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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine]

Danielle Coleman
Danielle ColemanChef de la milice
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeSam 22 Sep 2018 - 13:13
20 juin 2010

Danielle consulta sa montre et poussa un profond soupir en avisant l'heure. Elle referma le dossier ouvert devant elle et, d'un mouvement de baguette, il alla se ranger docilement dans une armoire qui se referma immédiatement après. Elle était en train d'ordonner son bureau, lorsque quelques coups frappés à la porte lui fit relever la tête.

"Danielle ? Tu voulais me voir ?" s'enquit Avalon Davies, milicienne qui travaillait avec elle depuis plusieurs années maintenant.

"Ah oui, entre !" lança Danielle en se redressant sur son fauteuil. Elle désigna la chaise qui lui faisait face pour inciter la femme à s'y installer. Celle-ci, sans masquer sa surprise, s'assit en face d'elle et garda le silence. C'était rarement de bon augure d'être convoquée pour un tête-à-tête avec la chef de la milice - et Danielle voulait bien admettre qu'elle n'avait pas été tendre avec ses équipes dernièrement.

"J'aimerai te nommer lieutenante, Davies." déclara-t-elle sans préambule. "J'ai besoin de personnes de confiance à ce poste..." Danielle vrilla son regard dans celui de la milicenne, qui le soutint sans ciller, "Et tes rapports ont toujours été irréprochables. Tu sais prendre la bonne décision lorsqu'il le faut, et tu ne te laisses pas impressionner... Ca me plait." confia-t-elle avec un léger sourire. Avalon était jeune, sûrement, mais elle était un élément de choix pour la milice. Danielle avait longtemps hésité entre elle et un de ses collègues - Jonathan Evans - mais s'était finalement décidé pour la jeune femme. Déjà, parce qu'elle lui semblait plus digne de confiance. Ensuite, parce qu'elle aimait bien aider ses collègues féminines à grimper les échelons dans ce métier, pourtant typiquement destiné aux hommes. C'était sa manière de rétablir un peu l'équilibre. "Le poste est à toi, si tu le veux.".

"Bien sûr !" répondit immédiatement Avalon, alors que ses grands yeux se mettaient à pétiller. Elle réprima un sourire, et hocha la tête avec sérieux. "Je suis touchée de ta confiance. Je ne te décevrai pas." affirma-t-elle.

"Je sais." lança tranquillement Danielle, avant de baisser les yeux sur une feuille en face d'elle. "Je suis en train de bosser sur ton planning et tes missions, mais on reverra tout ça ensemble en fin de journée." elle consulta une nouvelle fois sa montre. "Avant, je dois rencontrer le directeur du département des mystères."

"Je te laisse alors !" s'exclama-t-elle en se levant. Elle quitta le bureau d'un pas énergique.

Les murs du QG de la milice n'étant pas vraiment épais, Danielle eut tout le loisir de l'entendre s'écrier : "Anthonyyyyy ? Devine qui est devenue ta supérieure ?" Son collègue lâcha un éclat de rire tonitruant, avant de se lamenter sur l'avenir de la milice, qui comptait à présent Avalon Davies parmi ses lieutenants.

Danielle réprima un sourire, toutefois ravie d'avoir attribué cette promotion à Davies. Elle profita du quart d'heure qu'elle disposait avant la venue de Constantine Egalité pour ranger son bureau qui débordait de dossiers et de papiers volants. Elle finit miraculeusement par revoir la structure en bois, et se félicita en prenant une longue gorgée de thé, dont la douce odeur réchauffait la pièce.

"Ah, Constantine, je t'en prie, entre." lança Danielle à l'homme qui se trouvait désormais à l'entrée de son bureau.

Constantine Egalité était l'homme qui avait pris la direction du département des Mystères à la suite de Chloé Hellsoft. Il avait surtout sérieusement aidé la milice à monter un dossier contre cette dernière, leur founissant des informations précieuses en preuves des soupçons qu'ils avaient déjà sur les activités illégales de Hellsoft. A présent que Chloé avait fui le pays - ou même le continent, pour ce qu'ils en savaient - Constantine et Danielle se voyaient régulièrement pour faire le point sur l'enquête.

"Où en étions-nous la dernière fois ?" lui demanda-t-elle en faisant venir jusqu'à eux l'épais dossier "Hellsoft". En toute honnêteté, il n'y avait pas grand chose de nouveau à discuter : Chloé était - toujours - introuvable.


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Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeMer 26 Sep 2018 - 1:27
Ma propre nervosité m'irrite. Je pianote sans m'en rendre compte sur le bois marbré de mon bureau avec l'insensible envie de creuser un trou quelque part et d'y rester pour toujours. A la limite, à la limite, je dis bien, je pourrais me contenter de prendre mon balais et piquer tout droit vers le ciel jusqu'à ce que le manque d'oxygène m'étouffe, il me suffirait ensuite de mourir là, dignement, parmi les nuages. Je n'entendrai plus rien hormis le son de l'air qui sifflerait contre mes tympans, puis le noir, et la mort, et rien, plus rien, jamais, ne me confronterait à ces éternelles rendez-vous avec Danielle Coleman.

Je le ferais, si je n'avais pas la certitude qu'une chute de deux mille mètres en balais sur le béton efface instantanément toute la poésie d'un suicide conçu dans les étoiles. Ma famille ne prendrait probablement pas la peine d'identifier l'aspect répugnant de mon cadavre, et ça me ferait du mal parce que je tiens absolument à ce que mes crétins de frères me fixent dans les yeux avant de m'enterrer. Je soupire lentement. Je sais que c'est inexorable. Je ne peux pas travailler sans elle, en fait, je suis carrément dépendant de son expertise, et outre le fait que ce ne soit pas consciemment une sensation très agréable en ce qui me concerne, je dois reconnaître qu'elle est probablement mon seul espoir compétent en ces lieux pour mettre un point final sur une histoire qui traîne depuis un peu trop longtemps.

Je ne pense pas Chloé Hellsoft capable de revenir briguer son ancien statu. Étant donné qu'il est relativement absolument certain désormais qu'elle n'ait pas tenue jusqu'au bout à rester dans les petits papiers de Leopold - quoi qu'il me reste encore quelques preuves à réunir pour me garantir ceci de manière permanente -, il serait assez idiot, et dangereux de sa part, de faire venir admirer, à nouveau, son joli petit visage entre les murs d'un Département qui ne lui appartient plus.

Ou dans les rues de Londres, plus généralement.

MAIS. Et je déteste les mais. La sensation d'avoir laissé échapper quelqu'un dont on a consciencieusement remuer tous les sales petits secrets dans le but évidents de les étaler abjectement sous le nez de qui pourrait lui nuire, n'est pas exactement un sentiment agréable. Primo, je déteste le travail mal fait. J'accepte assez volontiers d'être patient pour n'importe quelle affaire, mais il faut être capable d'y mettre un point final. C'est à mon sens encore plus vrai lorsqu'on balance négligemment quelqu'un. Il est vraiment très important que le quelqu'un en question soit neutralisé pour toujours. Or, Chloé Hellsoft, où qu'elle soit, s'offre probablement à l'heure actuelle les meilleures vacances de sa vie. Et l'incertitude de la savoir quelque part dans le monde, occupée à renifler je ne sais quoi ne m'amuse pas du tout.

Secundo, je lui en veux doublement de son escapade qui m'oblige à essuyer ces rendez-vous pesant avec Coleman. J'ai peut être détruit la vie de Chloé Hellsoft - bien que cela me paraisse toujours parfaitement légitime (on ne garde pas quelqu'un d'incompétent à la tête d'un département) - peut être. Mais honnêtement, rien de ce qu'elle vit à présent ne peut valoir la tension anticipé qui m'envahit avant chaque rendez-vous.    

J'aborde franchement le problème avec la résignation d'un étudiant consigné aux rattrapages de ses ASPIC. Je me lève pesamment, range dans un dossiers les feuilles chronologiques et les éléments du dossier Hellsoft que je possède et qui reste désespéramment vide  -vide de sens, vide de tout -, glisse mon calepin et ma baguette dans la poche de ma robe taillée sur mesure et emprunte l'ascenseur en direction du département de la justice magique. J'émerge dans le couloir au moment où une demoiselle parfaitement délicieuse s'éjecte du bureau de Danielle, un sourire approximativement égal à la dimension du désert d'Arizona plaqué sur le visage. Il me faut quelques secondes pour identifier Avalon Davis. " Anthonyyyyy ? Devine qui est devenue ta supérieure ? " Je la suis des yeux et l'observe se jeter sur son inférieur avec la satisfaction du pouvoir digéré très vite. Tiens donc. Je hausse lentement un sourcil en poussant la porte du bureau de Danielle, l'esprit concentré sur cette nouvelle information hiérarchique, j'oublie un instant que je suis en train de pénétrer dans l'antre du monstre.

" Ah, Constantine, je t'en prie, entre." La voix de Danielle me fait à moitié sursauter. A regrées, j'abandonne la scène des yeux et me glisse dans son bureau en refermant la porte derrière moi. Comme. Si. Je. Clouais. Les planches. De mon propre. Cercueil. "Où en étions-nous la dernière fois ?" D'un geste qui ne permet pas à une seule goûte de thé de s'enfuir de sa tasse, elle place l'énorme dossier Hellsoft sous mon nez. Je le considère un instant en silence comme on considérerait un bébé mort-né. "Avalon est passée lieutenant ? " Je sens une étreinte désagréable contre ma nuque, en réalisant d'une part que je ne réponds pas du tout à sa question, et que d'autre part j'en formule une autre dont la réponse m'importe pour tout dire, assez peu. J'identifie rapidement cet écart de conduite comme une réaction nerveuse à son attitude rigide. Danielle s'embarrasse rarement de bonjour, comment ça va, un café peut être, et je conçois que venant de n'importe qui d'autre, l'intention me serait aussi agréable qu'un bain de pieds gelé, mais de sa part, je ne saurais trop dire pourquoi, franchement, ça me mettrait à l'aise.

Elle me crispe.

Je soupire entre mes dents, dans un silence parfait.

