Best not to think about it [Daisy]

Les mains tremblantes et le visage livide, Peter jetait de fréquents regards inquiets en direction de l’horloge de la salle des professeurs, songeant à renoncer, tout en sachant qu’il était déjà trop tard. Il avait attendu le dernier moment, il avait laissé passer des semaines entières en se promettant que, le moment venu, il serait prêt. Aujourd’hui le moment était venu, ce soir était sa dernière chance, et il n’était toujours pas prêt. Il ne pouvait pas faire ça.

L’enseignement tenait dans son poing un morceau de parchemin froissé qu’il avait tellement lu et relu qu’il le connaissait par cœur :

« Peter,
Peux-tu me rejoindre en haut de la tour d’Astronomie vers 19h ? J’ai besoin de ton avis sur les derniers aménagements.
Merci,
D. »

Elle lui facilitait la tâche, elle lui offrait l’occasion rêvée, elle lui donnait une chance qu’il n’aurait jamais osé provoquer. Elle serait décidément serviable et généreuse jusqu’au bout. Il lui en voulait presque, de se laisser avoir si facilement, de poser elle-même le piège dans lequel il s’apprêtait à la précipiter. Malgré lui, Peter sentit son esprit parcourir lentement les années de souvenirs qu’il partageait avec la directrice de Poudlard. Mais il savait qu’il aurait beau cherché, il serait incapable de se souvenir d’un jour où elle aurait été autre chose que bienveillante à son égard. Elle savait la vérité sur lui, son passé, sa famille, Chloé lui avait tout raconté. Et pourtant elle n’avait jamais remis en cause sa position à Poudlard, ni pris ses distances avec lui.

Il pouvait chercher toutes les excuses qu’il voulait, il pouvait essayer de retourner la situation dans tous les sens, Daisy n’avait jamais rien fait qui puisse justifier ce qu’il s’apprêtait à faire. Il n’était ni question de pouvoir ni question de vengeance, il n’y avait entre eux ni haine ni compétition, et pourtant il allait le faire. Parce que c’était elle ou lui, et parce qu’il avait choisi de se protéger et de protéger ses filles, à n’importe quel prix. La promesse qu’il avait faite à Maeva quelques mois plus tôt lui revint en mémoire et ce souvenir lui donna la force de quitter sa chaise et de se diriger vers la porte de la salle des Professeurs.

Il mit longtemps à rejoindre la tour d’Astronomie, trainant des pieds et hésitant à chaque pas à faire demi-tour. Mais il ne pouvait pas renoncer, cela éveillerait les soupçons du Ministère, et de la Milice. Il avait affirmé être prêt à faire n’importe quoi pour prouver sa loyauté au régime. Il était temps de tenir cette promesse. C’était le prix à payer pour blanchir son nom et pour se placer, lui et les filles, du côté du pouvoir. Du bon côté.

Peter gravit lentement les longs escaliers menant au sommet de la tour d’Astronomie, et arriva au point de rendez-vous avec quelques minutes de retard.

« Bonsoir Daisy. »

Il s’avança vers la directrice de l’école, le visage blême et mangé par des cernes violacées. Il avait l’air malade. Il frissonna, l’air était particulièrement doux en cette fin d’été mais il avait terriblement froid.

« Tu voulais me voir ? » s’enquit-il.

Il retardait l’échéance. Il n’arrivait pas à s’y résoudre. Il ne pouvait pas faire ça. Mais il le fallait. Il n’avait pas le choix. Ou du moins, c’était ce qu’il se faisait croire. Il avait besoin de croire qu’il n’y avait pas d’autre option, sinon il ne parviendrait jamais à exécuter la mission qu’on lui avait confiée.

