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¡Ay, Carmela! [OS]

Esteban Cortázar
Esteban CortázarRévolutionnaire
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Profil Académie Waverly
¡Ay, Carmela! [OS] Icon_minitimeMer 27 Avr 2016 - 1:07
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Le titre:


2 septembre 2009

Esteban était installé dans un coin de la salle de réunion des caves du Kraken. Comme toujours il observait la réunion avec attention. Il fixait les différents membres les uns après les autres, les jugeant, cherchant ceux qui pouvaient ne pas être fiables à 100%. De temps en temps il intervenait, en énervant plus d’un par son arrogance mais il n’avait pas envie de se cacher, pas envie de faire dans la dentelle. Ils étaient en guerre et il avait l’expérience dont ils avaient besoin, s’ils ne voulaient pas l’écouter, tant pis pour eux. Et puis, inlassablement, son regard glissait vers Klemens le voyant bouillonner. Esteban savait à quel point l’enfermement lui pesait, il n’avait qu’à le regarder lors des réunions ou lors de leurs rendez-vous, leurs disputes incessantes sur le sujet n’étant qu’un moyen pour le Polonais d’exprimer ce que personne ne semblait comprendre ou écouter. Il avait besoin d’air, il avait besoin de vengeance. Esteban le comprenait un peu trop bien mais il savait aussi qu’il n’était pas prêt. Envoyer Klemens au front actuellement était du suicide, il était incapable de se contrôler et allait se mettre en danger inutilement, il était instable.

Vint le moment où Klemens n’en put plus, ses bougonnements se firent de plus en plus bruyant et le regard d’avertissement qu’Esteban lui lança n’eut aucun effet sauf peut-être celui de parler un peu plus fort. Esteban le laissa parler, ce n’était pas comme s’il aurait pu le faire taire de toute façon et puis il avait besoin de s’exprimer. Il faisait confiance aux membres du Kraken pour le retenir. Lorsque la sentence de Seamus tomba, Esteban mit quelques secondes à comprendre qu’il venait de donner son accord. Sa nonchalance étudiée tomba et il ne put se retenir :

« T’es complètement inconscient ! Il est hors de question que Klemens aille en mission, il n’est pas prêt pour ça ! Vous avez quoi dans la cervelle tous ? Et toi ! Franchement, tu tiens si peux à ta vie ? »

Esteban bouillonnait, il ne pouvait pas laisser passer ça, il avait tu trop de fois ses instincts concernant Klemens et il ne ferait pas la même erreur une fois de plus. La réponse de Seamus faillit lui faire perdre ses moyens :

« Esteban, on comprend bien ton inquiétude mais tu es trop impliqué, tu n’es pas objectif. »

Parce que lui, l’était objectif ? Il venait de céder face à Klemens comme on cède face à un gamin capricieux, ce qu’était Klemens actuellement à n’en pas douter. Il s’apprêtait à tourner les talons lorsqu’il croisa le regard un peu trop heureux de Klemens, qui semblait totalement inconscient du danger dans lequel il se jetait alors avec un soupir, Esteban lâcha entre ses dents :

« Je viens. Faut bien que quelqu’un surveille cette tête de lard… »

Il vit distinctement la grimace de Klemens mais il se contenta de lui jeter un regard noir, c’était non négociable et Seamus sembla le comprendre puisqu’il accepta le compromis. La réunion prit rapidement fin sur les derniers détails de la mission. Ce n’était pas une mission qui semblait périlleuse mais Esteban avait appris à se méfier de chaque mission. Enfin, il n’y avait pas de raison qu’elle se passe mal… Et puis ça ferait du bien à Klemens de se sentir un peu vivant… Il suivit le Polonais vers sa chambre pour une discussion plus discrète, il avait tout de même certaines choses à lui dire.

Encore une fois, c’est Klemens qui lança l’offensive, acide. L’échange fut loin d’être amical mais ils en avaient l’habitude, c’était un de leur moyen de communication le plus efficace. Esteban essaya de se contrôler, de ne pas montrer la peur qui lui serrait les entrailles, se cachant derrière la protection du groupe entier. Bien sûr, Esteban se préoccupait de la sécurité de tous les membres du Kraken présents sur cette mission mais c’était clairement Klemens qui risquait de dérailler.

Le ricanement dédaigneux de Klemens alors qu’il quittait la pièce blessa Esteban bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Pourquoi ne comprenait-il pas qu’il agissait ainsi pour le protéger ? Bien sûr qu’il avait envie de Klemens retrouve sa liberté. Il rêvait de pouvoir sortir boire un verre avec lui comme avant. Il rêvait de le présenter à ses quelques amis mais il ne pouvait rien faire de cela. Il pouvait seulement le rejoindre en surveillant ses arrières, se glisser dans l’ombre et l’humidité des caves du Kraken pour passer du temps avec lui.

Klemens avait survécu à l’enfermement jusque là, il pouvait bien attendre encore un peu, une semaine, deux ? Ce n’était pas grand chose comparé au temps qu’il avait déjà passé enfermé. Et puis, il n’était plus seul, un certain nombre de personnes passaient lui tenir compagnie. Malheureusement, Esteban connaissait suffisamment Klemens pour savoir qu’il n’avait aucune chance de l’empêcher de participer à cette mission, la seule personne qui l’aurait pu était Seamus et c’était désormais trop tard. Alors, il rejoignit le groupe la mine sombre et suivit le petit groupe à travers le miroir.

