Maudite bienveillance scolaire! [JR Daisy]

Comment se délivrer d'une obsession? Voila une question que se posait quotidiennement la romancière milliardaire depuis que son désir de vengeance personnelle prenait le pas sur ses préoccupations habituelles. En effet, le sourire narquois de l'ignoble Virgil ne cessait de venir polluer inlassablement son esprit, et supplanter des objectifs aussi vitaux que celui de se construire un corps de rêve pour l’Été approchant. Comment oublier ce petit fourbe? Ce n'était pas faute d'essayer! En effet, Mildred avait transformer un rectangle entier de sa Salle d'Art, pour la consacrer à des exercices libérateurs comme le Yoga, le Pilates ou des séances rythmées d'Aérobic. Mais rien à faire! Ni la position du Lotus inversé, ni la la Zumba endiablée des tutoriels de la sculpturale Kessy Brooks n'arrivaient à lui éradiquer de l'esprit l'image du satané gnome insolent!  

Pourtant il ne manquait pas grand chose pour balayer cette saleté de mioche de Poudlard! Trois fois rien! Neville Londubat avait été parfaitement clair sur le sujet : Une seule incartade et Virgil pouvait faire ses adieux à l’école magique... et délivrer par la même occasion Mildred de son infâme vision. La rancœur et le mal-être de la sorcière était si vivace qu'elle en avait des nausées matinales chaque fois qu'elle entrevoyait dans son esprit le visage maléfique de son oppresseur. Même les délicieux cupcakes de la Maison d'Eden qu'elle ingurgitait à profusion n'arrivaient à enterrer l'atroce vision du Gryffondor. Que ce soit au détour des couloirs ou dans les propos tenus dans la salle des professeurs, Mildred guettait le moindre faux-pas susceptible de faire plonger l'adolescent rebel. Mais au grand dam de la sorcière rancunière, le loup s'était subitement transformer en agneau. Virgil évitait tout dérapage fatidique, s'accrochant au moindre grain de sable susceptible de faire chuter le niveau du sablier de sa Maison...

Voyant que l'affaire de la Volubilis et le rapport de Neville Londubat n'avaient strictement rien donné auprès de la Directrice Suprême ; La romancière perfide qui ne manquait jamais d'imagination quand il s'agissait de bâtir d'odieuse manigance, se décida à prendre le taureau par les cornes. Alors qu'elle travaillait son gainage dans une séance éprouvante de fitness magique, une idée lumineuse traversa son esprit malveillant et calculateur. En lui volant de ses affaires personnelles, Virgil avait commit une erreur fatale! Certes son canard vibromagique avait retrouver la chaleur moite de son foyer, mais le Gryffondor avait toujours en sa possession sa gaine ventre-plat et surtout son bâton de rouge à lèvre aphrodisiaque! Lors de son inspection, Neville Londubat avait même constaté de la présence de ses objets sordides dans les affaires du jeune homme... Une faille essentielle à exploiter!

Certes Mildred allait quelque peu sortir du bois, mais il fallait battre Virgil le fer tant qu'il était encore chaud! Voila pourquoi après une douche post-aérobic, et une rapide séance de maquillage ; Mildred saisit l'un se ses bâtons de rouge à lèvre identique à celui que Virgil lui avait dérobé, pour inscrire un sombre message sur la surface du miroir argenté de la salle d'art. Le visage de Mildred se plissa d'une grimace de dégout alors qu'elle se voyait contrainte à l'autoflagellation pour le bien de son plan machiavélique. Mais au final, Mildred contempla son oeuvre et l'insulte orchestrée avec une certaine satisfaction. Désormais, il ne lui restait plus que la partie théâtrale de son plan à exécuter, celle qui se devait de convaincre la trop bienveillante et protectrice Daisy Mason.

Avec ses principes de bienveillance scolaires et sa politique d'assistanat des élèves, la jeune Directrice de Poudlard était à l'antipode des valeurs que défendait Mildred Magpie. Nul doute qu'il ne serait guère aisé de l'amener sur le terrain de sa vengeance, mais la romancière croyait fermement en ses chances. Voila pourquoi, elle plissa fermement les paupières pour se faire monter les larmes aux yeux et inonder son mascara. Puis s’adressant à son propre reflet, elle murmura d'une voix chancelante :

"Mais c'est affreux... mon Dieu! Qui a osé commettre un tel sacrilège...? "

Le Miroir de la salle d'art lui renvoya sans doute une image convaincante de sa propre comédie, puisqu'elle ne perdit pas une seconde supplémentaire pour se diriger d'un pas décidé vers le bureau de la Directrice. Sans même se soucier de toquer à la porte, la sorcière s'engouffra telle une tornade agitée dans le sanctuaire de Daisy Mason. Mouette battant frénétiquement des ailes pour lutter contre les vents contraires, Mildred finit son vol en s'effondrant littéralement sur le siège qui faisait face au bureau de la Directrice. Puis elle entama alors une longue complainte éplorée.

"Madame la Directrice, je n'en peux plus... C'est horriiiible! Affreeeux! Je me sens saliie dans ma chair! Violéééée dans mon intimité! Croyez-moi : Je suis à deux doigts du Burnout si vous ne me venez point en aide! Pitiééé! Je vous en supplie, trouvez le ou les coupables de l'ignoble acte de vandalisme dont je suis la malheureuse victiiiime! "

En grande tragédienne, Mildred Magpie étouffa ses pleurs dans le creux de ses bras, alors qu'elle venait s'avachir sur la paperasse administrative qui inondait le bureau de la Directrice. Si Daisy Mason aimait faire du social ; Elle allait être servie! Car la sournoise romancière comptait bien miser sur sa compassion et sa pitié pour l'entrainer à l'origine du mal...

Si Daisy avait su qu’être directrice lui donnerait tant de paperasse… Évidemment, elle se doutait bien qu’elle en aurait, c’était une part importante du travail mais elle ne pensait pas que ce serait principalement sa tâche quotidienne. Alors aujourd’hui, comme d’habitude, elle suivait consciencieusement les petites tâches de son calendrier, qu’elle essayait de caser entre deux réunions et coups de Cheminette qui venaient la couper dans sa concentration. Aujourd’hui, elle était en train de calculer les crédits accordés à la bibliothèque en fonction des arrivées des première année de l’année prochaine. Ils seraient un peu plus nombreux que cette année, onze élèves en plus, ce qui montrait que les travaux d’agrandissement de Poudlard n’étaient pas du luxe. Après des années creuses, conséquences de la première et de la seconde guerre des sorciers, le monde magique avait retrouvé toute sa vitalité et on en voyait les résultats avec les nouveaux inscrits. Elle était en train de gratter des parchemins avec sa plume en essayant de s’en sortir avec sa comptabilité quand sa porte s’ouvrit brusquement.

