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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold)

Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Profil Académie Waverly
fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeSam 15 Sep 2018 - 0:00
15 Février 2009

Je tâche de rester calme mais tout bien considéré, il y a de quoi être légèrement nerveux. Je ressens une forme d'excitation lancinante. On dit souvent " comme un gamin à la vieille de Noël. " Je suppose que cette expression parle à tout le monde, bien qu'ayant du mal à la comprendre moi-même : j'ai personnellement toujours trouvé les vieilles de noël ennuyante à mourir. Mais je pense concevoir l'état extatique auquel cette expression stupide fais référence : trépignements, battements de cœurs, difficultés à trouver le sommeil. Je me suis rarement senti aussi concerné par une situation depuis des années, même pas lorsque j'ai commencé à mettre mon nez dans les petites affaires puantes de Chloé Hellsoft. Peut-être parce que je n'avais pas la certitude, à l'époque, que cette entreprise menée sur un coup d'instinct m'offrirait une telle ouverture sur l'avenir.

Fiennes est tombé. De manière dramatique, splendidement, avec tout le pathétique que nécessitait son caractère, et l'humiliation que méritait son parti. J'avais de l'affection pour Fiennes, d'abord parce que certaines de ses mesures n'étaient pas parfaitement inintéressantes - j'ai découvert dans le monde moldu des objets réellement passionnants et certaines choses pratiques, qui échappent aux sorcier britanniques, mériteraient franchement d'être intégré à leur manière de vivre.- Ensuite parce qu'il a toujours fait preuve d'une espèce de bonne volonté, alors qu'il croulait littéralement sous l'échec de son orientation. Son gouvernement faisant un peu pitié, je pense avoir développé pour lui une profonde bienveillance, dans l'attente patiente que quelque chose se fissures, se brise, et laisse enfin la place à une situation dans laquelle je pourrais m'illustrer.

Cette situation, la voici. Elle a pour visage Leopold Marchebank. Un type intègre, autant qu'on puisse l'être vis à vis de son propre égoïsme. Le regard perçant, l'œil alerte, le coin de la bouche prêt à s'ouvrir pour répandre en crue suaves une quantité de mensonges, je le sens, qui le feront aller loin. J'ai parié très tôt sur ce cheval-là, parce qu'il avait de loin le profil d'un étalon racé, capable de courir vite, et d'emprunter les bons virages. Très heureux de ne pas m'être trompé, très heureux d'avoir préparé le terrain au sein du Département des Mystères, suffisamment pour que peut-être, si l'homme est suffisamment alerte - et je crois qu'il l'est - il puisse m'offrir ce que j'attends de lui, et lui ce qu'il attendra probablement de moi.

Je ne lui demande pas grand-chose. La garantie d'un trois fois rien. Le dédommagement pour un effort consacré et ma bonne volonté. Un tout petit coup de pouce vers le haut.

Le poste de Directeur.

Je n'ai jamais trop supporté le préfixe de ma position. Sous-directeur, " sous ", ça sonne mesquin. Rabaissant. Ca ressemble à un type à qui on pourrait donner des ordres au sein de sa propre maison. C'est un fait qui me convient assez moyennement. Parallèlement, j'ai l'intime conviction que Leopold Marchebank a beaucoup plus à tirer de moi que de Chloé Hellsoft - j'ai personnellement un peu crissé des dents lorsqu'on l'a déposé au-dessus de ma tête comme un cadeau dont on n'aurait pas trop su quoi foutre. - Entendons-nous. Je n'ai clairement jamais compris cette décision, que j'ai toujours mise sur le compte d'une stratégie opaque menée dans une situation précaire d'entre-deux pouvoirs. Probablement, Chloé Hellsoft offrait à la population l'image rassurante et positive d'une mère de famille investie dans un rôle que les Sorciers anglais semblent considérer comme une assise de confiance : Poudlard. Il a également été difficile de ne pas noter l'effort de diversité que Leopold s'était évertué à mettre en place. Je comprends ces raisons aussi bien que j'ai du mal à saisir ce qui la poussé, parmi tous les chercheurs aigris du Département des Mystères, à s'enticher d'une vieille connaissance de nos couloirs pour l'y réintégrer mollement. Chloé n'était certes pas une mauvaise personne, aujourd'hui elle sent la trahison à pleins nez, et je ne l'ai considérée compétente dans son domaine à aucune de ces époques.

Mais les décisions de Marchebank sont les décisions de Marchebank, et aujourd'hui, puis qu'enfin le moment semble propice, il est temps pour moi de lui faire comprendre son erreur, et de lui montrer combien elle est essaiment réparable.

Je dois le convaincre. Faire plus que le convaincre. Je dois lui faire une déclaration d'amour telle qui ne pourra plus jamais douter de mes bonnes dispositions à son égard, plus jamais pouvoir se passer de moi.

J'ai observé Marchebank. Au cours des derniers mois, j'ai eu plus d'une occasion de le regarder évoluer avec la rectitude d'un homme conçu pour le pouvoir brutal. Et je sais que les négociations vont être difficiles, parce qu'on ne peut accéder au poste de Ministre dans son genre de scénario sans être un tout petit peu exigent sur la manière dont on règle ses problèmes. J'ignore si j'ai la rhétorique pour le gagner à ma cause. Lorsque je traverse le hall pour emprunter l'ascenseur qui doit me mener au premier étage, je suis plutôt fébrile. Il y a une autre part de notre rencontre que je n'ose aborder avec ma propre conscience. Je sais d'avance que Leopold Marchebank opère sur moi un pouvoir de fascination d'une violence que j'ai du mal à maîtriser. Je dois faire la part des choses, et ce n'est pas à mon avantage. J'ai assez peur de ce qu'une confrontation directe pourrait déclencher.

Mais je joue des années de travail, des années d'attente silencieuses et bien élevée. Je ne laisserai pas ces sentiments stupides entraver le plus bel instant politique de ma carrière. Il me faut ce poste. Il me faut ce pouvoir de conviction. Il me faut l'attention et la confiance de Leopold Marchebank.

