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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni]

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Profil Académie Waverly
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeDim 14 Avr 2019 - 23:40
28 septembre 2010

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Donagh10
Donagh Avner, 24 ans, frère de Fergus, petite frappe

« DoooooonaaaAAAAAAAAGHHHH ! »

Le cri à réveiller Voldemort qui émana du rez-de-chaussée ne fit même pas hausser un sourcil au jeune homme avachi sur son lit, occupé à pianoter sur son Pear One. Il savait peu ou prou ce qui l’attendait s’il répondait à l’appel et cela ne l’enjaillait pas des masses de passer trois heures à dresser une table de trente-six personne -à peu près- mais il savait aussi ce qui l’attendait s’il ne répondait pas donc il eut une réaction vaguement engagée, les yeux toujours rivés sur son écran :

« Quoiiii ? »

Erreur de débutant, il avait oublié le début de surdité de sa mère, qui répliqua avec un timbre de voix propice à le faire devenir sourd à son tour :

« DONAGH !
-MAIS QUOI ?
-TU VAS DESCENDRE OUI ? ME FORCE PAS À MONTER J’AI PAS LE TEMPS DE TE METTRE DES CLAQUES.
-ÇA VA JE DESCENDS. »

Puisqu’on ne pouvait plus serrer des meufs tranquille dans cette maison, Donagh suspendit sa conversation Pear One et balança rageusement son appareil dans sa poche. La porte de sa chambre fit trembler les murs bancals de la maison quand il la claqua derrière lui. Sa démarche lourde heurta alors un élément sur son chemin, lui faisant perdre l’équilibre, ce qui manqua de lui faire rencontrer le parquet craquant. Quand il se rendit compte que c’était la jambe de sa petite soeur qui était sournoisement sortie de sa chambre en l’entendant marcher dans le couloir, il explosa :

« Putain Moreen !
-AH BAH. C’EST MA FAUTE SI TU SAIS PAS MARCHER MAINTENANT ?
-MAIS. VA CHIER ? »

Quelle grognasse, songea t-il en dévalant les escaliers avec impatience. Elle n’avait toujours pas digéré sa petite blague de tout à l’heure, que Donagh ne regrettait pas une seconde, même s’il devait subir les furies de sa soeur en retour : la tête qu’elle avait faite en découvrant ses messages valait toutes les gifles du monde. Brièvement satisfait à la pensée de ce piège machiavélique réussie, il retrouva toutefois bien vite une mine désenchantée en voyant sa mère fondre sur lui.

« Ah bah enfin ! J’ai besoin de toi pour sortir les cartons au-dessus de la grosse armoire de la salle à manger, c’est trop haut pour moi.
-Quoi ? Tu pouvais pas utiliser la magie pour ça ?
-C’est fragile, y a de la vaisselle dedans ! Et arrête de te plaindre ! »

Ponctuant son ordre d’une petite claque à l’arrière de la nuque que Donagh ne put éviter malgré des années d’expérience, Dumnhait lui désigna l’armoire en question. Sans faire aucun effort pour masquer que cette tâche l’ennuyait déjà, il traîna du pied jusqu’un tabouret qu’il posa un peu brutalement au pied du vaisselier. Quand il vit l’enchevêtrement désordonné de cartons et paquets poussiéreux qui en occupaient le sommet, il comprit pourquoi sa mère avait préféré faire appel à la dextérité de mains humaines plutôt que des sortilèges hasardeux mais cela ne l’empêcha nullement de rouspéter entre ses dents. La sonnerie de la porte d’entrée retentit alors qu’il passait le dernier carton à sa mère, ce qui lui tira une exclamation surprise :

« Déjà ?
-Eh oui, la table est sensée être mise depuis une heure mais personne ne m’aide dans cette maison !! Où est Moreen ? MOREEN DESCENDS OUVRIR. »
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeLun 15 Avr 2019 - 0:16

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Moreen10
Moreen Avner, 16 ans, Dramaqueen

Moreen cherchait un moyens sur de mourir. Elle n'acceptait pas de vivre l'humiliation que Donagh lui avait infligé une minute de plus. Que devait penser Toni ? Qu'est-ce qu'il s'était imaginé ? Elle n'admettait pas qu'elle était plutôt déçue qu'il ai cru tout de suite à la blague et concevait une manière relativement ingénieuse de se pendre avec le rideau lorsque le son de la voix de sa mère l'appela depuis le bas des escaliers.

- J'PEUX PAS ALLER OUVRIR DONAGH M'OBLIGE À ME SUICIDER DE HONTE !!!!

Elva qui passait devant la porte ouverte de sa chambre à ce moment là -arrivée plus tôt dans la journée pour aider Damnhait, elle avait déposé ses enfants dans un coin et hantait la cuisine depuis 14 heures- haussa un sourcil et secoua la tête. " S'il te plaît Moreen, va ouvrir avant que maman ne hurle encore. " Moreen poussa un long soupir de profonde irritation pour marquer qu'elle n'était pas d'accord avec le projet mais lâcha tout de même le rideau qu'elle avait passé en nœud coulant autours de son coup et dévala les escaliers pour aller déverrouiller la porte d'un coup de baguette. Elle retint sa respiration, mais ce n'était pas Toni derrière la porte, seulement une flopée de six cousins qui envahirent l'espace en la saluant bruyamment. " Joyeux anniversaire, Sofie ", fit-elle mollement en recevant l'invitée d'honneur qui tenait dans ses bras un lourd panier chargé de victuailles que Moreen lui pris des mains pour aller le déposer dans la cuisine. Elle adoptait sciemment on air absolument affecté pour bien montrer au monde combien elle était en train de souffrir.
- Maman, appela-t-elle, il arrive quand Fergus ?
- Est-ce que je sais moi, il est toujours en retard, ton frère.
- Ouais mais il t'a pas donné une heure ?
- Il a intérêt à arriver bientôt c'est lui qui doit prendre le pain.
- Aaaaauuugh " Moreen fit le tour de la cuisine en trainant les pieds, esquiva les plats que lui tendaient Elva " j'peux pas. Chuis trop blessée dans mon orgeuil. "
- Moreen.
- Donne mes tâches à Donagh, c'est la faute de ce gros PORC ANGLAIS si je suis pas apte à remplir mes fonctions. AÏE, MAIS MAMAN !
- TU TRAÎTES PAS TON FRÈRE. Apporte les plats.
Comme personne n'était sensible à sa détresse -elle savait par habitude que sa famille la laisserait mourir avant de remarquer qu'elle était tombée dans le gouffre putride de la dépression -, Moreen fini par plier et déposait mollement ce qu'on lui demandait au centre de la table qui commençait à prendre forme tout en prenant soin de faire des doigts d'honneur à l'intention de Donagh dès qu'il passait dans son champ de vision, lorsque la sonnette retentit à nouveau. Elle vit Donagh esquisser un geste et le devança prestement " J'Y VAIS ! "

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] W7S2EfKn_o
Fergus Avner, 34 ans, Veilleurs

- Tiens moi ça. " Fergus tendit à Toni un panier rempli de pain. Son ami, qui avait l'habitude des grandes familles, n'avait pas posé de questions au sujet de la quantité et s'était contenté de le suivre dans sa commande avec une docilité que Fergus remerciait à chaque instant. Prévenu à la dernière minutes, il n'avait pas été strictement pratique à Fergus d'organiser sa soirée, et encore moins d'imposer à Roy l'absence de Toni alors que ce dernier était supposé être de veille au casino. " Ca va être la jungle j'ai vraiment pas l'énergie " marmona-t-il.  Il connaissait sa famille par cœur et savait par avance comment cette soirée allait commencer, et finir. Par là-dessus, Moreen, qui devait probablement encore être en train de vivre un drame à cause de la blague idiote de Donagh - Donagh à qui il allait toucher deux mots. Il sonna avec un soupir.

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Moreen10
Moreen Avner, 16 ans, Dramaqueen

Lorsque Moreen déverrouilla la porte, c'était Fergus qui se tenait derrière. Son cœur s'accéléra brutalement, parce qu'elle savait que où était son frère, Toni n'était pas loin. Lorsqu'elle l'aperçut, dissimulé derrière une importante quantité de miches de pain, elle rougit brutalement et se mis à bafouiller. " Mais il devait pas venir lui j'avais dis 48 heures de deuil ! "
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeDim 21 Avr 2019 - 19:14
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] 30595710
Antonino Tessio, 29 ans, Veilleur, fils préféré de Dumnhait

« Allez, t’as vou pire qué ça, encore. »

Un rire narquois échappa à l’italien au commentaire blasé de son ami, qui sonnait à la porte avec l’expression d’un homme résigné à mourir. Toni faisait preuve au contraire d’une certaine bonne humeur, plutôt content de bénéficier de cette soirée familiale chez les Avner où c’était certes toujours la jungle mais justement, on ne s’y ennuyait jamais et on ressortait toujours avec des souvenirs mémorables en tête. Son humeur était presque trop bonne, compte tenu de la situation dans laquelle il était fourrée et que Moreen ne manqua pas de le lui rappeler en leur ouvrant la porte. Ce n’était pas qu’il avait oublié leur conversation par Pear One ce matin, celle où elle réclamait ces fameuses quarante-huit heures de deuil, suite à la stupide blague de son frère. C’était simplement qu’entre temps, il s’était passé approximativement un million de choses dans la journée du trafiquant, apportant son lot d’adrénaline qui avait progressivement remplacé dans son esprit le souci qu’il pouvait se faire pour les émotions de Moreen, dont il savait qu’elle était de toute manière comme lui : aussi prompte à changer d’humeur en quelques minutes. Il fut donc presque surpris de voir qu’en l’occurrence, elle n’avait rien oublié de ce petit malentendu et qu’elle restait campée dans ses positions.

« Jé t’ai dit qué jé venais pour l’anniversaire dé ta cousine, j’allais pas manquer ça, rappela t-il en dégageant son visage de la montagne de miches de pains dans ses bras, pour pouvoir la regarder. Tou m’en veux encore ? »

Maintenant que l’incident était passé, Toni ne voyait pas vraiment pourquoi Moreen prenait cette situation autant à coeur. Il lui semblait qu’il ne s’agissait que d’une mauvaise plaisanterie de Donagh, rien qui ne vaille la peine de se faire la gueule, en somme. En plus, elle avait répondu à son dernier message en disant que c’était bon et que ce n’était pas grave ! Plein de perplexité, il échangea un bref regard avec Fergus. La petite voix de Laoise, debout entre eux deux, interrompit leur échange, avec un grand sourire poli :

« Bonsoiiiir, tata Moreen, on peut entrer ? »

Moh, elle était mignonne comme tout, cette enfant. Grace Washington avait beau inspirer la nausée, parfois, elle avait le bon goût de laisser sa fille au bon moment : Laoise avait l’air contente de participer aux soirées Avner qu’elle manquait bien trop souvent.
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeLun 22 Avr 2019 - 15:54
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Moreen10
Moreen Avner, 16 ans, dramaqueen