Elle sursauta, manqua de renverser son encrier alors que quelques portraits au dessus d’elle poussaient des cris d’orfraie. Minerva McGonagall offrit un regard condescendant à la nouvelle venue du haut de son cadre doré tandis que Phinéas Black se lança dans une de ses énièmes diatribes « De mon temps, le directeur était respecté, personne n’aurait jamais osé entrer ainsi dans son vénérable bureau et… » Mais en réalité, Daisy n’était pas tellement surprise de constater qui s’invitait dans son espace de travail sans frapper : Mildred Magpie. L’exubérante romancière était leur intervenante pédagogique, gentiment propulsée par le Ministère et si Daisy faisait en sorte de voir le bon en chacun, et bien des fois, c’était compliqué. Mildred pouvait être certes, très sympathique et sociable, mais elle avait quelques défauts parfois irritants. Sa légère hystérie, par exemple. Heureusement, la directrice était animée par une patience de Poufsouffle qui l’empêcha de pousser un soupir las devant le véritable spectacle que lui offrait sa collègue.

- Voyons Mildred, respirez un peu, ça va aller, suggéra-t-elle en attrapant machinalement la boite de mouchoirs posée sur son bureau.

Elle la tendit à la romancière, avachie sur ses papiers.

- Que se passe-t-il pour vous mettre dans de tels états ?

Daisy croisa ses mains sous son menton et observa Mildred se moucher bruyamment afin d'essuyer avec attention le contour de ses yeux, impacté par son mascara qui avait coulé. Elle ne savait pas vraiment ce qui pouvait mettre la pauvre femme dans un tel état mais visiblement, c'était très grave à ses yeux : comment expliquer sinon qu'elle ruinerait son maquillage ? On la voyait régulièrement se mirer dans sa glace de poche à la table des professeurs, s'assurant que son rouge à lèvres était toujours impeccable. En tout cas, la voix chevrotante de la romancière ne lui ressemblait pas : elle qui marchait toujours de manière si assurée dans le collège, comme si l'école lui appartenait... Mais sans vouloir être mauvaise langue, elle doutait qu'une simple altercation ou "vandalisme" puisse faire sombrer quelqu'un comme Mildred Magpie dans les affres de la dépression. La question rhétorique était presque drôle et Daisy toussota légèrement pour garder tout son sérieux directoral. Elle fronça même les sourcils.

- Tout à fait, je suis même personnellement contre les affres de la dépression.

C'était peut-être un surplus de paperasserie et d'administratif mais elle se sentait un peu fatiguée et avait donc légèrement envie de sourire devant le véritable spectacle de sa collègue. Dans le fond, elle avait l'intuition qu'il n'y avait rien de très grave et que Mildred faisait juste une... Mildred. Évidemment, en bonne Poufsouffle, Daisy n'avait rien contre le fait de soigner les âmes meurtries, aussi écouta-t-elle avec attention le récit qui lui était fait. Un tube de rouge à lèvres volé, donc. Elle pouvait comprendre la contrariété, ce n'était jamais agréable mais aux yeux de la directrice, ce n'était pas un crime crapuleux. Sûrement une jeune élève, attirée par les affaires de luxe de la riche romancière, qui avait saisit cette occasion pour dérober un objet qu'elle ne pouvait pas s'offrir. Et visiblement, Mildred avait pensé la même chose. Mais l'histoire ne s'arrêtait pas là : quelqu'un était revenu pour vandaliser la salle d'art avec une trouvaille plutôt ingénieuse, même si Daisy ne le reconnaîtrait jamais. Prenant une inspiration profonde, elle utilisa sa voix posée, comme pour calmer sa collègue.

- Mildred, je comprends que vous soyez chamboulée, c'est évidemment inacceptable. Et elle le pensait. La romancière était un peu particulière, certes, mais elle ne tolérait pas que les élèves s'adressent ainsi à un professeur ou un intervenant. Voire même entre eux, d'ailleurs. Je peux m'adresser aux élèves pour rappeler le respect qui est dû à chaque personne entre les murs de Poudlard, si vous le souhaitez. Peut-être pouvons-nous fermer la salle des arts quelques temps, en dehors des cours ?

Daisy ne voulait pas aggraver la détresse visible de Mildred mais elle ne savait pas tellement comment réagir face à ce drame qui lui tombait dessus en pleine après-midi paperasse. Elle voulait bien entendre que sa collègue était bouleversée par le message qu'on avait osé lui laisser, tout en fouillant dans son sac à main en plus, mais elle n'allait pas non plus aller interroger chaque élève sur son emploi du temps au moment des faits... De plus, Mildred était-elle vraiment sûre que c'était son propre rouge à lèvres ? Elle ne voulait pas remettre en cause son témoignage mais des couleurs de maquillage, il y en avait plein... Ce n'était sûrement pas la bonne pensée - ou attitude - à avoir puisque Mildred prit la mouche de plein fouet, réutilisant pour la deuxième fois le terme "violée".

- Mildred, très chère, même si j'entends votre détresse, je pense que l'emploi du terme "viol" est un peu fort et vous savez, il est important de ne pas utiliser ce genre de langage à la légère, dans le cas où certains élèves pourr...

Mais elle n'eut pas le temps de finir sa remarque que la romancière avait pris une teinte vermillon, visiblement outrée. Loin de s'attendre à la tempête qui lui tomba dessus, Daisy recula dans sa chaise, les yeux un peu écarquillés. Elle n'avait pas l'habitude de se faire hurler dessus dans son propre bureau, il fallait l'admettre. Alors elle voulait bien admettre qu'elle n'était pas une directrice parfaite, qu'elle n'avait pas la carrure d'un Dumbledore ou d'une McGonagall mais non, les élèves ne fumaient pas de la Mandragore en toute impunité, ils étaient sanctionnés lorsqu'ils étaient pris et suivaient un programme avec Rachelle car Daisy croyait dans la prévention. Elle n'allait tout de même pas embaucher des Niffleurs de drogue non plus pour fouiller à chaque rentrée ou retour de Pré-au-Lard ! La cabane d'Hagrid avait été vandalisée pendant la soirée du quatorze février où de nombreux étrangers se trouvaient au sein de l'école, elle ne pensait pas que ce soit un élève qui ait fait le coup, plutôt un acte raciste contre les demi-géants. Quant au vol... Elle n'avait aucune preuve contre un élève, elle n'allait pas les inventer tout de même ! Un peu piquée, Daisy eut un ton un peu plus sec, qui ne lui ressemblait pas.

