. Si certaines limites avaient été dépassées, et il suffisait de jeter un oeil à la danseuse pour s'en convaincre, alors cela ne devait pas rester impuni.


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeMar 23 Juil 2019 - 21:42
Le thé faisait doucement son effet et Joséphine sentait son corps se réchauffer lentement, sans parvenir à chasser cette impression que tout, autour d'elle, était glacial. Elle sentait une réserve et une distance dans l'attitude de Sofya qu'elle ne parvenait pas à expliquer. Elle était incapable de dire si c'était elle qui projetait ses réticences et ses hésitations sur la jeune femme ou si cette dernière se montrait réellement plus réservée que d'ordinaire.

La danseuse ignora volontairement la question de la belle actrice sur les souvenirs que cette expérience avait remué. Elle sentait pourtant qu'il suffirait de pas grand-chose pour qu'elle craque. Jamais elle n'avait eu tant besoin de tout raconter, de tout déverser, de se délester de cette culpabilité qu'elle avait enterrée et ignorée pendant quinze ans.

"Je n'ai pas été très difficile à convaincre, répondit-elle simplement d'une petite voix quand Sofya s'inquiéta de savoir qui l'avait entrainée dans cette expérience. Non, protesta-t-elle mollement quand la jeune femme s'inquiéta de savoir si on lui avait fait du mal. Elle posa sa main sur celle que Sofya avait glissé sur son avant-bras et s'efforça de lui adresser un semblant de sourire. Ça va, assura-t-elle, peu convaincante avec son teint livide et ses yeux cernés. Rien de grave..."

La comédienne n'avait pas fini sa phrase mais son regard était chargé de menaces, et Joséphine fut touchée de la voir ainsi prête à la défendre. Elle était toutefois surprise de l'assurance qui se dégageait de la jeune femme, qui semblait réellement persuadée de pouvoir la venger de ses éventuels tortionnaires, quels qu'ils soient. La danseuse ne doutait ni de la volonté ni du talent de sa petite-amie, mais se demandait ce qui pouvait laisser penser à Sofya qu'elle avait ses chances face aux scientifiques de Skye. Elle hésita à verbaliser sa surprise, mais décida finalement de répondre aux questions de Sofya avant de lui poser les siennes.

"J'y suis allée parce que je voulais comprendre, moi aussi, en apprendre plus, commença-t-elle en baissant les yeux sur sa tasse de thé à moitié vide. Et je...je crois que je voulais essayer de me racheter,...de rattraper mes erreurs. Elle haussa les épaules, comme pour constater son échec dans cette entreprise. J'aurais parfois pu utiliser mes visions pour éviter certaines choses..."

Plus elle parlait, moins elle avait envie de s'arrêter. Sa voix d'abord étranglée et pleine d'hésitation, s'était progressivement posée pour retrouver un rythme plus serein, comme si elle s'apprêtait à raconter une histoire qu'elle connaissait par cœur. C'était pourtant la première fois qu'elle se confiait à ce sujet, mais elle ne ressentait aucune forme d'angoisse, elle savait qu'elle avait besoin de le faire. Peut-être était-ce la fatigue et les émotions intenses des derniers jours qui parlaient, mais elle avait le sentiment qu'elle pouvait enfin se laisser aller et se livrer sans crainte.

"J'ai été amoureuse, il y longtemps, quand j'étais encore à l'école, commença-t-elle, le regard toujours plongé dans sa tasse. On se connaissait depuis l'enfance, j'étais persuadée qu'il était mon âme sœur, qu'on finirait notre vie ensemble. Un bref éclat de rire amer lui échappa alors que cette idée lui tordait le cœur. Un jour, quand je devais avoir quinze ans, j'ai eu une vision. J'ai vu... Elle n'osa pas le nommer. Elle ne pouvait pas, elle devait garder son identité secrète. Je l'ai vu se faire tuer, par un de ses meilleurs amis. Je lui ai tout raconté, j'étais effondrée, mais évidemment il ne m'a pas crue. C'était trop difficile à accepter, j'imagine... On s'est disputé, des dizaines de fois, jusqu'à se séparer. Elle marqua une pause et releva brièvement la tête pour guetter la réaction de Sofya. Il est mort quelques années plus tard. Il a été assassiné, exactement comme je l'avais vu, reprit-elle en baissant de nouveau les yeux. Je ne saurais jamais si j'aurais pu éviter ça... Sa voix jusque-là relativement maitrisée recommença à trembler et elle termina dans un murmure à peine audible. Je n'ai rien fait pour l'empêcher..."

Quand elle réussit finalement à affronter le regard de Sofya, ses yeux s'étaient remplis de larmes, et elle dut prendre une grande inspiration pour retenir le sanglot qui menaçait de franchir ses lèvres. Elle se sentait à la fois apaisée et dévastée par ce récit décousu de ce qui était un des secrets les plus sombres de son existence.

"Je pensais que me rendre utile m'aiderait à me sentir mieux, conclut-elle avec un sourire triste. Mais ça n'a pas vraiment marché..."

Joséphine se mordit la lèvre pour retenir ses larmes et se fit violence pour ne pas se laisser submerger par les souvenirs de ces derniers jours. A aucun moment cette expérience ne lui avait donné le sentiment d'être utile, ou de faire quelque chose de bien. Elle ne s'était jamais sentie aussi exploitée, ni aussi déshumanisée. Et elle se prostituait pour vivre.

"Qu'est-ce que tu aurais fait ? demanda-t-elle soudainement. Elle avait absolument besoin de changer de sujet. Si on m'avait vraiment fait du mal, précisa-t-elle. Tu les aurais poignardés avec un accessoire de théâtre ?" Ce n’était pas les fausses épées qui manquaient dans les placards des Folies Sorcières.

La danseuse s'autorisa un sourire, avec l'espoir que cette piètre tentative d'humour suffirait à tenir éloignées sa tristesse et sa culpabilité. Elle avait déjà trop parlé, et même si ces confessions lui avaient fait beaucoup de bien, elle n'était pas certaine de pouvoir en supporter plus.


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 28 Juil 2019 - 20:00
Qu'est-ce qu'elle aurait fait ? La réponse se matérialisa sans effort dans son imagination. Elle aurait mené un interrogatoire très précis de Joséphine, pour amasser toutes les informations possibles et cerner le profil de ses agresseurs. Forte de ces indices, elle serait partie sur leurs traces avec ténacité et discrétion, jusqu'à rattraper et séquestrer la personne responsable. Avant de lui faire payer, de toutes les façons créatives auxquelles elle pouvait penser, le mal qu'elle avait pu faire à sa petite-amie, de façon à lui faire passer le goût de recommencer.

Oui, la réponse était très simple, en vérité. Un simple regard à Joséphine, vulnérable, retenant ses larmes, suffisait à faire naître en elle la colère propre à cette entreprise... Mais c'était une vérité qui ne pouvait franchir ses lèvres.

Sofya esquissa un sourire sombre face à la pauvre tentative d'humour de la jeune femme, et répondit sur le même ton :

"Pourquoi pas ? Si tu savais le nombre d'objets contondants que l'on peut trouver en coulisses... Il ne faut pas sous-estimer le potentiel de dangerosité d'une paire de talons aiguille."

Cette petite diversion lui avait permis de gagner quelques précieuses secondes pour méditer sa réponse. Sofya se pencha vers la table-basse pour attraper son mug fumant et prit une longue gorgée, cherchant à se tranquilliser. Elle avait commis une erreur, avec cette menace voilée, qui n'avait pas échappé à la vigilance de Joséphine. Emportée par le flot de ses émotions, suscitées par son récit, son attention endormie par les confidences qu'elle venait de recevoir, Sofya avait manqué à tout principe de prudence. Elle ne pouvait se permettre de baisser ainsi sa garde, sous peine de voir Joséphine lui échapper de la même façon que Nasreen l'avait fait...

Retrouvant son sérieux, elle considéra Joséphine du regard avant d'avouer du bout des lèvres :

"J'en aurais certainement touché un mot à Roy. Il me doit quelques faveurs et je soupçonne qu'il aurait su comment faire passer l'envie à cette personne de recommencer..."

Ce n'était pas tout à fait un mensonge, après tout. Son lien amical avec le chef des Veilleurs, la comédienne l'affichait régulièrement, et il n'était pas rare de la croiser, accoudée au comptoir du bar du casino ou autour d'une table de poker, entourée de Roy, de Toni, de Fergus ou tout autre individu dont la réputation n'était plus à faire - du moins dans le cercle rapproché des danseuses dont Joséphine faisait partie. Les affinités de Sofya avec certains membres de la pègre pouvaient passer pour une simple excentricité de comédienne, c'était en tout cas l'image qu'elle s'employait à déployer. Joséphine n'avait tout simplement pas besoin de savoir à quel point elle était impliquée dans leurs petites affaires...

Les questionnements de sa petite-amie éludés, Sofya se laissa glisser vers elle dans le canapé pour glisser un bras autour de ses épaules. D'un geste doux, mais ferme, elle l'attira contre sa poitrine pour l'envelopper de son étreinte, et glisser son visage entre deux mèches chatoyantes.

"Je suis désolée de ce qui t'es arrivé, Joséphine, réellement. C'est une histoire terrible", murmura-t-elle à son oreille, le coeur serré par la tristesse qui émanait de Joséphine. Elle ne pouvait imaginer ce qu'elle avait pu ressentir lorsque, plus jeune et plus naïve, elle avait perdu son ancien compagnon des mains de son propre meilleur ami. La culpabilité qu'elle avait dû ressentir, toutes ces années, pour ce qu'elle n'avait pu empêcher... Parfois, un don pouvait se transformer en véritable malédiction. c'était une de ces fois.

"...mais, et je ne suis certainement pas la première à te le dire, ce n'est absolument pas de ta faute, tu m'entends ? Tu n'es pas la personne qui a commis ce meurtre. Est-ce que tu aurais pu l'empêcher, même si tu avais essayé de toutes tes forces, ou bien est-ce que tu n'aurais fait que précipiter une issue inéluctable ? C'est difficile à dire..."

