Devoir de Botanique [PV Mafalda Frigg]

Ce matin là, comme tout les mercredis matins, Mafalda n'avait pas cours la première heure, elle s'était donc levée tôt et s'était préparée pour aller courir. Mais à peine avait elle commencé ses étirements qu'une horrible toux la plia en deux. Elle ne pouvait plus le nier, elle avait pris froid et elle le sport ne ferait qu'aggraver son état. Bon sang, ce qu'elle pouvait détester être malade ! C'était à cause de la température froide et humide de l’Écosse aussi, jamais elle n'aurait attrapé un rhume sous le soleil espagnol ! La jeune Poufsouffle hésita à aller se recoucher. La chaleur et le moelleux de son lit l'attirait irrémédiablement ... Non, il fallait au contraire qu'elle profite de cette matinée pour faire ses devoirs, quitte à être levée, autant en profiter. Elle échangea ses vêtements de sport pour l'uniforme de l'école, attrapa son sac de cours, et sortit rapidement du dortoir avant de changer d'avis.

Elle gagna la bibliothèque paresseusement, s'arrêtant pour discuter avec les portraits qui la saluait, observant ceux qui dormaient ... Décidément, ces tableaux fournissaient une distraction inouïe, comment se faisait il qu'elle n'ait jamais pris le temps d'en profiter en cinq longues années ? Peut être parce qu'elle n'avait jamais si peu envie de travailler. Elle sentait chacun de ses muscles qui réclamait un peu d'exercice, mais elle savait que ce n'était pas une bonne idée si elle ne souhaitait pas passer toute la journée du lendemain au fond d'un lit de l'infirmerie à cracher ses poumons et à ingurgiter des médicaments dégoutants. Ce n'était pas qu'elle haïssait particulièrement le travail scolaire, mais elle lui préférait très largement le sport. Peut-être devrait elle penser un jour à se mettre au Quidditch ?

Bien trop vite, elle se trouva devant la porte de la bibliothèque, ce qui interrompit le fil de ses pensées. Elle s'installa à la table la plus proche, et prit le temps de disposer ses affaires devant elle, avant de consulter son agenda. Elle avait une dissertation d'Histoire de la Magie à propos d'une énième révolte de Gobelins, et rien que d'y penser cela l'ennuyait. Elle avait également un Sortilège à travailler, mais ce n'était pas l'endroit approprié. Mafalda finit par décider de se mettre à son devoir de Botanique, une matière qu'elle n'affectionnait pas particulièrement mais qui avait l'avantage d'être facile. En général. Ce sujet là aurait pu être écrit en chinois qu'elle l'aurait peut être mieux compris. Après vingt minutes passées à réfléchir et à feuilleter son livre, elle ne voyait toujours pas comment répondre à la question.

Autant pour se dégourdir les jambes que pour résoudre son devoir de Botanique, elle se dirigea vers le rayon qui concernait les plantes magiques et qui avait la chance d'être situé à l'exact opposé de la bibliothèque, dans un coin qui était souvent inoccupé. Heureusement pour la jeune demoiselle, une des tables était occupée par une Serdaigle aux cheveux clairs qu'elle reconnut immédiatement comme étant Sophie Kirte, une fille de son année particulièrement douée pour les Potions et la Botanique, certainement parce que les femmes de sa famille étaient Guérisseuses de génération en génération. Mafalda hésita un instant, elle avait l'air occupé, mais elle remarqua que ce qu'elle faisait n'était autre que le fameux devoir de Botanique.

"Bonjour Sophie, excuse-moi de te déranger, mais c'est bien la Botanique que tu es entrain de faire, n'est ce pas ? J'ai essayé de m'y attaquer, mais je ne comprends rien. Ça t'embêterais de m'aider ?"

