Le Deal du moment : -55%
Coffret d’outils – STANLEY – ...
Voir le deal
21.99 €

C'est la fête à la Préfète! [Maeva]

Mildred Magpie
Mildred MagpieLe loup garou bizarre
Messages : 1168
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeJeu 21 Mar 2019 - 9:42
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] 00000039
Lundi 6 Septembre 2010, à l'heure où débute les rondes de nuit, aux abords des appartements privés de l'enseignante Magpie...

Assise sur son lit, les mains plantées dans l'étoffe satinée de ses draps rose fuchsia ; Mildred laissa rebondir vulgairement son large séant pour tester autant la fermeté que le confort du matelas. Visage soucieux, la romancière multifonctions prenait un soin minutieux à accroitre le confort personnel de ses quartiers privatifs, dans lesquels elle allait devoir passer bien plus de temps que l'année écoulée. En effet, du fait de son nouveau statut d'enseignante artistique, Mildred veillait à rendre plus acceptable son séjour dans ce taudis que l'on nommait Poudlard. D'où l'intervention d'une équipe complète de spécialiste en décoration intérieure, spécialement débauchée pour l'occasion, selon les recommandations du grand Abel Laveau. Mais voila, comme bien souvent avec l'intransigeante Diva de Bristol, l'équipe de chantier magique ne rendait pas grâce à ses caprices de star adulée. Sous le poids du popotin rebondissant de la milliardaire, le sommier se mit frénétiquement à gémir de manière absolument tragique ; Comme si celui-ci, dans un éclair de lucidité, comprenait subitement quel ignoble fardeau il allait être contraint de devoir supporter. Conservant leur professionnalisme et un sang-froid légendaire, l'équipe de décorateur se préparait à faire front au déluge de mépris et de mauvaise foi de l'exigeante romancière.
 
"Mais cela ne va pas du tout! Ce n'est en aucun cas le lit que je vous ai commandé! En plus d'être d'un total inconfort, ce n'est absolument pas ce à quoi je m'attendais! Vous n'êtes vraiment qu'une tripotée d'incompétents! Croyez-moi, vous allez avoir de mes nouvelles! "

Depuis Février dernier, et l'avènement de sa ménopause, Mildred Magpie faisait preuve d'une incroyable impatience et des sautes d'humeur régulière dont les effets dévastateurs retombaient directement sur ceux qui étaient malencontreusement placés sous ses ordres. Ces coups de colère répétés et injustifiés, frôlaient parfois l'hystérie sans qu'elle n'arrive à contenir ses nerfs. De quoi rendre la vie impossible à bon nombre de ses employés des Folies Sorcières, qui forcément dociles de peur de perdre leurs emplois, s'offraient sans broncher au courroux de la romancière ménopausée. Heureusement que l'infatigable Toni était là, pour prendre sa fessée et calmer les pulsions colériques de la milliardaire presque quinquagénaire. Un brin perplexe, mais conservant un calme olympien face à la harpie qui lui faisait face ; La chef spécialiste en décoration intérieure, Valeria Dalmidodo prit l'initiative de prendre la parole.

"Pourtant, vous pouvez me croire, le produit que nous vous proposons là, est tout bonnement une pièce unique, et ce qui se fait de mieux sur le marché actuel de la literie magique... "

Les prunelles dilatées de l’irascible professeur d'Art jetèrent des éclairs sur l'employée sous-traitante d'Abel Laveau. Qu'est-ce que cette grosse vache ne comprenait pas dans le terme "Lit de princesse"? Décidément, le jugement esthétique des gens de la plèbe étaient aussi inutile qu'un second nombril! Mildred fulminait intérieurement devant l'incapacité chronique du commun des mortels à répondre à ses attentes matérialistes.  

"Non mais je rêÊêve! L'élite de la literie magique!? Vous plaisantez j'espère? Vous pensez réellement que cet odieux plumard est en droit d'accueillir mon corps si parfait? Pffffff! " Le regard de la romancière balaya le plafond avant de se figer sur celle que l'on surnommait éhontément la reine de la déco. "Vous me prenez pour qui? Dois-je vous apprendre votre métier? N'importe quel idiot comprendrait que l'expression "lit de princesse" sous-entend au minimum un lit à baldaquin satiné avec une voilure en soie! Dites-moi, quel sommeil réparateur suis-je en mesure d'espérer sur cette chose cauchemardesque? Où donc vais-je pouvoir m'accrocher sur cette glissière de la mort? "

Milded pencha la tête sur le coté, telle une vipère cherchant un angle d'attaque pour crocheter un mulot. Valéria Dalmidodo jeta un regard interrogateur à ses ouvriers, avant d'exprimer toute l'étendue de son incompréhension à son horripilante cliente.

"Pardonnez-moi, mais je pensais bien faire. En l'état actuel, le lit à baldaquin n'est plus vraiment au gout du jour. J'oserai même dire qu'il appartient à une autre époque. De plus, excusez-moi encore Madame... Mais je n'arrive vraiment pas à comprendre en quoi il est si nécessaire de pouvoir s'accrocher aux rampes d'un lit à baldaquin pour trouver le sommeil? Souffririez-vous donc de vertige nocturne? "

C'était clairement ironique. Valéria Dalmidodo en avait plus que marre de recevoir la leçon, et s'entendre réciter son métier par une orgueilleuse diva qui vivait encore à l'âge du rococo flamboyant. Ulcérée par le ton péremptoire de la décoratrice intérieure, l'index acéré de Mildred lui indiqua la direction de la sortie.

"Ouste! Hors de ma vue! Quel prodigieux manque de respect envers ma si noble personne! Pensez-vous être digne de pouvoir réévaluer mon jugement? Ou même d'oser vous permettre ce genre de remarque familière!? Grâce à Merlin, nous n'avons point garder les licheurs ensemble! Sachez que je vais pondre un rapport salé à votre supérieur, dans lequel je témoignerai de votre incompétence et de votre insolence à mon égard... "

C''est Abel Laveau qui allait être ravi, et la maudite Isobel qui enragerait de voir son cher et tendre s'éloigner encore. Après le Japon, l'Australie, Leopoldgrad, Poudlard... Voila de quoi occuper encore davantage l'architecte Laveau et le séparer de sa trop belle chargée de communication du ministère. Aussi jalouse que inquiète à l'idée de voir l'insupportable Lavespère réussir son mariage ou sa vie de couple avant elle ; Mildred Magpie ne ménageait pas ses efforts pour diriger l'architecte magique vers des chantiers fastidieux et lointains. N'avait-elle pas d'ailleurs déjà contacter un ami millionnaire du Japon pour soumettre à Abel un projet immobilier pharaonique? Mildred ne voulait plus revivre un moment aussi affreux que celui où seule entre ses draps de satin, elle s'était infligée le supplice d'enrager devant les instantanés de bonheur corse partagés sur l'instamage d'Isobel Lavespère. Mais pour l'heure, Mildred Magpie avait d'autre chatte à fouetter, tandis que son impérieux index désignait la porte extérieure à la vulgaire décoratrice Valeria Damidodo.

"Dois-je vous faire un dessin pour que vous compreniez? Je ne veux plus vous voir, ici! Du balai! " rajouta-t-elle en les chassant des mains. Plutôt que de subir encore davantage le mépris de la romancière, l'équipe disparue sans même se soucier de l'achèvement des travaux. Mildred s’apprêtait à sortir sa plus belle plume à papote pour écrire un rapport bien senti à Abel Laveau, quand elle réalisa le poids de son erreur d'avoir congédié aussi rapidement l'équipe de décorateurs. *OooOoops!* Dans sa colère, la romancière avait totalement oublié le fait qu'il restait encore multitude de cartons en contrebas des escaliers, et que ceux-ci n'allaient point gravir les marches tout seuls jusqu'à ses quartiers privatifs. Mildred se précipita vers sa fenêtre extérieure, juste pour constater avec horreur qu'il était trop tard, et que l'équipe de bras cassés venaient tout juste de déguerpir. *Et crotte!*

Que faire? La Diva avait beau regarder son Pear 2 à coque doré, aucune solution ne lui venait à l'esprit à une heure aussi tardive. Toni était occupé... Roy lui dirait gentiment d'aller se faire foutre... Klump était au Panama, pour placer ses gallions frauduleux sur un compte off-shore. Bref, sans sa horde de serviteurs, Mildred se sentait aussi démunie que lors de son passage à Kro-Mantra. Aucun homme n'étaient là pour porter les choses trop lourdes, ni pour lui faire du feu, ou même lui arracher de puissantes vocalises orgasmique. Poudlard n'était rien d'autre qu'un coin paumé, dans lequel, la sorcière de Bristol était livrée à elle-même. Mais plutôt que de tergiverser et laisser ses cartons sans surveillance, Mildred se décida à passer à l'action. Juchée sur ses Louboutins aiguisés, elle descendit maladroitement les marches d'escalier pour constater de l'ampleur du sinistre. Une dizaine de cartons trop lourds attendaient ses petits bras... Des cartons dans lesquels sommeillaient toutes sortes d'éléments indissociables de son bien-être, que ce soient des lotions de beauté, des vêtements et chaussures ou même ses précieux sextoys magiques. Il y avait même une statue en marbre d'elle-même, où la romancière adulée était représentée dans sa nudité la plus parfaite. Bref, l'indispensable se trouvait à ses pieds, sans personne pour le remonter...  

Extirpant maladroitement sa baguette, Mildred était incapable de se souvenir d'une formule susceptible de faire léviter son joyeux bordel. Certes, elle connaissait des sortilèges pour faire apparaitre des bouclettes dans sa chevelure... Elle maitrisait également des sorts d'épilation magique pour faire disparaitre le moindre poil obstruant l'accès à sa fosse innommable, de peur qu'un homme puisse s'égarer dans les bois sans trouver son doux chemin... En somme, rien de très utile en matière de manutention. Fort heureusement, des bruits de pas salvateurs finir par troubler l'inquiétant silence de Poudlard crépusculaire, et lui offrir une solution. Alors qu'elle se retrouvait piégée, les mains posées inutilement sur ses larges hanches ; Mildred poussa un soupir de soulagement en voyant apparaitre une préfète en chef dans son champ de vision. * Alléluia! * Il s'agissait de la fille Hellsoft... Mais comment se prénommait-elle déjà? Peu importe, l'essentiel était de lui faire transporter au plus vite son imposant et précieux matériels dans ses quartiers. Sans une once de respect pour celle qui tombait à pic, Mildred claque des doigts dans sa direction pour alerter son attention.

"Vous là! Plutôt que de faire des rondes inutiles! Venez m'aider à transporter ce matériel juqu'à mes quartiers! " Bien entendu, dans le fait d'aider, il fallait lire entre les lignes. Mildred Magpie ne comptait pas s'abaisser à porter le moindre carton. Au contraire, elle posa sa main effilée sur son front de malade imaginaire. "Hâtez-vous, jeune fille! Accomplissez votre devoir de Préfète ou vous entendrez de mes nouvelles auprès de la direction! J'ai une affreuse migraine, et je suis dans l'incapacité totale de faire le moindre effort physique! Maintenant, activez-vous et rejoignez-moi dans mes appartements... "

Sans même se soucier de la difficulté de la tâche, Mildred tourna les talons à la pauvre préfète exploitée. Ne lui laissant que le loisir de voir son large bassin onduler de gauche à droite dans une méprisante gestuelle signifiant : "au-revoir, démerdes-toi!". Laissant la préfète à ses basses œuvres, Mildred rejoignit la quiétude de ses quartiers pour se poser sur un siège en peau de lynx. Jambes croisées, elle commença à limer et soigner ses longs ongles vernis, quand le visage de la préfète Maeva apparut enfin dans l'embrasure de sa porte. Sans même entendre ses récriminations, Mildred s'offusqua déjà du service rendu :

"Enfin, c'est pas trop tôt! Vous avez terminé!? Mais dépêchez-vous, nous n'allons pas y passer la nuit! "

La Diva s’apprêtait à rejoindre la contemplation de son vernis à ongle, lorsque...


All I Want is Your Money!
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeJeu 21 Mar 2019 - 21:56
Maeva poussa un long soupir et posa son front contre ses genoux, non sans avoir jeté un bref coup d’œil à sa montre qui ornait son poignet. Théoriquement, à cette heure-ci, elle aurait dû être dans le parc pour commencer une énième ronde et envoyer ses camarades dans leurs dortoirs. En réalité, elle avait sauté le dîner pour se réfugier dans son lit, puis avait quitté la Tour des Gryffondor dès que celle-ci avait commencé à se remplir. Elle avait pianoté un message à l’intention de son binôme pour lui indiquer qu’elle ne viendrait pas ce soir et elle avait erré dans les couloirs. Finalement, pour échapper aux regards emplis de pitié, elle avait gagné l’aile sud et s’était cachée dans un recoin, juste derrière une statue, pour profiter de quelques instants de silence.

Son père était mort. La nouvelle lui était parvenue deux jours plus tôt. Elle était en train de prendre son petit-déjeuner et Peter était venu la chercher à la table des Gryffondor. A l’air grave qu’il abordait, elle avait immédiatement su que quelque chose n’allait pas mais ses pensées s’étaient tournées vers sa mère. Si bien que lorsqu’elle avait vu Eden assise face au bureau de Peter, elle l’avait dévisagé pendant de très longues secondes. Elle avait observé ses yeux gonflés et rougis, son visage bouffi par le chagrin, ses mains tremblantes. Puis, Eden avait éclaté en sanglot devant une Maeva interdite et silencieuse. Avec raideur, la jeune fille s’était assise sur la chaise qu’on lui désignait. Son regard avait fait de nombreux aller-retour entre Peter et Eden, jusqu’à ce que cette dernière se décide enfin à briser le silence.

« Ton papa est mort, ma chérie. » Maeva avait froncé les sourcils. Non, son père ne pouvait pas mourir ; son père était tranquillement chez lui, son quatrième verre de Whisky à la main, les pieds sur la table-basse à commenter les résultats des derniers matchs de Quidditch. C’était sa mère dont on devait lui annoncer la mort ; c’était à cela dont elle s’était préparée pendant tout l’été. Son père ne pouvait pas mourir. Mais la présence d’Eden dans ce bureau lui prouvait le contraire, tout comme cette étreinte étouffante dans laquelle elle l’avait entraîné. Maeva, blottie contre sa belle-mère, avait bafouillé, puis s’était écartée violemment. Elle avait cherché Peter du regard, qui avait confirmé la nouvelle d’un hochement de tête silencieux. Elle avait senti une immense boule se former dans sa gorge et elle avait secoué la tête, très vite. Non, non, ce n’était pas possible.

Finalement, elle s’était laissée entraîner contre Eden, qui l’avait serré très fort dans ses bras. Maeva n’avait pas pleuré – elle n’avait pas versé une seule larme depuis ce matin-là – mais elle était restée muette, trop choquée pour pouvoir parler. On ne lui avait rien expliqué sur les circonstances de la mort de son père, si ce n’était qu’il avait été agressé et qu’il avait succombé à cela. L’enterrement aurait lieu le huit septembre, mais elle allait quitter Poudlard dès à présent avec Eden, et… A ces paroles, la jeune fille avait vivement redressé la tête : non, elle ne partirait pas. « Ma puce, tu es sûre ? » avait demandé Eden d’une voix douce en lui caressant les cheveux. Oui, elle était sûre, non, elle ne voulait pas rentrer. L’idée de rester plusieurs jours dans cette maison lui était insupportable. Non, elle ne rentrerait que pour l’enterrement. Elle avait été catégorique puis, finalement, on avait cédé à cette demande et, comme une automate, elle est partie en cours. Elle n’avait rien dit, à personne, pendant toute l’heure qui avait suivi. Elle n’avait pas ouvert la bouche, pas prononcé un mot. Puis, des Pear s’étaient mis à vibrer et les premiers journaux en ligne avaient annoncé la mort de l’ancien Poursuiveur de Flaquemare. On l’avait regardé, on avait chuchoté dans son dos, elle avait distingué des murmures désolés, des « Maeva, tu as vu… ? » un peu hésitant. Elle n’avait pas répondu, les yeux fixés sur les mots tracés à la craie dont elle ne comprenait pas le sens. Lorsque la cloche avait sonné, elle avait retrouvé Noah. Elle l’avait regardé et lui avait dit « Mon père est mort hier » puis, devant lui, elle avait éclaté d’un rire qui frôlait l’hystérie, tant cette phrase lui paraissait incongrue.

James Smith était décédé, dans la nuit du 3 au 4 septembre, très probablement d’une agression – mais la thèse de l’accident de Transplanage était encore évoquée –, avait-elle appris lorsqu’elle avait allumé son Pear. Les circonstances de sa mort étaient encore floues mais la milice avait ouvert une enquête pour tirer toute cette histoire au clair. Le rapport du légiste de St Mangouste – qui avait fuité sur Twitcher – avait toutefois noté plusieurs blessures sévères. Elle avait passé des heures à traquer la moindre information sur son Pear, puis, finalement, l’avait éteint quand elle avait été envahie de messages et de notifications.

Son père était mort. Cette pensée, qui ne la quittait désormais plus, lui arracha un bref sursaut de douleur et elle grimaça en portant une main à son estomac tout en déglutissant avec difficulté. James Smith était mort et, depuis qu’elle avait appris cela, elle avait prononcé en tout et pour tout une dizaine de phrases. Elle avait ignoré ses amis et ses enseignants qui voulaient qu’elle se confie sur ses sentiments, qui voulaient qu’elle exprime sa peine, qui s’inquiétaient de ne pas la voir pleurer. Elle ne voulait pas en parler, avait-elle répété inlassablement ces derniers jours. C’était même plus que cela ; elle ne pouvait pas en parler, pour la simple et bonne raison qu’elle ne parvenait pas à identifier les sentiments qui l’habitaient. Elle était triste, c’était indéniable. Elle se sentait vide de l’intérieur et elle avait cette curieuse sensation de ne pas habiter son propre corps mais de regarder tout ce qu’il se passait depuis un point de vue extérieur. Elle était triste, mais la raison pour laquelle elle ne s’était pas effondrée, c’était parce qu’elle se sentait surtout en colère.