- Vous dépassez un peu les bornes, Miss Magpie.

Non mais, elle était quand même Directrice de Poudlard et elle n'était pas la responsable de tous les maux de la société. Rappelée à l'ordre, la romancière se calma un peu, présentant même ses excuses. Pas rancunière, Daisy lui tendit un nouveau mouchoir pour remédier aux yeux de panda qu'elle lui faisait. Elle pleurait. Encore.

- Je comprends votre détresse, Mildred, mais que voulez-vous que je fasse ? Dites-le moi. Je ne vais pas fouiller les affaires de chaque élève pour retrouver le coupable et imaginons que ce soit une fille qui ait juste le même rouge à lèvres que vous ?  

Mildred n'aimait guère de voir la directrice prendre les choses autant à la légère. Certes il ne s'agissait peut-être que d'un "vol", mais d'une certaine manière il n'y avait qu'un pas et une lettre pour obtenir un "viol"! En plus de son baume à lèvre, le vil Virgil avait osé pénétrer dans l'intimité sacrée de son sac à main, pour lui dérober également un objet de plaisir et sa gaine léopard moulante spécial ventre-plat. Si cela n'était pas le fruit d'un esprit pervers et dérangé, ce n'était à ne plus rien y comprendre!? Mais Mildred n'était pas dupe ; Au delà de la perversion, Virgil cherchait avant tout à lui dérober des objets compromettants dans le seul but de mieux les utiliser contre elle. Autant de cartouches nuisibles qu'elle devait immédiatement éradiquer! En effet, depuis son odieux snape magique de la Saint-Valentin, l'infernal gryffondor ne cherchait qu'à l'humilier et salir sa réputation.

Mildred se moucha de nouveau bruyamment alors que son esprit cherchait une astuce pour contraindre la Directrice trop bienveillante à diriger ses soupçons sur l'odieux Virgil. La romancière se retrouvait piégée dans le sens, où elle ne pouvait pas clairement aborder Neville Londubat et sa fouille improvisée dans les affaires de Virgil, à la recherche de Volubilis ; Le faire, risquait de la pousser à la faute, et jeter les soupçons sur son implication dans l'affaire. En effet, si Daisy apprenait que l'intervenante artistique était le corbeau à l'origine des délations mensongères en plus du saccage de la cabane d'Hagrid ; Mildred pouvait d'ores et déjà faire ses valises...

Pour amener Daisy Mason sur son terrain de chasse, elle se voyait contrainte à devoir griller certain secret factice sur sa silhouette élancée et mensongère. Pour une femme aussi attachée à tricher sur les apparences, cela s’apparentait presque à un viol de sa vie privée. Mais l'obsession de flanquer Virgil à la porte de Poudlard était plus forte que sa fierté personnelle. Voila pourquoi, elle se lança dans d'humiliante confession, qui n'avait que pour but de diriger Mason sur le rapport d'enquête de Neville Londubat.

"Malheureusement, j'ai longtemps réfléchis à la question, et il me parait peu probable que ce soit une fille possédant le même baume à lèvre que moi. D'une part parce que celui-ci est d'une rareté absolue et hors de prix, et d'autre part parce que je suis persuadée que cette crapule mystérieuse éprouve un malin plaisir à me faire comprendre qu'elle est justement en possession de mes affaires personnelles. Qui que ce soit, il ou elle se réjouit à l'idée de se jouer de moi et de pouvoir m'humilier en toute impunité... "

Mildred se mordilla les lèvres comme pour mieux retenir l'odieux détail qu'elle était sur le point de délivrer. Mais avait-elle d'autre choix? Elle s'avança en direction du bureau, pour mieux chuchoter son indicible secret.

"De plus, mon baume à lèvre n'est malheureusement pas le seul butin récolté à mon insu. Dans sa volonté de me causer du tort, l'odieux pervers s'est également autorisé l'outrage de me dérober ma... ma... "

Mildred se racla la gorge, avant d'avouer la triste vérité :

"... ma gaine ventre-plat au motif léopard! N'est-ce point là un viol de mon intimité? Quel genre de pervers faut-il être pour oser subtiliser une gaine moulante à une femme de mon âge? Imaginez-vous un peu à ma place! Rassurez-moi, après un tel outrage, j'espère que vous aurez au moins la compassion et la lucidité de débusquer l'éventuel coupable!? Tout de même, les suspects ne doivent pas être légion, tant je suis une femme adulée et respectée de la jeunesse et de Poudlard... "

La romancière pria sournoisement pour que l'image du vil Virgil viennent enfin polluer l'esprit de la Directrice, et détruire sa fichue bienveillance scolaire!

Daisy observa Mildred se moucher bruyamment et songea avec un peu de tristesse qu'elle n'allait pas pouvoir finir sa paperasse de sitôt. Elle qui espérait se retrancher dans ses appartements avec un thé et un bon bouquin... Par politesse, elle retint un soupir parce qu'elle devait soutenir tous ses agents, même les plus dramatiques comme Mildred Magpie. Bien calée dans son siège, elle posa les coudes sur les accoudoirs et croisa ses mains sous son menton. Elle sentait bien qu'elles n'étaient pas sorties des Trois Balais... C'était inutile d'arguer avec raison contre Mildred, en soulignant que certains élèves de Poudlard bénéficiaient d'une certaine aisance financière et pouvaient aussi s'offrir des objets de cosmétique luxueux. Elle savait très bien que la romancière trouverait quelque chose à lui redire, elle semblait un tantinet paranoïaque. Alors Daisy voulait bien croire que quelqu'un était rentré dans la salle des arts pour insulter l'intervenante pédagogique, vraiment. Elle était loin de faire l'unanimité dans l'école et le Conseil d'Administration avait eu quelques remontées désagréables des parents d'élèves, ils devaient d'ailleurs en parler au CA de Juin.