C’était la dernière soirée de l’été. Le parc était calme, parcouru d’une légère brise. Les arbres de la Forêt Interdite se balançaient doucement, quelques remous se faisaient parfois apercevoir à la surface du lac. Ce calme ne durerait pas : dès le lendemain, le collège serait envahi d’élèves. La rentrée de cette année allait être particulière, pour plein de raisons. Il y avait les plus banales, comme la rénovation de l’école qui touchait à sa fin. Beaucoup de dortoirs avaient été refaits et agrandis pour accueillir les générations de plus en plus nombreuses, plusieurs ailes et salles de classes avaient été refaites. Les enfants seraient plus nombreux, également, les premières années étaient cent trois, pour cette rentrée. C’était énorme. Elle espérait que tout se passerait bien avec ces nouveaux effectifs… Et ce n’était pas sa seule préoccupation. Elle avait rendez-vous dans trois jours avec Danielle Coleman et Hailey Peterson, pour fixer un plan d’action pour l’école, suite à son dernier rendez-vous avec le Ministre. Elle avait prétexté ses congés pour repousser au maximum cette rencontre, puis toute la préparation de la rentrée.

Heureusement, elle voyait ses collègues de confiance avant. La pré-rentrée des professeurs avait eu lieu aujourd’hui et entre les distributions d’emploi du temps et la présentation des nouveaux EAP, Daisy avait pu glisser à Thelma, Jonah et Neville qu’elle voudrait les voir pour discuter. Ils avaient convenu de se retrouver après-demain, dans la soirée, chez elle. Elle n’avait pas évoqué en détails ce dont elle voulait parler, prétextant une petite soirée de retrouvailles pour les oreilles alentours, mais elle espérait bien faire un bilan avec eux avant de rencontrer la cheffe du BDA et celle de la Milice. Peter n’était pas invité pour le moment. Elle aurait pu mais leur conversation du printemps dernier était revenue à son esprit et elle voulait le sonder un peu pour savoir ce qu’il en était, avant de lui demander de se joindre à leur petite rencontre.

C’était aussi pour cela qu’elle le faisait venir ce soir. Elle voulait lui montrer la nouvelle salle d’Astronomie, qui était dorénavant sur deux étages (afin de diviser les groupes-classes pour qu’ils soient plus en activité) et également discuter avec lui. En tout cas, Abel Laveau avait fait du beau travail sur cette rénovation, elle aimait beaucoup cet endroit. La vue était toujours aussi belle, sur le parc et les montagnes écossaises aux alentour. Appuyée sur la rambarde, Daisy observait la lumière qui déclinait peu à peu. Elle aimait cette période de la journée, quand le lac s’apprêtait à engloutir le soleil, dans une rougeoyante explosion.

Ce furent les pas de Peter qui mirent fin à sa contemplation. Elle se retourna vers lui, avisant sa petite mine. Elle eut un sourire.

- Bonsoir ! C’est la rentrée qui te met dans cet état ?

Ce n’était pas la première, pour autant. Et puis, avec autant de premières années, peut-être qu’il allait pouvoir gonfler ses effectifs en runes, c’était une bonne nouvelle, ça.

- Je voulais te montrer la nouvelle salle d’Astronomie. C’est sympa, hein ? Il y a également un autre espace en dessous, tu as dû voir ?

Peter ne parvint pas à répondre à la boutade de sa collègue sur sa mine fatiguée, et se contenta de lui adresser un vague sourire qui ressemblait davantage à une grimace. Contrairement à lui, Daisy était rayonnante. Elle paraissait reposée, prête à entamer l'année scolaire avec cette attitude positive qu’il lui avait toujours connu. Il sentit sa détermination vaciller, et prit doucement conscience qu’il ne trouverait jamais le courage de faire ce qu’on lui avait demandé. Comment pourrait-il ? Désespéré, il envisagea une énième fois les autres s’options qui s’offraient à lui. Il pouvait encore renoncer, admettre qu’il n’était pas capable de le faire, que c’était trop difficile pour lui. Mais le gouvernement trouverait bien quelqu’un pour exécuter cette mission à sa place. Les conséquences pour Daisy seraient les mêmes et lui aurait perdu la confiance du gouvernement. Tout le monde serait perdant.

