#balancetapie [OS + JR Rick & Hayden]

Mardi 3 Août 2010, au petit matin, siège de Multiplettes, Bristol...

Merlin soir loué!
C'était terminé... Il avait réussit... Elle était foutue!
Cette vieille perverse de Mildred Magpie était tombée fesses premières dans le piège savamment orchestré la nuit-même par Aziz, cet ange chuchoteur et providentiel tombé du ciel. Claquant l'immonde porte de son passé derrière lui, Rick McClean mettait enfin une barrière protectrice entre lui et l'immonde pie lubrique. Certes il avait été contraint d'affronter le pire, sacrifiant une partie de son âme à cette diablesse ; Mais au moins, le voila enfin libéré du carcan dans lequel il se trouvait piégé depuis si longtemps. Après des mois de souffrance, il entrevoyait enfin une lueur à l'horizon. Une solution inespérée qui l'extirperait d'un quotidien devenu infernal sous le joug de la tyrannique et libidineuse Mildred Magpie. Qui l'eut imaginé, alors qu'il pataugeait depuis des lustres en pleine dépression? Dévalorisé et assigné aux plus basses besognes, il avait perdu le sens du mot confiance en soi. Sans cesse molesté et harcelé par sa patronne, qui lui faisait payer le prix fort de s'être risqué à toujours refuser ses avances ; Rick voyait sa vie familiale et sa dignité se faire sacrifier au détriment de tâches inutiles et dégradantes. Nul doute que sans une aide extérieure, il serait encore cloitré pour l’Été entier dans le placard des archives ; celui-là même où l'avait injustement assigné son ignoble persécutrice en chef. Qui sait? Sans les conseils judicieux d'Aziz Lafwin, Rick n'aurait peut-être jamais retrouvé les rayons du soleil...

Le dos collé à la porte de chambre, Rick reprenait péniblement le cours de ses émotions ainsi que son souffle après s'être libéré de l'emprise de son immonde cavalière. Mais à quel prix? Au bord de la nausée, il pouvait encore entendre les miaulements assourdissant de la mégère résonner dans sa tête! Ou sentir les sillons brulants des griffures laissées sur son torse, là où cette panthère diabolique y avait sadiquement planté ses ongles! Comment se détacher des horribles visions qui venaient polluer son esprit? Rick McClean saisit d'une main chancelante la bouteille de Ragnarov, qui trônait sur un guéridon à droite de la porte, à l'endroit même où il l'avait laissé la veille pour se donner le courage d'affronter l'obscène Magpie. Levant le culot au plafond, le journaliste en absorba de longues gorgées, autant pour noyer sa honte que pour faire disparaitre de sa bouche le goût immonde que lui laissait la visite de la langue impudique de Mildred. Seul le temps comblerait les cicatrices de cet affreux don de soi. Certes le sacrifice était immense, mais n'était-ce pas l'unique prix de sa liberté?

Encore un dernier effort. Déambulant comme une âme en peine dans les couloirs des Folies Sorcières, Rick savait pertinemment que rien ne serait définitif tant qu'il n'aurait pas bouclé la dernière étape du plan imaginé avec brio par Aziz le magnifique. Le dernier miaulement de Magpie ne s'étranglerait dans sa gorge desséchée, que si et seulement si la partition machiavélique était jouée jusqu'à l'ultime note. Certes la phase la plus écœurante du plan Anti-Magpie se trouvait maintenant derrière lui, mais il fallait encore dénoncer les agissements abjects de la rédactrice en chef de Multiplettes, à l'intégralité du Monde Magique. A l'instar de cet espiègle Gryffondor qui s'était payé la face de la romancière éconduite un soir de la Saint-Valentin, le duo devait frappé les esprits et les réseaux magiques. Mais même partagé sur la toile magique, ce scandale n'aurait aucun impact si la pie lubrique n'était pas traduite en justice. Une équation simple où se devait de trouver un fonctionnaire de justice honnête et indépendant qui ne soit ni corrompu ni au service de la vieille pie. Au fil de sa propagande pro-FREE, Mildred Magpie était devenue l'une des marionnettes préférées du grand Leopold Marchebank ; Elle centralisait le pouvoir de l'information tout en bénéficiant de l'appui du Ministère. Le défi était donc de trouver un acteur de la justice susceptible de les appuyer dans leur attaque contre Magpie. Bref, autant trouvé un yéti dans le désert du Sahara, même si Aziz lui avait confié avoir sa petite idée sur la personne idéale à qui confier cette sordide affaire. Une confiance qui contrastait sévèrement avec le doute ressentit par celui qui ne servait que de vulgaire appât...