Elle abandonna sa confortable position pour se pencher vers sa collègue quand cette dernière fit de même, diminuant sa voix comme si elle allait lui confier un horrible secret.... concernant sa gaine ventre-plat. Ah, d'accord. Elle s'attendait à quelque chose de plus scandaleux mais quand bien même. C'était vraiment étrange qu'on dérobe les affaires de Mildred comme cela, quel élève voudrait voler une gaine ? Surtout avec un motif léopard. Peut-être que la romancière avait raison, après tout, que quelqu'un lui volait ses affaires pour la torturer un peu et lui faire savoir qu'on était entré dans son intimité... Elle avait du mal à imaginer un élève de l'école fomenter un tel plan machiavélique mais elle n'allait pas remettre en cause la parole de sa collègue, elle n'avait aucune raison de men...

- Tout de même, les suspects ne doivent pas être légion, tant je suis une femme adulée et respectée de la jeunesse et de Poudlard...

Il y avait bien quelqu'un qui était ouvertement en conflit avec Mildred Magpie et ce depuis des mois. Depuis l'affaire du "Snapechat" (étrange terme...) tout le monde connaissait l'animosité entre Virgil Forbes et elle. Un cran avait été franchi lorsqu'elle avait dévoilé son dossier scolaire dans les médias - et Daisy comptait bien en parler au CA de Juin - et que Jonah l'avait attaquée sur le plan juridique. Virgil Forbes s'amuserait-il à torturer encore la romancière ? C'était possible mais quelque chose la tracassait dans cette théorie : depuis des mois, son élève se tenait à carreaux. Il avait enfin trouvé quelque chose qui l'intéressait, un stage à Skye - malheureusement - et était motivé pour l'atteindre. Elle lui avait même fait une lettre de recommandation pour montrer son soutien. Virgil n'avait pas intérêt à faire de vagues, surtout si voyantes. Mais depuis le début de leur entretien, Mildred semblait avoir son nom en tête. Sans rien laisser paraître de ses pensées, Daisy haussa un sourcil.

- Dites-moi donc à qui vous pensez, Mildred, je vois bien que vous avez quelqu'un en ligne de mire...

Chose bien connue, à force de trop vouloir tourner autour du pot, on finit toujours par tomber tête première dedans. Mildred commençait à être sérieusement exaspérée par l'attitude prudente et toute en retenue de la Directrice bienveillante... Le faisait-elle exprès? L'obligeait-elle à dévoiler le dessous de ses cartes? Comment ne voyait-elle pas qu'il n'y avait qu'un pervers diablotin de la trempe de Virgil Forbes pour commettre aussi basse exaction? Ou peut-être cherchait-elle juste à noyer le poisson, afin de protéger le fils de l'un de ses membres préférés du Conseil d'Administration? Autant de questions suspectes qui renforçaient l’intervenante scolaire dans la nécessité absolue de réformer les sphères hiérarchiques de Poudlard, et détruire le réseau sacré de copinage qui gérait cette sacro-sainte secte de la bienveillance scolaire.

Daisy Mason, Jonah Forbes et Thelma Corrigan... Tôt ou tard, il faudrait bien décapiter ce Cerbère à trois têtes bien trop laxiste qui s’accaparait le Conseil d'administration et le pouvoir décisionnel. Une obsession qui n'était pourtant que de l'ordre du fantasme tant Daisy Mason semblait respectée de tous en interne. Était-elle la seule à espérer le grand chamboulement? Dans sa mission d'infiltration et de délation pour la Milice, n'était-elle pas devenue un brin trop paranoïaque? A vrai dire, il en fallait peu pour que Mildred Magpie finisse par voir le mal partout depuis ses bouffées de chaleur matinale. Ignorant les efforts clairvoyants de Daisy Mason pour démêler les dessous de cette sombre affaire de vol de gaine ventre-plat, l'impatiente romancière prit le risque de dévoiler ses pions. Son visage se crispant de mépris, elle pointa alors du doigt deux élèves, de manière à ne pas se montrer trop partisane dans sa mission de botter les fesses de Virgil pour l'éjecter de Poudlard.

"Oui en effet, j'ai bien de doutes... L'un d'eux m'a conduit à soupçonner un temps l'une de mes élèves de la classe d'Art : la dénommée Linnet Sneals. C'est une enfant gravement perturbée dont la place se trouve bien plus dans un asile psychiatrique qu'au sein de notre prestigieuse École. Je sais qu'elle me déteste parce qu'elle s'évertue à me mettre en scène dans d'horribles dessins macabres ; Que ce soit brulée vive sur un bucher alimentée par mes écrits, crucifiée en haut de la tour d'astronomie, ou même lapidée avec des choux à la crème. Bref, l'instable et dangereuse Linnet est dans ma ligne de mire, même si... "

Une main sur le menton et le regard posé au plafond, Mildred fit croire à un intense exercice de réflexion avant de désigner son coupable.

"Même si je dois avouer que le style beaucoup trop fourbe et sournois de ce vol à la tire ne correspond pas à Linnet. Cette dernière ne chercherait jamais à se dissimuler de la sorte. Ce genre de lâche mesquinerie correspond mieux à un odieux garnement de l'envergure d'un Virgil Forbes. Voyez donc la manière dont il s'est sournoisement amusé à me dérober des images d'un instant de faiblesse de ma vie privée, pour les balancer aussi sec sur les réseaux magiques! Depuis le jour ou je l'ai courageusement dénoncé pour usage de stupéfiant, Virgil n'a de cesse de vouloir me tourmenter et m'humilier! Quelle honte! Son seul but dans sa médiocre vie se résume à trouver une manière de me discréditer! Il faudrait être aveugle ou complice pour ne pas se rendre compte d'un tel acharnement sur ma personne! "

Mildred secoua tragiquement la tête avant de réfugier une nouvelle fois son nez humide de chagrin dans l'un des mouchoirs gentiment tendue par la bienveillante directrice. Le mal était dénoncé... à la directrice maintenant de faire son travail et de l'exclure pour de bon!