Lorsque je frappe à sa porte, ma respiration est presque calme.
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeDim 30 Sep 2018 - 11:37
Installés dans les fauteuils confortables qui entouraient la petite table basse, les deux hommes savouraient leur verre de Ragnarov tout en échangeant à demi mots. Le dos droit comme un piquet, l'oeil alerte, Alan Sheppard faisait son rapport d'un ton militaire, n'omettant pas le moindre détail. Il revenait d'une mission de surveillance auprès de Johnny Kiss, chef fantoche des Doxy Ness. Le gang de Leopold rencontrait quelques difficultés récemment, l'arrivée de nouveaux concurrents sur le marché, quelques escarmouches dans les ruelles les moins fréquentables de Londres... alors le ministre avait-il tenu à s'assurer que son lieutenant, Kiss, était toujours fidèle au poste et suffisamment alerte pour conserver ses intérêts. Le rapport d'Alan, plutôt rassurant, tranquillisa peu à peu Leopold qui, de bonne humeur, se versa un second verre pour célébrer.

Ministre de la magie, voilà bien une fonction qu'il n'avait jamais pensé briguer, jusqu'au jour où il s'était surpris à comploter pour l'obtenir. L'occasion était trop belle, la tentation trop forte, pour ne pas tendre le bras et saisir ce trône à portée de main. Las, il avait réussi son coup, et était devenu une véritable personnalité publique, avec les privilèges mais aussi les contraintes que cela apportait. Bien loin déjà lui semblait l'époque où il commandait d'une main le département des créatures magiques, tout en dirigeant tranquillement la mafia de l'autre. Interdisant l'importation de telle écaille de dragon le matin, en organisant le trafic l'après-midi. Oui, son ancien poste était bon pour les affaires, un emploi peu fatiguant tant il en maîtrisait les ficelles, qui lui permettait d'être juge et partie. Les choses étaient plus complexes depuis qu'il était ministre et soumis à l'observation attentive des médias. Il lui était plus difficile de s'éclipser pour échanger avec ses subordonnés et gérer ses affaires. Voilà pourquoi il lui fallait pouvoir compter sur la loyauté d'hommes tels qu'Alan, ou Johnny Kiss... Heureusement, il était généralement plutôt doué pour jauger la loyauté de son entourage.

Son petit interlude avec Alan achevé, il le congédia, appela sa secrétaire Josy pour faire le point sur son agenda, puis revint s'installer à son bureau. Il était tranquille jusqu'à la fin de journée, moment où se tiendrait le conseil de direction du ministère. D'ici là, il lui faudrait se mettre à jour sur les dossiers en cours, et il avait de quoi s'occuper, au vu de l'immense pile de parapheur que Josy venait de faire voleter jusqu'à son bureau... Avec un soupir, il s'empara du premier de la pile, saisit son beau stylo Mont Blanc et se mit au travail.

Il était plongé dans la lecture d'une note sur les négociations pour la future directive relative à la liberté d'établissement en tant que chaudronnier dans l'espace magique européen lorsque quelques coups furent frappés à la porte de son bureau. Soulagé par cette interruption, le ministre redressa la tête :

"Entrez !", s'exclama-t-il avant de reconnaître le nouvel arrivant. "Ah, monsieur Egalité, installez-vous donc."

Se levant de son siège, il désigna le petit espace salon dans lequel il se trouvait avec Alan un peu plus tôt. S'y dirigeant à son tour, il s'installa en observant son interlocuteur. La curiosité l'habitait. Rares étaient les occasions de converser avec un sous-directeur du département des Mystères. Ce dernier portait bien son nom, car Leopold avait pu constater qu'il était difficile, même pour le ministre de la magie, d'en découvrir tous les secrets... Constantine Egalité était un politique jeune, non dénué de prestance, voire d'un certain charme, mais c'était à peu près la seule idée que Leopold en avait. Les occasions de le jauger avaient été trop rares, mais c'était peut-être sur le point de changer...

"Alors, dites-moi, que puis-je faire pour vous ?", s'enquit-il finalement, le regard inquisiteur.

Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeMar 2 Oct 2018 - 19:33
Je pénètre dans le bureau et m'immobilise presque instantanément, avec un réflexe d'enfant timide poussé dans la lumière. Cette hésitation dure moins d'une seconde, c'est un vague geste en arrière, un imperceptible mouvement d'incertitude, qui s'achève aussi vite qu'il a commencé. Derrière la porte, je me sentais prêt - approximativement prêt-, mais face à Leopold, il y a un peu de mes certitudes qui s'effritent. Je lui sers un sourire affable pour dissimuler mon émotion. En fait, sa présence m'a surpris. Sous son regard inquisiteur, alors qu'il me désigne le salon avec un geste pétri de professionnalisme, je me sens sporadiquement comme un adolescent qui réclame l'attention de son père, et je suis obligé de me rappeler que, si cet entretient sert mes intérêts, il y a un autre facteur, celui d'une curiosité dévorante : rencontrer Leopold Marchebank.

Je me connais. J'ai de la fascination pour les gens -peu d'élus, certes- mais lorsqu'elle apparaît et se concentre sur quelqu'un, je sais quels chemins elle emprunte. C'est un sentiment auquel j'ai été confronté quelque fois dans ma vie - avec un de mes professeurs, quelques collègues du Département, avec Lou.- C'est un sentiment puissant, qui puise dans le charisme de ces gens qui apparaissent brutalement dans mon quotidien, et qui me transmets le désir ineffable de me lier avec eux -d'une manière qu'on pourrait qualifier certes d'obsessionnelle, mais j'évite le terme que je trouve un tout petit peu rabaissant pour ma personne.- Lou, à qui je m'en était ouvert, comparait ça à un besoins de reconnaissance, le genre de reconnaissance délicieuse que l'outcast recherche auprès des promgirl torrides et populaires de sa promotion. Elle n'a pas tort, hormis le fait que les gens populaire ne m'ont jamais intéressé pour autre chose que leur ascendant, et que Leopold n'a définitivement rien d'une promgirl. Je suis juste certain d'une chose : cette fascination, quelle qu'elle soit, n'est pas une force. Et si je ne peux l'empêcher d'exister, de vivifier ma tension avec l'acharnement identique aux sentiments des petite adolescentes amoureuses, j'ai appris à le dissimuler. Il se trouve que je ne peux pas vraiment permettre à Leopold Marchebank de remarquer que j'ai très envie de le connaître : cela me semblerait relativement humiliant pour moi, et assez gênant pour lui. Par ailleurs, l'idée de me présenter en laissant mon comportement clamer ma fascination pour un type qui, au vu du fond de son regard, n'hésiterait pas à tuer son propre père pour rendre sa vie plus simple, ressemble d'ici à une stratégie des plus stupide.

