Franche camaraderie [Afghan]

Galahad Thorne
Galahad ThorneMilicien collectionneur de cailloux
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Franche camaraderie [Afghan] Icon_minitimeDim 13 Jan 2019 - 13:51
23 août 2010

La petite salle de repos du niveau 2 était vide quand Galahad y pénétra ce soir-là. L'été battait son plein, le soleil inondait le pays de ses rayons indolents, et la moitié de ses collègues qui n'était pas en vacances avait pris la poudre d'escampette dès la fin d'après-midi pour profiter d'une terrasse ou d'un jardin. Le mois d'août avait été particulièrement calme pour la milice, à croire que la résistance aussi respectait le traditionnel congé estival pour se remettre de ses émotions bristoliennes.

Le repos n'était pas de mise pour la petite équipe des briseurs de sorts, en revanche. A peine rentré de ses propres congés, qu'il avait décidé d'écourter au vu de l'actualité, Galahad s'était remis à arpenter les rues de Bristol en quête d'activités suspectes avec ses collègues. Une part de lui s'en voulait de ne pas avoir été présent au moment de l'effondrement du dôme le mois précédent, mais comment aurait-il pu savoir ? C'était toute la milice qui avait été prise au dépourvue, jusqu'à leur chef qui se trouvait, heureusement sur les lieux du crime. Si la mission qui lui avait été confiée par la suite, piloter la reconstruction du dôme sur des bases plus solides que le précédent, s'était déroulée correctement, Galahad n'en demeurait pas moins sur ses gardes : la résistance avait de bonnes ressources humaines en interne, c'était évident. Des sorciers capables de rivaliser avec le ministère, magiquement parlant, de très bonnes baguettes, et il en venait même à se demander si le loup n'était pas entré dans la bergerie...

Alors il profitait de ces heures plus calmes en soirée pour rattraper le travail qu'il n'avait pas le temps de faire en journée, lorsque les missions prenaient le pas sur tout le reste : entre les briefings, débriefings et sempiternelles interruptions de ses collègues, il ne pouvait pas se concentrer plus de sept minutes sur son travail. Aujourd'hui, il comptait bien terminer son rapport sur la reconstruction du dôme pour pouvoir le transmettre à Danielle dans les meilleurs délais.

Savourant le silence et la relative fraîcheur de la salle de repos, il fit chauffer de l'eau dans la bouilloire du service et emplit sa boule à thé de son mélange d'herbes préférées. Puis il repartir en direction de l'open space en humant les vapeurs odorantes qui émanaient de sa tasse brûlante. Galahad avait besoin d'un remontant, car la journée avait été longue et il pouvait ressentir la fatigue dans la tension qui crispait les muscles de son dos. Aussi, conscient que sa concentration allait papillonner ce soir, il ne put s'empêcher de soupirer intérieurement en constatant qu'il restait des collègues qui traînaient dans l'open space, certains par groupes de trois ou quatre à papoter.

*C'est le week-end, rentrez chez vous*, songea-t-il, maussade, avant de traverser toute la salle pour rejoindre le coin des briseurs de sorts, en évitant consciencieusement tout contact visuel avec l'un de ses collègues. La plupart d'entre eux savaient quand le laisser tranquille - c'est-à-dire, la plupart du temps - mais il restait toujours quelques imbéciles pour ne pas comprendre les principes de la communication non verbale... Alors mieux valait rester prudent.

Avec un soupir de contentement, Galahad retrouva la relative quiétude de son bureau, qu'il avait voulu - et obtenu - relativement éloigné du cœur de l'open space. Cette façon d'entasser des fonctionnaires tous ensemble dans une seule et même pièce représentait à ses yeux une façon de torturer ses employés, sans parler du fait que c'était la porte ouverte aux pires dérives : ragots, pauses cafés interminables et autres histoires de bureaux. Pourtant, il avait bien dû s'adapter.