- La dernière fois, Chloé Hellsoft était probablement occupée à égaliser son bronzage très loin des côtes britanniques, et nous piquions du nez sur un dossier qui ressemble étonnement à celui-ci. " Je jette négligemment la pochette que j'ai apporté sur le tas de papiers triste, dont nous connaissons tous les deux chaque lignes -avec une petite aide mémorielle, en ce qui me concerne.- "Ce sont les tous derniers rapports qui ont été remis à Hellsoft par l'équipe de chercheurs à sa charge, à l'époque, dis-je. Tu ne m'en voudra pas, j'ai été obligé de supprimer certains passages qui brisaient le code de parole du Département. Ils n'ont pas grand-chose de formidablement novateurs, de toutes manières. Une recherche d'étude sur une prophétie qui ne me paraît pas avoir de lien avec son départ, et une note concernant une recherche centrale du Département… Dont je ne peux pas parler… Mais qui ne donne pas beaucoup plus d'informations sur l'endroit où elle aurait pu décider d'aller passer ses vacances, ni sur une implication particulière dans quoi que ce soit de tragiquement anti-gouvernemental. " J'ai faillis dire anti-Leopoldien, mais je n'ai jamais bien su si Coleman avait la décence de reconnaître le genre de régime que nous cautionnons. Je fuis son regard, les lèvres serrées. Il est assez insupportable, à vrai dire, de ne pas être habilité à lui expliquer clairement de quoi traitent ces papiers en profondeur. Le fait de devoir éluder le sujet même de la plupart des rapports que j'ai pu retrouver dans les archives du Département, même si je suis convaincu qu'ils ne font pas avancer l'affaire outre mesure, ne doit pas lui donner, de son côté à elle, le sentiment que je fais beaucoup d'efforts. Je relève les yeux pour la fixer, et son regard m'étreint et me donne la sensation d'avoir avaler trois glaçons d'un coup. " Oserais-je l'affront de te demander si les promotions de tes effectifs t'ont permis de trouver de nouvelles pistes ? " Oserais-je ?
Danielle Coleman
Danielle ColemanChef de la milice
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeDim 30 Sep 2018 - 11:29
« Oui, je viens de lui offrir le poste. » confirma Danielle avant de baisser distraitement les yeux sur l’énorme dossier Hellsoft posé sur son bureau. « Elle sera excellente. » commenta-t-elle, d’un ton qui n’appelait en réalité aucune réponse.

C’était une simple constatation ; Avalon avait tout ce qu’il fallait pour devenir un excellent lieutenant. Elle était bonne duelliste, avait des intuitions assez sûres et ne tergiversait pas des ans avant de prendre une décision. Elle était aussi réfléchie et mesurée – ses collègues la respectaient beaucoup, lui semblait-il, malgré son jeune âge. A vrai dire, ce qui impressionnait surtout Danielle, c’était sa force de caractère, sa volonté à ne jamais se laisser marcher sur les pieds – ni par les hommes, pourtant en nombre dans cette milice, ni par ses supérieurs.

Peut-être, que Danielle se retrouvait un peu en elle, au même âge, lorsqu’elle travaillait toujours en tant qu’Oubliator sous les ordres de Dalhiatus. Elle avait toujours refusé d’endosser le rôle de « petite nouvelle » bonne à faire les cafés et à rédiger les rapports d’incidents, et elle l’avait très vite fait comprendre à ses collègues. Ces derniers n’avaient pas été ravis de voir cet ordre si durement établi basculer purement et simplement dans le vide, mais la jeune femme s’en fichait alors royalement.

Lorsqu’on y réfléchissait bien, Danielle Coleman s’embarrassait de peu de choses. Elle souhaitait seulement être respectée pour son travail et pour ce qu’elle accomplissait quotidiennement, pas parce que – comme on lui avait pourtant déjà fait remarquer – elle était le « joli visage de la milice » et que « sa manière de manier la baguette magique en disait long sur ses capacités. » Danielle était une sorcière émérite, une Oubliator de renom – legimens de surcroît – qui gérait avec un sérieux hors du commun la milice du ministère. Le seul problème qu’elle rencontrait c’était que -  n’étant pas un homme – elle devait accomplir dix fois plus pour être considérée de la même façon. Heureusement, elle avait au fur et à mesure des années construit une image d’elle si solide que la plupart de ceux qui s’aventuraient en face d’elle ne se lançaient pas dans des vannes bancales, de peur de croiser le regard ô combien froid et ô combien empli de mépris de la chef de la milice. Et c’était très bien comme ça.

Les yeux baissés vers son bureau, fixant dans les lire les papiers qui y étaient éparpillés, Danielle releva le regard vers son collègue lorsqu’il y déposa une pochette contenant les derniers rapports d’Hellsoft avant son départ précipité du ministère, puis d’Angleterre. La milicienne n’eut même pas besoin que Constantine lui confirme ses soupçons : elle savait déjà qu’elle ne trouverait rien de probant dans ces papiers ; jamais Chloé n’aurait pris le risque de cacher des informations aussi importantes au sein même du ministère. Ce rendez-vous – comme le précédent, et celui qui avait précédé le précédent – allait être parfaitement infructueux, donc inutile ; et Merlin seul savait à quel point Danielle avait mille autres préoccupations  en tête en ce moment.

« Assieds-toi, je t’en prie. » indiqua Danielle en prenant elle-même place sur son fauteuil. Elle dévisagea un instant son collègue. « Tu peux oser. Mais je te répondrai avec tout autant d’affront que la réponse est non. » admit-elle en prenant une gorgée de thé – gardé chaud grâce à la magie. « Tu veux quelque chose ? » proposa-t-elle alors par politesse – s’il refusait et que cette réunion pouvait se terminer en dix minutes, elle n’en serait que plus ravie.

Danielle feuilleta l’épais dossier posé devant elle, avant de reporter son attention sur son collègue.

« Tu l’as dit toi-même : Hellsoft doit être en train de bronzer sur une plage australienne, ou dans je ne sais quel pays du monde. Ce qui est frustrant, c’est qu’on a suffisamment de soupçons pour être certains des activités qu’elle menait, mais pas assez de preuves pour pouvoir lancer un mandat d’arrêt. » Danielle poussa un léger soupir. « La seule chose que nous avons en notre faveur, c’est le temps. Chloé finira par se perdre dans son jeu, ou par vouloir contacter sa famille, ses filles… A ce moment-là, nous serons les premiers informés, et elle sera immédiatement envoyée à Skye. » assura Danielle, avant d’ajouter : « Je ne pense pas qu’elle puisse remettre les pieds sur le territoire anglais de sitôt, d’ailleurs. » Les surveillances des frontières étaient plutôt efficaces pour ça, ainsi que les contrôles des transports magiques.


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Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeVen 5 Oct 2018 - 0:24
Dans d'autres circonstances, Danielle Coleman aurait probablement figuré parmi ceux du ministère qu'on disait doté de charme. Dans d'autres circonstances, analyser les traits scandaleusement réguliers et volontaires de son visage, ainsi que les quelques rares expressions qui s'y peignaient sporadiquement, comme des vestiges d'humanités oubliés, aurait pu troubler mon esprit, perturber mon poul, arrêter mon souffle. Dans d'autres circonstances, j'aurais trouvé Danielle Coleman attirante, vive, directe, insoumise, pleine d'une intelligence qui ne s'encombre pas de détours affectueux, agile dans sa parole et respectée dans son travail. Dans d'autres circonstances, il lui aurait probablement suffit d'un regard pour me clouer au sol et faire de moi sa chose.

Dans d'autres circonstances. Parce que quand je la vois baisser les yeux vers le dossier en énumérant d'un voix atone et pressée les qualité de son nouveau Sergent, tout ce qu'elle me renvoi, c'est la sensation d'une douche glaciale et d'un empressement qui ne prend naissance dans aucune forme de politesse connue. Danielle a son propre rythme, son propre souffle, ses propres exigences, et tous ces condensés de propre à quelque chose en font un être effroyablement rigide. Jamais ses gestes ne débordent, jamais son regard ne dévie du millimètre qu'elle s'est promis de fixer. Jamais ses lèvres ne frémissent et réellement, je me demande parfois si elle n'est pas tout simplement morte de l'intérieur. Danielle Coleman est peut être un très joli cadavre envoûté qui marche froidement sur ses deux jambes et parle avec une voix grise parce qu'en fait, elle est morte. Voilà.

Ça expliquerait tellement de choses.  

Pour moi qui suis le désordre incarné, sa propension à réguler son corps comme s'il vivait dans une boîte m'oppresse. Danielle a des mouvements comme sa parole, incisifs et directes. Il me faut environ six gestes approximatifs pour parvenir à celui de remettre ma cravate en place. Le sien est une ligne droite sans appel, qui ressemble à la descente brutale d'une lame de guillotine.

Qui peut la blâmer ? J'ai été témoins au Département des Mystères, il fût un temps pas si lointain, de comportements si profondément sexistes que ma perception, pourtant franchement peu intéressé par le problème, s'était senti agressée. Je n'ai jamais porté aucune lutte féministe, et je ne comprends pas grand-chose à leur mouvement. Tout ce que je sais, et je le tire de ma propre expérience, c'est qu'il est absolument stupide de définir la suprématie d'un être par son sexe ou sa race. Les baguettes n'en ont pas. La magie ne fait aucune distinction. Et si je veux bien croire que le potentiel n'est pas qu'une forme d'aléatoire, il y a beaucoup de choses qui prouvent qu'elles n'ont rien n'à voir avec ces différences stupides de chromosomes. J'imagine aisément que Coleman ai eu à se faire une place à la force du poignet, une force deux fois plus puissante, et deux fois plus épuisante que pour n'importe lequel d'entre nous. Ça n'a probablement pas arrangé son caractère.

Peut-être que si les hommes s'étaient mieux comporté avec elle, je n'en serais pas là, à me tortiller de malaise dans son bureau glacé, à espérer je ne sais quoi d'un peu chaleureux pour rendre l'entretient un tout petit peu plus confortable.

Ou peut-être qu'elle me met fondamentalement mal à l'aise parce qu'elle a un caractère de chien depuis sa naissance. Comment savoir. Je jette mes dossiers et prends sur moi pour énumérer comme un grand garçon polie les informations éventées et parfaitement inutiles qui les accompagnent. Je fixe les feuilles pour ne pas me confronter à son regard crispant, son regard crispant qui ne cille pas. Elle possède le pouvoir incroyable de glisser dans ce regard une accusation inerte, comme si j'étais responsable du temps qu'elle perd. Comme si je n'avais pas aussi un travail plus pressant à exécuter.