Daisy fronça un peu les sourcils quand Mildred se décida enfin à lâcher le nom de Linnet Sneals comme potentielle suspecte de l'exaction à son égard. Certes, la jeune soeur du regretté Danny n'avait rien d'une élève modèle et posait régulièrement des difficultés à ses enseignants mais elle avait justement un style plus... direct. Pour avoir reçu à plusieurs reprises l'adolescente au sein de son bureau, elle avait du mal à l'imaginer dérober un rouge à lèvres dans le sac de l'intervenante pédagogique pour ensuite écrire un message insultant avec. Pour la connaître un tantinet, Daisy aurait plutôt parié sur le fait qu'elle se serve du sang d'un petit animal tristement capturé dans le parc... Ou bien qu'elle vole les affaires de la romancière pour faire une poupée vaudou avec ou autre artefact de magie noire, qu'elle n'aurait même pas caché d'ailleurs. Linnet n'était pas vraiment au fait des concepts de "discrétion" et "machiavélisme". Elle était assez franche, c'était l'une des qualités qu'on pouvait lui reconnaître. Pour autant, Daisy ne savait pas vraiment comment annoncer cet état de faits à Mildred. "Linnet ? Oh non, ne vous inquiétez pas, elle est plutôt du genre à décapiter votre Boursouf." C'était assez limite.

Heureusement, elle n'eut pas à se livrer à cette explication un peu folklorique pour innocenter Miss Sneals. Mildred livrait déjà le nom d'un nouveau suspect et un soupir échappa à Daisy alors qu'elle s'appuyait contre son dossier. Tiens tiens tiens, comme c'était étrange. On en revenait encore à Virgil Forbes. Alors qu'on se le dise, le fils de Jonah n'avait rien d'un petit ange, elle était bien au courant. Il avait fait des bêtises, avec sa petite bande et Neville lui en avait souvent parlé. Mais ces derniers temps, il était différent. Alors il avait toujours son uniforme de manière débraillée dans les couloirs, elle l'avait croisé après le petit-déjeuner lundi, mais ses notes étaient remontées. Ses enseignants disaient qu'il travaillait plus sérieusement. Il avait des résultats plutôt bons. Et surtout, il avait un projet professionnel et ça, c'était très important. Virgil Forbes, ce genre d'élève qui ne semblait jamais intéressé par rien, a avait enfin trouvé quelque chose qui semblait le motiver.

Certes, sa motivation c'était Skye et Daisy avait beaucoup à redire sur cet établissement mais il n'était pas engagé pour le moment, c'était un stage. Elle lui avait fait sa lettre de recommandation avec plaisir. Cela ne faisait pas de Virgil un élève modèle mais c'était un élève qui cherchait à progresser et elle avait toujours eu à coeur, en tant que professeur puis en tant que directrice, de valoriser ça. Est-ce qu'elle allait toujours tenir rigueur à Virgil de ses erreurs passées ? Non, chacun avait le droit à une seconde chance. Pour cette histoire de Pear, elle comprenait très bien que Mildred soit choquée : elle en avait tous les droits, Virgil avait très mal agi. Mais il avait été puni pour cela, son père avait été furieux. Si elle se souvenait bien, l'adolescent avait dû écrire une lettre d'excuse à sa victime. Il avait mal agi, avait été puni, avait supporté sa punition et maintenant, il faisait des efforts. C'était ce que Daisy voulait retenir, en tant que pédagogue.

Mildred, en revanche, semblait avoir du mal à lâcher le morceau. Il y avait notamment eu cette histoire d'article dans Multiplettes, qui révélait des éléments privés de la scolarité de Virgil - ce qui était très professionnel évidemment - contre lequel Jonah s'était pourvu en justice. Il avait perdu mais Daisy pouvait comprendre la démarche : Mildred ne voulait pas passer à autre chose. Qu'elle tienne rigueur à l'adolescent, c'était compréhensible. Mais qu'elle s'acharne contre lui... Elle maintenait que c'était Virgil qui menait une vendetta contre elle mais face à ces nouvelles accusations, Daisy était sceptique. Depuis le début, elle avait l'impression que Mildred voulait lui donner un nom : elle était venue ici dans l'optique d'accuser Virgil de ce tag. Croisant ses doigts sous son menton, la Directrice de Poudlard fixa son employée pendant quelques secondes.

- Mildred... Je n'irai pas accuser ou sanctionner Virgil Forbes sans preuves.

Pressentant la tornade d'indignation qui allait s'abattre sur elle, Daisy leva une main pour demander à Mildred de la laisser parler.

- Il a très mal agi avec vous le soir de la saint-Valentin, je suis tout à fait d'accord. Il a d'ailleurs été sévèrement sanctionné pour cela et vous a d'ailleurs écrit une lettre d'excuse. Depuis, il se comporte bien mieux. Il est plus assidu en classe et ses notes sont remontées. Il a même un projet professionnel ambitieux dans lequel il s'implique. Je ne pense pas qu'il saboterait tout cela juste pour un vol de rouge à lèvres.

Telle une statue de sel pétrifiée dans l’immensité désertique, Mildred Magpie se figea sur son séant alors que Daisy Mason lui exposait son ignominieuse décision. Au mépris de son chagrin et de ses accusations ciblées, l’ultra-bienveillante et protectrice directrice de Poudlard se plaçait encore une fois du coté des élèves, des faibles et des opprimés. La fois de trop! Le regard outragé de Mildred se braqua avec sévérité sur celle qui osait allée à l'encontre de sa volonté et de son ressentiment intérieur. Pour qui se prenait-elle avec ses grands airs débonnaires? De qui se moquait-on? L'indignation jaillit de la bouche de la romancière, tel le croassement d'un corbeau venant de se faire dérober le dernier os d'une carcasse.

"Quoi!? Sans preuves? Vous voulez plaisanter? "

D'un geste impérieux de la main, Daisy Mason lui cloua littéralement le bec et empêcha le flot de son mécontentement de se déverser trop longuement. La Diva de Bristol n'avait pas pour habitude de se faire interrompre et brusquer de la sorte. Daisy Mason pouvait s'enorgueillir d'être la Directrice de cette fichue école, mais même en étant sa supérieure hiérarchique ; En aucun cas, elle pouvait s'adjuger le droit de froisser l'égo surdimensionné d'une multi-milliardaire capricieuse. Comment pouvait-elle encore oser se placer du coté de l'ignoble Virgil Forbes, plutôt que du sien? Que gagnait gagnait-elle à jouer les autruches aveugles face au lourd passif disciplinaire de ce satané mioche? Trop, c'était trop! Mildred était sur le point d'exploser face à autant d'injustice et de complaisance. Surtout quand Daisy Mason dégaina l'argument sempiternel du garnement en voie de rédemption, et la fameuse lettre d'excuse qui n'était en vérité rien d'autre qu'une brochure d'aide pour les personnes souffrant de nymphomanie addictive. Il ne fallait pas pousser mémé Mildred dans les orties!