La recherche sur les mécanismes de la voyance et du changement dans le temps n'était pas limpide. Certains spécialistes considéraient que la divination relevait d'une science fumeuse, d'autres considéraient que les visions et prophéties pouvaient receler d'étranges vérités sur un futur qu'il était illusoire de vouloir changer. Pourtant, de mémoire d'homme, les sorciers n'avaient jamais cessé de tenter de le contrôler, ce futur. Parfois, souvent, en vain. Libre-arbitre ou déterminisme, c'était des questions pour des philomages, pas pour des esprits plus terre-à-terre comme les leurs, et un tel don pouvait plonger son détenteur dans la confusion et le désarroi le plus profond.

Ainsi, Joséphine avait-elle prédit la mort de cet homme, et il avait péri ; elle avait vu la fin de sa relation avec Nasreen et, à son corps défendant, Sofya avait fini par accepter de perdre la jeune femme. La comédienne ferma les paupières un instant, alors que le souvenir de la vieille voyante de Serliovka s'imposait à elle. Les habitants de son village natal accordaient alors un grand crédit aux paroles de la chamane, et Sofya avait passé de nombreuses soirées à écouter ses paroles mystiques, partagée entre fascination et scepticisme. Aujourd'hui, elle ne savait plus que penser.

Glissant sa main sur la nuque de Joséphine, elle caressa doucement ses cheveux, avant de s'éloigner pour s'ancrer à son regard.

"Je n'imagine pas ce que cela doit être, de porter ce poids depuis toutes ces années... je comprends que tu aies voulu tenter quelque chose, pour mieux comprendre ton don, pour essayer de vivre avec ça. Je suis désolée que ça n'aie pas fonctionné."


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 28 Juil 2019 - 22:20
La réponse de Sofya à propos de ce qu'elle aurait fait pour la venger de ses tortionnaires, si besoin, rassura un peu Joséphine. C'était si évident, comme solution, qu'elle s'étonna d'avoir pu croire que le regard déterminé de sa petite-amie ait pu signifier autre chose. La fatigue la rendait paranoïaque. La danseuse esquissa un triste sourire en entendant le nom de l'un des propriétaires des Folies Sorcières. Elle ne doutait effectivement pas des capacités de Roy Calder à faire passer l'envie à qui que ce soit de le contrarier...

Le souvenir de James Smith, hurlant son prénom alors qu'elle s'échappait de la chambre de l'Aile Ouest pour le livrer à la colère de Roy lui revint brutalement en mémoire. L'avis de décès du joueur de Quidditch avait été publié deux jours plus tard dans la Gazette. Joséphine n'avait eu d'autre choix que de faire le rapprochement. Elle avait, de toute façon, compris dès le début que le plan n'était pas seulement d'intimider Smith. Elle avait vu le sort qui l'attendait, ce soir-là, elle l'avait prédit, et elle l'y avait livré malgré tout. Elle savait qu'elle n'avait pas à se sentir coupable et qu'il n'avait eu que ce qu'il méritait, mais elle entendait encore ses hurlements, parfois. Ils résonnaient dans sa tête, l'empêchaient de dormir.

La danseuse hésita à se confier de nouveau à Sofya sur ce sujet, mais se ravisa. Elle en avait dévoilé suffisamment pour ce soir, si elle continuait à avouer toutes ses fautes elle allait passer pour un monstre.

"Oui, je pense aussi..." commenta-t-elle simplement.

Elle accueillit l'étreinte de Sofya avec soulagement et se laissa aller contre le corps chaud de la comédienne. Epuisée, elle ferma les yeux et s'efforça de tenir éloignés les souvenirs des derniers jours et les élans de culpabilité que ses aveux avaient réveillés. Comme si elle lisait dans ses pensées, Sofya reprit la parole pour lui assurer que la mort de Camille n'était pas de sa faute. Joséphine laissa passer un instant avant de rouvrir les yeux et de s'écarter un peu de sa petite-amie.

Contrairement à ce qu'elle suggérait, ce n'était pas quelque chose que la danseuse avait souvent entendu. La seule autre personne au courant de cette histoire n'avait eu aucun scrupule à l'accuser de ne pas avoir empêcher le pire. Il lui avait reproché de l'avoir laissé faire. Aurait-elle pu l'arrêter ? Elle ne le saurait jamais. Peut-être que oui, si elle l'avait tué avant. Elle n'avait même pas osé formulé cette idée, quinze ans plus tôt, aujourd'hui elle regrettait presque de ne pas l'avoir mise à exécution.

"J'aurais voulu essayé..." confessa-t-elle en baissant les yeux. Peut-être aurait-elle échoué, oui, mais elle aurait vécu en sachant qu'elle avait tout fait pour l'empêcher.

C'était pour se débarrasser de cette culpabilité et de ses doutes qu'elle avait accepté la proposition de Constantine. Elle voulait pouvoir dire qu'elle avait essayé, qu'elle avait donné tout ce qu'elle pouvait. Elle voulait trouver des réponses, un sentiment que Sofya semblait comprendre, mais elle avait vite réalisé qu'elle n'était pas à la hauteur de la tâche.

"Je voulais vraiment y arriver, reprit-elle en jouant nerveusement avec ses mains. Mais c'était trop dur, je...Tous ces souvenirs, toutes ces visions...J'ai voulu arrêter, tout de suite. J'ai voulu abandonné, mais c'était trop tard..."

Sa voix se brisa alors qu'elle se rappelait douloureusement la façon dont les choses avaient continué malgré elle, malgré son refus et ses protestations. La main de la comédienne effleurant sa nuque l'apaisa un peu et elle plongea finalement son regard dans celui de la comédienne pour y trouver un peu de réconfort. Les doigts de Sofya glissèrent dans ses cheveux roux et Joséphine ferma les yeux, bercée par cette caresse rassurante.

Tous ses muscles se contractèrent brusquement quand elle sentit les doigts de sa petite-amie effleurer sa tempe, exactement comme l'avait fait Constantine des dizaines de fois ces derniers jours. Elle eut un mouvement de recul, mais c'était trop tard. Comme un animal bien dressé, tout son corps réagit instantanément à ce signal et elle sentit la réalité s'évanouir autour d'elle. Elle résista, voulut s'accrocher à cet instant, s'ancrer dans le présent, mais il disparaissait déjà. Une autre scène se dessina vivement sous ses yeux, sombre, floue, trop rapide pour qu'elle en saisisse pleinement tous les détails, et pourtant terrifiante. Elle découvrit avec effroi une autre Sofya, comme elle ne l'aurait jamais imaginée, terrifiante elle aussi.

Il ne se passa que quelques secondes avant que sa vision ne s'estompe et qu'elle ne reprenne son souffle. Tremblante comme une feuille, Joséphine battit plusieurs fois des cils pour se réapproprier son environnement visuel. Elle n'avait jamais eu tant de visions en si peu de temps, et elle avait de plus en plus de mal à retrouver ses esprits et son calme. Elle avait beau se répéter qu'elle était confortablement installée sur le canapé de Sofya et que cette dernière ne lui voulait aucun mal, elle ne pouvait pas se débarrasser de la peur qui l'avait envahie au cours de sa vision, et qui lui collait à la peau.

Quand elle releva finalement le regard sur sa petite-amie, ses yeux étaient toujours pleins de larmes, mais ils exprimaient désormais autre chose que des regrets et trahissaient une profonde crainte. Elle ouvrit la bouche mais ne parvint pas à formuler le moindre mot, encore trop perturbée par ce qu'elle avait vu.


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 25 Aoû 2019 - 11:29
La ligne fine des sourcils des Sofya s'arqua davantage à l'écoute des confidences de Joséphine. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par "j'ai voulu abandonner, mais c'était trop tard" ? Un soupçon naquit en elle, alors qu'elle se remémorait toutes les rumeurs entendues à propos de l'île de Skye, et le peu qu'elle savait des expériences troubles qui y étaient menées. De toute évidence, la comédienne n'accordait pas la moindre confiance aux médicomages véreux de Marchebank, et elle pouvait formuler toutes sortes d'hypothèses sur ce qui lui était arrivé là-bas... Mais Joséphine s'était rendue volontairement au centre de recherches, se raisonna Sofya en essayant de dissiper son inquiétude. Personne d'autre ne lui avait fait de mal que ce mystérieux "meilleur ami", meurtrier de son amour d'enfance, dans le plus sombre de ses souvenirs...

Sofya aurait voulut mener un peu plus loin ses interrogations pour pousser Joséphine à la confidence. Qui était cet homme, cet assassin, et qu'est-ce qui l'avait poussé à agir ? Avait-il été emprisonné ? Et cette ancienne idylle, de qui s'agissait-il ? Joséphine en avait-elle parlé à quelqu'un d'autre, aux autorités peut-être ? Les questions se bousculaient dans son esprit, et elle laissa planer un silence, absorbée par ses pensées, tout en continuant ses caresses apaisantes auprès de sa petite-amie. Cette histoire était incroyable, et elle brûlait d'envie d'en savoir d'avantage, mais n'osait pousser trop loin Joséphine. La jeune femme était déjà bouleversée par l'expérience qu'elle avait vécu, après tout... L'intérêt de Sofya pour son passé, toutes ses questions à propos de sa vie et des choix qui l'avaient conduite là où elle se trouvait aujourd'hui devraient attendre.

Occupée à absorber la confession de Joséphine, Sofya ne remarqua pas son trouble passager. Elle ne réalisa pas tout de suite que sa petite-amie n'était plus vraiment là, jusqu'à ce qu'elle ne finisse par croiser son regard. Ses grands yeux noisette, embués de larmes, semblaient empreints d'une peur indicible. Un long frisson parcourut l'échine de la comédienne.

