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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous]

Sasha Benson
Sasha BensonLangue-de-Plomb
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Profil Académie Waverly
La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeSam 23 Fév 2019 - 12:42
1er septembre 2010

Sasha arborait fièrement son badge de préfète, accroché à la cape qu’elle avait enfilé par-dessus son pull de Salem. Elle avait passé tout le trajet à passer d’un compartiment du Poudlard express à l’autre pour saluer les élèves qu’elles connaissaient, souhaiter la bienvenue aux premières années et répondre à leurs questions. Elle prenait un réel plaisir à se rendre utile et se délectait des regards pleins d’admiration que lui lançaient les plus jeunes quand elle glissait -très subtilement- dans la conversation qu’elle avait fait un stage au Ministère et le programme d’été de l’Université de Salem pendant les vacances. Le voyage était passé à une vitesse folle et elle ne retrouva Cindy que quelques minutes avant que le train ne s’arrête à la gare de Pré-au-Lard.

Les deux adolescentes s’installèrent dans une calèche en compagnie d’autres élèves de leur maison et passèrent la totalité du trajet à parler des BUSE qui les attendaient à la fin de l’année. Cindy était très anxieuse et s’inquiétait de la forme que prendrait chacun des examens, espérant qu’il n’y aurait pas trop d’exercices pratiques. De son côté, Sasha avait déjà préparé un programme de révision très ambitieux, qui lui permettrait si elle s’y tenait de revoir la totalité de ses cours depuis la première année avant le mois de février. Ce qui lui laisserait ensuite plusieurs mois pour approfondir ce qu’ils auraient appris cette année. Elle attendait presque les examens avec impatience.

Arrivés à Poudlard, les élèves s’installèrent bruyamment dans la Grande Salle, chacun essayant de parler plus fort que son voisin et de saluer le plus de monde possible. On s’échangeait des signes de la main d’une table à l’autre, on comparait les marques de bronzage et on s’inquiétait de son emploi du temps, le tout dans un brouhaha assourdissant. Personne ne remarqua le silence qui régnait à la table des Professeurs, ni les visages fatigués de leurs enseignants. Seule l’absence de la directrice ne passa pas inaperçue.

« Où est le Professeur Mason ? » s’inquiéta Cindy en tirant sur la cape de Sasha pour attirer son attention.

La préfète se redressa sur son siège pour pouvoir observer la table des professeurs et fronça les sourcils en avisant le siège vide, en plein milieu. Le Professeur Corrigan manquait également à l’appel.

« Elle est surement en retard !  » répondit-elle simplement, avant de tourner la tête en direction de la table des Poufsouffle pour tenter d’apercevoir Casey.

Sasha n’eut pas le temps de chercher plus longtemps le jeune homme car les portes de la Grande Salle s’ouvrirent sur le groupe de première année qui attendaient dans le hall. Le volume sonore retomba soudainement et les anciens élèves suivirent du regard le Professeur Corrigan, qui menait les premières années entre les tables des Poufsouffles et des Serdaigles. Elle paraissait fatiguée et son maigre sourire de façade ne suffisait pas à masquer ses traits tendus.

Des murmures s’élevèrent aux quatre coins de la salle face à cette organisation inattendue, et Sasha se pencha vers Cindy pour partager son étonnement avec sa camarade.

« Pourquoi ce n’est pas le Professeur Virtanen qui s’occupe de la répartition ?  » chuchota-telle, perplexe. C’était normalement une tâche qui revenait au sous-directeur.

La petite blonde se contenta de hausser les épaules et reporta son attention vers le tabouret sur lequel était posé le Choixpeau. La cérémonie de répartition fut particulièrement longue -les premières années étaient très nombreux- et les enseignants eurent toutes les difficultés du monde à maintenir le silence. Les élèves les plus âgés s’étaient vite désintéressés de la répartition des nouveaux et s’inquiétaient de l’absence du Professeur Mason. Chacun y allait de sa théorie plus ou moins loufoque, et les rumeurs allaient bon train.

Quand Leonor Yin fut finalement envoyée à Gryffondor, le Professeur Corrigan rejoignit la table des enseignants et, alors qu’elle prenait place à côté du siège vide de la directrice, le Professeur Virtanen se leva. Il y avait quelques choses, dans son air résigné et abattu, qui força aussitôt toute la salle au silence. Le directeur de Serdaigles fit lentement le tour de la table, les yeux rivés au sol, comme s’il craignait d’affronter le regard des élèves face à lui.

« Bonsoir à tous, et bienvenue, commença-t-il d’une voix dépourvue de toute chaleur. Il paraissait étonnement nerveux. Je dois malheureusement commencer cette nouvelle année en vous annonçant une terrible nouvelle. »

Le silence dans l’assemblée se fit pesant, à peine troublé par les reniflements du Professeur Londubat. Tous les élèves étaient suspendus aux lèvres du Professeur Virtanen, la salle entière retenait son souffle.  Sasha, comme beaucoup d’autres, devinait déjà quelle serait cette terrible annonce, mais se refusait à y croire.

« Le Professeur Mason nous a tragiquement quitté cette nuit. »

Un vent d’exclamations de surprise et de murmures choqués parcourut aussitôt la Grande Salle. Les élèves, sonnés par cette révélation, échangèrent des regards perdus où se mêlaient la peine et la stupeur.

« Je ne peux pas le croire… » souffla Cindy, dont les yeux s’étaient remplis de larmes.

« C’est terrible ! » s’exclama une élève de troisième année avant d’éclater en sanglots, à quelques places de là.

« Vous croyez qu’elle était malade ? » s’inquiéta un élève aux cheveux frisés.

« C’est une perte immense pour Poudlard, et nous sommes tous dévastés par cette triste nouvelle. Daisy Mason était, comme vous le savez tous, une directrice bienveillante, une enseignante dévouée et une collègue attentionnée. La voix tremblante du Directeur de Serdaigle s’éteignit et il ferma les yeux une seconde avant de reprendre, troublé. Nous regretterons tous son optimisme et son indulgence et je vous demanderai, pour lui rendre hommage, de vous montrer plus que jamais solidaires dans cette épreuve. Prenez soin les uns et des autres et veiller sur vos camarades comme le Professeur Mason aurait souhaité que vous le fassiez, car elle savait toujours voir le meilleur dans chacun d’entre vous. »

Le Professeur Virtanen s’exprimait de plus en plus difficilement et Sasha avait l’impression que chacun de ses mots étaient comme un coup de couteau qu’il aurait reçu en plein cours. Se tenir debout sur cette estrade pour leur délivrer ce funeste discours semblait lui être physiquement insupportable.

« Nous sommes bien sûr tous à votre disposition si vous souhaitez poser des questions, ou si vous avez besoin de parler. Mrs Silverester pourra vous recevoir à l’infirmerie dès la fin du repas, et la porte de la salle des Professeurs vous est toujours ouverte. »

Le regard de Sasha s’arrêta sur le visage de l’infirmière, encore plus pâle que d’ordinaire et qui semblait avoir autant besoin de soutient que les élèves qu’elle était censée aider.

« Je vais maintenant vous demander une minute de silence, à la mémoire de Daisy Mason. »

Tous les élèves se levèrent d’un seul mouvement, les bancs en bois raclant bruyamment sur le sol en pierre, et un silence de plomb s’abattit brusquement sur la Grande Salle. Certains regardaient leurs pieds et contenaient leurs larmes tandis que d’autres jetaient des regards anxieux autours d’eux, fébriles.

Sasha sentait comme une boule au creux de sa poitrine, qui faisait pression contre ses côtes et l’empêchait de respirer. Elle avait des questions plein la tête et avait encore du mal à réaliser que le Professeur Mason était morte. Elle ne reviendrait pas, jamais. Elle ne viendrait plus assister aux matchs de Quidditch en essayant d’être objective mais sans réussir à cacher sa joie lorsque Poufsouffle marquait. Elle ne les encouragerait plus avec ses discours bienveillants à l’approche des examens, ne s’arrêterait plus pour les saluer dans les couloirs, elle qui avait toujours eu à cœur de connaitre le prénom de chacun des élèves.

Après une minute qui parut interminable, les plats apparurent magiquement sur les tables et les élèves se rassirent calmement, sans oser recommencer à parler. Le Professeur Virtanen fit le tour de la table des Professeurs, mais ne retourna pas à son siège. Le visage fermé et la mâchoire serrée, il prit place dans le fauteuil vide de la directrice, qui était maintenant le sien. Celui du directeur de Poudlard.


La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Sasha2023
Rachelle Silverster
Rachelle SilversterInfirmière
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeDim 24 Fév 2019 - 20:29
Ce n’était pas la première rentrée à Poudlard de Rachelle, et pourtant elle ne s’était jamais sentie si mal à l’idée de reprendre le travail. Elle avait une boule dans la gorge et était transie de froid depuis le moment où Peter leur avait appris la terrible nouvelle, ce matin. La traditionnelle réunion de pré-rentrée de l’équipe pédagogique avait viré au drame quand le Directeur de Serdaigle était entré en trombe dans la salle des Professeurs, livide et secoué de tremblements. Le pauvre avait trouvé le corps de Daisy au pied de la tour d’astronomie en sortant dans le parc ce matin. Il paraissait profondément traumatisé et avait mis de longues minutes à pouvoir s’exprimer clairement. Ils avaient aussitôt appelé la Police Magique, qui avait retrouvé une lettre de suicide au sommet de la tour, signée de la main de la directrice de Poudlard.

Le simple fait de repenser à cette horrible matinée fit frissonner l’infirmière, qui ferma les yeux et s’obligea à respirer calmement pour s’apaiser. Elle n’arrivait toujours pas à le croire, à accepter que Daisy soit réellement partie. Elle se sentait profondément peinée par la disparition soudaine de sa collègue, bien sûr, mais également un peu coupable de n’avoir rien vu venir. Rachelle n’était pas plus proche de Daisy que de ses autres collègues mais elles travaillaient ensemble depuis plusieurs années et s’appréciaient beaucoup. Il leur était souvent arrivé de prendre le thé ensemble, quand Daisy venait à l’infirmerie pour récupérer une potion contre la migraine où quelque autre remède. L’infirmière s’estimait être une oreille attentive, et pourtant jamais sa collègue ne lui avait fait part d’un mal-être si profond. Elle aurait voulu se rendre compte que quelque chose n’allait pas, et pouvoir lui venir en aide, mais il était trop tard maintenant.

Le cœur serré, Rachelle quitta l’infirmerie pour rejoindre la Grande Salle, où les élèves ne tarderaient pas à arriver. Elle n’enviait pas le rôle de Peter, qui aurait la lourde tâche de leur annoncer la nouvelle. La mort de Daisy serait rendue publique que le lendemain matin, et ferait certainement la une de tous les journaux, mais les étudiants seraient les premiers informés. Elle savait que tous estimaient beaucoup leur directrice et que certains, particulièrement les anciens Poufsouffles, y étaient très attachés. Daisy avait un côté maternel qui donnait envie à tous -même à ses collègues- de lui faire confiance.

La plupart des enseignants étaient déjà présents quand Rachelle arriva à la table des professeurs. Ils avaient tous une mine affreuse. Elle posa une main réconfortante sur l’épaule de Neville, avec qui elle échangea quelques mots à voix basse. Elle salua Jonah d'un triste sourire et chercha Thelma du regard avant de se rappeler que, puisqu'elle était désormais sous-directrice, c'était elle qui accueillait les premières années dans le hall. Peter était déjà assis, la tête entre ses mains, effondré. Rachelle rejoignit sa place également, juste à côté de William, et attrapa doucement la main de son mari, qu'elle serra dans la sienne pour se donner du courage.

Un instant plus tard, le silence respectueux fut déchiré par les éclats de voix des élèves qui envahirent soudainement l'espace. Rachelle eut beaucoup de mal à répondre avec naturel aux salutations de certains élèves -elle en connaissait certains beaucoup plus que d'autres, malheureusement pour eux. L'infirmière sentit son coeur se serrer et retint son souffle quand, à la fin d'une interminable cérémonie de répartition, Peter se leva pour prendre la parole.

Elle n'écouta le discours de son collègue que d'une oreille, comme s'il venait de très loin et ne la concernait pas vraiment. Elle essayait de ne pas y réfléchir, de ne pas s'émouvoir du fait qu'il parle de Daisy au passé, de ne pas remarquer le tremblement dans sa voix. Elle ne voulait pas craquer maintenant. Elle sursauta en entendant son nom et hocha vaguement la tête quand Peter affirma que les élèves pourraient venir lui parler si besoin. Rachelle avait la triste impression de passer beaucoup de son temps à mettre en place des cellules de soutient psychologiques. Pourraient-ils un jour vivre une année sans perdre un élève ou un enseignant dans des circonstances tragiques ? Elle qui avait pris un poste à Poudlard pour s'éviter d'être confrontée à la mort et au deuil avait été plus que service ces dernières années.