Avec un roulement de mépris trop longtemps contenu, le regard de Mildred voyagea au plafond avant de se braquer sévèrement sur la reine de bienveillance. Inutile de feindre encore davantage un chagrin factice ou contenir la haine farouche qui la pourrissait de l'intérieur. Mildred tomba le masque, et tôt ou tard, Daisy Mason allait elle aussi devoir stopper les faux-semblants et choisir un camp. La voix grinçante de la romancière trancha alors dans le vif.

"Connaissez-vous vraiment vos élèves, madame la Directrice? Parce qu'il me semble impensable d'être aussi loin du compte en ce concerne ce diable de Virgil Forbes! Vous pensez vraiment que ce vaurien est du genre à prononcer ne serait-ce qu'un mot d'excuse? Que nenni! Tout n'a été qu'insulte à mon égard! Et je n'ai rien dit, dans le seul but de protéger mon confrère Jonah Forbes dans son rôle ô combien périlleux de père de famille isolé. Vous voyez où mon empathie m'a conduite? Alors que je me réjouissais de le voir reprendre le sentier de l'Amour, voila que ce même Jonah m'attaque à présent en justice... Quelle ingratitude! Et ce, dans le seul but de prolonger l'arnaque et la scolarité du dénommé Virgil, et de me faire payer mon impartialité quand à ses fautes! Mais tant que je serai entre ses murs, aucun élève ne bénéficiera de passe-droits... Pas même, le fils d'un directeur de maison. Nous savons pertinemment toutes deux que Virgil ne fera absolument rien de sa vie, si ce n'est peut-être dealer de la Mandragore dans une sombre ruelle de la Voie des miracles. Alors pourquoi cherchez-vous à le protéger? Bon nombre d'élèves ont été exclus pour moins que ça... "

Certes, elle s'exposait en révélant ses sentiments et son aversion pour les petites combines et copinage qui régissaient Poudlard. Mais plutôt que de laisser les non-dits se gangréner, il valait mieux que cela sorte. Après tout, la célébrissime multi-milliardaire n'allait pas se laisser dicter sa conduite par une vulgaire divorcée qui peinait à gagner financièrement en un an, ce qu'elle gagnait en un jour. Il était peut-être temps d'envoyer valser la bienveillance, pour remettre un peu d'ordre et de discipline au gout du jour. Se levant de son siège pour asseoir son autorité sur la Directrice bienveillante, Mildred la dévisagea froidement, en posant ses mains sur ses hanches. Joues creuses et bouche tendue, l'heure de prononcer un ultimatum était venue pour Mildred.

"Madame la Directrice... Que vous le vouliez ou non... Que les preuves soient suffisantes ou non ; Vous allez devoir prendre rapidement une décision concernant ce morveux de Virgil! Je ne peux me résoudre à me laisser insulter en toute impunité, si bien que si vous n’entreprenez aucune mesure d'exclusion à son encontre, je serai dans le regret de vous annoncer l'annulation de mon contrat d'intervenante pour l'année prochaine... Que les choses soient claires : C'est lui ou moi! "

Sûre de l'effet dévastateur que représentait cette annonce, Mildred croisa ses bras sous sa lourde poitrine gonflée d'orgueil.

"Vous et moi, nous savons pertinemment la valeur de ma présence, et l'infini prestige que j'apporte à cette école. Sans moi, vous perdriez assurément de votre notoriété, et de votre crédit artistique. De plus, si vous preniez enfin l'initiative d'exclure cet insignifiant garnement, tout en me laissant siéger au sein du conseil d'administration. Alors je pourrai me laisser tenter à financer certains projets pédagogiques, comme celui du voyage en terre magique australienne... "

Mildred Magpie ne cherchait rien d'autre qu'à renverser la hiérarchie de Pouldard. Montrer à cette insignifiante Directrice qu'elle n'était pas grand chose en comparaison de son immense notoriété. Que valait la bienveillance face au pouvoir de l'argent et de la célébrité? Il ne faisait aucun doute qu'elle allait lamentablement s'écraser, et se plier à ses caprices de milliardaire vaniteuse. Un sourcil impatient s'arc-bouta, tandis que la réponse de la Directrice tardait à venir.

"Qu'attendez-vous pour me répondre? Est-ce si difficile que de choisir entre un garnement insignifiant et une star adulée? "

Le silence allait être rompu, mais de quelle manière?

[HJ : Juste histoire de relancer ce topic, et de profiter encore de ma Daisy préférée. ]        

Daisy savait que ses propos n'allaient pas plaire plus que cela à Mildred mais elle ne s'attendait pas à un tel changement de comportement. L'intervenante pédagogique roula des yeux avec insistance, perdant le ton mielleux et plaintif qu'elle abordait depuis son arrivée dans son bureau. Visiblement, tout cela n'avait été que cinéma ou alors elle était bien trop outrée pour être encore bouleversée : les deux schémas étaient honnêtement possibles. Un peu déstabilisée, Daisy essaya néanmoins de ne pas le montrer et elle se redressa un peu dans son épais fauteuil de directrice alors que la romancière se lançait dans une diatribe pleine de haine à l'égard de Virgil Forbes, qui devait avoir les oreilles qui sifflaient sérieusement. Abandonnant sa fausse considération, Mildred révéla toute le mépris et la colère qu'elle entretenait à l'égard de leur élève. À l'entendre, le jeune Gryffondor était le pire des vauriens, le plus grand criminel ayant jamais vécu entre ces murs (derrière donc Voldemort, Bellatrix Lestrange, Ulrich Keller et bien d'autres...), la lettre d'excuse qu'il avait fournie n'avait été qu'un tombereau d'insultes (dans ce cas, pourquoi ne pas l'avoir montrée ?) est et elle s'était déjà montrée bien trop compatissante à l'égard des Forbes jusque là. Mais ce que comprenait réellement Daisy de tout cela, c'était la confirmation de la vendetta personnelle que Midlred semblait mener contre Virgil : elle était remontée par le fait qu'il soit le fils d'un Directeur de Maison et elle avait souhaité l'afficher aux yeux du monde pour cela, pour qu'il n'ait pas de "passe-droit." Sauf que, enfant de directeur de maison ou pas, tous les élèves de l'école avaient le droit à la discrétion et au respect. Ses propres filles, Jane, Wendy et Bethany, avaient été scolarisées alors qu'elle était Directrice de Poufsouffle et elle n'aurait pas apprécié qu'elles soient stigmatisées par ses collègues en raison de ce simple fait.