Moreen avisa d’un coup d’oeil les boucles qui dépassaient négligemment, ensevelis sous une montagne de pains, et son coeur se mit à battre profondément. Lorsque Toni dégagea son visage pour planter ses deux yeux noirs dans les siens, elle se demanda si elle n’allait pas le mordre. « Je t’ai dis que jé venais pour l’anniversaire dé ta cousine, j’allais pas manquer ça. » Elle esquissa un geste, posa ses mains sur ses oreilles « BLABLA y a un type qui parle avec un accent incompréhensible juste derrière toi Fergus !! Le regarde pas sinon il va croire qu’il est invité ! » « Tou m’en veux encore ? » Moreen leva les yeux au ciel, les mains toujours plaqués contre son crâne, mais suffisament ouvertes pour ne pas rater une seule des paroles qui coulaient négligemment de la bouche de Toni. Est-ce qu’il faisait exprès ? Est-ce qu’il avait déjà totalement oublié l’humiliation que son rire lui avait fait subir ? A moins qu’il n’ai absolument pas compris qu’elle était blessée, et triste, par sa faute ? Elle renifla dédaigneusement et s’apprêta à répondre lorsque la frimousse hésitant de Laoise se glissa entre les jambes de Toni et celle de Fergus, qui tentait vainement d’entrer. « Ho !!! Petite puce d’amour ! » Moreen se mit à genoux pour serrer la petite fille dans ses bras dans un geste théâtrale. « Es-tu venue rétablir le quotat de douceur parmis toute cette plèbe désagréable qui me parle dans les oreilles ? » Laoise ne semblait pas bien saisir le contexte de la revendication mais elle souriait entre les bras de Moreen qui lui plaqua une bise sonore sur la joue avant d’aviser l’énorme peluche qu’elle tenait entre ses bras. « C’est quoi ça ? » « C’est tonton Toni qui me la offert », dit-elle. Moreen repoussa ses cheveux en arrière en jetant un regard noir à Tonino. « C’est pas tonton Toni, Laoise. C’est fini. C’est gros traître Antonino, désormais. » Prononça t-elle d’un ton docte. Fergus esquissa un geste impatient au-dessus de sa tête, et elle se redressa. « Bon, fit-il.Vous réglerez ça entre vous et dans le salon, si tu veux bien. » Elle se poussa négligemment pour leur laisser le passage et leur emboîta le pas. Arrivée dans la cuisine, elle prit le panier des mains de Toni, plissa les yeux pour rencontrer son regard, et lui adressa un geste en pointant deux doigts vers ses yeux pour lui signifier qu’elle le surveillait attentivement.

Elle aurait été dévastée de ne pas voir le sourire charmeur de l’italien ce soir, mais même si elle en avait eu conscience, elle aurait préféré mourir que de se l’avouer. Continuer à jouer l’humiliation et la traîtrise lui permettait de garder l’attentiond de Toni fixée sur elle. Inconsciemment, c’est tout ce qu’elle voulait.

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, Ecrin de douceur précieuse et de bienveillance.


Moreen posa brutalement le panier de pain sur la table de la cuisine, dans laquelle s’agitaient sporadiquement des dizaines de personnes. Elva, qui terminait de vérifier la cuisson magique de trois dindes, se redressa pour sourire à Fergus qui pénétrait dans la pièce, suivit de Toni. Elle s’avança vers lui et l’embrassa sur la joue. « Comment vas tu ? » Demanda t’elle doucement, tout en sachant que, s’étant vus à peine quelques jours auparavant pour discuter de sa situation marital, Fergus n’entrerait pas franchement des les détails. Il ne le faisait jamais, par ailleurs, à moins d’être surpris en fin de soirée, dans le calme le moins sonore, un dernier verre de whyski pur feu entre les mains. Et elle savait qu’il était encore en colère contre son mari, et pesait entre eux la décision qu’il avait réussis à lui faire prendre, de divorcer pour de bon. « Bien. Laoise est là », répondit-il en s’écartant pour découvrir la petite fille, qui avait toujours une retenue timide lorsqu’elle se retrouvait brutalement environnée de dizaines de personnes. Laoise grandissait dans la solitude et le silence. L’agitation lui faisait toujours ouvrir de grands yeux surpris. « Hello, trésor. » Elle déposa un baiser sur son front avant d’aviser Toni. « Et bonjour, Tonino. » Elva, avec un geste d’habitude, posa doucement une main sur le torse du jeune homme, et déposa un baiser impregné d’une tendresse coutumière sur la joue de l’italien, avec la même douceur qu’elle l’avait fait pour Fergus. « J’ai vos cadeaux, à tous les deux. Ils sont dans le cellier, avec ceux de Donagh et Moreen. Aisling ne va pas tarder, je peux vous servir quelque chose à boire ? »
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeLun 22 Avr 2019 - 21:42
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Tonino10
Antonino Tessio, 29 ans, Veilleur, fils préféré de Damnhait

Toni n’aurait pas dû être si surpris, il connaissait Moreen depuis le temps. Il savait qu’elle était légèrement dramatique et rancunière sur les bords. Mais les gens ne changeant pas, Toni était toujours aussi mauvais quand il s’agissait d’estimer le réel impact de ses mots et de ses gestes sur les gens qu’il finissait par vexer. Lui-même ayant une notion aléatoire de ce qui était acceptable ou non -il pouvait décoller au quart de tour pour un rien tout comme encaisser des vannes très violentes jusqu’à en rire- il peinait parfois à suivre quelqu’un comme Moreen qui avait une personnalité semblable à la sienne au fond, sans tout à fait être sensible aux mêmes choses. Pour lui, tout était une question de ce qu’il avait décidé de classer dans la catégorie des choses qu’il prenait au sérieux ou pas. En l’occurrence, une blague pourrie de Donagh Avner sur une soi-disante attirance de Moreen pour lui n’en faisait pas partie.

Heureusement, l’intervention bénie des dieux de l’ange Laoise le tira de ce mauvais pas, l’espace de quelques secondes, du moins jusqu’à ce que Moreen ne décide de détruire l’image d’oncle bienveillant qu'il s’efforçait de construire auprès de la petite fille. La réaction de Toni ne se fit pas attendre.

« Whoooooo on sé calme, lui apprends pas des connéries pareilles ! Né l’écoute pas, bella, fit t-il à l’adresse de Laoise, viens on va dire bonjour aux autres. »

Fergus l’appuya en les enjoignant à régler leurs différends plus loin, ce que Toni comptait bien faire, malgré l’espèce de regard plein de défi que lui renvoya Moreen en récupérant le panier de pains. Peu impressionné, il répliqua :

« Hé réviens ici, toi, on va parler ! Ramène ton crétin dé frère au passage ! »

Non mais, le jour où il allait se laisser marcher dessus par un duo de mioches n’était pas encore arrivé. Mais Moreen décida d’adopter sa démarche la plus impériale pour se rendre à la cuisine avec son panier, le menton levé, comme si rien de tout ceci ne l’atteignait. Quelque part entre la résignation et l’envie d’éclater de rire face au ridicule de cette situation, Toni se pencha légèrement vers Fergus pour commenter de cet air docte que prenait les hommes quand ils pensaient avoir saisi un véritable secret de la psychologie féminine :

« Ta soeur a clairément ses règles. »


Ou elle était juste Moreen, tout simplement, c’était difficile de faire la différence. Quoiqu’il en soit, quand Toni pénétra dans la cuisine, son attention eut tout le loisir de se fixer sur autre chose que la bouille mécontente de la petite soeur de Fergus et notamment sur celle beaucoup plus avenante et rafraîchissante de sa deuxième soeur qui se dirigeait vers eux pour les saluer. Un tout petit peu trop conscient de la main qu’Elva posa sur son torse et du baiser sur sa joue, Toni prolongea le contact en plaçant une main sur son bras et en lui répondant avec un genre de sourire qu’il n’avait que pour elle, diraient les plus attentifs.

« Hey, ça va toi ? Merci encore pour les cadeaux, tou assures ! Jé veux bien un truc frais à boire, n’importé quoi. »

Puis elle s’éloigna et ce fut comme si Toni reprenait conscience de la multitude de personnes qui les entouraient. Du coin de l’oeil, il aperçut Laoise se diriger vers les deux fils d’Elva, qui sautillaient vers elle, ravis d’avoir de la compagnie. Il s’apprêtait à faire le tour pour saluer les nombreuses têtes connues qui gravitaient autour de lui quand un éclat de voix reconnaissable entre mille jaillit par-dessus tout le reste :

« Aaaaaah Toni tu es là ! »


Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Damnha10
Damnhait Avner, 56 ans, mère au foyer, ceinture noire dans le maniement de la pantoufle

A l’oreille de Damnhait qui était parfaitement capable de distinguer les yeux fermés chaque voix de chacun de ses enfants, petits-enfants, petits-cousins, frères, soeurs et mari, l’accent chantant de Toni était toujours une musique très douce et très agréable. Lorsqu’elle le perçut dans la cacophonie de sons, de cris et de discussions qui envahissait déjà la cuisine et la salle à manger de sa maisonnée, Damnhait mit en suspens ses investigations dans le cellier et s’en extirpa, tout en essuyant ses mains poussiéreuses sur son tablier. La carrure de l’italien était facilement repérable dans sa famille d’enfants dégingandés, si bien qu’elle repéra aussitôt les larges épaules et les bouclettes noires qu’elle cherchait.

« Je suis contente de te voir ! s’exclama t-elle en lui claquant quatre bises sur les joues, ses deux mains agrippant ses biceps avec affection.
-Mais moi aussi, Damnhait ! Tou vas bien ?
-Oh tu sais, aussi bien qu’une vieille femme de mon âge peut l’être avec des dizaines d’enfants à charge dans cette maison !
-Haha, tou t’en sors très bien et tou n’es pas si vieille voyons !
-Oooh flatteur, pouffa t-elle. Assieds-toi donc. Tu veux boire quelque chose ?
-Je lui ai déjà proposé, maman, annonça Elva, qui cherchait dans le frigo.
-Ah très bien, très bien. »

Elle tapota chaleureusement l’épaule de Toni qui s’était sagement exécuté en prenant place autour de la table de la cuisine. Son regard se posa sur le comparse de toujours de son fils de coeur, à savoir son fils de sang qu’elle salua à son tour de façon bien plus casual :

« Ah Fergus ! Tu as ramené le pain ? » interrogea t-elle tout en lui faisant la bise.

Elle n’en doutait pas, car Fergus était fiable, c’était bien le seul d’ailleurs -avec Elva. A ce moment-là, Donagh passa en coup de vent dans la cuisine, espérant sans doute qu’on ne le remarquerait pas, avec un salut rapide pour les deux nouveaux arrivés qu’il gratifia d’un léger coup sur le bras :  

« Yo, Toni ! Ferg’. »

C’était sans compter sur la réactivité de Damnhait qui ne manqua nullement l’occasion de l’interpeler :

« Donagh où tu vas comme ça ? Tu crois que je te vois pas à te tourner les pouces pendant que tout le monde s’active ici ? Va sortir des bouteilles de vin dans le cellier. Tout de suite. »

Que de fainéants dans cette maison, décidément. Après une petite tapette sur le bras de son fils qui râlait -parce que c’était tout ce qu’il savait faire, râler- elle examina du regard sa petite assemblée familiale, se faisant une réflexion à voix haute :

« Eh bien, tout le monde est là, je crois. Il ne manque plus qu’Aisling. Elle va encore arriver à la dernière minute, quand tout sera posé, comme ça elle n’aura rien à faire, hmf. Vraiment une princesse, celle-là, pesta t-elle.
-Il manque Riagal aussi, non ? »

L’évocation de ce prénom, même de la mélodieuse bouche de Toni, déclencha une sensation très irritante chez Damnhait dont les traits se déformèrent comme si elle venait d’avaler un beuvrage particulièrement acide. Un juron gaélique lui échappa, à la pensée de cet homme qui avait bien de la chance d’être encore le père de ses petits-enfants, autrement elle aurait trouvé un moyen de l’écorcher vif.