Après une longue minute de silence, Peter rejoignit finalement la table des professeur et Rachelle sentit comme un coup au coeur en le voyant prendre la place de Daisy. Elle savait qu'elle lui revenait désormais, pourtant elle n'était pas prête à le voir assis là. Elle ne put s'empêcher de remarquer qu'ils n'avaient rien dit des circonstances de la mort de Daisy. Peut-être avait-il souhaité préserver sa mémoire en ne mentionnant pas son suicide, ou bien peut-être avait-il, lui aussi, du mal à le croire.

Rachelle avait conscience que c'était certainement son esprit qui refusait d'accepter la réalité et qui lui jouait des tours, mais elle avait l'intuition que ce n'était pas qu'un suicide causé par un divorce difficile et un sentiment de solitude, contrairement à ce qu'indiquait la lettre laissée par Daisy. Toute l'équipe enseignante savait que la directrice avait rencontré Léopold Marchebank, juste avant l'été, et que cet entretien ne s'était pas passé exactement comme elle le voulait. Se pourrait-il que la situation soit devenue insupportable ? Son conflit avec le Ministre l'avait-il poussé au suicide ? Rachelle secoua la tête pour se sortir ces idées de la tête. Elle divaguait.

L'infirmière avait commencé, au printemps dernier, à recevoir des nouvelles d'anciennes amies avec lesquelles elle avait fait ses études de médicomagie. Des amies qui travaillaient à Ste-Mangouste et qui lui avaient fait des révélations inquiétantes. Des amies qui s'investissait également dans un hôpital clandestin qui prenait en charge les blessés recherchés par le gouvernement. Petit à petit, Rachelle avait pris conscience que quelque chose n'allait pas. Elle avait réalisé que la situation était bien plus grave qu'elle ne l'aurait cru, au point que tous les sorciers n'étaient plus libres de se faire soigner convenablement. Depuis, elle envoyait régulièrement des ingrédients et des potions médicinales à Ste-Agnes. Les stocks de Ste-Mangouste étaient étroitement surveillés, mais ce n'était pas encore le cas de ceux de Poudlard, ce qui lui permettait d'acheter de quoi préparer des litres de potions anti-douleur, sans que personne ne remarque quoi que ce soit.

C'était peut-être tous ces discours qu'elle avait entendu qui lui retournaient la tête, mais Rachelle ne pouvait pas s'empêcher de trouver les circonstances de la mort de Daisy particulièrement troubles. Et elle était persuadée que certains de ses collègues partageaient son point de vue.


La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Ze59
Thelma Corrigan
Thelma CorriganProfesseur de DCFM
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeDim 3 Mar 2019 - 19:12
Les doigts fins de Thelma étaient serrés si fort sur le tissu rêche et élimé du Choixpeau que ses jointures étaient blanches. Inlassablement, elle le posait sur les têtes qui se présentaient, attendait que l'illustre couvre-chef ne rende son verdict, puis appelait le nom suivant de la liste. Souvent, elle se trompait, butait sur une syllabe, s'emmêlait entre les lettres rondes et violettes des noms et des prénoms. Ses pupilles claires volaient alors brièvement vers l'élève concerné pour lui jeter un bref regard d'excuse, avant de revenir se poser sur cette liste, qu'elle avait déniché sur le bureau de Daisy, à peine un quart d'heures plus tôt. Ecrite de sa main, avec cette belle écriture nette et féminine qu'elle reconnaissait sans mal, les deux amies ayant régulièrement correspondu au fil des années.

Chaque geste lui était douloureux, aussi Thelma vit-elle arriver la fin de cette répartition comme une délivrance. Quand enfin il n'y eut plus aucun élève devant elle et qu'elle put se détourner vers la table des professeurs, elle fit tomber le masque, juste un instant. La douleur qui l'étreignait était si vive qu'elle se demandait encore comment elle allait tenir tout le banquet sans s'effondrer ni exploser. Cette journée était interminable, chaque instant semblait durer une éternité, comme un cauchemar qui s'étirait à l'infini. Elle avait l'impression de se trouver hors de son corps, de flotter parmi les étoiles du plafond magique au-dessus de cette myriade de jeunes têtes étudiantes. Ce n'était pas elle, cette frêle sorcière qui assumait la sous-direction d'une école en temps de guerre, qui menait une toute nouvelle génération vers sa cérémonie de la Répartition. Cela ne pouvait pas être elle, elle n'avait pas signé pour ça.

Brièvement, son regard croisa celui de Jonah et elle s'y accrocha, juste l'espace d'un instant, comme elle s'était accroché à lui en apprenant la nouvelle. En un instant, elle lui souffla toute sa détresse, toute sa rage et son incompréhension. Puis elle détourna le regard, déglutit en se forçant à durcir ses traits jusqu'à aborder un visage dénué d'expression. Elle dégagea une mèche rousse qui obstruait son visage livide et la coinça dans son chignon strict. Plus tard, dans le cocon de ses appartements privés, l'enseignante aurait tout le loisir de laisser éclater ses émotions. Plus tard. Pour l'instant, elle avait une responsabilité, envers ces centaines de jeunes élèves qui venaient, sans même le savoir, d'être jetés au coeur d'une guerre rampante et vicieuse, une guerre qui taisait son nom. Une guerre que tous feignaient d'ignorer, et Peter le premier.

Sous le regard curieux de certains élèves, elle s'installa à côté du siège vide de Daisy et lissa lentement le tissu bleu nuit de sa robe. Ses mains tremblaient sur ses genoux, elles étaient glacées. Un froid immense s'était emparé de tous ses membres, depuis la réunion de prérentrée, un froid dont elle ne parvenait à se débarrasser. Le regard fixé sur la table des Poufsouffle, elle s'efforça de discipliner les battements erratiques de son coeur lorsque Peter commença son discours.

Le professeur Mason nous a tragiquement quitté cette nuit.

Non. Un cri déchirant retentit en elle, qu'elle retint de justesse alors qu'il s'apprêtait de franchir ses lèvres blêmes. Non, Daisy ne nous a pas quitté. Elle avait été assassinée. Elle avait été tuée, d'une façon ou d'une autre, quelqu'un l'avait poussé à bout, et il n'était pas bien difficile d'imaginer qui. Daisy ne s'était pas suicidé, Thelma n'avait jamais été aussi certaine de quelque chose de toute sa vie. Des preuves, non, elle n'en avait pas, mais en avait-elle réellement besoin, alors qu'elle avait passé un charmant petit déjeuner avec Daisy le matin même de son prétendu suicide, à évoquer l'année à venir, les charmes de New York et les sorties littéraires de la rentrée ? Avait-elle besoin de preuves, quand la directrice avait rassemblé ses troupes de confiance trois jours auparavant pour leur faire un compte-rendu de première main de son entretien avec le ministre ?

Et l'attitude de Peter, aussi sincère soit sa peine, l'emplissait d'une colère si noire qu'elle confinait à la rage. Parce que son collègue acceptait avec tant d'empressement la direction, parce qu'elle n'avait pas d'autre réceptacle de cette colère à cet instant, parce qu'il était celui qui avait trouvé son corps, parce qu'il prétendait que tout ceci n'était qu'un tragique accident, pour toutes ces raisons, elle lui en voulait, alors qu'il aurait dû savoir, par Merlin, il aurait dû savoir que tout cela n'avait rien d'accidentel, et tout de calculé ! Calculateur ou manipulé, peu importe, il restait coupable à ses yeux. Pendant la minute de silence, alors que tous se recueillaient en silence, Thelma observa le nouveau directeur, s'attardant sur chaque petit détail de son physique. A une époque, lors de son arrivée à Poudlard, elle avait imaginé qu'ils pourraient être amis, et puis...

Doucement, elle ferma les paupières, laissa son esprit vagabonder dans les espaces infinis de la Grande Salle. Elle sentit sa conscience en effleurer une autre, qu'elle reconnut sans peine, et hésita à la pénétrer. Ce fut à ce moment là que Peter annonça la fin de la minute de silence, et elle sursauta d'une manière imperceptible. Sa tentative de Legilimancie vola en éclat, elle retrouva ses esprits et se morigéna intérieurement.

Non, elle n'avait pas le droit. Certes, elle avait ses doutes et ses soupçons, mais elle n'avait pas le droit. Quelles que soient les motivations du régime pour nommer Peter à la tête de l'école, quelles que soient les propres motivations de Peter pour accepter, elles leur appartenaient, et ce n'était ni l'heure ni le moment d'interférer.

C'était d'ailleurs pourquoi elle s'était empressée d'accepter de le seconder. S'il restait une minuscule once de pouvoir au sein de cette école qui puisse échapper à la mainmise de la dictature, si elle devait être le dernier contre-pouvoir pour tenter de préserver ces jeunes âmes de la corruption qui viciait leur pays, alors elle n'hésiterait pas un seul instant. Et elle ne serait pas seule. Silencieuse pendant tout le repas, ignorant consciencieusement les mets du banquet qui apparaissaient devant elle, Thelma calculait. Elle comptait Jonah, Neville, Jeremy. Elle sous-pesait Rachelle, calculait William, soustrayait Peter, jusqu'à ce que cette tablée n'ait plus rien d'une équipe pédagogique et tout d'une équation qu'elle pourrait espérer résoudre. Comme le gouvernement avait résolu le problème Daisy Mason.

Les mains posées sur la table de part et d'autre de son assiette, le dos droit dans sa haute chaise, Thelma attendait, impassible, la fin de cette soirée. Demain serait un autre jour, un jour où il leur faudrait se rassembler... et résister.
Mildred Magpie
Mildred MagpieLe loup garou bizarre
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeLun 4 Mar 2019 - 9:25
Quelle horreur! Quelle épouvantable nouvelle! Tandis que l'assemblée de professeurs prenaient lentement place autour de la table, dans un silence funeste de cathédrale. Mildred peinait à contenir également l'immense détresse qui lui cisaillait atrocement les entrailles, alors qu'elle découvrait l'entrée épouvantable qui garnissait son assiette. Combien de temps allait-elle encore devoir s'infliger ces immondes et vulgaires œufs de caille sur leur lit de persil!? Parole de milliardaire ; Ce cauchemar en cuisine allait devoir cesser, et ce le plus rapidement possible! Toutes journées d'apprentissage devraient être obligatoirement accompagnées d'une alimentation saine et de qualité. Pour le bien de tous, le confort devait devenir une priorité absolue! Pourquoi ne pas installer derrière les fourneaux, l'un de ses innombrables cordons bleu des Folies Sorcières? Il était temps que cette école poussiéreuse ouvre ses portes sur le monde extérieur, mettant ainsi un terme définitif à des décennies d'incompétence et de laxisme. Car le changement, c'était maintenant! Surtout depuis que la trop tolérante Daisy Mason avait bien daigner délivrer sa place de Directrice, et faire le grand saut depuis les hauteurs de son nid de bienveillance. Certes, il ne fallait pas se réjouir de la mort d'autrui, mais quel soulagement pour Poudlard! Il ne faisait aucun mystère que le charismatique et séduisant Peter Virtanen allait redonner ses lettres de noblesse à cette école déclinante, et lui insuffler une énergie nouvelle.

Mais à en juger par les mines décrépites qui encerclaient le banquet de début d'année ; Tous les professeurs ne partageaient pas ce sentiment de délivrance et de renouveau. En apprenant le geste fatal de la directrice, Mildred avait certes éprouvée une grande stupeur, mais très vite ce ressenti avait mué en immense soulagement à l'idée de pouvoir conserver sa place au sein de Poudlard. Avec l'odieux scandale sexuel qui venait de l'éclabousser durant le mois d'août, et même si celui-ci ne reposait pour l'heure sur aucune preuve tangible ; Nul doute que Daisy Mason n'aurait pas gâcher cette cartouche providentielle pour l'éjecter de ses fonctions d'intervenante. La reine défunte de la bienveillance et son ignoble conseil d'administration n'attendaient que cela. Désormais, elle pouvait jouir du spectacle ô combien savoureux de leurs mines décrépites. Le visage blême et la souffrance intériorisée de Thelma était un régal pour les pupilles, qui lui ferait presque oublier l'immonde goût des œufs de caille pour ses papilles. Pour rien au monde, la diva de Bristol n'aurait manqué ce spectacle, et l'immense joie de poursuivre cette aventure pédagogique. Détrompez-vous sur ses motivations, Mildred ne se cramponnait à ce poste, non pas par passion pour l'enseignement artistique... Mais bel et bien parce qu'elle percevait une solide rémunération pour ses services rendus auprès de la Milice. Pour cela, elle n'avait qu'à exécuter ce qu'elle savait faire le mieux : Épier et dénoncer...  