Il posa sa tasse à côté de sa plume et de son encrier, qui l'attendaient sagement, et saisit le dossier sur le haut de la pile bien nette qu'il avait constitué. Il l'ouvrit, baissa la tête sur le parchemin à en-tête du ministère et poussa un nouveau soupir intérieur. Papillonnant des yeux, son regard s'égara un moment tandis qu'il laissait ses pensées vagabonder quelques instants. Fort de sa propension à se constituer un nid partout où il se rendait, Galahad avait créé ici un petit espace juste à lui, dans lequel il se sentait bien. Ses tiroirs étaient emplis de papeterie, d'objets variés et de thés de bonne facture. Ses dossiers étaient toujours soigneusement archivés, et son bureau constituait un contraste saisissant avec ceux de la plupart de ses collègues, envahis de montagnes de paperasses mélangées et de gobelets de cafés vides. Sur son bureau en bois, il avait disposé plusieurs bibelots ramenés de ses voyages en Amérique du sud, et une unique photo y était encadrée : Rosangelie, rire aux lèvres et bras passé autour de sa taille, était toute petite à côté de lui : un Galahad plus jeune, élancé et spontané qu'aujourd'hui. D'aucuns trouvaient qu'il était triste de conserver cette photo sous ses yeux au quotidien, mais il n'hésitait pas à remettre tranquillement à leur place ceux qui estimaient avoir leur mot à dire sur sa façon de gérer - ou, plus exactement, ne pas gérer - son deuil.

Ce bureau, c'était son espace, sa bulle à lui, et il détestait qu'on vienne l'y déranger lorsqu'il n'y était pas psychologiquement préparé. Aussi, alors qu'il était enfin parvenu à se plonger dans l'écriture de son rapport, il s'efforça de prétendre qu'il n'entendait pas le son des pas dans sa direction. Ces pas, pourtant, se faisaient plus bruyants à mesure qu'ils rapprochaient de lui, et il sentit une sensation désagréable l'envahir lorsqu'ils s'immobilisèrent à deux mètres de son bureau. Galahad pencha un peu plus la nuque sur ce dossier, quelques mèches de ses cheveux venant plaisamment dissimuler son visage au regard de l'indésirable. Ses yeux noisette restèrent obstinément fixés sur les lettres qu'il traçait élégamment à l'encre noire, mais l'esprit n'y était plus : Galahad se sentait observé, à raison, et il finit par se faire une raison : l'importun  n'avait pas l'intention de s'en aller sans avoir obtenu sans attention. Avait-il tenté d'établir une communication ? Galahad n'en savait rien, il était trop occupé à chanter très fort dans sa tête en espérant que cela ferait partir son mystérieux collègue...

S'efforçant de retenir son exaspération, Galahad redressa un visage impassible vers le nouveau venu, et jura mentalement en l'identifiant. Que lui voulait-il donc, celui-là ? Visiblement, il n'avait pas l'air pressé de s'exprimer, alors il finit par s'enquérir, d'un ton qui invitait peu à la conversation :

"Oui ? C'est à quel sujet ?"


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Franche camaraderie [Afghan] Icon_minitimeSam 9 Fév 2019 - 17:25
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Afghan North, 31 ans, Millicien
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Afghan avait amorcé une lente descente aux enfers. Il s’observait d’un oeil torve et brumeux dégringoler les paliers de son estime, et se surprenait en découvrant qu’il était capable de se haïr un peu plus chaque jours.

Afghan n’en avait jamais eu conscience avant de pénétrer le cercle litigieux de la consommation, mais il n’avait pour lui-même ni amour ni bienveillance. Il ne se considérait pas, n’avait pas d’affection et jugeait sévèrement chacune de ses actions. Il se trouvait lent, stupide ou maladroit la plupart du temps. Il ne concevait toujours pas comme acquis ses capacités en tant que sorcier, avait du mal à accepter sa place au sein de la milice. Il évoluait dans le paradoxe qui consiste à reconnaître son mérite tout en attendant patiemment qu’on découvre autours de lui qu’il usurpait sa place. Sa sauvagerie, son laconisme, résultats drastiques d’une timidité profonde, dissimulaient à peine un tempérament d’une rigueur brutale et d’une violente exigence. Afghan avait grandi dans la rue et aurait probablement pu intégrer les rangs des bandits, des gangsters et des associations criminelles qui peuplaient son quotidien s’il n’avait pas développé dans ses fantasmes d’enfant cette loyauté profonde pour une idée qu’il se faisait de la justice. Il avait côtoyé, s’était lié, était devenu amis avec ceux dont il avait ensuite rejeté le mode de vie au profit d’un organisme qui se disait juste et du côté de la loi.

