Besoin d'ingrédients [PV Margot Adamson]

Sophie avait toujours beaucoup aimé les moments qu’elle passait en compagnie de sa mère à apprendre le métier de guérisseuse et à faire le nécessaire pour devenir la plus grande des guérisseuses et que sa mère soit fière d’elle. Depuis que sa sœur était née, sa maman ne pouvait pas lui consacrer autant de temps qu’elle le voulait, mais chaque instant passé avec elle était un moment privilégié d’apprentissage et Sophie avait été heureuse de chacun d’entre eux et avait tenu à les rentabiliser en étant une bonne élève.

C’avait été une véritable déchirure quand elle été entrée à Poudlard. Bien entendu, elle était heureuse d’élargir ses horizons et tous les sorciers et sorcières rêvaient de Poudlard, mais elle était à-présent loin de sa famille et devait renoncer quelque peu à l’enseignement de sa mère, du moins était-ce ce qu’elle avait cru. En réalité, sa mère continuait de lui faire parvenir des exercices à accomplir. Sophie était consciencieuse et faisait toutes les concoctions demandées par sa mère, puis elle lui envoyait un échantillon pour qu’elle l’évalue.

Mais plus les années passaient, plus les concoctions étaient difficiles à réaliser. Du coup, Sophie avait besoin de nombreux essais pour y parvenir. Or, justement, elle travaillait sur une potion particulièrement compliquée et elle avait terminé tous ses ingrédients sans parvenir à la réaliser convenablement. Mais sa mère ne serait pas satisfaite d’une telle explication et puis, Sophie ne s’en satisfaisait pas non plus. Il fallait donc trouver une solution pour avoir de nouveau les ingrédients nécessaires.

Et soudain, l’évidence lui apparut. Il n’y avait qu’une personne qui pouvait avoir les ingrédients nécessaires à la fabrication de sa potion et il s’agissait de Mrs Adamson. Mrs Adamson était Professeur de Potions et Sophie s’entendait bien avec elle, même si elle était directrice de Serpentard. Quand la jeune Serdaigle considérait cela, elle constatait que ceux qui prétendaient que les Serpentard étaient tous à fuir se trompaient et de loin. D’ailleurs, Sophie connaissaient plusieurs Serpentard d’agréable compagnie, mais on ne pouvait compter sur les gens pour répandre les bonnes choses.

Sophie se rendit donc dans les cachots où se trouvaient la salle du cours de Potions, mais aussi le bureau du professeur de Potions. La jeune fille soupçonnait également que la Salle Commune des Serpentard devait être dans le coin mais elle ne savait pas précisément où. Et ça ne l’intéressait pas. Elle n’était pas du genre à aller se promener là où ce n’était pas permis. Elle se rendit donc au bureau du professeur Adamson et quand elle y arriva, elle frappa poliment en espérant ne pas la déranger.

En ce premier février, Margot était plongée dans la passionante lecture du dernier Chaudron Mag, magasine spécialisé dans l'art des potions. Elle avait commencé par corriger quelques copies de l'interrogation des deuxième année mais avait vite abandonné, découragée par les énormités proférées par le cancre de la classe. Ces derniers temps, l'enseignante se sentait de moins en moins intéressée par son travail. Elle aimait enseigner mais elle ne s'épanouissait vraiment qu'avec ses élèves les plus âgés, lorsqu'ils abordaient des potions plus compliquées qui demandaient presque autant d'imagination et d'intuition que d'application bête et méchante d'indications.

Peut-être allait-elle traverser une crise de la cinquantaine ? Margot n'était pas du genre à être en proie aux crises existentielles, mais il fallait se rendre à l'évidence : elle ressentait une certaine lassitude lors de son travail, or il lui restait de nombreuses années d'enseignement... Margot savait qu'elle aurait dû s'orienter vers la recherche. C'était ce qui la passionnait et ce à quoi elle consacrait son temps libre : lecture des dernières avancées en la matière, amélioration des potions existantes et concoction de nouveaux philtres... Elle était abonnée à toutes les revues scientifiques sérieuses et participait aux conférences des maîtres de potion dès que son emploi du temps le lui permettait. A côté, enseigner à de jeunes écervelés à fabriquer des antidotes au rhum lui paraissait plutôt terne. Dans sa jeunesse, elle avait adoré enseigner à Beauxbâtons et elle avait cru que sa mutation à Poudlard relancerait cette flamme. Tel avait été le cas, pendant un temps...mais la lassitude reprenait.