Rick McClean allait frapper à la porte de bureau de son ange-gardien, quand il fit un horrible constat sur sa situation personnelle : Pour la première fois de sa vie, il venait de tromper sa femme, et le monde entier allait le découvrir sous ses pires travers. Deviendrait-il la risée du Monde Magique? Un homme abusé par une femme, cela prêtait davantage aux plaisanteries de mauvais goût qu'à la compassion. Karla, son épouse, en subirait également les conséquences. Certes ils étaient peut-être en pleine phase de divorce depuis que l'odieuse Magpie et ses heures supplémentaires avaient broyé sa vie sentimentale, mais il ressentait pourtant le terrible sentiment de l'avoir trahie et humiliée. Après les révélations et l'exposition médiatique du scandale ; Comment pouvait-il récolter son pardon? Reconstruire son couple? Obtenir la garde de sa fille? Comment Karla pourrait-elle oublier les trop nombreuses disputes gangrénées par son burnout? Comprendrait-elle le sens de son sacrifice? Qu'il n'avait pas couché avec sa tortionnaire par plaisir, mais au contraire pour s'en libérer et retrouver le cours de sa vie normale. Les mots cruels de son épouse à l'égard de sa lâcheté professionnelle résonnaient encore dans le creux de son âme. C'était-il pour autant comporter en homme en écoutant le chant et les conseils vengeurs de la sirène Aziz? Pourquoi n'avait-il point écouté sa femme quand elle lui avait demandé expressément de quitter son job?

Rick l'avait si longtemps ignoré. Même quand Karla voulant son bien, l'avait poussé à porter plainte pour harcèlement contre les agissements de sa tyrannique patronne. Mais jamais il n'avait donné écho à ses paroles sages, s'enlisant dans de fausses certitudes et multipliant les mauvais choix. Il pensait toujours que les choses finiraient par s’améliorer ; Qu'il s'en sortirait par la seule force de son travail et de son intellect. Quelle erreur! Quel naïf! Maintenant la femme de sa vie allait découvrir une facette encore plus lâche sur son pleurnichard de mari. Merlin, qu'il était tombé bas! Ce plan soi-disant libérateur n'allait-il pas détruire le peu de fierté qui subsistait encore en lui? Éclaboussé de honte, jamais il ne pourrait reconquérir une femme aussi forte que sa belle Karla... Toute sa vie, ils serait hanté par l'affreux souvenir du départ de son épouse et de sa fille Jalstyce, qu'il ne connaissait à peine à force d'être à la botte d'une patronne despotique. Existait-il un remède pour conjurer le sort et se soustraire aux jugements? Quand sa femme découvrirait la vérité, deviendrait-elle à son tour une victime collatérale des humiliantes répercussions de ce scandale sordide?

Il valait peut-être mieux tout arrêter, faire profil bas, et laisser l'ogresse Magpie dévorer d'autres jeunes hommes que lui...

Sa main hésitant à heurter la surface de la porte derrière laquelle Aziz s'activait assidument à mettre en place son complot anti-Magpie ; Rick ressentit un besoin vital de fuir, de faire comme si rien de tout cela ne s'était produit, de prendre une douche pour se délivrer définitivement du parfum entêtant de sa maudite harceleuse. Juste histoire de se sentir moins sale et nier l'horreur de sa situation. Il manqua le faire, avant de se raviser quand la voie mielleuse de sa tortionnaire de patronne résonna dans son crane.

* ReEex? Maintenant je veux que tu sois un gentil chien-chien en laisse qui obéit quand on le siffle! C'est bien clair, mon ReEex? *  

Comment ignorer les propos répugnants que la maudite sorcière avait osé tenir sur l'oreiller de sa honte? Comment lui arracher son sale sourire moqueur et mettre un terme à cette galère après ce qu'il venait de faire? Il était bien trop avancé dans le processus du scandale pour faire machines arrière. Prenant une grande inspiration, il toqua alors avec détermination à la porte derrière laquelle se trouvait le cerveau de l'opération #balancetapie


Immédiatement, le visage luminescent d'Aziz émergea de l'embrasure, comme un furet au taquet jaillissant tête levée de son terrier. Nul doute, qu'il faisait les cent pas derrière sa porte, attendant le retour de celui qui revenait d'un voyage au bout de l'Enfer - Ou plutôt d'entre les cuisses de Magpie.

"Alors? Alors!? Dis moi tout! Ne me fais pas languir! La vieille peau est tombée dans le panneau? " demanda-t'il surexcité.

Rick de se contenta de baisser le regard piteusement en direction de ses pieds, comme si ceux-ci offrait un refuge illusoire à l'immense sentiment de honte qui lui cisaillait les entrailles.

"Oui, c'est fait... C'était horrible... Et je... "

Applaudissant frénétiquement l'exploit de son appât, Aziz ne tarda pas à le féliciter pour son sacrifice sur l'autel de la justice masculine. Secouant avec entrain les épaules du journaliste harcelé, il chercha à lui arracher un sourire.  