Il pouvait aussi tout avouer à Daisy, la prévenir, et déjouer les plans de Marchebank. Il pouvait lui éviter cette mort qu’elle ne méritait pas. Mais il faudrait qu’ils prennent la fuite, tous les deux, et ils seraient probablement traqués sans relâche par la Milice. C’était le scénario le plus juste, d’un point de vue moral, mais c’était également le plus dangereux. Et Peter ne pouvait pas se permettre de prendre de tels risques, pas avec Lou et Maeva qui comptaient sur lui. Il le leur avait promis : il ferait n’importe quoi pour les protéger. La pensée des trois filles de Daisy lui traversa l’esprit et il la chassa aussitôt, refusant de songer à la peine qu’il allait leur infliger. Parce qu’il allait le faire, c’était décidé. Il avait réévalué toutes ses options et il n’avait pas le choix. Il devait se persuader lui-même qu'il n'y avait pas d'autres solutions. S’il voulait garantir sa propre sécurité, Daisy devait mourir. Et elle devait mourir de sa main.

Il savait qu’il allait le faire. Et en vérité, il le savait depuis la seconde où on le lui avait demandé. Il savait même comment, il l'avait su très vite. Il avait laissé s’écouler des semaines entières, et il avait envisagé toutes les autres possibilités en s’attendant à ce qu’une forme de conscience morale se réveille en lui et l’empêche d’accomplir sa mission. Il avait attendu, prêt à être assailli par les remords et rongé par la culpabilité, et il l’était, un peu. Mais pas assez visiblement, puisqu’il se tenait là, face à celle dont il allait prendre la vie de la pire des façons. Il était presque surpris, de ne pas avoir abandonné, presque déçu d’être prêt à accomplir cette horreur dont la simple pensée le faisait frémir, des semaines plus tôt.

Il prêta à peine attention aux paroles de sa collègue à propos de la nouvelle salle d’Astronomie, trop occupé à contempler le ciel derrière elle, qui se teintait lentement d’orange et de rose. C’était une belle soirée, qui serait pourtant une des nuits les plus difficiles de sa vie…Et la dernière de celle de Daisy.

Les mains enfoncées dans les poches de sa robe de sorcier, Peter fit un pas vers la directrice. Il s’arrêta face à elle et hésita un instant, le visage blême. Il était trop tard pour renoncer maintenant. Elle était là, adossée contre les remparts, au-dessus de trente mètres de vide. Il n’aurait pas pu rêver meilleur scénario, c’était comme si l’univers voulait le pousser dans cette direction et lui facilitait la tâche.

La mâchoire serrée, il referma ses doigts sur sa baguette magique et la sortit de sa poche.

« Je suis désolé Daisy… souffla-t-il d’une voix rauque, son regard clair rivé sur le visage de sa collègue. Je n’ai pas le choix.»

Il leva sa baguette pour la pointer droit sur elle, le bras tremblant.

La légère brise qui s'engouffrait dans la salle faisait voleter les quelques cartes du ciel qui étaient épinglées au mur. Daisy songea qu'il serait bien de les mettre dans des cadres afin qu'elles ne s'abiment pas avec les années. Elle ne sut pas pourquoi son cerveau se focalisa sur cette pensée l'espace d'un instant, plutôt que de distinguer la main que Peter avait lentement glissée dans sa poche. Lorsque que leurs yeux se rencontrèrent, il avait sa baguette magique pointée sur elle. Elle eut un infime mouvement de recul, un geste vers l'arrière, mais ses mollets rencontrèrent le demi-mur qui soutenait la balustrade. Elle fronça les sourcils et leva une main qui se suspendit dans les airs. Elle ne comprenait pas. Les mots de Peter ne trouvaient pas de sens dans son cerveau mais une peur insidieuse, une méfiance reptilienne s'était infiltrée dans ses veines. Son geste fut plus maladroit que celui de Peter lorsqu'elle sortit sa propre baguette magique, serrée entre ses doigts fins. La pointe de cette dernière resta en direction du sol.

- Mais de quoi tu parles ?

Elle avait hoqueté, sa voix avait trébuché sur les mots. Un peu à rebours, elle finit par lever le main pour brandir une baguette incertaine.

Dans les yeux écarquillés de Daisy, la surprise laissa rapidement place à la peur. Peter assista, avec une sorte de fascination douloureuse, au spectacle de son visage perdant ses couleurs, son esprit confus cherchant vainement une explication. Il sentit une pointe de culpabilité lui transpercer le cœur. Même maintenant, alors qu’il se tenait face à elle, menaçant, et qu’il lui tenait un discours inquiétant, elle cherchait encore le dialogue. Elle lui demanda des explications. Elle avait tiré sa baguette de sa poche et la levait devant elle, d’un bras mal assuré. Elle aurait dû comprendre, se méfier. Elle aurait dû l’attaquer. Elle venait de laisser passer sa dernière chance.