Peut-être avait-elle besoin d'un nouveau projet auquel se consacrer...ou bien d'une vie personnelle un peu plus développée, accessoirement. Depuis sa séparation avec André et son déménagement loin de son fils, Margot n'avait jamais fait l'effort de tenter d'autres rencontres. Quelques ridicules tentatives de rendez-vous romantiques s'étaient soldées par des échecs retentissants qui l'avaient dissuadée de retenter l'expérience. Poudlard était devenu le centre de sa vie, au point que la sorcière avait fini par s'ennuyer. Elle n'aimait pas cette routine... mais comment en changer ?

Dans l'espoir de chasser ses sombres et stériles pensées, Margot avait donc saisi Chaudron Mag, un journal peu sérieux qui proférait des énormités dans chacun de ses articles. Mais il était drôle, avec une section jeux, une section potin et un classement des dix maîtres de potions les plus séduisants d'Europe.

Lorsque quelqu'un frappa à sa porte, l'enseignante sursauta et se hâta de cacher cette lecture peu sérieuse dans le premier tiroir de son bureau. Elle attrapa à nouveau son paquet de copie et reprit une attitude sérieuse.

"Entrez !"

En attendant que le professeur Adamson réponde, Sophie s’était mise à rêvasser. La jeune fille n’avait pas envie de reprendre sa potion tout-de-suite après en avoir obtenu les ingrédients, elle préférait faire une promenade dans le parc de l’école. C’était un endroit tellement formidable, tellement merveilleux. Sophie adorait vraiment se promener quand elle avait un peu de temps libre. En plus, le parc de l’école était très beau et Sophie aimait la nature.

Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, songea la jeune fille.

Avec une petite promenade dans un parc ou dans un jardin, elle était comblée et ça ne coûtait rien. C’était ce qu’elle disait toujours à Alicia quand elle râlait parce qu’elle n’avait pas eu le dernier balai-jouet à la mode : « Il faut se satisfaire du nécessaire, se contenter de pouvoir avoir ce dont on a besoin car d’autres n’ont même pas ça. » Mais Alicia était trop jeune et ne pouvait pas comprendre. Sophie, elle, rêvait de s’allonger au bord du lac, de savourer le repos au soleil en buvant une tisane fraîche.

Un peu d’eau fraîche et de verdure que nous prodigue la nature, quelques rayons de miel et de soleil et me voilà toute détendue prête à repartir d’un pas nouveau !

La voix du professeur Adamson autorisant Sophie à entrer la sortit de son rêve et la ramena à la réalité. Il n’était plus temps de se préoccuper de se reposer ou de se promener dans le parc. Il y avait d’autres choses plus importantes dont Sophie devait dès à présent s’occuper. En fait, ce n’était pas si étrange pour elle de rêver de promenades dans le parc quand on savait qu’elle n’avait pas souvent le temps de s’en accorder une entre sa formation, les cours et ses devoirs de préfète, sans oublier le Quidditch. Elle se disait parfois qu’elle s’ne demandait trop.

Elle poussa la porte et entra dans le bureau où le professeur était en train de corriger des copies. Mrs Adamson était vraiment un professeur exemplaire. on la voyait toujours en train de travailler, que ce soit en corrigeant des copies, en préparant ses cours ou en s’entraînant à faire des potions. C’était une personne que Sophie devait prendre en exemple de son point de vue, quelqu’un de très bien qui faisait carrière dans le domaine des potions. Cela lui correspondait plutôt bien.

« Bonjour, Professeur Adamson, j’espère que je ne vous dérange pas. J’aurais besoin de votre aide. »

La porte du bureau de Margot s'ouvrit et une jeune fille de Serdaigle entra. Elle la reconnut instantanément. Sophie Kirte faisait partie de ces trop rares élèves qui rendaient son métier plus facile et plus intéressant : très bonne élève, intéressée et motivée, polie et agréable... Et préfète en plus ! Bon, elle était parfois un peu trop sérieuse au goût de l'enseignante qui aimait tout autant les personnes un peu excentriques, mais personne n'était parfait.

Il était relativement rare qu'un élève autre que Serpentard se hasarde jusqu'à son bureau dans les cachots sombres, aussi Margot lui adressa-t-elle un regard interrogateur.