Mafalda fut soulagée de voir qu'elle ne semblait pas avoir dérangé outre mesure la préfète de Serdaigle, bien qu'elle sache pertinemment que cette dernière mettait un point d'honneur à rendre service à tout ceux qui lui demandaient, même si elle était occupée par autre chose. Heureusement qu'elle même n'avait pas été nommée à ce poste, elle aurait fait une bien piètre préfète, songea t-elle en souriant, et de toute façon, personne n'aurait pu être plus dévouée et efficace que Sophie Kirte

« Oui, je suis bien en train de faire le devoir de Botanique. Assieds-toi, si tu veux. On va le faire ensemble ! »

Une fois que la jeune fille lui eut fait une place, elle tira une chaise et s'installa à ses côtés. Elle remarqua avec admiration qu'elle avait un certain nombre de livres ouverts devant elle, dont certains qui n'étaient pas de leur niveau. Si Mafalda avait le goût du travail acharné caractéristique à sa maison, elle manquait parfois cruellement d'organisation.

"Heureusement que tu es là, je crois que sinon j'aurais été forcée de rendre parchemin vierge, et je pense bien que le professeur Londubat n'aurait pas apprécié ... Donc, qu'avons nous d'intéressant à dire à propos de ce ..." Elle jeta un coup d’œil au titre qu'elle avait inscrit en haut de sa feuille, ayant déjà oublié le sujet sur lequel portait le devoir. "Cette magnifique plante qu'est le Snargalouf ?"

Décidément, elle n'était pas d'humeur à travailler, plutôt à bavarder, mais elle savait que Sophie lui en voudrait de lui avoir fait perdre son temps si jamais elle paressait et la distrayait. Et puis, ce n'était pas son genre de laisser les autres travailler à sa place. Mais franchement, qui s'intéressait à une plante aussi hideuse qui produisait des gousses répugnantes ? Cela dit, c'était en général ce genre de plantes qui produisaient les remèdes salvateurs, comme par un fait exprès. Et, est-ce que cela s'appliquait également au gens ? se demanda t-elle mentalement. Peut être que la Nature veut nous pousser à aller au delà des apparences, plaisanta t-elle pour elle même. Elle faillit faire part de sa réflexion à sa camarade, mais se ravisa. Elles auraient tout le temps de plaisanter une fois qu'elles auraient bouclé ce fichu devoir de Botanique.

On aurait pu se demander ce qu'une fille comme Mafalda pouvait trouver à la discrète Sophie, aussi réservée que ce qu'elle était extravertie, mais c'était justement ça, cette délicatesse et cette gentillesse qui faisait qu'elle appréciait le temps passé en sa compagnie. Certains pensaient sûrement qu'elle, comme d'autres, essayait simplement de grappiller des points supplémentaires en Botanique ou en Potion grâce à son savoir d'apprentie guérisseuse, mais c'était sans compter le fait qu'elle n'hésitait pas à l'aider dans les rares matières où la Serdaigle n'excellait pas.

" Essayons de finir vite. Un sujet peu passionnant vite traité ne nous ennuiera plus. Tu en penses quoi ? " demanda t-elle avec un sourire encourageant.

Soucieuse de ne pas gêner sa camarade, elle résolut de se mettre immédiatement au travail. Si Sophie semblait comprendre instinctivement toutes les notions de Botanique, c'était loin d'être son cas, cette matière lui semblait bien obscure. Elle ne serait pas étonnée de n'avoir au maximum qu'un Acceptable à ses BUSEs, ce qui ne la gênait de toute façon pas outre mesure. Bien qu'elle ne sache pas ce qu'elle souhaitait faire après Poudlard - cela lui semblait dans si longtemps -, elle avait la certitude que cela ne serait pas en rapport avec les plantes.