Circonspect, je me glisse jusqu'aux fauteuils imposant qu'il me désigne, et sans m'asseoir, referme les mains sur le dossier. Le tissu et doux sous mes doigts et le contact d'un objet solide m'apaise légèrement. J'ai une tension dans la nuque, entre l'excitation débridée d'une situation follement passionnante, et l'appréhension d'un môme qui va peut-être se faire recaler négligemment par son conseil de classe. " Alors, dites-moi… Que puis-je faire pour vous ? " Je pince les lèvres. " A vrai dire… C'est moi qui peut faire quelque chose pour vous, Monsieur Marchebank. " Moi qui ai donné du monsieur à l'équivalent des doigts d'une main dans ma vie, je fais un effort considérable en considérant que Leopold Marchebank n'est pas le genre de personne à qui on claque l'épaule en disant " tu ". Du moins pas tant qu'il en a donné la permission.

Avec une attitude pleine de tranquillité superbement orchestrée, je laisse quelques secondes de suspens à son attention et scrute son regard pour m'assurer que je commence à l'intriguer. J'ignore ce qu'il connaît de moi, et à ce stade, je donnerais beaucoup pour l'apprendre. Peut-être pas grand-chose, si Chloé Hellsoft a bien fais son travail, mais Marchebank ressemble d'ici à un Ministre que les anciennes règles ne concerne pas. J'ai choisis donc au préalable d'imaginer que son dossier soit bien plus rempli qu'il ne devrait l'être. " Je ne vous apprend rien, évidemment, en vous disant que Chloé Hellsoft occupe le poste de Directrice du Département des Mystère. Puisque vous l'y avez vous-même placé. " Il n'y a aucun reproche dans ma voix, c'est un constat brut, une entrée en matière des plus formelle, que je regrette instantanément : Leopold n'a probablement pas besoins qu'on lui rappelle quelle politique il mène. " Or, nous avons certains codes au Département… Admettons que nous sommes amenés à nous côtoyer beaucoup, les uns les autres… Dis-je sur le ton de la conversation. Négligemment, mon regard quitte ses yeux pour se poser sur la table basse ouvragée qu'encadrent les deux fauteuils. Le genre de proximité qui donne des indices sur les orientations d'untel ou d'unetelle. " J'accuse une nouvelle pause, le temps de lui laisser digérer le cliffangher désastreux que je lui sers, puis je relève la tête et accroche à nouveau son regard, perçant, attentif, et que j'espère désespérément intéressé. " J'ai de bonnes raisons de croire que votre Directrice trouve des intérêts ailleurs que dans ceux de votre cause. Des intérêts qui pourraient fortement, à terme, vous porter préjudice. " J'ai haussé les sourcils avec un air infiniment concerné, et qui n'a rien de feint. " L'infidélité n'est pas une qualité, au Département des mystères. C'est pourquoi je viens vous mettre en garde : Chloé Hellsoft vous trompe avec la meute qui s'organise contre vous. Je vous offre mes services pour prouver ce que j'avance, et vous débarrasser de ce petit inconvénient… Moyennant un échange dont, j'en suis sûr, vous saurez tirer profit. " La mise est élevée, et tout tiens à la confiance qu'il est prêt à placer dans ma parole. C'est à dire, à pas grand-chose, parce que Leopold Marchebank, avec qui je n'ai jamais eu à faire de ma vie, n'a probablement aucune bonne raison de valider mes avances. Mais je suis prêt à insister. Chloé Hellsoft est un poids. Un poids trompeur et pernicieux, qui finira réellement par lui faire du mal si elle reste en place. Et Leopold Marchebank et son gouvernement offrent trop de possibilité au Département des Mystères pour laisser l'un se faire blesser, et l'autre détruire de l'intérieur.
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeDim 14 Oct 2018 - 11:51
Le regard du ministre s'étrécit face à la réponse de son interlocuteur. Allons bon, et que pouvait-il donc faire pour lui ?, semblait-il demander, une lueur interrogatrice au fond des yeux. Il se laissa tomber contre le dossier de son siège, en une attitude détendue tandis qu'il attendait que Constantine ne dévoile ses cartes, sa curiosité clairement piquée. Peut-être avait-il une offre à lui faire, or Leopold adorait qu'on vienne lui faire des propositions... Son esprit machiavélique demeurait donc parfaitement aiguisé, heureux d'être tiré de sa routine de dossiers.

L'étrange entrée en matière de Constantine le surpris, provoquant un haussement de sourcil qui étira sa cicatrice. Bien sûr qu'il connaissait le nom de ses directeurs de département, encore heureux, mais que pouvait-bien avoir Constantine à lui dire au sujet de sa N+1 ?

"En effet, poursuivez", dit-il d'un ton impatient, ponctué par un geste de la main. La suite ne se fit pas attendre, bien au contraire, et il sentit son intérêt pour la conversation augmenter considérablement à mesure que son interlocuteur se dévoilait. Il n'était pas courant de voir un collaborateur exprimer des doutes quant à la loyauté de son supérieur hiérarchique, de but en blanc, sans la moindre entrée en matière ni garantie quant à la façon dont il allait être reçu. Constantine jouait gros en prenant cette décision, ce qui lui laissait penser qu'il ne serait pas venu sans certitude quant à ce qu'il avançait - à moins d'être proprement inconscient. Ainsi, Chloé Hellsoft jouerait dans la cour des grands, soutenant la résistance qui s'organisait contre le gouvernement dans lequel elle occupait une place de choix...

Sans réagir instantanément, Leopold s'avança légèrement dans son fauteuil pour venir croiser les mains sous son menton. Chloé était certainement la directrice avec laquelle il exerçait la relation la plus distendue, mais il avait toujours mis cela sur le compte de son poste. Les Mystères avaient toujours joui d'une certaine autonomie vis-à-vis du reste du ministère, et si Leopold occupait son poste de façon extensive, il avait été d'avantage mobilisé par la création de la milice et par ses trains de réformes diverses que par la surveillance d'une directrice qui ne laissait paraître aucun signe extérieur de déloyauté. Peut-être avait-il été trop complaisant, songea-t-il en dévisageant son jeune interlocuteur. Qu'Hellsoft n'ait pas les épaules pour accepter les mesures les plus osées du FREE ne l'étonnerait pas outre mesure. Ou alors, peut-être était-ce cet homme qui, envoyé par la Salamandre, venait tenter de semer le doute dans son gouvernement... A moins qu'il ne soit sincère, auquel cas le ministre admirait son culot autant que son ambition.