A peine Esteban se retrouva-t-il sur le lieu de leur mission que son comportement changea. Ses préoccupations dans un coin de la tête, il se mit en position, sur ses gardes. Il avait une mission, un rôle, il devait l’exécuter pour que tout se déroule au mieux. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher de jeter de fréquents coups d’oeil vers Klemens qui semblait bien trop tendu. Il n’était plus temps de le réprimander pour sa décision, il avait besoin de lui et il serait là pour ça. Il croisa son regard angoissé et lui fit un bref sourire réconfortant avant d’effleurer son poignet.

« Tout va bien se passer Klem, respire, ça va aller. »

Les yeux fermés, le Polonais écouta ses conseils et sembla reprendre le contrôle de lui-même. Esteban remercia intérieurement Seamus de les avoir mit en binôme, il n’était pas si inconscient que cela finalement…

Le signal qu’ils attendaient était là, alors d’un bel ensemble, ils s’élancèrent vers l’usine. Ils entrèrent facilement. Esteban s’empara du plus de potions qu’il pouvait comme prévu, il se dépêcha et reprit la direction de la sortie. Ne pas s’attarder. Jamais. C’était une des règles qu’il avait durement appris. Il s’apprêtait à sortir de l’entrepôt lorsque son instinct lui dicta de se retourner. A quelques mètres de là, Klemens était bloqué face à un stock de potions. Les sourcils froncés, Esteban s’apprêtait à l’appeler lorsque le Polonais se tourna vers lui. En un instant il comprit que ce qu’il avait tant redouté était en train de se produire. Le regard de Klemens était hanté et sa baguette était levée vers les potions. Esteban ne saurait jamais ce qu’était ses potions. Son sang ne fit qu’un tour et il tenta le tout pour le tout, priant Klemens de s’arrêter. Il devait l’empêcher de faire ce qu’il avait prévu, l’empêcher de se mettre en danger une fois de trop mais Esteban le savait il était déjà trop tard. Le sort fusa, les potions explosèrent les unes après les autres dans un bruit assourdissant. Klemens vola.

Des années d’entraînement, des années de lutte et d’accidents divers et variés et il n’était pas encore capable de contrôler ses instincts. Avant même d’avoir réfléchi, Esteban courait vers Klemens, les potions qu’il tenait dans ses bras éclatées sur le sol. C’est la voix de Klemens qui l’arrêta :

« Dégage ! Reste pas là, ils vont débarquer d'un moment à l'autre. Utilise le portoloin une fois dehors comme c'était prévu à la base ! »

Les yeux hagards, Esteban fixait Klemens en secouant la tête refusant de comprendre, refusant d’analyser la situation et de prendre une décision. Klemens se redressa péniblement en lui adressant des paroles rassurantes, l’enjoignant à sortir de ce guêpier, à le laisser se débrouiller seul. Les paroles n’étaient même plus énervées, c’était juste une prière que Klemens adressait à son amant : sauver sa peau au plus vite. Esteban s’accrochait au regard farouche de Klemens. Il pouvait s’en sortir n’est-ce pas ? Il était fort. Il l’avait dit, il était prêt, il avait combattu bien des fois, il n’était pas né de la dernière pluie et puis il avait son portoloin.

« Tout ira bien, Esteban. »

Comme un écho face aux paroles qu’il lui avait adressé avant d’entrer dans le bâtiment. Les secondes s’écoulaient et Esteban ne bougeait toujours pas. S’il s’était dépêché, peut-être qu’il serait déjà aux côtés de son amant, l’aidant à se relever et à sortir de là mais Klemens était trop loin paraissant inaccessible. Sa voix finit par retentir une dernière fois :

« Oh et Esteban... Fais attention à toi, j'voudrais pas qu'il t'arrive une bricole avant que je puisse te rejoindre dans mon lit pour te susurrer à l'oreille que je t’aime. »

Sans vraiment comprendre pourquoi, Esteban activa son portoloin, les yeux rivés dans le regard tendre de Klemens. Il se retrouva dans un champ désert, lieu de passage avec de rejoindre le Kraken. Tombant à genoux, les yeux grands ouverts, Esteban cria :

« Klemens ! »

Dans un état second, il voulut se relever et repartir vers l’usine de potions mais il n’avait aucun moyen de s’y rendre. Le seul passage était le miroir. Seamus le prit par les épaules et sous les regards inquiets des membres de la mission, il le fit transplaner dans les caves du Kraken. Hébété, Esteban refusait d’analyser ce qui venait de se passer.

« Esteban, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Où est Klemens ? »

Il secouait la tête, refusant de mettre des mots sur ce qui venait de se passer. Alors Seamus, inquiet, se fit pressant.

« Bon sang, Esteban, parle ! Qu’on sache quoi faire ! »

L’Argentin sembla se réveiller d’un coup, les yeux plissés et brillant de fureur, il explosa son accent roulant :

« C’est ta faute, joder, pourquoi a-t-il fallu que tu lui dise qu’il pouvait participer à la mission ? Il n’était pas prêt, por Dios, je vous l’avais dit ! Il est resté bloqué face à un stock de potions et à trouver malin de les faire exploser ! Il m’a obligé à partir, merde, il m’a obligé à partir… »

La rage avait disparu aussi vite qu’elle était apparu et Esteban s’écroula au sol. Autour de lui les discussions avaient repris, encore plus inquiètes. Certains argumentaient qu’il fallait y retourner mais Esteban savait que ça ne servait à rien. Ce serait se jeter dans la gueule du loup. Il n’y avait plus qu’à espérer que Klemens sauve ses fesses tout seul. Attendre, c’était la seule chose qu’il leur restait à faire. Attendre en gardant les yeux fermés, les dernières paroles de Klemens résonnant en lui. Il lui avait promis, il allait le rejoindre, non ?




Si tu me cherches...
... tu me trouves.