La désillusion qu’il y avait rencontré était probablement une des origines de son mal être. Prendre conscience que la police agissait avec les mêmes codes que les extorqueurs, les entrepreneurs véreux, les profiteurs sociaux qui éxultaient sur les dollars sucés  du rackette et de la violence, avait détruit d’un seul coup le but logique qu’il s’était donné d’accomplir, percuté ses valeurs et détruit le pragmatisme de sa morale. Il s’était retrouvé avec un trou béant et sordide qu’il avait colmaté comme il avait pu, et un sentiment de vacuité qui l’avait probablement rendu chroniquement malheureux sans qu’il ne soit capable, instinctif comme il l’était, d’y poser des mots. Il avait compris que la vie n’avait aucun sens, que le bien et le mal n’existaient pas, que la morale était une évidence sociale fabriquée sur des restes de riens, et que son code d’honneur personnel était identique à celui de la mafia, mais qu’il l’employait au service d’une police qui agissait comme un groupe criminel.

Il se haïssait parce qu’il avait compris que personne ou presque n’avait de valeur. Que la loyauté était fluctuante et sans conséquence. Mais commencer à consommer de la drogue avait été un virage drastique dans ce qui le retenait encore dans un semblant de considération pour ce qu’il était. Il avait touché à ce à quoi il s’était promis de ne jamais toucher et avait par la même occasion emprunté la même route que tous ces flics qui violaient leur code d’honneur. En cédant à la pression d’une substance qu’il banissait Afghan remettait en question ses valeurs et la morale qu’il avait conservé avec la naïveté du héros qui, seul, garde la justice pour braver la tourmente des parvenus, il était devenu un toxicomane, un négligé, un moins que rien.

Il était devenu ce qu’il ne tolérait pas.

Il pensait se détester parce qu’il prenait de la drogue, mais ne comprenait pas qu’il avait commencé à en prendre pour se donner une raison concrète de se détester, et rendre ainsi à un sentiment diffus une logique totale. Il savait désormais pourquoi il ne se supportait pas et à un endroit, cela lui rendait la tâche plus facile.

Il existait un élément, cependant, qui l’avait fait tenir et le faisait tenir encore. La milice avait fait évoluer certaines choses autours de lui. Il y avait rencontré des caractères solides et droits comme jamais il n’en avait croisé auparavant et il lui avait semblé que ce qu’il avait imaginé de sa vocation pendant des années s'incarnait enfin dans ces figures profondes et fortes qui peuplaient désormais son entourage. Danielle avait été la première à gagner son admiration. Sensible à la hiérarchie, il avait découvert en elle une femme comme il n’en avait jamais vu et lui vouait une sorte d’admiration filiale. Avalon l'agressait  autant qu’elle se faisait indispensable. Il commençait à accepter qu’il avait besoins d’elle et qu’elle possédait une force démesurée qu’il n’avait jamais su trouver en lui.

Galahad, enfin.

Galahad était tout ce qu’il aurait aimé être. Un homme, au sens strict du terme, baigné de certitude, immobile au milieu des flots agités, traversant les remous sombres des drames et des épreuves avec une impassibilité de géant ascétique. Galahad était doté d’un sens de la mesure, d’une rigueur spécifique et d’un talent d’élocution qu’Afghan avait érigé en modèle. Sa culture ressemblait à une montagne aux versants innaccessibles, et Galahad à un roc solide capable de recevoir tous les appuis. Son calme droit, perçant, son silence pleins de sagesse lui évoquaient nébuleusement l’image du père qu’il n’avait jamais connu et qu’il s’était constitué en mémoire pour se donner un objectifs. Cette figure idéale, bringuebalante, qu’il avait remplie avec ses rêves et ses désirs comme on bourre une poupée de chiffon, s'incarnait pour la première fois dans un être de chaire et de sang.