Au cours de la dernière année scolaire : N'avait-elle pas d'ailleurs expédié par hibou une quantité astronomique de rapports délateurs sur les agissements de chacun? N'avait-elle pas déjà prévenue les autorités concernées sur l'incompétence et le laxisme incroyable de Daisy Mason et de son cercle d'administration? N'avait-elle pas déjà dénoncé les idées dangereuses d'un complotiste en culotte courte au sein même   de cette maudite école? D'ailleurs une autre bonne nouvelle de cette rentrée, était le retour remarqué d'un certain Curtis Montgomerry, absolument transfiguré par son expérience de réhabilitation mémorielle. Jadis si rebelle et effronté envers le glorieux système, le serdaigle était revenu de son séjour à Skye, avec de bien meilleures bases. Désormais plus aucune pensée corrompue ne venait compromettre son talent et son intelligence. Si tout le monde pouvait devenir aussi poli et respectueux que ce Curtis versus 2.0. Le regard oblique de Mildred Magpie loucha dangereusement en direction des tables des élèves, et plus précisément sur le faciès empreint d'insolence de l'indécrottable Virgil Forbes. Rien que de voir son affreux sourire en coin, cela suffisait à lui couper l'appétit et lui donner des nausées. Après ce qui était arrivé à son frère, et le message que délivrait cette agression planifiée : Allait-il enfin comprendre la leçon et se tenir à carreaux? Rien n'était moins sur. Peut-être qu'un jour salvateur, apprendrait-elle l'heureuse nouvelle que l'infâme garnement s'était enfin décidé lui aussi, à faire le grand plongeon depuis les hauteurs de la tour d'Astronomie. Mais cela n'était malheureusement pas d'actualité, car pour cela, elle devait lui rendre la vie encore plus atroce qu'elle ne l'était déjà...

Mais plutôt que de concentrer son attention malveillante sur l'élève, Mildred se concentra sur la tablée de professeurs et notamment les visages déconfits des proches de la défunte Daisy Mason. Ultime outrage de la méprisable suicidée, l'intervenante scolaire était reléguée en bout de table, ce qui lui offrait un champ de vision très réduit sur la douleur des membres maudits du conseil administration. Si Jonah Forbes ne laissait pour l'heure rien transparaitre de sa souffrance intérieure ; Thelma, quant à elle, était littéralement sur la brèche. Les deux mains plaquées de chaque coté de son assiette, elle lutait désespérément pour ne point montrer ses émotions. Thelma Corrigan... La romancière la craignait autant qu'elle la prenait en grippe. Depuis l'année écoulée, elle rêvait même de lui dérober sa place de directrice de Maison, afin d'éradiquer enfin son maudit petit sourire de peste aimée de tous. Pour l'ambitieuse Mildred Magpie, devenir reine des poufsouffles, cela représentait autant une victoire personnelle sur sa scolarité passée et médiocre, qu'un affront humiliant infligé à une ennemie dangereuse dans sa mission d'observation pour la Milice.

La bouche outrageusement colorée de l'intervenante artistique s'avança dangereusement, alors qu'elle peinait à contenir les viles paroles qui la poussait à attaquer sa rivale désemparée. Thelma était à deux battements de cils de fondre en larmes, et de se ridiculiser devant les élèves. Pourquoi se priver d'un tel plaisir? La voix mielleuse et faussement affligée de Mildred Magpie finit par briser le silence de la tablée.

"Quelle terrible tragédie! Comment un drame aussi épouvantable a-t-il pu se produire? Pourquoi n'a-t-elle point cherché à nous exprimer sa détresse? Assurément, nous lui serions venu en aide. " Le regard mesquin de Mildred se tourna alors Thelma qui cherchait à se murer dans son silence. "Vous qui sembliez si proche? Ne vous a-t-elle rien dit? Rien confié? Rien qui ne puisse l'aider? "

Quelle jubilation intense que de voir l'une de ses ennemie tituber de la sorte au bord d'un précipice de douleur. Cela était presque aussi délicieux que le contact viril et électrique avec Constantine. Plutôt que de la harceler encore davantage, Mildred Magpie se tourna vers le nouveau maitre des lieux...

"Monsieur Virtanen, aussi dramatique sont les circonstances de votre investiture ; Je suis intiment persuadée que vous être l'homme de la situation. Celui-là même qui nous permettra de rebondir après cette ignoble tragédie. Mais une choses est certaine... " En bonne tragédienne, elle marque un temps d'arrêt, avant d'ajouter : "Plus rien ne sera désormais comme avant. "

Oui, Poudlard allait enfin retrouver sa gloire passée, et balayer les réseaux complaisant et de copinages qui polluaient depuis trop longtemps son sol.  


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Thelma Corrigan
Thelma CorriganProfesseur de DCFM
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeLun 4 Mar 2019 - 10:45
La voix aiguë et crissante de Mildred Magpie était aussi agréable à l'oreille que des ongles sur un tableau noir. Thelma déglutit nerveusement à l'attente de ses paroles, qui lui firent l'effet d'une douce glacée, et elle laissa passer une seconde avant de tourner son visage blême vers la romancière, le temps de rassembler sa force et de mettre ses émotions en rang de bataille. Elle retint sans peine la flopée de jurons qui s'était formé dans son esprit, disciplina plus difficilement le feu de la colère qui flambait dans sa poitrine. Car si l'image de ses doigts fins en train d'arracher les yeux globuleux de Magpie s'imposait sans mal à son imagination, Thelma était bien trop consciente de la précarité de sa situation pour la voir s'ancrer dans la réalité. Enfouie sous sa peine, bien dissimulée derrière une grosse couche d'indignation, se trouvait une peur primaire et totale, une peur qui trouvait ses racines profondément dans son enfance. Thelma se savait cernée. Au milieu de cette longue table prestigieuse, elle pouvait deviner le piège qui menaçait de se refermer sur elle à tout moment, comme il s'était refermé sur Daisy le matin même. En nourrissant des pensées résistantes au cœur même de l'école, Jonah et elle étaient sur la brèche, elle le savait parfaitement ; la seule inconnue était de savoir si ce poste de sous-directrice lui avait été octroyé car on lui faisait encore confiance, ou pour la garder un peu plus près sous surveillance... Et elle ne ferait pas l'erreur de sous-estimer le pouvoir de nuisance de Mildred Magpie, une fois de plus : à son égard, le mépris venait aisément, et pourtant il aurait été folie d'ignorer qu'elle avait désormais l'ascendant.

Ses traits se fendirent en un mince sourire désolé, alors qu'elle secouait la tête en signe de dénégation :

"Plus rien ne ce sera comme avant, c'est certain", souffla-t-elle en un murmure, forçant chaque professeur à tendre l'oreille pour entendre ses paroles.

"Poudlard perd une directrice formidable", car il fallait bien que quelqu'un le dise, avec sincérité ce soir, "et je vous assure que jamais je n'aurais pu imaginer que Daisy puisse commettre un tel acte. Si je m'en veux, de ne pas avoir su l'aider d'avantage ? Bien sûr, vous n'imaginez pas à quel point je me sens coupable..."

...de ne pas avoir saisi toute l'ampleur de ce qui se tramait...

"Je savais qu'elle traversait une période difficile, mais comment imaginer qu'elle puisse commettre un acte si redoutable, en laissant sa famille, ses enfants derrière elle ?"

Thelma transmit une pointe de son indignation dans ces dernières paroles, comme si sa colère se portait sur Daisy, qui les abandonnait ainsi. Il lui en coûtait de ternir ainsi l'image de son amie, de propager un peu plus ce mensonge ignoble, mais elle savait qu'elle saurait lui pardonner depuis l'au-delà... S'accrochant au regard mielleux de cette personne glaçante d'immoralité, elle lui adressa une prière muette, comme pour jeter un pont entre elles :

"Heureusement, je sais que je peux compter sur vous et sur votre soutien, Mildred, pour surmonter cette période difficile. Daisy était mon amie, et..."

Elle laissa sa voix se briser, ses yeux s'embuer de larmes. Que Mildred perçoive l'immensité de sa peine, si cela pouvait lui faire plaisir. Qu'elle la sous-estime à son tour, c'était tout ce qu'elle espérait. Que tout le monde soit convaincu de sa sincérité, et de son insignifiance. Une gentille marionnette à la tête de Poufsouffle, tout juste bonne à distribuer les emplois du temps.

"Il va falloir se montrer forts pour nos élèves. Cette année, plus que jamais, nous allons avoir besoin de nous serrer les coudes... tous ensemble."

Doucement, elle se pencha vers Peter pour serrer son avant-bras en un signe d'empathie et de réconfort - le tout nouveau directeur n'avait pas l'air en bien meilleur état qu'elle. Thelma deviendrait la meilleure amie de Mildred Magpie et le meilleur allié de Peter s'il le fallait, elle appliquerait toutes les réformes éducatives de Marchebank mais elle ne commettrait pas l'erreur de se dresser frontalement au régime ni de laisser passer le moindre signe de désapprobation. Il allait d'ailleurs falloir qu'elle rassemble ses troupes très rapidement, songea-t-elle en avisant Jeremy Baker qui avait l'air d'avoir avalé une couleuvre, voire même un basilic. Il allait tous leur falloir prendre exemple sur Magpie et prendre des cours de théâtre, et le plus tôt serait le mieux.

Il était temps de délaisser l'honnêteté de Poufsouffle pour la ruse de Serpentard...

Mildred Magpie
Mildred MagpieLe loup garou bizarre
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeDim 10 Mar 2019 - 11:03
Après avoir jeté un pavé dans cette mare professorale beaucoup trop lisse et abattue à son goût, Mildred Magpie compta mentalement les longues secondes qui la séparait encore d'une courageuse intervention. Cueillis à froid par ce coup de massue, l'assemblée mortifiée des professeurs accusaient sévèrement cette tragique entrée en matière, ne trouvant ni la force, ni les mots d'exprimer un quelconque ressenti intérieur. Les regards plongeaient dans les assiettes et les paroles se muraient derrière les lèvres scellées. Que de sensiblerie malvenue, alors que Poudlard allait enfin pouvoir s'extirper de son marasme bienveillant et de sa trop confortable et indulgente routine! Nullement accablée par le crash pathétique de la bienveillance scolaire sur le bitume, Mildred trouvait de nombreuses raisons de se réjouir de cette rentrée entrée en matière fracassante. Ce suicide était un bien faible dommage collatéral, en comparaison de l'immense essor que Poudlard allait enfin pouvoir ressentir loin du joug maternaliste de l'encombrante Daisy Mason. Contrairement à cette dernière, Poudlard allait rebondir et redevenir un fleuron de la société sorcière.

Car Poudlard était une œuvre immortelle, traversant le temps et les époques, pour assurer l'avenir et le dynamisme de la nation sorcière. Un phénix de granit indestructible! Combien de drames et de pertes cette école avait-elle été contrainte de traverser? Au regard de son passé glorieux et tragique, le suicide de l'indulgente et trop laxiste directrice Mason n'était qu'une larme dans l'océan. Était-ce cruel que d'énoncer cette vérité? Certes, Daisy Mason était bien trop jeune pour apprendre à voler de ses propres bras, et en effet elle abandonnait égoïstement derrière elle une tripotée de marmots en sanglot. Ok, c'était douloureux. Mais n'était-ce pas son choix que de vouloir faire le grand plongeon depuis les hauteurs de la tour d'Astronomie? Pourquoi tant d'indulgence et d'empathie à l'égard de cette lâche sans envergure? Aussi rancunière que jalouse, Mildred se souvenait que mise à part cet idiot grassouillet d'Anderson "Biderman", personne n'était venue la soutenir quand elle s’apprêtait, un soir funeste de la Saint-Valentin, à se jeter sur la surface gelée du lac! Personne ne l'avait prise en pitié! Aucun membre de cette confrérie hypocrite de professeurs ne l'avait réconfortée, en lui susurrant un gentil "ça va aller" à l'oreille, ou en lui tapotant délicatement l'épaule! Au contraire, ignorant son cœur meurtri, tout le monde (à l'exception de l'idiot du village) s'était gaussé d'elle et de son infortune! Daisy Mason la première ; En n'excluant point ce diable de Virgil Forbes, cette satanée reine de la bienveillance s'était rendue complice de l'ignominie. Par tous les moyens et avec l'aide de sa clique de favoris, elle avait cherché à l'évincer... à la faire craquer... à la pousser vers la sortie... Mais c'était bien mal la connaitre.

Aussi toxique que rancunière, Mildred Magpie n'avait pas son pareil dans le monde magique quand il s'agissait de pourrir l'existence de ceux qui cherchaient à lui nuire ou l'humilier. Voila pourquoi, la romancière adulée des foules s'était abaissée à un rôle aussi indigne d'intervenante artistique! Ce qui n'était au départ qu'une énième lubie pour se rapprocher de son noyau de fan et du Ministère, était devenu une obsession. Dans sa rancune toute personnelle à l'égard des élites bien pensantes, Mildred avait trouvé la motivation et la force nécessaire pour braver l'inconfort, et assurer sa secrète mission de surveillance. Nul doute que ses critiques et ses courriers acerbes à l'égard de Daisy Mason avaient trouvé un écho favorable au Ministère. Nul doute que Leopold Marchebank voulait révolutionner un système ancestral et poussiéreux. Ce suicide tombait à pic, à l'heure où Poudlard devait se redresser. Nul doute que Peter Virtanen n'avait pas été choisit par hasard, et qu'il répondait aux attente de celui qui tirait toutes les ficelles du Monde Magique. L'affreux clientélisme et la maudite bienveillance scolaire allaient afin pouvoir s'achever pour laisser place à un système éducatif en adéquation avec les exigences d'une société magique résolument moderne. Mildred savait également qu'elle pourrait tirer son épingle du jeu, et qu'elle aurait assurément un rôle à jouer. Mais lequel?