"Joséphine ? Tu as eu une nouvelle vision, n'est-ce pas ? Qu'est-ce que tu as vu ?", s'enquit-elle d'une voix prudente, non sans réticence. La dernière vision de Joséphine à son sujet n'avait pas été particulièrement agréable. Surtout, elle avait fini par se réaliser, inexorablement, et Sofya n'était pas certaine de vouloir avoir un autre aperçu de son futur. Bonnes ou mauvaises, les surprises de la vie méritaient d'être découvertes au jour le jour. Cependant la comédienne ne pouvait pas laisser Joséphine dans un tel état, à porter d'avantage de secrets... Surtout si ce secret la concernait. Il y avait un certain nombre d'aspects de sa vie que Joséphine n'avait pas besoin de découvrir.

Joséphine avait toujours dégagé une aura de mystère, mais Sofya commençait seulement à déceler à quel point elle devait dissimuler ses connaissances et ses émotions. Tiraillée entre sa curiosité dévorante et une inquiétude sourde, Sofya savait qu'elle avait un choix à faire, probablement irrémédiable : fuir maintenant, refuser d'ouvrir cette boite de Pandore et se protéger des visions et des secrets de Joséphine... ou, au contraire, céder une fois de plus à son goût immodéré pour une personnalité intéressante. Le temps d'un battement de cils, et elle avait fait son choix.

"Tu sais que tu peux tout me dire", souffla-t-elle doucement, pour l'encourager.


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 25 Aoû 2019 - 15:22
La vue du visage inquiet de Sofya ravivait dans l'esprit de Joséphine les images terrifiantes de sa vision, sans qu'elle ne parvienne à s'en défaire. Ces scènes d'horreur étaient comme imprimées sur sa rétine et elle était terrifiée, alors même qu'elle savait qu'elle ne risquait rien, pour le moment. La gorge nouée par l'angoisse, elle se contenta de hocher la tête, les yeux pleins de larmes, quand sa petite-amie lui demanda si elle avait eu une nouvelle vision.

Elle n'en pouvait plus, elle était fatiguée de ces prémonitions à répétitions. Elle ne supportait plus de regarder ces horreurs. Son esprit était encore hanté par les souvenirs de la mort de Camille et voilà que venaient s'y ajouter de nouvelles scènes tout aussi éprouvantes. Elle n'en pouvait plus, de voir. La danseuse ferma les yeux et enfouit son visage dans ses mains, dans une vaine tentative de s'arracher à ses visions, à ce savoir dont elle ne voulait pas. Elle resta un instant ainsi, le visage dissimulé dans ses bras croisés autour de ses genoux, fermant les paupières aussi fort qu'elle le pouvait. Elle voulait oublier, se débarrasser de ses images pour se sentir de nouveau en sécurité, pour pouvoir regarder Sofya sans frémir de peur.

La voix douce de la comédienne la fit sursauter et elle releva la tête pour tourner doucement le regard vers elle. Elle ne pouvait pas lui dire, elle n'en avait pas le courage. Elle refusait de verbaliser cette vision d'horreur, ce serait la rendre trop réelle. Elle savait que ça arriverait, que c'était inévitable, et ce constat la rendait malade. Elle ne pouvait pas imaginer que de telles choses se produisent dans l'avenir de Sofya. Comment était-ce possible ?

La danseuse dévisagea un moment sa petite-amie avec un mélange de méfiance et de peur. Que savait-elle de Sofya, dans le fond ? Elle venait de lui livrer certains de ses secrets les plus intimes, s'était confiée sur la plus grande erreur de sa vie, mais elle ne la connaissait pas. Sa vision venait de le lui prouver. Elle avait baissé sa garde, s'était crue en confiance et s'était révélée à une femme dont elle ignorait visiblement tout. Elle se sentit soudainement vulnérable, exposée face à cette nouvelle facette de Sofya qu'elle aurait préféré ne jamais connaitre. Ressentant brusquement le besoin de s'éloigner d'elle, Joséphine se recula à l'autre extrémité du canapé, ses jambes toujours relevées contre elle.

"Je t'ai vue toi, commença-t-elle d'une petite voix. Il y avait un homme aussi."

Elle ne savait pas vraiment où elle allait, ni comment elle allait pouvoir raconter ce qu'elle avait vu, mais elle devait le faire, elle devait la confronter au contenu de sa vision. Elle avait encore l'espoir que Sofya lui donnerait une explication, qu'il y avait une bonne raison à ces scènes d'horreur. Elle savait qu'elle aurait du fuir, quitter cet endroit et abandonner Sofya, mais elle voulait lui donner une chance de se rattraper. Admettre que Sofya était cette personne de sa vision, depuis toujours, lui était insupportable. Elle ne pouvait pas accepter de s'être trompée à ce point, et d'avoir accordé si facilement sa confiance à une femme qui n'était pas celle qu'elle prétendait. Elle avait besoin d'entendre une autre explication.

"Il faisait sombre, reprit-elle, son coeur battant à tout rompre dans sa poitrine. L'homme était attaché, sur une chaise, les mains dans le dos, je n'ai pas vu son visage. Les images de sa vision lui revenaient en mémoire, terriblement précise, alors qu'elle poursuivait son récit. Tu le questionnais, je crois, et tu... C'était très violent, tu... Elle n'arrivait pas à le dire, à trouver des mots pour exprimer les horreurs dont elle avait été témoin. C'était de la torture. Elle avait vu Sofya torturer un homme, sans sourciller. Tu lui faisais du mal, souffla-t-elle d'une voix à peine audible. Et il criait. Il a fini par dire ce qu'il fallait, je pense, quelque chose à propos de Roy Calder. Et... Elle hésita à s'arrêter ici, consciente d'en avoir déjà beaucoup dit, mais elle ne pouvait pas garder ça pour elle. Tu l'as tué."

Elle avait le sentiment que son coeur allait exploser dans sa poitrine. Elle le sentait battre jusque dans ses tempes au point d'en avoir le tournis. Ses mains étaient nerveusement nouées autours de ses genoux, et elle était paralysée par la peur. Elle guetta la réaction de Sofya avec appréhension et se surprit à espérer que sa petite-amie fonde en larmes, ou soit terrifiée par ce récit. Sofya se devait d'être aussi perturbée qu'elle ne l'était pas cette vision, pourtant Joséphine ne trouva aucune surprise dans le regard de sa petite-amie. La possibilité qu'il ne s'agisse pas d'une vision de l'avenir, mais d'un souvenir qui aurait déjà eu lieu, lui effleura l'esprit et elle frissonna. Elle ne supportait plus le silence, elle avait besoin de savoir, de comprendre.

"Dis quelque-chose..." souffla-t-elle, presque suppliante.

Elle aurait voulu l'entendre hurler, crier que c'était impossible, s'inquiéter. Elle voulait de l'angoisse, de la peur, de la stupeur. Tout sauf ce silence résigné.


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeMar 3 Sep 2019 - 10:55
Quelque chose de lourd tomba dans sa poitrine lorsque Joséphine s'éloigna d'elle pour se recroqueviller tout au bout du canapé. Etait-ce de la peur qu'elle décelait sur son beau visage ? L'inquiétude grandit en elle, alors qu'elle commençait son récit, avant de se matérialiser tout-à-fait.

Joséphine lui conta une histoire horrible, une histoire de torture et de meurtre, qui n'étonna pas la jeune femme une seule seconde : ce n'était pas fréquent, mais dans le cadre de ses missions d'espionnage, il pouvait lui arriver d'avoir à mener des interrogatoires musclés pour obtenir des informations. C'était déjà arrivé, et à en croire cette prémonition, cela arriverait encore...

Sofya tiqua en entendant le nom de Roy et comprit avec amertume qu'elle aurait bien du mal à se sortir de cette situation par un mensonge. Elle jura intérieurement, sans laisser paraître de manifestation extérieure de son trouble, tandis que son esprit fonctionnait à plein régime. Cela lui arrivait encore, comme avec Nasreen. Une fois encore, sa véritable profession allait lui coûter une relation car quelle personne saine d'esprit voudrait-elle d'une tueuse comme petite-amie ? Certainement pas Joséphine, qui paraissait terrifiée, et guettait la moindre de ses réactions dans l'espoir, probablement, qu'il ne s'agisse que d'un malentendu. Hélas, Sofya ne parvenait pas à imaginer le moindre mensonge crédible pour se tirer de là. Le mal était fait, la danseuse ne pourrait plus la voir de la même façon désormais, maintenant qu'elle savait de quoi elle était capable - ou serait capable un jour...

Deux options, alors. Lui dire la vérité et compter sur son silence, ou bien s'assurer de ce silence dès maintenant. Sans bouger d'un muscle, alors que Joséphine la suppliait de dire quelque chose, Sofya identifia intérieurement l'endroit où elle avait déposé sa baguette, tentant de lutter contre la panique qui la gagnait. C'était la chose la plus sage à faire, assurément, car elle ne pouvait continuer à semer des ex qui connaissaient sa couverture sur son passage, mais elle en avait si peu envie ! Son regard assombri par l'inquiétude avisa l'air terrifié de Joséphine et son cœur se serra, si fort qu'elle ne put se résoudre à bouger.

Après tout, cela ne lui coûtait rien d'essayer, pas vrai ?

"J'aimerais te dire que je suis surprise", souffla-t-elle finalement d'une voix basse, "que je ne suis pas ce genre de personnes et que tu t'es trompée. J'aimerais vraiment pouvoir te dire ça, Joséphine, crois-moi, mais je ne le peux pas. Je..."

Elle baissa le regard brièvement, avant de se forcer à le remonter vers Joséphine. Elle n'avait pas honte de son métier, quand bien même il était horrible pour la plupart des gens. Sofya était accro au frisson de l'aventure, elle adorait partir en mission sous couverture ou obtenir des informations au détour d'une soirée cocktail entre ambassadeurs, d'un quai obscur de Bristol ou d'une tribune VIP de Quidditch. Elle aimait travailler avec les Veilleurs et appartenir à cette communauté de bras cassés, de sorciers un peu tordus, un peu bizarres, souvent violents. Ils étaient devenus sa famille, elle, l'orpheline, et l'on ne quitte pas sa famille...