- Assieds-toi, je t'en prie. " M'intime-t-elle avec une politesse qui me surprend toujours. J'ignore comment elle fait, mais ses propositions sonnent systématiquement avec un fond d'impératif. Une déformation professionnelle, peut-être. " Tu peux oser. Mais je te répondrai avec tout autant d'affront que la réponse est non. " Je relève la tête et accepte de me couler dans le fauteuil qu'elle me désigne, comme un animal pris au piège se réfugierait dans un coin de cage.
- Ha. " Formidable excès de répartie.
- Tu veux quelque chose ?
- Un café. Noir. " Lâches-je, absolument décidé à ne pas lui faire le plaisir de disparaître trop vite, parce que j'ai bien vue dans ses yeux combien elle ne désirait pas du tout me voir m'attarder. Danielle s'empare du dossier qu'elle se met à feuilleter. Un geste professionnel s'il en est, que je l'ai vue exécuter des dizaines de fois, toujours avec la même concentration excessive. Je sais que ses yeux d'hippogriffe ne ratent absolument aucun détail, et qu'elle doit être aussi lassée que moi de toujours retomber sur les mêmes titres, à l'infini -encore que j'ai le privilège de redécouvrir ceux que j'oublie au fur et à mesure, ce qui n'est pas son cas, heureusement pour nous deux.- Je l'écoute attentivement et sert les lèvres imperceptiblement. " Non, non, non. Tu ne comprends pas, l'interrompes-je alors qu'elle achève à peine sa phrase. Nous n'avons pas le temps en notre faveur, Danielle. Pas du tout. Il y a des règles, au Département. Des règles de confidentialité. On ne laisse pas nos secrets traîner dans la nature, on ne laisse pas quelqu'un qui a eu accès à tous les privilèges que suppose un rôle de Directreur se promener librement aux quatre vents du globes en prenant le risque de le voir divulguer nos recherches à n'importe qui - et encore, s'il s'agit de n'importe qui, nous auront de la chance, parce qu'il pourrait aussi bien s'agir d'un groupe de terroristes organisés. " Je lève une main pour prévenir une interruption. " Je sais ce que tu vas me dire. Oui, nous sommes liés par un sort, mais oui, il y a des manières assez inexactes de le détourner, et chaque jours nous prenons le risques qu'une nouvelle faille soit découverte. Il y a eu des lanceurs d'alertes, des chercheurs assermentés qui ont coopérer par le passé, pendant la guerre, en fait, on n'est à l’abri de rien. Et je fais confiance à Chloé Hellsoft pour trouver un moyens de contourner cette problématique si elle décidait d'utiliser ce qu'elle a appris quand elle était chez moi. Et ça, je ne peux pas me le permettre. Vraiment pas du tout. " J'appuie les derniers mots en la fixant profondément, nerveux, le ton aride. Je ne fais aucun effort pour lui dissimuler l'inquiétude et l'urgence réelle que soulève cette question. Chloé aurait dû se faire effacer la mémoire à la remise de ses fonctions, parce que nous avions des doutes sur elle, mais on ne contrôle pas quelqu'un qui disparaît brutalement. Et même si elle ne pouvait remettre les pieds à Londres, les secrets qu'elle détient sont beaucoup trop précieux pour prendre le risque qu'elle puisse les conserver impunément. Lentement, je croise les bras. " Sa famille… On a déjà envisagé de s'en servir ? " Contre elle, évidemment. Parfois, une prise d'otage peut faire sortir un cadavre de terre.
Danielle Coleman
Danielle ColemanChef de la milice
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeLun 8 Oct 2018 - 22:17
Constantine Egalité était là où on ne l’attendait pas. Où on ne l’attendait absolument pas, même, songea Danielle en écoutant sa longue tirade – probablement la plus longue qu’elle l’avait entendu prononcer depuis qu’elle le connaissait.

Elle retint toutefois un soupir las et, d’un mouvement de baguette magique, fit voler une tasse de café noir jusqu’au directeur du département des Mystères. Bien sûr qu’elle comprenait l’urgence de la situation, sa position précaire et ses craintes quant aux secrets de son service. Bien évidemment qu’elle savait que Chloé Hellsoft était dangereuse, munie comme elle l’était de toutes ces informations cruciales sur le ministère et ses projets. Que croyait-il ? Qu’elle était ravie de s’avouer vaincue face à Hellsoft ? Loin de là – rien ne plaisait moins à Danielle que d’avouer qu’elle avait échoué. Mais aujourd’hui, c’était le cas. Hellsoft était introuvable et elle ne pouvait pas continuer à pourchasser de la fumée.

Etre mise face à son propre échec par Constantine Egalité l’agaça prodigieusement ; ne pouvait-il pas, comme elle l’espérait un peu plus tôt, être fidèle à son travail et se taire ?  Ce serait encore pire, réalisa Danielle en prenant une longue gorgée de thé brûlant ; au moins avait-elle enfin la preuve que le directeur des Mystères était pourvu d’un peu de bon sens et d’un peu de caractère.

« Je comprends ta position, Constantine. » déclara-t-elle toutefois. « Mais je t’assure que je ne peux rien faire de plus. » Elle avait déjà mis en place tout ce qui était en son pouvoir pour coincer l’ancienne enseignante de Poudlard. « Hellsoft a disparu depuis trop longtemps, je ne peux pas continuer à envoyer la moitié de mes hommes après elle. » expliqua-t-elle d’un ton catégorique.

Les choses étaient de plus en plus compliquées en Angleterre – la tension au sein même du Ministère était palpable. La milice avait été sous les feux des projecteurs pendant quelques semaines, après le procès de Lauren McGowan et ses accusations sur la mort de sa compagne, Samantha Miller. La vérité était bien évidemment toute autre que celle qui avait été livrée à la presse : la jeune fille avait en effet été assassinée par la milice – un ordre qui avait été donné par Amely Weaver, jeune lieutenante anciennement Auror. A présent, ils ne pouvaient plus s’offrir le moindre faux-pas. Or, réduire considérablement ses effectifs en pourchassant inutilement Hellsoft ne les aidait en rien à se concentrer sur les tâches urgentes qui requéraient son intervention immédiate.

« Hellsoft a deux filles : Maeva et Lou. Elles sont toutes les deux mineures ; Maeva termine sa sixième année, et Lou a trois ans. » énonça-t-elle en baissant les yeux vers le dossier de l’enseignante, où une photo de ses filles était rangée. « On ne peut pas s’en prendre à des jeunes filles mineures et à des enfants, Constantine. » déclara-t-elle en relevant le regard. « Déjà, parce que c’est limite d’un point de vue éthique. » Pas que ça ne la dérange vraiment, mais bon. « Et ensuite, parce que Hellsoft est un membre trop appréciée de la communauté sorcière. On risquerait de se retrouver avec des émeutes, des manifestations… »

Et c’était bien la dernière chose qu’elle voulait actuellement.

« On travaille déjà avec le père de Lou, Peter Virtanen. » annonça toutefois Danielle en désignant du doigt la photo de l’enseignant. « Il a accepté de collaborer avec nous. Je pense qu’on peut lui faire confiance. » commenta-t-elle d’un ton tranquille. Peter Virtanen était un homme qui semblait parfaitement comprendre quel camp il avait tout intérêt à rejoindre.

« Je sais que c’est frustrant, Constantine. Et je t’assure que cette enquête ne sera jamais complètement close avant que Chloé Hellsoft soit à Skye, mémoire effacée. » affirma-t-elle en observant attentivement son collègue. « Mais on ne peut pas continuer à mettre autant d’effectifs sur la recherche de Hellsoft. Marchebank est d’accord avec moi : ça fait trop longtemps, on n’a aucun signe de vie, pas une seule piste valable… »

Elle se sentait presque désolée pour Constantine. Elle savait à quel point une affaire non-bouclée pouvait être agaçante – elle détestait ça, et pourtant elle avait deux énormes dossiers sur les bras qu’elle ne parvenait à conclure : la disparition de Hellsoft et celle de Dalhiatus ; elle nota intérieurement d’en toucher un mot à Nasreen Johar en sortant de ce rendez-vous.

« Mais à moins d’aller arpenter les plages australiennes pour aller débusquer Hellsoft de son transat, je ne vois pas ce que tu veux que je fasse de plus. » fit-elle. « Je ne suis pas contre le fait de prendre des vacances, mais je préférerais éviter de les passer à poursuivre Hellsoft. » rajouta-t-elle dans une tentative d’humour en se fendant d’un sourire qu’elle offrit gracieusement au directeur des Mystères.


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Constantine Égalité
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeDim 14 Oct 2018 - 13:20
Le regard de Danielle se crispe, imperceptible, comme un fragment infime de glace qui se condense sous la volonté de son iris. Elle a au creux de la bouche un pli inerte de dédain affirmé, léger comme le duvet d'une louve, qui laisse passer dans un souffle brusque un masque d'irritation sur son visage fermé. Cela ne dure qu'un battement de cil. J'ai le temps de pincer les lèvres et aussitôt, l'aspect fugitif de tension qui a heurté ses traits réguliers disparaît pour laisser place à son habituel expression atone, un peu las, indescriptible. Danielle m'évoque Lou, sous certains aspects : son in-expressivité parfois ne semble pas humaine. Mais Lou est née comme ça, et je ne sais pas pourquoi, il me semble que chez Coleman, c'est une façade construite. Elle me fait l'effet d'une femme dissimulée sous une armure. Ma curiosité hésite. Je ne suis pas certain de vouloir savoir ce qu'elle cache.

Il me semble évident cependant qu'elle vit depuis des mois une frustration et des inquiétudes similaires aux miennes. Étrange sensation que de considérer que nous avons, elle et moi, des points communs. Je sers doucement la tasse qu'elle a fait léviter jusqu'à moi en notant qu'il me semble vivre cette situation de manière assez régulières ces derniers temps : entretient épuisants, café noir et lassitude. Et sa réponse ne fait que renforcer l'émotion rampante de rage impuissante qui s'insinue le long de mes veines lorsque je pense à Hellsoft, à son impunité, à notre incompétence. Je ne comprends pas à quel point dramatique de l'histoire la situation a pu m'échapper si complétement, et en vérité, je m'en veux d'être en parti l'auteur de ce scénario exaspérant.

J'aurai du sentir qu'elle préparait sa fuite. J'aurai du trouver des éléments pour l'intercepter, pour l'empêcher. Hellsoft nous a filé entre les doigts avec une simplicité insultante, exactement comme quelqu'un qui murmure à plus tard et ne reviens jamais. Je ne suis pas d'un tempérament naturellement colérique, mais l'imaginer se balader librement dans les rues de n'importe quelle ville, au fin fond de n'importe quelle retraite, me rend passablement fou de rage. Silencieux, les yeux obstinément rivés sur l'obscurité du café noir qui fume sous mon nez, j'accuse la réponse de Danielle. Sans surprise, vraiment, mais j'aimerai entendre sortir de sa bouche autre chose que ces éternelles preuves d'échecs. Sans pouvoir la blâmer car nous y sommes deux enfoncés jusqu'au cou. Je ferme les yeux et je soupir distinctement, sans pouvoir me retenir, pour lui faire comprendre que je sais, que je conçois, mais que ça ne change rien à la situation.