« Ah bah heureusement qu’il est pas là, lui, je l’aurais sorti moi même à coups de pieds au cul !
-Maman…
-Quoi ?? Il a intérêt à ne plus jamais reposer les pieds ici, c’est moi qui te le dis !
-Hum… Il s’est passé quelqué chose ? »
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeSam 27 Avr 2019 - 12:07

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] W7S2EfKn_o
Fergus Avner, 34 ans, résigné mais fiable

Fergus pénétra dans la cuisine avec une sorte de lenteur propice à ce genre de journée. Il ressentait une vague fatigue, une résignation courante, mais accueillait ces sensations avec un plaisir qu'il trouvait malgré tout et toujours dans le fait de voir sa famille papillonner, entre les cris et les rires, ce qui pour lui signifiait que tout allait bien.

Il n'en avait pas toujours été ainsi, la famille Avner - en tout cas son noyaux dur - avait vécu des périodes difficiles. Des périodes difficiles dont Fergus avait parfois été la cause, et il se souvenait du silence pesant et des regards baissés avec autant d'intensité qu'un poing reçu au creux de l'estomac. Il ne voulait pour rien au monde revivre ces situations de gêne profonde où il avait senti sa famille s'éloigner de lui et où chaque réunion était baignée d'une tristesse sordide, où personne n'osait plus crier sur personne et où Damnhait ne lui avait pas collé un seul coup de chanson en plusieurs mois.

Fergus prenait donc la température en pénétrant la cuisine. Il vérifiait qu'Aisling n'était pas encore arrivée - l'inverse aurait été réellement inquiétant au point probablement de mobiliser une cellule de crise, - Donagh tentait d'esquiver les tâches et la discussion qu'il allait forcément avoir avec Toni en baissant la tête et en adoptant une attitude de petit gangster occupé, Moreen traînait les pieds en grognant dans tous les coins pour essayer de sensibiliser son environnement à sa grande détresse mais sans cesser, jamais, de jeter des regards de biais à Toni dont elle cherchait l'attention exclusive. Damnhait se plaignait de tout le monde avec une affection qu'elle ne parvenait jamais à cacher totalement, donnait des ordres et accomplissait douze tâches à la fois et Fearghas était probablement dans le salon en train de siroter un premier verre en compagnie d'oncles, de tantes, et mettait Sofie à l'aise. Le reste des enfants, plus jeunes, courraient dans la maison, s'éparpillaient dans les étages et dans le jardin. Et sa mère, évidemment, saluait Toni avec une effusion qu'elle ne lui réserva pas. Fergus désigna le panier rempli qu'il avait posé sur la table en rendant sa bise à la matriarche.

Mais c'était Elva qu'il surveillait le plus. Lorsqu'elle l'avait salué, il avait cherché son regard et ils avaient échangé une fraction de seconde une attention dans laquelle Fergus avait senti que sa sœur lui ouvrait sa détresse. Elle se comportait naturellement, comme toujours, avec une sorte de douceur tranquille que rien ne semblait pouvoir bousculer. Mais lorsque Toni, qui s'était assis tranquillement, évoqua le nom de Reagal, et que Damnhait en profita pour en rajouter une couche sans aucune subtilité, il vit distinctement les traits de sa sœur se tendre.

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, ne remercie pas Damnhait

Elva avait subi les premiers coups sans en parler à personne. Reagal buvait plus que de raisons depuis plusieurs années désormais, et la caractère naturellement patient d'Elva avait su gérer la situation avec calme tant qu'il n'était pas violent. La première fois que c'était arrivé, après une dispute où, comme d'habitude, Reagal s'était retrouvé à hurler des phrases plus ou moins cohérente et Elva à lui répondre doucement avec froideur, elle s'était dit que ça ne se reproduirait peut être jamais.

Et puis il y avait eu une deuxième fois. Et une troisième. Elle avait donc pris ses dispositions, c'est à dire qu'elle en avait parlé à Fergus - et exclusivement à Fergus.- S'avait été difficile. Elle aimait Reagal, ou tout du moins elle aimait toujours le souvenir de lui lorsqu'il était sobre. Elle connaissait les difficultés de vie qu'il avait rencontré sur son parcours, ses fragilité, et la gentillesse noyée par l'alcool. Elle avait réfléchis longtemps avant de s'ouvrir à son frère, parce qu'elle savait que Fergus, sous ses airs de patience infinie, ne tolérait pas que ses sœurs soient malheureuses, et qu'un homme comme Reagal risquerait d'assumer une correction violente. Fergus lui avait déjà admonesté plusieurs sommation. Il ne l'avait jamais aimé, elle le savait. Lorsqu'elle lui avait confié ses bleus, il avait été furieux, mais pas surpris. Il s'était juré de lui faire passer le goût de lever la main sur elle. Après une longue discussion, elle était parvenue à endiguer les réflexes maffieux de son frère, mais avait convenu qu'il fallait qu'elle divorce. L'histoire qu'elle vivait désormais avec Reagal n'avait plus de sens.

Mais c'était un sujet sensible. Elle souffrait des démarches, souffrait de sa position, souffrait de devoir quitter un homme avec qui elle partageait sa vie depuis neuf ans et avec qui elle avait fait deux enfants.

-Hum… Il s'est passé quelqué chose ? " Elle immobilisa son geste un instant, pris sur elle, et vint poser devant Toni les deux verres de bière fraîche qu'elle venait de préparer. Elle gardait le regard baissé mais sentit qu'elle devait dire quelque chose.
- Reagal et moi allons divorcer. " Les mots s'étaient arrachés de sa bouche et pourtant elle les prononça avec une sorte de calme accueillant et résigné. Son cœur s'était pourtant mis à battre plus fort, et s'était serré du même coup. Elle n'avait pas envie d'en parler, pas envie de considérer que c'était une situation actée qui arrivée pour de vrai. Et pour une raison assez inexplicable, elle avait du mal à concevoir en parler à Toni. Elle avait sans doute peur, au fond, de sa réaction. Elle voyait bien, d'ailleurs, que les mouvements s'étaient ralentis dans la cuisine à cette annonce, que plus personne ne parlait fort dans la pièce, et que Toni la scrutait avec un regard différent.
- Toni, il faut qu'on parle à Moreen et Donagh. " Elva expira. C'était la voix de Fergus qui avait tranchée le silence et redonné au reste du groupe un semblant d'inertie. Elle le remercia intérieurement pour la diversion et se permit un sourire. Après avoir vérifié d'un coup d'œil que Donagh était toujours ensevelie dans le célier et que Moreen avait disparu dans la pièce commune pour jouer avec Laoise et ses cousins, elle dit doucement :
- Moreen a hurlé toute la matinée, c'était une véritable énigme. " Et elle accorda un clin d'œil entendu à Toni.

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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeDim 28 Avr 2019 - 0:07
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Tonino10
Antonino Tessio, 30 ans, un homme un peu troublé


« Reagal et moi allons divorcer. »

Rien n’aurait pu préparer Toni à entendre de tels mots de la bouche d’Elva, encore moins à se sentir chanceler à cette nouvelle. Incapable de mettre les mots justes sur l’espèce de coup au coeur qui le prit, il se montra étonnamment peu prolixe, lui qui était toujours si prompt à réagir excessivement :

« Oh… »

Les mouvements autour de lui s’étaient ralentis, mais personne ne semblait aussi surpris que lui. Il en conclut que les Avner présents devaient savoir ou tout du moins se douter. Par réflexe, comme à chaque fois qu’il se sentait dérouté, il chercha le regard de Fergus et n’eut aucun mal à le trouver. En croisant les deux yeux pénétrants de son meilleur ami, il eut la certitude que ce dernier l’observait déjà depuis un instant. Cette attention acérée n’aida pas vraiment Toni à se stabiliser, parce qu’il savait qu’il était malgré lui un livre ouvert pour Fergus, mais il ne rompit pas leur échange silencieux pour autant. Ses sourcils se froncèrent légèrement, trahissant les questions qu’il brûlait de lui poser. Depuis combien de temps savait t-il ? Que s’était t-il passé ?

« Toni, il faut qu'on parle à Moreen et Donagh. »

L’appel de son nom alors même qu’ils se regardaient encore fut un signe clair pour Toni. Fergus aurait pu claquer des doigts devant ses yeux, cela aurait eu l’effet recherché, en moins discret. Réveille-toi, le sommait t-il. Aussitôt, Toni détourna le regard. Il fallait qu’ils parlent oui, qu’ils parlent tout court. Mais la voix douce d’Elva retint son attention, à nouveau :

« Moreen a hurlé toute la matinée, c'était une véritable énigme. »

En effet, c’était une énigme. Comment pouvait t-on divorcer d’une femme aussi bienveillante et somptueuse qu’Elsa Avner ? A moins que c’était elle seule qui avait prise cette décision ? Alors qu’il la scrutait sans pouvoir s’en empêcher, Toni se demanda comment il avait fait pour ne pas voir plus tôt le souci qui tirait ses traits doux et l’anxiété qui marquait son regard habituellement si serein. Et pourtant, il était impossible de manquer à présent l’espèce de soulagement qu’elle exprimait à travers ce sourire reconnaissant à son frère d’avoir changé de sujet. Le besoin de se soustraire à l’envie d’avoir un geste de réconfort et d’affection pour elle fut plus fort que la tentation d’y céder et poussa Toni à se lever de son siège. A cet instant, il eut le réflexe étrange et plutôt inexplicable de prendre un des verres de bières qu’Elva avait posés devant lui. Debout, il en but les trois quarts d’une longue goulée puis reposa le verre d’un grand coup bruyant.

« Allons parler à Moreen et Donagh » lança t-il à l’adresse de Fergus.

Damnhait lança une remarque qu’il n’entendit qu’à moitié, comme quoi Donagh avait intérêt à se dépêcher de ramener les bouteilles du cellier. Puisque le jeune homme n’était pas disponible tout de suite et que Toni n’avait pas tout à fait envie de se confronter à une dramaqueen en colère maintenant, il se tourna vers Fergus sitôt que le périmètre fut relativement sécurisé des nombreuses oreilles adultes :

« C’est quoi cette histoire ? »
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeDim 28 Avr 2019 - 11:26
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] W7S2EfKn_o
Fergus Avner, 33 ans, se prépare psychologiquement à bien calmer Toni


Rien ne lui échappait, ni le froid glacial qui s'imposa sur les traits de Toni, ni la crispation soudaine de sa mâchoire, ni son froncement de sourcil, ni son regard égaré. Fergus connaissait son frère d'arme au moins aussi bien que lui même, certainement plus, et il s'attendait à ce que l'annonce du divorce d'Elva lui fasse un choc. Depuis des années, Toni lorgnait dans sa direction malgré son mariage, à coup de grands renforts de blagues, de rires détachés, de remarques ironiques, mais Fergus savait à quoi s'en tenir : le cœur de Toni avait battu pour Elva, une fois, dans le passé, et n'avait plus jamais cessé de battre depuis. Le mariage de sa sœur avait mis un frein, lui avait fait détourner la tête quelques instants, mais elle était toujours très présente dans sa poitrine et soulevait désormais probablement une tornade d'émotions contradictoires.