Plutôt que de s'appesantir sur la question, l'attention de la fourbe romancière se reporta sur celle dont elle désirait sournoisement piquer la place de reine des Poufsouffle. Non pas que ce rôle lui plaisait, bien au contraire... Les enfants la répugnait, autant que le salaire minable et le confort vétuste de Poudlard. Pourquoi s'encombrer d'une aussi fade promotion, alors qu'elle était à la tête d'un véritable Empire commercial? Pourquoi devenir la reine des blaireaux, quand on était déjà une star adulée? Les fondements de cette étrange motivation, résidaient dans une revanche purement personnelle. Quel que soit son succès, l'intelligentsia bienpensante du Monde Magique l'avait toujours méprisée. Encore aujourd'hui, les élites littéraires qualifiaient ses écrits de vulgaires et racoleurs. De manière pernicieuse, Daisy Mason n'avait cessé de lui rappeler également qu'elle avait été jadis une élève médiocre, à qui l'on avait laissé sa chance. Mildred était ulcérée que l'on puisse la rabaisser au commun des mortels. Dans le but purement égoïste de flatter un égo meurtri, voila pourquoi Mildred voulait obstinément s'offrir le scalp de cette petite peste rousse, incarnant beaucoup trop les complaisances népotiques du passé.  

Thelma Corrigan... Si jeune et si douée dans l'art magique. Siégeant au sein du conseil d'administration, cette petite punaise était assurément l'une des plus loyales et fidèles alliées de feu Daisy Mason. Mais avec les bouleversements salvateurs de cette rentrée, le clientélisme d'hier n'était désormais plus d'actualité. Les lignes allaient changées. Car au delà de ça, la trop grande bienveillance de Thelma, et son souci perpétuel d'assurer l'indépendance de l'école magique vis à vis du pouvoir politique pouvait devenir une contrainte et ne correspondait pas aux attentes du nouveau directeur, Peter Virtanen. Si Poudlard voulait retrouver de sa noblesse et de son prestige perdu, et rejoindre l'esprit du Nouveau monde imaginé par le glorieux Leopold Marchebank ; Elle se devait d'oublier cette maudite éthique humaniste des bien-pensants, et réduire l'influence de ceux qui nourrissaient l'utopie. Voila pourquoi, Thelma Corrigan se devait de perdre de ses responsabilités pour séjourner rapidement dans un placard à la mesure de ses errements du passé...  

Mais la petite poule rousse ne semblait pas décidée à se laisser abattre et cuisiner à la sauce Mildred Magpie. Au contraire, c'est elle qui prit la parole pour prendre totalement à contre-pied la romancière calculatrice, dont les dents rayaient déjà le plancher de Poudlard. Les remarques aiguisées de la vile sorcière de Bristol, qui n'avaient pour finalité que de la déstabiliser dans son for intérieur, n'eurent pas l'effet escompté. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Thelma Corrigan s’élança dans de vibrantes éloges à la mémoire de la regrettée Daisy Mason, tout en faisant preuve d'une incroyable dignité quand elle aborda son sentiment de culpabilité. Bien qu'elle se sentit dans l'obligation d'arborer un visage compatissant, les lèvres de Mildred Magpie se pincèrent de dépit. Assurément affligée, Thelma Corrigan n'était pas pour autant abattue... Au contraire, elle en devenait presque touchante.

Quand elle s'adressa directement à la romancière pour lui exprimer son désir de soutien dans cette rude épreuve ; Une vague de pitié et de sympathie vint déferler sur la plage hypocrite et rancunière des pensées de Mildred Magpie. L'infâme milliardaire en oublia presque le plaisir sadique qu'elle éprouvait à tirer sur les ambulances. Au contraire, un vent de compassion la poussa à lui offrir son secours :

"Thelma... Sachez que si vous avez besoin de parler ou de trouver du réconfort dans cette tragique épreuve, ma porte vous sera toujours ouverte... "

Merlin! Que venait-elle de dire? Pourquoi tendre la main à cette jeune garce qui avait très certainement poussé Jonah à lui coller un procès aux fesses!? Comme aspirer de l'intérieur, les joues de Mildred se creusèrent d'indignation, au point qu'elle se sentit dans l'obligation d'ajouter un peu de piment à ses propos trop tendres.

"Malgré cette douloureuse épreuve, je suis bien décidée à m'investir plus en profondeur dans l'avenir de cette école. Que ce soit intellectuellement ou financièrement. Sachez également que je suis entièrement disposée à vous soulager de quelques unes de vos responsabilités... "

Avec douleur, Mildred Magpie posa une main sur son opulente poitrine, comme si un archer venait la pourfendre d'un trait.

"Sachez que moi aussi, je perds une amie incroyable en la personne de Daisy. Jamais je n'oublierai le jour, où elle m'avait implorée de la rejoindre dans son projet pédagogique et artistique pour Poudlard. C'était à la fois si gratifiant et motivant... "

De la pointe de sa serviette, Mildred fit mine d'éponger une larme factice, avant d'ajouter un nouveau mensonge :

"La dernière fois que je me suis entretenue avec elle, je sais que Daisy nourrissait de grands projets concernant ma personne, notamment pour cette rentrée... Malheureusement, ses intentions se sont à jamais envolées avec elle... Mon Dieu! Cela me fend littéralement le cœur. "

Parfois, pour aspirer à de grandes choses, il était judicieux de faire parler et chérir les morts. Quitte à bouillir intérieurement, Daisy deviendrait son amie de toujours, et trop rapidement disparue. Une énième et abjecte comédie qui sied à merveille à la sorcière sans scrupule. Toutefois, quelque chose chagrinait profondément Mildred Magpie dans l'attitude de Thelma. Était-ce le fait de voir la directrice de maison jouer la carte du rapprochement avec Peter Virtanen? Si la sorcière à scandale avait été plus douée dans l'art du duel magique, elle aurait bien arraché la main compatissante de cette immonde petite poule rousse qui osait venir se poser délicatement sur l'avant-bras du nouveau directeur. Placée en bout de table, l'intervenante artistique et calculatrice se trouvait bien trop loin de l'épicentre de sa promotion. Nul doute que si elle s'était retrouvée à la place stratégique de Thelma, ce serait elle qui à l'heure actuelle lui caresserait chaleureusement le bras en signe de réconfort. C'était injuste! Mais au delà de ça, ce qui effrayait encore davantage Mildred était le fait d'être dans l'incapacité totale de cerner l'attitude de Thelma et son degré de sincérité. Par la barbe de Merlin : Mais à quoi jouait-elle?  


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Virgil Forbes
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeDim 10 Mar 2019 - 11:38
Les souliers des élèves martelaient le hall  de l’école et un joyeux brouhaha retentissait au pied des escaliers de marbre là où le flux était ralenti, à l’entrée de la Grande Salle. Pressés les uns contre les autres, les conversations allaient bon train mais  la voix sonore de Damon Drop se détachait nettement :

«  Si Adarsh Rampal n’avait pas voté contre moi j’aurais pu gagner les 1000 gallions ! »
« Ouai, enfin, tu t’es fait éliminer de Koh Mantra au bout d’une semaine et demi Damon… »
Kasya roula des yeux et coula un regard entendu en direction de Virgil qui s’empressa de surenchérir.
« Rends toi à l’évidence, personne ne te supporte… »
«  A part nous…Et encore. »
« Ça dépend des jours. » ajouta Phil en masquant à grande peine un sourire moqueur.
« C’est ça, foutez vous de moi. En attendant, aucun d’entre vous n’est devenu égérie pour une célèbre marque de cosmétique ! »
« C’est vrai qu’on a tous très envie de prêter notre image pour du dentifrice. » ironisa Virgil, les yeux mi-clos, l’air blasé.
« Une potion de blanchiment dentaire. » rectifia Damon.
« Du dentifrice. »
«  Moi, au moins je n’ai pas des dents jaunies par le tabac… » souffla le sportif avant d’afficher un large sourire clinquant. Les quatre amis débouchèrent sous le plafond magique tristement nuageux en ce jour de rentrée et se dirigèrent instinctivement vers la table de Gryffondor pour vivre la dernière répartition de leur scolarité. Heey ! Salut les beautés !  s’exclama Damon en avisant Maeva et Lisa, il s’installa à côté d’elles et fut rapidement imité par le reste du groupe.

« Ma petite Maeva Préfète en Chef ! Qui l’aurait cru ! »
Kasya enlaça sa camarade et déposa un baiser sonore sur sa joue, Montre un peu cette insigne, elle attrapa le badge entre son pouce et son index et le fit miroiter à la lueur des chandelles, …. Merlin. Succéder à Emma Blackbonnes et Marlène Barclay quelle classe ! plaisanta-t-elle avec un vague  sourire mesquin. Elle laissa échapper un léger rire et reprit plus sérieusement, Non, en vrai, je suis fière de toi, pour une fois Mason a fait un bon choix ! »
-D’ailleurs elle est où ?  s’enquit Phil. Il se tordait le cou depuis sa place pour tenter d’apercevoir la directrice de l’école.

Virgil avait bien évidemment remarqué l’absence de la directrice puisque son premier regard, dès son entrée dans la Grande Salle, avait été pour la table des professeurs qui regroupait les individus qu’il aimait le plus au monde.

Ironique ? Si peu.

Son père y était déjà installé, bien sûr. Expression fermée et sévère imprimée sur son visage, signe qu’il était contrarié. Pour changer. L’agresseur de Casey n’avait pas été retrouvé par la PM et cela le tenait en soucis depuis plusieurs jours. Virgil avait bien une petite idée sur la personne qui avait commandité cet acte malveillant et elle se trouvait justement à l’exact opposé de son paternel. A l’autre extrémité de la tablée l’infâme Mildred Magpie trônait un peu trop fièrement à sa place. Elle pavanait comme un paon mais ressemblait davantage une oie engraissée à quelques semaines des fêtes de Noël. Son contrat en tant qu’intervenante artistique avait été renouvelé en dépit du scandale sexuel qui l’avait éclaboussé cet été.  Quand à  Thelma et au Professeur Mason, Virgil avait remarqué qu’elles n’étaient pas encore arrivées. Sans doute devaient-elles être en train d’échanger les derniers potins dans les couloirs du château comme deux adolescentes contentes de se retrouver après les vacances, estimait-il.

« Corrigan n’est pas là non plus ! » constata Damon à son tour en se hissant légèrement sur son séant, Virgil qu’est-ce que tu as encore fait à Belle-Maman ? »
La petite bande avait prit l’habitude d’appeler Thelma ainsi depuis l’été.
«  Belle Maman ? J'ai lesté son corps et je l'ai poussé dans le lac, répondit-il d’un air tranquille, avouez, on rêve tous d‘avoir Adarsh Rampal comme nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal. »

Comme pour contrer ces propos, Thelma pénétra à ce moment dans la Grande Salle suivi de près par une vingtaine de petits écoliers visiblement impressionnés. Virgil observa de haut en bas la copine de son père et la trouva un peu tendu.  Les septièmes années  échangèrent des regards circonspects – n’était-ce pas à Virtanen de conduire la répartition ?- mais ils reléguèrent vite cette interrogation au second plan pour  se livrer à leur jeu favori, se moquer des premières années.

« Lui il nous le faut chez Gryffondor. »
« Pourquoi ? »
« T’as vu sa coupe de cheveux ? On a besoin d’une nouvelle brosse à chiotte. »
« Damooon… »
« Merde… Les Serpentard  nous l’ont piqué. »


Virgil écoutait d’une oreille distraite les messe-basses de ses amis. La cérémonie n’avait que peu d’intérêt pour lui et il s’était tourné légèrement pour observer ses camarades assis dans son dos. Casey était installé à la table des Poufsouffle. Bien qu’il soit entouré de ses camarades de dortoirs, il semblait seul et désemparé. Il portait un épais bandage autour du bras qu’il tentait vainement de cacher dans les manches larges de sa cape.  Casey  avait fait jurer à ses frères et son père de ne pas évoquer son agression auprès des autres élèves. Officiellement, il s’était brisé le poignet en tombant et les Forbes étaient les seuls à savoir ce qui se cachait réellement sous ce pansement.
Un peu plus loin, à la table des Serdaigle, les membres du club des arts faisaient grise mine. Marceau Foyotsky et Noor Von Salisbury encadrait un Curtis Montgomery transformé. Un sourire serein éclairait son visage juvénile et il couvait d’un regard bienveillant toutes les nouvelles recrues de sa maison. Noor et Marceau avaient visiblement bien du mal à reconnaitre leur ami…
Chez les Serpentard, Sasha Benson avait pris place non loin de Gaby. Ce dernier fanfaronnait en chuchotant des conseils aux nouveaux Serpentard usurpant, sans s’en rendre compte, le rôle des préfets. D’ailleurs, en parlant de Préfete, Virgil se tourna un peu plus pour chercher du regard Nelly à la table des vert et argent. Il ne l’avait pas vu aujourd'hui, ni sur le quai, ni dans le train puisqu’il était resté enfermé dans son wagon avec ses amis. A vrai dire, Virgil ne savait pas trop où il en était avec la jeune femme. Ils avaient correspondu assez régulièrement durant l’été –échangeant surtout des âneries-  mais il était bien incapable de mettre un mot sur le type de relation qu’ils entretenaient aujourd’hui. Allaient-ils poursuivre leurs séances d’entrainement à la légilimancie et l’occlumancie maintenant que Virgil allait suivre des véritable cours par un Traqueur de Conscience de Skye ? Leur relation amicale allait-elle de nouveau déraper vers autre chose ? Virgil n’en avait aucune idée et il avait décidé de se laisser porter et de voir ce que l’avenir allait lui réserver… Pourquoi se prendre la tête ?