"Incroyable! Prodigieux! Tu es un héros Rick! Est-ce que tu t'en rends seulement compte? Tu viens de sauver des dizaines, que dis-je des centaines d'hommes des griffes de cette cougar affamée! " coupa le cerveau des opérations.

A des années lumières de jubiler, Rick tempéra l’enthousiasme bouillant de son partenaire. Comment sauter en plafond quand on venait de plonger dans la fosse innommable de l'ignoble Magpie.  

"Je n'ai rien fait, si ce n'est de me salir encore davantage. Je doute que notre plan puisse fonctionner. Mildred Magpie a de trop nombreux et puissants alliés. Elle va nous écraser comme de vulgaires moucherons... Nous finirons derrière les barreaux pour calomnie, avant même que nous puissions nous enfuir du Monde Magique. Et jamais je ne pourrai retrouver Karla... "

Face à ce dégonflage massif de la pièce maitresse de son plan, Aziz croisa les bras consterné. Son petit appât n'allait pas lui faire faux pas...

"Hé Rick? Tu ne vas pas tout de même pas te dégonfler maintenant? Alors que tu es si près du but? Je sais que ce que je te demande est certes pénible et traumatisant. Mais toi et Karla, vous pouvez dépasser tout cela. Il faudra du temps, et vous avez toujours la solution d'un séjour au sein du Centre de Réhabilitation de Skye. Dans notre société aucun traumatisme, aussi horrible soit-il, n'a la peau dure. Offres-toi un second départ! Pour toi, pour Karla et pour ton joli petit bébé! "

Certes Skye pouvait l'aider. Mais est-ce que sa Karla daignerait s'offrir cette nouvelle chance? Rien n'était moins sur... Déchiré par l'odieux dilemme de tout dire ou se murer dans le silence, Rick lâcha un soupir...

"Je ne sais pas... Quelque part j'ai trahi ma femme... Je ne veux par l'humilier et devenir la risée du Monde Magique... Et l'entrainer avec moi... "

Aziz tapa du pied comme un lapin s'énervant seul dans son clapier. Puis il claqua frénétiquement ses doigts sous le nez de son associé abattu pour réveiller sa motivation et sa soif de vengeance.

"Hé, mais réveilles-toi! Tu veux rester une victime toute ta vie? Tu ne crois pas que Karla aimerait que tu te comportes comme un homme? Écoutes un peu le Serpentard que je suis toujours resté, et donnes-toi la chance d'être autre chose qu'une bouse de troll au service de sa majesté Magpie! "

Aziz tira par la manche son encombrant boulet de partenaire pour le mettre face à une odieuse réalité. Extirpant sa baguette en buis de sa poche, l'ambitieux journaliste prononça alors une formule afin d'activer un petit trésor magique indispensable à tout paparazzi qui se respecte.

"Oculus Opératus! "

Immédiatement à plusieurs dizaines de mètre de là, un petit oeil espion placé dans la chambre de Mildred Magpie, ouvrit son unique paupière pour observer et enregistrer les ronflements sonores et le corps alangui de la romancière. Aziz se dirigea alors vers une étagère de son bureau, sur laquelle séjournait le second vif occulaire espion. De la pointe de sa baguette, il l'enclencha afin de retransmettre l'hologramme de ce spectacle déroutant. Rick se figea en voyant apparaitre le visage empreint de quiétude de sa tortionnaire. Il était temps pour Aziz de jouer les professeurs, et de manipuler celui qui serait bientôt jeté en première ligne de son combat pour destituer l'encombrante Mildred Magpie.

"Que vois tu? " Rick se recroquevillant sur lui-même et n'offrant aucune réponse satisfaisante, il poursuivit sa leçon de mrale : "Moi je vais te le dire : Je vois une prédatrice sexuelle qui dort tranquillement sur ses deux oreilles, pendant qu'un lâche s'interroge encore sur le fait de savoir s'il est bon ou non de briser le calvaire d'un quotidien devenu infernal! " Le rusé petit journaliste braqua un index accusateur sur l'hologramme ronflant qui bavait en toute quiétude sur son oreiller en soie "Tu veux vraiment qu'elle gagne la partie? Tu veux rester à jamais son souffre-douleur? C'est ça que tu veux, Rick? Qu'elle continue à t'appeler Rex comme son petit chien-chien? "

La petite démonstration d'Aziz ne tarda pas à remporter un franc succès et réveillez l'injustice qui hibernait depuis trop longtemps. Rick s'insurgea enfin contre son sort.

"Nooooon ! Nooooon! NOOOOOOON! Je veux la faire payer! Je veux que cela cesse! Je veux pouvoir faire mon travail sans avoir à m'inquiéter des jugements de cette vieille pie de malheur! Je veux retrouver ma vie d'avant... "

Un sourire satisfait éclaira à nouveau le visage d'Aziz le magnifique. Ce dernier voulait désormais savoir si son précieux appât se souvenait de la suite du plan.