En colère contre son père, dont rien n’excusait le comportement qu’il avait eu ces dernières années, en colère contre elle-même, de ressentir cette pointe de soulagement lorsqu’elle réalisait qu’elle n’aurait plus à être confrontée à ses cris et à ses menaces qu’il mettait parfois à exécution. Cela faisait plusieurs mois que Maeva ne reconnaissait plus son père, dont la consommation excessive d’alcool ne faisait ressortir que le plus mauvais. Il avait changé, passant de l’homme qu’elle avait jadis tant aimé et tant adulé à celui qu’elle redoutait. Il était devenu mauvais, méchant, dangereux même – surtout pour Eden qui vivait quotidiennement avec lui. Elle avait fini par craindre ses séjours chez lui, craindre les gifles et les coups qu’elle évitait comme elle le pouvait en se murant dans un silence nerveux. Cet été, elle avait eu avec lui une dispute phénoménale ; elle avait hurlé si fort qu’elle en avait perdu la voix. Elle était inutile, avait crié son père après son sixième Whisky, complètement inutile, à passer ses journées entières sur le canapé. Aussi inutile que sa bonne à rien de mère, dont la seule bonne idée avait été de disparaître. Maeva, qui, habituellement, quittait silencieusement la pièce pour gagner sa chambre, avait riposté tout aussi violemment. Elle préférait toujours être inutile qu’être un vieil alcoolique pathétique, incapable de rattraper un Souaffle si on le lui tendait. Le plat de la main de James s’était abattu si fort sur sa joue qu’elle avait eu un œil au beurre noir le lendemain ; elle l’avait justifié en disant qu’elle s’était cognée en jouant avec Félicia. Je te déteste, avait-elle craché. T’es le portrait de ta mère, avait-il persiflé en se laissant retomber sur le canapé. Il n’y aurait plus jamais de telles scènes, avait-elle réalisé alors. Plus jamais.

Et elle se sentait coupable de ne pas être aussi triste de la disparition de son père. Elle se sentait coupable de ne pas réussir à pleurer à chaudes larmes comme le faisait Eden, de ne pas s’effondrer dans les bras de ses amis. Elle était triste, pourtant ; mais triste du souvenir de son père qu’elle ne retrouverait jamais : celui qui avait tant ri avec elle, l’avait bercé pendant de longues heures et l’avait laissé dormir dans son lit quand elle prétendait faire des cauchemars juste pour pouvoir se blottir contre lui. Elle regrettait ce père, ce père tendre dont elle gardait encore l’image, ce père aimant qui avait existé un jour et qui, désormais, avait disparu à jamais. Et malgré cette tristesse lancinante, aucune larme ne dégringolait sur ses joues.

Les minutes s’étaient écoulées lentement et, lorsque Maeva releva la tête, elle soupira en avisant l’heure. Elle se redressa, s’étira, et se résolut à quitter son petit havre de paix pour regagner sa Salle Commune. Peut-être enverrait-elle un message à Noah, sur le chemin, pour lui demander de la retrouver devant le tableau ; elle ne se sentait pas d’affronter le regard de ses camarades seule. Un peu réconfortée par la pensée de retrouver les bras de son petit-ami, Maeva hâta le pas, les mains enfoncées dans les poches de sa robe de sorcière. Elle marchait tête baissée, aussi ne remarqua-t-elle pas immédiatement Mildred Magpie qui scrutait le couloir avec impatience et ne réagit pas tout de suite lorsque cette dernière l’appela. Elle finit par tourner vers elle un regard interrogateur. L’aider à porter ses affaires ? Et puis quoi encore ? Elle ne voulait pas qu’elle la ventile avec une branche de palmier ?

« Je… » protesta Maeva d’une voix éraillée et un peu faible. Son exclamation se perdit dans le couloir, tandis que Mildred mimait une migraine en portant sa main à son front.

Avant même que Maeva ne puisse dire quoique ce soit, la romancière avait déjà tourné les talents et dandinait jusqu’à son appartement.

« Bordel de troll. » jura tout bas la jeune femme, dans de terribles dispositions pour envisager d’aider son prochain – surtout quand son prochain était Mildred Magpie pour qui elle n’avait aucune sympathie. « Pour qui elle se prend cette grosse vache… » maugréa-t-elle en lui lançant un regard noir.

Fatiguée à l’avance d’aller au conflit avec la romancière, Maeva sortit sa baguette magique qu’elle pointa sur les cartons. N’étant pas de bonnes dispositions pour pratiquer la magie, les cartons s’élevèrent brusquement du sol en s’entrechoquant avant de rejoindre chaotiquement les appartements privés de la romancière. La préfète-en-chef passa la tête dans l’entrebâillement de la porte… Pour une accueillie comme une vieille chaussette par la nouvelle enseignante.

Pas même un merci ? Ni même un petit sourire de gratitude ? Mais pour qui se prenait-elle, à lui parler de la sorte ? Elle pensait sérieusement qu’elle allait lui amener ses cartons gentiment et, qu’en plus de cela, ce genre de tâche faisait partie de ses fonctions de préfète ? Elle ne perdait rien pour…

Le bruit de verre brisé lui fit relever la tête. Sans qu’elle ne s’en rende compte, elle avait propulsé les cartons encore en l’air contre le mur le plus proche et l’un d’eux contenait visiblement des choses fragiles. Maeva considéra un instant sa baguette, stupéfaite, n’ayant aucune conscience qu’elle venait de réaliser un acte magique. Bien loin de penser à s’excuser auprès de Magpie, la jeune fille partit au quart de tour :

« Mais ça va pas ?! » s’écria-t-elle en rangeant sa baguette – et tous les cartons s’affaissèrent sur le sol dans un bruit sonore. « Vous avez cru qu’j’étais un elfe de maison ou quoi ?! Comme si j’avais qu’ça à faire de porter vos affaires putain ! »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Mildred Magpie
Mildred MagpieLe loup garou bizarre
Messages : 1168
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeLun 25 Mar 2019 - 8:39
Accaparée par sa french-manucure, Mildred Magpie sursauta quand un odieux bris de verre troubla soudainement sa concentration. Par la sainte toison de Merlin! N'était-ce pas ses précieux cartons qu'elle venait d'entendre s'écraser bruyamment sur l'un des murs de sa chambre rose!? Le petit flacon de vernis à ongle de la romancière retomba aussi net sur la surface nacrée de la coiffeuse, tandis que le regard écarquillé d'horreur de la Diva de Bristol se figea sur l'odieux désastre. L'un des cartons, celui contenant une multitude de précieux souvenirs érotique de la romancière, venait de s'éclater contre la paroi, avant d'en détruire un autre dans sa chute! Pour Mildred, qui usaient du pouvoir de ses fioles de souvenirs torrides à la fois pour enflammer son imaginaire, et le plaisir partagé avec son caneton vibro-magique ; Il s'agissait d'un véritable drame, alors qu'elle allait devoir se confronter à l'immense solitude glacée de cette si terne et peu lubrique école de magie. Les yeux horrifiés de la sorcière quadragénaire passèrent alors de la flaque de souvenirs sur le point de s'évaporer dans un dernier miaulement, à l’impardonnable et maladroite Préfète en chef des Gryffondor.

"Merlin! Mais attention pauvre idiote, tu dois manipuler ces cartons avec précaution! Voyons, le contenu est aussi fragile que précieux!!! " Le visage blêmissant à vue d’œil, Mildred posa une main pétrifiée sur son cœur alors qu'elle avait la douloureuse sensation que l'on venait de lui arracher une partie de son âme. N'ayant d'yeux que pour les fumerolles de ses souvenirs perdus, la Diva de Bristol blâma méchamment la pauvre Maeva. "OoOoh noOon! Mais qui m'a pondue une sotte aussi incapable et maladroite!? Mon dieu! C'est affreux! Cela se dit Préfète, et ce n'est même pas en mesure de transporter les affaires d'une enseignante d'un point à l'autre! Quelle honte! "

Sans le savoir ou s'en soucier, Mildred Magpie jouait cruellement avec les nerfs d'une jeune fille qui venait tout juste d'enterrer son père alcoolique et libidineux quelques jours auparavant. Là où d'autres personnes plus empathiques auraient joué la carte du "ce n'est pas grave, jeune fille, ce n'est que du matériel" ; L'égoïste romancière ne se focalisait que sur les débris éparses, dernier vestige de ses souvenirs et de ses fioles sulfureuses. Pourquoi devrait-elle la ménager? Après tout, Maeva n'était que le fruit d'une union méprisable, entre un coureur de péripatéticiennes et d'une terroriste à la solde de la défunte Salamandre. La seule chose qui sauvait son honneur de vile maladroite, et empêchait jusqu'alors Mildred de s'en prendre frontalement à elle, était ses liens étroits avec son beau-père, Peter Virtanen. Aussi arriviste que lèche-botte avec ceux qui détenaient les rênes du pouvoir, l'enseignante artistique veillait à ne jamais froisser l'égo du tout nouveau Directeur de Poudlard, ou de prendre une décision sans son aval. L'inflexible Nordique était de toute manière l'homme de la situation ; Celui par qui, Poudlard se moderniserait pour entrer de pleins pieds dans le projet de Nouveau Monde instauré par l'inégalable et fabuleux Leopold Marchebank...

Mais si, Mildred excellait dans l'art de faire de la lèche à ceux qui pouvaient servir sa cause ; Dans l'état actuel des choses, elle avait bien du mal à tempérer à la fois sa colère et la pitié qu'il aurait été légitime d'éprouver à l'égard d'une jeune fille qui venait de perdre son père. Humainement, James Smith n'était rien d'autre qu'une ordure, un affreux machiste violent, un homme misogyne et sans scrupule , qui de surcroit osait battre violemment la délicieuse Eden Rosebury. Même si cette dernière était de loin sa meilleure amie de Bristol, Mildred avait tout de même éprouvé un pincement au cœur, en apprenant la mort de l'un des meilleurs clients des Folies Sorcières ; Et le manque à gagner qui allait se répercuter sur son pourcentage auprès de ses filles de joie. Bref Mildred en pinçait davantage pour ses galions de perdus que la détresse de la pauvre Maeva. En plus de sa propre maladresse, cette dernière osa pousser l'affront jusqu'à l'insolence verbale, contraignant Mildred à se lever d'un bond pour asseoir son autorité sur cette jeune rebelle effrontée!

"Mais qui es-tu, Maeva, pour oser me parler sur ce ton!??? La maladresse est une chose, l'insolence en est une autre! Alors tu as intérêt à t'excuser rapidement, et me témoigner le respect que je suis naturellement en mesure d'attendre de la part d'une élève, préfète en chef de surcroit! " Index figé sur la silhouette de la jeune Maeva, la voix nasillarde de Mildred rajouta une dernière menace : "Crois-moi, c'est dans ton intérêt de t'excuser platement, si tu ne veux pas que j'établisse un rapport épicé auprès du Directeur! Est-ce bien clair, jeune impudente? "

Dans l'attente d'excuses et d'une réponse sincère de la Préfète, Mildred s'agenouilla auprès de la flaque de ses souvenirs perdus qui ruisselait sur son plancher. Quel drame! Que perte de temps et d'argent! La sorcière célibataire et dépressive avait passé bon nombre de temps à Skye, pour recueillir ces précieux instants de jouissance, dans le seul but de pouvoir les utiliser pour illuminer la grisaille de sa solitude. Quelle tragédie! Elle pouvait voir de-ci de-là, les petites étiquettes apposées sur les flacons de souvenirs brisés : "Toni dans le Jacuzzi", "Violderêve sur le bureau", "Toni dans le jardin" , "Jeune et beau inconnu dans les toilettes du K-Klub", "Bannerman dans la cabane", "Victor Lloyd sous les palmiers" , "IgnacioOOOo mon héroOos", "Toni dans la cuisine" , "Toni dans le placard à balais", "Toni dans la piscine" ; "Toni sur le toit des Folies", "Constantine électrique"... Mon Dieu, quel gâchis immense! Troublée par cette tragédie mémorielle, Mildred sentit une violente rancœur montée en elle, alors que s'échappait son petit canard vibro-magique et gluant de son carton à sextoy. Le petit caneton flottait sur le flot des souvenirs déversés pour nager en direction de la trop maladroite Maeva.

Sans même se retourner, Mildred laissa échapper des propos cruels entre ses dents serrées à la fois par la colère et la déception.

"Petite garce! Tu es contente de toi? Qui va me rembourser la casse, à présent? Certainement pas ta terroriste de mère évaporée dans la nature, ni ton alcoolique et coureur de jupons de père décédé! "

Libérant sa méchanceté à la face d'une Préfète blessée et caractérielle; Mildred venait peut-être de commettre un horrible impair. Pour l'heure, seul le canard lubrique de Mildred semblait sourire de la situation, alors que son bec usé venait se heurter à la pointe de chaussure de Maeva...


All I Want is Your Money!
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeMer 27 Mar 2019 - 0:48
Le visage de Mildred Magpie avait viré au rouge, alors que le contenu d’un de ses cartons se répandait sur le sol, éclatant des dizaines de flasques en mille morceaux. Maeva, immobile dans l’entrebâillement de la porte, observa le désastre qu’elle venait de créer et qui mettait, de toute évidence, la romancière dans tous ses états. Peut-être se sentait-elle légèrement coupable, mais cette culpabilité était largement ensevelie sous sa colère grandissante qui ne tarda pas à se manifester en un coup d’éclat qui eut le don de faire bondir de rage Mildred Magpie. La jeune fille ne put retenir un reniflement dédaigneux lorsque la romancière utilisa le terme « respect » - parce que lui avait-elle montré une once de respect, depuis le début de leur échange, elle ? – et elle croisa les bras sur sa poitrine, comme pour se fermer totalement à la discussion.

« Bien sûr », songea Maeva sans réprimer un sourire insolent qu’elle afficha volontairement sur son visage, « emmène-moi devant Peter, avec plaisir. » Elle s’empêcha de s’avancer sur cette pente glissante, déjà parce qu’elle avait toujours répugné à utiliser la carte de la « fille de » depuis le début de sa scolarité à Poudlard, et ensuite parce qu’elle ne souhaitait pas mettre Peter dans une position délicate. La lueur de défi qui dansait au fond de ses yeux, cependant, en disait long sur ce qu’elle pensait des menaces à peine voilées de la romancière. Maeva avait toujours été de nature sanguine – son entourage en avait suffisamment fait les frais depuis sa plus tendre enfance. En grandissant, elle avait appris à gérer son irritabilité et à canaliser ses coups de sang. Elle pouvait grandement remercier Noah pour ça, d’ailleurs, qui, bien plus tranquille qu’elle, l’avait guidé sur la voie d’une sagesse qui lui avait sûrement valu de devenir préfète-en-chef. Mais Maeva restait Maeva ; une jeune femme qui avait aujourd’hui les nerfs à vif, très peu d’heures de sommeil derrière elle et qui était, si on croyait son défunt de père, le portrait craché de sa mère. Or, quiconque avait côtoyé Chloé Hellsoft pouvait témoigner de son caractère explosif…

« Un rapport bien épicé dans lequel vous expliquerez que vous m’avez traité sans le respect dont on pourrait s’attendre de la part de tout autre être humain ? » répondit-elle avec une candeur qui transpirait le mépris. « En revendiquant mon statut de préfète, dans l’Aile Sud, en dehors de mes heures de ronde ? » poursuivit-elle, sans ajouter le « alors que mon père vient de mourir » qui lui brûlait les lèvres, parce qu’elle se refusait à accepter la pitié d’une personne aussi horripilante que Magpie.

Mais très bien, qu’elle se plaigne, qu’elle aille écrire ce satané rapport, Maeva s’en fichait comme de sa première robe de sorcière. Qu’elle mène une bataille pour qu’on lui retire son statut de préfète-en-chef, et qu’elle y arrive si cela lui apportait une satisfaction immense ; Maeva n’en n’avait plus rien à faire. Plus rien à faire parce que, depuis quelques jours, toute son existence semblait vide de sens. Elle n’avait plus de père et sa mère avait disparu depuis plusieurs mois maintenant. Elle était seule, finalement. Lou avait Peter, Felicia avait Eden et elle, elle n’avait plus personne. Elle était seule, et la solitude lui déchirait le cœur. Maeva n’avait jamais supporté l’abandon ; il s’agissait d’un véritable complexe qu’elle subissait dans sa vie depuis sa plus tendre enfance et qu’elle ne gérait qu’à grand peine.

Et comment voir autrement le départ précipité de sa mère et le décès de son père, après des mois de silence où elle redoutait ses gestes et ses cris ? Hors d’elle, elle darda un regard mauvais sur Mildred qui, agenouillée auprès de ses flasques renversées, laissait échapper des petits gémissements de tristesse, qui se décuplèrent lorsqu’un canard coloré vogua sur la flaque dans sa direction. La préfète fronça le nez en reconnaissant l’objet sur lequel ses amis et elle avaient tant plaisanté ; difficile de ne pas penser à l’expression « fosse innommable » à l’instant présent, songea-t-elle avec une grimace de dégoût. Elle s’empressa de se décaler pour échapper au canard, qui alla finir sa course dans les escaliers desquels il dégringola sans la moindre grâce, pour aller s’échouer dans le couloir dans un grésillement sinistre.

La situation était presque drôle, tant elle était absurde et surréaliste. Presque, simplement, car au moment où Maeva esquissait un pas pour se diriger vers la sortie, l’exclamation de Mildred la retint immédiatement sur place.

Petite garce.

Elle se figea. Releva très lentement les yeux.

Terroriste de mère.

Planta son regard dans celui de Mildred. La dévisagea, longtemps.

Alcoolique et coureur de jupons de père.

Sentit une boule se former dans sa gorge.

De père décédé.

Explosa. Libéra la haine contenue, la peine étouffée, la culpabilité qui lui enserrait le cœur, les remords l’assaillaient de toute part.