"Tu as tout à fait raison, mettons nous immédiatement au travail. Alors, premièrement, où trouve t-on le plus souvent cette plante ? Selon Milles herbes et champignons magiques, on les trouve particulièrement en Europe, dans les zones humides . Hum, pas étonnant que l'on en trouve en Écosse, il pleut 350 jour par an ici ..." fit-elle avec une certaine amertume dans la voix. C'était à cette période là de l'année qu'elle regrettait particulièrement son Espagne natale, où le soleil n'était jamais loin. "Et donc, a-t-elle une utilité spéciale, à part être repoussante ?"

Elle laissa passer quelques secondes, regardant sa camarade feuilleter un livre placé devant elle avec l'expression de celles qui savent parfaitement ce qu'elles cherchent, quand quelque chose qu'elle avait entendu dans un couloir lui revint à l'esprit. Elle n'était pas intéressée par les racontars en général, mais cette information l'avait intriguée, c'était le moins que l'on puisse dire.

"Dis moi Sophie, loin de moi l'idée d'interrompre notre travail, c'est juste une petite parenthèse avant de revenir à nos hippogriffes, ou plutôt à nos Snargaloufs, mais j'ai ouï dire que tu allais aller à Pré-au-Lard avec Danny ? C'est juste par pure curiosité, un peu mal placée je te l'accorde." admit-elle avec un sourire gêné.

A peine eut-elle posé la question qu'elle la regretta. Elle savait pourtant que Sophie n'appréciait pas du tout être dérangée lorsqu'elle travaillait, faisant preuve d'un sérieux exemplaire, mais comme d'habitude, la Poufsouffle n'avait pas su tenir sa langue. De toute façon, vu le peu d'intérêt qu'elle portait à ce devoir aussi ennuyeux que possible, elle aurait fini par dévier la conversation sur n'importe quoi qui n'était pas un Snargalouf. Mais malgré l'évident agacement de la préfète provoqué par la dissipation de Mafalda, elle lui répondit avec la gentillesse et la politesse qui la caractérisait.

« Oui, je passerai l’après-midi avec Danny. Je dois voir Aaron Finnigan le matin, mais il m’a dit qu’il aurait juste le temps de boire un chocolat chaud avant de filer. Alors, quand Danny m’a demandé d’y aller avec lui, j’ai dit oui, pour l’après-midi seulement. Et toi, tu y vas avec quelqu'un ? »

Si la Poufsouffle avait été interloquée lorsqu'elle avait appris pour Danny et Sophie, couple plutôt improbable à son avis, la possibilité d'une relation entre Aaron Finnigan et la Serdaigle lui semblait plus cohérente. Enfin, rien ne prouvait que ce n'était pas un rendez-vous entre amis-rien-de-plus, mais c'était tout de même la Saint-Valentin, et les anglais y étaient attachés.

« Personne ne m'a invitée, mais ce n'est pas très grave, j'irais probablement avec une amie. De toute façon, ce n'est pas une fête que j'ai l'habitude de fêter. Allez, revenons à cette plante, j'étais venue pour travailler, alors il faut que je reste concentrée, ajouta t-elle pour s'excuser de retarder sa camarade dans ses devoirs. Elle feuilleta son manuel, soucieuse de ne pas être un poids et d'apporter elle aussi sa part de travail.

« Ah, je viens de de me rappeler que les gousses sont remplies de petites tubercules, c'est peut-être elles qui sont utiles, non ? Peut être sous un autre nom que « tubercule de Snargalouf » ?

Lorsqu'elle eut annoncé à Sophie que personne ne l'avait invitée, elle sembla trouver ça triste. Pourtant, du point de vue de la Poufsouffle, ça ne changeait rien. La seule personne avec qui elle aurait aimé y aller ne connaissait même pas son existence. De toute façon, elle n'était pas très romantique, et la Saint-Valentin était bien trop guimauve pour elle. Heureusement, la préfète ne continua pas sur cette lancée et repartit sur le sujet du devoir. Visiblement, Mafalda avait eu une bonne idée en mentionnant ces gousses, car la Serdaigle semblait penser que c'était de ce côté là qu'il fallait creuser.