Quoi qu'il en soit, il y avait visiblement strangulot sous roche, et Leopold comptait bien mener toute cette histoire au clair. Intérieurement, il se promit d'envoyer Alan enquêter sur tous les chapeaux à plume de ce département. Après un moment de silence, à digérer l'information que Constantine venait de lui apporter, Leopold finit par réagir :

"C'est une accusation grave que vous portez-là sur l'une des personnalités les plus haut-placé de l'Etat... Qu'est-ce qui vous laisse penser que Mrs Hellsoft pourrait faire partie d'un mouvement de résistance ? Pensez-vous pouvoir apporter des preuves ?"

Et, désireux de voir Constantine abattre toutes ses cartes, il s'enquit avec l'ombre d'un sourire : "et à quel type d'échange faites-vous référence ?"


Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeDim 18 Nov 2018 - 20:20
28 Décembre 2009

Poudlard porte encore entre ses murs l'effervescence du réveillon, étrange sensation alors que le château, gigantesque, est déserté. Constantine en franchit le seuil avec un regard circulaire, vaguement approbateur, relativement enthousiaste. Il a Trente-six ans et ses visites au sein de l'école anglaise se comptent sur les doigts d'une main.

Il est toujours intrigué par l'amour presque unanime que la communauté britannique porte au charme sombre de Poudlard. Il ne se souvient pas avoir jamais eu un tel attachement pour Beauxbâtons. Peut-être parce que la discipline y semblait plus dure que ce qu'il avait pu apercevoir des souvenirs étudiants de l'école Ecossaise. Peut-être parce que le système méritocratique imposé aux élèves avait marqué Constantine d'une colère douloureuse. Peut-être parce qu'il y avait trouvé peu de place pour les marginaux et les inadaptés. Il avait toujours considéré l'enseignement qu'il y avait subi comme stupide et contraignant, et s'interrogeait souvent sur les différences qu'il aurait pu trouver s'il avait étudié en Angleterre.

D'un point de vu stylistique, Beauxbâtons n'avait pas grand-chose à envier à Poudlard. Les grilles somptueuses étaient remplacées par des ponts de pierres colossaux. Les jardins à la française, dont les couleurs et les odeurs s'adaptaient aux saisons, tableaux chatoyants et rigoureux, se substituaient aux landes d'herbes vertes surplombés d'un ciel immense, gris et clair. Constantine, qui avait toujours trouvé à Beauxbâtons un air bêcheur et affecté, appréciait la simplicité brutale de Poudlard. Il devinait dans les murailles de pierres durs et belles une franchise dans laquelle il se retrouvait sans y avoir aucun souvenir.

Cependant, son état d'esprit ne lui permet pas d'apprécier la quiétude des lieux. Deux missions l'accompagnent : officiellement, il lui faut faire au nom du Département une inspection de la salle sur demande. Il ne l'a jamais vu de ses yeux, mais la relations entre l'esprit et son invocation le fascinent profondément, et il se félicite d'avoir pu déroger une journée à ses devoirs de sous-directeur pour retrouver le plaisir simple du chercheur passionné. Il se félicite d'autant plus que l'école est vide, et qu'il cherche précisément une personne qu'il aura peut-être du mal à trouver si ce n'était pas le cas.

Avec l'autorisation de Daisy Mason, Constantine dispose de trois heures pour analyser, tester, décortiquer la salle sur demande. Trois heures qu'il exploite avec le plus grand soin, extatique et concentré . Il sait qu'il n'aura probablement pas la chance de se trouver à nouveau en présence d'un artefact architectural aussi puissant avant longtemps. Il prend soin cependant de s'esquiver dix minutes avant la conclusion de ses expériences, et dévale les escaliers au hasard, avec l'intention d'échapper au concierge supposé le raccompagner.

Il cherche Peter Virtanen.

Il cherche Peter Virtanen, pour une raison qui n'a précisément rien en commun avec son sujet d'étude, mais qui est celle pour laquelle il a insisté et imposé sa présence. En suivant le long des couloirs humides et froids du château, il se demande si Chloé Hellsoft doute de lui comme il doute d'elle. Probablement pas. Elle n'aurait sans doute pas donné son accord, dans le cas contraire. Constantine se dirige d'un coup de baguette. Il sait que Peter est professeur de runes, et qu'il vit à Poudlard. Il tâtonne mentalement, l'esprit grand ouvert, frôlant les pensées de rares habitants du château, et se laisse guider par les murmures éparses qui l'attirent vers les sources de vie disséminées dans les jardins et sous la voûtes des escaliers. Il cherche un homme adulte, parmi les quelques évocations jeunes que transmettent l'esprit immatures des étudiants restés passer les vacances.

Soudain, une pensée rude heurte son esprit. Constantine s'immobilise une seconde et suspend son souffle. Il reprend sa route, en fermant aussitôt son esprit, et se glisse jusqu'à l’abri d'un patio encadré de voutes ouvertes sur un jardin intérieur glacé par l'hiver. Il expire une volute de fumée blanche. Face à lui, à quelques dizaines de mètres, Peter Virtanen est assis en compagnie d'une minuscule créature. Un enfant.

Constantine doit faire vite. Il hésite une fraction de secondes à se projeter contre l'esprit de Peter. Au moment où il va pénétrer ses défenses, il se rétracte et dévie brusquement. D'un bond psychique brutal, il transperce l'esprit de Lou et déplie ses souvenirs. La petite fille ne bronche pas. Malgré l'assaut, malgré la violence avec laquelle Constantine brutalise son esprit pour trouver un indice, une preuve, un fragment de quelque chose qui puisse servir sa cause, Lou reste inerte. Il a un instant de panique, craint d'avoir fait le mauvais choix et de ne se confronter qu'à un esprit vide. Mais son instinct le dément à la seconde où le regard de Peter se tourne vers l'enfant. D'une traction, il s'extraie, abandonnant la fillette dont les pages de mémoires déchiquetés gisent en désordre à l'intérieur de son crâne. Il fixe Peter une fraction de seconde, les lèvres serrées. Leurs regards se croisent. Constantine soutient cet échange, et le rompt en lui tournant le dos.