Elle a raison, pourtant. Le Ministère est ébranlé, une fois de plus, par la capacité épuisante des Résistants à se mettre dans des situations ridiculement dangereuses pour eux, et pour nous. Même si je suis persuadé que Lauren McGowan a agi impulsivement, pour assouvir un désir de vengeance désespéré qu'aucune organisation ne semble avoir prévu, elle est passé si prêt de mettre un terme à la vie de Leopold que s'en est terrifiant. Si ne suis pas très à l'aise avec l'idée qu'une armée personnelle existe pour répondre aux désirs du Ministre, je le suis encore moins avec l'idée qu'une gamine agissant seule puisse jeter son garde du corps par la fenêtre et manquer de peu de le tuer. Et si cette éventualité m'ébranle profondément, intimement et professionnellement, Danielle, elle, doit avoir la sensation d'avoir faillis à son devoir. Ses arguments sont d'une simplicité évidente. Si elle avait les effectifs nécessaires pour couvrir tous ses dossiers, elle ne s'en priverait pas. Mais la milice n'a rien d'un enclos à moutons. Comme le Département, elle choisit probablement ses équipes avec un soin qui exige d'en réduire la quantité. Résultats, le Ministère vaut mieux qu'une fugitive, peut-importe les secrets qu'elle emporte avec elle. Je comprends. Les dernières semaines ont dû être éprouvantes. La Milice a par ailleurs beaucoup de choses à cacher.

- Hellsoft a deux filles : Maeva et Lou. Elles sont toutes les deux mineures ; Maeva termine sa sixième année, et Lou a trois ans. " Je lève la tête pour chercher son regard qu'elle a baissé sur les photographies des filles Hellsoft. Je fronce les sourcils.
- Et ?
- On ne peut pas s'en prendre à des jeunes filles mineures et à des enfants, Constantine. " Je m'apprête à me récrier mais m'interrompt pour la laisser finir. Son plaidoyer me tire un rire sec, relativement incapable de croire ce qu'elle est en train de me dire.
- D'éthique ? Tu me parles d'éthique ? Danielle ? " Je suis franchement atterré. Nous n'entretenons pas les meilleures relations du monde, Coleman et moi, je peux en convenir. Mais qu'elle me serve ce type d'argument sans sourciller, réellement, c'est insultant. " Je peux avaler tes histoires de manifestations mais par pitié ne fais pas ça. " J'ai besoins qu'on puisse se parler franchement. " N'engage pas la morale dans nos problèmes. Nous savons parfaitement, toi et moi, que ce n'est pas un facteur à prendre en compte. "

J'ai conscience d'orienter la discussion sur un problème personnel. Je sens que s'attaquer à la famille Hellsoft est un poids trop lourd actuellement pour la Milice, d'un point de vue matériel et pratique. Même si j’envisageai ce plan d'une manière moins directe - utiliser des intermédiaire pour disculper tout lien avec le gouvernement (Chloé est après tout un élément politique important et nous ne sommes probablement pas les seuls ennemis qu'elle a su se faire), je conçois que Danielle ne puisse rien mettre en œuvre dans ce sens pour le moment. Parce que sa position est difficile, parce qu'elle a d'autres problèmes plus importants pour elle à régler. Mais je ne supporte pas ces excuses évoqués comme un mensonge. J'ai besoins d'un interlocuteur fiable, d'un interlocuteur qui ne se dissimule pas derrière une éthique dont elle ne connaît pas les termes. Je réalise assez brutalement que même si l'attitude générale de Danielle me crispe au quotidien, j'ai confiance en elle, et qu'une fraction de seconde, je me suis senti trahis. Je jugule mon impulsivité et me reprend, renfrogné. Danielle évoque d'un ton calme Peter Virtanen. Ça me fait l'effet d'un placebo. Je prends sur moi. Je fais un effort de volonté drastique pour tenter d'effacer la réaction que je viens d'avoir, incapable d'imaginer ce que Danielle en a perçu, un peu gêné d'avoir faillis au contrôle de mes émotions. " Est ce qu'il y a des chances… Des chances réelles, pour qu'il sache quelque chose ? " J'anticipe une nouvelle déception avec le refrain de l'habitude.
- Je sais que c'est frustrant, Constantine " Dit-elle. Je rencontre son regard. Je me sens soudainement très fatigué. " Et je t'assure que cette enquête ne sera jamais complètement close avant que Chloé Hellsoft soit à Skye, mémoire effacée. " Je rompt le contact de son regard trop perçant, mal à l'aise, ignorant de ce qu'elle comprend de mes réactions, gêné par sa considération subit pour ma position. Avec un réflexe d'occlumens confirmé, je verrouille mon esprit, comme si elle pouvait décider d'un instant à l'autre de tenter de s'immiscer en moi.
- Leopold est d'accord ? " Je me redresse, les phalanges blanches crispées sur ma tasse stupidement brûlante. Je prends un instant pour considérer ce qu'elle vient de me dire. Ce qu'il va falloir que je me résigne à faire. Attendre. Attendre en espérant qu'Hellsoft ne mette pas mon Département en danger. C'est dur. Les Mystères ne sont pas mon lieu de travail. C'est ma demeure. Là où réside ma véritable famille. L'organisme pour lequel je suis prêt à tout sacrifier. Je me tais. La conclusion de Danielle m'échappe presque, ses derniers mots raisonnent en différés contre mes tympans rendus opaques par une forme de détresse emprunte de rage. Il faut que je lâche prise. Pour la énième fois, je percute le regard de Danielle, et réalise que quelque chose dans son attitude à changé. Quelque chose dans son visage, qui semble s'être étrangement adoucit. Je réalise qu'elle vient de plaisanter. Qu'elle vient de plaisanter, et qu'un sourire est tracé sur ses lèvres froides. Incapable de comprendre par quel effet magique, sa physionomie me calme. J'ouvre la bouche, la referme, sert les dents quelques secondes. " Très bien. " Lâches-je avec le plus bel effet de contre-cœur jamais utilisé. " On ne fait rien. On attend. D'accord. " Ces mots me font plus mal que je ne veux bien l'admettre. Ma paranoïa naturelle ne m'aide pas à minimiser le pouvoir que Chloé détient. Mais Danielle a probablement raison. Peut-être que nous ne risquons rien. Peut-être qu'elle n'utilisera pas les informations dont elle dispose, peut-être qu'elle ne pourra rien n'en faire. Je m'oblige à ne plus considérer le pire. " Tiens moi au courant. Pour Virtanen. " Conclu-je en passant un doigt sur le bord de ma tasse. Puis lentement, j'ajoute : " Ca ne te va pas si mal, de faire de l'humour. C'est surprenant, mais ça ne te va pas si mal. " Je ne la regarde pas. Quelque chose dans la sensation que j'ai de rendre les armes me pousse à tenter une trêve avec elle. Je ne sais pas si je cherche une sorte de réconfort dans la seule personne capable de comprendre notre problème commun, et je regrette presque instantanément de lui poser la question, mais je ne peux l'empêcher de franchir mes lèvres : " je suppose que les dernières semaines n'ont pas dû être d'un grand plaisir. Tu heu… Tu tiens le coup ?" Cette empathie soudaine ne nous ressemble pas du tout.
Danielle Coleman
Danielle ColemanChef de la milice
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeMar 16 Oct 2018 - 20:30
"Je ne dis pas que c'est un facteur que nous prenons en compte." déclara Danielle en fronçant les sourcils lorsque Constantine rebondissait sur "l'éthique" qu'elle évoquait.

Il y avait bien longtemps que Danielle ne s'embarrassait plus des notions comme celles-ci. A son sens, il était difficile de déterminer ce qui était éthique de ce qui ne l'était pas - chaque personne avait un avis différent sur la question, lié à son propre vécu. Il était bien plus simple de définir ce qui était juste ou non, sans se préoccuper de l'éthique qui, de toute façon, n'avait que peu de place au sein des forces de l'ordre en ces temps troublés.

"Mais nous ne sommes pas seuls. Tu penses vraiment que je pourrais prendre la décision de kidnapper deux filles mineures pour appâter leur mère sans que cela ait une répercussion négative sur le gouvernement ?" demanda-t-elle en s'accoudant à son bureau et en posant son menton sur le dos de sa main. "Plus que jamais, nous avons besoin d'être irréprochables aux yeux de la population." La mort de Samantha Miller était encore trop fraîche pour se permettre un nouvel écart à la vue de tous. "Je ne te parle pas d'éthique personnelle, je te parle d'éthique publique." conclut la chef de la milice.

Le ministère tenait la population dans le creux de sa main - pour cela, il fallait remercier ces stupides "résistants" qui avaient fait exploser un lieu public, causant ainsi plus de deux cent morts... Évidemment que le sorcier lambda s'était rué vers Leopold Marchebank, homme providentiel, qui avait lui-même été victime de ce terrible attentat. Et alors, l'instauration de la milice - qui avait pourtant fait grincer quelques dents - avait tout de suite paru plus acceptable, plus légitime ; il fallait protéger la population, voyez-vous. Tout s'était joué dans la finesse et désormais, ceux qui avaient été perçus comme des brutes étaient maintenant vus comme des sauveurs, des garants de l'ordre public et de la sécurité.

C'était pour ces raisons, que Danielle appréciait autant Marchebank et la façon dont il menait son gouvernement. C'était un homme fin, rusé, malin - pas une brute épaisse comme on pouvait s'attendre de voir un homme à une telle place. Non, il était suffisamment intelligent pour faire passer des réformes et des lois de telle façon à ce que tout sorcier soit persuadé qu'il s'agissait de la meilleure alternative pour le monde magique.

"Sur Chloé ? Non, il ne sait rien. Enfin, rien de tangible." lança Danielle. "Mais si jamais elle essaie de le contacter, il nous le fera savoir. Je pense qu'il a tout à fait compris que ses intérêts se trouvaient du côté du gouvernement." Elle garda pour elle le marché qu'elle avait conclu avec le professeur de Runes, seul Leopold en était informé.

Danielle était consciente que cette réunion était absolument insoutenable pour Constantine ; tout, dans son ton, dans la manière dont il se tenait, dans son expression, lui hurlait qu'il aurait préféré être ailleurs, l'esprit tranquille car Chloé Hellsoft pourrirait dans une sombre cellule écossaise. Comme elle le comprenait ! Comme elle aimerait boucler cette affaire une bonne fois pour toute. Mais l'heure n'était pas aux lamentations ; ce n'était pas comme ça qu'ils parviendraient à coincer Chloé.

"Je te tiendrai au courant, promis." déclara-t-elle d'une voix un peu moins ferme.

Elle se sentait désolée pour lui, sachant pertinemment que pour le directeur des Mystères, savoir qu'une femme de la trempe de Hellsoft se baladait dans la nature en ayant connaissance de tous les plus grands secrets du ministère devait être une véritable torture. Elle-même vivait cette fuite comme un échec, alors elle n'osait imaginer ce que ressentait Constantine, qui avait eu Hellsoft sous les yeux pendant des mois. Perdue dans ses pensées, la remarque de son collègue lui fit relever les yeux vers lui.