« Oui, recherchons leurs propriétés ! »

Elle s'empara d'un livre et se mit à le feuilleter avec méthode, rapidement et précisément. La jeune espagnole l'enviait pour l'organisation dont elle faisait preuve dès qu'elle travaillait, elle avait toujours l'air de savoir exactement où elle allait, comme si elle avait deviné d'avance ce qu'elle allait trouver. Soudain, le doigt posé sur une page, l'air triomphant, sa camarade s'exclama :

« Regarde ça, on pourrait l’ajouter ! »

Elle jeta un œil au paragraphe désigné par Sophie, qui correspondait en effet au genre d'informations qu'il fallait ajouter. Les propriétés des tubercules de Snargaloufs, si elles n'étaient pas curatives ou particulièrement utiles, existaient bel et bien. Elle sortit la plume de sa bouche – elle avait cette fâcheuse manie de suçoter la pointe de sa plume -, la trempa dans l'encre et reformula soigneusement ce qu'avait trouvé sa camarade, qui fit de même.

« Merci beaucoup Sophie, je crois que sans toi, j'y serais encore ! Il n'y a plus rien à ajouter, il me semble, non ? »

[Là, soit on bavarde encore un peu, soit on s'arrête après ta réponse.]

[HS]Du coup, voilà, je te laisse une porte de sortie, sauf si tu veux commencer un second devoir.[/HS]

Travailler à deux, lorsque l'on arrivait à se concentrer et à ne pas trop divaguer, faisait vraiment gagner beaucoup de temps, comme en témoignait le fait que ce devoir de Botanique qui lui paraissait vingt minutes auparavant infaisable soit désormais achevé, et sûrement promis à recevoir une jolie note. Surtout lorsque l'on travaillait avec quelqu'un comme Sophie, qui en plus d'être une excellente élève était une fille adorable.

La préfète lui sourit en retour, et l'informa qu'elle n'avait pas le temps de bavarder car elle avait beaucoup de devoirs à faire, mais que comme elle allait se lancer dans le devoir d'Histoire de la Magie, Mafalda pouvait très bien rester pour le faire avec elle. Il y avait tellement de temps qu'ils étudiaient des révoltes gobelines que cela prêtait à croire que tout leur programme d'histoire portait sur les récriminations de ces petits êtres poilus et grincheux … Toujours était il qu'il fallait bien que la Poufsouffle se mette un jour à la rédaction de ces quarante centimètres, et le faire avec Sophie pouvait être une bonne idée.

Mais la motivation lui manquait cruellement, et elle était vraiment soucieuse de ne pas retarder sa camarade, d'autant plus qu'elle venait de lui dire qu'elle était surchargée de travail. L'Histoire de la Magie était vraiment une des matières qu'il lui tarder d'abandonner une fois ses BUSEs passées !
On avait beau n'être qu'au mois de Février, pour elle comme pour chacun de ses camarades, l'échéance semblait être toute proche, et tous savaient que leurs résultats aux BUSEs seraient déterminants pour leur orientation future. Encore une fois, elle enviait la préfète de Serdaigle qui avait devant elle une route toute traçait, alors qu'elle pataugeait totalement.

« Je ne crois pas que je te serais d'une grande aide pour l'histoire de la magie, je pense que je serais surtout un poids. Je vais donc te laisser travailler, et te remercier encore une fois pour ta précieuse aide ! Si une fois que tu as terminé tu veux te poser et bavarder un peu, tu me trouveras dans un des fauteuils de lecture, ajouta t-elle en finissant de ranger ses affaires dans sa besace en peau de dragon.

Elle remercia encore une fois sa camarade et lui souhaita bonne chance pour son travail avant de partir s'installer avec un roman moldu que son père lui avait envoyé dans ces confortables sièges mis à la disposition de ceux qui venaient lire.

[FINI POUR SOPHIE]