***

- Pensez-vous pouvoir apporter des preuves ?" Je souris à Leopold avec un pincement entendu et tangiblement nerveux. Lentement, je force mon corps à s'asseoir et se détendre en face de lui, à sa hauteur, dans le fauteuil qui me servait d'appuie sans que j'ose l'occuper. Les mains croisés sur mes genoux, je le considère en silence." "et à quel type d'échange faites-vous référence ?" Je hoche la tête.
- J'ai les preuves avec moi. " Je respire doucement, en indiquant ma tempe. " Si vous permettez. " J'essuie une brève seconde de tension, alors que j'ignore encore si le Ministre, probablement peu enclin à laisser quiconque toucher à son esprit, va m'accorder l'autorisation d'appuyer mes propos. Son acquiescement me laisse le goût d'une demi victoire. Prudemment, je tends mon esprit vers le sien, et lui transmet le souvenir dérobé à Lou.

***


Les yeux d'une petite fille observent une mère - Chloé Hellsoft - face à une cheminée illuminée de flamme dans laquelle se tient l'image vaporeuse de Lloyd Presley, vingt-neuf ans, au service de la résistance et incarcéré six mois plus tôt par la Milice pour un nombre de crime conséquent, dirigé contre les intérêts du gouvernement. Les paroles de Chloé sont distinctes alors qu'elle disserte avec l'homme sur les derniers agissements de la Résistance, sur un ton qui évoque un entretient de travail cavalier. Constantine a compté, le terme " dictature " est employé par six fois sans que l'un ou l'autre n'exprime le plus subtil froncement de sourcils. Et si les yeux de Lou se déportent légèrement pour s'intéresser, un long moment, à la présence erratique d'un mouton de poussière qui décrit un balais transparent dans l'air de fin d'après-midi, la discussion se poursuit, elle, et laisse la certitude que Chloé n'a rien d'une personne engagée pour la cause de Leopold.


***

Je m'extraie de l'esprit de Leopold et laisse flotter entre nous les réminiscences précises du souvenir. Il n'y a plus qu'une chance, une chance unique, pour que la procédure délicate que j'ai mis en place fonctionne. Si Leopold n'est pas convaincu, se braque ou refuse pour une raison qui le regarde de me rendre crédit, je pourrais probablement plier bagages et retourner en France. Je le sais. J'en ai conscience. Mais je ne peux plus faire demi-tour, désormais. Je le fixe dans les yeux pour énoncer lentement, sur un ton calme :

- Je crois qu'il est assez évident que je suis ici pour la Direction du Département. "




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I've been throwing stones, waiting by the river, I've been on my own, praying like a sinner, and you've been gone too long, I'm waiting out the winter, I've been on my knees, praying like a sinner© by Sun, avatar by hedgekey

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Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeDim 2 Déc 2018 - 12:38
Un fin sourire s'étira lentement sur les lèvres du ministre. L'amertume de la découverte de la trahison probable de Chloé était atténuée par l'audace de son interlocuteur, qu'il dévisagea un long instant, de son regard imperturbable. Constantine devait avoir conscience du risque qu'il prenait en se tenant ainsi devant lui, pour porter de telles accusations et tenter un véritable putsch. Alors Leopold n'était pas contre le faire suer un peu, histoire de s'assurer de ce qu'il avait dans le ventre. Il n'allait tout-de-même pas remplacer un directeur véreux par un autre. Qu'importe, il appréciait ce culot de Constantine, qui venait lui demander, droit dans les yeux, de devenir calife à la place du calife.

Il examina mentalement le souvenir qui lui avait été rapporté. Il était sans équivoque, ni sujet à interprétation : s'il était véridique alors il était très clair que Chloé Hellsoft était plus qu'engagée en résistance. Pour autant, le ministre ne se sentait pas plus touché que cela : il se doutait que l'un de ses directeurs nourrissait probablement de tels desseins. C'était ce que lui-même aurait fait dans pareille situation, après tout, c'était quelque part le jeu de la politique. Que la trahison vienne de cette femme, trop rigide pour son propre bien, ne l'étonnait pas outre mesure et la faire sauter gentiment pouvait d'ailleurs représenter une bonne occasion pour reprendre en main ce département.

A condition, bien sûr, de nommer la bonne personne à sa tête. Ce Constantine était peut-être trop impétueux pour la tâche. Lorsque Leopold finit par rompre le silence épais qu'il avait instauré, il n'y avait plus trace de sourire sur ses lèvres. Visage fermé, il s'était avancé dans son fauteuil comme pour mieux pouvoir sonder son interlocuteur, regard implacable fixé sur lui.

"Vous avez donc forcé l'esprit d'une petite fille ?"

C'était le genre d'acte sans scrupule dont il pouvait avoir besoin. Restait maintenant à s'assurer de deux choses : que ce souvenir n'ait pas été forgé de toute pièce, et que Constantine soit en mesure de l'assumer. Bien sûr, Leopold avait été projeté dans cette scène comme si elle se déroulait sous ses yeux. Il avait vu ce que Lou avait vu, ressenti ce qu'elle avait ressenti, comme s'il y était, comme s'il était cette petite fille. A première vue, il était enclin à le croire, mais Leopold était un homme méfiant. La magie était capable de choses spectaculaires. Qu'était donc la magie, sinon la capacité de faire croire à la véracité d'un mensonge ? Peut-être était-ce un fabuleux coup de bluff. Avant de prendre toute décision, il lui faudrait enquêter ; sur Chloé comme sur Constantine. Les Mystères recelaient trop de secrets pour être laissés entre n'importe quelles mains.

Mais pour l'heure, il avait envie de s'amuser un peu, et c'est pourquoi il força la sévérité de son regard. S'il remplaçait Chloé Hellsoft, alors ce ne serait pas pour la remplacer par un pion plus malléable, mais bien par un lieutenant plus loyal qui partageait sa vision. Un homme avec la personnalité suffisamment solide et affirmée pour le challenger, tout en sachant plier lorsqu'il le désirait...