Un être de chaire et de sang qui n’avait jamais réalisé le pouvoir qu’il possédait sur l’enfant qu’Afghan gardait tapis au fond de lui comme un appel à l’aide ou une réminiscence de quelque chose de bon.

- Oui ? C’est à quel sujet ? » Afghan le fixait en silence, immobile à deux mètres de son bureau et incapable d’être bien sur de ce qui l’avait conduit si proche d’un homme dont tous les signes traduisaient un envie de solitude. Afghan s’était levé mécaniquement, avait marché mécaniquement le long de l’open space presque désert, s’était immobilisé mécaniquement prêt du bureau et restait coi, désormais, le coeur battant et les sens troublés. Il essuyait depuis un mois beaucoup de sentiments contradictoire, ne reconnaissait plus son corps et l’intrusion d’Avalon dans sa vie avait sonné un glas étrange. Il se trouvait capable d’effectuer des actions régulières dont il ne comprenait pas le sens et lui qui n’avait jamais osé aborder Galahad si frontalement auparavant se retrouvait stupidement flanqué à une longueur de bras de son intimité, sans savoir s’il devait cette audace à la drogue ou au manque de drogue, à l’épuisement, à la nervosité ou à quelque chose de neuf dont il n’avait pas encore imaginé la présence dans son cerveau à moitié malade. Son regard se posa sur la photographie qui allongeait son ombre macabre sur le bureau de Galahad. Afghan se sentit immédiatement gêné d’y avoir appuyé les yeux et releva la tête en espérant que Galahad n’interpréterait pas son acte comme un jugement. « Heu peut être que tu veux aller boire un coup tout à l’heure on va… Boire un coup. Acheva-il péniblement. Conscient d’avoir répété deux fois la même informtion, il se trouva stupide, toussa un peu. Il n’avait jamais trop su engager la conversation. Il n’était à l’aise qu’avec ceux qui, comme Avalon, avaient su le bousculer pour pénétrer ses défenses. « Ca va Bristol ?... Le dôme… Ca doit… ...Etre du travail. » Afghan se sentit intrusif et fatiguant. Mais il ne parvint pas à faire demi tour. Il éspérait trop profondément que Galahad réagisse avec bienveillance et partage ce secret désir de se lier avec lui.


Galahad Thorne
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Franche camaraderie [Afghan] Icon_minitimeDim 14 Avr 2019 - 18:32
Afghan North était un milicien tout ce qu'il y avait de plus banal, qui entrait parfaitement dans la norme des membres de ce corps - contrairement à lui. Mâle, âgé de la trentaine et l'air patibulaire, il n'avait jamais attiré particulièrement l'attention de Galahad sur lui qui prenait grand soin à ne pas se lier aux miliciens les plus abrutis, or il lui semblait qu'Afghan pouvait éventuellement faire partie de cette catégorie. N'était-il pas connu pour avoir opéré une belle bavure sur les quais de Bristol, en attaquant une joueuse de Quidditch de Flaquemare qui avait le malheur de passer par là ? C'était ce type d'action qui donnait une mauvaise image de la milice, et si l'erreur était humaine, Galahad y avait vu là une preuve de plus que leur système de recrutement et de formation des nouveaux miliciens était à revoir. Peut-être que si Afghan avait été mieux sensibilisé aux dangers des dommages collatéraux et mieux entraîné au duel en milieu urbain, ce malheureux évènement ne se serait pas produit.

Il haussa ostensiblement ses sourcils sur son front lorsque son cadet fixa la photo de sa femme, avant de détourner vivement le regard. Allait-il pousser le bouchon jusqu'à porter un jugement, lui aussi, sur cette photographie ? Galahad se savait perçu comme le triste veuf du service, mais il n'en avait cure - après tout, c'était la réalité. Peut-être était-ce la pitié qu'il ressentait pour lui qui avait poussé Afghan à venir vers lui pour lui proposer de se joindre à lui. Qui n'aurait pas pitié de cette triste âme solitaire qui restait à travailler au fond de son open-space un vendredi soir ? Mais Galahad, lui, n'avait pas pitié pour lui-même, il se sentait parfaitement bien et heureux avec son petit thé et son rapport à terminer. Il avait passé l'âge d'aller traîner dans les bars à la sortie du travail et à se montrer sociable.