« Vous êtes complètement folle ! » s’écria-t-elle. « Vous m’agressez là, avec vos cartons, en prétextant que je dois vous aider à les porter… Mais je ne vous dois rien du tout, et encore moins obéissance pour une histoire qui ne concerne ni vos cours, ni la vie de Poudlard ! Et ensuite, sous prétexte que je casse, par mégarde, vos souvenirs glauques, vous vous dites que c’est une bonne idée de vous en prendre à ma famille ? » Le ton de Maeva montait de plus en plus et son visage était déformé par la couleur. « Mais vous vous prenez pour qui pour me parler comme ça ? » elle secoua rageusement la tête. « Vous aviez qu’à avoir six neurones de plus pour penser à utiliser votre baguette et faire léviter vos putains de cartons jusqu’à vos appartements. Ou, j’sais pas, quitte à être dépendante de quelqu’un, vous trouver un mec suffisamment malin pour y penser à votre place. » Elle eut un regard vers la direction empruntée par le canard violet. « Dans les deux cas, ça m’semble mal parti. »

Elle lui lança un regard noir, détourna la tête pour souffler un « Salope. », avant de faire mine d’esquisser un pas vers la sortie…


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Mildred Magpie
Mildred MagpieLe loup garou bizarre
Messages : 1168
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeVen 29 Mar 2019 - 7:59
Sans se douter de l'orage sur le point de vrombir dans son dos, suite à ses propos d'une cruauté sans nom à l'égard de la famille de la préfète ; Mildred préférait se focaliser sur le carnage indicible et la marre trouble de ses souvenirs qui se déversait tragiquement du carton éventré. Bien plus que ses exploits sexuels et ses puissantes vocalises, ces fioles contenaient les trop rares moments où elle avait l'impression d'exister réellement dans les yeux d'un homme. Si sa nymphomanie n'avait pas de limite, elle découlait d'un manque affectif et d'un besoin maladif de se sentir aimée. Depuis ses premiers émois d'adolescente, Mildred avait toujours joué de malchance sur la carte des sentiments, si bien qu'elle se raccrochait à tout ce qui s'apparentait de près ou de loin à de l'amour. Le sexe, comme une drogue, lui offrait cette satisfaction possessive et ce sentiment unique de réellement compter dans le cœur d'un homme. Dans ses miaulements assourdissant, elle oubliait le silence cruel de sa solitude. Dans l'extase de cette torride supercherie, elle dupait la réalité froide de son quotidien.

Mais au delà du plaisir physique, Mildred cherchait à capturer un bien plus précieux ; Bien entendu que les coups de reins ravageurs de Toni réveillaient ses ardeurs de vieille sorcière lubrique, et que l'osmose électrique du beau et timoré Constantine lui chatouillait encore le bas ventre... Mais, au delà de l'orgasme, Mildred recherchait avant toute chose ces moments volés et exquis dans lesquels Toni - juste avant de s'effondrer délicieusement sur son opulente poitrine - la contemplait avec une infinie tendresse ; Où cet éclat de surprise presque apeuré dans le regard de Constantine quand il comprenait qu'il ne pouvait en rien résister aux chants des sirènes de l'Amour. En une phrase, les fioles éclatées malencontreusement par la maladroite et insolente Maeva, contenaient bien plus que des souvenirs glauques... Il s'agissait d'un véritable trésor existentiel pour la romancière au cœur brisé.

D'où la colère immense et les propos déplacés de Mildred, qui pour l'heure se cantonnait à pousser des petits gémissements plaintifs et singuliers à la vue de l'immense gâchis mémoriel déversé au sol. La Diva de Bristol allait devoir retourner dans ce trou paumé de Skye, reprendre rendez-vous avec son traqueur attitré et officieux et tout recommencer depuis le début. Quelle horreur! Au vue de l'innommable sinistre, Maeva devrait être pétrifiée de honte et s'excuser platement de sa maladresse. Mais si l'influente journaliste à scandale avait l'habitude que l'on s'écrase à ses pieds, la préfète en avait décidé tout autrement ; En effet, dans un sursaut spontané et légitime, Maeva déversa toute l'étendue de sa colère à la face de la romancière médusée. D'abord décontenancée, Mildred sursauta devant l'audace rebelle de l'insolente préfète. Ne venait-elle pas à l'instant de la traiter de folle? Et de qualifier ses glorieux exploits de glauque? La bouche arrondie de stupéfaction, Mildred lança un regard halluciné à Maeva.

"Pardon??? Qu'est-ce que j'entends??? Surveilles-donc tes propos petite garce! " expédia-t-elle avec autorité dans l'espoir de mettre un terme à ce pugilat verbal dont elle était la cible.

Mais Maeva semblait bien décidée à expédier ses quatre vérités à la tronche déconfite de l'horripilante sorcière. Secouant la tête avec rage, alors qu'elle ne pouvait plus contenir la haine qui la rongeait de l'intérieur ; La préfète se mua alors en Matador quand elle osa planter une banderille assassine dans le cœur de grosse vache de Mildred Magpie. Le visage de cette dernière se liquéfia à l'énoncé de son incompétence et de ses six neurones manquant pour porter magiquement ses cartons... Mais sa mâchoire se décrocha littéralement, quand l'outrecuidante Maeva osa lui glisser le conseil mesquin de se trouver un mec plutôt qu'un canard vibro-magique. Comment osait-elle!??? Portée par la fougue insolente de sa jeunesse, la jeune Gryffondor venait de planter une flèche humiliante dans le cœur pétrit d'orgueil de la vaniteuse sorcière.    

"Comment oses-tu me parler sur ce ton!? Ton insolence ne demeurera pas impunie!!! Je t’interdis de m'insulter... "

Trop tard! Mildred n'eut pas le temps d'achever sa phrase et mettre un terme aux insultes, que Maeva osa braver les interdits et prononcer le terrible outrage à six lettres... * Salope* L'insulte résonna longuement dans la boite crânienne de la romancière outragée, sans qu'elle ne puisse rien ajouter d'autre qu'un masque muet et horrifié. *Salope* Tel un volcan sur le point d'exploser, Mildred luttait désespérément pour contenir le coup de sang qui montait en elle. Elle avait beau se dire qu'il n'y avait que la vérité qui blesse, qu'elle se devait de contenir ses nerfs, et répondre à cet affront par le biais des moyens disciplinaire et pédagogique qui lui étaient dévolus, mais quand même... *Salope* Quelle horrible insulte! Mildred n'avait rien de bienveillant, ni aucune patience quand on osait s'attaquer odieusement à sa merveilleuse personne. Mais pourquoi avait-elle l'affreux sentiment d'être démasquée, comme mise à nue devant une terrible réalité? *Salope* Bien que fauchée par l'insulte, elle trouva tout de même la ressource pour se relever et faire front à l'insolente petite garce. Furibarde, les mains sur les haches, Mildred n'était vraiment pas belle à voir! Le regard exorbité, les lèvres retroussées, les rides creusées par la haine ; Bien qu'elle sache les dangers auxquels elle s'exposait en cas d'agression physique,  Mildred n'était pour l'heure dévorée que par une seule obsession, une seule pulsion : Celle d'arracher la langue de cette impertinente préfète et de la lui faire manger!

"PardoOon? Ai-je bien entendu? Tu viens de me traiter de SALOPE!!!? "

Voila pourquoi, quand Maeva chercha à lui tourner les talons, la baudruche rancunière que représentait Mildred, finit par exploser! Inutile de sortir sa baguette pour jeter un sortilège à l'irrévérencieuse petite garce sur le point de détaler ; D'une part parce que Mildred ne connaissait aucun sortilège autre que ceux qu'elle utilisait pour gonfler son brushing ou s'offrir un teint de pêche, d'autre part parce qu'il n'y avait rien qui puisse faire autant souffrir que le tranchant de ses ongles manucurées de vieille "pietasse"!

"Tu penses pouvoir aller où? Tu crois vraiment que je vais te laisser partir après la chose ignoOoble que tu viens de me balancer à la figure??? Restes-ici, petite gaaarce !!! " rugit la romancière au bord de l'hystérie, alors qu'elle se jetait griffes en avant sur la Préfète.

Maeva n'eut pas le temps d'esquisser un geste défensif et franchir le seuil des appartements privés que l'enseignante artistique se ruait déjà sur elle, pour agripper la jeune fille par ses longs cheveux soyeux. Après le "salope" prononcée, le temps n'était plus à la pédagogie ou la bienveillance, mais bel et bien à la violence! Mildred tira violemment la belle tignasse de la Préfète pour la contraindre à ne point quitter sa tanière, afin de lui administrer une bonne leçon en toute discrétion. Furibarde, Mildred claqua violemment la porte de ses quartiers, avant de plaquer brutalement la Préfète contre un mur. N'écoutant que son égo meurtri, la quadragénaire ne contrôlait plus rien dans ce qui s'apparentait de plus en plus à une agression. En effet, une première main crochue de la romancière belliqueuse vint serrer très fort le poignet de l'impertinente demoiselle, tandis que les griffes vernies de sa seconde main vinrent pincer méchamment les joues de la préfète. Au moins, la mâchoire enserrée, cette diablesse n'aurait plus l'occasion de proférer de viles insultes!  Usant autant de sa masse corporelle que de ses deux obus volumineux pour plaquer Maeva contre le mur rose de sa chambrée, l'enseignante artistique brisait un à un touts les codes de conduite à suivre d'un professeur; Pour dérailler dans l'hystérie la plus totale...

Blessée et heurtée dans sa vanité, elle était obsédée par l'idée de laver l'affront et de remettre cette jeune impudente à sa place. Dans une promiscuité étouffante, le souffle chaud et saccadé de la romancière s'abattit sur le visage de Maeva ; Cette dernière étant contrainte de subir les propos acerbes et revanchard d'une Mildred survoltée.

"Tu te prends pour qui pour me traiter de manière aussi outrancière!? Hein??? Toi, la sotte incapable de transporter convenablement de vulgaires cartons! Moi, je suis la romancière la plus adulée du Monde Magique! Je suis détentrice de l'Ordre de Merlin, troisième classe alors que tu n'es qu'une simple préfète dans un vieux décor cramoisi! Qui es-tu alors pour me traiter de salope? MOI, une femme qui va assurément laisser son empreinte sur l'humanité entière!!! Quel immonde culot, alors que tu n'es que la fille d'une ignoble fugitive et d'un gueux pourchassant la gueuse, qui ne manquera assurément à personne, si ce n'est aux compte en banque des filles de joie... " Le regard exorbité et les lèvres pincées de mépris, Mildred secoua la tête de dégout, alors qu'elle déversait son flot de cruauté. La main tranchante de la vile romancière vint pincer encore plus en plus fort les joues de la pauvre Maeva " Je devrai t'arracher la langue, petite gaaarce!!! Mais je n'en ferai rien, vermine! Car tu serai capable d'aller te plaindre en langage des signes et chouiner auprès de ton beau-papa! Alors maintenant écoutes-moi bien, sale petite impudente... Je te laisse le choix de t'excuser à genoux et d'implorer mon pardon, ou je te promets que je pondrai un rapport encore plus salé que la Mer Morte! Tu as trois secondes pour te décider, et pas une de plus! Trois... Deux... Un... "

Mais alors que le décompte fatidique arrivait à son terme, l'enseignante comprit trop tardivement qu'elle venait indiscutablement de franchir la ligne rouge. Croisant le regard de Maeva, Mildred réalisa subitement toute la violence de son intervention, et le tort que cela pouvait lui causer dans sa fonction. Son regard comme sa bouche s'arrondirent alors d'incrédulité, lui conférant un air plus stupide que méchant alors qu'elle lâcha un pathétique : "OooOOoops! "

Imperceptiblement, même si son lourd poitrail faisait encore ventouse avec le corps de Maeva, la romancière en pleine bavure desserra quelque peu son étreinte au niveau du poignet et des joues endolories de la jeune préfète. De quoi offrir une brèche à la jeune Gryffondor, et les moyens de se libérer de l'emprise de cette harpie hystérique... Mais pour quoi faire? Fuir ou combattre? Se taire ou se venger? La réponse appartenait à Maeva...


All I Want is Your Money!
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeLun 8 Avr 2019 - 23:07
« Au moins vous n’êtes pas sourde… » persifla Maeva avec un sourire impertinent lorsque Mildred, hors d’elle, lui demanda si elle avait correctement entendu ce qu’elle venait de dire.

Une voix intérieure, lointaine, lui souffla qu’elle allait sûrement trop loin dans ses propos, mais la jeune fille l’ignora superbement, emplie d’une colère envers la romancière qu’elle ne cherchait même pas à maîtriser. Finalement, Mildred lui offrait ce dont elle rêvait depuis des semaines : un moyen de laisser s’exprimer sa frustration et l’injustice qu’elle subissait ; il s’agissait d’un véritable exutoire.

Et tant pis si elle était injuste envers la quinquagénaire – après tout, cette dernière l’avait bien cherché et, de toute façon, Maeva ne l’avait jamais porté dans son cœur. Aussi afficha-t-elle un sourire méprisant sur ses lèvres en pivotant pour quitter l’appartement de la romancière. Qu’elle continue à s’égosiller pour quelques souvenirs érotiques perdus, songea Maeva en jetant un dernier coup d’œil aux fioles brisées, ce n’était pas ses affaires et elle s’en fichait éperdument ; elle n’avait qu’une envie : retourner dans son dortoir. C’était sans compter Mildred, bien sûr, qui se jeta sur elle pour saisir une poignée de ses cheveux.

« MAIS AHHHH !! » protesta la jeune fille en portant instinctivement ses mains à son crâne pour se défaire de l’emprise de l’enseignante.

Elle essaya de se dégager, sans y parvenir et tenta un mouvement vers sa baguette magique… Avant de se retrouver propulsée violemment contre le mur. Un cri de protestation mourut dans sa gorge alors qu’elle sentait une main se refermer fermement sur son poignet, tandis que, de sa main droite, la romancière plantait ses ongles manucurés dans sa joue. Sous le coup de la surprise, les yeux de Maeva s’agrandir avec stupeur – peut-être avec frayeur, même, lorsqu’elle sentit le poids de la romancière s’appuyer contre son corps pour l’empêcher de s’échapper.

Elle était bloquée, réalisa-t-elle en tentant vainement de se débattre. Elle était bloquée, coincée, presque étouffée sous la poitrine imposante de Mildred. Sa joue, meurtrie par la main de la romancière, virait au rouge violacé, tandis que la prise qu’elle avait sur son poignet la forçait à adopter une position étrange et particulièrement inconfortable.

La colère qu’elle avait senti refluer sous le coup de la stupeur revint à la charge et se mua en véritable haine qui se déversa dans ses veines. Folle de rage, sans la possibilité d’esquisser le moindre mouvement, Maeva resta immobile, un regard meurtrier figé sur le visage rouge de Mildred Magpie. Réduite au silence, elle assimila chacune de ses paroles, toutes aussi méprisantes les unes que les autres. « Garce », « sotte », « ignoble fugitive », « gueux », « vermine » et tous ces autres termes qui se gravèrent dans sa mémoire au fer rouge, alors qu’elle sentait son sang pulser violemment dans ses tempes. Elle allait la tuer, elle allait lui arracher la langue, lui faire ravaler ces insultes, et la regarder périr sous ses cartons, rêvassa Maeva pour qui imaginer un tel scénario était le seul moyen de ne pas devenir complètement folle.

Une douleur vive se répandait au niveau de son visage, à l’endroit que Mildred pinçait cruellement, sans relâche. Finalement, la romancière finit par relâcher son emprise sur sa joue et son poignet, après une exclamation absolument ridicule.

« Mais vous êtes complètement FOLLE ! » hurla-t-elle. Toujours interloquée, elle porta une main à sa joue et sentit les empreintes des ongles de la romancière dans sa chair. « Vous pouvez toujours CREVER pour que je M’EXCUSE ! »

Et puis quoi encore ? Se mettre à genoux pour supplier la romancière de lui pardonner son affront ? Elle n’avait que fait dire la vérité, songea Maeva avec une mauvaise foi évidente. Une vérité peut-être un peu blessante, d’accord, mais uniquement la vérité. Et si Mildred Magpie n’était pas prête à l’accueillir, tant pis pour elle. Ce n’était de toute évidence qu’une vieille femme, désespérée à l’idée de retrouver sa jeunesse perdue depuis bien trop longtemps. Une vieille femme lubrique, qui ne vivait que pour quelques souvenirs immondes pour entretenir sa fosse innommable. Une vieille femme perverse, méchante, cruelle, qui se satisfaisait du malheur des autres. Une vieille femme malhonnête, narcissique et absolument folle. Une vieille conne, une véritable salope, une…

Aveuglée par la colère, Maeva leva le pied pour donner un coup dans le tibia de Mildred, l’obligeant à reculer par la même occasion et ainsi se dégager de son étreinte cruelle. Sans perdre une seule seconde, elle tira sa baguette magique de sa robe de sorcière et la serra entre ses doigts. Elle fixa la romancière, tremblante.

« Vous êtes une grande malade. » lâcha-t-elle d’une voix qui transpirait sa colère. « Une putain de grande malade ! Vous vous prenez pour qui ?! Vous avez écrit trois pauvres livres qui servent à caler des portes, et on vous a sûrement donné l’Ordre de Merlin parce qu’on a eu pitié de vous… »

La baguette magique de Maeva, qui crépitait entre ses doigts, s’illumina rapidement d’une lumière rouge vive. Presque instantanément, la vitrine sur sa droite explosa en mille morceaux. Un éclat de verre, propulsé par le choc, effleura la joue de Mildred et y laissa une enfilade ensanglantée bien que superficielle.