"Bien Rick! Voila qui est mieux. Alors tu dois savoir ce qu'il te reste à accomplir? "

Rick McClean n'avait cesser de se répéter chaque ligne du plan vengeur improvisé par le machiavélique journaliste en passe de devenir le roi suprême de Multiplettes. Farfouillant dans sa mémoire quelque peu embrouillée après sa nuit blanche et le passage de Magpie sur lui, il commença à énumérer ce qu'il lui restait à faire.

"Je dois me rendre au département de la Justice, pour déposer ma plainte et y rencontrer l'Auror Hayden McNeill. Ce dernier est le seul à pouvoir garantir une certaine forme d’honnêteté et d'indépendance vis-à-vis du pouvoir en place. De manière à l'assurer de la recevabilité de ma plainte, je lui fournirai la preuve de mes accusations. " Rick tiqua sur le petit objet vermeil qui séjournait encore sur l'étagère. "D'ailleurs? Vos "yeux espions" ont-ils tout filmé? Cela fonctionne-t-il? "  

Oui, Aziz avait joué les paparazzis voyeurs, ne loupant aucune miette de ce festin répugnant où Magpie jouait les tigresses avec le pauvre petit chaton Rick. Aussi affreuse soit la partie censurée, il avait suffisamment de matière pour faire plonger la sorcière devant un tribunal. Saisissant le petit œil espion, Aziz le déposa dans la paume ouverte de son associé.

"Plus que t'imagines! Avec ça, Magpie est foutue! " dit-il avec triomphalisme, avant d'ajouter : "Et surtout, tu peux te rassurer en te disant que Hayden McNeil déteste autant que toi cette vieille rombière de Magpie ; Ce qui aura l'avantage de t'offrir un interlocuteur judiciaire aussi motivé que toi à l'idée de faire chuter cette vieille pie harceleuse... "

Rick retrouvait ses moyens et le courage de poser une question à son libérateur.

"Et toi? Quel sera ton rôle?

Aziz éteignit l'odieux hologramme, avant d'ajouter avec roublardise.

"Je ne vais faire que mon travail de journaliste et répandre anonymement l'infâme rumeur sur la toile magique... Avec ton accord, je balancerai sur les réseaux un Twitch destructeur, dans lequel je diffuserai tes poignantes révélations. Tu sais celles que nous avons filmé l'autre soir... Bref, d'ici quelques jours, Mildred Magpie ne sera plus qu'un fantôme grotesque au sein de notre rédaction. Et tout redeviendra à merveilleusement à la normale, comme avant... " Il tendit alors sa main en direction de Rick : "Alors je réédite ma question : Es-tu avec moi? "

Rick, cette fois-ci, ne se fit pas prier pour l'empoigner avec confiance...

"Plus que jamais, je suis avec vous! faisons tomber une fois pour toute cette vieille garce! Ensemble! "

Aziz pouvait respirer. Que les dieux de la vengeance soient louées, l'appât marchait de nouveaux aux pas...



Mardi 3 Aout 2010, dans une salle d'attente à deux pas du Bureau des Aurors, au Département du Ministère de la Justice Magique...

Combien de temps allait-il devoir encore faire le poireau ? Cela faisait plus d'une heure que cette maudite secrétaire s'était éclipsée dans les bureaux adjacents sans daigner revenir. L'avait-elle oublier? Les mains crispées en signe de prière honteuse, Rick McClean n'est pouvait plus d'attendre. Son visage se décomposait au fur et à mesure que les souvenirs odieux de sa nuit torride lui revenait en mémoire. Griffures, miaulements... ou quand Mildred lui avait léché avec extase la joue. Répugnant! Il revivait chaque vision de cette nuit atroce. Cette torture mentale et physique n'avait que trop duré, alors qu'il se décida à se lever pour se diriger vers l'encadrement derrière laquelle avait disparu l'agent d'accueil.

Il ne fit que quelques pas, avant que la secrétaire ne s'empresse de lui barrer le chemin.

"Monsieur McClean. Veuillez-vous donner la peine d'attendre, je vous prie. Monsieur McNeil est fort occupé, et il ne peut encore vous recevoir. Si votre plainte ne peut véritablement attendre, peut-être pourrai-je vous confier aux soins d'un autre collaborateur. L'Auror Furtinus est en mesure de vous recevoir, si vous n'y voyez pas d'inconvénient... " dit-elle en approchant sa main du plaignant impatient pour lui désigner à nouveau la direction de la salle d'attente. Face à cette main féminine avançant vers lui, Rick se figea comme une souris en face d'un serpent.

"Ne me touchez pas! " gémit-il. "Comme je ne cesse de vous le répéter : Je ne parlerai qu'à l'Auror Hayden McNeil! " s'insurgea-t-il à nouveau.