Fergus aurait voulu le lui annoncer dans d'autres circonstances, mais aucun moment n'avait été propice pour le faire et il avait espéré, un peu naïvement constatait-il, que la question ne se poserait pas aussi drastiquement ce soir. Il se doutait cependant que Damnhait ne pourrait s'empêcher de faire une remarque à un moment où à un autre de l'évènement, et que les oreilles de Toni auraient de grandes chances de traîner dans les parages. Il ne pensait simplement pas que cela se produirait aussi tôt. Il se leva lentement en laissant Toni descendre les deux tiers de son verre sans lui faire de remarques, et se laissa entraîner à l'écart en sachant pertinemment que son ami ne supporterait pas d'attendre deux minutes de plus pour connaître le fin mot de l'histoire et que tout ce qui se disait autours de lui devait probablement être déformé par le prisme de cette annonce qui lui occupait désormais l'esprit. " C'est quoi cette histoire ? " Demanda-t-il brutalement alors qu'ils s'isolaient prêt de l'escalier. Fergus s'appuya contre la rampe et croisa les bras en détaillant l'expression de Toni et en cherchant les mots capable de l'assagir. Il n'en trouva pas. Il savait que Tonino bouillonnait de l'intérieur et se demandait probablement pourquoi il était le dernier mis au courant d'une information aussi capitale. " Ça leur pendait au nez depuis des années, Elva s'est enfin décidée à prendre la bonne décision. " Commença Fergus en guettant les réactions de Toni. " Elle va commencer la procédure. Reagal était un con fini, je sais que ça te surprends un peu mais c'est dans l'ordre des choses. " Il hésitait à aborder le problème frontalement. Parce qu'il était impossible de louper dans le regard de Toni cette étincelle vrillée d'espoir et de colère mêlée qui ressemblait dramatiquement au contact prolongé qu'il avait fait flotter sur le bras d'Elva. Et pour Fergus, qui connaissait l'un et l'autre, ce n'était pas une situation qui pouvait bien se terminer.
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeSam 4 Mai 2019 - 11:52
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Toni10
Antonino Tessio, 30 ans, très peu calme en vérité


La réponse de Fergus s’acheva dans un léger silence un peu flottant entre les deux frères de coeur, un silence appelant à une suite qui ne vint pas. Les yeux noirs de Toni scrutaient son ami dont l’expression ne laissait rien paraître, sauf pour un homme averti. Averti, Toni l’était, car il avait appris depuis longtemps à déceler la signification de chaque ridule qui pouvait se manifester sur le visage de Fergus. Il lui semblait que tout le caractère raisonnable, méthodique et calme dont pouvait se réclamer Fergus ne masquait pas complètement l’irritation qui soulignait le « con fini » attribué à Reagal. Toni, lui, ne fut pas aussi mesuré en pestant :

« Ça, tout lé monde lé sait qué c’est oune enfoiré, mais qu’est-ce qui s’est passé pour pousser Elva à lé quitter ? »

Toni n’était probablement pas objectif, pas totalement en tout cas, car il n’avait jamais porté le mari d’Elva dans son coeur. Mais les relations de Reagal avec la famille Avner s’étaient détériorées au fil des années, puisqu’il s’était révélé être un homme instable. Inconsciemment, cette relative disgrâce avait donné une forme de légitimité au ressenti de Toni, qui n’avait, à l’origine, pas grand-chose à voir avec la personnalité de Reagal. Il pouvait affirmer qu’Elva méritait beaucoup mieux sans rencontrer de contradictions, ni s’interroger sur le fondement de ses perceptions.

Par conséquent, Fergus répondait à sa question sans y répondre, lui semblait t-il, puisqu’il ne lui apprenait rien de nouveau. Or, il s’était forcément passé quelque chose pour qu’une femme aussi douce et patiente qu’Elva ne se décide à quitter le père de ses enfants, en sachant qu’elle portait un coup à l’équilibre de sa cellule familiale. Fergus était d’ailleurs bien placé pour savoir combien les divorces pouvaient se révéler destructeurs. Pourtant, Toni ne percevait pas une once de réserve chez lui dans le jugement qu’il semblait porter à la décision de sa soeur. Cette réalisation fut ce qui le poussa à poser légèrement différemment la question, alors qu’il commençait à entrevoir l’hypothèse la plus probable dans le regard de Fergus :

« Qu’est-ce qu’il a fait ? »
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeMer 8 Mai 2019 - 13:57
Fergus n'eut pas besoins d'examiner Toni longtemps pour comprendre qu'il se doutait très clairement de ce qui avait pu se passer entre Reagal et Elva, qu'il attendait de lui la confirmation de cette histoire et surtout, qu'il ne lâcherait pas l'affaire tant que Fergus n'aurait pas posé dessus les mots justes. Il réfléchit un bref instant, imperceptible, et convint qu'il ne servait plus à rien de dissimuler la vérité à Toni. Il craignait les répercussions, parce qu'il s'était senti lui-même plutôt incapable d'accepter que Reagal s'en sortirait sans punition brutale - il avait fallu trente bonnes minutes d'argumentaire serré à Elva pour lui faire promettre qu'il ne lui ferait rien subir - et il espérait parvenir à son tour à dissuader Toni dont, il n'en doutait pas, le sang ne ferait qu'un tour.

- Assied toi. " Doucement, il poussa un peu son ami pour le forcer à prendre place sur une marche de l'escalier. Il le considéra quelques secondes en silence et commença par une mise en garde : " Va falloir que tu restes calme, j'ai promis à Elva de ne rien faire. " Il n'avait pas réellement besoins d'en dire plus pour que Toni commence à percevoir de quoi il était question. Il chercha un instant une manière de formuler la chose sans paraître lui-même trop profondément en colère car il sentait instinctivement la rage remonter le long de ses entrailles à la simple idée que Reagal ai pu lever la main en signe de menace. " Il l'a battu, lâcha-t-il finalement, abrupte. J'ai juré à Elva qu'il ne lui arriverait rien et je te jure que c'est un effort pour moi. " Il perçut l'éclat brutal dans le regard de Toni, comme il l'avait prévu, et anticipa son premier geste de colère en posant une main ferme sur son épaule. " Hé, tranquille. " Intima-t-il alors qu'il était assez clair que tranquille, il ne l'était pas du tout lui-même.


   
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeMar 21 Mai 2019 - 20:56
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Toni10
Antonino Tessio, 30 ans, vraiment prêt à casser des mâchoires


Toni s’attendait à une annonce parfaitement déplaisante car il pouvait déjà lire dans l’expression de Fergus tout le dégoût et la contrariété qu’éveillait chez lui ce qu’il s’apprêtait à lui dire. Les précautions qu’il prit en le poussant à s’asseoir eurent plutôt l’effet d’échauffer Toni qui se mit à grogner, même s’il s’exécuta :

« Bordel, qu’est-ce qu’il a fait encore cé gros con, jé té jure qué s’il a fait oune connerie… »

Il ne termina pas sa menace mais son regard assombri parlait pour lui. Assis sur une marche, les bras posés sur ses genoux repliés, il devait dégager une assez mauvaise aura pour que Fergus estime nécessaire de le mettre en garde. Cette deuxième précaution le tendit instantanément car il savait que son meilleur ami le connaissait assez pour savoir peser ses avertissements. Ce qu’il s’apprêtait à lui dire allait le mettre en colère, c’était certain. Sur le très court laps de temps que Fergus posa avant sa révélation, le cerveau de Toni se mit à échafauder des scénarios probables. De quelle faute le mari d’Elva s’était t-il rendu coupable ? Il imagina tout, il imagina un adultère, des disputes violentes à cause de l’alcoolisme dont Reagal ne se cachait plus, la révélation d’un autre terrible secret sur lui, il imagina des dettes à n’en plus finir pesant sur leur couple. Mais pour une raison inexplicable, il n’envisagea pas ce que Fergus finit par révéler et le choc s’imprima sur son visage. Peut-être parce qu’Elva n’avait jamais laissé paraître qu’elle traversait une telle épreuve et qu’elle n’avait jamais appelé à l’aide. Ou peut-être parce que Toni supposait, et même croyait très fortement, que jamais Reagal, tout présomptueux qu’il pouvait être, n’aurait osé frapper la soeur et la fille de mafieux notoires, ne serait-ce que par peur des répercussions pour lui. Un peu naïvement, Toni avait pensé qu’Elva était protégée par l’aura de ces quelques personnes puissantes dans son entourage qui veillait sur elle.

Mais au fond, peut-être que Reagal avait parfaitement conscience de ce qu’il risquait en levant la main sur Elva et qu’il l’avait fait en dépit de tout.

Cette éventualité titilla une corde sensible chez le mafieux qui tolérait difficilement qu’on puisse s’en prendre à ce qu’il avait déclaré, même informellement, comme étant sous sa protection. Une nouvelle image d’Elva se configura dans son esprit à la lumière de ce qu’il venait d’apprendre. Sa discrétion, ces derniers jours, ce regard meurtri tout à l’heure quand ils avaient évoqué sa décision de divorcer, ce soulagement sur son visage quand ils avaient cessé d’évoquer le nom de Reagal, tout prit une toute autre dimension, bien plus dramatique, aux yeux de Toni. Puis, parce que bien souvent, l’esprit enfonçait librement des portes avant qu’on ne puisse le contenir, la vision du corps d’Elva marqué par des coups, secret insoutenable que préservaient les vêtements amples qu’elle portait, s’imposa à lui. Il bondit alors sur ses jambes et attrapa le col de la chemise de Fergus, non pas pour exprimer une colère qui serait dirigée contre lui mais pour évacuer la rage que lui inspirait cette situation :

« Mais comment t’as pu lui promettre qu’il s’en tirerait comme ça ? Cé gros fils dé pute, on peut pas lé laisser filer ! »

Il aurait voulu crier bien plus fort mais Toni n’était pas complètement emporté par la fureur non plus. Une part de lui restait bien consciente du lieu où ils étaient et des oreilles qui risquaient de les surprendre. Il lâcha le col de Fergus d’un geste qui trahissait une frustration difficilement contenue. L’idée qu’Elva ait pu supporter un tel fardeau, en laissant si peu paraître de la souffrance qu’elle devait éprouver, coupait le souffle de Toni. Pourquoi fallait t-il qu’elle soit aussi réservée et aussi patiente avec tout le monde ? Il la connaissait assez pour savoir qu’elle avait certainement longuement enduré une situation difficile avec son mari, en espérant pouvoir sauver le plus possible de meubles, quitte à se sacrifier un peu au passage. Il la connaissait, mais pas assez pour déceler le mal-être qu’elle cachait, visiblement. Irrité contre lui-même, il cracha en serrant les poings :

« Depuis combien de temps ? Ils vivent plus ensemble mainténant hein ? Putain, dis-moi qu’elle l’a jarté, au moins, sinon jé té jure qué jé vais lé dégager moi-même. »

Il n'en voulait pas à Fergus d'avoir promis de ne rien faire car il devinait sans mal qu'il devait être tout aussi énervé que lui, et même plus, face à la situation, et que sa soeur avait probablement du déployer des trésors d'ingéniosité pour le convaincre de ne pas bouger. Mais face à la frustration de ne pas avoir su prévenir ce drame, Toni ne ressentait que plus vivement l’urgence à réagir et ne voyait pas comment il pouvait s’aligner à la promesse que son frère de coeur avait faite.
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeDim 26 Mai 2019 - 17:37
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, peu à l’aise

Elva arrangeait nerveusement la préparation du plat principal avec une conscience aigüe de ce qui devait se dérouler désormais à quelques mètres derrière le mur de la cuisine. Elle aurait aimé pouvoir intervenir, arrêter Fergus pour ne plus jamais avoir à entendre parler de l’histoire qui agitait son mariage et surtout, ne plus jamais entendre prononcer le nom de Reagal mais elle savait, par habitude d’assister silencieusement depuis toujours à la dynamique du duo improbable que formait son frère et son meilleur ami, que Fergus ne pourrait lui taire éternellement l’histoire désastreuse qui devait clôturer son mariage.