« Mon père était peut-être un « gueux », ma mère est peut-être une fugitive mais au moins, moi, je ne suis pas la risée du monde magique depuis février dernier. » souligna Maeva en faisant référence à la déclaration d’amour de Mildred, retransmise sur Pear, qui continuait à faire des millions de vues. « Vous m’faites pitié. »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Mildred Magpie
Mildred MagpieLe loup garou bizarre
Messages : 1168
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeMer 10 Avr 2019 - 9:21
Médusée à l'idée d'avoir dépasser les limites imposées par le cadre de sa profession, Mildred cogitait déjà sur les éventuelles solutions qui s'offraient à elle, de manière à pouvoir justifier son ignoble coup de sang. Mais que s'était-il passé pour qu'elle surréagisse de la sorte? Était-ce les hormones qui la travaillait? Ou le fait de ce retrouver enfermer dans ce taudis que l'on nommait Poudlard qui l'avait poussé dans ses retranchements? Dans tous les cas, rien, absolument plus rien n'empêchait l'outrancière Maeva d'aller tout cafter à son beau-papa chéri de Directeur. Ce fâcheux incident risquait d'anéantir tous ses efforts pour de collaboration avec le nouveau patron de Poudlard. En effet, comment travailler en parfaite symbiose avec lui, si Peter venait à apprendre que l'enseignante artistique avait agrippé sa belle-fille par la chevelure avant de lui pincer les joues comme une vulgaire mule. Regard anéanti, l'imagination fleurissante de la romancière cherchait vainement les lignes salvatrices d'un nouveau chapitre à raconter, qui puisse l'extirper des méandres de sa bavure. Mais pour l'heure, elle ne voyait aucune solution se dessiner à l'horizon, tandis que la bouche libérée de Maeva lui crachait déjà des insultes au visage. "Folle"; Oui elle l'avait été durant ce laps de temps fatidique, ou elle avait violenté et retenue prisonnière une élève contre son gré. "Crever"; Là, par contre, elle ne lui donnerait pas ce plaisir. Mildred avait besoin de gagner du temps, et surtout de ne voir aucun témoin compromettant venir se greffer à ce fâcheux incident. La panique fit tressaillir la sorcière presque quinquagénaire à l'idée qu'un intrus de passage dans le couloir, puisse entendre les cris de colère de la Gryffondor.

"Maeva! Calmes-toi, voyons... Chuuut... Il ne s'est strictement rien passé... Rien du tout... " chuchota une Mildred dégoulinante de trouille à l'idée d'être démasquée sous ses travers d'enseignante la pire du monde. Cherchant désespérément un pardon utopique au travers d'un geste d'hypocrite tendresse, Mildred osa l'affront de caresser délicatement la joue endolorie et la chevelure de Maeva d'un revers de la main. Si ce geste surréaliste n'avait pour intention que de gagner du temps, Mildred savait pertinemment qu'à l'heure actuelle, elle se trouvait sur un siège éjectable. Dès qu'elle décollerait ses lourdes mamelles de l’affreuse donzelle, celle-ci filerait illico presto dans les couloirs de Poudlard pour aller tambouriner à la porte de son beau-papa de Directeur. Dès lors, l'enseignante artistique pouvait d'ores et déjà faire ses valises et mettre un terme à sa mission de surveillance. Nul doute, cela puait l'échec à plein nez, et risquait de la compromettre auprès de la Milice et de Danielle Coleman...

Mais que faire maintenant? Alors que les joues rougies de la préfète arboraient encore les empreintes sinistres de ses ongles... Mildred sentait un vent de défaite battre ses tempes alors qu'elle ne voyait toujours aucun dénouement rationnel s'offrir à elle. Si elle avait eu le sang-froid et l'expérience d'un IgnacioOOo, elle aurait été en capacité d'étrangler cette petite garce braillarde afin de la réduire au silence, puis de lester son corps pour la jeter ensuite dans les profondeurs obscures du lac de Poudlard... Mais encore fallait-il en avoir les tripes, et surtout Mildred n'était en rien une meurtrière. Jamais, elle n'oserait se salir les mains directement, et affronter la mort en face. De plus, d'un point de vue purement logistique ; Comment transporter un corps inerte jusqu'au lointain lac, alors qu'elle n'avait même pas été capable d'assurer le transport de ses précieux cartons d'un étage à l'autre? Certes, elle pouvait dissimuler le corps de Maeva dans ses appartements, dans la pénombre de son immense garde-robe... Mais mon dieu! Que faire de l'odeur? De l'immonde puanteur qui viendrait assurément dauber définitivement ses précieux vêtements de luxe. Quel affreux et infernal gâchis! Non! Le meurtre n'était définitivement pas la meilleure solution.

Aussi trouillarde que soucieuse de faire tourner l'horloge, Mildred délivra son sourire le plus mielleusement hypocrite à son encombrante prisonnière.

"Tu sais quoi, on devrait peut-être repartir à zéro! Pourquoi ne pas s'offrir un meilleur départ? Et oublier ce qui vient de se produire? Tu en penses quoi, Maeva? " Interrogea Mildred, alors qu'elle se tenait toujours collée à la jeune fille, comme une vieille moule sur un rocher battu par la tempête. "De toute manière, quoique tu dises ou inventes, personne ne croira ta version... c'est comme ça... c'est la vie... Crois-moi, la meilleure solution est que tu te comportes comme une gentille fille bien docile... "

Mais à peine eut-elle le temps de prononcer ces dernières paroles, qu'un affreux rictus de douleur vint déformer son odieux sourire hypocrite. Le regard choqué, la bouche ouverte comme une carpe extirpée de l'eau, Mildred recula en boitillant de manière théâtrale alors qu'une vive douleur venait subitement d'envahir son tibia gauche. Mais quelle garce indomptable! Comme une méchante mule mal dressée, Maeva venait ni plus ni moins de lui flanquer un méchant coup de pied! En grande douillette, Mildred poussa un long gémissement alors que des larmes venaient déjà perler le coin de son regard. Totalement décontenancée par cette réaction aussi osée que virulente à son encontre, Mildred demeura un long instant sans voix, avant de couiner un semblant de révolte offusquée.

"Mais tu m'as frappée!? Petite garce! Comment oses-tu lever le pied sur un professeur? Tu t'exposes à de graves ennuis! "

Bien que douloureux, ce coup de pied venait à point nommé pour sauver le large fessier de l'enseignante artistique. Car malgré sa douleur, Mildred entrevoyait enfin une échappatoire. Comme elle, quelques secondes auparavant, Maeva s'était inscrite en faute en n'écoutant que sa fureur plutôt que sa raison. La balance des fautes et de la culpabilité venait de se rétablir et retrouver son point d'équilibre, laissant l'occasion à l'enseignante artistique d'en faire des tonnes. Boitillant bas comme si elle venait de se faire faucher par un obus, Mildred jouait la carte de la comédie. Mais l'effet escompté ne vint pas, lorsque Maeva envoya valdinguer les conséquences de ses actions, pour accroitre encore davantage ses griefs envers l'immonde enseignante. Traitant cette fois-ci Mildred de grande malade, et crachant sur ses qualités de dramaturge littéraire, elle venait une nouvelle fois de faire mouche. Piquée dans son orgueil, Mildred oublia un instant sa comédie hypocrite, pour agresser méchamment l'outrecuidante gryffondor...

"Vraiment? Parce que tu penses peut-être obtenir un avenir plus radieux que le mien!? Témoignes-moi davantage de respect petite garce! Je suis une immense Star! Si tu n'accomplissais ne serait-ce qu'un millionième de mes succès, alors cela serait déjà un immense exploit! " Le regard luisant de larmes et de méchanceté, Mildred gloussa comme une dinde, avant de rajouter : "Franchement, regardes-toi! Pauvre petite orpheline abandonnée... Que vas-tu devenir maintenant que tu n'as plus personne pour te nettoyer la morve qui te coule du nez!? Au mieux tu finiras poivrote pour vendre tes maigres charmes à des hommes aussi répugnant que ton défunt père. Au pire, tu disparaitras dans le néant comme ta terroriste de mère. D'ailleurs, tu ne peux pas imaginer comme il me tarde que l'on retrouve la dépouille insignifiante de cette folle dangereuse; Juste histoire que tu puisses rajouter une ligne à ton curriculum vitae d'échec ambulant! "

Un tel mépris allait-il rester impuni? Arborant une affreuse trogne dédaigneuse, alors qu'elle se penchait pour masser son tibia endolori ; Mildred ne se rendait pas tout à fait compte à quel point il était dangereux de provoquer la colère aveugle de la jeune Maeva. Cette dernière ne tarda pas à exploser, quand la baguette en fusion de la Gryffondor s'embrasa d'une menaçante lueur rougeâtre. Par la sainte barbe de Merlin! Elle n'allait tout de même pas lui expédier un sortilège??? Le regard de Mildred Magpie perdit immédiatement de son mépris, pour s'arrondir d'une frayeur innommable. Levant une main en guise de bouclier pour protéger sa face déformée par la panique, elle poussa un cri rauque et ridicule quand le sort vint frapper de de biais et de plein fouet sa vitrine à trophées! Dans un fracas impressionnant, un éclat de verre vint alors érafler la pommette saillante de la romancière pour y laisser son sillage ensanglanté. Il n'en fallait guère plus pour faire couiner de douleur la si douillette tragédienne Mildred Magpie.

"OoOoh moOon DieuUu! Tu m'as attaaaquée!? C'est affreeeux! Au secoOours!!! Par pitié! Que quelqu'un me vienne en aide! Je me meurs!!! Quel moOonde! Mwaaah... " Mildred porta tragiquement une main à son visage pour y découvrir la trace maculée de sang, ce qui ne fit que décupler ses performances vocales et accroitre le ridicule. "IgnoOoble gaaarce! Tu m'as défigurée! Balaaafrée! Comment vais-je pouvoir séduire un homme maintenant??? Personne ne voudra de MoOoi, Mwaaah, c'est affreux... "

Titubant avec la maladresse d'une oie décapitée, Mildred finit par pousser un affreux râle rauque, avant de s'écrouler en arrière sur son lit satiné. Ses mains couvrant son visage égratignée de manière superficielle, elle gémissait comme un veau que l'on conduisait à l’abattoir, rendant la scène encore plus insupportable pour Maeva. Malheureusement pour cette dernière, l'affreux spectacle était encore loin d'être terminé.

"MoOonstre! Tu m'as éborgnée! OOoOh mon dieu! Je ne vois plus d'un œil! Je suis devenue une affreuse cycloOope! Tu as ruiné mon merveilleux visaaage! la hooonte sur toi! "

Mildred ne pouvait point s'empêcher de penser à son précieux rendez-vous du 11 Septembre et à la visite de Constantine. Sans le savoir, Maeva avait peut-être ruiné son futur mariage! Comment son prince électrique allait-il réagir à la vue de cette odieuse balafre? Comme un lombric jeté sur une fourmilière, la fragile Mildred roula sur elle-même de gauche à droite sur son lit, en se tenant le visage, avant de ramper de manière pathétique en direction de son oreiller de soie. Levant un index ensanglanté en direction du mur de sa chambre, elle pensa un instant y inscrire le prénom de sa meurtrière, pour se raviser et braquer celui-ci sur l'agressive Maeva.

"Regardes ce que tu as fait!!! Je vais te pourrir l'existence, et le peu de bonheur qu'il te reste encore! Sur ma vie, je te le jure! " Pommette éraflée, cou tendu comme une vipère sur le point de mordre, le regard injecté de sang de Mildred ne plaisantait pas et en disait long sur ses intentions. En effet, l'espace d'un instant sa haine avait reprit le dessus, pour laisser entrevoir de viles menaces... Du moins, jusqu'à ce que le numéro de la grande douillette finisse par reprendre. En effet, Mildred ne tarda pas à miauler à nouveau comme une chatte jetée dans les flots tempétueux d'un torrent.

"A mOoOi, mon dieu comme je soOoufre! Vermiiine! Cours-vite appeler Miss Bloomwood pour qu'elle vienne à mon chevet! "

Mais était-ce une bonne idée? En voyant les griffures de ses propres ongles sur les joues de la préfète, Mildred s'interrogea sur la meilleure conduite à suivre. N'était-il pas plus prudent de ne point ébruiter cet incident? Car si Maeva pouvait être éjectée facilement de Poudlard, il en allait de même pour elle. Toutes deux avaient franchit allégrement les limites du raisonnable. Toutes deux étaient désormais unies par le même destin : Celui de devoir taire une haine vive et réciproque, au risque de devoir dire définitivement adieu à Poudlard... Maeva allait-elle prendre ce risque? Allait-elle emportée dans sa chute l'immonde délatrice? Ou allait-elle au contraire murir sa revanche et tempérer sa fouge Gryffondoresque...


All I Want is Your Money!
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeJeu 25 Avr 2019 - 22:42
Maeva allait exploser ; elle ne s’était jamais sentie aussi en colère que maintenant. Comme si tout ce qu’elle ressentait, depuis la disparition de sa mère, depuis la mort de son père, faisait enfin surface et trouvait comme destinataire Mildred Magpie. Mildred Magpie qui continuait à répandre son venin, à médire sur ses parents et sur elle. Elle semblait même se réjouir de la voir dans une situation aussi désespérée. Quand elle évoquait le futur lugubre de Maeva, cette dernière semblait déceler comme une espèce d’impatience dans ses propos. Quand elle mentionna le cadavre de sa mère, ce fut la goutte de trop. Sa baguette, qu’elle tenait serrée entre ses doigts, s’anima brusquement et crépita d’étincelles blanches. Puis, un sort qu’elle n’eut même pas conscience de lancer fusa vers une vitrine qui contenait des bibelots en tout genre ; cette dernière explosa sous le choc, et des morceaux de verres furent propulsés dans la pièce. L’un d’eux atteignit le visage de Mildred et laissa une coupure rouge sur sa joue.

Maeva avisa la scène, sentant poindre une pointe de culpabilité. Bon, la blessure n’avait pas l’air trop sévère, mais elle avait quand même blessé un professeur au visage… La réaction de Mildred eut vite fait d’anéantir toute once de remord, laissant la place à un profond mépris. Elle était ridicule, constata Maeva. Tellement ridicule qu’elle ne savait pas trop comment réagir : rire aux éclats ou se frapper répétitivement le front avec la main ? Elle adopta finalement une mine effarée, en observant la romancière qui hurlait à la mort, comme si on venait de l’amputer de deux jambes sans anesthésie.

« Oh ça va. » protesta Maeva en levant les yeux au ciel, sidérée par un tel cinéma.

Même Lou n’agissait pas de la sorte lorsqu’elle tombait tête la première dans les escaliers (leur appartement en Finlande était dépourvu de barrière de protection, et Lou s’était sentie l’âme d’une grande exploratrice.) Qu’on ne lui fasse pas croire qu’une maigre coupure, aussi superficielle que sa personnalité, pouvait faire réagir Magpie de la sorte ! C’était tout bonnement incroyable ; un spectacle désolant, même.

Elle resta cependant plantée là, à observer Mildred se rouler pathétiquement dans son lit, hurlant à qui pouvait l’entendre qu’elle était défigurée. Quand elle pointa son index sur elle, Maeva soutint son regard, une lueur de défi peinte sur le visage. « C’est une menace ? » demanda-t-elle avec agressivité. Elle la contempla, puis secoua la tête. « En attendant, pour le moment, ce n’est pas moi qui suis étendue sur mon lit à me rouler dessus comme une enfant de deux ans. »

Mildred n’effrayait pas Maeva. A vrai dire, vu l’état d’esprit dans lequel elle était actuellement, vu la colère qui bouillonnait dans ses veines, Maeva n’avait peur de rien. Ce n’était peut-être pas l’attitude la plus sage à adopter, mais elle n’en n’avait cure.

« Aux dernières nouvelles, j’vous ai pas amputé des deux jambes, donc vous pouvez toujours marcher vous-même jusqu’à l’infirmerie. » rétorqua Maeva avec mauvaise foi. Elle croisa les bras sur sa poitrine et releva le menton. Elle ne rajouta rien, tourna les talons et quitta la pièce non sans claquer la porte le plus fort possible derrière elle.

Se retrouver brusquement seule ne parvint pas à calmer ses émotions, au contraire, cela accentua encore plus sa rage, au fur et à mesure qu’elle se repassait la scène qu’elle venait de vivre et que l’adrénaline retombait. Elle marcha comme une automate, quitta l’aile Sud d’un pas raide et se retrouva à vaquer dans les couloirs du château. Elle ne pouvait pas retourner maintenant dans sa salle commune ; elle était encore toute tremblante et elle avait besoin d’un moment pour se calmer. Elle ne voulait pas aller voir Peter maintenant, même si cela lui semblait être la bonne chose à faire. Même si elle avait dépassé les bornes avec Mildred, Peter serait forcément de son côté – et au pire, elle pouvait demander à parler au beau-père et non pas au directeur de l’école.

Ses pas la guidèrent vers le parc de Poudlard. L’air frais lui fouetta le visage et lui fit le plus grand bien, alors qu’elle se dirigeait machinalement vers les serres. Elle savait que, comme elle était préfète-en-cheffe, personne ne viendrait l’embêter avec le respect du couvre-feu – de toute façon, personne n’avait trop envie de s’approcher de Maeva Hellsoft depuis quelques jours.

En grimaçant, la jeune femme porta la main à sa joue. Elle était douloureuse. L’endroit que Mildred avait saisi entre ses ongles était rouge, gonflé tendu. Son cuir chevelu aussi la faisait souffrir et elle avait la marque des doigts de la romancière sur son poignet.

Brusquement, Maeva eut un peu envie de pleurer mais, exactement de la même façon qu’elle avait vécu l’annonce de la mort de son père, aucune larme ne lui vint. Elle se sentait juste profondément énervée, en colère contre le monde entier, et absolument sur les nerfs.

« Quelle grosse conne putain… » jura Maeva à voix haute. Elle frappa rageusement dans un caillou, qui roula et buta contre une chaussure. Maeva releva vivement la tête, et tomba nez à nez avec Virgil, une cigarette à la main. « Ah. Salut. »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Virgil Forbes
Virgil ForbesGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 436
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeDim 28 Avr 2019 - 9:18
« Je te jure, l’ambiance est hyper pesante dans le dortoir. Je sais pas quoi faire. »
Kasya avait ramené ses jambes sous ses fesses et elle était accoudée sur le dossier du canapé de la salle commune face à Phil assis à coté d’elle. Installés dans l’autre angle, Virgil scrollait l’écran de son Pear, imité par Damon qui avait pris place dans un vieux fauteuil tout prêt de la cheminée.