"Devrais-je m'inquiéter que ce soit le directeur du département des Mystères qui me fasse des remarques sur mon humour ?" s'enquit-elle avec un sourire, plus franc cette fois-ci.

C'était d'ailleurs bien parce que c'était Constantine qui se permettait cette remarque qu'elle ne s'en offusquait pas ; après tout, il semblait aussi chaleureux qu'elle la plupart du temps. Danielle avait horreur des injonctions qui suivaient les femmes encore aujourd'hui et cela dès leur plus tendre enfance, à tel point que les "sois gentille, dis bonjour, fais un bisou" étaient devenus des mantras pour la plupart d'entre-elles. C'était inadmissible - d'ailleurs, c'était à cause de préceptes stupides comme ceux-là que la différence entre les hommes et les femmes était visible dès l'enfance : après tout, on demandait davantage aux garçons d'être "fort" et de "ne pas pleurer" que d'être simplement "gentils". En effet, elle ne faisait pas dans l'accueil chaleureux ou dans l'humour jovial la plupart du temps lorsqu'elle était ministère - et, la plupart du temps également, lorsqu'un homme lui demandait de "sourire plus" elle lui retournait l'un de ses légendaires regards noirs, de ceux qui vous glaçaient sur place. Toutefois, elle sentait que l'intention de Constantine n'était pas mauvaise et se retint de toute remarque acide.

"Les choses ont été compliquées." avoua Danielle en remuant délicatement le thé dans sa tasse. "Après le procès McGowan surtout, et les accusations sur la mort de Miller." Accusations qui étaient d'ailleurs parfaitement vraies. Suite à l'enquête qu'elle avait mené au sein de son équipe, elle avait découvert que c'était Amely Weaver qui était la responsable de cette mission ; cette dernière avait eu le droit à magnifique savon dans les règles de l'art et s'occupait à présent du tri et de l'archivage des dossiers de la milice car "au moins tu pourras prendre la décision stupide de classer U avant A sans me concerter et sans que ça ne fasse trop de dégâts." "Les villes sont de plus en plus agitées, aussi." confia-t-elle avec un froncement de sourcils inquiet. "On a dû redoubler la présence milicienne à Londres et à Manchester, en plus des enquêtes qu'on mène."

Les miliciens étaient donc ravis d'avoir vu leur temps de travail doubler en une semaine ; celui de Danielle, quant à lui, avait quasiment triplé.

"Mais les choses vont finir par se calmer. Et toi ?" s'enquit-elle ensuite en observant son collègue, "Comment se portent les Mystères ?"


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Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeVen 26 Oct 2018 - 1:09
- Évidemment, non, je ne parle pas de mêler l'image du gouvernement à quoi ce soit je… " Le ton coupant de Danielle interrompt ma tentative. Je secoue la main et me renfonce dans mon fauteuil en détournant le regard, contrarié. Je sais qu'argumenter ne servira à rien : je m'attache à une question qui ne prendra jamais forme, ou un plan avorté avant même d'avoir vu le jours. Quoi que je dise, Danielle ne touchera pas à la famille Hellsoft pour des raisons qui la regarde, et ne fera pas l'effort d'aller dans mon sens parce qu'elle protégera la délicatesse politique du gouvernement avant les secrets du Département. Ce que je peux comprendre : je ne souhaite pas non plus que le régime pâtisse de quoi que ce soit -par loyauté pour Leopold ?- et à la place de Coleman, avec aussi peu d'idées de ce que le Département des Mystères contient, je ne poserai pas deux fois la question avant de faire mon choix. " d'éthique publique. Hé bien, je suppose que ça change tout. " Conclu-je entre mes dents, vaincu. Je mets en place le long processus intérieur qui doit me conduire à la résignation, et à l'abandon. Je sais que cette histoire me travaille avec suffisamment d'intensité pour qu'il en résulte une frustration profonde, une inquiétude palpable que je dois réapprendre à négliger. Pour mon propre bien. Pour oublier l'amertume du danger dissimulé, insaisissable.

Je bois lentement. Le café brûlant m'apaise doucement, donne un coup de fouet à mon organisme éreinté. J'ai à peine conscience de l'état d'épuisement physique dans lequel je me trouve en permanence. C'est devenu une seconde nature : je dois me tenir occupé sans relâche pour oublier l'ennui, cette vieille amie visqueuse qui s'agrippe à moi dès que je ne focalise plus mon attention sur mon travail, ou sur les intrigues de cours qui suintent le long des couloirs du Ministère. Je sais que le Département, la politique, cet univers dans lequel je passe le plus clair de mon temps -et de mes nuits- me tiens éloigné du désespoir qui sévit régulièrement, cet sensation profonde, insupportable de lenteur, de vide, de vanité globale et absolue de toutes entreprises, de toutes relations sociales. Cette clairvoyance présomptueuse qui me donne envie de mourir pour ne plus avoir à supporter l'ennuie lancinant, épuisant, bête noire et rampante d'un abattement plus attaché qu'une sangsue.

Je hausse les épaules à l'intention de Danielle dont la voix me tire de mes pensées vagues. " Brave homme. " Dis-je avec un fond de sarcasme à peine dissimulé. " J'espère que vos entretiens ont la bonne fortune d'être agréable, a minima, parce que j'ai la vague impression que ton aimable Peter Virtanen va nous être aussi utile que nos efforts communs pour retrouver sa femme " Je la sonde du regard au travers des volutes brûlantes qui émanent de ma tasse, et me heurte à l'indescriptible masque qui couvre ses traits, plus difficile à déchiffrer que mon propre carnet de note personnel. Je me demande si elle a tenté de tirer de leurs entretiens plus que ce qu'elle ne veut bien me dire, et cela ne m'étonnerait pas, car je trouve ça relativement étonnant qu'elle se contente d'un échange de lettre aimable dans le cas incroyable et stupide où Hellsoft considérerait de reprendre contact avec son ancien béguin. Danielle sait aussi bien que moi que cela n'arrivera pas. Elle me paraît étonnement calme, pour quelqu'un qui a perdu son temps sur une pistes construite d'échecs.

- Bah. " Je scrute les alentours de son bureau, mon train de pensé interrompu par le ton de sa voix et le poids de son regard, dans l'unique but de lui échapper. J'entends le désolement qui transperce ses mots, alors qu'elle me promet de me tenir au courant de tout, avec une subtilité plus légère qu'un voile. Je ne l'aurai probablement saisit chez personne d'autre, mais le ton de Danielle Coleman, habituellement glacial, se modifie brutalement lorsqu'elle y laisse entrer malgré elle l'arôme délicat de son empathie. Et le sourire qui s'accentue entre ses lèvres me laisse figé et me ramène à elle avec la force extatique d'une découverte. Il semble qu'une fraction de seconde, le masque de Danielle se fissure et laisse émaner une seconde personnalité, effacée, écrasée, timide comme une éclaboussure opaque de couleur flétri à force de ne plus être vue. Machinalement, je cherche des doigts la présence de mon rappel-tout et m'y accroche. Il y a quelque chose dans l'atmosphère qui a changé. Je ne suis pas sûr d'aimer ça. " Pourquoi.. ? Interroges-je, plus suspicieux de l'espèce de connivence qui s’établit entre nous que du fond de sa remarque. J'ai la réputation de ne pas savoir prendre une bonne blague ? " Je ne souris pas, contrairement à Danielle, que je ne pensais pas capable de se détendre. Son attitude agit sur moi malgré ma méfiance, et j'achève ma phrase pleine de compassion sirupeuse, horrifié par la porte que je viens d'ouvrir.

Rien ne me mettrai plus mal à l'aise que Danielle Coleman se mettant soudainement à me raconter les déboires profonds de sa vie intime. Je sers les lèvres, dans l'expectative, la tasse dans une main, posée sur un genoux, l'autre faisant tourner entre mes doigts le rappel-tout définitivement occupée par un brouillard rouge ardent. Je retiens mon souffle. Et expire brutalement lorsqu'elle achève par une politesse de circonstance.

Le soulagement m'arrache un rire brutal et profond. Évidemment, Danielle Coleman est pire que moi sur la question de sa vie privée, sa sensibilité ne peut être abordée dans un bureau si glacialement en ordre, à proximité de ses équipes de miliciens, en compagnie du Directeur excentrique du Département des Mystères. Et je me sens parfaitement à l'aise avec l'idée de ne pas avoir à lui rendre la politesse en abordant mes difficultés personnelles à dormir sainement, à craindre une sénilité précoce tous les deux jours, où à occulter les cauchemars récurrents qui hantent parfois jusqu'à mes heures de veille. Ne pas parler du procès, des morts, des cadavres, d'éthique personnelle, ou que sais-je, rester professionnel. Danielle a su effacer avec un brio appréciable le terrible début d'intimité qui menacer de se glisser dans notre conversation.

Je fais un effort pour cesser de rire, et renverse par mégarde un peu de mon café sur le sol immaculé. " Hahaha, désolé. Hurm. " Je me contrôle succinctement, pose la tasse et efface la trace d'un coup de baguette. Je me sens un peu euphorique, comme si je n'avais pas ris sincèrement depuis très longtemps. Soulagé d'un poids comme après avoir pleuré, même si je sais que cela ne durera pas. " Hormis Hellsoft. Hormis Hellsoft, Danielle, tout baigne. Je te raconterai bien, mais tu sais comment on est. Moyennement réputés pour être bavard." Je fais disparaître le dernier plis de mon sourire et les larmes dans mes yeux. " Je te demande pardon, cette histoire me mets un peu sur les nerfs. " Je me lève, achève d'une traite de boire le contenu de la tasse, prêt à tout pour lui dissimuler la crainte excessive que j'ai eu d'entrevoir une personnalité délicate sous le déguisement rigide de son personnage. " Je suppose que tu as des choses à faire. Je ne vais pas te déranger plus longtemps. " Le rappel-tout fait un aller-retour nerveux entre mes doigts alors que je la fixe, la priant, muet, de mettre fin à cet entretient devenu réellement gênant.


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Danielle Coleman
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeLun 29 Oct 2018 - 15:29
« Bien évidemment Constantine, mes entretiens sont toujours agréables. Autant que mon travail. » lança-t-elle d’un ton ironique.

Il n’y avait rien de plaisant à questionner pendant plusieurs heures l’ancien compagnon d’une des femmes les plus recherchées du pays. Rien de plaisant non plus à passer des heures et des heures à éplucher le même dossier, à chercher un autre angle d’attaque, à espérer trouver une piste qu’ils auraient laissé de côté. Qu’on ne se trompe pas : Danielle adorait son métier. Elle vivait pour la milice ; elle lui donnait même l’intégralité de sa vie, tant elle passé du temps entre les murs du ministère. Pour autant, son poste n’avait rien de plaisant, surtout couplé avec d’aussi grosses responsabilités. Le poids qui reposait sur ses épaules pesait lourd et continuait à s’alourdir avec les diverses pertes et échecs que connaissait le ministère : Dalhiatus et Hellsoft, pour ne citer qu’eux.