Les mains croisés sous son menton, il attendit la réponse de Constantine.
Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeMar 1 Jan 2019 - 17:58
Leopold a cessé de sourire et inutile d'évoquer comme je ressens sur moi le poids de son regard. Il me semble évident qu'il me jauge, me juge, estime ce qu'il peut faire de moi et à quel degrés de confiance il peut s'investir dans ce que je lui dis. Je ne le blâme pas : nous avons eu très peu de rapport avant cette entrevue, et je sais -je savais- qu'il s'agirait d'un jeu dangereux et d'une prise de risque conséquente d'exposer avec autant d'affront le geste que j'ai commis sur cette gamine. Mais laisser le Département à Chloé Hellsoft ressemble d'ici à un suicide et je pense avoir suffisamment attendu. C'est un va-tout, basé sur le sentiment que j'ai de Leopold Marchebank et l'espoir profond de ne pas me tromper sur son intransigeance morale. S'il n'est pas celui que je présents qu'il est, si cette fois, exceptionnellement, mon instinct me fait défaut, je signe probablement mon arrêt de mort.

Si j'ai vu juste, le poste de Directeur pourrait devenir extrêmement tangible entre mes doigts, d'une minute à l'autre.

Dans les deux cas évidemment, je peux compter sur un homme politique retors tel que celui qui se tient en face de moi pour chercher à me pousser dans mes retranchements. Et cela me semble profondément logique, parce que j'aurais certainement agit de la même manière.

- Vous avez donc forcé l'esprit d'une petite fille ? " Interroge Leopold, et le fait qu'il s'immobilise uniquement sur ce fait me fait lever un sourcil. Certes, il me paraissait évident qu'il allait me confronter, un moment ou un autre, à la valeur de mon acte. Mais je pensais aussi qu'il se fendrait d'un commentaire sur la vivacité de ma demande. Manifestement, le propos l'intéresse moins que de savoir si je culpabilise d'avoir probablement abîmé l'esprit de cette gamine. Ou d'estimer si j'ai les nerfs suffisamment solides et une absence de morale conséquente pour servir ses intérêts sans disserter. Sa formulation bien choisie ne laisse aucun indice sur la place qu'il adopte vis à vis de mon acte. Bien sûr. Et à la fois, son calme semble m'indiquer profondément que cette éventualité ne le révolte pas.
- Je ne fabrique pas mes propres souvenirs, si c'est la question. " Biais-je avec un calme polie. Si réellement Leopold Marchebank condamnait cette manière de faire, il se serait récrié. Au contraire, sa question sonne comme un à-propos. Détendu. Une espèce de constatation un peu curieuse, foncièrement malsaine, qui n'a rien en commun avec le sentiment scandalisé qu'il devrait adopter si réellement, il n'y avait aucune considération positive dans la manière dont il me perçoit. " Pour le reste je suppose que je peux laisser votre discernement tirer des faits les conclusions qui s'imposent. " Je ne lui dirait jamais dans les yeux oui, j'ai forcé l'esprit d'une petite fille. Parce qu'il connaît la réponse, et qu'il sait parfaitement qu'invalider le fait que j'ai effectivement utilisé la legilimencie sur Lou ressemblerait vaguement à l’aveu d'une fabrication de souvenir. Ce qui reviendrait à tromper Leopold. J'ai haussé les épaules d'un geste négligé en achevant ma phrase, je relève les yeux pour le considérer un instant, puis hoche la tête. " Vous savez… dis-je lentement, je n'entreprends rien que je ne puisse être capable d'assumer. " Je pose dans ses yeux un regard limpide et dur. Il me semble important de lui faire comprendre que je n'aurais jamais utilisé le souvenir de Lou si je n'avais pas été absolument sur de moi.

Ou du moins très capable d'en donner l'impression. Parce qu'il n'y a plus de retour en arrière possible, et que j'ai pris soin de calculer mes risques et de calculer mes chances.

Le Département doit changer de temps maintenant.


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Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeVen 4 Jan 2019 - 11:34
Placé sous l'examen clinique de Leopold, Constantine lui fournit une réponse prudente, sinueuse, qui n'affirmait ni n'infirmait rien. Un lent sourire étira les lèvres du ministre alors qu'il hochait la tête, comme pour approuver les paroles de celui qui prétendait devenir son associé. Cet homme n'était pas dénué d'un certain culot, mais s'il était effectivement capable de l'assumer, peut-être qu'il y avait effectivement un certain potentiel à creuser. Leopold se savait sur des sables mouvants, avec des alliés de l'ombre dont il avait une confiance relative, et des seconds officiels dont il avait une méfiance prudente. Son élection avait été chaotique, le choix de ses directeurs de département précipité, et les événements s'étaient enchaînés depuis. Peut-être était-ce le moment de mettre les choses à plat et de repartir sur des bases saines... avec en entourage renforcé.

"C'est une ligne de conduite sage, d'une manière générale", répondit-il finalement en décroisant les mains pour venir tapoter le bois de son bureau distraitement. "En ce qui concerne Chloé Hellsoft, je vous remercie de votre alerte. Je vais faire le nécessaire pour enquêter et si ces faits sont avérés, alors... Il est évident qu'elle ne gardera pas la tête du Département."

Et qu'elle pourrait tester en direct une jolie condamnation à mort pour trahison et actes de terrorisme par le Magenmagot. Il s'assurerait d'ailleurs de conserver une place au premier rang pour Constantine...

"Quant à vous...", poursuivit-il en sondant son interlocuteur du regard, "Je ne vous apprends pas que les Mystères sont un département clef de notre ministère, que des recherches d'une grande importance y sont menées. C'est d'autant plus vrai depuis la création de la Santé magique et des travaux initiés à Skye... Or, s'il est normal que les mystères conservent leur discrétion, j'ai pu constater que l'opacité dans laquelle sont menées certaines recherches de la plus haute importance nuisent actuellement à la bonne marche de l'Etat. Si je devais effectivement nommer un nouveau directeur, je souhaiterais pouvoir établir une relation de confiance avec lui pour travailler sur de nouvelles bases, plus saines. Quelqu'un qui saura travailler main dans la main avec ses collègues et, en particulier, rendre compte au ministre sur les grandes orientations prises et l'utilisation des deniers publics. Cela, bien sûr, dans le respect des secrets des Langues-de-Plomb..."