« En même temps, son père est mort elle va pas sauter de joie… » souffla Phil en s’accoudant sur ses genoux.
« Non mais tu comprends pas, c’est même pas qu’elle est triste ou qu’elle pleure, non, elle…elle… Je sais pas. Elle dit rien. » Kasya massa ses tempes entre son pouce et son index, visiblement mal à l’aise, c’est comme si elle réalisait pas en fait. »
« Est-ce qu’elle a lu le rapport d’autopsie sur Twitcher ? S’enquit Damon en levant le nez de son Pear, Parce que franchement, ça t’aide à réaliser, il fit défiler un article sous ses yeux et lut à voix haute, La thèse de l’agression peut être corroborée par les nombreuses mutilations présentent sur le corps notamment les entailles profondes au niveau de… »
« Mais arrête, putain ! rugit Kasya. Elle balaya la salle commune du regard comme pour s’assurer que Maeva ne s’y trouvait pas . Seuls quelques élèves de troisième et quatrième années avaient levé la tête en l’entendant s’exclamer mais il n’y avait aucune trace de leur nouvelle Préfète en Chef.
«  C’est bon, t’énerve pas ! Elle est de garde ce soir, je l’ai vu sortir tout à l’heure. » répliqua Damon de mauvaise humeur, visiblement piqué de s’être fait rabrouer si franchement.
« Non elle est pas de garde Ducon. Elle s’isole. Elle ne parle à personne. Pas même à Lisa.  J’ai essayé de lui dire que j’étais là, qu’elle pouvait exprimer sa peine sans peur d’être jugée mais rien n’y fait. »
« Je vois pas où est le problème. » souffla Virgil sans lever le nez du résumé holographique des matchs de quidditch du week-end, elle sait qu’elle peut te parler si elle en a envie. Là, elle a pas envie. »
« Tu trouves que c’est bien qu’elle garde tout pour elle ? Sérieusement ? »
« Je dis pas que c’est bien ou pas bien, Virgil haussa les épaules, je dis juste qu’elle fait ce qu’elle veut. Il releva le nez de son écran et demanda alors, Vous savez quand à lieu l’enterrement ?»
« Non. Pas encore. Pourquoi ? Tu veux y aller ? » s’étonna Kasya, visiblement surprise par tant de compassion.
« Bien sûr, souffla Virgil comme s’il s’agissait d’une évidence, surtout si ça permet de faire péter le cours de Wembley. »
L’adolescent coula un regard complice en direction de Damon et les deux amis s’esclaffèrent.
« Vous êtes vraiment des cognards quand vous vous y mettez. » se désola Kasya. Elle secoua la tête et s’enfonça un peu plus dans le canapé.

Virgil ne se donna pas la peine de répondre et se concentra de nouveau sur son écran. Il n’avait pas parlé à Maeva depuis l’annonce de la mort de son père et il ne comptait pas le faire avant un bon moment. Contrairement à Kasya, il n’avait aucune envie de jouer les psychomages : L’empathie, ce n’était pas son truc, quant aux paroles réconfortantes, il y était carrément allergique. Plutôt que de prendre le risque de se montrer blessant, il préférait prendre ses distances.  Virgil était réellement désolé pour la jeune femme mais il estimait que ce n’était pas son rôle de remplir cette mission de soutien. Il n’était pas assez proche d’elle pour offrir son aide et il aurait trouvé cela particulièrement déplacé de le faire. Maeva avait Noah dans sa vie ainsi que ses amies Lisa et Kasya, si elle le souhaitait, elle avait les moyens d’être épaulée. Si elle préférait gérer son deuil seule, elle en avait parfaitement  le droit. Virgil comprenait très bien ce choix, lui qui était si peu prompt à s’épancher sur ce qu’il pouvait ressentir…

D’ailleurs, cette rentrée n’était pas la plus sereine qu’il ait passé. Loin de là même ! Ces derniers jours, il avait eu du mal à trouver le sommeil tant il se sentait assailli de toute part par des pensées parasites. Quand il ne pensait pas à son nouveau beau-père et sa future belle famille il songeait à son accrochage, par Pear interposé, avec Nelly. Toutefois, ce qui le tenait davantage en soucis, c’était Casey. Non seulement leur relation s’était considérablement  refroidie mais en plus Virgil ne supportait pas l’idée de voir Magpie roder à proximité de son petit frère. Casey n’était pas en grande forme depuis son agression, c’était évident, et l’adolescent ne savait pas vraiment comment remédier à tout ça.

Afin de retrouver un peu de sérénité, Virgil avait renoué avec ses bonnes vieilles habitudes et il descendait, chaque soir, fumer quelques tafs de Mandragore dans le parc ou dans la Salle sur Demande. Depuis qu’il travaillait à Skye, il savait qu’il ne pouvait plus vraiment se permettre de fumer un joint entier par jour mais ces quelques bouffées de Mandragore lui faisait un bien fou… D’ailleurs…

L’adolescent leva ses fesses du canapé pour ranger son Pear dans la poche avant de  son pantalon. Il se hissa sur ses deux jambes, s’étira longuement –et bruyamment- avant de reporter son attention sur ses trois amis.

« Je descends fumer. » expliqua-t-il en vérifiant qu’il lui restait bien une cigarette dans son paquet. Il interrogea le trio du regard mais aucun de ses camarades ne semblait prompt à l’accompagner dans le parc aussi quitta-t-il la salle commune seul. Il descendit les escaliers, croisa quelques premières années qui regagnaient leur dortoir en courant –respect du couvre-feu oblige- puis il déboucha dans le parc baigné par la lumière du soir. Le jour n’allait pas tarder à tomber complètement, constata-t-il en observant le soleil couchant sur le lac. Plutôt que de s’installer devant ce spectacle, Virgil contourna le château en direction des serres pour  se trouver un coin plus tranquille. Il avait beau bien s’entendre avec les préfètes en Chef de cette année, il n’était pas à l’abri de tomber sur un professeur où un jeune préfet, fraichement promu et plein de zèle.
Il s’installa donc dans son coin favori, le dos appuyé contre le mur d’enceinte du jardin aromatique de Londubat à deux pas des serres. Virgil avait longuement étudié la question : Personne ne pouvait le voir ici depuis les fenêtres du château et il pouvait toujours opter pour un repli stratégique vers les serres si quelqu’un arrivait par le parc. Après avoir regardé tout autour de lui il sortit donc son petit attirail qu’il planquait soigneusement avec un sortilège de disparition et prépara son joint.

La première taf  l’apaisa presque instantanément et il bascula la tête en arrière pour observer le ciel qui commençait à peine à se parer d’étoiles. Il était tout à ses pensées lorsqu’il devina une silhouette à la périphérie de son regard. A contre jour, elle se détachait sur les couleurs du couchant. Virgil plissa les yeux pour tenter d’identifier cette silhouette féminine et savoir s’il devait battre en retrait, ou pas. Ce n’était pas Nelly –il en était certain- et il reconnut finalement le profil de Maeva. Pas besoin de bouger donc, estima-t-il. Si Kasya disait vrai, Maeva allait s’isoler d’elle-même... Le Gryffondor resta en place, immobile, et il crut même que la préfète allait passer tout prêt de lui sans le voir. Il faut dire qu’avec sa cape sombre, il se confondait presque avec le mur en pierre contre lequel il était adossé et seul le bout incandescent de sa cigarette aurait pu trahir sa présence mais il l’avait caché derrière sa main libre. S’ils pouvaient vaquer chacun à leurs occupations, cela l’arrangeait.Maeva ne l’avait pas remarqué quand il l’entendit très distinctement jurer mais un caillou qu’elle envoya rageusement dans les airs vint buter tout contre sa chaussure.
Grillé.
Le regard de Virgil passa lentement de ses souliers au visage de sa camarade.

« Eh bien… Je ne te connaissais pas de tels talents de poétesse… » dit-il, bien décidé à agir parfaitement normalement avec elle. « Quelle grosse conne putain » C’est beau. Vraiment. Du grand art .  Ironisa-t-il en la désignant de l’extrémité de sa cigarette sans toutefois chercher à savoir qui était la connasse en question.

L’adolescent afficha donc un petit sourire tranquille qui se figea quelque peu lorsqu’il vit un peu plus distinctement le visage rougi et tendu de Maeva.

« Qu’est ce que t’as fait ? grimaça-t-il alors, plus étonné qu’inquiet, Tu t’es vautrée dans les escaliers ? Il arqua un sourcil, J’ai toujours dit que c’était beaucoup trop dangereux ces rondes nocturnes, vous devriez arrêter… » lâcha-t-il innocemment.


C'est la fête à la Préfète! [Maeva] T87uC'est la fête à la Préfète! [Maeva] LkqrC'est la fête à la Préfète! [Maeva] 2zer
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeDim 28 Avr 2019 - 14:39
Le regard de Maeva glissa du visage de son camarade à la cigarette qu’il tenait entre deux doigts. Une petite voix lui souffla qu’en tant que préfète-en-cheffe, elle aurait dû lui faire une remarque sur sa consommation et/ou sur le couvre-feu qu’il enfreignait en se trouvant hors de sa salle commune à cette heure tardive, mais elle l’ignora volontairement. Elle n’avait absolument pas la force d’argumenter sur l’importance de respecter le règlement de l’école ; d’autant plus qu’elle utilisait son statut de préfète pour se promener dans le château alors que cela lui était théoriquement interdit aussi.

« Je savais que ça te plairait. » répondit Maeva, l’ombre d’un sourire sur les lèvres.

De toutes les personnes qu’elle aurait pu croiser ce soir, elle était soulagée que cela soit tombé sur Virgil et pas sur Lisa. Qu’on ne se méprenne pas, elle adorait sa meilleure amie. Elle lui était d’un soutien sans faille depuis la disparition de sa mère, et elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s’était effondrée en larmes dans ses bras. Mais il était difficile pour Lisa de concevoir que Maeva ait besoin d’être seule ; d’ailleurs, après l’annonce de la mort de son père, elle avait refusé de la laisser hors de sa vue plus de deux minutes d’affilée, elle l’avait même accompagné aux toilettes à l’intercours. Au fond, Maeva savait que cette attitude partait d’une bonne intention ; de même que celle de Kasya et de Niels. Elle-même aurait sûrement agi de la même manière si une telle tragédie était arrivée à l’un de ses proches. Mais personne ne connaissait la véritable nature de son père, personne ne pouvait concevoir ce soulagement qu’elle avait ressenti en apprenant sa mort, personne ne pouvait comprendre cette culpabilité immense qui la rongeait quand elle y songeait, et, par conséquent, elle ne se voyait se confier à personne sur un tel sujet. Elle avait besoin de faire ce deuil à sa manière, seule ; la seule personne qu’elle incluait dans cette équation était Noah, parce qu’elle le connaissait si bien qu’elle avait l’impression de pouvoir être seule tout en étant avec lui.

Alors oui, elle était un peu soulagée de se retrouver face à Virgil parce qu’elle savait pertinemment que ce n’était pas le genre de personne qui la forcerait à se confier sur la mort de son père ; il lui suffisait de se rappeler de la manière détachée avec laquelle il avait évoqué la disparition de sa mère pour en être certaine. Et Maeva appréciait ce genre de personne constante ; son propre monde avait beau être en train de s’effondrer, Virgil Forbes en trouverait toujours le moyen d’en rire.

« Ca t’arrangerait bien qu’on arrête de te souler à chaque fois que tu sors après le couvre-feu. » fit remarquer Maeva en s’adossant contre le mur du château lorsque Virgil souligna le caractère prétendument dangereux des rondes qu’ils réalisaient dans le château.

Elle porta une main à son visage douloureux et grimaça en sentant sa joue boursouflée sous ses doigts.

« Je me suis peut-être battue avec Magpie. » Un rire étrange, comme si elle réalisait ce qu’elle venait de dire, lui échappa. « Et je l’ai peut-être insultée de salope. » ajouta-t-elle en fronçant les sourcils.

Elle oscillait entre rire nerveusement – cette situation était vraiment trop absurde – et proférer une myriade d’insultes à l’encontre de la romancière pour décharger la colère qu’elle sentait encore bouillonner en elle.

« Elle doit être avachie sur son lit en train d’hurler à la mort actuellement. Je suis venue ici parce que mes clairement, mes oreilles ne pouvaient pas supporter cet enfer sonore plus longtemps. » Sa tentative d’humour fut freinée par son regard sombre, qu’elle posa au loin quelques instants, avant de reporter son attention sur Virgil. Elle avisa sa cigarette et tendit une main vers lui.

« Je peux ? »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Virgil Forbes
Virgil ForbesGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 436
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeLun 29 Avr 2019 - 18:10
« J’avoue. »  ricana-t-il lorsque Maeva fit remarquer qu’il serait bien arrangé si les préfets n’effectuaient plus leur ronde, C’est complètement  inefficace. Regarde, la preuve, dit-il en les désignant tous les deux en train de discuter tranquillement, elle, la préfète-en-cheffe et lui, le fumeur de mandragore, Faut que tu le dises à ton beau papa. »
Il tira une taffe sur son joint et fut étonné de voir Maeva prendre place à côté de lui. Elle n’avait pas répondu à sa question -cela n’avait pas échappé à Virgil- mais contrairement à ce qu’avait dit Kasya elle ne cherchait pas à s’isoler coûte que coûte.  Il ne chercha pas à en savoir davantage  et  préféra rester silencieux tout en observant le jour décliner progressivement. Elle n’avait sans doute pas envie de parler et cela convenait très  bien à Virgil qui était justement venu chercher un peu de quiétude dans le parc.
Ce fut toutefois Maeva qui finit par rompre le silence  avec une déclaration pour le moins incongrue affirmant qu’elle venait, peut-être, de se battre avec Magpie. Virgil arqua un sourcil et tourna légèrement la tête pour observer la préfète comme pour évaluer son degré de sincérité. Elle riait, d’un drôle de rire sans joie.
« Et je l’ai peut-être insultée de salope. »
Virgil fronça les sourcils et se tourna franchement vers sa camarade pour poser son épaule contre le mur.
« Quand tu dis « peut-être » c’est un vrai peut-être ou un peut-être plutôt sûr ? » s’enquit-il alors.

Il peinait à croire que la nouvelle préfète en cheffe de l’école, la belle-fille du directeur, en soit venue aux mains avec une enseignante. Certes il s’agissait de Magpie, mais tout de même ! Maeva n’avait pas la réputation d’être une élève perturbatrice et encore moins violente.
Pour toute réponse, sa camarade poursuivit son explication avec une nouvelle tentative d’humour contredite par le regard sombre qu’elle posa au loin un instant. Virgil n’était pas un expert en psychologie, loin de là même, mais il devinait clairement que Maeva n’allait pas bien. Pas bien du tout. Si les faits qu’elle relatait étaient vraiment arrivés, ils étaient …graves.

Il aurait sans doute dû appeler  Lisa, Noah ou même son père ou le professeur Virtanen mais il se contenta de l’évaluer du regard, les yeux plissés, comme pour tenter de décrypter ses propos. Qu’avait-il bien pu se passer entre Magpie et elle pour que Maeva en arrive à de telles extrémités ?  Lorsque la jeune femme se tourna vers lui pour lui demander de tirer une taffe, il la scruta quelques instants encore avant de consentir à lui tendre sa cigarette puis il reprit sa place initiale, le dos contre le mur, le regard fixé droit devant lui, le temps que la jeune femme se reprenne et qu’il réfléchisse lui-même à la situation.

Il resta silencieux plusieurs minutes. Lui qui était descendu fumer un pétard pour calmer les rouages de son esprit, il se retrouvait une nouvelle fois assailli par de nombreux questionnement et confronté aux agissements malfaisants de Magpie. Car il ne doutait pas une seule seconde des propos de Maeva. Pourquoi irait-elle inventer cette histoire ? Pour se faire remarquer ? Honnêtement, sa mère avait disparu depuis plus d’un an, son père venait potentiellement de se faire assassiné et son beau-père venait d’être promu directeur de Poudlard. Maeva n’avait pas besoin de se faire remarquer et elle aurait même surement préféré se fondre dans la masse.  Il n’y avait qu’un scénario possible : Si Maeva s’était réellement battue avec « leur  nouvelle professeur d’études artistiques », c’était surement parce que Magpie avait dû la pousser à bout. Virgil avait une parfaite connaissance du pouvoir de nuisance extrême de Magpie. Il savait à quel point elle était orgueilleuse, rancunière et mesquine… Il en avait fait les frais, personnellement, et il semblait clair que Maeva venait d’être victime d’une terrible manigance dont la romancière avait le secret.
Alors que  le ciel oranger prenait une teinte  bleutée, Virgil se décida finalement à briser le silence.

« Salope, ça lui va drôlement bien. » souffla-t-il en observant l’horizon, il tourna légèrement la tête vers Maeva et la gratifia d’un léger sourire. « Si tu l’as fait hurler à la mort j’en déduis que c’est toi qui a gagné ? Il tendit sa main entre eux pour l’inviter à la toper, Bravo championne. »

Allez, quoi, il n’allait quand même pas lui dire qu’elle venait  surement de faire la plus grosse erreur de sa vie, qu’elle compromettait sérieusement toute sa scolarité, qu’elle allait de toute évidence décevoir tous les gens qui l’aimaient -son beau père et sa belle-mère et qu’il y avait peu de chance pour que sa propre génitrice revienne maintenant qu’elle était une terrible petite délinquante ! Maeva savait déjà tout ça.

« Qu’est-ce que tu veux faire ? lui demanda-t-il alors en se décollant du mur pour venir lui faire face, mains dans les poches, parce que si tu lui as vraiment filé la rouste de sa vie, il faut que tu te prépares à sa riposte, crois moi, assura-t-il, je sais de quoi je parle. Il fit quelques pas à reculons et se hissa sur la pointe des pieds pour  jeter un regard à la tour ouest qui abritait le bureau du directeur dont les fenêtres étaient éclairées, elle est peut-être déjà en train de brailler dans les robes  ton beau-père en ce moment même, expliqua Virgil, le menton haut et ses yeux cernés braqués sur la tour en question. Il se souvenait parfaitement de Mildred, le tirant par les oreilles dans tous les couloirs du château  jusqu’à retrouver Jonah en salle des professeurs pour lui dire combien son fils était un horrible personnage, T’as besoin d’un alibi ? , demanda-t-il alors en revenant vers elle, « On révisait ensemble notre cours d’histoire de la Magie dans la petite pièce à l’étage de la salle des Quatre maisons, voyons !»Son air innocent et sérieux d’apprenti à Skye qui sait ce qu’il veut dans la vie dorénavant était presque convainquant. Virgil sortit toutefois de son personnage et l’interrogea du regard, A moins que tu préfères  finir le travail, dans ce cas : je suis ton homme. » Il souhaitait surtout lui faire comprendre qu’ils étaient exactement dans le même bateau, elle et lui…
Le jeune homme évalua Maeva du regard et finit par lâcher après un léger soupir, l’air presque blasé.
« Qu’est-ce qu’elle t’a fait. »


C'est la fête à la Préfète! [Maeva] T87uC'est la fête à la Préfète! [Maeva] LkqrC'est la fête à la Préfète! [Maeva] 2zer
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeLun 29 Avr 2019 - 20:51
« Peut-être plutôt sûr. » répondit Maeva sans cesser de fixer l’horizon, la tête appuyée contre le mur du château.