Et pourtant, quelque chose dans la manière dont tout cela se déroulait lui semblait injuste. Elle avait le sentiment désagréable qu’elle aurait dû en parler elle-même à Toni, qu’elle aurait dû avoir le droit de choisir à quel moment lancer cette discussion, et qu’elle aurait dû y assister. Elle ne remettait pas en cause le fait que Toni puisse avoir le droit de savoir : il faisait parti de la famille, elle se sentait aussi proche de lui qu’elle pouvait l’être d’un homme qu’elle avait connu toute sa vie et qui lui avait fait la cour dans le passé. Elle l’aimait profondément, sincèrement, lui vouait une tendresse d’amie fidèle, et savait qu’il était prêt à la protéger si elle en avait besoins.

Elle fronça les sourcils légèrement par dessus le plat en retirant lentement ses gants de cuisine. La voix de Toni lui était parvenue avec un éclat bref, trop lointaine pour qu’elle en saisisse les mots. Elle savait qu’il s'échaufferai instantanément. Elle fronça un peu les yeux, pinça les lèvres en repoussant doucement le plat sur la table, regardant à peine qui s’en saisissait pour l’apporter dans la salle à manger. Elle inspira lentement, hésitant à intervenir.


Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] W7S2EfKn_o
Fergus Avner, 33 ans, tu lâches ma chemise, Toni

Fergus s’attendait précisément aux réactions d’Antonino : il le connaissait par coeur, et savait encore mieux ce qui devait probablement s’agiter au fond de sa poitrine alors qu’il le saisissait par le col pour le plaquer contre le mur. Il anticipa le geste en se décalant légèrement de manière à ne pas se faire broyer la clavicule et se fit docile sous la contrainte de son ami. Toni ne cherchait pas à le blesser, et ne le ferait pas, même si l’impulsion lui était désagréable et qu’il ne l’aurait certainement accepté venant de personne d’autre. Il savait que Toni était incontrôlable dans les sentiments, et que cela prenait la forme extérieur d’une impulsivité physique et contenu qui le faisait ressembler, un instant, à un animal fauve. Il sentait sous la main qu’il tenait toujours serrée contre l’épaule de son ami le muscle tendu qui crispait son bras.

« J’ai promis pour Elva. » Avança t-il de sa voix grave avec l’impulsion qu’il savait, normalement, être capable d’assagir la fureur deToni. Il cherchait son regard, sans montrer l’empathie qu’il ressentait alors qu’il l’observait s’élancer furieusement dans la brûlante tourmente des sentiments qu’il réprimait pour Elva, probablement depuis des années, et certainement sans en avoir conscience.

Il l’avait toujours su. Depuis le premier jour, où Tonino avait posé sur sa soeur un regard surpris, emplie, d’une admiration si spontanée, si excessive, qu’il avait su qu’il ne pourrait s’en débarrasser qu’au terme de profonds efforts. Toni avait essayé, s’était vu repousser, et malgré ce qu’il disait, avec son air de ne pas y toucher, de passer bien au-dessus de cette histoire, Fergus n’avait jamais manqué de remarquer que son comportement était très différent avec Elva qu’avec les autres femmes. Et il reconnaissait dans sa déférence, son attention, et le besoins qu’il avait de se faire remarquer d’elle, un amour qui ne s’était jamais éteint.

Il voyait sous ses yeux la porte des possibilité, de l’espoir mélangé à la colère de s’être fait dépasser par un type qui avait battu celle qui aurait dû, dans son coeur, être sa femme, se rouvrir brutalement. Il en imaginait les conséquences. Savait qu’il ne pourrait rien empêcher. Espérait queToni aurait le bon sens de se préserver tout en sachant qu’il n’en ferait rien. Il ne put dissimuler, une infime seconde, la tristesse qui passa brièvement dans son regard.

« T’es dingue, elle vit ici, avec ses enfants. » Dit calmement Fergus en pressant doucement Toni pour qu’il abandonne l’étreinte qui commençait à devenir douloureuse. « Ça fait quelques mois. » Il n’hésita pas longtemps, croisa le regard de son frère d’arme et s’y accrocha profondément : « Je sais ce que ça te fais, cette nouvelle. Je veux pas de faux semblants entre nous. Je sais très bien où t’en est. Mais je crois pas que ce soit une bonne idée de t'impliquer là dedans. Pas à chaud, comme ça. » Fergus savait que Toni n’aurait pu entendre ça de personne, qu’il se serait rebellé contre n’importe qui qui aurait tenté de lui dicter une conduite. Et comme il se savait ce droit unique de pouvoir atteindre son ami, et d’en être le seul capable, il prenait le risque sans craintes de toucher à ses sentiments profonds.


   
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeDim 26 Mai 2019 - 19:20
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Toni10
Antonino Tessio, 30 ans, dans le déni le plus scandaleux


Fergus avait une capacité à rester profondément calme qui ne devait plus étonner Toni après tant d’années. Mais il y avait toujours des situations où cette aptitude jaillissait à son regard et le surprenait de nouveau, généralement dans les moments où Toni lui-même se sentait perdre le contrôle. Cette différenciation de leurs caractères lui avait de nombreuses fois été d’un grand secours. Il y avait quelque chose d’extrêmement rassurant dans le fait que son frère de coeur soit capable d’avoir la clairvoyance et la patience qui lui faisaient défaut dans les moments difficiles. Fergus lui apparaissait alors comme le pilier nécessaire à son équilibre, celui sur lequel il pouvait s’appuyer sans retenue pour retrouver la main mise sur ses émotions et les solutions à ses ennuis.

Même dans ce cas de figure où Fergus aurait dû être le plus touché, puisqu’il s’agissait des problèmes de sa propre soeur, il parvenait à faire preuve d’une maitrise que Toni ne trouvait pas en lui-même. Parce que Toni avait une espèce de règle implicite qui était de faire confiance au jugement de son ami en toute situation, la gravité toute contrôlée de sa voix calma suffisamment sa fureur pour qu’il le lâche et baisse le ton à son tour. Toutefois, les tourments de son coeur perdurèrent car Fergus n’avait pas grand-chose à y voir et assez peu d’influence dessus en vérité. Rien ne pouvait empêcher Toni de sentir ses entrailles se tordre de répulsion et son coeur se serrer à la pensée des cruelles violences qu’avait subi Elva. Rien ne pouvait l’empêcher non plus d’éprouver une profonde colère à l’égard de Reagal qui n’avait pas su jouer correctement son rôle de mari d’une femme aussi exemplaire, rôle que Toni répugnait à savoir le sien, car il avait toujours été profondément convaincu qu’Elva méritait beaucoup mieux. Rien ne pouvait l’empêcher de se dire qu’à la place de Reagal, il aurait su lui donner ce qu’elle méritait.

Cette projection, pourtant inconsciente, prenait beaucoup de place dans le ressenti immédiat de Toni. L’inclination qu’il avait pu avoir pour elle dans le passé avait rendu assez difficile l’acceptation de son mariage et constater combien Reagal avait bafoué ses responsabilités l’irritait aujourd’hui au plus au point. Cette sensation amère dans sa gorge, comparable au constat d’un grand gâchis, le rendit vulnérable sous le regard de Fergus.

« Je sais ce que ça te fais, cette nouvelle. Je veux pas de faux semblants entre nous. Je sais très bien où t’en est. »

Ces mots eurent l’effet d’une piqûre, plutôt désagréable, chez Toni qui eut un imperceptible mouvement de recul. La mention de faux semblants lui fit prendre conscience que Fergus soupçonnait qu’il cachait quelque chose alors même que cela n’avait jamais fait partie de ses intentions. Mais si Toni ne cachait rien -ou très peu- à son frère d’armes, il pouvait se révéler beaucoup plus enclin et doué dans le fait de se cacher des choses à lui-même. Sa réaction ne se fit pas attendre. Implacable, la voix de son déni se fit entendre, dans une tonalité pleine de colère sincère et à la fois bien pratique à cet instant :

« Parce que jé risque dé lui donner la correction qu’il mérite à cé bouffon ? J’ai rien promis à Elva, moi. Et mé fais pas croire qué t’as pas envie dé défoncer cé type toi aussi. Jé sais pas pourquoi ta soeur tient à lé préserver à cé point mais il mérite pas son attention. »
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeDim 26 Mai 2019 - 20:44

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] W7S2EfKn_o
Fergus Avner, 33 ans, assume le déni de Toni

Au moment où Toni ouvrit la bouche, Fergus sut, instantanément, qu’il allait plonger tête baissée dans un déni grand format. Il attendit avec une patience d’habitué la conclusion énergique de son ami, sans sourciller, sans ciller, presque, avec une résignation commune et un pincement de lèvre qui signifiait à ceux qui le connaissaient bien, que dès les premiers mots, il s’était retenu d’interrompre pour contre-dire. Il savait que Toni se mentait à lui même. Il le savait aussi bien que s’il avait ressentit à sa place les émotions contradictoires qui devaient présentement se battre au fond de lui, qu’il manipulait avec peine, et qu’il étouffait avec une sorte d’innocence convaincue. Fergus aurait aimé que Toni fasse tout de suite front et embrasse la situation sans entrer dans un système de tromperie, mais n’ignorait pas non plus comment son frère d’arme fonctionnait, ni le fait que les injonctions internes qu’il subissait à propos d’Elva était une charge difficilement supportable.

Il tiqua cependant sur sa conclusion, secoua la tête avec une brièveté imperceptible et se détacha du mur sans répondre tout de suite. Il le considéra, hésitant à lui faire remarquer que son attention se portait sur la protection qu’Elva octroyait à Reagal et que cela sonnait, à ses oreilles, comme une sorte de jalousie innasumée, mais douta de la portée que ses paroles pouvait prendre et chercha une autre façon de formuler sa réponse. « Toni, commença t-il avec une vague hésitation. Il fut à deux doigts de lui faire remarquer que ce n’était pas le sujet, que Toni l’avait très bien compris, mais n’en fit rien. Tu lui as rien promis à elle mais pour l’instant aide moi à respecter la promesse que je lui ai faite, moi. J’ai absolument envie de lui casser la gueule et justement. J’ai besoins de toi pour m’aider à pas le faire. » Argumenta t-il avec un calme qu’il ne ressentait que moyennement. Il savait que placer Toni, brutalement, face à ses contradictions, n’avait souvent pour résultat qu’une destruction d’efforts. Si Toni n’était pas prêt à accepter ses propres sentiments et la réalité de ses réactions, Fergus n’éprouvait aucun mal à stagner sur le sujet plus trivial de ce qu’ils voulaient communément infliger à Reagal. C’était sans doute rassurant pour tout le monde d’imaginer que la discussion n’existait que par rapport à lui, alors qu’en vérité, seule Elva importait. « Tout va bien ? » Fergus se retourna à demi à l’écho de la voix, douce, un peu suave et inhabituellement basse d’Elva qui les observait depuis le seuil de la cuisine.