"Je travaille effectivement pour Roy Calder, pour les Veilleurs", continua-t-elle, imperturbable. "Je mène des missions d'espionnage, mes spectacles aux Folies me servent de couverture. Il ne m'arrive pas souvent de devoir interroger quelqu'un et que les choses tournent ainsi, mais... Cela peut arriver. Je suis désolée que tu aies dû assister à ça, vraiment."


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeVen 13 Sep 2019 - 20:34
Joséphine resta immobile et silencieuse alors que Sofya lui affirmait ne pas être surprise de sa vision. Elle sentait son coeur battre trop fort dans sa poitrine et elle avait le sentiment d'avoir trop chaud, pourtant sa peau était glacée. Elle n'osait plus rien dire, elle n'osait même plus bouger, elle était paralysée par la peur de ce qui l'attendait. Elle aurait voulu pouvoir échapper à cette conversation, ne pas entendre, ne pas savoir, mais c'était trop tard. La danseuse ne put soutenir le regard de sa petite-amie et ferma brièvement les yeux, en priant pour que tout disparaisse autour d'elle.

Elle ne voulait pas y croire, elle ne pouvait pas accepter que Sofya soit capable de ça. Elle en avait fréquenté, des gens comme ça, et elle en fréquentait toujours. Des gens capables de mettre la moindre empathie de côté, de renier jusqu'à leur humanité. Des gens capables de traiter les gens comme des objets, comme des trophées à remporter ou des obstacles à éliminer. Des gens capable de tuer, sans remords. Elle refusait d'accepter que Sofya, si douce, si bienveillante, puisse faire partie de ces gens là. Quand elle rouvrit finalement les yeux, son regard croisa celui -sombre et inquiet- de Sofya, et elle tourna la tête pour s'y soustraire.

"Mais comment est-ce que tu peux...? s'entendit-elle demander dans un souffle. Il n'y avait pas de jugement dans sa voix, ni même de reproche, juste de l'incompréhension. Comment tu arrives à...Comment tu peux vivre avec ça ?"

Elle se souvenait trop bien de James Smith. Elle se rappelait l'avoir entendu hurler son nom, elle se rappelait de son horrible vision, elle se rappelait l'avoir abandonné à la colère de Roy, sans aucune pitié. Elle se sentait affreusement coupable de sa mort, alors qu'il avait été le dernier des cognards, et qu'elle ne l'avait même pas tué de ses mains. Ses hurlements avaient hanté ses cauchemars pendant des nuits entières, et il se passait rarement plus de quelques jours sans que ce mauvais souvenir ne se rappelle à elle. Quel genre de personne pouvait supporter ça, quotidiennement ?

Pourtant, elle se souvenait aussi de cette sensation d'ivresse, de pouvoir. Elle se rappelait avoir pris plaisir à se retrouver, pour une fois, en position de force. Elle s'était nourrie de sa peur, de sa détresse, et même si elle avait du mal à se l'avouer, elle avait aimé ça. Ecoeurée par ses propres pensées, elle les rejeta avec force et s'efforça de se concentrer sur la situation. Sans un mot, elle se leva du canapé avec la ferme intention de s'éloigner, mais se figea aussitôt, indécise.

Elle avait des questions plein la tête, mais aucune envie de les poser. Elle ne savait plus quoi dire ni penser, elle avait besoin de réfléchir. Elle avait besoin d'être seule, c'était évident, pourtant elle ne pouvait pas se résoudre à quitter l'appartement de Sofya. Son corps comme son esprit étaient encore marqués par les trois jours qu'elle venait de passer à Skye, et elle avait peur de la solitude, et peur du silence. Elle était justement venue chercher un peu de réconfort et de sécurité dans les bras de la comédienne, mais elle n'y avait trouvé que le goût amer de la trahison. Elle se sentait idiote, d'avoir si vite accordé sa confiance à une femme qu'elle ne connaissait même pas. Un instant plus tôt, elle s'était confié sans crainte sur son passé, alors que Sofya ne lui avait toujours offert en retour que des secrets.

"Est-ce que tu me l'aurais dit, un jour ? demanda-t-elle finalement en baissant les yeux vers la jeune femme. Elle avait besoin de savoir si leur couple aurait toujours été un mensonge, ou si elle aurait eu un jour une chance de découvrir cette vérité autrement. Je t'ai raconté des choses que je n’avais jamais évoquées avec personne, reprit-elle d'une voix pleine de larmes. Tu sais tout de moi....Et moi je ne sais rien. Je ne te connais pas. »

Et elle avait envie de la connaitre, espionne, assassin, finalement peu importait tant qu'elle lui offrait la vérité.


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 22 Sep 2019 - 15:15
Figée sur son bout de canapé comme un niffleur captivé par les phares du magicobus, Sofya guettait la réaction de Joséphine. Quand la danseuse détourna le regard, comme brûlée par le sien, elle sentit sa gorge se serrer et le goût familier de la déception l'envahir. Elle s'était pourtant promis de ne plus se laisser entraîner dans une relation amoureuse, car elle n'y croyait plus, au jour où quelqu'un finirait par accepter son mode de vie et l'aimer malgré ça - voire, à cause de ça. Après Nasreen, elle s'était auto-persuadée que l'amour n'était pas pour elle, que si ça ne fonctionnait pas avec la belle milicienne, alors cela ne marcherait avec personne d'autre. Et qu'elle était très bien pour ça.

Mais il avait suffit que Joséphine batte des cils trois fois pour qu'elle oublie tout ça. Maudit cœur d’artichaut, se morigéna-t-elle en encaissant avec difficulté la réponse de Joséphine. Que pourrait-elle lui dire ? Sofya n'avait aucune réponse à apporter, pas la moindre. Oui, elle était une femme sans cœur, sans conscience ni morale, puisqu'elle était capable de prendre la vie d'un homme simplement parce que son boss le lui avait demandé. Et non, cela ne l'avait jamais empêché de dormir la nuit. Pourquoi ? Elle n'en avait pas la moindre idée, c'était juste ainsi, c'était ce qu'elle était, une femme que Joséphine ne pourrait jamais aimer. Et c'était très bien comme ça, se souffla-t-elle intérieurement, mieux valait que la danseuse l'ait appris maintenant plutôt que plus tard. Sofya s'épargnait une peine de cœur autrement plus douloureuse après quelques mois de relation.

Certaines personnes étaient faites pour vivre seules, et c'était ainsi.

Un silence à couper au couteau plana entre elles quelques secondes, dans l'attente d'une réponse qui ne vint jamais. Sofya n'avait rien à dire pour se justifier, aucun moyen de se faire comprendre. D'ailleurs, la comédienne ne tenait pas à le faire. Finalement, Joséphine reprit la parole, avec des questions pleines de larmes et une déception palpable qui poussa Sofya dans ses retranchements. La comédienne se cala contre le dossier du canapé et replia ses jambes sous son poids, avant de considérer la danseuse en silence. Elle avait désormais hâte que cette conversation s'achève, hâte que Joséphine sorte de sa vie comme elle ne manquerait pas de le faire, à quoi bon remuer le couteau dans la plaie ? Pourtant, Sofya jouait à domicile et n'avait pas le luxe de se contenter de disparaître en claquant la porte. Elle allait devoir fournir un semblant d'explications à Joséphine.

"Je suis désolée, mais ce n'est pas quelque chose que je peux dévoiler si rapidement", répondit-elle avec une certaine réticence. "Je ne peux pas exposer ma couverture, pas à moins d'être complètement, absolument sûre d'avoir une confiance totale en la personne, et ceux qui connaissent ma vraie identité se comptent sur le doigt de la main. A ce stade, je n'étais pas sure de pouvoir te faire confiance, je suis désolée."

Sofya déglutit et détourna le regard pour fixer ses ongles manucurés. S'il y avait bien quelque chose dont elle n'avait pas besoin, c'était les yeux pleins de larmes de Joséphine, ni ses paroles pour la culpabiliser. Elle ne voulait pas de ça, elle n'avait jamais voulu de ça, quelqu'un qui ne l'accepte pas.

"Bien sûr, si les choses avaient fonctionné entre nous, j'aurais fini par t'en parler, mais je ne peux pas te dévoiler ça de but en blanc, alors qu'on apprend juste à se connaître, il en va de ma sécurité, de celle de tout mon gang... et puis au final, que tu l'apprennes dès le départ, maintenant ou plus tard, est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Je n'ai pas l'intention d'arrêter, alors si ça change le regard que tu as sur moi..."

Elle haussa les épaules, la tête basse, une boucle blonde venant rouler de ses épaules jusqu'à son visage. Sofya avait l'impression de sentir le regard de Joséphine la brûler.


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 29 Sep 2019 - 10:57
Debout au bout du canapé, les jambes vacillantes et le coeur battant, Joséphine sentait chaque seconde de silence venir creuser davantage le gouffre d'incertitudes et de doutes dans lequel elle s'enfonçait. Elle ne savait plus quoi penser, elle n'arrivait plus à réfléchir. La fatigue de ces derniers jours et ses sentiments contradictoires à l'égard de Sofya lui embrumaient l'esprit. Elle ne savait même plus ce qu'elle attendait comme réponse, elle espérait juste que la comédienne lui laisserait une porte ouverte, quelque chose auquel se raccrocher. Elle ne voulait pas que leur relation se termine ainsi, alors qu'elle commençait à peine. Elle voulait croire qu'elles avaient encore une chance.

La danseuse se contenta de hocher la tête en silence quand Sofya affirma qu'elle n'était pas encore certaine de pouvoir lui faire confiance, et que c'était pour cette raison qu'elle ne lui avait rien dit. C'était une réponse qui avait le mérite d'être honnête, et plutôt logique. Elles ne se fréquentaient que depuis quelques semaines, et Joséphine savait qu'elle n'avait pas à attendre une parfaite transparence de la part de sa nouvelle petite-amie. Pourtant, la méfiance de Sofya à son égard la renvoyait à son propre attachement pour la jeune femme. Quand elle s'était senti au plus bas, complètement perdue et terrifiée par ses propres idées, Sofya était la première personne qu'elle était venue trouver. La danseuse prenait brutalement conscience de sa solitude, alors qu'elle réalisait qu'elle s'était confié à la comédienne avec une facilité qui frôlait l'inconscience.