La secrétaire baissa les bras en signe de découragement, avant de rassurer l'homme étrange sur ses intentions.

"C'est entendu. Même si c'est bientôt l'heure de sa pause déjeuner, je vais tâcher de convaincre l'Auror McNeil de vous recevoir. Mais par pitié : Allez vous asseoir, monsieur. "

S'asseyant en prenant le soin de bien serrer les genoux, Rick finit par s’exécuter sagement. La secrétaire poussa alors un dernier soupir avant de disparaitre à nouveau. Cette fois-ci l'attente fut moins longue, et le journaliste abusé obtint gain de cause.

"L'Auror McNeil veut bien vous recevoir. Vous pouvez entrer. " dit-elle en désignant une porte close. Sans même un remerciement pour son interlocutrice, ni même se donner la peine de frapper, Rick pénétra dans l'espace de travail de celui sur qui reposait tous ses espoirs de faire chuter Magpie. Regard piteux, il avança d'un pas chancelant en direction de l'unique siège qui faisait front a bureau encombré de l'Auror McNeil. Osant à peine relever son regard de chien battu sur lui, Rick serra très fort sa preuve dans la poche de son manteau pour se donner du courage. Il bégaya alors des excuses en signe de salutation.

"Je vous prie de... m'excuser monsieur McNeil... mais... mais... je tenais à m'adresser à vous... de manière à me délivrer d'un horrible poids... Je n'en peux plus... C'est un enfer... " Tout était confus! Affreusement confus! Autant en finir et aller droit au but : "Je m'appelle Rick... Rick McClean... Et je suis journaliste... ou plutôt archiviste au sein de la rédaction de Multiplettes... et je... et je... et jeeee... "

Par Merlin! Pourquoi les mots ne voulaient point sortir!? Il se devait d'ignorer la honte et l'humiliation de ce troublant aveu! Il se devait de tout dire! Aziz n'attendait que son feu vert pour tout balancer sur les réseaux magiques! Rick releva alors son regard rougi et embué de larmes en direction de l'inflexible et charismatique Auror, et ses lèvres frémissantes finirent par délivrer les raison de sa venue.

"Je suis venu pour porter plainte... pour harcèlement... et agression sexuelle... contre ma personne... " confessa-t-il avec honte.

Il baissa les yeux et cracha sa bombe médiatique.

"Je suis venu porter plainte contre Mildred Magpie. " avoua-t-il à demi-mot.

C'était dit! Rick était délivré. Un long silence pouvait désormais s'abattre sur le bureau et l'intégralité du Monde Magique...

HJ petites précisions!:

Hayden était plongé dans la lecture d’un dossier complexe sur lequel il était bloqué depuis quelques heures maintenant. Face à lui, un tableau en liège lui permettait d’organiser ses idées et il avait d’ores et déjà écrit quelques hypothèses à la craie sur un tableau noir. Il aimait travailler de la sorte, de façon à pouvoir avoir tous les éléments sous les yeux et les organiser de manière logique. Depuis la semaine dernière, il s’acharnait à dissoudre un réseau d’artefacts de magie noire qui était apparu à Leeds récemment. Au début, les éléments perquisitionnés n’avaient pas grand intérêt – si bien que l’affaire avait été déléguée à la police magique. Mais, rapidement, les objets revendus s’étaient multipliés et la plupart avaient causé de véritables dégâts dans les villes anglaises. Hayden soupçonnait l’homme qui était à la tête de cela de faire passer en Angleterre des produits magiques d’autres pays ; dont les fameux artefacts dangereux.

Il s’apprêtait à prendre sa pause déjeuner – son ventre criait famine depuis quelques heures maintenant – lorsque sa secrétaire s’avança vers son bureau pour lui annoncer qu’un homme avait spécialement demandé à le voir. Il haussa un sourcil, curieux, mais donna son accord pour le recevoir. Il changea d’endroit pour aller s’installer dans une salle d’interrogatoire à l’abri des oreilles indiscrètes, et attendit quelques instants qu’un homme pénètre dans la salle.

Il paraissait troublé, songea Hayden en observant ses mouvements saccadés. Non, il était troublé, se corrigea-t-il en entendant ses bégaiements. Ses yeux étaient rouges, son visage bouffi, comme s’il avait pleuré. D’un geste, Hayden l’invita à s’asseoir en face de lui.

« Bonjour monsieur McClean, en quoi puis-je vous aider ? » demanda-t-il poliment en poussant discrètement vers l’homme une boîte à mouchoirs qu’il venait de faire apparaître d’un sort informulé.