Que Constantine ne se trompe pas, ou ne s’avise pas de penser qu’elle prenait du plaisir à travailler dans ces conditions. Il était peut-être inquiet pour son département – ce qu’elle concédait parfaitement – mais, une fois leur réunion hebdomadaire terminée, il regagnait son bureau, l’esprit à peu près tranquille. Danielle, elle, faisait face aux suites de la disparition d’Hellsoft, à l’enquête sur Dalhiatus qui piétinait depuis des mois, à la pression de ses supérieurs, à la fatigue de ses hommes, à sa propre fatigue, qui se répandait en elle comme un poison et qu’elle repoussait en même temps que ses propres limites. La faiblesse n’avait pas sa place à la tête de la milice et rien ne l’agaçait plus qu’on puisse prétendre le contraire.

Une gorgée de thé chaud parvint à la détendre, et elle retrouva son calme habituel. Elle se laissa même aller à une petite pique, associé un sourire en coin qui se renforça à la réaction de son collègue.

« Les employés des Mystères ne sont pas reconnus pour leur sociabilité. » répondit franchement Danielle en haussant les épaules.

Elle non plus d’ailleurs, mais elle s’en fichait royalement. Contrairement à beaucoup, elle ne guettait pas l’approbation des autres, elle ne cherchait pas leur sympathie non plus. Danielle était une personne froide et son visage, la plupart du temps figé sur la même expression sérieuse, ne la trahissait jamais. Elle avait érigé autour d’elle un rempart de protection particulièrement épais, qui ne se fissurait pas. C’était nécessaire à l’exercice de son métier, qui la conduisait souvent à prendre des décisions difficiles et à les assumer sans faiblir.

Son sourire se fana toutefois rapidement devant l’éclat de rire de Constantine, qui trahissait une nervosité que son flegme habituel ne laissait pas paraître. Danielle haussa un sourcil, surprise, mais ne le questionna pas pour autant – n’ayant pas spécialement envie de connaître les causes de son hilarité. Constantine Egalité était tout aussi mystérieux que son département, si bien que Danielle devait se contenir pour ne pas étendre son esprit vers le sien pour le sonder.

Un bruit attira toutefois son attention et son regard dériva bien vite vers sa source, qui se trouvait entre les doigts du directeur des Mystères. La forme si caractéristique du Rappel-Tout lui tira un léger froncement de sourcils et elle ne prêta que peu d’intérêt aux paroles de son collègue. C’était curieux, songea-t-elle, en le voyant triturer cet objet avec une habitude qui laissait à penser qu’il le gardait toujours proche de lui. Il était rare de voir des adultes avec des Rappel-Tout – encore moins au ministère et encore moins au département des Mystères. Cela interpellait Danielle, Oubliator avant d’être milicienne, formée pour interroger, questionner, transformer la mémoire. L’objet s’agita encore un peu et se teinta de rouge, signe caractéristique qu’un oubli avait été fait. Elle releva les yeux vers son collègue, l’observant avec un mélange de curiosité et de sérieux, à présent à mille lieues de penser à Chloé Hellsoft, dont la photographie animée était pourtant toujours posée face à elle. Un petit coup de baguette suffit à fermer l’imposant dossier et à le soustraire à leur vue, alors que Constantine, désormais débout, souhaitait mettre fin à leur conversation.

En temps normal, Danielle aurait été plus que ravie de le voir quitter l’étage de la justice magique – pas qu’elle nourrissait à son encontre une véritable animosité, mais davantage car leurs entretiens la mettait face à ses propres échecs qu’elle avait du mal à digérer. Oui, en temps normal, Danielle se serait levé, lui aurait serré la main, l’aurait remercié et : « à très bientôt, bonne fin de journée. »

Mais il y avait cet objet, toujours plus bruyant, qui troublait le calme de son bureau et qui attirait son regard et sa curiosité. Elle hésita un court instant – car Danielle n’hésitait jamais longtemps – et, restant assise, désigna du menton le Rappel-Tout sifflant :

« Un Rappel-Tout, Constantine ? » interrogea-t-elle simplement en s’adossant à sa chaise. « Ta mémoire te fait défaut ? » poursuivit-elle d’un ton calme, presque doux pour la cheffe de la milice, typique de celle qui a l’habitude voir de telles choses.


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Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeDim 4 Nov 2018 - 16:23
Danielle et moi sommes deux êtres identiques, errants dans les couloirs du Ministères avec la permanence des spectres attachés au lieu qui les a vu mourir. Notre vie sociale se résume aux liens que nous créons avec nos employés, devenue rétrospectivement une seconde famille, la seule capable de donner un sens à nos caractères excentriques, asociaux, différents. Chaque étage à son fantôme, les traits tirés, deux cernes sombres creusés sous les yeux. Un verre de ragnarov, un dossier de disparition, ou un rappel-tout entre les doigts. Nous partageons la même fatigue profonde et la même volonté de l'ignorer au profit d'un dévouement qui nous consume. Admettre que Danielle et moi partageons beaucoup de points communs me semble pourtant un effort trop grand, alors qu'elle me répond en italique avec un ton que le sarcasme rend acide. Je lui adresse un sourire poli. Non. Danielle n'a aucune imagination, aucune souplesse d'esprit, elle est un roc rigide, qui a peut-être été malléable à un moment de sa vie mais qui s'est figé désormais pour toujours dans le marbre de sa conscience aride et glacée. Danielle est un pôle, et je suis exactement sur la ligne la plus brûlante de l'équateur. Nous sommes peut-être deux obsessionnels réunis dans une même pièce, mais à cela s'arrête ce que nous pouvons partager.

Je vois bien dans son regard qu'elle balaye mes inquiétudes avec une forme de compréhension croisée d'irritation, et j'ai la certitude absolue que nous nous tapons mutuellement sur les nerfs. Elle retrouve cependant presque immédiatement son calme, un calme qu'elle n'a presque pas perdu. Je suis subjugué face à sa capacité d'internalisation de la colère. Je cherche toujours à déterminer si elle se maîtrise parce qu'elle ressent si peu, ou parce qu'elle se contrôle si profondément qu'il ne lui faut que quelques secondes pour oublier les sentiments qui l'étreignent. Mon expressivité l'agresse probablement autant que la linéarité de son comportement me heurte. Je hausse négligemment les épaules à sa remarque. " Nous sommes sociaux. Nous sommes sociaux entre nous. " Ce qui est vrai. Personne ne peut imaginer que le Département des Mystères est en fait un lieu de travail conviviale, qui ressemble assez à l'intimité qu'Avalon professe avec ses très nouveaux inférieurs hiérarchiques. Nous sommes très loin de l'image blafarde que la population se fait de nous, sorciers à moitié morts concentrés sur une tâche mystérieuse, dénué de paroles, silencieux pour toujours et fuyant le moindre contact humain comme si la chaleur pouvait nous consumer pour de bon.

Je me demande brièvement si Danielle considère la Milice de la même manière, ou si elle tient le rôle de reine solitaire veillant sur son empire. Je ne supporterais pas l'exclusion qu'indique une telle définition. Mais je l'imagine assez mal partager inopinément un café avec l'un de ses hommes en lui demandant des nouvelles de ses enfants. La gêne qui m'envahit chasse promptement ces considérations et je me confronte au regard de Danielle entre deux larmes de rire nerveux. Je pense que nous avons atteint les limites de ce que nous permettent notre relation, et je m'apprête à déguerpir avec le besoins pressant de retrouver une solitude réconfortante, lorsqu'elle interrompt mon geste, le regard braqué sur le rappel-tout.

Un changement s'opère sur son visage et je réalise brusquement qu'elle a l'air… Curieuse ?

J'immobilise le va-et-vient de l'objet et le sert dans ma paume, comme pour le faire disparaître. Je n'aime pas ce que je lis sur son visage. " Un Rappel-Tout, Constantine ? " Demande-t-elle calmement. Je suis certain que ce n'est pas la première fois que je le sors devant elle. Ou peut-être que si ? Je réalise que j'ai fait une erreur lorsqu'elle me demande, avec une douceur de médecin prêt à arracher une dent, si ma mémoire me fait défaut. Je la dévisage un instant en silence.

Je possède ce rappel-tout depuis mes onze ans. Je suis si profondément habitué à l'avoir sur moi, prêt de moi, que j'en oublie souvent la signification - ce qui est plutôt ironique, dans l'ensemble.- La réaction de Danielle me semble à la fois sordide et si profondément logique, comme si elle rendait absurde le fait que jamais, depuis mon entrée au Département, personne ne se soit réellement posé la question. Un jouet teinté de nostalgie, tout au plus, mais qui dans le fond peut révéler certaines choses.

Particulièrement à une ancienne oubliator, legillimens de surcroît, qui occupe sa vie à enquêter, fouiller, et extirper aux autres leurs secrets les plus abjects.

Je m'efforce de conserver une attitude parfaitement naturelle, et m'empêche de glisser l'objet dans ma poche pour le faire disparaître. Au contraire, je le mets bien en évidence, comme si je n'avais aucune inquiétude sur ce qu'il connote, et le fait doucement tourner entre mes doigts, observant les volutes ocres qui se condensent dans son squelette de verre. Je souris, et attache mon regard au sien.

- Tu offrirai un diagnostique ? Un consultation gratuite, si c'était le cas ? " Je parle calmement mais l'intérieur de ma poitrine est glacial. " C'est un vieil objet. Un vieil objet qui a une valeur sentimentale… " Il y a un rire unique et vague, comme un souffle, qui expire d'entre mes lèvres. " J'espère que ce n'est pas quelque chose que les gens atteint de troubles de la mémoire possèdent. D'une part ça ne rappelle rien, et se souvenir qu'on oublie en permanence ne doit pas être une expérience particulièrement agréable. " Il y a de l'amertume au fond de ma gorge, que j’enfouis sous une quantité de flegme considérable. " Je suis très touché que tu t'inquiètes pour moi, Danielle. Tu ne devrais pas. " Machinalement, j'ai hissé entre elle et mon esprit toutes les défenses possibles.


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Danielle Coleman
Danielle ColemanChef de la milice
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeJeu 15 Nov 2018 - 23:03
Sociaux ? Danielle se retint de hausser un sourcil parfaitement sceptique et masque ce sentiment en hochant simplement la tête avec sa flegme habituelle. Il y a plusieurs vérités au Ministère, ces choses immuables qui sont connues de tous - de Leopold Marchebank jusqu'à Jean-Michel de la maintenance - ; il vaut mieux arriver par l'entrée ouest entre huit heures et huit heures et quart ; la majorité des notes de bureau se perdent avant d'arriver à destination ; il est préférable de s'abstenir de tout propos misogyne devant la cheffe de la milice ; les employés du département des mystères rivalisent avec les fantômes lorsqu'il s'agit de sociabilité.