« Hé Virgil, vise un peu la gamine sous le choixpeau ? C’est pour nous ou pas ?»
L’adolescent interrompit ses recherches pour pour reporter ses yeux cernés sur la fillette assise sur le tabouret posé sur l’estrade.
« J’espère pas, commenta-t-il, Vous avez  vu l’épaisseur de ses lunettes ? De vraies loupes. Tu la mets devant la fenêtre un jour de beau temps et elle te fait cramer la salle commune, direct. »


Les quatre amis poursuivirent leur échanges jusqu’à la fin de la répartition mais ils ne purent plus ignorer l’absence de la directrice davantage. Lorsque Virtanen se leva pour prendre la parole, ils firent comme tous les autres élèves de l’école et tendirent l’oreille pour obtenir enfin une explication sur ce retard inexpliqué, explication qui ne tarda pas à venir de la bouche même du sous-directeur.

« Le Professeur Mason nous a tragiquement quitté cette nuit. »


« Quoi ? »
s’exclama Kasya en se tournant vivement vers Virgil, Elle est …morte ? »
L’adolescent laissa passer plusieurs longues secondes de silence, le temps que son cerveau enregistre cette donnée. C’était si…inattendu. Si surprenant. Virgil ne parvenait pas à ressentir autre chose que de l’étonnement face à cette nouvelle.
Il semblerait… souffla-t-il alors,  On quitte rarement les siens tragiquement pour aller faire des courses.
Il n’avait même pas voulu blaguer mais la question de son amie était si stupide que la réplique lui était sortie comme ça. « Tragiquement quitté. » C’était typiquement le genre de belle formule métaphorique qu’il haïssait.  Passer de vie à trépas, être prit par la faucheuse, rejoindre un monde meilleur… Ce langage verbal politiquement correct lui sortait par les yeux.
-Tu le savais ? » dmanda Kasya, visiblement ébranlée.
« Non. »
« Ton père ne t’a rien dit ? »
«Non je te dis.
Virgil eut un coup d’œil pour son père dont l'expression n'avait pas changé depuis tout à l'heure puis il reporta son attention sur  son Pear One. Il pianota   les mots «  Mason Mort » -oui, il n’y allait pas par quatre chemins, lui- et parcourut les réponses du moteur de recherche comme pour se faire confirmer cette information par twitcher.
« Et toi tu le savais ? s’enquit vivement Kasya en reportant son attention sur Maeva, ton beau-père t’en avais parlé ? »
« Chhhuut ! » intervint Phil « C’est la minute de silence. »

Tandis que les autres élèves se recueillaient, Virgil tentait tant bien que mal de trouver discrètement des informations sur la mort de leur directrice. Damon avait sortit son propre Pear Two pour faire de même et ils attendirent la fin de la minute pour croiser leurs recherches.

« Rien sur le twitcher de Poudlard. »
« Ni sur celui du gouvernement…Et l’instamag des filles Mason est privé. »
« A votre avis elle est morte de quoi ? Elle était jeune quand même… » souffla Philip, visiblement assez ébranlé.
« Un accident sans doute ou elle s’est peut-être fait attaquer  par une terroriste du genre de McGowan. »
« Phil, ton frère bosse bien à la morgue de St-Mangouste ? Envoie-lui un message pour savoir. »
« Et demande lui une photo en même temps. »
« Putain Damon mais arrête ! Un peu de respect quand même ! persifla Kasya en poussant toutefois Philip du coude pour l’enjoindre à se presser. L’adolescent pianota un message et tout le petit groupe attendit la réponse dans un silence religieux. Le Pear ne tarda pas à vibrer en retour et Philip blêmît avant de lire la réponse de son ainé.
« L’info devait rester confidentielle jusqu’à ce que l’annonce nous soit faite,  à nous les élèves de Poudlard… expliqua-t-il avant de déglutir, elle a fait une DBD. Elle s’est jeté du haut de la tour d’Astronomie.»

Cette révélation fut accueillit diversement. Virgil ne bougea pas d’un pouce, Kasya porta ses mains jointes devant sa bouche quand à Damon il grimaça d’un air dégouté.

« Bwark !J’espère qu’ils ont tout bien nettoyé. »

La cadet des Forbes ne releva pas la remarque de son ami. Il se contenta de taper un rapide message sur son Pear qu’il replia sur lui-même avant de se pencher légèrement pour interpeler Maeva :

« Préfète en chef et belle-fille du nouveau directeur de Poudlard… Tu prends du grade cette année Hellsoft. »


La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] T87uLa couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] LkqrLa couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] 2zer
Jonah Forbes
Jonah ForbesDirecteur de Serpentard
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeMer 13 Mar 2019 - 9:05
Une épreuve ? Pire. Un calvaire. Voilà un terme qui  résumait parfaitement ce banquet de rentrée même si rien ne laissait penser que Jonah puisse être en train de vivre un moment particulièrement difficile. Il avait l’air simplement un peu plus sévère qu’à l’accoutumé. Sa ride du lion creusait son front et son traditionnel sourire bienveillant avait cédé la place à une moue plus austère. Il ne tenait pas à laisser apparaitre sur son visage les signes  d’un trop grand abattement si bien qu’il se refusait à  détendre les muscles de son front et de sa mâchoire. Il ne tomberait pas le masque devant tous ses élèves, ni devant ses collègues, ne souhaitant pas  révéler au grand jour toute l’étendue de ses émotions.
Contrarié, il l’était –qui ne le serait pas après le décès brutal d’une collègue de travail ?- mais il ne voulait pas que tout le monde devine à quel point il était en colère et inquiet.

Un suicide ? Pure foutaise.  Macabre mascarade…

Daisy les avait réunis, Thelma, Neville et lui, à peine trois jours plus tôt pour leurs parler de son entretien avec le Ministre. Elle leurs avait expliqués que Marchebank comptait les former à la délation avec l’aide de la Milice et elle avait enfin fait le choix de s’organiser contre cette ingérence. Elle était prête. Prête à prendre le parti de la résistance. Après une année entière à tergiverser, elle avait fait son choix.

Choix qui lui avait, de toute évidence, couté la vie.

Jonah n’avait pas eu  l’occasion d’échanger quelques mots en privé avec Thelma et Neville depuis le matin mais leurs regards en disaient long : ils partageaient tous les trois la même certitude. Il s’agissait d’un coup monté visant à asseoir l’autorité du Ministère sur Poudlard.

En coupant la tête de l’école, Marchebank envoyait un message fort au reste de l’équipe pédagogique. Cherchait-il à tuer dans l’œuf tout esprit de rébellion de la part du corps enseignant ? Les professeurs étaient-ils déjà soupçonnés de collaborer avec la résistance ? Jonah estimait avoir été prudent jusque là, il n’avait rien fait de répréhensible en soit   et il était même un acteur essentiel du  rapprochement entre l’école et le Ministère par le biais des stages en entreprise. Il ne s’était jamais rendu au QG du LEXIT. Il lisait avec intérêt les journaux clandestins, certes,  mais il n’avait pas cherché une seconde à les diffuser. Ils avaient évoquer des projets pour protéger les élèves avec Thelma mais au final ils n’avaient rien mi en place de concret tous les deux.
En vérité, Jonah était resté relativement passif mais, avec la mort suspect de Daisy, on le mettait aux pieds du mur. A la croiser des chemins. Il était dorénavant obligé de prendre position clairement. Franchement.

Faire le dos rond et se laisser terroriser, ou résister activement.

Pour Jonah, le choix avait été vite fait. Il refusait que ses fils grandissent dans un monde régit par la terreur. Il s’était battu pour faire entendre ses droits de lycanthrope vingt ans plus tôt et il était prêt à reprendre les armes aujourd’hui avec la même force de conviction saupoudrée, cette fois,  de sagesse.

Le regard de l’enseignant se perdit en direction de Peter qui semblait particulièrement abattu ce soir.
Marchebank avait-il placé un homme de confiance à la tête de l’école ou une simple marionnette du sytème ? L’avenir le leur dirait…

Un visage anguleux et une tignasse rousse se détachèrent alors derrière le profil de Peter. Magpie. Elle avait pris place à l’exact opposé de lui, de l’autre côté de la tablée. Qu’elle soit présente ce soir à la cérémonie de répartition était l’ultime affront que le gouvernement puisse faire à l’équipe pédagogique : Daisy ne foulerait plus jamais les pavés de la Grande Salle et Mildred était installée éhontément à la table des professeurs. Pire même, elle cherchait de  toute évidence  à fragiliser Thelma. Mais c’était sous estimer la directrice des Poufsouffle  de penser qu’elle ne prendrait pas la pleine mesure de ses actes.
L’équipe pédagogique avançait sur un terrain miné ou chaque faux pas pouvaient être fatals. Ils en avait plus que jamais conscience et Thelma répondit aux provocations de Mildred avec un sang-froid remarquable.

Aujourd’hui, s’opposer à Magpie revenait à s’opposer à Marchebank. Jonah avait été stupide de penser qu’il pourrait la bouter hors de Poudlard en utilisant la voie légale. Lorsqu’il l’avait accuser de révéler dans la presse des éléments confidentiels issus des dossiers scolaires d’élèves mineurs, il pensait sincèrement obtenir gain de cause. Mais c’était sans compter avec les soutiens très haut-placés de la romancière.

Le terme « Justice » ne voulait plus dire grand-chose dans ce pays corrompu et ils allaient devoir se débrouiller seuls pour garantir la protection des élèves. Pleinement conscient de la lourde mission qui l’attendait, Jonah parcourut la salle des yeux. Son regard chercha Curtis Montgomery et son cœur se serra lorsqu’il découvrit l’adolescent qui arborait un sourire paisible. Poudlard avait reçut une lettre, frappée du sceau de la Justice Magique, annonçant la réintégration en cours de cet élève. « Après un examen et une enquête approfondis, nous sommes en mesure d’assurer que l’élève Montgomery Curtis, scolarisé en septième année Serdaigle ne représente pas un danger pour la sécurité du pays. Il peut donc réintégrer son cursus scolaire initial. »

Ils avaient échoué à protéger Curtis. Cela ne pouvait plus se reproduire.

Jonah reposa sa fourchette dans son assiette à moitié terminée et s’essuya les lèvres avec un coin de sa serviette.

Ils devaient s’organiser, plus que jamais, et ne pas céder à la peur que Marchebank distillait insidieusement dans leurs veines en tuant et torturant leurs semblables.

L’enseignant s’accouda sur la table et se tourna légèrement sur le côté pour observer sa voisine, Rachelle. Avec Thelma, ils avaient souvent parlé d’elle comme d’une potentielle recrue pour la résistance. Même si elle n’avait jamais eu aucun propos contre le régime elle semblait digne de confiance. Etait-ce suffisant pour tenter une approche frontale ? Clairement non. Et encore moins depuis la mort prématurée de Daisy. Mais… Peut-être…

Quoiqu’il en fut, Jonah ne désirait pas s’entretenir avec elle à ce sujet –du moins, pas ici, à quelques mètres seulement de Magpie et de Virtanen- Il avait une autre requête, tout à fait personnelle, à lui faire.