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, aimerait passer une bonne soirée

Elva avait fini par céder. Elle avait abandonné sa tâche, avait retiré le tablier qui cernait ses hanches avec une sorte de précipitation qui n’avait pas échappé à sa mère, et s’était glissé jusqu’au seuil où elle s’était immobilisée face à l’image de Toni et Fergus, debout face à face, proches l’uns de l’autres et se renvoyant des injonctions grondantes et apaisantes en fonction du côté d’où elles jaillissaient. Elle les observa tous les deux : son frère, fiable, fidèle, solide à travers les marée éparses et brutales qui s’échouaient sur les rives familiales, et son ami de si longue date, loyal, affectueux, attentif, dans le regard de qui elle s’était toujours sentie beaucoup mieux qu’elle ne l’était en réalité. Elle se trouvait fébrile, accusant une angoisse diffuse générée par l’évocation de son divorce, et l’idée que ces hommes terribles, intransigeants, soient en train de décider de s’avilir en allant porter sur Reagal la même violence qu’il lui avait infligé à elle. Et à la fois, elle qui avait été si maltraitée, si souillée, si peu respectée dans ses droits d’êtres, trouvait dans le réconfort de la présence de Toni quelque chose qui la perturbait profondément. Elle voulait les voir cesser d’en parler, et voulait à la fois les regarder continuer à se battre pour elle, pour sa protection. Elle frissonna. « Tonino… » Elle s’approcha lentement des deux hommes, posa une main sur le bras de l’italien et sentit sous le tissu doux de sa chemise les tendons fermes, le muscles ronds et dur, et serra doucement la chaire battante du jeune homme en cherchant son regard. « On en discutera si tu veux. Mais ce soir, j’aimerai que vous passiez simplement la soirée que vous êtes venus avoir. Fergus, tu devrais profiter de Laoise. Et toi Toni… Reagal - et prononcer son nom lui laissa un goût amer - n’ira nul part. Alors s’il te plaît, profitons simplement les uns des autres. »

Elle voulait qu’on fasse attention à elle. Qu’on soigne ses blessures. Mais elle ne supportait pas qu’on le fasse en lui rappelant systématiquement les raisons de sa douleur.


   
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeLun 27 Mai 2019 - 1:20
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Toni10
Antonino Tessio, 30 ans, en plein process émotionnel compliqué et douloureux en plus Elva lui a palpé les muscles omg



L’aplomb avec lequel Toni se dressait face à Fergus ne laissait guère voir la nature de ses tourments intérieurs et pourtant il se sentit parfaitement percé à jour par le regard sondeur de son ami. Sa bouche ne parlait que de vengeance et de violence envers Reagal mais la réalité de ses aspirations se trouvait à cet instant bien plus troubles et plus complexes. Son envie de corriger cet homme comme il le fallait était révélatrice d’un élan irrépressible qui le poussait vers Elva et un besoin ardent de la protéger. Son regard s’animait de flammes qui n’étaient pas uniquement celles de sa fureur mais Toni ne parvenait guère à poser les mots exacts sur ce qui l’agitait profondément.

Cette difficulté à faire sa propre introspection et la réaction à contre-courant de son ami le laissèrent en proie à la frustration. Les injonctions de Fergus l’empêchaient de laisser libre court à ce torrent d’émotions qui le traversait de toutes parts et fracassait son équilibre intérieur. Ne pas s’impliquer, se retenir de passer à l’action, rester raisonnable. Que de commandements qui bousculaient la nature première de Toni et dans lesquelles il ne se retrouvait absolument pas. Mais la sincérité dans cet aveu de faiblesse que Fergus lui faisait était de nature à l’ébranler suffisamment pour qu’il se retienne de se jeter dans les profondeurs de sa colère naturelle, du moins temporairement. Il n’avait pas l’habitude de se refuser à l’aide que pouvait lui réclamer Fergus, quels que soient les obstacles qui se trouvaient sur son chemin. Pris entre les élans de son coeur et le conflit de loyauté qu’éprouvait son meilleur ami -et qu’il faisait le sien, par conséquent, en soutien- Toni finit par donner un grand coup dans la cloison de l’escalier pour libérer toute cette frustration qui l’encombrait.

« Putain mais quel merdier, sérieux… »

L’irruption discrète d’Elva l’empêcha toutefois d’aller plus loin dans sa suite de jurons. Sa figure inquiète, son regard cerné et soucieux, le tic au coin de ses lèvres pâles produisirent un tel saisissement chez Toni qu’il se demanda comment il avait fait pour ne pas remarquer plus tôt que cette superbe jeune femme appelait silencieusement à l’aide. Il était difficile de ne pas la dévorer du regard et Toni ne chercha même pas à le faire, à vrai dire. Le souci qu’il avait d’elle prenait toute la place, à cet instant, il ne pensa pas à le dissimuler, il en aurait été incapable car il n’avait jamais su faire semblant. Son dilemme de tout à l’heure à table, quand il s’était retenu d’avoir un geste de réconfort envers elle, rejaillit alors qu’elle venait elle-même quérir ce geste en posant sa main sur son bras, en cherchant son regard. Toni ne déroba pas le sien, retenu dans tous ses mouvements par l’appel plein de douceur qu’elle lui lançait, avec ce surnom tendre. Si les « Toni » de Fergus pouvaient efficacement le calmer, les « Tonino » d’Elva le désarmaient sans plus d’efforts. Même quand elle demandait une trêve qu’il avait grand peine à accorder.

« Alors s’il te plaît, profitons simplement les uns des autres. »

Que pouvait t-il répondre à une pareille demande ? Il ne s’agissait pas seulement de préserver le bon déroulé de cette soirée familiale, Elva avait de toute évidence besoin de se sentir entourée de la chaleureuse présence de ses proches et de leur attention. Comme elle le soulignait justement, Reagal n’était malheureusement pas à la portée de Toni pour qu’il puisse laisser libre cours à ses désirs de vengeance. Elva, en revanche, était bel et bien sous ses yeux, en demande d’un bref instant de paix dans les tumultes de sa vie actuelle, un instant que Toni se sentit incapable de refuser. Un dernier échange de regard avec Fergus le convainquit de baisser temporairement les armes.

« Si c’est cé qué tou veux… »

Toni ne savait pas vraiment comment il allait parvenir à ôter de ses pensées ces informations tout à fait déplaisantes qu’il avait apprises ce soir mais si la tranquillité d’Elva dépendait de sa capacité à lui et aux autres de faire abstraction, il était prêt à faire un effort. La solennité de cet instant et l’intensité du regard qu’il échangeait avec Elva se brisèrent sous l’éclat d’une voix forte derrière eux, familière et volontaire :

« Eh bien, on dirait qu’un Détraqueur est passé par là, vous avez tous une sale tête ! »

La capacité d’Aisling Avner à surgir dans les moments les moins propices, avec l’ingénuité d’une fleur des champs mais surtout la délicatesse d’un camion poubelle, restait toujours étonnante. Toni la vit s’approcher d’eux avec un sourire qui semblait ne pas avoir remarqué -ou ne pas avoir voulu prendre en compte, c’était difficile à dire- la tension qui régnait dans l’air. Il eut malgré tout l’impression que l’accolade qu’elle offrit à Elva était plus longue que d’habitude mais peut-être n’était-ce que lui qui interprétait tout à l’aune de ce qu’il venait d’apprendre.

« Vous faites déjà des contre-soirées alors que Damnhait n’a même pas encore commencé à ressortir des dossiers gênants et à polémiquer toute seule dessus ? » interrogea t-elle en claquant deux bises à son frère. « Ne me laissez pas toute seule à côté, je veux pas servir de gilet pare-balles à Donagh face à Moreen. »
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeMar 1 Sep 2020 - 21:38

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Elva Avner, 28 ans, aimerait passer une bonne soirée

La profondeur du regard de Toni, posé sur elle comme un ardent propos d'amour, résonna avec une force qui un instant, la fit suffoquer. Il ne cherchait plus à dissimuler elle le savait et de toutes façons, Tonino en était incapable. Il avait toujours été un livre ouvert, un voile transparent, un cristal brut au travers duquel tout semblait limpide. Sa franchise était aussi rayonnante et aussi directe qu'un filet de lumière vive, et pointait actuellement directement vers son cœur. Elva se sentit émue. Il lui semblait entretenir avec ses sentiments, depuis des mois, un rapport trouble qui n'avait pas grand-chose à voir avec une relation " normale ". Elle ignorait au demeurant ce que cela devait signifier, et supposait seulement que sa dignité piétinée, son amour propre battu autant de fois qu'elle avait reçu des coups, étaient une raison suffisante pour y mettre un terme et elle ne s'expliquait pas ce vide profond, et le sentiment d'absence qui en résultait. Elle trouvait aberrant de regretter Reagal. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'entretenir le souvenir de lui et de son amour. Elle était pourtant brisée, fragile, et chaque pensées qui la reconduisaient vers son ancien amant, celui dont elle portait encore la trace de la bague qu'il avait glissé à son doigt, la faisait se sentir encore un peu plus faible, un peu plus vil, un peu plus lâche. Un peu plus insignifiante.

Alors voir apparaître dans le regard d'Antonino, transperçant et vif, l'amour inquiet qu'elle lui connaissait depuis des années sans avoir jamais osé l'entretenir, lui parut comme un baume brûlant et doux, une promesse de sécurité délicieuse, qui lui redonnait, dans son trouble, un semblant de vie parce qu'elle se sentait aimée pour la première fois depuis des mois. Elle eut peur aussi, cependant, car lucide, elle savait que ce qu'elle percevait dans l'attitude d'Antonino n'était qu'un outil pour elle, et que sa nature même l'empêchait de se servir des autres.

Mais il lui était si difficile de lutter, qu'elle repoussa un instant la culpabilité et s'abandonna au réconfort de se sentir aimé si puissamment. Il échangea un regard avec Fergus dont elle souligna vaguement les traits tirés, et elle sentit le muscle sous sa main se détendre. " Si c'est cé qué tou veux… Dit-il et elle s'apprêta à répondre, incapable de détourner son regard du feu puissant qu'elle lisait dans ses yeux, lorsqu'Aisling pénétra avec une absence de douceur équivoque, la bulle suspendue qui s'était créé autour d'eux. Elle reçut l'étreinte de sa sœur qu'elle sentit appuyée et ferme avec un abandon soulagé. Aisling disait peu, fuyait les conflit, ne parlait jamais de ses sentiments. Mais elle avait parfois de ces gestes qui faisaient comprendre combien elle savait ce que représentait la situation.

- Ho, Ais… " Dit Elva avec un soupir qui exhumait la tension des dernières minutes. " Est-ce qu'ils sont déjà en train de s'écharper ? " Fergus émit quelque chose qui ressembla à un grognement, juste à côté d'elle.
- Je vais m'en occuper, lâche-t-il avec une lenteur qui exprimait profondément à quel point il n'en n'avait pas envie. Il jeta un coup d'œil à Toni qu'Elva ne fut pas sure de savoir interpréter. Elle sentait confusément que son frère ne désirait pas particulièrement les laisser ensembles, mais n'en n'était pas absolument certaine et ignorait si elle fabriquait la gêne qui lui courrait dans le cœur. Pour tenter de retrouver un semblant de naturel, elle s'adressa à Aisling : " Donagh a joué un sale tour à Moreen, une fois de plus, et elle cherche à le tuer depuis cette après-midi. " Énonça-t-elle en se forçant à sourire. Jamais elle ne s'était sentie mal à l'aise à l'idée de se retrouver seule avec Tonino et pourtant, pour la première fois, quelque chose l'inquiétait dans cette perspective.