Elle ne parvenait pas vraiment à savoir comment elle se sentait. C’était comme si, en quittant l’enceinte de Poudlard, toute sa colère était retombée d’un coup, la laissant étrangement vide. Elle ne s’était jamais mise dans un tel état, pas une seule fois dans sa vie, et pourtant elle avait hérité du caractère plutôt explosif de sa mère. Pendant de brefs instants, elle avait eu l’impression de ne rien contrôler ; ni sa parole ni même ses pouvoirs magiques qui, d’ailleurs, s’étaient manifestés sans même qu’elle n’en prenne conscience – ça ne lui était jamais arrivé depuis qu’elle avait acheté sa première baguette magique, sept ans plus tôt.

Un caractère explosif, peut-être, mais Maeva avait toujours été plutôt mesurée. Elle tenait tête facilement à l’autorité mais savait reconnaître ses torts et apprenait vite pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Elle avait été une enfant turbulente, elle s’en rappelait encore avec un sourire nostalgique, mais elle avait grandi, elle avait mûri, et elle était devenue plus forte et plus réfléchie. Elle parvenait à prendre du recul sur les situations qui la frustraient, tout en sachant comment s’imposer lorsqu’il le fallait. C’était pour ces raisons que Maeva faisait une bonne préfète, plutôt appréciée de ses camarades et de ses professeurs. C’était un rôle qui lui plaisait, finalement, même si elle avait pris un moment le temps de l’apprivoiser et le faire sien.

Maeva était juste, mesurée, notamment parce qu’elle avait parfaitement conscience de la portée de ses actes – une Gryffondor qui aurait pu être aisément répartie à Serpentard. Il lui arrivait de perdre son calme, mais elle était généralement capable de rattraper ses erreurs. Aujourd’hui, elle n’avait même pas eu conscience qu’en sortant complètement de ses gonds ainsi, elle risquait non seulement de perdre son statut de préfète – et pourtant, Mildred l’avait clairement menacé avec ça – mais même de se faire renvoyer de Poudlard, l’année où elle était en stage dans le plus grand cabinet d’architecte d’Angleterre. Formidable.

Regrettait-elle ce qu’elle avait fait ? Elle n’en n’était pas certaine ou du moins elle n’était pas certaine qu’elle aurait pu agir autrement. Les mots de la romancière résonnaient encore à ses oreilles, comme une sinistre litanie qui la hantait. Elle se força à l’ignorer parce qu’elle sentait son cœur se remettre à battre plus rapidement et ses mains se crisper l’une contre l’autre. Elle n’avait jamais détesté quelqu’un comme elle haïssait en ce moment-même Mildred Magpie. Elle n’avait jamais ressenti aussi fort ce dégoût et ce mépris profond qui se répandaient dans ses veines. Elle mourrait d’envie de lui faire payer chaque mot qui était sorti de son immonde bouche – et de lui faire payer très cher.

« Merci. » répondit-t-elle avec un sourire en coin en tapant dans la main de Virgil, sans y mettre vraiment de cœur pour autant. Elle glissa un regard suspicieux vers Virgil dont l’absence de moquerie était aussi étonnante qu’effrayante.

Elle lui suivit du regard alors qu’il se décollait du mur pour venir se placer devant elle. Elle haussa les épaules à sa question en tirant sur la cigarette qu’il lui avait tendu. « Elle va peut-être se vider de son sang qui sait. » rétorqua-t-elle en expirant la fumée et en tendant la cigarette à Virgil. Son regard suivit le sien et elle comprit qu’il fixait la fenêtre du bureau du directeur. Elle imagina Mildred se traîner jusqu’au bureau de Peter en hurlant que sa belle-fille venait d’attenter à sa vie et se força à réprimer le sourire nerveux qui lui venait naturellement. Ce fut l’attitude de Virgil qui lui tira un véritable sourire et elle le considéra quelques instants avant de lâcher :

« Tu es beaucoup trop gentil avec moi, Virgil. Ça me fait prendre conscience à quel point je suis dans la merde. »

« Qu’est-ce qu’elle t’a fait. »

Maeva soupira avec un air blasé. Par où commencer ? Ce récit allait être tellement surréaliste qu’elle avait dû mal à penser que Virgil la croirait sur parole. Elle ferma les yeux un bref instant pour se clarifier l’esprit avant de prendre la parole.

« Je… Je ne sais même plus trop comment ça a commencé. J’étais dans l’aile Sud je… » Maeva hésita un instant. « J’avais besoin d’être un peu seule. » trancha-t-elle simplement. « J’ai croisé Magpie qui était en train de s’installer dans son appartement et elle a hurlé jusqu’à ce que j’accepte de porter ses cartons. Et j’ai accepté, en plus, parce que j’avais juste envie de me débarrasser d’elle et qu’elle me foute la paix. Mais je ne sais pas, elle m’a tellement mal parlé, ça m’a énervé, et la moitié de ses cartons se sont écrasés par terre. Je te passe le moment où je me suis aperçue que l’un de ces cartons contenait ses souvenirs érotiques et quelques accessoires pour combler sa solitude, sinon je vais vomir. » Elle grimaça. « Et je crois que c’est à ce moment-là que ça a vraiment dégénéré. Elle m’a insulté de garce, a demandé lequel de mes parents disparu ou mort allait payer ces réparations… Et là, je l’ai traité de salope. » Elle eut l’ombre d’un sourire sur le visage. « Ok, je lui ai peut-être aussi dit qu’elle ferait mieux de se trouver un mec pour porter ses cartons plutôt que de conserver des souvenirs glauques dans une fiole. Et quand j’ai essayé de quitter son appartement, elle m’a retenu par les cheveux, plaqué contre la porte et à moitié étouffé. Et elle m’a fait ça, » Maeva tourna la tête pour dévoiler sa joue rouge qui commençait à tirer sur le bleu. « avec ses ongles, tout en continuant à insulter mes parents et à se réjouir du fait que je sois orpheline. Selon elle, la seule possibilité d’avenir qui s’offre à moi est celui de prostituée. » Elle avait prononcé ces dernières phrases avec un détachement feint, refusant de s’attarder sur le terme « orpheline » qui lui brisait le cœur. « Je me suis débattue en lui donnant un coup dans le tibia, et j’étais tellement énervée que j’ai fait de la magie sans m’en rendre compte.  J’ai explosé une vitrine de son appartement, et un bout de verre lui a entaillé la joue. Quand je l’ai quitté, elle hurlait à la mort sur son lit en disant que j’avais essayé de l’assassiner. »

Maeva se racla la gorge. « Voilà, tu sais tout. Je… Bon, j’ai peut-être été un peu loin. Mais tu n’étais pas là, tu ne sais pas ce qu’elle a dit que ma mère, sur mon père… » Sa voix se brisa et elle prit une seconde pour reprendre ses esprits. « Je pense que si on se dépêche on peut encore finir le travail et l’assassiner alors qu’elle est persuadée d’être infirme. » Elle secoua doucement la tête comme pour chasser cette tentative d’humour. « Je ne sais pas. Je devrais peut-être aller voir Peter. J’ai complètement dépassé les limites aussi mais… » Elle haussa les épaules. « Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. Je voulais tellement lui faire payer ce qu’elle disait. »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Virgil Forbes
Virgil ForbesGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 436
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeMar 30 Avr 2019 - 9:31
Virgil esquissa un vague sourire lorsque Maeva estima que sa situation devait vraiment être désespérée pour qu’il soit si gentil avec elle.
« Il y a de fortes chances pour que tu sois en train de vivre tes dernières heures à Poudlard, alors… » Il haussa les épaules, comme si chercher à la faire sortir de ses gonds était parfaitement inutile compte tenu des circonstances. De toute évidence, Maeva était déjà allée très loin avec Magpie, elle n’avait pas besoin de ses remarques piquantes pour perdre pieds. Elle s’était grillée seule.

De plus,  Virgil éprouvait un certain respect pour les rares personnes qui se montraient plus provocatrices que lui. Certes, Maeva avait surement agit sur un coup de sang car ce n’était pas dans ses habitudes d’être insultante et agressive mais il se reconnaissait un peu en elle, ce qui expliquait surement son indulgence : Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait eu envie de cracher des insultes à la face de Magpie. Combien il avait voulu lui tordre le cou en apprenant ce qu’elle avait fait à Casey. Combien il se sentait muselé et piégé depuis l’agression de son frère, incapable de se venger par peur des représailles.  S’il prenait un malin plaisir à tourmenter ses camarades sérieux et respectueux des règles, il ne comptait pas pousser à bout Maeva alors qu’elle venait d’apaiser son propre désir de vengeance en mettant Magpie au tapis.

L’explication de cette altercation ne tarda pas à arriver d’ailleurs  et Virgil l’écouta avec un intérêt non feint.  Ainsi donc, Magpie avait sollicité Maeva pour déménager ses cartons. Cela ne l’étonnait pas le moins du monde.  Mildred voyait les élèves comme ses petits subalternes. Elle estimait qu’ils devaient répondre au moindre de ses caprices ! Certains s’en faisaient une joie et se sentaient même honorés d’être ainsi remarqués par cette personnalité incontournable du monde magique - comme Nelly qui voyait dans cette relation l’opportunité de se créer un réseau- et d’autre avait plus de mal à se plier à tous ses désirs, comme Maeva.
Virgil faisait clairement partie de la deuxième catégorie lui aussi et il laissa fleurir un sourire désabusé lorsqu’il fut question des « jouets » de Magpie échoués des cartons de déménagement renversés par mégarde.

« Laisse moi deviner, il y avait un canard vibromagique rose ? »

Maeva poursuivit toutefois son récit pour en arriver au cœur même de la violente dispute . Plus elle avançait dans ses explications, plus Virgil était atterré et plus il sentait une colère sourde monter en lui. Rétablissons la vérité, Il aurait sans doute été moins touché par les malheurs de Maeva s’il n’avait pas fait les frais, personnellement, du comportement détestable de la romancière. Il aurait probablement trouvé l’explication de la préfète distrayante, voire carrément amusante -surtout le passage où Mildred Magpie hurlait à la mort sur son lit- mais il était bien incapable de se réjouir de cette situation. Il ne pouvait plus. Plus depuis Casey.

Magpie avait l’ascendant sur lui –et elle le savait très bien. Non seulement elle avait trouvé un moyen de l’avilir et de le réduire au silence mais, en plus, elle avait distillé dans la famille Forbes un poison bien plus insidieux qu’une simple cicatrice sur un bras. Elle avait brisé le maigre lien entre Virgil et Casey et elle avait plongé ce dernier dans un profond mal être depuis fin août.

Comment ne pas se sentir exaspéré à l’idée qu’elle puisse encore agir de la sorte en toute impunité ? Menacer une élève, l’agresser physiquement . Virgil serra la mâchoire quand Maeva tourna légèrement le visage pour lui montrer sa joue tuméfiée. Il attrapa son menton pour orienter la joue de sa camarade dans un rai de lumière provenant d’une fenêtre du château et grimaça :

« C’est pas joli-joli. Tu devrais te jeter un sortilège de cryothérapie sinon tu vas avoir un bleu énorme. » Pour avoir toujours aimé les parties de foot particulièrement engagées, Virgil maitrisait plutôt bien les sortilèges de soin contre les coupures et contusions, A moins que tu préfères garder des preuves de cette agression auquel cas il vaut mieux que tu ne touches à rien. » ajouta-t-il en relâchant le menton de la jeune femme pour remettre ses mains dans ses poches.

Ainsi donc, c’était la mention de son statut d’orpheline qui avait fait perdre pieds à Maeva. Quoi de plus normal compte tenu de la situation actuelle. A l’époque où il ne savait pas trop si sa camarade était digne d’ intérêt, Virgil avait lui-même essayé de la taquiner sur la disparition de sa mère pressentant- à juste titre- que c’était une faille exploitable chez elle. A l’époque, elle avait géré assez efficacement les assauts verbaux du Gryffondor, sans se laisser démonter et non sans humour.  Cette maitrise d’elle-même avait permis à Maeva d’être classée parmi les gens potentiellement intéressant mais il fallait croire que le récent décès de son père lui avait cruellement fait perdre sa maitrise d’elle-même. D’ailleurs la voix de la préfète se brisa à la mention de ses deux parents, signe qu’elle était particulièrement à fleur de peau. Virgil aurait peut-être dû esquisser un geste compatissant : Lui presser l’épaule ou lui dire à quel point il était désolé pour elle mais l’adolescent préféra rester fidèle à lui-même.

« J’en reviens pas qu’elle ait dit des horreurs sur tes parents, souffla-t-il, Il n’y a que moi qui ait le droit de faire des commentaires de mauvais goûts sur la disparition de ta mère… Non mais pour qui elle se prend ? » ajouta-t-il d’un air faussement sérieux, Dire que je me faisais  une joie d’attendre l’enterrement de ton père pour être le premier à te chambrer sur ce sujet… je suis dégouté de m’être fait griller la priorité par cette vieille salope. »  râla-t-il en contredisant la rudesse de ses propos par un quasi imperceptible sourire.

Plus tôt Maeva apprendrait à répliquer à ce type de remarques, plus vite elle pourrait reprendre contenance et se sentir plus armée pour affronter la vie. Virgil n’était pas dans sa situation et il était à mille lieux d’imaginer ce qu’elle pouvait ressentir à cet instant mais il savait qu’elle devait s’endurcir sur ce point sinon Magpie allait exploiter cette faille, encore et encore, jusqu’à la briser. Pour lui, il était clair que la romancière ne laisserait pas cette situation impunie. Si elle n’était pas d’hors et déjà dans le bureau de Virtanen, elle fomentait un plan pour nuire insidieusement à Maeva.

« Tu peux aller voir ton beau-père, bien sûr, mais ne crois pas que ça va régler les choses, dit-il lorsque la préfète émit l’idée d’aller tout raconter à Peter, En une année scolaire, Magpie a été accusée d’agression sexuelle par des dizaines d’hommes, elle a avoué avoir de sérieux problèmes d’automédication pour justifier son agression auprès du Ministre, elle a révélé des bribes de mon dossier scolaire dans la presse,… et qu’a fait l’institution pour remédier à tout ça ? Il laissa passer un court silence, On l’a promu Professeure. Professeure ! Ces cognards ont estimé qu’elle était une bonne pédagogue. Il haussa les épaules avec incrédulité, Elle est invirable, cherche pas... Ton beau-père est bien placé dans la hiérarchie mais Marchebank est tout en haut. Et lui, il soutient Magpie. Il suffisait de lire le compte Twitcherdu Ministre-auquel Virgil était abonné et qu'il trollait allégrement- pour en être persuadé, Au pire, tu risques l’exclusion définitive et des poursuites judiciaires, au mieux, vous allez régler ça à l’amiable et ton beau-père va faire en sorte que cette altercation ne s’ébruite pas, ou alors, il va jouer la carte pathétique de la pauvre petite orpheline qui a pété les plombs parce qu’elle est perturbée par la mort de son papa… Crois moi, tu vas détester. » assura-t-il en vrillant ses pupilles bleues dans celles de Maeva. Il y avait très certainement une part de vérité dans cette théorie mais l’adolescent se doutait que cette étalage ne plairait pas à sa camarade, Dans tous les cas tu auras l’impression de t’être fait avoir. »

Virgil se tut quelques instants avant de poursuivre.

« Et surtout ne crois pas que Magpie va lâcher l’affaire si facilement. Même si vous parvenez à un accord grâce à Virtanen, elle va attendre le bon moment et elle va se venger. Tu l’as quand même insulté et agressé physiquement, elle ne laissera pas passer ça, dit-il en secouant la tête, elle peut aller très loin tu sais, s’en prendre à toi mais aussi à tes amis, à ta famille... Vaut mieux que tu sois préparée… »

Virgil se racla la gorge et observa ses souliers quelques instants. Il était quelque peu hésitant sur la marche à suivre. Une idée venait de germer dans son esprit et il avait presque envie de proposer une alliance à Maeva. Certes, il avait refusé de s’associer à Curtis Montgomery quelque mois plutôt, préférant œuvrer seul, mais la situation avait changé depuis. L’adolescent n’avait plus du tout l’ascendant sur Mildred.  A deux, avec Maeva,  ils allaient peut-être trouver  un moyen de museler efficacement, et surtout définitivement, la romancière.

Mais jusqu’où Maeva était-elle capable d’aller pour garantir sa sécurité et celle de ses proches ? Virgil releva les yeux vers elle dans l’attente de son choix : Allait-elle s’en remettre à un adulte ou préférait-elle gérer la situation à sa manière…


C'est la fête à la Préfète! [Maeva] T87uC'est la fête à la Préfète! [Maeva] LkqrC'est la fête à la Préfète! [Maeva] 2zer
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeMar 30 Avr 2019 - 12:14
« Il y avait très exactement un canard vibromasseur magique. » répéta-t-elle en arquant un sourcil. « Tu m’as l’air très renseigné sur le sujet. »

Elle se serait personnellement passée de savoir comment la romancière occupait ses soirées ; elle en avait malheureusement maintenant une image très nette dont elle se débarrasserait pourtant bien volontiers. Sans s’attarder sur cette pensée ô combien effrayante, Maeva se lança dans la narration de son récit, omettant certains détails qui n’avaient que peu d’utilité pour la compréhension globale de la scène. Pourtant, elle aurait été capable de faire à Virgil une description exacte de chaque mimique de Mildred Magpie, de lui rapporter chaque mot qu’elle avait prononcé, tant ces derniers s’étaient inscrits au fer rouge dans sa mémoire. Ses propres paroles étaient plus vagues dans son esprit ; elle avait toutefois parfaitement souvenir d’avoir attaqué la romancière sur son Q.I d’asticot, sa solitude pathétique et sa célébrité ridicule. Elle en tirait même une légère fierté.