Un soupir excédé s'échappa de ses lèvres. Galahad savait que c'était faux, qu'il aimait comme tout un chacun la présence d'un verre d'alcool et d'un compagnon d'infortune avec qui deviser toute la nuit. Mais allait-il réellement imposer sa carcasse encombrante de quarantenaire à un groupe de jeunes miliciens enthousiastes, allait-il suivre les forces vives du ministère dans leur périple nocturne ? Et allait-il réellement supporter leur conversation, probablement superficielle et composée à moitié de la gent féminine, et à moitié des résultats du Quidditch ? Impassible, il considéra longuement Afghan en essayant de détecter les motivations qui se dissimulaient derrière cette expression nerveuse. Il ne pouvait s'empêcher de trouver sa démarche étonnante, car si les miliciens étaient une famille, il était rare qu'on vienne lui proposer de s'associer aux évènements conviviaux s'il ne s'y présentait pas de son propre chef. Galahad et les membres de son unité, très soudés, avaient tendance à faire bande à part. Quant aux autres miliciens, Galahad savait qu'il pouvait parfois sembler difficile à approcher, que les gens pouvaient se sentir gênés, par ce passif lourd dans lequel il se complaisait, et par une attitude dont il aimait parfois à jouer.

Il était plutôt plaisant d'être laissé dans sa solitude. Mais ce n'était visiblement pas un concept avec lequel Afghan North était familier. La façon poussive et peu naturelle dont il l'interrogea au sujet des travaux du dôme acheva de faire monter ses sourcils jusqu'à des hauteurs insoupçonnés, et il laissa traîner le silence une seconde gênante avant de répondre :

"La reconstruction s'est bien déroulée, merci. C'était fatiguant, en effet mais c'est un projet plutôt stimulant pour un briseur de sorts."

Le coin de ses lèvres se plissa en un infime sourire, destiné à dérider son interlocuteur qui paraissait beaucoup trop nerveux pour son bien. Quelque chose dans son expression titilla la curiosité de Galahad qui, après une longue minute d'hésitation, et un regard de regret vers sa jolie tasse de thé qui exhalait la menthe, finit par trancher :

"Entendu pour le verre. Je vous rejoins dans un moment, le temps de ranger mes affaires."

A peine avait-il prononcé ces mots qu'il regrettait déjà sa réponse, et c'est en se demandant quelle mouche avait bien pu le piquer pour accepter qu'il referma son encrier et rangea son rapport dans sa chemise. Un coup de baguette fit disparaître le liquide de son thé et, après avoir remis soigneusement de l'ordre dans ses affaires, il alla chercher sa cape légère au porte-manteau et s'en enveloppa. A Londres, les nuits d'été pouvaient se révéler fraiches.

Les dernières âmes encore présentes au bureau s'étaient rassemblées vers la sortie de la salle et échangeaient quelques plaisanteries gaillardes qui le firent soupirer intérieurement. A quel point allait-il regretter d'avoir accepté cette proposition ? Galahad rejoignit le petit groupe et se posta près d'Afghan, un sourire crispé aux lèvres. Il ne se sentait guère à sa place au sein de cette assemblée de relatifs inconnus, dont il était, en effet, le plus âgé. Les quelques miliciens de sa tranche d'âge étaient rentrés depuis longtemps pour rejoindre femmes et enfants.

Comme il était le dernier, le groupe prit la sortie et s'enfonça dans les couloirs déserts du Ministère dans un joyeux brouhaha. L'air était électrique, car les fêtards du vendredi soir n'avaient pas de garde du week-end. Resté en queue de peloton avec son jeune compagnon, Galahad coula un regard vers Afghan et se décida péniblement à lancer la conversation :

"Et toi, comment ça va en ce moment, le travail ?"



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