En observant Constantine, Danielle a dû mal à l'imaginer plaisanter avec des collègues - en réalité, elle a dû mal à l'imaginer interagir avec un autre être humain. Il y a quelque chose dans son attitude fuyante, dans ses gestes saccadés, dans ses paroles brutes qui le rend, à ses yeux, inapte à la vie en société. Peut-être se trompe-t-elle ; peut-être que Constantine est un homme charmant, délicat, drôle et de très bonne compagnie. Peut-être.

La similitude avec sa propre situation la frappa presque aussitôt. Elle ne faisait pas partie des personnes les plus avenantes du ministère. C'était assez simple : elle n'avait pas le temps d'être cordiale ou prévenante, de s'encombrer des politesses d'usages, des "mais oui tout va parfaitement bien, il fait si beau pour la saison c'est magnifique, au fait comment va votre mari/fille/mère/chien/cactus ?" avec toutes les personnes qu'elle rencontrait chaque jour dans le cadre de son travail. Danielle allait à l'essentiel et c'était ça qui la rendait la plus efficace... Mais, de toute évidence, pas un trait de caractère apprécié par les autres services.

Qu'importe. Au sein de la milice, son efficacité était vue comme une force, un véritable atout quand on prenait conscience de toutes les décisions difficiles qu'il fallait prendre et qu'elle prenait sans sourciller. Quasiment plus aucun milicien ne se formalisaient de la froideur que dégageait Danielle, de son sérieux à toute épreuve et de son calme olympien. Ils comprenaient, au contraire, l'importance de cette attitude. Ils savaient, cependant, qu'ils avaient intérêt à ne pas merder. Ce postulat désormais intégré par l'ensemble de ses hommes, Danielle entretenaient avec eux des rapports cordiaux - parfois même amicaux. Elle avait, évidemment, ses préférences : Nasreen et Avalon, bien entendu, mais appréciait également Jonathan et Devendra. Globalement, elle n'avait d'animosité envers personne et entretenait de bonnes relations avec ses collègues. Elle riait - car oui, Danielle rit - volontiers aux plaisanteries d'Avalon, et taquinait même parfois Jonathan sur son humour un peu bancal. Il y avait une distance, évidemment, que Danielle mettait en place presque malgré elle en évitant confidences et confessions.

Une distance, qui, finalement, se retrouvait également dans les rapports qu'elle entretenait avec Constantine Egalité. Une distance qui, finalement, fut écartée le temps d'une question posée sous le coup d'une curiosité mal placée qu'elle devait à sa formation d'Oubliator. La réaction du directeur des Mystères attisa encore plus sa curiosité qui s'afficha très nettement sur son visage, peignant sur ses traits habituellement neutres un intérêt qu'elle ne dissimula pas.

"Bien sûr." rétorqua-t-elle, "Tu as un besoin d'une consultation gratuite, Constantine ?"

Danielle écarte l'excuse de Constantine d'un vague haussement de sourcil. Il n'a pas l'air un homme très sentimental et ne comprend pas très bien pourquoi il s'encombrerait d'un tel objet. Et puis, on achète un Rappel-Tout parce que, comme son nom l'indique, on a besoin de se rappeler de quelque chose ; pas seulement parce que la couleur est jolie.

"En effet. Mais en rappelant à notre mémoire que nous avons oublié quelque chose, elle retrouve l'élément dans 99% des cas." commenta simplement Danielle. "C'est ce qu'on appelle la chaîne associative."

C'est d'ailleurs tout l'intérêt du Rappel-Tout qui, en effet, n'a pas vraiment d'utilité en dehors de celle-ci. Danielle soutint sans mal le regard de Constantine, balayant ses prunelles de ses yeux sombres, s'y détachant seulement pour observer l'objet dont les volutes ocres ne laissent plus de doute sur leur signification.

"Je ne suis pas inquiète." déclara-t-elle en lissant distraitement du pouce un papier abîmé par le temps qui se trouvait devant elle. Son esprit, pendant ce temps, tournait à pleine vitesse, habitué aux interrogations sans fin, aux pistes sans preuves et aux énigmes insolvables. L'énigme "Constantine", contrairement à ce à quoi elle s'attendait, n'est pas dans preuves ni sans indices. "Je ne dis pas non plus que tu as des troubles de la mémoire," Si, elle le disait clairement, en réalité, "je remarque seulement que tu te balades avec un Rappel-Tout. Et que tu prends des notes compulsivement." Elle réfléchit presque à voix haute. Finalement, elle haussa les épaules, un sourire sur les lèvres. "Je ne suis pas inquiète. J'observe."

Elle fut presque tentée de projeter son esprit contre celui de Constantine, mais se retint au dernier instant.


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Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeLun 19 Nov 2018 - 19:09
L'humour de Danielle Coleman se manifeste depuis environ trois minutes et il me semble en être déjà lassé. Son regard m'attise avec la circonspection d'un chien sur le point de déterrer un os. Elle ne tente même pas de dissimuler la curiosité qui s'agite sous la componction de ses traits tirés. Un vague sourire par là-dessus, un peu satisfait de sa découverte, et Danielle m'apparaît soudain sous un jour troublant et parfaitement dérangeant.

- Hé bien… " Je laisse ma phrase en suspend et la laisse poursuivre en dissimulant mon exaspération. L'ironie figée de mon expression doit suffire à lui transmettre le désagrément que m'inflige son analyse. A quoi joue-t-elle ? A quel moment de notre vie ma condition s'est-elle soudain mise à l'intéresser ? Il me semble que j'aurais préféré qu'elle demeure Danielle pressée, Danielle aux milles missions, Danielle je n'ai pas le temps. L'attention qu'elle me prête, très loin de ressembler à de l'empathie ou de la considération, me fait le même effet que Mildred Magpie fouillant des yeux le désordre intime de mon bureau. Il me semble que nous ne sommes pas conçus pour ce genre de discussion.

- C'est ce qu'on appelle la chaîne associative."
- Ho, Merlin. " Je lève vaguement les yeux au ciel, glisse le rappel-tout dans ma poche et secoue la tête.
- Je ne dis pas non plus que tu as des troubles de la mémoire, poursuit Danielle, à des kilomètres de se sentir concernée par ma réaction. Je remarque seulement que tu te balades avec un Rappel-Tout. Et que tu prends des notes compulsivement."

- Encore un peu et je penserai que tu travailles pour la milice. " Je lui sert mon plus beau regard blasé. Inutile de la connaître mieux que ce que je la connais pour déterminer qu'elle ne sous-entend rien du tout : elle affirme, au contraire, chacun de ses mots avec une impudence parfaitement scandaleuse.
- Je ne suis pas inquiète, conclu-t-elle avec une tranquillité qui me donnerait probablement envie de lui écraser la tête sur la table, si elle était n'importe qui d'autre que Danielle Coleman. " J'observe. "

Je garde le silence un instant, sondant son regard. Je sais qu'elle ne baissera pas les yeux, et je réfléchis longuement. Assumer face à Danielle m'arracherait probablement la bouche, mais dans un sens comme dans l'autre, je vois mal l'intérêt de continuer à nier. Danielle n'est pas idiote, et à vrai dire, je pensais que ce jour arriverait beaucoup plus tôt. Si je pouvais dissimuler au mieux la nécessité que j'ai de noter la plupart des choses, spécifiquement au cours de réunions comme celle que nous entretenons, je le ferais. Mais n'ayant pas d'autres choix, je me suis résigné depuis longtemps à être, un jour ou l'autre, mis en face du problème. Du potentiel problème, en tous les cas, car il est absolument certain que je ne laisserais personne sous-entendre que ma condition dessert l'aspect professionnel de ma vie. A quoi bon nier ? Danielle n'est pas stupide -au contraire, il faut le reconnaître-, et elle connaît son métier. Chacune de ses syllabes renifle l'habitude des interrogatoires judicieusement menés. Je ne suis pas certain d'avoir du temps à perdre en démentis, c'est un combat perdu d'avance.

Je soupire, résigné.

- Tu observes. Très bien. Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Je possède un rappel-tout, je prends des notes, soit, je le reconnais. " J'hésite à me rassoir, présentant que la discussion risque de s'orienter sur un terrain qui nécessite un peu de calme et de patience, mais renonce, estimant que conserver la liberté de quitter la pièce à tout instant prime désormais sur le confort d'une position assise.

Et puis, j'aime bien regarder Danielle de haut.

Les traits de son visage son étonnement plus doux sous le…

Je sers les lèvres.

- Je ne vois pas bien où tes observations nous mènent, cependant. " J'écarte les bras dans un geste d'impuissance. " A priori les autorités compétentes sont au courant. Pour le reste, je ne vois pas bien en quoi ça peut te concerner. " Mon ton n'est pas particulièrement agressif. Au fond de moi, je ne cherche pas le conflit. Je me sens même étonnement peu satisfait par ma tentative de la repousser, sans bien parvenir à en analyser la raison. Un instant, c'est comme si je regrettais de briser l'espèce d'intimité envahissante qui s'est glissée entre nous. Je chasse cette sensation négligemment : je n'ai strictement aucune raison de vouloir Danielle proche de mes problèmes.

Même si elle excellente legillimens et que je lui ferais probablement confiance en ce qui concerne les secrets du gouvernement. Même si elle pourrait peut-être…

Je secoue la tête pour moi-même. C'est hors de question.

- Il y a quelque chose dont tu voudrais malgré tout me faire part à ce sujet, ou pouvons-nous conclure ? " Demandes-je sur un ton faussement formel, pleins d'une ironie mielleuse.


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Danielle Coleman
Danielle ColemanChef de la milice
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeSam 24 Nov 2018 - 15:45
"Encore un peu et je penserai que tu travailles pour la milice. "
"C'est vrai ? Quel excellent détective, tu devrais postuler." rétorqua-t-elle en remuant distraitement son thé, sans quitter des yeux son collègue.