L’explication de Rick quant aux raisons de sa présence dans les locaux des Aurors ne tarda à apparaître. Il souhaitait porter plainte. Soit. Hayden fit apparaître la feuille utilisée pour les plaintes et s’empara d’une plume. Il voulait porter plainte pour harcèlement et agression sexuelle. Hayden tiqua un instant mais nota le motif sur la feuille. Il voulait porter plainte contre Mildred Magpie. Le bout de la plume d’Hayden se cassa sur le papier alors qu’il relevait les yeux vers Rick.

Mildred Magpie ? Harcèlement et agression sexuelle ? De tels motifs d’accusation ne l’étonnaient guère, connaissant le caractère de la romancière. Mais encore fallait-il avoir des preuves d’un tel acte…

« Monsieur McClean… » débuta Hayden en reposant prudemment sa plume sur la table. « Pouvez-vous me donner plus de détails sur cette accusation que vous portez contre Miss Magpie ? Avez-vous des preuves éventuelles d’actes qu’elle aurait pu commettre ? » demanda-t-il en prenant garde de ne pas se montrer trop pressant envers le pauvre homme. Il lui tendit d’ailleurs un mouchoir qu’il l’incita à saisir. « Vous êtes très courageux de venir me parler de ceci, monsieur McClean. » ajouta-t-il pour le réconforter.

Lorsqu’il avait entendu le nom la journaliste, le sang d’Hayden n’avait fait qu’un tour. Il n’avait pas oublié les articles calomnieux qui avaient paru dans son torchon, ni la façon dont elle avait harcelé Louise pour obtenir un témoignage sur Juliana. En séchant les larmes de sa fille, ce jour-là, Hayden s’était juré de lui faire payer ses actes.

Peut-être en avait-il enfin l’occasion…

Rick saisit maladroitement le mouchoir que lui tendait généreusement l'Auror, afin d'étancher le flot continue de larmes et de morves qui dégoulinaient respectivement de ses yeux et de ses narines (l'inverse aurait été déroutante ^^). Il fallait un certain courage et un culot démentiel pour s'attaquer à l'une des personnalités les plus influentes du Monde Magique. Quelques-uns s'y étaient hasardés, et la totalité d'entre eux s'était fracassée sur le mur défensif de l'arrogante milliardaire. Quand il s'agissait de détruire ses ennemis, Mildred Magpie ne faisait pas semblant : Intimidation, pression, corruption, diffamation, agression... La richissime femme d'affaire ne manquait pas de flèches protectrices dans son carquois défensif. Rick McClean n'était ni fou, ni insensé, et pourtant il prenait un risque énorme en se projetant sur le front de l'attaque. Certes il pouvait compter sur l'appui en coulisse d'Aziz Lafwin, mais toutes dénonciation s'avérerait stérile sans l'appui d'un haut dignitaire de la justice magique. Voila pourquoi, il devait convaincre ce Hayden McNeil. Cet Auror dont le nom de famille avait été sauvagement bafoué dans les articles de Multiplettes. Sans l'ombre d'un scrupule, Mildred avait craché sur les siens, allant même jusqu'à bousculer et bouleverser une fillette pour obtenir un témoignage sur l'effroyable Juliana. S'il n'était pas encore certain du soutien indéfectible de Hayden, le journaliste repenti gageait sur le fait d'avoir un interlocuteur attentif et disposé à entendre sa plainte.

Bien que se tortillant sur son siège, Rick s'élança alors bravement sur le sentier des confessions.

"Par où commencer...? Cela fait plus d'un an que je me trouve piégé dans le carcan du chantage et de la manipulation... Plus d'un d'un an, que mon métier, que j'aimais tant jadis, s'est transformé en un véritable enfer terrestre... Tout a débuté, le jour où j'ai refusé de répondre aux avances et aux propos déplacés de ma patronne en chef, Mildred Magpie... Très vite, je me suis rendu compte qu'un système de promotion canapé régissait la rédaction de Multiplettes... Un système tyrannique dans lequel l'omerta régnait en maitresse absolue... Naïvement, j'osais espérer pouvoir tirer mon épingle du jeu par le fruit de mon travail, et la qualité de mes articles, mais... Très vite, un harcèlement moral et psychologique s'est installé à mon encontre... Mildred Magpie ne comprenant pas pourquoi j'osais refuser ses avances... Elle ne cessait de me répéter qu'elle était la femme la plus riche et la plus désirable du Monde Magique, et qu'il était impensable de pouvoir se soustraire bien longtemps à ses exigences... Elle a commencé à me menacer, moi et ma famille... Je n'ai pas cédé à cet odieux chantage, et je me suis retrouvé placardisé aux archives... Dans l'impossibilité de démissionner, car Mildred Magpie détenait sur moi des informations compromettantes qui pouvaient détruire mon couple... Des photographies sur le vif... Que dis-je? Un vulgaire coup monté dans lequel, j'apparaissais très proche d'une prostituée des Folies Sorcières... Un piège savamment orchestré par Magpie et sa clique de sbires corrompus! "

Rick McClean frappa du poing sur la table pour signifier sa colère et le sentiment d'injustice qu'il ressentait au plus profond de son âme. Il se moucha bruyamment, alors qu'il expulsait enfin sa vérité et les nombreux non-dits qui polluaient son esprit depuis trop longtemps.  