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] W7S2EfKn_o
Fergus Avner, 33 ans, assume le déni de Toni


Fergus avait vu le regard que Toni avait posé sur Elva aussi sûrement que s'il le lui avait adressé lui-même. Il en avait saisi toutes les nuances, toute la ferveur, et il ne lui avait pas fallu plus longtemps pour comprendre à quel point son ami s'était aussitôt projeté au travers de la brèche qu'il tentait désormais de passer en force. Il n'était pas surprit, il connaissait Antonino mieux que lui-même et n'aurait pas prévu un comportement différent. Il savait que son frère d'arme ne pouvait s'en empêcher : parce qu'il n'avait aucune retenue, parce qu'il ne savait pas s'investir à moitié dans l'amour qu'il portait aux autres, et parce que les sentiments qui dormaient au fond de lui depuis des années n'avaient jamais cessés de brûler malgré ce qu'il avait pu lui dire, Fergus constatait avec fatalisme que l'inévitable se produisait. Comme à son habitude, n'ayant aucune prise sur ce qui se jouait entre ces deux personnes qu'il aimait et qui, il le pressentait, allaient se faire du mal, il se résignait par avance aux circonstances et mobilisait son énergie, déjà, à un endroit où il pourrait peut-être les aider, l'un et l'autre. Il savait, parce qu'il connaissait Tonino, parce qu'il connaissait Elva, parce qu'il avait saisi l'instant de flottement qui avait existé entre eux juste avant que Toni ne se détendre et parce qu'il savait qu'il ne pourrait pas lutter contre ce qui se tissait entre eux et qui, de toutes manières, ne le regardait pas, qu'il était déjà trop tard. Il envisagea, avec l'arrivée d'Aisling, de leur éviter de se retrouver seuls tous les deux mais abandonna ce projet car il ne lui semblait pas juste et surtout, il estimait que cela n'empêcherait rien.

Très vite Fergus se résolu à les laisser vivre ce qu'ils devaient vivre et à se faire souffrir s'ils devaient en passer par là, en se donnant aussitôt la disposition d'esprit d'être disponible pour l'un et pour l'autre de ce qui lui semblait inévitablement devoir arriver.

Après avoir embrassé Aisling sur qui il ne comptait pas pour s'immiscer dans la situation, il pressa brièvement l'épaule de Toni dans un geste de soutient discret, détacha de lui son regard et rejoignit le salon où il trouva Donagh occupé à installer les dernières chaises. Il lui fit signe d'un geste impératif de le rejoindre et s'assura que Moreen, qui s'absorbait dans les jeux que lui proposaient Laoise et ses petits cousins, était trop occupée à mobiliser son énergie entre les courses et les coups d'œil qu'elle jetait pour essayer de saisir où était passer Toni sans en avoir l'air, ne remarquait pas que Donagh était en but à un colloque des plus désagréables. " Hé, " lâcha-t-il une fois que son frère l'eut rejoins dans le petit salon attenant à la maison, qui servait de retraite à Fearghas lorsqu'il souhaitait fumer son cigare au calme après le déjeuner et qui pour le moment était désert. " Il t'a pris quoi, exactement ? " Asséna-t-il, et son ton ne contenait que peu de patience.


   
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Antonino Tessio, 30 ans, assume pas trop son déni


Pendant un bref instant, Toni eut la troublante sensation qu’Elva s’accrochait à son regard et qu’elle lui laissait brièvement voir, derrière ce masque de fausse tranquillité et de douceur amère, l’ampleur de son désarroi et la violence de ses insécurités. Sans même qu’il ne se rende compte, ni qu’il l’ait calculé, la sincérité brute de cet élan qu’il ressentait pour elle venait de pourfendre les défenses d’Elva. S’il n’avait pas conscience qu’il s’agissait de l’effet de son propre regard sur elle, il percevait en revanche parfaitement la façon dont elle abandonnait son habituelle discrétion pour accrocher son attention et réclamer de son regard le réconfort qu’elle n’osait demander. S’il n’y avait eu qu’eux deux dans cet espace exiguë près de l’escalier, Toni n’aurait probablement pas hésité une seconde avant de la prendre dans ses bras. Il en sentit d’ailleurs instantanément une violente envie, qu’il fut obligé de réprimer en voyant Aisling se diriger vers eux.

Toni ne se sentit même pas répondre à son étreinte, tant ses gestes furent machinaux. Ses pensées étaient encore toutes tournées vers Elva et il peinait à s’extirper de cette bulle qu’Aisling venait de perturber. Seul le geste de Fergus sur son épaule parvint à l’interrompre dans sa tourmente intérieure. Cette pudique inquiétude qu’il lui manifesta brièvement fut comme une décharge pour Toni, le frappant d’une réalisation. Il n’était pas sensé être la personne à soutenir, dans cette situation. Sa réaction n’était pas celle qu’il était supposé avoir. Depuis longtemps maintenant, il se sentait faire partie de la famille Avner, si bien que la moindre attaque de l’un de ses membres résonnait aussitôt chez lui et le faisait se dresser contre la menace. Pourtant, dans cette grande toile familiale qui tissait de solides liens entre chacun de ses membres, Toni sentait bien, au fond de lui, qu’Elva avait une place toute particulière. Il sentait bien que s’il s’était agi du mariage d’Aisling, il n’aurait pas tout à fait réagi avec la même émotion vibrante. Il sentait bien qu’il n’y avait pas que sa colère légitime envers Reagal. D’ailleurs, de la colère, Toni n’en avait presque plus à cet instant. Seul subsistait un incompressible besoin d’être près d’Elva, qui le cloua sur place, alors qu’il aurait dû accompagner Fergus dans sa tâche.

Car, même s’il ne lui avait fallu que de quelques minutes pour l’oublier, il était intimement mêlé dans ce sale tour que Donagh jouait à Moreen et qu’Elva mentionnait. Son commentaire fut l’occasion pour lui de sortir de ce mutisme qui ne lui ressemblait pas :
« Et moi aussi, au passage. »

Cet aveu interpela Aisling qui se tourna vers lui.

« Tu es mêlé à leur histoire ?
-Euh… En quelqué sorte, reconnut t-il, un sourire encore un peu teinté sur son visage. Bien malgré moi ?  
-Oh Tonino… Si je peux te donner un conseil, tiens-toi loin d’eux pendant la soirée, ça s’arrangera tout seul. Ou laisse Fergus faire, à la rigueur.
-Jé devrais lé rejoindre…
-On devrait tous y aller, si on veut avoir une bonne place à table ! » suggéra t-elle avec un sourire équivoque.

A savoir pas trop près des enfants qui avaient tendance à beaucoup s’agiter et faire du bruit ni trop près de l’oncle gênant un peu trop beauf qu’on trouvait dans toutes les familles. Aisling initia le mouvement vers la salle à manger, se détournant des deux autres, et Toni chercha aussitôt le regard d’Elva. Il prédit avec justesse le mouvement qu’elle fit pour suivre sa soeur, ce qui éveilla un étrange et incompréhensible sentiment d’alerte chez lui. Quelque chose de l’ordre de l’instinct le poussa à retenir la jeune femme en attrapant son poignet, avant même qu’il ne parvienne à identifier ce qui le faisait réagir de la sorte, ce qui lui donna un air idiot face à Elva. Que lui dire ? Qu’il était désolé pour elle ? Qu’elle ne méritait pas cela ? Qu’il était là pour la soutenir ? Les mots se bousculaient aux portes de ses lèvres, sans les franchir. Mais les mots n’avaient jamais été son moyen d’expression privilégié, de toute manière. Une désagréable sensation d’inachevé le prenait aux tripes et occupait toute la place, car il se rappelait l’effet de cette bulle où il était avec elle, avant qu’Aisling ne les interrompe. Pendant quelques secondes, il avait ressenti une connexion toute nouvelle avec elle, quelque chose qu’elle ne lui avait jamais donné jusque là. Il n’était pas sûr de ce que c’était mais il brûlait d’en retrouver la sensation pour un bref instant. Sans surprise quand on connaissait l’homme impulsif, spontané et entier qu’était Antonino, sa réflexion ne fut pas bien longue avant qu’il n’attire Elva dans ses bras, l’enveloppant d’un attachement intense et d’un dévouement sincère mais surtout, d’un inavouable espoir.
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Donagh Avner, 24 ans, frère de Fergus, fait le grand

« Putain mais faites un peu attention où vous allez ! »

La vive tornade de ses deux neveux, qui lui tirèrent la langue en guise de réponse, se sauva dans le salon, faisant davantage pester Donagh. Fidèle à lui-même, il grommela contre cette bande de gosses mal élevés qui chahutaient sans égards pour les personnes autour obligées de travailler car oui, monter les caisses de vin de la cave pour les grands rassemblements familiaux était un dur labeur. Surtout quand on le faisait seul, sous les imprécations d’une mère qui râlait que cela n’allait pas assez vite et qui finissait par vous solliciter pour mille autres tâches, une fois les premières accomplies. Quand Donagh eut donc agrandi d’un coup de baguette magique la table de la salle à manger, apporté des chaises supplémentaires autour, ramené d’autres bouteilles de la cave parce que sa mère avait changé d’avis puis disposé tous les verres, il put enfin jouir d’un bref répit qu’il consacra à faire la police parmi la marmaille d’enfants grouillant dans le salon. Après avoir reçu une série d’ordres de la part de sa mère, rien n’était plus libérateur pour ses nerfs que d’aller en donner lui-même, à ceux qu’il considérait comme étant sous son autorité, puisqu’il était plus âgé. Arrête de crier comme ça. Allez vous asseoir à la table des enfants. Laisse Laoise tranquille. Donne ce jouet, c’est dangereux. Repose ça, tu vas le casser.

Donagh tirait une certaine satisfaction à se placer dans ce rôle plutôt valorisant du grand frère veillant à l’ordre et la bonne tenue des évènements autour de lui. Mais bientôt surgit l’autre grand frère à qui ce rôle avait toujours été naturellement attribué, tant il lui seyait comme un gant, si bien que personne ne pouvait le lui disputer et que, quand il faisait preuve d’autorité, même une tête dure comme Donagh obéissait. Fergus n’avait guère besoin de pester ou de crier pour être écouté. Un signe de sa part suffit à ce que son jeune frère le suive, malgré le peu de volonté que ce dernier y mit. Il reconnaissait assez bien l’orage sur le visage de Fergus : il n’allait pas passer un bon moment. La sécheresse de son ton ne le démentit pas.