Constantine Egalité l'agaçait. Si Danielle était parfaitement honnête, les personnes qui ne l'agaçaient pas prodigieusement étaient rares - ils se comptaient sur les doigts de la main, probablement - mais elle était toutefois capable d'établir une échelle de l'agacement. Au sommet de cette échelle se trouvait sans aucun doute Charley McEwans, un membre du corps des Baguettes d'Elites qui avait été son concurrent direct pour diriger la milice, quelques années plus tôt. Il n'était pas seulement pénible, il était profondément suffisant et sexiste, intimement persuadé d'être bien meilleur qu'elle. D'ailleurs, lui avait-il confié quelques mois auparavant, s'il avait été aux commandes, la sécurité du pays n'aurait jamais été aussi désastreuse. Oui, définitivement, Charley était le premier du cette liste - mais il arrivait également premier dans la liste des personnes qu'elle aurait aimé voir s'étouffer dans leur sommeil. Dans la partie haute de cette échelle se trouvait aussi Josie, la secrétaire de Leopold - qui la méprisait cordialement et que Danielle trouvait parfaitement insupportable, mais aussi Marcus Peyne qui, dès qu'elle le croisait, lui parlait pendant plus de dix minutes de sa femme et de sa fille, en usant de sous-entendus à peine masqués voire de très clairs "vous verrez, vous aussi, la maternité..." Or, il était de notion publique que Danielle n'avait pas le temps pour ces choses-là.

Vers le bas de cette échelle, on trouvait Jean-Michel de la maintenance - qui n'était pas bien méchant mais seulement un peu benêt. Il était visiblement terrorisée par elle et bafouillait dès qu'elle se trouvait sur son chemin ; pas foncièrement méchant, donc, mais juste agaçant. De même que Gloria, une sorcière qui travaillait à la cafétéria du ministère et qui se permettait des remarques comme "Mais Mrs Coleman, enfin, vous n'allez pas seulement prendre cette salade ! Non, non, tenez, prenez un peu de tarte à la mélasse et, oh, voilà, un peu de fromage aussi. Il ne faut pas vous laisser mourir de faim dans vos bureaux, quelle idée !" Fatigante, agaçante, maternelle, mais d'une façon plutôt attendrissante.

Constantine Egalité se situait à peu près au milieu de cette échelle. Sa compagnie, pourtant, aurait pu être relativement agréable s'il ne représentait pas un concentré de frustration pour Danielle, tant il incarnait ces enquêtes interminables qui n'avançaient jamais. Mais, au-delà de la dimension professionnelle de leur relation, c'était un des traits de caractère de son collègue qui l'agaçait particulièrement... Et la mettait un peu mal à l'aise. C'était cette façon qu'il avait d'éviter les questions, d'y répondre par des procédés secondaires, de louvoyer entre l'honnêteté et l'ironie la plus totale, quand Danielle était une personne résolument frontale avec très peu de tact.

Et leur conversation actuelle la confortait dans cette impression.

Elle releva un peu la tête pour observer Constantine, toujours debout face à son bureau, comme prêt à quitter la pièce le plus rapidement possible. Ses sourcils se froncèrent à l'entente de sa phrase à la fois dépourvue d'agressivité, mais qui était pourtant très explicite quant à ses désirs concernant ce léger détail qu'elle venait d'effleurer.

Ainsi donc, Constantine Egalité avait des troubles de mémoire. Pas suffisamment sévères pour qu'ils soient handicapant dans la vie quotidienne, mais suffisamment prononcés pour qu'il ait mis en place des parades pour les contrer. C'était assez ironique, songea Danielle, que le directeur des Mystères connaisse de tels troubles ; les secrets de ce département étaient tels que personne, à part les langues-de-plomb et quelques hauts dignitaires savaient de quoi il en retournait. Imaginer que Constantine puisse oublier des éléments liés directement avec son travail - alors qu'il était complètement dévoué à son département - était d'une tristesse assez étonnante. Sa dernière réplique, prononcée d'une voix mielleuse, la tira de ses pensées.

"Attends, Constantine, je..." Elle n'acheva pas sa phrase, laissant retomber le timbre de sa voix.

Elle quoi, exactement ? s'interrogea-t-elle en dévisageant son collègue. Elle pouvait l'aider ? Oui, très certainement - Danielle était une experte dans ce domaine. Mais la facilité avec laquelle avait failli lui proposer son aide la laissa sans voix un instant. Danielle ne faisait pas dans l'altruisme ni dans l'aide à la personne ; ce n'était la plus grande adepte des préceptes comme "aide ton voisin" et compagnie ; elle avait déjà suffisamment à faire pour sauter cette étapes.

Mais... Mais il y avait dans la confession de Constantine quelque chose qui l'intriguait. Un véritable mystère venait de se construire autour de cet homme qu'elle pensait lisse ; et remarquer qu'il ne s'agissait que d'une façade attisait sa curiosité. Et, surtout, Danielle était fascinée par la mémoire et ses lésions ; et surtout sur l'origine des lésions qui provoquaient les troubles. Elle hésita encore un instant.

"Je pourrais t'aider." acheva-t-elle en posant ses mains à plat sur son bureau en bois sombre. "Si tu veux." rajouta-t-elle en se levant à son tour pour faire face à son collègue. Elle a horreur de lever les yeux pour le regarder. "Si tu veux trouver l'origine de tes trous de mémoire, ou les corriger." Elle haussa les épaules. "Mais tu as raison, ça ne me regarde pas. Je n'ai pas besoin de te dire que ton..." elle hésita à dire "secret" puis se reprit, "souci ne sortira pas de cette pièce."

De toute façon, elle n'allait pas s'empresser de rejoindre Josie, Jean-Michel de la maintenance et Gloria de cafétéria pour leur raconter cet entretien autour d'un petit éclair au chocolat.

"Merci pour ton temps." conclut-elle avec un sourire en envoyant d'un coup de baguette magique l'épais dossier posé sur son bureau dans une armoire qui se verrouille dès qu'elle se referme.


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Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Why some people can't find anyone to arrest ? [Danielle/Constantine] Icon_minitimeMar 27 Nov 2018 - 12:38
Je sais désormais qu'il est clair, au regard de Danielle Coleman, que Constantine Égalité est doté d'un handicap. J'en ressens une tension physique et brève, que j'identifie immédiatement comme le résidus d'une crainte profonde : celle d'être rejeté, jugé inapte, ou méprisé, un réflexe sensitif délicieux que je dois au comportement de mes parents, délicats référents de vie, et mon père particulièrement. Ils m'ont si bien enfoncés pendant ma scolarité en me confrontant à mes échecs, que j'ai conscience, adulte, de ne jamais parler de ces sujets aussi pour la raison qu'ils déclenchent en moi des réflexes de peur dont je n'arrive pas à me débarrasser et que je juge absolument contre-productif.

Comme si le rejet de Danielle Coleman pouvait m'affecter.

Je soutiens son regard, défiant, et me heurte à une absence de jugement totale. Pris au dépourvu par une réaction qui ne ressemble pas à ce que j'attendais de Danielle, je vacille un instant sur ma conviction, incertains de l'attitude à adopter. Je m'apprête à faire demi-tour, rejoindre la porte, et ne plus jamais aborder ce sujet avec Danielle mais le ton de sa voix me retient. Je baisse les yeux et sers un peu les lèvres. Elle s'est adoucit, étrangement. Je crains de percevoir dans sa voix une forme de pitié, d'un instant à l'autre. Je ne réalise pas, sur le moment, que ma défiance et les comportements que j'attends d'elle ne sont que le reflet de ce que mon milieu familial m'a fait vivre. Ça n'a rien n’a voir avec elle.

- Je pourrais t'aider." Je la sonde, avec un rire étouffé et sarcastique de pure défense. " Si tu veux. " Elle se lève, plante son regard dans le mien et comme toujours, me cloue sur place. Danielle a cette puissance de regard qui m'empêche d'agir, un instant. J'y cherche la pitié, j'y cherche l'amusement, mais je ne trouve strictement rien. " Si tu veux trouver l'origine de tes trous de mémoire, ou les corriger." Je souris en cillant, baisse les yeux sur mes mains crispées et secoue doucement la tête.
- Danielle… " Elle achève sa phrase, et je soupire. J'ignore quel terme elle pensait utiliser, pour choisir finalement cet espèce de nom générique. Soucis.

Comment la blâmer ? En soi, c'est plutôt rassurant. Elle ne réalise pas combien je suis éloigné de la définition qu'elle me donne. Ce ne sont pas des trous de mémoires. Ce sont des abysses d'oublis répétés, sporadiques, imprévisibles. Ce sont des phases de projections sordides où le passé et le présent se confondent et s'unissent en une trame unique, des illusions qui me replongent à des époques que j'ai vécu et dont je n'ai aucun moyens de me sortir. Je suis terrifié à l'idée que ma mémoire puisse se dégrader encore. Je suis terrifié à l'idée de me présenter un jour dans ce bureau, incapable de me rappeler qui est Danielle ou pensant vivre une époque révolue.

Et si elle était la bonne personne ?

Fidèle au régime. Glaciale dans ses relations. Discrète sur ses connaissances. Experte en legillimencie.

Capable de supprimer des souvenirs.

Danielle au sein de mon esprit. Danielle fouillant la plus petite part de mon intimité. Danielle confronté à ce souvenir enfoui sur lequel je n'arrive pas à mettre la main, Danielle découvrant probablement un traumatisme. Danielle qui me connaîtrait alors mieux que personne.

Je me redresse nerveusement. " Merci pour ton temps ", conclu-t-elle avec un sourire. D'un geste bref, elle renvoi le dossier dans l'ombre de son placard. Rien de nouveau pour Chloé Hellsoft. Notre relation, par contre, a sensiblement changé de ton, adopte un tournant étrange. Je me sens mal à l'aise face à cette proximité soudaine, incapable de comprendre d'où vient cette crainte qui ressemble vaguement à de l'angoisse. Comme si j'avais peur de quelque chose. Quelque chose qui existe déjà entre nous mais que je ne parviens pas à identifier. Je la dévisage et une vérité me frappe soudain.

Danielle est belle.

Droite, fière, le regard dur. Une ombre de sourire déposée sur ses lèvres, le teint fantomatique des peaux subtiles, si fine, si vibrante malgré le froid qui tue la chaleur autours d'elle. Elle est belle, dramatiquement. Et je comprends brutalement combien l'attraction que j'ai pour elle est aussi forte que mon rejet. Combien l'exaspération et l'irritation qu'elle déclenche sont le contour d'une même armure. J'ai le souffle coupé de comprendre, après une année entière à la côtoyer dans la plus désagréable des situations, que l'animosité que j'ai pour elle trouve son origine dans la source de ses yeux, parce que je sais, intimement, qu'elle peut me mettre à genoux d'un regard.

Je lui retourne un regard blême. " Je me débrouille. " C'est machinal, autant que le mouvement que j'esquisse pour défaire un plis imaginaire de ma robe. Il faut que je sorte d'ici. " Merci à toi. " Je me détache de la chaise, presse la poignet de la porte. " Tiens moi au courant… Pour la suite. " Le vide absolue de mes paroles me heurte. Je me contiens pour ne pas avoir l'air de fuir. Je ne retrouve mon souffle qu'une fois dans le couloir.


RP TERMINÉ


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