"Tout cela était faux... Un horrible mensonge visant à faire de moi une marionnette... Submergé par les heures supplémentaires et le rythme infernal imposé par Mildred Magpie, sans l'ombre d'un congé, je me suis très vite retrouvé isolé... Je passais très peu de temps auprès de mon épouse, et de ma fille... Très vite, j'ai tout perdu et mon monde s'est effondré... Ma femme a demandé le divorce, et exige la garde de ma fille... Je n'étais plus rien... Juste une ombre vagabondant dans le placard des archives de Multiplettes... Un fantôme de moi-même... Du moins, jusqu'à ce que je ne me décide enfin à réagir, en dénonçant ma tortionnaire... Pour moi, et pour toutes les futures victimes de cette maniaque sexuelle, je devais agir et mettre un terme à cet enfer silencieux! "

Rick McClean releva alors un regard dans lequel brillait à nouveau de sa dignité perdu. Tous ses espoirs dépendaient de cet instant précis, et de son valeureux sacrifice. Allait-il réussir à convaincre l'Auror McNeil à sa cause? Le joindre dans son combat contre l'horrible sorcière lubrique? Peu importe, il exposa son incroyable sens du sacrifice, et sa volonté de libérer les paroles.

"Un homme qui a tout perdu, n'a plus à rien à perdre... Voila pourquoi hier soir, je me suis venu toquer à la porte du bureau de mon harceleuse... J'ai décidé de répondre à toutes ses avances... J'ai ignoré mes volontés pour sombrer dans la facilité... J'ai volontairement cédé... Et ce qui devait se produire est arrivé... Mildred avait gagné, comme toujours... Rien ni personne ne pouvait se refuser à elle... Du moins le pensait-elle... "

Rick McClean tira alors sur le col de sa chemise pour dévoiler à l'Auror, une trace de griffure partant de son épaule jusqu'au torse.

"Vous voyez? Est-ce une preuve suffisante pour attester de la véracité de mes dires? Ou vous faut-il encore d'autres preuves? "

Bien qu'aussi impressionnante qu'un coup de patte de cougar, Rick savait pertinemment qu'il ne suffirait d'une simple griffure pour ébranler l'empire Magpie et réussir à convaincre l'auror de le rejoindre dans la bataille. Voila pourquoi, il extirpa de sa poche sa meilleure cartouche et le petit œil-cylindrique espion, pour le faire glisser en direction de Hayden.

"Je vous en prie, monsieur McNeill. : Prenez le temps de visionner le contenu magique de ceci. Vous pouvez me croire, aussi horrible soit cette expérience... Vous y trouverez toutes les preuves nécessaires pour faire chuter cette vieille nymphomane lubrique de Magpie! "

Le petit œil magique renfermait bien plus que son sacrifice et les exploits d'une nuit de débauche avec Magpie. Ce n'était pas qu'une vulgaire sextape magique ; L’œil espion contenait la preuve absolue dénonçant le caractère ignoble de la si populaire Magpie. Avec lui les masques pouvaient tomber...
Depuis qu'il s'était débarrassé de son fardeau, Rick retrouvait de son calme et une certaine assurance. C'est ainsi qu'il exposa ses espoirs.

"Vous êtes un homme digne de confiance, et loyal à la justice. Je sais que vous n'êtes pas à la botte de Magpie, ni du système qui gravite autours d'elle. Sans votre aide, sans un appui juridique, je sais que mon combat est voué à l'échec. Vous êtes mon seul espoir, le seul en qui je place ma confiance, voila pourquoi, j'ose vous confier cette preuve irréfutable. A vous maintenant d'en découvrir le contenu et d'en faire le meilleur usage. " Rick McClean croisa les bras avec défi. "Pour ma part, j'ai décidé d’arrêter de me taire. Dès ce soir, je compte dénoncer les agissements de Mildred Magpie sur les réseaux magiques, en espérant que cela réveille les consciences et pousse d'autres victimes à témoigner. Je me fiche de savoir s'il s'agit de la meilleure solution ; Je sais juste que j'ai besoin de parler. A vous de décider, si vous choisissez ou non de me rejoindre dans mon combat contre Magpie... "

Mildred Mapgpie pouvait trembler, car sur ces dernière paroles, débuta l'un des scandales sexuels les plus marquant du Monde Magique. Et la naissance du très célèbre #balancetapie

Hayden se renfonça dans son siège et observa Rick avec attention, comme pour le sonder du regard. Sa première déclaration avait piqué l’attention de l’Auror, qui ne souhaitait qu’une chose depuis quelques semaines : faire payer à Mildred Magpie le traumatisme qu’elle avait infligé à Louise en la harcelant pour obtenir un témoignage sur sa tante décédée.