« Bonjour, Professeur Adamson, j’espère que je ne vous dérange pas. J’aurais besoin de votre aide. »

Il s'agissait certainement d'un cours que l'élève n'avait pas compris, supposa Margot. Elle fit signe à Sophie de s'asseoir dans la chaise en fasse d'elle et repoussa son paquet de copie, puis sortit une boîte de gateaux et un service à thé. L'enseignante avait toujours de quoi grignoter dans son bureau au cas où quelqu'un viendrait lui rendre visite...

"Vous ne me dérangez pas, c'est toujours un plaisir d'aider une élève. Vos camarades devraient faire appel à leurs enseignants plus souvent, peut-être que les notes seraient moins mauvaises."

Elle grimaça légèrement en pensant à la série de mauvaises notes qu'elle avait mis depuis le début de la journée, puis reporta son attention sur la préfète.

"Alors mademoiselle Kirte, que puis-je faire pour vous ?"

Aussitôt que Sophie se fut approchée d’elle, Margot Adamson arrêta de corriger les copies dont elle s’occupait. Le professeur avait beaucoup de considération pour ses élèves et c’était quelque chose que Sophie trouvait très important. Par ailleurs, cela lui montrait une sorte d’exemple à suivre et elle avait bien l’intention de le suivre en continuant d’être toujours disponible dans son rôle de préfète. Sophie avait pour habitude de toujours prendre exemple sur ses professeurs, en particulier quand c’était un excellent exemple.

D’ailleurs, elle l’accueillit avec du thé et des gâteaux. C’était vraiment une façon très gentille de lui permettre de lui demander son aide, une façon qui avait pour intérêt de la mettre tout à fait à l’aise. Sophie attendit d’avoir devant elle une tasse de thé pleine avec un gâteau avant de repenser à ce pourquoi elle était là. La professeur en profita pour lui préciser qu’elle ne la dérangeait jamais. Elle était vraiment à l’écoute de ses élèves pour dire une telle chose. Sophie sourit gentiment tandis que Margot Adamson lui priait d’expliquer son souci.

« Hé bien voilà, professeur, je pense que vous vous souvenez que ma mère me forme au métier de guérisseuse. Je dois justement apprendre à réaliser une potion très compliquée et j’ai épuisé toutes mes réserves dans mes tentatives… »

Sophie était un peu gênée de demander au professeur de lui donner des ingrédients provenant de sa Réserve Personnelle, d’autant plus qu’elle venait de dire qu’elle avait épuisé tous les siens, mais elle n’avait pas le choix. Mais il y avait peut-être une autre solution, le professeur savait peut-être où elle pourrait se fournir par ailleurs. Ce serait probablement la meilleure solution pour ne pas avoir à exiger quelque chose. Elle sortit de sa poche la liste des ingrédients nécessaires à la potion.

« Voilà la liste des ingrédients qui me sont nécessaires. Mais… je ne sais pas trop comment renouveler mes stocks. Peut-être sauriez-vous où je pourrais me fournir ? »

Il ne s’agissait pas d’ingrédients interdits, ni dangereux, et la potion ne l’était pas non plus, donc Sophie ne doutait pas que le professeur Adamson accepterait de lui donner un coup de main. Par ailleurs, Sophie s’entendait plutôt bien avec ce professeur, elle supposait qu’il ne devrait pas y avoir de problème. Elle trempa son gâteau dans son thé, en croqua un bout, but un peu de thé, et attendit patiemment que son enseignante lui réponde, que ce fût par l’affirmative ou la négative.

Cela faisait plusieurs années que Sophie Kirte s'entraînait seule à concocter des potions. Après tout, les résultats surprenants de la préfère en cours ne pouvaient se justifier uniquement par son talent, mais bien par une pratique soutenue de la matière. Bien que l'intuition et la capacité d'innovation soient des capacités essentielles chez un bon maître des potions, c'était un art qui ne s'improvisait pas. Margot était parfois surprise du sérieux avec lequel la préfète effectuait tout ce qu'elle entreprenait, c'était une constante chez Sophie. Elle était irréprochable, jamais Serdaigle n'avait mieux mérité sa répartition. Elle se demandait souvent ce qui motivait une adolescente à travailler autant... Nul doute qu'elle ferait une excellente guérisseuse, dans quelques années.