Comme tout changement, celui-ci constituait une opportunité, à côté de laquelle le ministre n'avait pas l'intention de passer. S'il fallait virer Chloé Hellsoft pour la remplacer par quelqu'un d'autre que Constantine Egalité, il n'hésiterait pas à le faire : celui-ci lui avait déjà appris tout ce qu'il avait besoin de savoir.

"Pensez-vous être l'homme à la hauteur de cette demande, capable de bousculer quelque peu les habitudes désuètes de la fonction ?"
Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeDim 10 Mar 2019 - 13:57
Je ne peux empêcher un rire contenu, discret, d'apparaître une fraction de seconde lorsque Leopold me gratifie de sa bénédiction. Je suis heureux de voir mes prédictions se réaliser, et le ministre conforter ma décision comme s'il était nécessaire de m'apporter un soutien foncier vis à vis de la manière dont j'accepte mes actes. J'ai la vague impression de recevoir l'adoubement d'un père ou d'un aîné, comme Fabre pourrait me féliciter de mes choix. Leopold n'a pas besoins de me servir une telle affirmation, il expose l'évidence. Mais je suppose qu'à un certain degrés, cela me permet de marquer des points. Je conclu avec un sourire affable au sujet de Chloé. Je sais pertinemment que sa réponse ne me place pas encore en tête, qu'il pourrait aussi bien choisir un imbécile sorti de sa manche pour prendre la place d'Hellsoft, parce qu'il ne me connaît pas et qu'il me reste encore à le convaincre, maintenant qu'il semble accepter l'idée que Chloé est bel et bien en train de le trahir, qu'il trouverait beaucoup d'intérêt à ma présence spécifique à la tête du Département. Si j'ai, semble-t-il, passé le premier examen - et je me méfie encore d'un brutal retournement de situation car il n'est pas contre indiqué que Leopold puisse décider subitement que je suis plus arrangeant loin de son gouvernement- il me reste encore une grosse négociation à mettre en œuvre.

- Quant à vous, reprend Leopold, je ne vous apprends pas que les Mystères sont un département clef de notre ministère, que des recherches d'une grande importance y sont menées. " Je lui souris avec une forme de condescendance, bien malgré moi, car sa remarque me semble profondément ironique. Je me retiens de le couper pour lui faire remarquer qu'il ne peut effectivement pas m'apprendre grand-chose à ce sujet. Patiemment, j'examine chacun de ses mots, sans surprise. J'aimerai aussi, à la place de Leopold, que le Département m'ouvre ses portes pour cesser d'y chercher vainement les centres d'intérêts, et comprendre enfin à qui et à quoi je confie mes ressources. Et c'est la seconde discussion que j'attendais, plus difficile encore que d'affirmer la violation de l'esprit de Lou pour m'attribuer ses souvenirs. Comment préserver l'intimité du Département, tout en contentant Leopold ? Comment atteindre un degrés de concession qui laisse entre mes mains le pouvoir d'orienter mes recherches sans me mettre sous la tutelle de quelqu'un d'autre, tout en confortant ce nouveau ministre exigeant, ambitieux et fascinant dans l'idée qu'il a plutôt intérêt à m'y garder, moi que quiconque ? Je fixe mes pieds un long moments, les sourcils un peu froncés, concentré sur ce que je vais lui dire. Après plusieurs longues secondes de silence composé, je lève la tête vers lui et accroche son regard.
- Le Département a une histoire complexe, et il s'est avéré par le passé qu'il a besoins de cette opacité pour survivre. Dis-je lentement. Pour des raisons assez évidentes… D'ordre éthique… Nous ne pouvons permettre à l'opinion public de s'en emparer. Nous ne pouvons permettre à quiconque qui n'y est pas lié d'y faire pénétrer ses intérêts… " Je fais un geste bref de la main, conscient que ce n'est pas ce que Leopold veut entendre. " La recherche sert la recherche, Monsieur le Ministre. Et quand bien même je tenterai d'en décider autrement, nous sommes liés par des sortilèges et des charmes puissants et bien trop ancien pour nous permettre de jouer avec nos propres règles. Le Département est une entité propre. Les langue-de-plomb sont simplement à son service. " J'ignore s'il peut comprendre ou accepter ce que je suis en train de lui dire. Je m'empresse de reprendre la parole, avant qu'il ne conclue là notre échange, convaincue que je ne lui livrerai rien. " Si j'en prenais la tête, il serait de mon devoir de le protéger, comme vous protégez votre Ministère, et je suppose que vous pouvez comprendre ça. Cependant, vos intérêts sont les miens, j'ai donc réfléchis à une manière de vous transmettre certains résultats qui, je pense, devraient vous intéresser. Et si je ne peux vous garantir une ouverture limpide du Département, qui ne serait strictement pas à mon avantage ni à celui de nos équipes, je pense que la transaction vous apportera suffisamment d'intérêts pour que vous preniez le temps de la considérer sérieusement. " Je reprends ma respiration en tâchant de calmer les battements de mon cœur. L'excitation de ce débat fluctue dans mes veines, reflue allégrement. " Vous avez évoqué le centre de réhabilitation mémorielle. Il y a un sujet, qui me tiens particulièrement à cœur, et dont je suis prêt à orienter les résultats pour votre service. Vous n'êtes pas sans ignorer qu'aucune étude, à ce jour, n'a réussis à déterminer l'origine de nos capacité à produire de la magie, fais-je en baissant lentement le regard sur le bois ciselé de la table. C'est une recherche ancienne et très complexe, qui se heurte régulièrement à l'éthique partagée par certains chercheurs du Département. Alors voilà le projet : j'aimerai constituer à Skye une cellule dans laquelle nous pourrions enclencher la vitesse supérieur. Nous avons besoins de personnel. Du personnel sur lequel certaines personnes à ma charge, qui me rendront compte et que j'aurais choisis spécifiquement, pourront expérimenter directement. L'enjeu me semble primordial pour vous, car si nous parvenions à mettre le doigt sur ce qui distingue un sorcier d'un carcmol ou un cracmol d'un moldu… Vous imaginez, je suppose, ce qu'impliquerait le fait de pouvoir modifier à l'infini ces facteurs pour, par exemple, doter une personnage non mage, du pouvoir d'utiliser une baguette… Ou l'inverse. " Je me redresse sur un sursaut. " Vous aurez connaissance de l'évolution de ces recherches spécifiques, menées dans ce complexe et, dois-je le préciser, dans le secret le plus total. Évidemment, s'il s'avérait que nous ne parvenions pas à faire évoluer ces recherches dans un sens positif, je m'engage à vous ouvrir le Département, d'une manière ou d'une autre. Mais dans le cas où nous remplirions notre part du contrat, le Département conservera son indépendance. "