"Bien sûr, si les choses avaient fonctionné entre nous, j'aurais fini par t'en parler, mais je ne peux pas te dévoiler ça de but en blanc, alors qu'on apprend juste à se connaître, il en va de ma sécurité, de celle de tout mon gang...
- Oui, je comprends, la coupa Joséphine d'une voix vide d'émotions. Ça va."

Elle n'avait pas envie d'entendre les justifications de Sofya. Elle ne voulait pas entendre à quel point la réserve de la comédienne était légitime, à quel point il était normal de ne pas révéler ce genre d'informations si tôt dans une relation, et à quel point c'était elle, qui s'était dévoilée beaucoup trop vite. Elle ne supportait pas l'image que cela lui renvoyait d'elle-même. Elle se sentait tellement idiote. Elle aurait voulu dire que cela ne lui ressemblait pas, d'accorder sa confiance si rapidement, au risque d'être déçue ensuite mais si, c'était du Joséphine tout craché. A croire qu'elle n'apprendrait jamais de ses erreurs.

Sofya en était-elle une, d'erreur ? Le regard de la danseuse se posa sur les boucles blondes de la comédienne, qui dissimulait son visage baissé. La jeune femme n'était pas celle qu'elle prétendait être, mais ne méritait-elle pas malgré tout d'être découverte pour ce qu'elle était ?

"Je n'ai pas l'intention d'arrêter, alors si ça change le regard que tu as sur moi..."

Combien de fois Joséphine avait-elle prononcé ces mêmes mots ? Son métier lui paraissait bien plus acceptable que les activités de Sofya, mais il n'était pas non plus facile à assumer dans une relation de couple. Plus vieux métier du monde, et pourtant il suscitait souvent des jugements sévères, et des critiques parfois violentes. Elle savait ce que c'était que d'être rejetée pour ce qu'on faisait, et sur ce point elle comprenait les réticences de Sofya, qu'elle commençait à interpréter comme une façon pour la comédienne de se protéger. Pour la première fois depuis le début de cette conversation houleuse, elle sentit une vague de compassion et de tendresse l'envahir.

"Bien sûr que ça change..." répondit-elle malgré tout dans un soupir.

Elle ne pouvait pas mentir sur ce point. Ce qu'elle avait vu dans sa vision l'avait profondément choqué, et elle n'arriverait peut-être plus jamais à voir Sofya comme avant, mais elle voulait se laisser une chance. Une chance d'apprendre à la voir autrement, à la connaitre vraiment, et à l'accepter. Une part d'elle avait peur de faire une nouvelle fois la même erreur, de placer sa confiance au mauvais endroit, mais elle prenait le risque.

"Je... C'est...C'est beaucoup à digérer, reprit-elle, mal assurée, encore indécise sur la suite qu'elle voulait donner à cette phrase. J'ai besoin d'un peu de temps, pour...me faire à l'idée."

C'était tout ce qu'elle demandait, un peu de temps. Elle ne savait pas si c'était quelque chose qu'elle pourrait accepter, si elle arriverait à construire une relation avec quelqu'un qui pouvait tuer pour vivre, mais elle pouvait essayer. Peut-être leur couple était-il voué à l'échec, et peut-être qu'elles auraient encore cette même conversation dans quelques mois, mais peut-être pas. C'était un pari risqué, et elle savait qu'elle jouait quitte ou double, mais tant que le jeu n'était pas terminé, elle avait encore une chance de gagner.

Hésitante, Joséphine se rassit doucement au bout du canapé, tendue, comme si elle se tenait prête à se lever à nouveau et à prendre la fuite.

"Mais ça ne doit pas forcément tout changer, poursuivit-elle. Je veux bien une deuxième chance, affirma-t-elle d'une petite voix. Si tu veux bien..."


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 29 Sep 2019 - 17:33
"Bien sûr que ça change..."

Sofya sentit son cœur se serrer, mais se força à ignorer la douleur provoquée par cette réponse. Le visage qu'elle redressa vers Joséphine était neutre, composé. Seules ses mâchoires serrées trahissaient le fait qu'elle devait se faire violence pour avoir l'air détachée. Pourtant, alors qu'elle s'apprêtait à répondre, Joséphine reprit la parole d'une voix mal assurée, captant aussitôt l'attention de la comédienne. Suspendue à ses lèvres, ses yeux indolents fixés sur Joséphine, Sofya l'écouta sans oser tout à fait y croire. Elle sentit son cœur palpiter d'un espoir renouvelé dans la poitrine, et inspira profondément pour s'apaiser.

"Vraiment ?", s'enquit-elle d'un ton prudent, fixant son interlocutrice d'un regard intrigué. Mieux valait ne pas s'emballer, tant la perspective d'une relation saine et stable lui paraissait improbable. Une danseuse et une comédienne, passait encore, mais une prostituée et une espionne de la mafia ? Elles vivaient déjà chacune leur double-vie, comment imaginer pouvoir y ajouter une vie à deux ?

Pourtant, malgré l'instant de silence que Sofya laissa planer, Joséphine ne se dédit pas. Sentant un élan de tendresse balayer ses angoisses, Sofya s'avança dans le canapé et tendit une main hésitante vers celle de Joséphine, qu'elle serra doucement entre ses doigts.

"Si tu es prête à nous laisser une deuxième chance, alors j'en serais ravie", murmura-t-elle doucement. Leur relation lui paraissait si fragile à cet instant qu'elle craignait de la brusquer par une parole maladroite. Ses propres doutes étaient loin d'avoir disparus, et elle était à peu près persuadée que Joséphine et elle couraient au désastre. Mais la vision de Joséphine, vulnérable, recroquevillée dans son coin de canapé, avec son visage froissé et marqué par la fatigue suffisait à tout balayer.

Sofya étira ses membres crispés par la tension et expira lentement, soulagée par la tournure de la discussion. Il lui fallait s'ouvrir vraiment si elle souhaitait que cette deuxième chance puisse fonctionner, elle le savait, et puis de toute façon au point où elles en étaient... elles avaient peut-être grillé quelques étapes mais n'avaient désormais plus grand chose à se cacher. Alors la comédienne s'empara de sa tasse de thé pour se réchauffer, et laissa son esprit vagabonder dans le brouillard de ses souvenirs.

"A la base, je suis entrée dans la mafia un peu par accident. C'était après mon divorce, je venais de fuir l'Angleterre et j'avais intégré une pièce de théâtre, en Russie... et j'ai rencontré cette fille."

Les ennuis commençaient toujours par une histoire de fille, songea-t-elle en souriant de par elle-même, avisant Joséphine qui l'observait.

"Au début c'était juste un jeu, cette fille, la mafia, et puis... petit à petit, c'est devenu sérieux. Disons que je me suis pris au jeu, jusqu'au jour où..."

Où on l'avait envoyé en mission à Bristol, espionner le gang qui allait devenir les Veilleurs, sous l'égide de son ancien camarade de Poudlard, Roy Calder.

"...où j'ai été envoyée en mission en Angleterre, comme je parlais la langue et les lieux. Je me suis rendue compte que ça m'avait manqué, que le pays me manquait, et que mon divorce était loin derrière moi désormais. Alors je suis revenue, je me suis établie à Bristol, j'ai quitté mon gang russe, et j'ai fini par intégrer les Veilleurs. Et je n'ai jamais revu la fille."

Elles s'étaient échangé quelques lettres et puis le temps avait fait son œuvre... Le temps, et la menace que faisait peser sur elle son ancienne organisation, peu ravie de l'avoir vu partir avec tous leurs secrets. Heureusement, ils tenaient d'avantage à maintenir de bonnes relations avec le gang de Bristol que d'avoir sa peau.

"Joséphine... je sais que ça peut paraître fou, mais c'est ma vie et je l'aime comme ça. J'ai toujours aimé me glisser dans la peau de quelqu'un d'autre, jouer un rôle, jouer avec le feu. Je pense être devenue addict à ce frisson, à l'adrénaline, à poursuivre, déceler et dévoiler ces secrets, à faire partie de ce gang et... bien vite, le théâtre n'a plus été suffisant pour moi. Cela me donne un pouvoir que je n'aurais pas autrement, de me défendre, de faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre... Je me sens maîtresse de mon propre destin. Je comprends que ça paraisse incompréhensible", conclut-elle en hochant les épaules, "Mais c'est vraiment un choix. A l'époque, et pendant longtemps, j'y voyais aussi un avantage financier car c'était réellement compliqué de vivre uniquement de mes pièces, mais maintenant, je pourrais m'en passer. Sauf qu'il ne s'agit pas que d'argent."




Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeSam 5 Oct 2019 - 18:00
Joséphine hésita, aussi longtemps que dura le silence de Sofya. Plus les secondes passaient et plus elle se sentait tiraillée par le doute. Elle n'était sûre de rien, si ce n'était qu'elle n'était pas en état de prendre la moindre décision. Elle n'aurait pas dû avoir cette conversation ce soir, pas alors qu'elle se savait si vulnérable, et elle ne devrait pas faire le moindre choix dans cet état, pourtant elle ne dit rien. Elle laissa Sofya se rapprocher doucement d'elle et poser sa main sur la sienne. Un sourire timide s'étira même sur ses lèvres alors qu'elle relevait la tête pour croiser la regard de la comédienne. Ou de l'espionne. Peu importait.

Elle prit conscience à cet instant qu'elle aurait pardonné n'importe quoi à Sofya. Elle aurait laissé passer les pires aveux, aurait accepté les travers les plus inhumains, pour pouvoir rester auprès d'elle cette nuit. Elle aurait fermé les yeux sur le pire, si cela lui avait permis de garder Sofya. Parce qu'elle n'avait personne d'autre pour tromper la peur et la solitude. Elle savait que ce n'était pas sain, de s'accrocher ainsi désespérément à une petite-amie qu'elle connaissait si peu. Elle savait qu'elle était trop fragile en ce moment, et elle avait peur de la rapidité avec laquelle elle était devenue complètement dépendante de cette relation, mais elle ne pouvait pas y renoncer. Elle aurait dû prendre du recul, passer un peu de temps seule, mais elle ne pouvait pas s'y résoudre, et se jeta à corps perdue dans cette seconde chance que Sofya voulait bien leur offrir.