Maeva pivota la tête sous la pression apposée par la main de Virgil et le laissa observer les dégâts causés par Mildred. Elle hocha la tête lorsqu’il lui proposa de jeter un sort de cryothérapie pour éviter que l’hématome ne s’étende, s’apprêtait à saisir sa baguette et s’immobilisa à l’entente de ses dernières paroles. Elle suspendit son geste, laissa sa baguette dans la poche arrière de son jean et jeta un coup d’œil vers la fenêtre du bureau du directeur. Elle finit par hausser les épaules, comme pour indiquer qu’elle n’était pas certaine de la marche à suivre dans cette situation. Elle n’avait pas envie de laisser les marques de Mildred subsister une seconde plus sur ses joues et, en même temps, elle trouvait ça un peu trop facile de les faire complètement disparaître d’un coup de baguette magique. La romancière, en plus, avait eu l’air parfaitement paniquée lorsqu’elle s’était aperçue de ce qu’elle avait fait à Maeva ; elle avait dû prendre conscience que son acte menaçait sérieusement sa place à Poudlard en tant que membre de l’équipe professorale.

« T’es con. » réagit Maeva. Un sourire un peu nerveux, un peu fatigué, mais plutôt sincère se dessina sur ses lèvres. Le fait que Virgil soit capable de plaisanter sur un sujet aussi sérieux et aussi dramatique la rassurait un peu, comme si, finalement, il ne s’agissait que d’une situation de vie quotidienne parfaitement banale. « Si ça peut te rassurer, tu aurais sûrement été plus inventif qu’elle. L’histoire de l’orpheline qui devient prostituée, c’est un peu mainstream. »

Plaisanter sur le sujet lui donnait l’étrange impression de réussir à prendre du recul sur la situation. Pas spécialement un recul très sain, parce qu’elle se sentait coupée de toute émotion, comme si elle ne réalisait pas vraiment ce qu’elle disait, mais qui lui permettait au moins de couper court à sa peine. C’était toujours mieux que de s’enfermer dans un silence maladif, songea-t-elle brièvement en reportant son attention sur Virgil qui reprenait la parole.

Elle l’écouta une oreille attentive, considérant la situation sous un nouvel angle qu’elle n’avait pas encore envisagé, à savoir la possibilité que Mildred Magpie pourrait véritablement se venger d’elle par la suite. Bien sûr elle lui avait promis de faire de sa vie un véritable enfer et de lui pourrir chaque seconde de son existence mais pour la préfète, il s’agissait simplement de paroles en l’air, lancées sous le coup de la colère ; elle était loin de penser qu’elle pourrait véritablement mettre ce genre de menace à exécution. Ce n’était pas complètement absurde non plus, réalisa-t-elle en dévisageant Virgil qui venait de lui exposer une partie des déboires de Mildred qui avait été nommée, malgré tout, professeure au sein de l’illustre école de magie. Magpie avait des soutiens puissants dans le monde magique ; c’était même une proche du ministre en personne. Peter était peut-être son beau-père mais, comme le soulignait Virgil, il devait se plier à la volonté de ses supérieurs qui eux soutenaient Mildred. A quoi parviendrait-elle, finalement, si elle confiait tout ce qui venait de se passer à son beau-père ? Sûrement serait-il indigné, peut-être même aurait-il envie d’expulser la romancière du château. Mais il se heurterait vide à la difficulté d’entreprendre une telle action et la dernière chose que Maeva souhaitait, c’était de voir Peter s’inscrire en porte-à-faux auprès du gouvernement alors qu’il venait de vivre une rentrée scolaire si tumultueuse.

Intérieurement, Maeva savait qu’elle ne voulait pas poser de problème à son beau-père. Elle ne savait pas trop ce qu’elle était pour lui, maintenant que son père était décédé et que sa mère était toujours portée disparue. La semaine qu’elle avait passé avec lui et Lou en Finlande cet été lui avait apporté une sérénité sans précédent et l’avait grandement rapproché de Peter. Pour autant, elle n’arrivait pas à s’ôter de l’esprit qu’elle ne faisait pas non plus réellement partie de sa famille.

Peter n’était peut-être pas son père mais Lou était sa petite-sœur et les paroles de Virgil lui firent redresser le menton. Mildred oserait-elle s’en prendre à elle ? Maeva voulait croire qu’elle en était incapable, mais elle avait senti une telle haine dans les propos de la romancière qu’elle ne parvenait pas à faire taire ce doute. Lou était déjà fragile ; elle était terrifiée par des cauchemars que personne ne comprenait, se réveillait la nuit en hurlant et accumulait une angoisse dangereuse pour un si jeune âge. Elle avait même atteint un point où elle avait commencé à régresser dans son développement psychique, si bien qu’elle prononçait de moins en moins de mots et qu’il était difficile de la stimuler pour qu’elle parle. Maeva l’avait tenu dans ses bras des heures et des heures cet été, en la berçant dans l’espoir que ses pleurs se tarissent. Elle s’était jurée de lui épargner toute souffrance, toute peine et le fait de la savoir si proche de Mildred Magpie ne l’enchantait absolument. Que faire si elle se décidait à s’en prendre aux derniers membres restants de sa famille ? A Lou, à Félicia ? A Eden ou à Peter ? Et qu’en était-il de ses proches ? De Noah ? Jusqu’où Mildred Magpie pouvait-elle allait pour assouvir ses désirs de revanche ? « Loin », lui soufflait Virgil, ses yeux bleus vrillés dans les siens ; et cette réponse lui paraissait plutôt cohérente avec l’attitude de la romancière, qui écrasait les autres avec le bout de son talon aiguille comme s’ils n’étaient que de vulgaires insectes.

« Tu es sûr ? » demanda-t-elle toutefois en coulant vers lui regard interrogateur. « Je veux dire, elle m’a promis environ une éternité de malheurs mais… Tu penses vraiment qu’elle pourrait aller aussi loin que ça ? S’en prendre à mes proches parce que je l’ai insulté et agressé physiquement ? » Maeva hésita un instant, jouant distraitement avec la manche de son pull. « Je ne sais pas, ça me paraît un peu gros, non ? Même pour Magpie. » Et, en même temps, pas si impensable que ça.

La jeune femme laissa passer un court instant de silence avant de reprendre :

« Mais tu as raison sur un point : je ne vois pas pourquoi elle quitterait Poudlard. Tu aurais vu la façon dont elle parlait… Elle a l’impression d’être ici par droit divin. Lorsqu’elle s’est souvenue que j’étais la belle-fille de Peter, ça l’a un peu refroidi mais à peine quelques instants. Elle était tellement sûre d’être dans son château. » La jeune femme grimaça comme pour témoigner du dégoût qu’elle ressentait à cette idée. « Si Magpie a le soutien du ministre, que je sois la belle-fille du directeur n’y changera absolument rien et je risque de me retrouver dehors rapidement. » Elle esquissa un vague sourire triste. « Vaut mieux ça plutôt qu’on me joue la carte de l’orpheline parce que sinon je me retrouverais plutôt à Azkaban pour tentative d’assassinat. » Une léger rire suivit sa tentative d’humour. Elle observa Virgil attentivement, les sourcils légèrement froncés : « Vous avez eu des soucis avec Magpie, ton père et toi non ? Elle a toujours gagné ? » s’enquit-elle alors.


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Virgil Forbes
Virgil ForbesGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 436
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeMar 30 Avr 2019 - 15:23
Maeva doutait de ses propos. De toute évidence, elle avait du mal à envisager le fait  que Magpie puisse être assez rancunière pour s’en prendre à ses proches. Si seulement elle savait.  Virgil aurait voulu que sa camarade le croit sur parole. Après tout, il ne lui avait pas fait l’affront, une seule fois, de remettre en cause son explication  bien qu’elle paraisse tout aussi farfelue que ses théories sur l’esprit vengeur de la romancière. L’adolescent se contenta donc  d’hausser vaguement les épaules en guise de réponse à ses doutes. Si la préfète ne voulait pas entendre sa mise en garde, soit, il n’allait pas chercher à la convaincre. Il s’était déjà pris une remarque dans les dents par Nelly parce qu’il avait tenté de lui ouvrir les yeux sur les agissements de Mildred alors il ne comptait réitérer l’expérience.

Maeva sembla toutefois plus prompte à suivre son raisonnement concernant le très hypothétique renvoi de Magpie de Poudlard. Si quelqu’un était sur un siège éjectable actuellement, c’était belle et bien Maeva et non pas la romancière qui bénéficiait de nombreux soutiens au sein du gouvernement. La préfète-en-cheffe l’avait parfaitement compris. Comme Virgil s’y attendait, elle refusait tout bonnement de jouer le rôle de l’orpheline perturbée, circonstance atténuante par excellence mais aussi,  aveu de faiblesse et de culpabilité.

« Azkaban ? T’es gentille. Si tu te fais prendre pour tentative d’assassinat sur une fidèle alliée du régime tu risques plutôt une condamnation à mort, Lauren McGowan ne l’aurait pas contredit, quitte à crever, autant être condamné pour meurtre. » souffla-t-il en jouant machinalement de la pointe de sa chaussure avec le caillou que Maeva lui avait envoyé dessus.

Ses propos sonnaient comme une blague de mauvais goût mais Virgil mentirait si cette issue ne lui avait pas réellement traversé l’esprit. Non pas qu’il se sente capable d’en arriver à de telles extrémités, loin de là même, mais la situation semblait tellement inextricable pour lui qu’il ne voyait pas vraiment de solutions envisageables pour se tirer de son mauvais pas. S’il tentait la moindre représailles sur Magpie, elle risquait tout bonnement de mettre ses menaces à exécution et Virgil n’avait aucune envie de voir ses frères de nouveau malmenés par sa faute. Alors pour le moment, il se tenait à carreau. A sa plus grande frustration.

Comme si elle avait lu dans ses pensées, Maeva le questionna justement sur les relations qu’entretenaient les Forbes avec la romancière. Tout le monde savait à Poudlard que ces dernières étaient … tendues. Il y avait tout d’abord eu cette histoire de vidéo holographique tournée par Virgil lors de la St-Valentin, vidéo  qui avait obligé Mildred à faire son Mea-culpa public auprès du Ministre. Ensuite la romancière avait révélé dans la presse l’idylle entre Jonah et Thelma, les contraignant à officialiser leur liaison plus tôt que prévu. L’affaire judiciaire opposant Magpie à Jonah concernant les révélations sur le dossier scolaire de Virgil dans Multiplettes avait été suivie par quelques élèves parmi les plus âgés de l’école mais tous connaissaient l’issue du procès : Jonah avait perdu.
Hors, ces faits n’étaient que la partie émergée de l‘iceberg. Il fallait ajouter à tout cela  l’histoire de la Mandragore dans la salle des arts, la pseudo lettre d’excuse, la volubilis cachée dans la malle de Virgil, les cupcakes empoisonnés et enfin, l’agression de Casey.

Virgil bascula la tête en arrière et poussa un long soupir sonore. Il fit rouler sa tête sur le côté pour finalement retrouver sa position initiale et river ses yeux mi-clos dans ceux de  Maeva.

« … C’est compliqué... » souffla-t-il avant d’étirer ses cernes machinalement entre son pouce et son index, ça fait quasiment un an maintenant, et c’est même  très compliqué. »
Hasard du calendrier ou non, la première altercation entre Virgil et Mildred remontait pile à début septembre  2009.

« On a chacun essayé de gérer Magpie à notre manière: Mon père a préféré la voie légale- et il s’est fait baisé- et moi, l’autre voie, il se tut un instant, mâchouilla pensivement sa lèvre inférieure avant d’ajouter d’un ton qui se voulait flegmatique, et je me suis fait baisé aussi… »

Ce constat était difficile à admettre pour Virgil qui avait une très haute opinion de lui-même et qui doutait rarement . Il avait toujours eut l’impression d’être dans le vrai, de maitriser la situation, d’avoir une longueur d’avance sur cette vieille piétasse, du moins, jusqu’à ce que Casey se retrouve avec le mot « Poison » inscrit à vie sur son bras. Virgil avait péché par excès de confiance et perdu tous ces repères. L’adolescent ferma brièvement les paupières et inspira lentement en sentant ses muscles se crisper. Il fourra ses mains dans ses poches et en sortit son paquet de cigarettes, ses feuilles à rouler ainsi que de la  mandragore séchée. Il avait besoin d’un joint, et vite. Sans un mot, il s’installa dos au mur, accroupi à côté de Maeva, pour rouler sur sa propre cuisse.

« Je sais que tu ne la crois pas capable de faire des trucs vraiment horribles, commença-t-il en éventrant sa cigarette pour libérer le tabac ,  mais ne la sous-estime pas. Je ne crois pas être du genre à me laisser impressionner facilement et pourtant je me méfie vraiment d’elle.» Il avait dit tout cela d’un air détaché mais sans toutefois regarder Maeva, ne lui offrant que le sommet de son crâne. Il restait concentré sur les gestes routiniers et rassurants qu’il connaissait par cœur : émietter, mélanger, rouler , coller. Emietter, mélanger, rouler, coller.  On est vraiment allé très loin pour se nuire mutuellement, elle et moi, poursuivit-il en fragmentant la feuille de  mandragore. Il aligna soigneusement son mélange sur le papier qu’il commença à rouler lentement entre ses doigts, …et c’est elle qui a prit l’avantage. » finit-il par avouer. Du bout de sa langue il humecta la colle du papier à cigarette puis il referma le joint sur lui-même avant de se redresser de toute sa hauteur. Virgil observa quelques instants Maeva dans l’obscurité. Il glissa la cigarette entre ses lèvres, l’alluma et tira une longue bouffée qui illumina ses traits en apparence dénués de toute expression.

« Elle s’en est prit à Casey.
articula-t-il  alors. Après un bref silence, il ajouta : Tu peux pas savoir à quel point je rêve de la défoncer depuis. »


C'est la fête à la Préfète! [Maeva] T87uC'est la fête à la Préfète! [Maeva] LkqrC'est la fête à la Préfète! [Maeva] 2zer
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeMar 30 Avr 2019 - 20:35
Silencieuse, Maeva écouta Virgil lui faire le récit de sa propre expérience avec Mildred Magpie – dont les prémices remontaient visiblement à la rentrée dernière. Elle avait suivi les grandes lignes de cette histoire – il avait été compliqué de passer complètement à côté – mais n’y avait pas prêté un grand intérêt pour autant, n’étant pas particulièrement proche du jeune homme à l’époque des faits. Elle se souvenait de la diffusion de l’épisode si embarrassant de la St Valentin et de tout le scandale qui avait éclaté autour, sans vraiment avoir conscience de la manière dont Magpie avait réglé cette affaire.

L’aveu de son échec dans son combat contre la romancière la surprit et elle tourna vers lui un regard étonné ; pour le peu qu’elle le connaissait, Virgil ne semblait pas le genre de personne à reconnaître une défaite si facilement que ça. Qu’avait donc pu lui infliger Mildred pour le réduire ainsi à cet état d’impuissance ? Sans rompre le silence qu’il avait instauré entre eux, Maeva l’observa s’accroupir avec empressement pour rouler un second joint. Lorsqu’il insista encore une fois sur le caractère dangereux de Magpie, elle fronça les sourcils, les yeux baissés sur le sommet du crâne de son camarade.

Mildred avait pris l’avantage dans le conflit qui l’opposait à Virgil, comme il venait de lui expliquer à l’instant. Ce n’était malheureusement pas étonnant ; aussi décidé que Virgil l’était – et aussi insupportable qu’il pouvait le devenir lorsqu’il était décidé à pourrir la vie de quelqu’un – la romancière disposait de moyens dont ils ne soupçonnaient sûrement même pas l’existence. Son poste au sein du gouvernement lui offrait un ascendant sans précédent sur eux, sa fortune lui permettait de réaliser le moindre de ses caprices… En constatant cela, il devenait évident que ni Jonah, ni Virgil ne pouvaient l’emporter.

D’accord, songea Maeva, mais comment la romancière était-elle parvenue à les réduire au silence ? Jonah avait perdu son affaire – qui avait dû lui coûter une fortune – mais avait sûrement constaté qu’il ne parviendrait pas à prendre l’avantage sur elle. Mais Virgil ? Elle ne connaissait pas suffisamment bien son camarade pour prétendre savoir comment il agissait mais elle était préfète chez les Gryffondor depuis un nombre raisonnable d’années pour savoir que rien ne l’arrêtait – ni l’autorité, ni la menace.

Peut-être pas les menaces à son encontre, mais si ces dernières concernaient l’un de ses proches… Maeva eut un temps d’arrêt pendant lequel elle dévisagea Virgil, son le visage était faiblement éclairé par la lueur de sa cigarette.

« Quoi ? » lâcha-t-elle en fronçant les sourcils. « Casey ? »

Ses pensées dérivèrent du côté du petit frère de Casey. Elle le connaissait un peu – rôle de préfète oblige – mais n’avait jamais été vraiment en contact avec lui non plus car, contrairement à son aîné, il était loin d’être un élève turbulent. Elle avait remarqué le pansement qui entourait son poignet depuis le début de l’année – Maeva était une excellente observatrice et la table des Poufsouffle était juste en face de la leur – mais ne s’était jamais attardée sur cette information pour autant ; elle l’avait même complètement occulté de son esprit lorsqu’elle avait entendu dire qu’il s’était simplement foulé le poignet pendant l’été. La révélation de Virgil donnait une toute autre dimension à la situation.