Lorsqu'elle était elle-même élève, Margot s'était elle aussi prise de passion pour les études, mais c'était uniquement pour son domaine : les potions. Elle avait recherché la compagnie des plus doués dans cette matière. Ainsi, Severus et elle avaient de nombreuses fois tenté de concocter des philtres et charmes tous plus compliqués les uns que les autres...avec quelques ratés qu'il avait été difficile d'expliquer à l'infirmière. Elle sourit intérieurement alors que ces souvenirs anciens affluaient dans son cerveau. Qu'elle était enthousiaste, à l'époque ! Aujourd'hui, c'était rare qu'une nouvelle découverte la fasse bondir comme un niffleur dans un compte en banque. Heureusement qu'il restait des élèves tels que Sophie Kirte pour lui rappeler qu'elle aimait enseigner.

Elle parcourut la liste des ingrédients avec attention, haussant les sourcils devant la rareté de certains composés.

« Je peux vous trouver ça », affirma-t-elle alors, « mais cela risque de prendre quelques jours, je vous tiendrais au courant. Quelle est donc cette potion compliquée que vous essayez de préparer ? Rappelez-vous d'être prudente et de prendre toutes les mesures de sécurité nécessaires. »

Margot regarda son élève droit dans les yeux, l'air sévère, et laissa s'écouler quelques secondes pour que ses paroles aient leur impact. Puis elle se radoucit.

« Et n'oubliez pas que je suis à votre disposition si vous avez besoin d'aide. »

*Sauf si je suis encore occupée à comploter des plans idiots avec mes collègues...* Un sourire énigmatique éclaira furtivement son visage, alors qu'elle se remémorait les idioties que les directeurs de maison avaient prévu pour la Saint-Valentin. Avec quel élève la préfète de Serdaigle serait-elle collée ? Elle avait hâte de voir ça.

L’enseignante l’écouta avec un certain intérêt et prit la liste d’ingrédients que Sophie lui tendait. Sophie, de par son sérieux et de par la sécurité dont elle entourait sa formation, n’avait jamais eu aucun souci à faire accepter son travail. Elle avait dû rendre des comptes, bien entendu, mais la jeune fille appréciait cela. Cela lui donnait régulièrement un second avis sur son travail, en plus de celui de sa mère. Elle avait une confiance totale en le jugement du professeur Adamson.

Quand le professeur lui annonça qu’elle allait pouvoir l’aider, Sophie se détendit un peu. Cela la rassurait de savoir qu’elle allait pouvoir faire son travail correctement. Mais apparemment, cela prendrait un peu de temps au professeur. Ca n’avait pas trop d’importance tant que, sous peu, elle aurait ce dont elle aurait besoin. L’enseignante lui demanda des renseignements concernant la potion qu’elle préparait et la jeune fille sourit. Elle savait que le professeur s’intéressait toujours à ses préparations.

« C’est une potion contre les douleurs musculaires. Mais elle est légèrement sédative. Ce n’est pas dangereux, mais il est conseillé aux patients d’en prendre plutôt le soir et non le matin. D’après ce que ma mère m’a écrit, la plupart des patients voient leur état s’améliorer au bout d’une semaine de traitement. L’ennui, c’est que la troisième phase de la potion, quand on y ajoute l’essence de belladone est décisive pour le succès ou l’échec. C’est un des ingrédients les plus communs à trouver, mais le moment de l’ajouter doit être déterminé à la seconde près, et la température doit être de 92°C exactement. J’avoue que cette étape me pose des soucis. »

Le regard de Mrs Adamson se fit un peu plus sévère quand elle lui rappela de prendre toutes les précautions nécessaires lors de la préparation de la potion. Il était vrai que les conditions sous lesquelles Sophie avait été autorisée à pratiquer étaient draconiennes et Sophie l’approuvait. On ne pouvait laisser un élève pratiquer librement la magie ou l’art des potions sans surveiller ce qu’il faisait. Sophie était soulagée que la pratique d’Alicia ne comportât pas de phase d’autonomie au début.

« Je vous le promets. Je me suis personnellement auprès de ma mère assurée que les potions comportant des phases de volatilité ou de nocivité importantes soient étudiées cet été avec elle. Ainsi, je minimise le risque. Et au moindre problème, je m’adresserai à un enseignant. »

Sophie ne laissait passer aucun risque, même le plus minime. Il fallait une sécurité maximum pour se former de façon autonome. Elle aurait refusé de risquer quelque vie que ce fût, à commencer par la sienne. Elle sourit au professeur lorsque celle-ci lui proposa son aide. Elle aurait été ravie que l’enseignante lui vienne en aide, mais ce n’aurait pas été très juste. Elle n’aurait pas pu dire à sa mère qu’elle avait réellement réussi la potion dans un tel cas de figure.