C'est un marchandage dangereux. Moi qui me suis toujours engagé pour le Département, qui ai préservé ses secrets au détriment de ma vie, de mon calme, de mon bonheur personnel, m'engager à délivrer, dans le cas d'un échec, les mystères que j'ai si bien gardé, est un pari risqué. Mais je suis sûr de moi. L'éthique interne du Département m'a jusqu'à ici privé d'avancées réelles sur ce sujet primordial, et Leopold semble la première personne licite avec qui je pourrais partager l'avancée brutale de ces travaux. Or je suis convaincue qu'avec l'aide de cobayes humains, enfin, nous parviendrions à toucher au but.

Dans le cas contraire, il sera toujours temps pour moi de trouver une solution pour démentir ma promesse.

- Je doute que vous trouviez quelqu'un prêt à vous prodiguer un tel avantage. Il vous sera aussi difficile de trouver quelqu'un dont les valeurs s'accordent avec ce projet." Conclus-je.



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Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
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fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités (Leopold) Icon_minitimeDim 5 Mai 2019 - 12:25
Le silence prolongé par lequel lui répondit Constantine impatienta peu à peu le ministre, qui pouvait deviner les rouages s'enclencher dans l'esprit de son interlocuteur. De toute évidence, la demande qu'il lui avait fait n'allait pas de soi, et pourtant, elle lui paraissait finalement profondément légitime.

Lorsque Constantine sortit enfin de son mutisme, Leopold soutint son regard, concentré sur chacune de ses paroles prudentes. Ses yeux s'étrécirent et il manqua de le couper, lorsqu'il opposa le Département et "son" Ministère comme deux entités séparées. Les Mystères étaient une sous-division du Ministère, ses employés étaient agents publics et une partie conséquente du budget de l'Etat était allouée à ces recherches, dans la plus profonde opacité. Quant à Leopold, il n'était pas n'importe quel quidam, membre de "l'opinion publique", mais bien l'homme élu pour s'assurer des politiques menées. Les Mystères ne pouvaient être un lieu de non-droit exempt de tout contrôle démocratique. Elles n'avaient pas une vie propre, comme semblait le croire son interlocuteur, qui évoquait la "Recherche" comme une entité divine immatérielle. Non, les Mystères étaient un Département dirigé par un Directeur, lui-même répondant aux ordres d'un ministre. Les recherches y étaient menées pour le bien du peuple anglais, et non pour la beauté du geste. Qui de mieux placé que le ministre de la magie, détenteur de nombreux secrets d'Etat, pour impulser les grandes recherches menées dans cette enceinte ? De tous temps, la recherche avait été tributaire des moyens alloués à tel ou tel champ, pour répondre à tel ou tel questionnement et résoudre un problème, de la même manière que la culture dépendait des bienfaits d'un mécène. Après tout, les moldus américains n'avaient pas envoyé un homme sur la Lune pour "répondre à la recherche" mais bien pour des considérations de puissance sur l'échiquier international...

Les mains croisés sur la table, sourcils froncés, Leopold songea intérieurement qu'il y avait là matière à un beau débat national s'il s'avérait dans le futur que Constantine s'obstinait à vouloir lui fermer les portes du Département. Il n'y avait pas de raison que ses pleins pouvoirs s'arrêtent aux portes du plus puissant des départements, d'autant plus que certains de ses secrets avaient été ébruités il y a de cela quelques années, lors de l'intrusion d'Harry Potter et de l'Ordre du Phénix. De la prophétie qui se dissimulait alors, nichée au creux d'une étagère, dépendait le sort du monde... Oui, Leopold n'hésiterait pas à porter cette question sur le fonctionnement de leurs institutions devant ses concitoyens si le futur Directeur se montrait trop revêche. Ce serait d'ailleurs une preuve de transparence, prompt à détourner l'attention publique de l'Ile de Skye...

Sa curiosité attisée par le marchandage que lui exposait son interlocuteur, Leopold garda ses pensées pour lui. Bien avant d'être un homme politique, il avait été un homme d'affaire et le restait encore aujourd'hui : il aurait été bien malavisé de ne pas écouter une telle proposition. Intérieurement, il sentit son intérêt s'accroître brutalement à la mention des origines de la magie, et se redressa imperceptiblement dans son fauteuil. Un lent sourire étira ses lèvres alors que Constantine achevait son discours. Il ne pouvait qu'approuver sa conclusion : ce n'était pas la morale qui avait l'air de l'étouffer. Cela étant, le ministre ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine méfiance, devant l'audace extrême de son interlocuteur. Bien loin du prudent joueur de poker, Constantine avait déboulé à la table pour y abattre toutes ses cartes d'un geste d'autorité. Il avait fait tapis et cela pouvait, si Leopold le décidait, lui coûter cher... Ah, le frisson d'avoir une vie entre ses mains ! Leopold pouvait tout à fait le dénoncer auprès de Chloé, puis enquêter sur cette dernière, et se débarrasser du tandem d'un coup pour placer un pion plus malléable à la tête des Mystères... Mais la proposition de Constantine raisonnait trop fort en lui pour qu'il ne puisse l'écarter sans même l'explorer, même s'il ne montra rien de son excitation intérieure.

"Eh bien, monsieur Egalité, voici une proposition audacieuse... que je ne saurais ignorer. Mais dites-moi, le choix de Skye n'est pas anodin j'imagine, vous auriez besoin de d'avantage que du personnel, n'est-ce pas, pour faire passer ces recherches à la vitesse supérieure ?"

Des cobayes humains... cela ne serait pas le plus difficile à trouver. Danielle faisait un travail plutôt efficace pour remplir les différents étages de Skye, c'était indéniable.

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