D’un sortilège informulé, Peter désarma sa collègue, attrapant sa baguette au vol quand elle lui sauta des mains. Daisy était désarmée, coincée en haut de la tour d’astronomie, juste contre la balustrade. C’était presque trop facile. La suite aurait dû être un jeu d’enfant, et pourtant c’était si difficile. Le moindre geste lui coûtait, il luttait contre lui-même à chaque instant, partagé entre sa conscience et son sens du devoir.

« Je dois le faire, je n’ai pas le choix… affirma-t-il d’une voix vide de toute émotion. Je suis désolé… » répéta-t-il avec un accent de désespoir.

Il ne pouvait plus attendre, il ne supportait plus l’incompréhension et la crainte dans le regard de sa collègue. Il devait le faire, maintenant. S’il attendait une minute de plus, il risquait de renoncer. Il raffermit sa prise autour de sa baguette, toujours pointée droit sur la poitrine de la Directrice de Poudlard. Il expira lentement, se concentra pour empêcher son bras de trembler, et puisa dans toutes les ressources qui lui restaient pour mettre suffisamment de puissance et de volonté dans son sortilège.

« Impero ! »

Le sortilège frappa Daisy en plein cœur, et Peter se sentit aussitôt investi d’une nouvelle forme d’énergie. Comme si la volonté de la directrice était venue s’additionner à la sienne. Là où il avait du mal à contrôler les tremblements de son propre bras un instant plus tôt, il se sentait maintenant complètement maitre de son corps, mais également de celui de sa collègue. Les limites de sa conscience s’étaient étendues jusqu’à englober Daisy toute entière. Son contrôle sur elle était total, et ne rencontrait aucune forme d’opposition. C’était la première fois qu’il lançait un sortilège d’Imperium, mais il l’avait étudié et avait souvent entendu son père en parler. Il savait qu’il était possible de résister à un Imperium, mais Daisy n’avait pas lutté un seul instant. Était-ce l’effet de surprise, ou avait-elle simplement renoncé ?

Le souvenir de son père s’accrocha dans son esprit. Il n’y avait plus pensé depuis des années, préférant oublier cet homme qui n’était pour lui plus qu’un géniteur. Son propre père l’avait vendu à la justice pour essayer d’acheter sa liberté. Il avait trahi son fils, et Peter s’était juré ce jour-là de ne jamais commettre une horreur pareille. Pourtant il venait de trahir quelqu’un qu’il avait considéré comme une amie. Une femme qui avait toujours eu confiance en lui, qui avait pris soin de lui et de sa fille quand ils étaient au plus bas, qui lui avait pardonné toutes ses erreurs, et ses secrets. Ce soir, il était tombé plus bas qu’il ne l’aurait jamais cru. Ce soir il ne valait pas mieux que Jonathan Carrow, son mangemort de père.

Il se souvenait très bien des dernières paroles qu’il avait échangées avec son géniteur, à l’occasion du procès qui les avait opposés. T’es qu’un fils d’assassin, lui avait craché son assassin de père. C’est dans tes veines, t’es qu’un assassin toi aussi. « T’y passeras aussi », avaient été ses mots exacts. Et il y passait, quinze ans plus tard.

Chassant le souvenir de son père de son esprit, Peter reporta son attention sur Daisy, immobile, les bras ballants et le regard dans le vague, comme si elle venait de se réveiller d’un sommeil profond. Alors qu’elle nageait encore en plein cauchemar. Il fit quelque pas pour franchir la distance qui le séparait de sa collègue et, doucement, leva le bras pour caresser sa joue du bout des doigts. Elle ne réagit pas. Effrayé et fasciné par ce qu’il s’apprêtait à faire, il plongea la main dans la poche de sa cape et en sortit un morceau de parchemin, qu’il tapota du bout de sa baguette pour le faire léviter sous leurs yeux, et une plume, qu’il tendit à la directrice.

« Tu vas écrire une lettre… » expliqua-t-il d’une voix rauque.