« Hé. Il t'a pris quoi, exactement ? »

Donagh savait de quoi son frère voulait parler, sans qu’il n’ait à le dire. Il savait parce que cette situation où Fergus faisait l’arbitre entre ses jeunes frères et soeurs n’était pas la première. Généralement, c’était peu souvent en faveur de Donagh, d’ailleurs, ce qui l’avait toujours agacé au fond de lui, même s’il le masquait sous des couches de nonchalance insolente. S’appuyant contre un des meubles du salon, dans une posture qu’il voulait décontractée, il haussa les épaules, sans résister à la tentation de, comme toujours, faire le malin avec un sourire goguenard :

« Quoi ? Vu la réaction de Moreen, je suis prêt à parier que j’ai dit zéro mensonges… Elle n’a qu’à considérer ça comme un coup de pouce de ma part. »
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeLun 7 Sep 2020 - 22:43
Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Moreen10
Moreen Avner, 16 ans, En totale sinusoïde

Moreen jouait avec Laoise. Aedan, Cianàn et Sofie s'étaient esquivés dans la cuisine pour entamer un jeu de recherche des cadeaux de cette dernière, laissant Laoise seule entre ses mains distraite. Elle tentait de s'absorber dans le jeu que la petite fille, si charmante et fraîche dans sa timidité, lui proposait avec une assiduité composée, mais Moreen, peu concentrée de nature, sentait son esprit vagabonder en permanence du côté de l'escalier. Elle avait vu Fergus et Toni s'y isoler, avait perçu les vagues éclats de voix qui en avaient fusés puis Aisling avait dévasté le salon de sa présence et Moreen, qui avait la certitude qu'elle avait désormais elle aussi rejoint le petit groupe, mourrait finalement d'envie de s'y mêler comme si la présence de la quasi-totalité de sa famille entre Fergus et Toni lui donnait une légitimité suffisante pour ne pas se faire exclure. Elle glissait une carte sous le nez de Laoise quand elle distingua Fergus qui traversait le salon pour faire un signe à Donagh. " Dans la famille Quidditch je demande… " Son regard se fit fuyant, glissa à nouveau jusqu'à la porte ouverte. Elle n'en voulait plus à Toni, et cette idée donnait à son cœur un engouement nouveau. Elle se défendait de la hâte qu'elle avait de le lui annoncer, car cette nouvelle trêve supposait qu'il allait pouvoir recommencer à la faire rire. Moreen se mordit la lèvre.
- Le cognard.
- Mais tu l'as déjà…
- Ha, oui. Pardon, alors, le souaffle.
- J'ai pas ! Tu pioches. " Moreen focalisa son attention sur Laoise qui lui souriait en lui désignant, magnanime, le tas de carte face cachées qui s'élevaient entre elles deux. Moreen eu un mouvement d'impatience, comme une hésitation qui se traduisit par une moue brève, et un pincement des lèvres aigüe. " Ca te dit on va voir Toni cinq minutes ? Je suis sure qu'il sera d'accord pour jouer avec nous. " Laoise haussa les sourcils sans bien comprendre pourquoi on interrompait une partie si bien engagée pour aller chercher un autre joueur, mais hocha la tête car Tonino agrémentait toujours les jeux de blagues qui la faisait rire aux larmes. Moreen se leva et la prit par la main. Elle se glissa jusqu'à l'escalier et chercha Toni des yeux avec une sorte d’excitation

Elle ne vit d'abord qu'un amas de cheveux sombres dissimulés sous une forme étonnante, bossue, un peu courbée et ample. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que ces cheveux étaient ceux d'Elva, et que cette forme appartenait  à Toni qui la serrait contre lui dans un geste de tendresse que Moreen ne lui avait jamais vu. Elle resta un instant choquée, la main chaude de Laoise serré dans la sienne. Dans sa poitrine, elle sentit distinctement quelque chose se décrocher, comme un battement retardé suivit d'un contretemps et d'une douleur vive et traversant. " Ils sont occupés, " murmura-t-elle à l'intention de Laoise qui s'apprêtait à quitter son étreinte pour se manifester auprès de Tonino. Elle tira doucement l'enfant par la main pour rejoindre le salon. L'excitation l'avait quittée. Son cœur ne battait plus à grand coups d'envolées. Elle se tint quelques instants sur le pas de la porte, incapable de bouger, figée douloureusement dans le manque d'air qui lui étreignait la poitrine.

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Elva10
Elva Avner, 28 ans, Foutue pour foutue

Elva se laisse disparaître. L'étreinte la saisit comme une vague de sable chaud. Le corps envoûtant, le souffle contre sa nuque, brûlant, la sensation douce et dure des muscles qui l'enveloppent, la pousse à s'abandonner. Ses jambes se dérobent presque sous elle, et elle s'appuie contre la certitude que Toni la retient fermement, ferme les yeux, cherche son souffle dans le creux de ses bras puissants. Elle pourrait se faire briser elle le sait, d'une simple étreinte, et pourtant elle n'éprouve aucune peur, aucune suspension d'inspiration de peur de souffrir. Elle se sent enveloppée de sécurité, baignée d'une odeur familière qu'elle respire contre la nuque d'Antonino, son ami depuis des années, le frère de son frère, dont elle n'avait jamais ressenti la douceur aussi fort qu'en cet instant. Elva ferme les yeux et s'abandonne totalement, sans lutte, sans nécessité de raccourcir le temps dilué de l'étreinte qui pourrait faire croire qu'entre eux se forme une délicate alchimie. Peut-être est-ce le cas. Et alors ? Elva ne pense plus à rien d'autre qu'au bien-être qui l'envahit alors qu'elle sent sous ses doigts délicats la poitrine de Tonino se soulever et battre fort. Elle aime un peu le contact esquissé de ses lèvres contre la peau de sa nuque. Elle n'avait jamais remarqué son odeur. Elle est souple et douce, à peine musquée, pas du tout comme elle l'imaginait. Elle ne veut pas faire cesser l'étreinte. Si Toni pouvait la tenir, comme ça, contre lui, encore un peu…

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] W7S2EfKn_o
Fergus Avner, 34 ans, Qui pue le sum

Fergus fixait Donagh. Il le laissa parler en silence, sans ciller, inaltérable, avec sur les traits une ombre subtile et difficilement interprétable. Lorsque son frère eu achevé sa diatribe, il laissa de longues secondes s'alourdir entre eux sans bouger. Son regard n'avait pas quitté celui de son frère et s'il semblait évident qu'il considérait la situation et réfléchissait à ce qu'il devait dire, la manque total de spontanéité dans sa réaction ne présageait franchement rien de bon. Finalement, au prix d'un long soupir, il desserra les dents. " J'entends des plaintes, lâche-t-il. Est-ce qu'on en est là ? A comparer qui fait le plus de crasses à qui ? " Il considéra Donagh sans bienveillance, lassé d'avance par l'argumentaire de son frère qui, il le constatait, tentait de minimiser son acte sans chercher à en comprendre l'affront. Rejeter sa faiblesse sur Moreen ne semblait pas acceptable à Fergus. D'une part on ne s'excusait pas en accusant les autres. D'autre part on acceptait les reproches et on fermait sa gueule. " Je ne sais pas comment te dire à quel point je me fou absolument de savoir qui fait le plus de croche pieds, Donagh. Ce que je constate c'est que vous êtes de la même famille, et que tu fais passer ta sœur pour une espèce de trainée écervelée. C'est un fait que tu n'as pas à discuter et ce sont des choses qui ne se font pas. Collez-vous des gifles entre vous si ça peut permettre de régler vos conflit, mais ne mêle jamais à ça une personnage extérieur. Jamais. " Son ton était dur et sans patience. " Ca vaut aussi pour elle. "

Lentement, il esquissa un geste destiné à retirer une cigarette de sa poche intérieur, mais sa tentative mourut dans le souvenir de Damnhait, qui ne supportait pas qu'on fume dans sa maison. " Par ailleurs… Reprit-il en ignorant le léger mouvement d'impatience que cette constatation avait fait naître, quand on te dit un truc… Personne ne te demande de le commenter. L'insolence, c'est bien si tu veux te prendre une correction. Mais si tu veux qu'on te parle et qu'on te considère comme un adulte, fais en sorte d'agir comme tel. "


   
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Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Icon_minitimeLun 7 Sep 2020 - 23:56
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Antonino Tessio, 30 ans, ressent vraiment beaucoup de choses


En une fraction de seconde, le corps d’Elva se relâcha dans cette étreinte, laissant Toni constater qu’il n’avait fallu qu’un geste plein d’une tendresse sincère pour faire éclater le masque que portait la jeune femme. Ce constat le bouleversait car il avait toujours perçu une force incroyablement tranquille dans la douceur des traits d’Elva, similaire à celle qu’il pouvait percevoir par ailleurs chez Fergus. Une force rassurante, donnant l’image d’une femme caractérisée par sa patience et sa constance, deux traits de personnalité que Toni ne possédait pas du tout et qui avaient un profond pouvoir d’attraction sur lui. A cet instant précis, cette femme qu’il connaissait semblait brisée en mille morceaux dans ses bras, ce qui éveillait un terrible désarroi chez lui. Par sa puissante et large étreinte, il tentait de rassembler ces morceaux éparpillés et de les garder unis. Le monde d’une personne qu’il aimait profondément s’effondrait et par conséquent, une partie de celui de Toni avec, ce qui le poussait à lutter contre cette implacable force de gravité. Et, comme s’il n’avait pas d’autre alternative que d’y opposer une force de la même ampleur, il serra Elva contre lui avec une extraordinaire absence de retenue, une libération totale de la tempête de sentiments contradictoires qu’elle éveillait chez lui. Cette intime étreinte, qui n’aurait dû contenir que le désespoir d’une femme esseulée, se chargeait d’un vif souci, d’une immense affection et d’un terrible effroi que Toni ne parvenait pas à masquer.

A cet instant, il était sûrement un livre ouvert qu’il peinait paradoxalement à décrypter. Quand il recula légèrement la tête pour rompre leur étreinte, ses mains saisissant ses épaules, il plongea son regard dans celui d’Elva et il eut l’impression de vivre quelque chose d’à la fois familier et dangereusement nouveau. Fut une époque où il recherchait absolument son attention et lui trouvait tous les attraits du monde, époque qu’il lui paraissait révolue hier encore. Pour autant, il ne croyait pas avoir déjà expérimenté ce qu’il ressentait ici avec une telle intensité, en la tenant contre lui. À contempler Elva, il lui sembla confusément que sa détresse lui donnait une beauté troublante et qu’il fallait absolument réprimer cette envie de venir poser ses lèvres sur les siennes. Mais s’il ne se rapprocha pas, il ne s’éloigna pas non plus, suspendu à la moindre respiration de la jeune femme dont il guettait malgré lui la réaction, sans savoir s’il espérait qu’elle ait la présence d’esprit de modérer pour lui ses propres ardeurs.

Une journée au zoo [Famille Avner + Toni] Donagh10
Donagh Avner, 24 ans, frère de Fergus, mérite une claque ou deux


La froideur du ton de Fergus fut aussi familière que désagréable à l’oreille de Donagh qui ne comptait guère plus les réprimandes de son aîné. Si elles avaient eu une certaine légitimité et résonance chez l’adolescent récalcitrant qu’il avait été, elles se teintaient aujourd’hui d’une amertume irritante pour l’adulte qui se construisait chez Donagh. La sensation d’être toujours traité comme un gamin, pour faire simple, commençait sérieusement à l’irriter. Certainement, il aurait fallu établir ici le fait que Donagh n’envoyait pas toujours les signaux d’un adulte mature, notamment quand il levait ostensiblement les yeux au ciel face à des reproches qu’il jugeait exagérés. Réputation, rien que ça ? Il n’avait pas envoyé ce malheureux texto à l’entièreté du répertoire de Moreen, lui semblait t-il, pour justifier une telle accusation. Il n’avait pas douté une seule seconde de la capacité de Toni à prendre ce message pour une plaisanterie en l’envoyant. La dernière remontrance de Fergus le fit croiser les bras sur sa poitrine avec un air défiant qui collait à son visage comme une seconde peau.

« Parce qu’il faut forcément une justification profonde au fait de faire des pauvres blagues, maintenant ? Wahou mais achetez-vous un humour, par pitié. »


Cela ne l’étonnait pas une seconde que Moreen en ait fait une affaire d’Etat -pour être honnête, la provoquer était un peu ce qu’il cherchait- mais que l’aîné de la famille, surnommé le grand patriarche Fergus, vienne s’en mêler lui paraissait un peu hors de proportions, ce qu’il ne se gêna pas de dire :

« ‘Te mêle pas de mes affaires avec Moreen. Si tu crois qu’elle me fait jamais de crasses, elle, pires que celle-là, même… C’est juste qu’elle, elle se sent obligée d’aller pleurnicher aux pieds du monde entier pour qu’on le sache. Et que vous, vous tombez tout le temps dans le panneau. »
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