"Je veux bien essayer, répondit-elle en pressant doucement les doigts de la jeune femme dans les siens. J'ai très envie de tout recommencer..."

Il leur suffisait de réapprendre à se connaitre, sans les secrets, sans les mensonges. Peut-être que leur relation n'en serait que plus renforcée. Et dans le cas contraire, elles aviseraient. Ce serait un problème pour plus tard. Elle faisait certainement une bêtise, Joséphine en était consciente, mais elle avait besoin de temps pour regagner des forces. Plus tard, elle saurait y voir plus clair. Plus tard, elle saurait prendre la bonne décision. Pour l'instant, elle avait besoin de quelqu'un à ses côtés pour tenir éloignés ses cauchemars et ses mauvais souvenirs.

La danseuse se lova dans le canapé et replia ses jambes contre elle alors que Sofya s'emparait de sa tasse de thé. Epuisée, elle bascula sa tête en arrière contre le dossier, le regard tourné vers la comédienne qui se replongeait dans les souvenirs de ses débuts dans la mafia. Joséphine avait l'impression d'écouter un récit, tout droit sorti d'un roman ou d'un film. Elle avait du mal à réaliser qu'il s'agissait vraiment de la vie de Sofya, de son passé et de son quotidien.

"Je comprends que ça paraisse incompréhensible,"

Et pourtant, elle arrivait à le comprendre. Quand Sofya parlait de se laisser prendre au jeu, du frisson de l'adrénaline, d'être maitresse de son destin, elle arrivait à comprendre ses choix. Elle était encore gênée par plein d'aspects de ses activités, et n'était pas certaine de réussir à s'y habituer, mais elle comprenait. Ce n'était pas quelque chose qu'elle avait déjà expérimenté mais, quelque part, cela lui faisait presque envie. Elle n'était pas certaine que ce soit une bonne chose.

"Non, je comprends...Je crois. Elle haussa les épaules, impuissante. Tu n'as pas à te justifier."

Son métier avait beau être moins... moralement discutable que celui de Sofya, Joséphine avait conscience d'être assez mal placée pour critiquer les choix professionnels de qui que ce soit. Elle était à la fois dégoutée et fascinée par ce milieu de la mafia, qu'elle avait toujours associé aux hommes et à la violence.

"Mais tu... Tu n'as jamais peur ?"

Même si, de ce qu'elle avait vu, Sofya savait parfaitement se défendre.


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeLun 7 Oct 2019 - 20:21
Sofya sentit comme une lassitude profonde dans la réponse de Joséphine. Non, effectivement, elle n'avait pas à se justifier, mais elle tenait à le faire. Si la jeune femme n'était pas capable d'accepter son métier, alors leur relation ne serait pas possible, c'était aussi simple que cela. Et ce ne serait pas la première fois.

La danseuse lui paraissait effondrée de fatigue, et elle pouvait la comprendre. Joséphine était venue chercher du réconfort auprès d'elle après un évènement qui l'avait visiblement traumatisé, et il y avait de quoi. En lieu et place de soutien, elle avait trouvé une nouvelle source d'angoisse, simplement en effleurant sa peau... Sofya commençait à percevoir le revers de la médaille, avec ce don de voyance, qui s'apparentait plutôt à une malédiction si l'on se fiait à l'expérience de Joséphine.

"Mais tu... Tu n'as jamais peur ?"

Sofya esquissa un sourire qui s'apparenta d'avantage à un rictus. Elle avait conscience que son métier pouvait sembler horrible aux yeux d'une personne ordinaire, et par bien des égards, il l'était. Que l'on puisse choisir cette voie volontairement, lorsqu'on avait une alternative, une possibilité de sortie, pouvait s'avérer incompréhensible. Pourtant, Sofya ne se l'expliquait pas, mais elle tenait à sa double-vie...

"Si", révéla-t-elle, le regard grave. "Quand je suis en mission, c'est surtout de l'adrénaline, mais il m'est arrivé de me faire repérer, voire attraper et... là, j'ai déjà été terrorisée. J'ai déjà eu peur pour ma vie."

Elle avait eu peur à multiples reprises. Cette fois où elle avait failli se faire assassiner en pleine rue de Saint Petersbourg, ne devant son salut qu'à un policier fort heureusement de passage. Cette fois où un gang concurrent l'avait coincé et attaché dans une cave de Bristol, et où elle était parvenue à s'échapper, non sans subir une séance de torture au passage. Ou encore cette fois où elle avait vu Leopold Marchebank et Roy Calder jouer avec la vie d'un espion sous ses yeux, à la roulette russe, comme si tout était normal.

"C'est un milieu dangereux, comme Robin a pu en faire la douloureuse expérience. Il m'est déjà arrivé de me sentir en danger, ou de l'être réellement. Jusqu'à présent, j'ai eu de la chance. J'ai une certaine confiance en mes capacités à me sortir de n'importe quelle situation", avoua-t-elle avec un sourire bravache, "on ne m'attrape pas si facilement, tu sais. Mais oui, il m'arrive de prendre des risques, et en même temps... ça ne regarde que moi. Du moins..."

Elle s'interrompit, mal à l'aise, avisa la silhouette de Joséphine, percluse de fatigue, si vulnérable. Mue par une impulsion, elle se décala sur le canapé pour glisser un bras autour de ses épaules et l'entraîner tout contre elle. Elle la serra avec tendresse, pour lui insuffler sa force et sa chaleur. Quelques secondes s'écoulèrent ainsi dans un silence chargé par leurs pensées muettes. Finalement, Sofya trouva le courage de poser la question qui la turlupinait :

"Joséphine... est-ce que je peux te demander... comment est-ce que tu en es arrivée à faire ce métier, toi aussi ?"

Ce métier. Elles savaient toutes les deux qu'elle ne parlait pas de la danse de cabaret...



Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeLun 14 Oct 2019 - 21:43
Joséphine s'efforça de conserver un visage impassible et garda le silence quand Sofya lui avoua s'être déjà trouvée en danger, au point de craindre pour sa vie. La danseuse ne pouvait que s'imaginer ce que l'on ressentait dans une telle situation. Elle-même n'avait jamais eu peur pour sa vie. Même face à des clients un peu violents, même après des heures de manipulations mentales dans une cellule à Skye, elle avait toujours su qu'on lui laisserait la vie sauve. Elle ne savait pas gérer cette peur là, celle de la mort imminente. Et elle n'était pas certaine de pouvoir vivre avec l'idée que sa petite-amie était peut-être en train de jouer sa vie à pile ou face, quelque part. Elle se surprit à se demander si ses facultés de voyante pourraient la prévenir, si jamais Sofya courrait un réel danger. Son don pourrait-il lui permettre d'entrevoir le pire des scénarios avant qu'il ne se réalise ? Et, cette fois-ci, parviendrait-elle à l'empêcher ?

La danseuse fut tirée de ses réflexions par la remarque de Sofya et se força à lui renvoyer son sourire quand la comédienne-espionne affirma qu'elle avait confiance en sa capacité à se sortir de n'importe quelle situation compromettante. Joséphine avait envie de lui faire confiance, elle aussi, et elle ne doutait pas une seconde de son talent, mais cela suffirait-il à faire taire la peur, au fond d'elle ? Elle accueillit avec soulagement le bras que la jeune femme passa autour de ses épaules, comme si elle avait perçu son besoin de réconfort. Ses cheveux roux s'étalèrent sur l'épaule de Sofya alors qu'elle posait doucement sa tête au creux de son cou. L'étreinte de Sofya et la chaleur de sa peau contre la sienne l'apaisèrent aussitôt et elle sentit tous ses muscles se détendre.

Seule dans son appartement, le silence l'aurait rendu folle d'angoisse et elle aurait lutté aussi longtemps qu'elle le pouvait contre le sommeil, par peur d'être confrontée à d'autres visions insupportables. Dans les bras de Sofya, elle se laissa doucement enveloppé par le silence feutré de l'appartement et battit à peine des cils avant se laisser ses paupières se fermer toutes seules. Elle était sur le point de se laisser emportée par un sommeil trop longtemps attendu quand la voix hésitante de Sofya la ramena brusquement à la réalité.

Joséphine fut tentée de faire comme si elle n'avait rien entendu, comme si elle dormait déjà, mais elle ne put s'y résoudre et rouvrit péniblement les yeux. Elle savait que cette question finirait par tomber, elle arrivait toujours, à un moment ou à un autre. C'était un métier qui suscitait beaucoup de curiosité, de méfiance, de dégoût. Ce métier, qu'on ne nommait même pas. Elle se redressa légèrement, toujours contre Sofya, et baissa les yeux sur ses mains, un peu nerveuse.

Elle n'avait pas honte de ce qu'elle faisait, plus maintenant. Elle gagnait bien sa vie, elle était indépendante, et elle se plaisait à croire qu'elle pourrait arrêter quand elle le voudrait. Mais cela n'avait pas toujours été le cas. Elle avait été cette jeune fille de bonne famille qui se demandait comment on pouvait en arriver là. Comment on pouvait tomber si bas. Comment on pouvait avoir si peu de respect pour soi-même qu'on acceptait de vendre son corps au plus offrant ? Elle avait été cette fille choquée et dégoutée d'apprendre que ce genre de pratiques existaient, cette adolescente pleine de jugement et de pitié pour ces filles-là. Et ce qu'elle redoutait le plus, dans cette conversation, c'était de se retrouver elle-même dans les questions et l'opinion de Sofya.

"J'ai commencé pour l'argent, bien sûr, répondit-elle avec un soupir. J'avais dix-neuf ans, je venais d'arriver à Berlin avec ma soeur, j'étais la pire serveuse que l'Allemagne ait connue et je dépensais quatre fois plus d'argent que j'en gagnais."