« Comment ça elle s’en est prise à Casey ? » demanda Maeva en vrillant ses yeux bruns dans ceux de Virgil. Elle laissa s’écouler une seconde alors qu’elle hésitait à formuler à haute voix ce qu’elle supposait intérieurement : « Ce n’était pas une simple foulure. »

Elle sentit la colère sourde qu’elle avait surpris dans les derniers mots de Virgil la gagner à son tour, couplée avec une profonde inquiétude. Elle qui, quelques instants plus tôt, peinait à croire son camarade lorsqu’il lui disait que Mildred serait prête à s’en prendre à ses proches pour se venger de son comportement… Ce n’était pas de simples paroles qu’il avait lancé en l’air : il avait personnellement fait les frais de la folie de la romancière. Ou plutôt, c’était son petit-frère qui avait subi sa vengeance. C’était tellement absurde, songea Maeva. Complètement absurde et surtout désespéramment petit et fourbe ; un acte malheureusement digne de Magpie. Et si elle était capable du pire ; si elle était capable de s’en prendre à un enfant, alors qu’est-ce qui l’empêcherait d’agir de même avec la famille de Maeva ? D’agir de même avec Noah ? De les blesser pour la faire souffrir à son tour, de la faire payer en s’en prenant à ses proches ?


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Virgil Forbes
Virgil ForbesGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 436
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeMer 1 Mai 2019 - 9:09
La Mandragore avait une grande qualité, celle d’agir quasi instantanément. Virgil tira une seconde taffe et il sentit immédiatement, et dans tout son être, l’engourdissement et la plénitude  caractéristiques de la célèbre drogue sorcière. Ses muscles se détendirent progressivement et les battements de son cœur retrouvèrent leur rythme calme et régulier. Voila qui était mieux, songea-t-il en reportant lentement ses yeux mi-clos sur Maeva qui, de toute évidence, était choquée par ses dernières révélations.

Oui, Magpie s’en était pris à Casey. Le plus innocent des gamins et le plus fragile, aussi. Virgil avait bien conscience qu’il risquait de passer pour un affabulateur tant ce scénario semblait peu probable mais il disait malheureusement la vérité. Honnêtement, il aurait préféré que ce soit  l’un de ses sempiternelle mensonge : Inventer toute cette histoire de torture physique pour attirer Maeva à sa cause, malheureusement, c’était loin d’être le cas.

Cette fois,  la préfète ne remit pas en question ses propos, du moins, pas en apparence. Elle savait. Elle savait que Mildred était tout à fait capable de s’en prendre physiquement  à un élève puisqu’elle en avait fait les frais personnellement. Virgil la toisa du regard lorsqu’elle sembla se remémorer le bandage de son frère. Officiellement, Casey s’était foulé le poignet juste avant la rentrée et ce détail n’avait pas échappé à Maeva. Pouvait-il  lui révéler la vérité ? Ils se connaissaient peu, tous les deux. Leurs premiers véritables échanges remontaient à quelques mois seulement, et encore, il ne comptait pas Maeva parmi ses proches comme pouvait l’être Damon, Phil, Kasya ou même Nelly.  Mais force était de constater qu’ils se retrouvaient dans une situation similaire : Ils étaient dans la merde. Mine de rien, cela créait des liens. L’adolescent secoua lentement la tête avant de répondre d’un ton détaché :

« Non. » Aucune expression ne se lisait sur son visage « Ce n’était pas une simple foulure. » répondit-il en reprenant mot pour mot les paroles de la préfète, Personne n’est au courant, …même pas mon père, donc… » Il haussa légèrement les sourcils pour inviter Maeva au silence. Il se garda bien de révéler le fait que Casey connaissait son implication dans son agression et que Virgill l’avait durement contraint au silence. Le Gryffondor n’était pas fier de la manière dont il avait géré cette situation et il remisa ce constat dans un coin de son esprit pour ne pas se laisser assaillir par la culpabilité. Au lieu de ça, il préféra s’adonner à son activité favorite, celle qui le rassurait et dans laquelle il excellait : L’humour noir teinté de méchanceté.

« Vois le bon côté des choses, souffla-t-il alors,  Ta famille a presque été décimée, Magpie va vraiment galérer pour trouver quelqu’un qui t’es proche et lui lacérer le bras avec de la magie noire, Il avait prononcé ces mots  avec un détachement et une insensibilité déconcertante. Ce n’était pas comme s’il venait de révéler le profond traumatisme qu’avait vécu son propre frère quelques jours plus tôt. Virgil avait toujours tendance à prendre du recul sur les situations, du moins en apparence, mais sur cette question là, si sensible et si intime, la  mandragore l’aidait vraiment à prendre la distance nécessaire pour ne pas trembler de rage à l’évocation de ce souvenir. L’adolescent reporta ses pupilles cernées sur la jeune femme, c’est peut-être mainstream mais ça comporte certain avantage d’être une prostituée orpheline. »

Un vague rictus passa sur son visage. Il se demandait ce qu’allait faire Maeva maintenant qu’elle avait toutes les cartes en main : Prévenir son beau-père ? S’excuser auprès de Magpie ? Ou prendre le risque, comme lui, de s’opposer frontalement à elle et chercher à lui faire payer ses actes ?
Car Virgil ne perdait pas espoir : Certes, pour le moment il ne voyait aucune issue se profiler à l’horizon. Magpie avait réussi à le museler et il ne voyait pas encore comment échapper à sa mainmise mais l’adolescent ne s’avouait pas vaincu. C’était mal le connaitre de penser qu’il ne cherchait pas déjà un moyen pour réparer ses fautes.  Il ne laisserait pas l’agression de Casey impunie. Il ne savait pas comment, ni quand, mais il était persuadé que son heure viendrait. Cette fois, il serait prêt et il ne ferait pas le travail à moitié, se promit-il à lui-même avant de chercher le regard de Maeva dans l’obscurité. La nuit était complètement tombée sur le parc et on discernait à peine l’orée de la forêt interdite située à quelques centaines de mètres de leur position.

« Alors ? Tu fais quoi ? »
s’enquit-il en songeant au récit de la préfète. Insulte, agression physique sur un professeur,... quoi qu’elle choisisse de faire, l’issue était incertaine.

L’adolescent se remémora alors un détail des explications de Maeva sur lequel il ne s’était pas attardé précédemment,  Tu as dit quoi tout à l’heure ? reprit-il en fronçant les sourcils, avec un intérêt soudain dans la voix,  à propos des fioles renversées dans les affaires de Magpie. Tu penses qu’elle conserve certains de ses souvenirs ? »
Les pensées plus intimes de Mildred Magpie étaient -elle stockées dans ses appartements ? Si c’était réellement le cas, cette information ouvrait sacrément  le champ des possibles, songea Virgil en cherchant le regard de Maeva.


C'est la fête à la Préfète! [Maeva] T87uC'est la fête à la Préfète! [Maeva] LkqrC'est la fête à la Préfète! [Maeva] 2zer
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 416
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeLun 27 Mai 2019 - 11:08
Maeva hocha silencieusement la tête, comme pour signifier à Virgil qu’elle garderait pour elle la confession qu’il venait de lui faire. Elle ne savait pas comment il était capable de garder une telle maîtrise de lui-même dans cette situation ; probablement aurait-elle déjà étranglé la romancière si cette dernière avait ne serait-ce qu’envisager de poser une main sur sa petite-sœur. La voir se pavaner dans les couloirs du château tout en sachant qu’elle était responsable des maux de l’un des membres de sa famille… Quelle infâme personne, songea la jeune femme en des termes bien moins bienséants, pourtant loin d’imaginer ce qu’elle avait fait subir à Casey.

C’était une étonnante désillusion que de se rendre compte qu’une adulte comme était supposée l’être Mildred Magpie pouvait en arriver à de telles extrémités pour se venger d’un adolescent de trente ans son cadet. Maeva était loin d’être naïve, pourtant, et il y avait bien longtemps qu’elle avait cessé de croire en la bienveillance constante des gens qui gravitaient autour d’elle. Pour autant, elle avait toujours eu foi en l’équipe pédagogique de Poudlard, sûrement parce qu’elle avait grandi parmi tous ces adultes qu’elle appelait « Professeurs » face aux autres élèves, mais chez qui elle était régulièrement invitée avec ses parents. Le comportement de Mildred venait de signer la fin de cette croyance absolue en une autorité qu’elle avait toujours voulu supposer bienveillante.

« Attends, quoi ? » Maeva releva vivement les yeux vers Virgil, chercha son regard qui ne reflétait aucune expression. « Elle a blessé Casey en utilisant de la magie noire ? » Ses sourcils se froncèrent en une expression inquiète, si bien qu’elle ne releva pas la tentative d’humour de Virgil envers sa propre famille.

De la magie noire, répéta intérieurement Maeva, rongée par un sentiment d’urgence qui lui étreignait le cœur. Magpie était folle, complètement folle et surtout absolument dangereuse. Maeva n’avait aucune véritable affinité avec Casey – ils avaient dû échanger une dizaine de phrases depuis qu’il était arrivé à l’école – mais elle se sentit immédiatement envahie d’un sentiment d’empathie envers le jeune garçon, véritable dommage collatéral de la folie vengeresse de la romancière. Son propre désir de vengeance n’en fut que plus accru, comme s’il était à présent bel et bien légitimé par l’attitude de Magpie.

« Comment tu as su que c’était elle qui avait fait ça ? » demanda-t-elle en luttant pour conserver une expression neutre, copiant le faciès insensible qu’abordait Virgil.

Force était de constater que le jeune homme était bien plus fort à ce jeu-là qu’elle, qui devait réprimer la colère qu’elle sentait encore gronder en elle, en écho avec celle qu’elle avait ressenti quelques minutes plus tôt.

« J’en sais rien.” répondit-elle honnêtement lorsque Virgil la questionna sur ce qu’elle comptait faire. Les propos tenus par son camarade lui avaient donné matière à réfléchir, c’était certain. « J’ai pas envie de causer de problème à Peter et j’ai peur qu’il se heurte à Marchebank s’il décide d’exclure Magpie de Poudlard. » Elle laissa quelques secondes s’écouler, pensive. « En même temps… Elle est dangereuse, Virgil. Je ne veux pas la voir à moins de 50m de ma famille… Ou de la tienne. » rajouta-t-elle doucement. « Si elle pouvait juste tomber de la Tour d’Astronomie cette vieille salope. » murmura-t-elle en secouant la tête.

Mais, de toute évidence, Virgil semblait nourrir un autre plan que celui pourtant ô combien satisfaisant qu’elle venait de formuler. Lorsqu’il la questionna sur les fioles qui s’étaient brisées par terre, Maeva prit quelques instants pour se remémorer la scène.

« Certains de ses souvenirs autres que ceux où elle couche avec la moitié du monde magique tu veux dire ? Peut-être. » finit-elle par conclure en hochant la tête. « Le carton que j’ai laissé tomber ne contenait que des souvenirs érotiques, j’en suis quasiment certaine parce que quelques images se sont échappées au moment où les fioles se sont brisées par terre. C’était immonde. » commenta-t-elle d’ailleurs en veillant à laisser ces souvenirs bien éloignés de sa conscience pour son bien-être mental. « J’ai pas pu voir le contenu des autres cartons mais… » Elle ferma les yeux comme pour essayer de se remémorer les lieux qu’elle avait visité. « Je crois qu’il y avait une pensine dans une armoire. »

Elle chercha le regard de Virgil, l’accrocha avec ses yeux bruns pour lui demander, sans détour :

« A quoi tu penses ? »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Virgil Forbes
Virgil ForbesGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 436
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitimeMar 28 Mai 2019 - 9:38
« Je le sais. C’est tout. » répondit Virgil en haussant les épaules, peu désireux de s’étendre sur les détails sordides lui ayant permis de confondre Mildred. Il tira une nouvelle latte sur son joint et reporta son attention sur Maeva, curieux de savoir quelle allait être sa décision. Visiblement elle était aussi tiraillée que lui et hésitait entre préserver ce qui restait de sa famille et fomenter une vengeance digne de ce nom.  

« Si tu penses que ton beau-père, en tant que directeur de l’école, est totalement autonome dans ces choix et qu’il est véritablement en mesure de virer Magpie, fonce, souffla Virgil. Si Peter pouvait le débarrasser de Mildred définitivement, Virgil n’était pas contre, bien au contraire. Il serait même ravi.

« Reste à savoir s’il est vraiment en mesure de prendre les décisions qui s’imposent sans que le Ministère ne vienne y mettre son grain de sel. »

Virgil jeta un regard en biais à sa camarade. Il se murmurait des choses dans les salles communes. Ils étaient nombreux à penser que Daisy Maison n’avait pas eu la force de caractère pour s’opposer à l’ingérence du Ministre dans les affaires de Poudlard. Pour beaucoup, l’affaire Montgomery avait été le coup de grâce qui avait poussé Mason au suicide… Virtanen avait-il plus d’aplomb que sa prédécesseur ? Etait-il capable d’évincer la protégée de Marchebank, en personne, ou demeurait-il sous la coupe du gouvernement ?

Virgil n’en avait aucune idée mais Maeva était peut-être mieux informée que lui…
Il ne trouva rien à redire toutefois lorsqu’elle affirma que la romancière était dangereuse et qu’ils ne pouvaient pas la laisser agir en toute impunité. Elle avait parfaitement raison pour le coup et il comprenait aisément la crainte de sa camarade à l’idée que Mildred puisse approcher, et malmener, des membres de leur famille respective.

Virgil avait déjà fait les frais de sa vengeance et même si cela l’excédait de l’admettre, elle avait pris l’ascendant sur lui. Il n’avait pas trouvé d’issue pour se sortir de cette situation inextricable. Sa seule option actuelle était de courber l’échine, à son plus grand désarroi. Cet aveu de faiblesse était particulièrement difficile à encaisser pour lui si bien qu’il anesthésiait sa colère sous une forte consommation de Mandragore. Il en était d’ailleurs à son deuxième joints de la soirée, lui qui s’était pourtant promis de tirer juste quelques lattes afin de trouver plus facilement le sommeil…

L’ ultime provocation de la préfète le tira de ses pensées et il  quitta des yeux le point rouge incandescent de sa cigarette pour reporter son attention sur Maeva.

« La tour d’Astronomie ? C’est beaucoup trop classe comme mort… souffla-t-il en arquant un sourcil, Je préférai qu’elle crève étouffée par son « Puffy ». Ou alors écrasée par une statue d’elle-même dans son K-Klub. Virgil fit mine de réfléchir avant de désigner Maeva de la pointe de son joint,  Que son bide éclate parce qu’elle a bouffé trop de choux à la crème. Ça c’est une mort parfaite pour  cette vieille truie vorace… T’es beaucoup trop sympa Maeva… La Tour d’Astronomie… » répéta t-il en secouant la tête comme s’il s’agissait d’une aberration.

Jamais Magpie n’arriverait à la cheville de Dumbledore ou de Mason. Pas même dans la mort.

L’adolescent poussa un léger soupir avant de tendre la fin de son joint à Maeva. Plus le temps passait plus il semblait évident qu’elle ne comptait pas aller trouver son beau-père ce soir. Les marques sur son visage et sur sa gorge commençaient à se dissiper légèrement.
Envisageait-elle de laisser couler ? De faire comme si rien ne s’était passé entre elle et Magpie?
D’après ses dires, elles avaient toutes deux largement dépassées les limites du raisonnable ce soir et peut-être que ce statut quo convenait aussi bien à l’une qu’à l’autre.
Soit, Maeva était assez grande pour savoir ce qui était le meilleur pour elle mais Virgil comptait bien profiter de la situation pour glaner quelques informations capitales sur Magpie. Il ne savait pas encore ce qu’il allait en faire concrètement mais il entendait bien se documenter un maximum sur la romancière.
Ainsi donc, elle conservait des fioles de souvenirs. C’était typiquement le genre d’information qui pouvait s’avérer très utile à l’avenir. D’après Maeva, les fioles renfermaient des scènes érotiques -voire pornographiques- bref un potentiel terreau pour faire chanter la romancière…
« A quoi tu penses ? »
Virgil releva vivement le regard sur sa camarade. Pouvait-il lui faire confiance ? Formuler à voix haute ses sombres desseins …qu’il n’était même pas sûr de pouvoir mener à  bien. Pour le moment, il ne s’agissait que d’hypothèses farfelues –carrément fantaisistes même- mais Virgil entrevoyait enfin une brèche pour tenter de reprendre le contrôle de la situation. Dégotter un secret sur Magpie qui la réduise au silence.
« Faut vraiment que je te fasse un dessin ? répliqua-t-il en prenant son air supérieur, Si c’est le cas…je crois qu’on est pas tout à fait sur la même longueur d’onde toi et moi. »

Maeva n’était pas stupide. Elle avait surement deviné où il voulait en venir…
Virgil devait étudier cette éventualité à tête reposée et surtout les idées claires. Il avait beaucoup à perdre –sa famille, son avenir professionnel, bref, toute sa vie-  et il ne comptait pas prendre des risques inconsidérés si le jeu n’en valait pas la chandelle. S’il se lançait dans cette entreprise, il devait être sûr de son coup et s’associer aux bonnes personnes. Bien sûr Maeva semblait encline à l’idée de se venger. Quoi de plus normal : Elle venait tout juste de se faire agresser physiquement mais serait-elle dans le même état d’esprit demain une fois la tension retombée ?
Rien n’était moins sûr.

« Tu devrais prendre le temps de réfléchir à tout ça… dit-il alors en attrapant son sac en bandoulière pour le hisser sur son épaule,…et considérer le fait que je ne suis pas la personne qui donne les meilleurs conseils du monde. » ajouta-t-il en esquissant un vague sourire.

Si Maeva revenait vers lui pour s’associer à sa vengeance, Virgil l’accueillerait à bras ouverts mais il  préférait qu’elle fasse ce choix seule, en son âme et conscience. Il avait été échaudé par Nelly qui lui avait reproché, une fois, de s’être servi d’elle pour arriver à ses fins et il ne tenait pas à renouveler l’expérience.
« Je vais rentrer, dit-il alors en désignant d’un mouvement du menton la tour de Gryffondor, ça serait dommage que les préfètes en chef me tombent dessus pendant que je fume un pétard dans le parc… » lâcha-t-il dans l’obscurité, Tu viens ou tu préfères rester seule ? »


C'est la fête à la Préfète! [Maeva] T87uC'est la fête à la Préfète! [Maeva] LkqrC'est la fête à la Préfète! [Maeva] 2zer
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
C'est la fête à la Préfète! [Maeva] Icon_minitime