« Dis moi Rachelle, est-ce que je pourrai passer à l’infirmerie ce soir après le banquet avec Casey ? » s’enquit-il en se penchant légèrement vers elle.  «  Il a eu un coup dur juste avant la rentrée. » expliqua-t-il alors. Il savait que son fils refusait d’en parler mais Jonah était bien obligé de mettre l’infirmière dans la confidence. «  Il s’est fait agresser par un homme sur le Chemin de Traverse et il a un pansement à changer tous les jours. » Jonah hésita un instant avant de poursuivre « Et puis, il est un peu dans le déni par rapport à cette agression. Il ne veut pas que ses camarades soient mis au courant, ni ses professeurs, rien, Jonah poussa un soupir et les traits de son visage s’affaissèrent légèrement sous le coup d’une inquiétude toute paternelle,  Tu le connais, il est plutôt effacé comme garçon, il refuse de se faire remarquer de quelque façon que ce soit… Tu penses que tu pourrais en parler un peu avec lui ? » demanda-t-il alors, Et si tu as des conseils à me donner, je suis preneur. »

Casey n’avait clairement pas le contact facile, même avec son propre père. Jonah espérait que Rachelle pourrait l’aiguiller ce soir, et qui sait, peut-être qu’ils en viendraient à parler d’un tout autre sujet…


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Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeDim 17 Mar 2019 - 21:25
C’était les premières vacances d’été qu’elle passait sans voir sa mère. Maeva avait fait ce constat quelques jours avant la rentrée, réalisant avec un effroi teinté de fatalité qu’elle s’était habituée à l’absence de Chloé dans sa vie. Il y avait toujours la douleur, lancinante, mais elle avait appris à composer avec. Ce n’était pas parfait ; hier encore, elle avait passé deux heures à faire des recherches sur son Pear, à l’affut de la moindre information. Evidemment, elle n’avait rien trouvé, aucun indice, aucun signe, rien à part des portraits officiels du ministère, signalant qu’ils recherchaient activement Chloé Hellsoft.

Lorsque sa mère avait disparu, il lui aurait paru insurmontable de passer deux mois entiers sans la voir et sans savoir où elle était. Tant qu’elle était encore à Poudlard, elle avait l’esprit suffisamment occupée pour ne pas se laisser submerger par la colère, la tristesse et la déception, mais elle avait craint que, une fois seule, tous ces sentiments l’envahissent sans relâche.

Elle avait, finalement, passé d’agréables vacances ; bien sûr noircies par cette situation – elle avait des sautes d’humeur parfaitement terrifiantes – mais elle avait passé de bons moments. Elle était partie quelques jours avec Eden et Felicity, dans les Highlands. Elle avait appris deux heures avant de partir que son père, retenu au dernier moment pour une sombre histoire de travail, ne pourrait pas se libérer pour venir avec elles. Lorsqu’Eden avait appris la nouvelle, un mélange de déception et de soulagement s’était peint sur son visage. Maeva avait capté brièvement son regard avant qu’Eden ne masque ce sentiment pour la presser à partir. La jeune fille avait râlé pour la forme, mais les quelques jours passé en compagnie de sa belle-mère s’étaient déroulés parfaitement, sans l’ombre de James Smith, qui venait généralement noircir le tableau familial. Elle était partie une semaine avec Peter et Lou, également, en Finlande, où son beau-père était originaire. Les paysages grandioses qui s’étendaient à perte de vue avaient eu don d’apaiser les deux sœurs, qui connaissaient toutes les deux depuis quelques mois un sommeil agité. Lou était victime de terreur nocturne depuis plusieurs semaines maintenant et se réveillait régulièrement en hurlant. Personne ne connaissait la source de ces crises, et personne – ni même Rachelle – ne savait lorsqu’elles cesseraient enfin. Maeva, qui, chaque nuit, peinait à trouver le sommeil, se retrouvait parfois à dormir avec sa petite sœur, espérant faire bénéficier à Peter de quelques heures de sommeil en plus ; bien que les cernes sous ses yeux ne la dupaient pas quant à la qualité du sommeil du professeur.

Outre ces vacances en famille, Maeva avait partagé son temps entre Poudlard, où résidait Peter et Lou et la banlieue Londonienne où vivaient son père, Eden et Felicity. Elle était partie une semaine à Brighton avec Noah et, là-bas, le temps avait été semblable à son moral : sans aucun nuage. Elle avait complètement déconnecté du monde sorcier et de son contexte anxiogène, pour retrouver son petit-ami et passer sept jours complets à n’écouter que leurs envies et à se chamailler sur des choses aussi banales que de savoir s’il était raisonnable de manger une glace juste après le petit-déjeuner (moralité de l’histoire : évidemment, car le soleil tapait déjà suffisamment fort pour qu’ils aient envie de se rafraichir avec un dessert sucré).

C’était tout de même avec un petit plaisir qu’elle avait retrouvé les bancs de Poudlard pour sa septième et dernière année dans les murs du château. Son badge « Préfète-en-Chef » fièrement épinglée sur sa poitrine, Maeva était assise à côté de Noah et de Lisa, mais ils furent bien vite rejoints par Virgil, Damon, Phil et Kasya qui prirent place à côté d’eux.

« Mais qui es-tu, toi, Damon, pour t’adresser ainsi à nous ? » commenta Maeva lorsqu’il les salua d’un « Salut les beautés ! ». Elle croisa le regard malicieux de Kasya et esquissa elle-même un sourire en avisant l’air renfrogné du jeune homme.
« Oh, mais ne fronce pas tant les sourcils… » souffla Lisa en roulant les yeux. « Tu vas devenir l’effigie d’une crème antirides sinon. »

Il n’en fut pas plus aux deux camarades pour commencer à se chamailler joyeusement, tandis que Kasya saisissait son insigne de Préfète-en-Chef pour la féliciter.

« Je saurai leur succéder dignement. » répliqua Maeva avec un sourire en coin, échangeant un regard avec Noah ; lui savait qu’elle était loin – très loin – d’être aussi organisée que Barclay ou Blackbonnes. Mason avait peut-être confiance en ses capacités à se faire respecter des autres élèves, mais elle allait devoir sérieusement apprendre à créer un planning avant que le chaos ne s’abatte sur Poudlard…

L’absence de Daisy Mason ne tarda pas à se faire remarquer, et quelques coups d’œil intrigués furent jetés en direction de l’estrade par des élèves curieux, dont la curiosité fut bien vite détournée par l’arrivée du professeur Corrighan avec les premières années, absolument émerveillés par la Grande Salle.

« Bizarre… » souffla Maeva en se penchant vers Noah. « C’est Peter normalement qui mène la Répartition. »

Elle le chercha des yeux sans parvenir à accrocher son regard mais sentit un léger sentiment de malaise s’emparer d’elle. Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter pourtant, aussi Maeva préféra repousser cette sensation pour se concentrer sur la Répartition. Elle n’eut toutefois pas le cœur de la commenter avec ses amis, applaudissant et félicitant seulement les jeunes qui étaient répartis à Gryffondor et qui se tournaient vers elle, mille questions dans les yeux. Quelque chose n’allait pas, réalisa-t-elle en observant fixement Peter. Elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus, mais elle le sentait.

Daisy Mason était morte, réalisa-t-elle avec effroi à l’annonce de Peter. Elle fronça les sourcils, secoua doucement la tête de gauche à droite et glissa un regard vers Noah.

« Non, j’savais pas non plus. » chuchota-t-elle en se levant pour exécuter la minute de silence requise par Peter.

Le silence s’abattit sur la Grande Salle, où les élèves, debout, gardaient respectueusement les yeux rivés sur le sol – ou sur leur Pear, comme le constata Maeva en avisant Damon et Virgil. Elle détourna le regard pour fixer le bord de la table avec intensité, le cœur serré par la nouvelle qu’elle venait d’apprendre. Elle connaissait Daisy Mason depuis très longtemps – tout comme les autres professeurs : c’était le lot des enfants qui grandissaient dans l’enceinte de Poudlard. Elle n’avait jamais été particulièrement proche de la directrice, mais elle louait sa bienveillance et son attitude.

Lorsque la minute de silence fut terminée, Maeva observa Peter regagner le siège de la directrice de Poudlard… Qui était désormais le sien. Car Peter était devenu le directeur de Poudlard. Elle s’assit sur le banc des Gryffondor, les yeux fixés sur son beau-père

« Damon, abuse pas… » intervint Maeva en dardant sur lui un regard noir alors qu’il pressait Phil pour que sa sœur, qui travaillait à la morgue, leur envoie une photo du corps du professeur Mason. Elle s’apprêtait à se désintéresser de la conversation pour trouver elle-même des informations sur les circonstances de la mort de Daisy, lorsque le ton de Phil lui fit relever la tête, les sourcils froncés dans une expression inquiète. Elle se figea à son annonce, les yeux agrandis par la surprise et par l’horreur. Une DBD ? Depuis la Tour d’Astronomie ? La jeune fille déglutit avec difficulté.

« Je ne la voyais pas du tout faire ça… » souffla-t-elle à Noah, triturant sans s’en rendre compte sa serviette posée à gauche de son assiette.

La remarque de Virgil, un peu plus tard, lui fit pivoter la tête vers lui.

« Tu m’as appelé comment ? » le reprit-elle en haussant les sourcils.
« Elle a pris suffisamment de grade pour te coller en retenue tous les samedi de ta dernière année. » intervint Lisa.
« Je n’ai aucune raison de coller Virgil, il nous doit déjà obéissance pour toute l’année il va ainsi être parfaitement sympathique et agréable, n’est-ce pas ? » fit remarquer Maeva, approuvée par Kasya d’un hochement de tête.


Shake it out
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Crispin Dérébusor
Crispin DérébusorPrisonnier de Skye
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeLun 18 Mar 2019 - 9:32
Telle une vieille fusée aux réacteurs défectueux, le visage enfariné de Crispin décolla péniblement de la surface de son bureau. Quel était donc l'origine de ce vacarme de tout les diables!? Était-ce le grognement d'un ours qui venait de l'extirper des bras des Morphée? Où pire la chute d'une météorite au bas de sa tour? D'ailleurs était-ce bien sa tour d'astronomie? Le regard perdu du légendaire Crispin Dérébusor parcourut un instant l'espace à la recherche d'indice matériel, susceptible de l'aiguiller sur l'endroit où il se trouvait. Le dernier vestige de son sommeil réparateur résidait dans un mince filet de bave reliant encore sa bouche pâteuse à la carte astronomique sur laquelle il venait de s’effondrer la veille. Dieu tout puissant, mais oui! Il était bien dans sa bonne vieille tour d'astronomie! Tout redevenait subitement si limpide dans son esprit embrouillé, alors qu'il se souvenait avoir travaillé d'arrache-pied toute la nuit pour dresser une carte géomorphologique précise du sol martien. Pour qui, pour quoi? Pourquoi diable devrait-il davantage se creuser les méningites, tant sa priorité actuelle allait dans l’exécution de ses exercices de gymnastique matinaux. Clopinant en direction de sa fenêtre ouverte en direction de l'Est, il s’apprêtait à réaliser sa salutation au soleil, quand oubliant subitement les raisons de ce court trajet, il s'arrêta net. Se grattant la tête avec perplexité, il décida de se diriger vers l'immense carte stellaire sur laquelle un petit pense-bête n'attendait que ses doigts osseux...

Heureusement qu'il pensait à tout, et surtout qu'il notait tout! Crispin décrocha le petit message pour en parcourir le contenu. "... se rendre dans la grande salle, pour la cérémonie d'ouverture... ne pas oublier de saluer le nouveau directeur... Témoigner de sa grande motivation à redevenir professeur d'astronomie... " Et bien en voila un programme chargé! Mais après un long exil dans la solitude du désert d'Atacama, à tenter d’éclaircir les mystères entourant les bruissements de l'univers ; Crispin était plutôt enthousiaste à l'idée de pouvoir se retrouver à nouveau devant une classe d'élève. Avec un peu chance, si cette année scolaire se déroulait bien, il n'aurait aucune chute d'élève à déclarer à Armando Dippet, et surtout il pourrait transmettre sa passion pour l'astronomie à la jeunesse sorcière. Qui sait? Crispin allait peut-être encourager des vocations, et pousser l'un de ses futurs cosmonautes à poser enfin le pieds sur ce maudit sol lunaire! Il serait temps!

Sans perdre une seconde, de peur d'arriver en retard et manquer la cérémonie de répartition, Crispin descendit les innombrables marches d'escalier en spirale qui le conduisait dans les étages inférieurs. Par la pilosité de Merlin, que c'était éprouvant! Autant physiquement que mentalement, l'épreuve était rude pour le vieux professeur sénile. Pour ne point commettre d'impair ; A chaque pallier, il extirpait quantité de post-it de la poche de son pyjama rayé, afin de se souvenir des principales informations concernant ce banquet de fin d'année. A moins que ce ne soit le début d'année? Peu importe... Ce qui a un début à obligatoirement une fin. Et vice versa! Et puis, Crispin Dérébusor savait que l'on lui pardonnerait aisément certains égarements tant il était une figure ancestrale de Poudlard. Après moult efforts, il finit enfin par franchir le seuil de la porte d'entrée, pour se retrouver face à l'immensité verdoyante du parc. Signe d'une pluie soutenue et bien anglaise, l'odeur fraiche de l'herbe pénétra ses narines en étouffe-cierges. Que cette ballade matinale s'annonçait revigorante!