Et des révélations sur la romancière, Rick en avait visiblement un paquet comme le remarqua Hayden lorsqu’il se lança dans un véritable discours à l’encontre de la journaliste. L’Auror, de temps en temps, hochait la tête pour l’inciter à poursuivre, ne souhaitant pas l’interrompre pour lui poser quelques questions supplémentaires. Intérieurement, cependant, il bouillonnait alors qu’un plan se dessinait dans son esprit pour faire tomber l’infâme journaliste. Harcèlement moral, harcèlement psychologique, harcèlement sexuel, chantage honteux, menaces… Elle avait visiblement utilisé toute son influence pour faire de la vie de ce pauvre Rick un véritable enfer. Et tout cela, uniquement parce qu’il avait refusé d’avoir des rapports sexuels avec elle ? Hayden haussa les sourcils, se gardant toutefois de témoigner à la victime tout son soutien dans cette sombre histoire ; s’il avait été à sa place, il aurait refusé une telle proposition également, et plutôt deux fois qu’une ! Un violent frisson de dégoût lui parcourut le dos et il secoua doucement la tête pour se reconcentrer sur les propos de Rick.

Rick qui, visiblement, avait vu sa vie s’effondrer sous le joug de l’odieuse Magpie. Son harcèlement ayant porté ses fruits, l’homme s’était retrouvé seul, isolé, épuisé, en proie à une probable dépression qui n’avait pas été diagnostiquée mais dont les signes, selon Hayden, étaient présents dans son discours. Il avait tout perdu ; son épouse, sa fille, son travail, sa santé mentale. Tout cela parce que Mildred Magpie était une femme aussi instable que dangereuse ; une enfant capricieuse, égoïste et narcissique, qui utilisait la moindre parcelle de pouvoir qu’elle était parvenue à grappiller pour répandre un chaos immonde autour d’elle.

Hayden se força à rester stoïque en écoutant la suite des confessions de Rick, mais lui retourna toutefois un regard désolé, alors qu’il entreprenait de lui raconter les derniers évènements. Il se sentait profondément touché par l’histoire de cet homme ; déjà parce qu’il était au bord des larmes, face à lui, et qu’il était difficile de ne pas ressentir une sérieuse empathie pour lui, et ensuite parce qu’il avait déjà été confronté à Mildred Magpie et savait pertinemment à quel point elle prenait plaisir à briser ceux qui gravitaient autour d’elle.

Lorsque Rick – après avoir dénudé son épaule pour exhiber des griffures rouges, presque violacées – sortit un petit œil cylindrique que l’Auror identifia immédiatement, Hayden ne put s’empêcher de lui jeter un regard incertain. Avait-il vraiment envie de découvrir le contenu de cet œil-espion ? Non, ce n’était de toute évidence pas une question d’envie. Mais les informations cachées dans cette caméra pouvaient être l’élément clé pour renverser Mildred Magpie. Aussi le saisit-il délicatement pour le glisser dans un sachet transparent.

L’Auror garda le silence quelques instants, pesant le pour et le contre de la proposition que venait de lui faire le journaliste, avant de prendre la parole :

« Je ne suis pas à la botte de Magpie, loin de là. » commença-t-il prudemment. « Et je pense que, si vous êtes venus me voir, c’est que vous savez pertinemment que j’ai mes propres griefs contre elle. Et vous avez raison, rien ne pourrait me faire plus plaisir que de la faire tomber de son piédestal. Mais… » Il hésita une seconde de plus, « Je ne peux rien faire pour vous. Pas sur un plan judiciaire en tout cas. Je ne suis peut-être pas la botte de Magpie, mais la plupart du ministère la soutient ; Leopold Marchebank le premier. Si vous menez une attaque en justice, comme ça, ils auront bien vite fait d’étouffer l’affaire et de vous réduire au silence. Vous avez vu Magpie à l’œuvre, vous savez aussi bien que moi qu’elle parvient toujours à ses fins. » Hayden tapota distraitement le bois de son bureau. « Je vous déconseille de lancer une attaque en justice maintenant. Vous ne faites pas encore le poids face à elle et, même si vous avez des preuves sérieusement compromettantes, le Magenmagot pourra les déclarer irrecevables en quelques secondes. » Hayden vrilla ses yeux dans ceux de Rick. « Vous nous avez offert une longueur d’avance sur Magpie… Et il faut qu’on la conserve. Voilà ce que nous allons faire… » Hayden saisit une plume et griffonna une adresse sur un papier. « Retrouvez-moi ici demain, à 18h30. J’ai une idée et je pense qu’elle nous permettra d’obtenir ce que nous désirons tous les deux… La chute de Magpie. »