Mais il n’eut pas à formuler le reste de ses consignes à voix haute. Il réalisa avec horreur que Daisy obéissait à ses désirs sans qu’il ne doive lui donner d’ordres. Elle n’était plus qu’un pantin voué à exécuter sa volonté. C’était une sensation dérangeante, et étourdissante. Il n’eut qu’à songer au fait que Daisy devait laisser derrière elle une lettre, et celle-ci commença à écrire. Peter ne faisait qu’effleurer des idées, et aussitôt elle les couchait sur papier, appliquée. Il sentit son cœur se serrer quand il songea aux trois filles de la Directrice, et fit en sorte qu’elle laisse un message à chacune d’entre elles, Jane, Wendy, et Elisabeth.

Pendant ces longues et douloureuses minutes au cours desquelles il dut réfléchir à des raisons que Daisy aurait de mettre fin à ses jours, il fut forcé de contempler la vie de sa collègue et de prendre la mesure de ce qu’elle laisserait derrière, et cette idée lui donna la nausée. Il était écœuré de lui-même, de cette situation, et de ce qu’il s’apprêtait à faire. Il ne réalisait toujours pas ce qui était en train de se passer. Il n’arrivait pas à croire qu’il puisse être capable de ça.

Pourtant, une fois la lettre finie et signée de la main de Daisy, il agita sa baguette et le parchemin se déposa sur le sol froid de la tour d’astronomie. Peter contempla un instant la lettre, puis releva la tête pour affronter le visage de sa collègue, qu’il voyait pour la dernière fois. Un spasme déforma son visage alors qu’il réprimait un sanglot et il ferma les yeux pour se soustraire à cette vision. Mais déjà le cours de ses pensées suivait le plan qui avait été tracé. Il savait ce qui venait après. Il savait ce qui lui restait à faire. Quand il rouvrit les yeux Daisy était déjà debout sur la balustrade, face à lui, sa silhouette fine se détachant sur le soleil couchant. Dans un réflexe idiot, il fit un pas vers elle, paniqué, comme pour l’empêcher de tomber. Mais elle devait tomber.

Il leva les yeux vers son visage, essaya d’accrocher son regard. Il aurait dû y trouver de la peur, de la colère, de la déception, mais il n’y trouva rien du tout et cette vision se révéla bien plus terrifiante que tout ce qu’il avait imaginé. Elle le regardait sans le voir, vide de toute émotion. Elle ne vivait déjà plus vraiment. Et pourtant, comme c’était dur, de franchir ce pas supplémentaire, de la condamner pour de bon.

« Je suis désolé… » murmura-t-il d’une voix rauque en détournant les yeux.

Il aurait voulu avoir le courage de la regarder, jusqu’au bout. Il n’y arrivait pas. Il ferma les paupières aussi fort qu’il le pouvait, serra les poings et se força à formuler ce dernier ordre, cette dernière volonté.

*Tombe*

Il s’écoula de longues, très longues secondes, avant qu’il ne sente dans son corps les effets du sortilège de l’Imperium se dissiper. Elle était morte. Il l’avait tuée. Peter rouvrit lentement les yeux, livide. Son corps fut aussitôt secoué de tremblements et les larmes jaillirent de ses yeux alors qu’un sanglot qui sonnait comme un éclat de rire dément s’échappait de sa gorge. Une part de lui voulait s’approcher du bord, se pencher, regarder en bas. Mais il prit peur et renonça. Il recula vivement jusqu’au centre de la tour, d’une démarche mal assurée.

Il ne pouvait pas rester ici. Il devait fuir cette scène de crime, rentrer dans ses appartements et faire comme si tout allait bien. Mais il savait que tout avait changé, ce soir. Sa propre vie avait basculé en même temps que celle de Daisy et, si elle n’avait pas connu une chute aussi terrible, elle prenait néanmoins une direction très inquiétante. Il avait perdu bien plus qu’une collègue ce soir, et il sentait déjà la culpabilité lui comprimer la poitrine et l’empêcher de respirer. A partir de maintenant il ne pouvait plus espérer vivre comme avant. A partir de maintenant il fallait vivre avec. Survivre.

RP Terminé