Elle s'autorisa un sourire désabusé. Elle se revoyait encore, l'adolescente complètement paumée, la gosse de riche qui ne connaissait pas le coût de la vie, trop naÏve et trop préservée pour affronter la vie, la vraie.

"Je bossais déjà dans un cabaret à l'époque, comme serveuse, et j'ai vite compris que certaines filles se prostituaient, et qu'elles se faisaient en deux soirées plus d’argent qu'en un mois de service. Évidement ça ne m'attirait pas du tout, au début, mais l'idée était là, dans un coin de ma tête. Et un jour je... J'ai cédé. Un client avait payé très cher, alors j'ai dit oui, et..."

Et il avait eu exactement ce qu'il voulait : elle. Elle comme jamais aucun homme ne l'avait eu avant lui. Elle laissa passer une seconde de silence, luttant contre ce souvenir qu'elle avait tout fait pour oublier, et que Constantine avait fait ressurgir quelques heures plus tôt, qu'il avait dévoilé, exposé, disséqué.

"Ce n'était pas régulier au début, je faisais ça de temps en temps, quand j'avais vraiment besoin d'argent. Et puis, c'est devenu de plus en plus facile, et de plus en plus fréquent. J'étais douée, j'avais du succès, et je me suis laissée...prendre au jeu, je crois. Elle ponctua sa phrase d'un faible haussement d'épaules. Et maintenant je... J'ai juste l’habitude. C'est grâce à ça que je m'en suis sortie, je...ça fait partie de moi, en quelque sorte."

Elle dut lutter pour trouver le courage de relever la tête et d'oser croiser le regard de Sofya, les yeux pleins d'une question qu'elle n'arrivait pas à poser. Etait-ce une partie d'elle que Sofya était prête à accepter ?


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 20 Oct 2019 - 16:34
Sofya put sentir le corps alangui de Joséphine se tendre contre elle. La nervosité de la danseuse était palpable, et elle s'en voulut aussitôt d'avoir voulu évoquer ce sujet. Si Joséphine ne l'avait jamais abordé d'elle-même, ce n'était probablement pas pour rien... Pourtant, l'instant était propice, au point où elles en étaient, or ce n'était pas une discussion qu'elles pourraient éviter pour toujours. Sofya baissa le regard sur Joséphine pour croiser son regard, tirant du courage de la chaleur qui émanait de la jeune femme pour venir l'envelopper doucement.

Du bout des doigts, elle vint effleurer l'épaule de Joséphine pour attraper l'une de ses longues mèches rousses et l'entortiller distraitement. La danseuse commença son récit, suscitant aussitôt l'imagination de Sofya qui pouvait parfaitement la visualiser, jeune femme tout juste sortie de l'adolescence, tentant de trouver son chemin dans les rues du Berlin magique. Elle l'imaginait, avec son visage plus juvénile, belle comme un cœur et naïve comme on l'était à cet âge là, offerte à un homme sans visage, un homme puissant et persuadé de sa propre capacité à plier le monde à son bon vouloir. Il lui suffisait de payer très cher pour s'offrir les charmes de cette jeune femme, alors pourquoi s'en priverait-il ? De là un tourbillon d'exceptions qui avaient fini par devenir, peu à peu, la norme et que Joséphine n'avait jamais remis en question. Une histoire classique, terriblement banale, comme il en arrivait à des milliers de filles et pourtant celle qui se trouvait dans ses bras lui semblait tellement singulière. Joséphine s'était pris au jeu comme elle-même l'avait fait avec la mafia. Deux jeunes femmes, qui s'étaient laissé emporter dans une vie que la morale réprouve, qui se sentaient actrices de leur propre destinée, et pourtant... Pourtant Joséphine lui semblait si vulnérable à cet instant. Les émotions qu'elle lisait dans son grand regard lui paraissaient refléter ses propres fêlures, ses insécurités. Sans bien savoir pourquoi, Sofya sentit son coeur se serrer et elle se rapprocha un peu plus de la jeune femme, pour glisser son visage dans son cou. Elle inspira un instant son odeur familière, déposa un baiser sur son épaule puis expira profondément contre sa peau chaude.

Est-ce que la prostitution faisait-elle partie de Joséphine, comme la mafia faisait partie de Sofya ? La comédienne ne se sentait pas capable de mener cette introspection pour le moment.

"Tu sais", souffla-t-elle finalement après quelques instants de silence, "il m'est arrivé de coucher avec quelqu'un dans le cadre d'une mission. Pour obtenir une information ou pour maintenir une couverture... Ce n'est pas si différent, finalement."

Même si Sofya ne se considérait pas de la sorte, même si elle n'y avait jamais réfléchi de cette façon, parce que le sexe était un moyen et non une finalité, parce qu'elle était celle qui manipulait... il n'empêche que le résultat n'était pas tellement éloigné.

"Et cela pourrait m'arriver encore. On occupe toutes les deux des emplois atypiques", dit-elle avec un sourire, "J'imagine que la question que je me pose, c'est comment construire une relation de couple avec ça. Par exemple... quand on couche ensemble, est-ce que ce n'est pas bizarre pour toi ? Est-ce que c'est différent, quand c'est avec moi ?"

Question qui pouvait paraître prétentieuse, mais qui lui paraissait essentielle. Où se trouvait le désir de Joséphine, quand elle la retrouvait le soir ? Comment envisageait-elle leur relation, dans ce contexte ? Sofya voulait croire qu'elles parviendraient à répondre à toutes ces questions, et à trouver leur équilibre...


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 27 Oct 2019 - 20:34
Joséphine avait l'habitude de voir ses partenaires s'éloigner d'elle quand elle avait le malheur d'évoquer son métier. C'était quelque chose qui dérangeait, et qui instaurait toujours une certaine distance, au moins pendant quelques jours. C'était une réticence qu'elle pouvait comprendre, et elle avait toujours laissé à ses petits-amis le temps qu'il leur fallait pour digérer l'information, mais peu étaient revenus vers elle après avoir découvert la vérité. Elle s'était fait une raison et avait accepté l'idée qu'elle n'arriverait certainement jamais à construire une relation tant qu'elle continuait ce métier. Alors elle mentait, se faisait passer pour ce qu'elle n'était pas, ou se contentait de relations courtes et frivoles, avec des gens qui sortaient de sa vie aussi vite qu'ils y entraient.

Voir Sofya se rapprocher d'elle et sentir son souffle chaud dans son cou la plongea dans un état de quiétude qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps. La comédienne ne paraissait pas rebutée par le récit qu'elle venait de lui livrer, bien au contraire. Joséphine savait d'expérience que ce qui ne la dérangeait pas aujourd'hui pouvait parfaitement devenir un problème demain, mais elle s'était suffisamment concentrée sur l'avenir ces derniers jours et ne demandait qu'à profiter un peu de l'instant présent sans penser à la suite. Elle laissa sa main caresser distraitement le genoux de la jeune femme et ferma un instant les yeux pour savourer ce moment de réconfort.

La confession de Sofya lui fit rouvrir les yeux et elle observa un instant sa petite-amie avec un mélange de surprise et de malice. C'était nouveau pour elle, de pouvoir parler de ça si librement, presque avec légèreté. C'était agréable, de ne pas se sentir jugée.

"Et je te mentirais si je te disais que je n'ai jamais arraché quelques confessions sur l'oreiller à un client, sur ordre de Roy."

La danseuse ponctua sa phrase d'un haussement d'épaules. C'était très ponctuel, et cela ne faisait pas d'elle une espionne, mais il lui était arrivé d'obtenir quelques informations pour les veilleurs auprès d'un client satisfait. Les hommes pouvaient se montrer bavards dans ce genre de situation. Elle n'était pas certaine que le fait qu'elles soient toutes les deux capables d'utiliser le sexe comme outil de manipulation fasse d'elles les candidates idéales pour une relation amoureuse stable, mais elle fit le choix de se concentrer sur l'impact positif que cela avait sur leur relation pour le moment. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas sentie acceptée de la sorte.

La danseuse se raidit légèrement quand Sofya l'interrogea sur la possibilité de construire une relation de couple "avec ça". Elle pouvait sentir les questions -et les complications- arriver. Elle secoua la tête comme pour chasser les suppositions absurdes de sa petite-amie.

"Bien sûr que c'est différents, ce... ça n'a rien à voir, vraiment ! assura-t-elle en pivotant sur le canapé pour s'asseoir face à Sofya et la regarder dans les yeux. Avec les clients je n'en ai pas envie, je ne pense pas à moi, et puis ça ne veut rien dire, il n'y a aucune communication, aucune attache."

Le plupart ne donnaient même pas leur vrai nom, perdaient jusqu'à leur identité, leur personnalité. Il n'y avait plus de mari, de père de famille, de cadre du Ministère, de joueur de Quidditch. Ils étaient protégés par l'anonymat garanti par les Folies et, pendant ce temps, ils n'étaient plus vraiment eux-mêmes. Ils n'étaient personne et elle, elle était n'importe qui, elle était qui ils voulaient.

"Avec toi ça a du sens, c'est vrai."

Elle savait qu'elle avait un rapport au sexe différent de la plupart des gens. Cela avait nécessairement moins d'importance à ses yeux, parce que c'était quelque chose qu'elle partageait avec tous ses clients, mais il y avait des choses qu'elle ne ressentait qu'avec Sofya. Ce qui était habitudes et simulations devenait alors nouveau et intense, chargé d'émotions et de tendresse. Et c'était quelque chose qu'elle ne partageait qu'avec la comédienne, bien qu'elle n'ait jamais vraiment définie leur relation comme exclusive.

"D'ailleurs, commença-t-elle, un peu hésitante. A part éventuellement pour...Pour le boulot, est-ce que tu vois quelqu'un d'autre ?"