« Je vous en remercie. Je m’en souviendrai, mais j’ai bien peur que ce ne soit pas vraiment bien de me faire aider de mon professeur alors que je suis censée le faire seule. Mais bien entendu, si je me retrouve bloquée, je ferai appel à vous, merci encore. »

Margot écouta avec attention son élève lui expliquer la potion qu'elle essayait de préparer. Elle sourit discrètement lorsque Sophie lui avoua avoir des problèmes pour contrôler la température. C'était bien là un aspect que les jeunes sorciers avaient du mal à dominer, car il fallait maîtriser le feu avec une dextérité qui demandait des années et des années de pratique. L'enseignante comprit de quelle potion la jeune fille parlait et se rappela que c'était effectivement une mixture des plus délicates à réaliser. Pas étonnant que Sophie ait du mal... Margot elle-même n'était pas sûre d'y parvenir du premier coup. Les potions de guérison n'étaient pas sa tasse de thé, et viendrait un jour où l'élève dépasserait le maître. Espérons que ce jour ne vienne pas trop vite, elle avait une réputation à conserver !

La jeune fille lui assura alors respecter les mesures de sécurité. De plus, elle conservait l'apprentissage des potions dangereuses pour ses vacances, avec sa mère. Margot était curieuse à propos de la mère de Sophie, c'était sûrement une sorcière très talentueuse. Elle se demanda si l'ambition de Sophie venait de sa mère. C'était probable, l'envie de reconnaissance et de fierté parentale était souvent forte chez les adolescents... Mais sa soif de connaissance était réelle, c'était une Serdaigle après tout ! Elle confirma d'ailleurs son appartenance à cette maison en refusant poliment son aide, parce qu'elle était censée apprendre seule.

« Je vous en remercie. Je m’en souviendrai, mais j’ai bien peur que ce ne soit pas vraiment bien de me faire aider de mon professeur alors que je suis censée le faire seule. Mais bien entendu, si je me retrouve bloquée, je ferai appel à vous, merci encore. »

Ah, quel sens de la justice ! A Serpentard, on n'hésitait pas à trouver l'aide partout où elle se trouvait... L'enseignante lui répondit, amusée :

"Avec un tel raisonnement, vous allez mettre vos professeurs au chômage ! Mais je comprends, c'est vrai que c'est en tâtonnant et en faisant des erreurs que l'on apprend le mieux. Gardez votre persévérance, miss Kirte, elle vous sera utile..."

L'enseignante jeta un nouveau coup d'oeil sur la liste d'ingrédients de Sophie et se promit d'envoyer un hibou dès ce soir. Autant encourager l'unique élève de ce château qui faisait des devoirs supplémentaires...

"Je vous ferai parvenir un message lorsque les ingrédients seront arrivés", conclut-elle.

Sophie ne put s’empêcher d’être un peu gênée par la remarque de l’enseignante. Mais il était vrai que la plupart des élèves ne cherchaient pas à s’en sortir tous seuls quand ils étaient confrontés à un travail laborieux. Le cas de Sophie était spécial. Sa mère était son professeur à ce sujet et elle trouvait, en fait, malvenu d’aller trouver un professeur pour le devoir d’un autre. Le fait que ce soit sa mère qui lui enseigne ne retirait rien à ce principe et c’était donc la raison de son refus.

Mais quand il devint évident que la réplique avait été proférée sur le ton de l’humour, Sophie se dit que l’enseignante avait probablement compris les choses bien plus clairement qu’elle ne le soupçonnait et qu’il était inutile de s’excuser. En fait, elle soupçonnait que son enseignante était davantage fière du travail qu’elle accomplissait qu’ennuyée qu’elle veuille l’accomplir seule. Et le sentiment de familiarité qu’elle éprouva à cette pensée ne lui déplut pas. Aussi adressa-t-elle un sourire franc à Mrs Adamson.