Marchant avec entrain, alors qu'il faisait osmose avec dame nature, Crispin Dérébusor sentit l'ombre d'un doute s'abattre sur lui. Pourquoi diable cherchait-il des champignons, alors qu'il ne s'était point donné la peine de prendre un panier pour les recueillir? D'ailleurs où se trouvaient les coins à champignons? Il farfouilla de nouveau dans sa poche de pyjama trempé, à l'idée d'y débusquer une quelconque information, pour découvrir qu'il faisait fausse route. Crispin se rapprocha alors des murs d'enceinte de l'école, afin de coller son nez sur les immenses vitraux extérieurs qui donnaient sur la grande salle. Malgré leur opacité, il pouvait presque deviner la présence d'une assemblée, et l'endroit où il était sensé se rendre. Sans perdre une seconde de plus, il contourna plusieurs fois Poudlard avant de retrouver cette maudite porte d'entrée. A son âge, on lui excuserait bien d'accuser un léger retard...

Difficile de faire dans la discrétion quand la porte de la grande Salle grinçait aussi prodigieusement sur ses gonds! Crispin leva une main désolée pour s'excuser autant du retard que du fait de perturber l'instant solennel du banquet. Très vite, il alla s'installer en clopinant à la table des élèves Serdaigles. Jouant des coudes pour se faire une place en ce jour de rentrée scolaire, il darda un regard oblique en direction de Curtis Montgomerry.

"Alors Phinéas, elles se sont bien passées tes vacances en Prusse magique...? Tu n'as pas été gêné par le conflit moldu? "

Calme plat. Silence total. Charmant accueil. Aucune réponse, si ne n'est des regards éberlués et moqueurs. Vive l'ambiance de rentrée! Dans un climat aussi délétère, il allait être difficile de penser pouvoir lier des amitiés ou de bénéficier d'entraide  dans l'optique des buses! Mais le centenaire comprit très vite le poids de son erreur, quand se retournant, il vit la tablée des professeurs et une silhouette indistincte lui faire signe de ramener son séant. S'extirpant péniblement de dessous la table bases des élèves, il rejoignit enfin l'endroit exact où il était sensé se retrouver depuis le début. Prenant place, il prit soin de s'excuser pour son retard.

"Je vous prie de m'excuser. Mais vous êtes tous tellement jeunes, que je vous ai confondu par mégarde avec la tablée estudiantine. Encore pardon. "

Que devait-il faire déjà? Ah oui, il devait se tournait vers le bout de table, et féliciter le nouveau directeur d'école de sa promotion. Plissant les yeux en direction de l'une des extrémités de la table, le regard de Crispin se noya subitement dans le décolleté prodigieusement abyssale de l'intervenante artistique, Mildred Magpie. Ce n'était pas des satellites, mais bien deux Jupiter jumeaux qui venait de bloquer le regard lubrique du vieil astronome! Que cela changeait des gants de toilettes de Minerva McGonagall! Peinant à retrouver un semblant de sérieux, et à détourner ses yeux des deux impressionnant monticules ; Crispin finit par saluer et présenter ses vœux de réussite à la nouvelle Directrice de Poudlard.

"Dame Mason, vous semblez en excellente forme. Sachez que j’irradie de bonheur à l'idée d'être à votre service. En temps que fin astronome, férue de vols spatiaux ; Je n'ajouterai qu'une chose pour vous encourager dans l'exercice de votre nouvelle fonction de Directrice : Bon vol, madame la directrice! "

L'air satisfait, Crispin s’apprêtait à applaudir ses propres paroles, quand tout à coup il se heurta aux regards de la tablée professorale. Que se passait-il? Il avait une miette de pomme de terre sur la joue? Merlin que cette rentrée s'annonçait ennuyeuse si la jeunesse n'avait pas le sens de la bonne formule! Soudain embarrassé, il tiqua légèrement en signe de perplexité.

"Quoi donc? " se contenta-t-il de dire, alors qu'il réalisait trop tardivement qu'il aurait peut-être dû relire ses petits pense-bêtes.


La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] 1bis10
Virgil Forbes
Virgil ForbesGrande Prêtresse d'Aresto
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeLun 18 Mar 2019 - 18:48
Virgil avait pensé que Maeva oublierait ce pari datant de leur fameux week-end « Koh Mantra-gore ». Il était persuadé au fond qu’elle ne tenait pas particulièrement à se faire appeler « Maîtresse » par Phil, Damon et lui-même durant une année scolaire entière. Qui rêverait de ça, mise à part Damon, bien sûr, qui avait proposé ce stupide gage ?
De toute évidence, la nouvelle préfète en chef -et belle fille du directeur- tenait à ce dernier titre honorifique. Virgil ne comptait pas se défausser, loin de là même. Il espérait bien pouvoir renverser la situation et pousser Maeva à abdiquer un jour ou l’autre par lassitude.
Toutefois, la jeune femme ne semblait pas avoir saisi la nature exacte de son engagement et Virgil s’empressa de le lui rappeler :

« Que je sois quoi ? Sympathique et agréable ? » répéta-t-il comme si ces deux notions lui étaient parfaitement étrangères, cela n’a jamais fait parti du deal, expliqua-t-il paisiblement. Il secoua la tête et coula un regard loin d’être innocent à Maeva, Je ne dois obéissance à personne et certainement pas à toi, Maitresse… »
Le ton était  lourd en sous-entendus tout comme le sourire effronté qu’il lui lança, espérant la mettre mal à l’aise devant son petit-ami.
Elle avait réclamé qu’on l’appelle ainsi ? Soit. Virgil allait s’en donner à cœur joie, et donner systématiquement une intonation lubrique -digne d'un d’adepte de soirée SM- à ce dernier mot. Si, par ce biais,  il avait la possibilité de faire rager le pape de la coolitude –aka Noah Forester- il n’en serait que plus satisfait.

Il en fallait bien peu pour rendre Virgil heureux. L’adolescent esquissa un vague sourire et reporta son attention sur le contenu de son assiette. Son contentement fut toutefois de courte durée tandis qu’il se remémorait sa dernière phrase. Il ne devait obéissance à personne, avait-il dit, mais ce  n’était pas tout à fait le cas, constata-t-il à contre cœur en triant les haricots dans son assiette. Il refusait de lever les yeux en direction de Mildred Magpie. Il ne voulait même pas croiser son regard. En s’attaquant à Casey, elle s’était assurée une forme d’emprise sur lui qui le contraignait, pour le moment, au silence et à une certaine forme d’avilissement. Qu’attendait-elle de lui ? Des excuses ? Des actes de repentance? Allait-elle le faire chanter ? Ou pire s’attaquer une nouvelle fois à son frère ? Il n’en savait rien mais la perspective qu’elle puisse de nouveau s’en prendre à son cadet hantait littéralement Virgil. Il n’était pas habitué à avoir des remords et il ne savait pas vraiment comment gérer ces émotions nouvelles… Généralement, Virgil se contentait de balayer la culpabilité. A quoi bon ressasser inlassablement : Ce qui était fait, était fait. Point.
Pourtant, cette fois, il ne parvenait pas à tourner la page si aisément. La mine fatiguée et triste de Casey lui rappelait chaque jour à quel point il était responsable du malheur de son petit frère et il craignait à chaque minute que Mildred Magpie ne décide de l’atteindre de nouveau par le biais de son cadet.

L’adolescent jeta d’ailleurs un coup d’œil au dessus de son épaule et avisa Casey, assis à sa table. Le cinquième année  n’avait pas touché à son assiette qu’il regardait en silence. Virgil poussa un soupir agacé et attrapa son Pear One pour pianoter un message à l’attention de son frère. S’en suivit un bref échange entre les deux Forbes qui finit par contrarier le Gryffondor. Bon, ok, peut-être qu’il ne savait pas s’y prendre avec Casey. Il était sans doute trop brusque pour lui mais comment lui faire comprendre que se laisser dépérir n’était pas la solution à ses problèmes ? Virgil était la solution. Certes, il n’avait pas encore trouvé comment tirer son frère de là mais il ne laisserait pas Magpie l’atteindre une nouvelle fois. Si pour cela, il devait baisser les yeux devant elle, il le ferait…jusqu’à ce qu’il trouve  un moyen radical, et implacable, pour réparer son erreur et se venger.

« Qu’est-ce qu’il a ton frangin? »
demanda d’ailleurs Damon, particulièrement inspiré pour une fois. Son regard passait de Virgil à Casey assis à la table de derrière.
« Rien, répondit l’adolescent en refermant le clapet de son Pear. Il n’avait aucune envie d’attirer l’attention sur son cadet. Selon la thèse officielle, il s’était foulé le poignet en chutant quelques jours avant la rentrée, Il est triste pour Mason. Virgil roula lentement des yeux, Il en faut peu pour lui couper l’appétit. » ajouta-t-il en piquant les haricots dans son assiette pour les fourrer dans sa bouche. Après quelques instants à mastiquer, il reprit un ton plus haut:

« Quelle idée de se jeter de la tour d’astronomie, franchement ? Il avala sa bouchée et poursuivit, Faut vraiment haïr son job pour se suicider sur son lieu de travail… »
« T’étais sans doute trop chiant. Elle a fait un burn-out en ouvrant ton dossier disciplinaire. » railla Damon.
« Tu rigoles, elle m’aimait bien. » assura Virgil en pointant sa fourchette en direction de ses camarades, visiblement dubitatifs, « Je vous jure. Elle avait rédigé une super lettre de recommandation pour mon stage à Skye. » Virgil se tut un instant. « J’ai jamais compris pourquoi d’ailleurs. »

Qu’est-ce qui avait bien pu pousser Daisy Mason à le soutenir ? Avait-elle vu en lui les qualités d’un bon professionnel ? Estimait-elle qu’il avait réellement les capacités pour intégrer un centre aussi prestigieux que Skye ? Avait-elle été la première à croire véritablement en lui et en ses capacités ? Il avait hésité à lui demander les raisons de son soutien lorsqu’il était allé la voir, quelques jours plus tôt, pour lui ramener  son contrat d’apprentissage signé par Tobias Stern, le traqueur de conscience de Skye. Toutefois, il s’était contenté de rendre sa convention et de repartir aussitôt sans la remercier pour son geste -bien que l’idée lui ait traversé l’esprit un instant- et sans chercher à en savoir davantage.

Au final, il n'aurait jamais la réponse à ces questions.

« Mais enfin Virgil, t’as oublié ? Tu as obtenu une recommandation parce qu’elle voulait juste faire plaisir à ton père pour ensuite se le taper. »

L’adolescent laissa échapper un léger rire tout en secouant la tête. Il était clair que si Daisy Mason avait voulu combler Jonah elle aurait plutôt rédigé un pamphlet à son encontre afin qu’il ne décroche même pas l’entretien d’embauche des stagiaires. Toutefois Virgil n’avait pas à cœur de contredire la version de son ami –qui était nettement plus amusante que ses suppositions- il s’empressa donc d’abonder dans son sens.

« C’est vrai mais Belle-Maman a été plus rapide… » poursuivit-il, faussement fataliste.

« Ça va être compliqué d’être dans les petits papiers du nouveau directeur. Virtanen est quand même moins cool que Mason. » remarqua Kasya.
« J’aurai peut-être du bosser un peu plus mes cours de runes… » admit Virgil au moment même où un dernier professeur faisait son entrée dans la Grande Salle.

Bine que son style ait quelque peu changé, les septièmes reconnurent sans mal l’enseignant de leurs jeunes années.

« Crispin Dérébusor ? Mais qu’est-ce qu’il fout là? » s’étonna Phil en se hissant sur son siège comme un suricate alarmé. Il était le seul  élève de leur petit bande à suivre l’option du vieil homme.
« Il est sans doute venu analyser l’astéroïde qui s’est écrasé au pied de la tour d’astronomie. » ironisa Virgil.« Comète Daisy. »
« La comète naine. »
« Nan sérieux. Ce prof est nul et hyper insultant. J’espère que Virtanen ne l’a pas réembauché ! »
« Mais non, regarde, il revient en tant qu’élève… » blagua Damon en voyant l’enseignant s’asseoir entre Curtis Montgomery et Marceau Fayotsky.

L’inénarrable Crispin se rendit visiblement compte de sa bévue puisqu’il se leva pour rejoindre prestement la table des professeurs où il s’installa sous les regards du petit groupe.

« Nan mais j’y crois pas ! Phil avait la tête entre les mains, D’abord Mason et ensuite lui ?! »
« Pleure pas petit âne bâté, souffla Virgil  sur un ton faussement compatissant, Tu ne seras pas tout seul à avoir à le supporter, n’est-ce pas, ...Maitresssse ? » susurra-t-il. Il se pencha  au dessus de la table pour observer Maeva en haussant les sourcils de manière beaucoup trop suggestive.


La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] T87uLa couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] LkqrLa couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] 2zer
Zephyr Von Schwartzberg
Zephyr Von SchwartzbergMagizoologiste
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeMar 19 Mar 2019 - 15:52
Poudlard. Un endroit de savoir et de découvertes que je ne connaissais pas encore mais que j'allais apprendre à découvrir. Comme tout le monde, j'avais entendu beaucoup de choses à son sujet mais ce qui m'avait attiré en premier lieu, c'était la richesse de sa faune et de sa flore. Je rêvais de découvrir les habitants de son lac et de sa forêt depuis qu'on me les avait décrits. C'était Steven, un jeune apprenti que j'avais embauché pour l'été qui m'avait parlé de son école. J'avais tout de suite aimé sa passion et son enthousiasme et je m'étais évertué à lui apprendre ce que je savais.