Ce que voulait Mildred était simple : depuis le début, elle tirait les ficelles pour que Virgil Forbes soit exclu de Poudlard. Qu'il ait mal agi au début avec elle était un fait, Daisy ne faisait pas de l'angélisme, mais à ses yeux, il n'avait rien fait qui puisse mériter qu'il soit ainsi exclu de Poudlard, brisant ses chances de mener une carrière de sorcier. S'il était renvoyé avant sa septième année, alors, sa baguette serait brisée et il ne pourrait plus revenir en arrière. C'était une décision rare, d'exclure un élève de Poudlard, et contrarier l'ego de Mildred Magpie n'était pas une bonne justification. C'était même à se demander si elle n'avait pas inventé cette histoire d'insulte au rouge à lèvres dans le but d'infliger à Virgil l'ultime couperet afin de le faire virer. Daisy commençait à se sentir sérieusement agacée par cette idée et cet état de faits fut majoré lorsque Mildred se leva pour la dominer de toute sa hauteur, main sur les hanches et regard fulminant. Elle n'aimait pas être manipulée ou prise pour une idiote et si l'intervenante pédagogique était réellement venue dans son bureau avec une affaire inventée juste pour ruiner la vie d'un élève qui ne lui revenait pas... Il y avait des choses qu'elle n'avait pas envie de laisser passer. Alors elle se leva elle aussi et même si elle était toute menue face à la flamboyante romancière, Daisy avait froncé ses sourcils. Voilà donc que Mildred lui faisait un chantage, Virgil ou elle !

Pire encore que du chantage, c'était une tentative de corruption : ainsi, en échange de la tête de Virgil, l'école recevrait une subvention pour leur projet de voyage scolaire, voyage qui avait donc été initié par Jonah. Qui serait donc ravi de savoir qu'on voulait faire sauter la tête de son fils pour cela... Face à un tel culot, la Directrice de l'école resta quelques secondes interdite. Mildred songeait vraiment qu'un tel procédé allait fonctionner, qu'elle allait se jeter à ses pieds pour la convaincre de rester en ruinant le futur d'un élève innocent qui avait eu le tort de la contrarier, elle, une "star adulée". La romancière était tellement certaine d'elle qu'elle était là, debout dans son bureau, bras croisés et yeux lançant des éclairs, à deux doigts de taper du pied car la réponse se faisait trop attendre. Daisy songea aux portraits d'éminents directeurs, derrière elle, de Dumbledore, qui avait reçu dans son bureau les plus grands sorciers de ce monde pour régler des conflits, Minerva, qui avait pendant longtemps auréolé le collège de son prestige et puis... il y avait elle. Qui était menacée de démission par Mildred Magpie. Le contraste lui tira un rire, un vrai rire qu'elle tenta de dissimuler derrière sa main, en vain. Magpie était ridicule. Tout cela était ridicule et elle avait été assez patiente. Toute sa célèbre patience de Poufsouffle était consommée. Elle rit encore un peu, secoua la tête et finalement, se rassit dans son fauteuil, presque nonchalante.

- Vous me fatiguez, Mildred.

Daisy croisa ses mains sous son menton et examina la romancière fulminante. 

- Poudlard n'a pas besoin de votre "infini prestige" pour exister, Poudlard était là avant vous, sera là après vous - et après moi. Nous sommes la seule école de sorcellerie du Royaume-Uni, pensez-vous vraiment que les parents n'y enverront plus leurs enfants sous prétexte que, oh, Helga, leurs têtes blondes ne pourront plus déclamer Les Hauts de Hurlelune entre deux cours de sortilèges ? Elle secoua la tête. Poudlard n'a pas besoin de vous, Mildred, le conseil d'administration n'a pas besoin - et ne veut pas - de vous et nous ne comptons pas sur vous pour financer nos projets. L'école n'a pas besoin de vous et, si vous voulez mon avis, se porterait mieux sans vous.

C'était dit. Elle ne poussa pas le vice jusqu'à ajouter qu'elle n'était là que pour l'image, car elle était dans les petits papiers du Ministère, mais elle le pensait très fortement. Daisy eut un soupir, un peu lasse de tout cela et songea qu'au prochain conseil d'administration, il serait bien qu'on parle de la situation Magpie.

- Virgil Forbes ne sera pas renvoyé de cette école, pas à votre demande et pour des prétextes fallacieux. Il n'est pas un "garnement insignifiant" mais un élève de Poudlard qui a le droit comme les autres d'apprendre, de progresser, qui a le droit de faire des erreurs et de se repentir. Et ici, Mrs Magpie, vous n'êtes pas une "star adulée", vous êtes une simple intervenante pédagogique et nous pouvons nous passer de vos services. Si la présence dans ces murs de Monsieur Forbes vous est si insupportable et bien... Libre à vous de quitter l'établissement. Je suis certaine qu'une star de votre envergure saura rebondir.

D'un geste, elle lui désigna la porte.

- Maintenant, à moins que vous ayez d'autres choses à ajouter, j'ai du travail.

Son ultimatum lancé, un face à face tendu venait de s'installer dans le bureau de la Directrice. En effet, dans un dernier baroud d'honneur, Daisy Mason s'était redresser pour affronter avec défi le regard aiguisé de la romancière. Blanche-Biche et sa sacro-sainte bienveillance scolaire pouvait jouer les révoltés, Mildred savait pertinemment que Poudlard ne pouvait point se priver de la publicité offerte par la présence d'une star adulée entre ses murs. Même dans son prestigieux bureau tout auréolé d'un prestige millénaire, où les portraits des différents directeurs contemplaient ses pathétiques efforts ; Daisy Mason n'était clairement pas de taille pour résister au caprice d'une femme aussi influente que l'était la diva de Bristol. Signe de son impatience grandissante, la bouche de Mildred se pinça tandis que la pointe de son escarpin s’apprêtait à battre la mesure de son agacement... Mais le résultat de ce duel à l'issue pourtant certaine, laissa aussi pantoise que indignée l'arrogante milliardaire, quand Daisy Mason osa libérer un rire moqueur, avant de choir nonchalamment sur son trône de la bienveillance. Quel outrage venait-il donc de se produire? Cette petite punaise insignifiante avait-elle réellement osé se gausser de son indignation? Était-ce de la nervosité ou de la vile moquerie? Les bras croisés de la romancière outragée dégringolèrent de sa volumineuse poitrine pour chuter le long de son corps...  