Elle n'était même pas certaine de la réponse qu'elle attendait. Elle aurait voulu avoir Sofya juste pour elle, et construire avec elle quelque chose d'unique, mais elle savait que c'était quelque chose qui pouvait être difficile à envisager avec leurs métiers respectifs et aurait compris que la belle actrice s'accroche à sa liberté. Joséphine ne pouvait évidement pas lui jurer fidélité dans le sens classique du terme, mais elle ne voulait pas d'autres relations amoureuse, et elle était prête à s'engager en ce sens, si c'était ce que Sofya voulait aussi.


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 3 Nov 2019 - 11:28
Joséphine lui répondit avec un tel naturel, sur un ton si catégorique que Sofya se sentit aussitôt confortée dans sa place de petite-amie. Ce que la jeune femme lui soutenait paraissait tomber sous le sens, comment pourrait-elle parvenir à survivre à ce métier si ce n'était en se détachant de l'acte lui-même ? Entre elles, pourtant, il y avait une véritable connexion y compris sur ce plan là, et cela la rassurait de constater qu'elle n'était pas la seule à la ressentir. Car Sofya ne recherchait pas seulement une amie ou une confidence, mais bien une amante, et pour cela il fallait que leur complicité se prolonge sur le plan physique.

"Oui, c'est vrai", souffla-t-elle doucement en réponse, en couvant la jeune femme avec une lueur de tendresse. Joséphine avait su gagner son coeur à une vitesse qui lui faisait peur, à elle, l'écorchée au parcours sentimental jonché des débris de ses relations passées, mais elle se sentait paradoxalement en confiance, peut-être parce qu'elle devinait Joséphine aussi vulnérable qu'elle.

Sofya jouait distraitement avec le tissu d'un coussin qu'elle tenait contre elle, observant les mille et une nuances du tissu chamarré que révélait la lumière vacillantes des bougies en train de mourir. La question de Joséphine la tira finalement de sa contemplation. Elle sentit une impression de chaleur l'envahir alors qu'elle devinait où cette conversation se dirigeait.

"Non, je ne vois personne d'autre. D'ailleurs, même si j'en avais envie, je ne sais pas où je trouverai le temps pour entretenir deux relations", répondit-elle avec amusement. Sur ce point, elle avait de la chance : puisque Joséphine non plus n'exerçait pas exactement un métier de bureau, elle ne l'attendait pas tous les soirs à 18h tapantes et ne se révélait pas du tout envahissante. Sofya pouvait conserver son indépendance sans se sentir enfermée dans une relation routinière qui ne s'accommoderait guère de son mode de vie. Pour ne rien gâcher, les deux jeunes femmes pouvaient régulièrement trouver un moment de complicité à partager, dans les coulisses ou les couloirs déserts des Folies...

Glissant sa main sur celle de Joséphine, elle entremêla ses doigts aux siens et se pencha légèrement vers elle pour ajouter, malicieusement :

"D'ailleurs, je n'en ai pas du tout envie. Je ne veux que toi, Joséphine, si tu veux de moi aussi. Bien sûr que notre relation ne sera probablement jamais tout à fait classique, mais... Qui a envie d'une vie classique ? Certainement pas moi."

Elle eut un mouvement de tête théâtral qui fit virevolter ses mèches bouclées, adoptant l'air d'une diva sur le point de recevoir un prix face à un parterre de journalistes, puis échappa un rire d'auto-dérision.

"Tant qu'on est sincère l'une envers l'autre, ce qu'on fait de nos corps sur notre temps de travail ne compte pas, je pense. La fidélité, c'est ici que ça se passe", souffla-t-elle en désignant sa poitrine du bout des doigts. Elle pouvait sentir son cœur battre avec vigueur contre sa cage thoracique, comme revigoré par cette idylle naissante, lui qui battait en solitaire depuis si longtemps...

"Et toi, est-ce que tu vois quelqu'un d'autre ?", s'enquit-elle, plus pour la forme qu'autre chose. En son for intérieur, Sofya connaissait déjà la réponse.


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Joséphine Walker
Joséphine WalkerProfesseur de danse
Messages : 310
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeDim 3 Nov 2019 - 18:03
Joséphine laissa léger sourire s'étirer sur ses lèvres en entendant la réponse de Sofya, qui se transforma en un bref éclat de rire quand la comédienne affirma qu'elle n'aurait, de toute façon, pas le temps d'entretenir deux relations à la fois. La jeune femme pouvait aisément se retrouver dans cette situation. Ses semaines étaient bien remplies, entre les soirées sur scène, les nuits dans l'Aile Ouest, et les après-midi de répétition. Songer au travail lui rappela qu'elle avait plusieurs messages d'Olga sur son Pear et elle retint un soupir. L'exigeante chorégraphe des Folies Sorcières n'était certainement pas ravie de l'absence de sa danseuse, qui avait duré plus longtemps que prévu.

La main de Sofya se referma sur la sienne et Joséphine entremêla ses doigts encore glacés à ceux de la jeune femme. Elle se réchauffait doucement au contact de sa petite-amie, mais c'était comme si le froid glacial de l'ile de Skye refusait de la quitter complètement. Un frisson parcourut son dos et elle se blottit un peu plus contre sa petite-amie pour profiter de la chaleur et de la douceur de sa peau.

La réponse de Sofya la toucha réellement. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas eu cette conversation avec quelqu'un et, malgré leur situation un peu particulière, elle avait l'impression de redevenir une adolescente amoureuse. Elle observa la jeune femme avec un regard amusé et plein de tendresse quand cette dernière rejeta ses boucles blondes en arrière dans une parfaite attitude de diva.

"Bien sûr que notre relation ne sera probablement jamais tout à fait classique, mais... Qui a envie d'une vie classique ? Certainement pas moi."

Joséphine joignit son rire à celui de la belle actrice, songeuse. Elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander si Sofya avait toujours été ainsi, indépendante, libre, avec des ambitions et des envies éloignées de celles qu'on attendait de femme de leur âge. Elle n'arrivait pas à l'imaginer autrement, pourtant elle savait à quel point les rêves pouvaient changer au cours d'une vie.

"Tu n'en as jamais eu envie ?" s'enquit-elle avec curiosité.

La danseuse approuva d'un hochement de tête les paroles de Sofya quand celle-ci affirma que ce qu'elles faisaient de leur corps ne devait pas avoir de conséquence sur leur relation, que la fidélité se jouait au niveau du coeur. Elle ne pouvait qu'être d'accord avec les paroles de la jeune femme, pourtant au fond d'elle, elle avait conscience que les choses étaient souvent plus complexes que ça.

Joséphine avait adopté tout un tas de règles pour se protéger et pour garder une certaine distance avec ses clients. Elle ne prenait pas de rendez-vous en dehors de l'Aile Ouest, n'allait jamais chez ses clients. Elle acceptait les cadeaux mais pas les invitations. Elle n'embrassait que si on le lui demandait expressément. Mais elle avait enfreint la quasi-totalité de ces règles rien que sur les dernières semaines et savait qu'elle répéterait certainement les mêmes erreurs. Elle savait que c'était difficile pour elle, de séparer strictement vie amoureuse et vie professionnelle, cela l'avait toujours été, mais cette fois-ci elle avait vraiment envie d'y parvenir. Elle voulait construire une véritable relation de couple, basée sur l'amour et la confiance.

"Non, bien sûr que non, répondit-elle avec un sourire doux quand sa petite-amie lui demanda à son tour si elle voyait quelqu'un d'autre. Avant de rencontrer Sofya cela faisait des mois qu'elle n'avait pas eu de vraie relation, alors elle était bien loin d'en avoir deux à la fois. Deux double-vie à nous deux, c'est déjà bien suffisant", ajouta-t-elle avec un regard mutin.


Fix you [PV Sofya] Signature-Jo
Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
Messages : 294
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitimeMar 12 Nov 2019 - 15:30
"Non, jamais", souffla Sofya en réponse, une expression rêveuse sur le visage. Sofya avait grandi dans un village dans lequel tout le monde racontait des histoires, chacun à sa manière : depuis la grand-mère ridée qui narrait des contes et légendes au coin du feu jusqu'à la troupe de théâtre ambulante, en passant par le chanteur qui grattait quelques airs contre une poignée de pièces. Bercée par ces récits, elle s'était toujours imaginée vivre une existence d'adulte palpitante, héroïne de ses propres aventures, et d'une certaine manière elle y était parvenue. Là où d'autres femmes trouvaient chaleur et réconfort dans une existence fondée sur des accomplissements valorisés par la société et des projets personnels, Sofya avait atteint un équilibre, certes parfois précaire, en menant une vie imprévisible, qui ne se ressemblait pas d'un jour sur l'autre.

Comme Joséphine lui confirmait à son tour son souhait de conserver leur relation exclusive, Sofya lui répondit par un baiser, heureux et confiant. Puis elle la garda tout contre elle, dans ses bras, le visage appuyé contre ses cheveux roux, à écouter sa respiration qui devenait de plus en plus régulière. Bientôt, elle la sentit endormie dans ses bras, et se laissa gagner à son tour par la torpeur qui l'envahissait peu à peu. Elles avaient toutes les deux besoin de repos, Joséphine en particulier, après ses trois jours à Skye. Leur conversation avait mal commencé, mais aurait clairement pu plus mal se terminer. Au contraire, Sofya se sentait en paix avec elle-même, et plus proche de Joséphine que jamais, comme si elle pouvait s'autoriser à laisser tomber un peu son masque. Un peu, pas totalement : quelque chose lui disait que la jeune femme n'avait pas tout-à-fait assimilé et accepté sa découverte. Mais elle ne l'avait pas rejeté, et c'était déjà énorme.

Elles s'endormirent ainsi, sur le canapé, jusqu'à ce que Sofya ne finisse par se réveiller, courbaturée et des fourmis plein la jambe. Elle attira alors Joséphine jusqu'à sa chambre, et l'observa un instant dormir, avant de replonger elle-même dans les bras de Morphée.

Fin du RP Fix you [PV Sofya] 413578547


Fix you [PV Sofya] Batch_10
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Fix you [PV Sofya] Icon_minitime