L'exposition attirait toujours plus de curieux et j'étais ravi de pouvoir offrir aux sorciers anglais un peu d'ouverture d'esprit sur les merveilleuses créatures qui coexistaient à nos côtés. La question était de savoir si je pouvais faire plus encore. La réponse m'était apparue presque sans que je la cherche. Je pouvais déverser mon savoir et mes expériences et quoi de mieux qu'une école pour cela ? Surtout si dans la dite école se trouvait des créatures magiques que je pourrais côtoyer et étudier quotidiennement. Je me voyais déjà partir en expédition dans la forêt interdite ou entretenir de longues discussions avec les êtres de l'eau dans le lac.

Assis à la table des professeurs, je tentais de me rassurer en me répétant que l'enclos de Gloria, l’Éruptif était parfaitement sécurisé. Je n'avais pas pu me résigner à la laisser à Leopoldgrad. La plupart des animaux de l'exposition avait été malades ou traqués par des braqueurs et pour la plupart, je tentais de les remettre dans leur habitat naturel mais pour certains, je ne pouvais pas prendre le risque de le faire. J'avais quelques animaux sauvés de cirques magiques qui n'avaient connu que la captivité, les remettre en liberté aurait marqué leur arrêt de mort. Je les gardais donc de manière permanente à l'exposition. Il n'y avait que le cas de Gloria qui était particulier, cette dernière s'était prise d'affection pour moi et se laissait dépérir lorsque je m'éloignais trop longtemps d'elle. J'avais donc été contraint de l'emmener avec moi. Mais ce serait un bon sujet d'étude pour mes nouveaux étudiants.

Je me faisais une joie de leur présenter les quelques espèces que j'avais sélectionné avec soin et que je savais non présentes à Poudlard. J'avais d'ailleurs un magnifique Focifère dans la tente que j'avais montée quelques jours plus tôt dans un coin du parc, non loin de l'enclos de Gloria. J'avais également emmené un Clabbert et un Jobarbille avec moi, ils me semblaient intéressants en tout point, tout comme Fritz, le Hodag qui faisait un bon chien de garde. Il serait utile pour éviter toute intrusion fortuite dans la tente. Mais la plupart de mes sujets de cours seraient bien évidemment au sein même de Poudlard et j'avais vraiment hâte de commencer mes explorations.

Perdu dans mes pensées, je ne prêtais pas grande attention au début de la répartition des élèves. Ce n'est que lorsque Chimère se colla à moi en ronronnant fortement que je me concentrais réellement sur la répartition, applaudissant chaleureusement avec les autres, tentant de raccrocher les wagons alors que Peter Virtanen s'avançait pour annoncer la funeste nouvelle. Je n'avais que peu connu l'ancienne directrice mais elle m'avait semblé sympathique dès la première rencontre. J'avais d'ailleurs pu constater le trouble de mes futurs collègues que je ne connaissais presque pas, les ayant, pour la plupart, vu pour la première fois le matin même. Ce qui laissait entendre que la regrettée défunte avait été très appréciée de ses collègues. C'était dommage. Vraiment. Je me levais le regard triste et la mine grave pour la minute de silence avant de me rasseoir légèrement mal à l'aise.

Je ne prêtais pas vraiment aux discussions de mes collègues présentes à l'autre bout de la table. D'abord parce que je ne saisissais pas tout ce qu'elles disaient et ensuite parce que cela ne me regardait pas. Je me concentrais donc sur mon repas, laissant mon regard glisser de temps à autre sur les élèves rassemblés devant moi, leur souriant gentiment lorsqu'ils avaient le malheur de croiser mon regard. J'avais été à leur place un jour, je savais ce qu'une rentrée pouvait représenter. On jaugeait les nouveaux professeurs à la table enseignante tout en essayant de se faire une idée de leurs exigences et de leur sévérité. Je tentais donc de leur offrir une image rassurante.

Je sursautais légèrement lorsqu'un nouvel arrivant pénétra dans la Grande Salle faisant feuler Chimère que je rassurais d'une parole et d'un geste consolateur. Je relevais ensuite les yeux pour observer l'homme qui alla s'installer à la table des Serdaigles si je me fiais à la couleur et aux blasons présents sur leurs capes. Voilà qui était étrange. Je haussais un sourcil surpris avant que mes collègues ne lui fassent signe de nous rejoindre. Et bien... un professeur sénile. Voilà qui était original. Je lui adressais un regard curieux alors qu'il s'installait à l'autre bout de la table. Une entrée fort remarquée donc. Le repas n'avait pas été de toute quiétude et il allait certainement être l'heure que chacun rejoigne ses quartiers. Mais avant cela, il semblait que Peter devait rappeler quelques consignes de sécurité et points de règlement. Je me levais rapidement lorsqu'il me présenta rapidement, dérangeant Chimère qui ronchonna avant de se glisser sous ma chaise alors que je me rasseyais. Je sentais qu'elle allait passer son temps à être grincheuse mais j'avais la sensation que cette nouvelle année scolaire serait marquée par de belles rencontres.




SPIRIT ENIGMA
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Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
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La couleur du bitume un jour de pluie [Rentrée 2010 - Ouvert à tous] Icon_minitimeDim 24 Mar 2019 - 20:22
- Voici donc venu le début d'une nouvelle année, soupira bruyamment un portrait dans le hall en avisant la cohue agitée des élèves qui envahissaient l'école. Enlevez vos sales pattes de là, jeune homme, pesta-t-il à l'adresse d'un deuxième année qui avait tapoté son cadre doré.

Les calèches déversaient un flot continu d'adolescents bavards et excités, réveillant le vieux château tranquille dont l'ombre s'étirait sur le parc. Les bancs de bois raclaient sur le sol de la Grande Salle, les chandelles tremblotaient sous le ciel incandescent d'étoiles, les assiettes rutilantes attendaient sagement que la nourriture se déverse en leur sein. Au milieu de tout cela, les Gryffondor de cinquième année étaient fiers comme des paons et Andrew ne faisait pas exception à cela. L'insigne de Capitaine qui ornait sa robe était aussi brillante que les cheveux plein de gel de Gowan et la peau grasse d'Henry. Il sentait que cette année allait être très différente des autres. Après tout, la cinquième année, ce n'était pas rien : c'était l'année des BUSES et c'était aussi le moment pour eux de basculer parmi les grands de ce monde ou du moins, de cette école. Ils s'installèrent d'office au milieu de la grande table du banquet, profitant du fait que les septième année soient occupés à féliciter Maeva Hellsoft pour sa nouvelle insigne. Henry, qui était évidemment préfet, avait passé tout le trajet en calèche à leur expliquer pourquoi il était très positif que la maison Gryffondor ait la préfète-en-chef dans leur camp, enfin, l'une des préfètes-en-chef.

Le Professeur Mason semblait en effet avoir pris de grandes décisions pour cette nouvelle année, sacrifiant une tradition ancestrale : au lieu d'avoir un binôme traditionnel composé d'un préfet et d'une préfète, deux filles avaient été sélectionnées. Si Andrew avait été préfet, il aurait été un peu vexé... C'était comme s'il n'y avait aucun garçon à la hauteur de cette tâche. Heureusement pour les nerfs d'Henry - qui aurait fait une attaque d'apoplexie s'il n'avait pas été choisi - la parité avait été respectée chez les cinquième année et Andrew se retrouvait brusquement entouré de préfets, entre sa petite-amie, sa meilleure amie et l'un de ses copains. Il n'avait pas encore décidé si c'était une bonne ou mauvaise chose et à quel point cela allait impacter ses petites incartades au règlement. Henry n'allait sûrement pas lui faire de cadeaux mais peut-être que Aby était plus corruptible...

- Je veux voir cette année comme l'année où j'arrête la Défense Contre Les Forces du Mal, annonça Gowan d'un air solennel en s'installant à table. Dès que j'ai passé...
- Raté, persifla Henry mais son interruption fut superbement ignorée.
- ... mon examen de BUSES, je serai un elfe libre de ne plus jamais apprendre les onze caractéristiques du Détraqueur. Adieu, professeur Corrigan ! lança-t-il avec théâtralité en agitant sa main en direction de la table des professeurs.

Cette dernière n'était pas encore très remplie. Il manquait notamment la directrice et le professeur Corrigan. Le professeur Londubat n'avait de cesse de regarder autour de lui, nerveusement, et répondait avec un sourire forcé aux étudiants qui se glissaient jusqu'à lui pour lui dire bonjour. Le professeur Virtanen, en revanche, était étonnamment à sa place alors qu'il devait mener les premières années jusque sous le Choixpeau. Andrew avait expliqué à sa soeur cadette, Susan, la fille de son père, que c'était le professeur Virtanen qui viendrait les chercher... Il espérait qu'elle n'était pas trop inquiète. Dans le train, elle avait été beaucoup collée à lui mais Andrew lui avait dit qu'elle devait se trouver des amis (notamment parce qu'il avait envie de retrouver Abigail et il ne voulait pas vraiment que sa soeur soit là...) et il s'en voulait un peu maintenant.

Heureusement, il n'eut pas à s'inquiéter plus longtemps puisque les portes de la Grande Salle s'ouvrirent pour laisser passer le professeur Corrigan, suivie des première année. Le silence se fit parmi les élèves alors qu'elle installait le dispositif antique sur un tabouret. Elle avait le visage fermé. C'était vraiment bizarre que ce soit elle qui le fasse... Gowan fila un coup de coude à Andrew qui haussa les épaules en signe d'impuissance. Il n'en savait pas plus et, au vu de la tête fripée d'Henry, les préfets n'étaient pas non plus au courant. La Répartition débuta et Andrew oublia momentanément les bizarreries de cette rentrée, levant un pouce encourageant en direction de Suzie. Lorsqu'elle fut enfin appelée, il croisa les doigts pour Gryffondor, la maison de son père, de ses grands-parents et de leurs arrières-grand-parents...

- Dubois, Susan !

La petite blondinette vint s'installer sous le Choixpeau nerveusement, toute tendue. Ce dernier sembla réfléchir de longs instants avant de rugir :

- SERPENTARD !
- QUOI ?!

L'exclamation d'Andrew déclencha des rires à la table des Gryffondor, une honte écarlate pour Susan qui se sauva rejoindre les Serpentard sous les établissements et un coup de coude d'Henry. Serpentard ? Une Dubois, à Serpentard ?! Son père allait avoir une attaque. Littéralement. Il détestait les Serpentard presque autant qu'il détestait Marcus Flint, son éternel rival. SERPENTARD ? Tout occupé à être indigné, Andrew ne vit pas la fin de la Répartition. Ce fut uniquement lorsque le professeur Virtanen se leva pour prendre la parole qu'il redressa le visage. Un mauvais pressentiment l'envahit alors que leur enseignant débutait en distant qu'il avait une mauvaise nouvelle à leur annoncer. Quand il révéla que le Professeur Mason était morte, le coeur d'Andrew s'accéléra et le coeur battit à ses oreilles, comme un horrible bourdonnement. Cela lui avait donné un vertige. C'était horrible ! Il n'était pas le seul à penser ainsi quand on entendait les réactions autour. Quelques élèves éclataient en sanglots, beaucoup restaient interdits d'incompréhension. Les professeurs semblaient très abattus et Andrew avait l'impression de vivre une scène un peu irréaliste. Le professeur Mason était morte... mais comment ? Elle n'était même pas vieille. Andrew se leva à rebours pour la minute de silence, qui sembla durer des heures. Quand ils furent autorisés à se rassoir, le son ne revint pas comme d'habitude, comme à chaque banquet, où tout le monde se retrouvait.

- C'est horrible... fit Henry, qui avait de la buée sur ses lunettes. Vraiment horrible.
- Il s'est passé quoi à votre avis ?

Andrew haussa les épaules, occupé à chercher le regard d'Abigail à la table des Serdaigle pour être sûr qu'elle allait bien.

- En tout cas, Virtanen directeur, ça sera moins drôle... fit Gowan d'un ton laconique en attaquant ses pommes de terre. Tous les profs meurent, c'est fou. Mason, Harris... À qui le tour ?
- Arrête, intima Andrew avec un ton sec qui ne lui était pas coutumier. C'est pas drôle. Franchement, c'est pas drôle.

Il n'arrêtait pas de repenser à tous les gens qui s'étaient succédés chez son père cet été, les gens de l'Ordre du Phénix et leurs messes basses. Ce n'étaient plus des barbecues comme avant, comme des retrouvailles. Ils s'enfermaient dans le bureau de sa belle-mère et discutaient. Andrew sortit en douce son PearOne (cadeau d'anniversaire reçu en juillet, au plus grand désespoir de sa mère) pour écrire sous la table.

- C'est interdit ! s'exclama Henry.
- Oh la ferme, répliqua Andrew. Tu vas pas commencer avec ton badge.
- Mais je suis préfet ! s'étrangla son camarade en commençant un long laïus qui ne fut pas écouté.

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