"Pourquoi diable riez-vous? Auriez-vous perdu la raison? C'est tout bonnement scandaleux, je vous demande d'arrêter! "

Bien calée dans son fauteuil de directrice, Daisy Mason finit par s'arrêter de rire, mais uniquement pour expédier des vérités bien senties à la romancière dépitée, et au bord de l’asphyxie. Aussi loin que sa mémoire voyageait dans le passé, Mildred Magpie n'arrivait pas à se remémorer la dernière personne ayant osé lui dire aussi abruptement ses quatre vérités. Toni, parfois se fatiguait d'elle, mais ce n'était pas pour les mêmes raisons et les mêmes circonstances ; Et de toute manière, même exténué par les besoins insatiable de sa patronne, il finissait toujours par repartir pour une énième et longue chevauchée nocturne. Virgil Forbes avait été assurément le plus insolent, mais c'était un cas clinique qu'il ne fallait pas mettre au même niveau que le commun des mortels. Non, personne n'osait plus ce genre d'outrage. Du moins, personne de sensés...

D’ordinaire si volubile quand il s'agissait de cracher son indignation, Mildred demeura figée et perplexe ; La bouche arrondie et grande ouverte comme une morue inerte sur l'étale d'un poissonnier du port de Bristol. La romancière adulée se nourrissait de compliments et de la dévotion inconditionnelle de ses fans. Mais sans les éloges, sans son prestige lié à sa décoration du Grand-Ordre de Merlin ; Mildred redevenait cette insignifiante poufsouffle qu'elle était jadis. Cette gamine moyenne et sans envergure qui n'existait réellement qu'au travers les viles railleries qu'elle infligeait à ceux qui s'avéraient plus doués et intelligent qu'elle ne l'était elle-même. Sous le déluge de mépris qui s'abattait soudainement sur elle, Mildred avait l’impression de revenir à un épisode piteux de sa scolarité, dans lequel le grand Albus Dumbledore avait osé, dans ce même bureau, la faire chuter de son piédestal de vanité. Mildred Magpie avait toujours détesté cet ignoble barbu dirigiste ; Et notamment la remarque incroyablement méprisable qu'il lui avait infligé alors qu'elle avait refusé de plonger et ternir ses blanches et délicates mains dans un pot du professeur Chourave. Jadis, face aux prétentions de la Diva en devenir, Dumbledore s'était laissé aller au même rire étouffé que celui de Daisy Mason. Cette légende du Monde Magique, avait même osé lui rétorquer qu'une poule avait plus de chance de devenir un écrivain accompli que sa petite personne. Le genre de blasphème qu'elle s'était jurée de ne plus jamais laissé passer...

Et pourtant en ce moment même, la directrice actuelle de cette maudite école de Poudlard osait écorner son œuvre légendaire des "Hauts de Hurlelune", n'hésitait point à lui révéler qu'elle pouvait se passer de ses services et même que son école ne s'en porterait que mieux. De quel droit cette garce illuminée pouvait-elle se permettre de faire passer un garnement sans avenir avant même sa prestigieuse personne? Comment pouvait-on se priver de la plus grande artiste contemporaine, et d'une telle manne financière? Même si cet entretien n'avait duré tout au plus qu'une dizaine de minutes ; Sous le poids cinglant des reproches, Mildred avait l'impression que cet entretien l'avait faite vieillir d'une décennie! Même ses seins si majestueux et orgueilleux en temps normaux, semblaient choir et loucher piteusement en direction du plancher. Le regard pétrifié par la colère, Mildred ignora un instant l'affront de la reine de la bienveillance et son geste empreint de mépris en direction de la porte.

"Comment osez-vous me parler de la sorte!? Vous vous prenez pour qui!? Je suis la femme la plus aimée et respectée du Monde Magique! Et personne!!! Absolument personne n'est en mesure de me dicter ce que je dois faire! Je ne daignerai quitter cette maudite école que lorsque je l'aurai moi-même décidée! Vous m'avez entendue?  " La haine et le mépris défigurait le visage anguleux de la romancière, avant qu'elle ne crache également sa dernière vérité à la trop confiante Daisy Mason. "D'ailleurs, croyez-en ma grande expérience de femme d'affaire : Je ne pense pas que vous ferez de très vieux os dans cette école... Vous n'avez ni l'envergure ni la clairvoyance inhérente à votre fonction. Contrairement à d'autres, vous ne savez pas saisir les opportunités quand elles se présentent à vous. Et tôt ou tard, cela finira par provoquer votre chute... "

Après un dernier regard de défi, une dernière moue pincée ; Mildred tourna les talons et ondula de son large bassin en direction de la sortie. Furibarde et sans même se soucier des conséquences, elle claqua violemment la porte du bureau derrière elle. Daisy Mason s'était gaussée d'elle et n'avait point voulu répondre à sa requête. Grand bien, grand mal! L'heure était désormais à l'écriture, et aux mensonges ; Deux domaines dans lesquels la romancière excellait. Mais cette fois-ci, ses vils écrits ne concerneraient pas un élève. Oh que non! Mildred s'était fourvoyée en pensant duper et s'attirer les bonnes grâce de cette garce de Mason. Pour tuer un système aussi bien huilé que la bienveillance scolaire, il fallait obligatoirement viser la tête. Ce soir, à la lumière de la chandelle, Mildred se lancerait dans une nouvelle lettre de dénonciation... Certes mensongères en partie ; Mais il était temps de penser au renouveau de Poudlard, et sauver accessoirement ses prestigieuses fesses à le rentrée prochaine. Voila pourquoi, arrivée à son bureau de travail, Mildred trempa sa plus belle plume d'oie dans un encrier, avant de se lancer dans un chef-d’œuvre de dénonciation dont la cible n'était autre que la reine de la bienveillance...