« Je vous remercie pour vos encouragements, Mrs Adamson. Je ferai de mon mieux. »

Après ce petit échange sympathique, Sophie se sentait revigorée pour reprendre ses expériences et travailler de son mieux. Il n’y avait plus seulement sa mère qu’elle souhaitait rendre fière d’elle, mais aussi son professeur. Finalement, aller voir le professeur Adamson ne lui aurait pas fourni que des ingrédients, mais lui aurait redonné le gout de l’effort. Elle ne l’avait pas spécialement perdu, mais ses échecs à répétition l’avaient juste un peu découragée. Maintenant, elle allait mieux.

Le professeur retourna à la liste d’ingrédients qu’elle relut consciencieusement. Sophie ne savait pas si elle avait un souci avec l’un des ingrédients ou si elle voulait seulement confirmer ce qu’elle avait lu en premier lieu, mais le fait qu’elle soit si consciencieuse montrait à l’adolescente qu’elle croyait vraiment en la possibilité pour elle de réussir cette potion. Elle releva ensuite la tête vers Sophie pour lui promettre d’envoyer un message dès que possible.

« Dans ce cas, j’attendrai votre hibou. Je vous remercie beaucoup de votre aide, Miss Adamson. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. J’imagine que vous devez être très occupée. »

« Je vous remercie pour vos encouragements, Mrs Adamson. Je ferai de mon mieux. »

Margot sourit avec affection à sa jeune élève. La petite Sophie venait de lui rappeler pourquoi elle aimait enseigner, pourquoi il était important d'aider, d'encadrer et d'encourager ces adolescents. Parce que certains aimaient apprendre, parce que d'autres en avaient besoin. Et même ceux qu'il fallait pousser avaient un potentiel qu'il fallait révéler au grand jour, et développer.

« Dans ce cas, j’attendrai votre hibou. Je vous remercie beaucoup de votre aide, Miss Adamson. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. J’imagine que vous devez être très occupée. »

L'enseignante eut une pensée coupable envers son magasine, et songea qu'il était plus que temps qu'elle se remette à ses copies... Elle irait les terminer dans la salle des professeurs, avec un peu de chance elle y trouverait quelques uns de ses collègues pour la soutenir dans cette dure épreuve.

"Très occupée, en effet, même si j'ai toujours le temps pour répondre aux questions de mes élèves", répondit-elle, l'air sérieux. "Merci à vous d'être passée, n'hésitez pas à revenir. Bon courage pour votre potion ! Bonne fin de journée, miss Kirte."


Elle congédia son élève d'un sourire et commença à ranger copies, plumes et encre dans un sac en cuire. Lorsque son élève fut partie, elle quitta les cachots pour continuer son travail dans la salle des professeurs.

Sophie fut très touchée par la façon dont le professeur lui parla juste avant qu’elle ne s’en aille. Bien qu’elle fût particulièrement occupée comme enseignante, elle lui faisait bien comprendre qu’elle était toujours là pour répondre à des questions de ses élèves. Autrement dit, elle considérait que les questions de Sophie étaient justifiées et ne constituaient pas du tout un dérangement pour elle, et qu’il était de son de voir de répondre de son mieux à la jeune Serdaigle.

Ca lui faisait très plaisir. Elle avait eu peur d’avoir fait perdre son temps à l’enseignante, un temps précieux. Mais ce n’était pas le cas. Pour une enseignante, s’occuper d’une de ses élèves était prioritaire sur ses autres tâches. Cela donnait une valeur personnelle à la jeune préfète qui était profondément touchée par la confiance que lui témoignait le professeur de Potions, et d’ailleurs l’ensemble du corps enseignant. Finalement, il n’y avait vraiment eu aucun problème.

Maintenant qu’elle avait fait les démarches nécessaires pour obtenir ses ingrédients et sachant qu’elle ne les aurait sans doute pas avant plusieurs jours, Sophie pouvait tranquillement se détendre sans éprouver la moindre culpabilité. De toute façon, il était totalement impossible d’obtenir les ingrédients nécessaires avant que le hibou de Mrs Adamson lui parvienne et donc, elle ne pouvait poursuivre ses entraînements relativement à son travail de guérisseuse. Elle devrait être patiente.

Sophie sortit donc de la pièce en se disant qu’elle pouvait se détendre sans aucune culpabilité. Elle décida de se diriger vers le parc. Il faisait si beau qu’elle allait pouvoir profiter de temps de récréation pour aller se promener et profiter du soleil. Sophie aimait le parc, si fleuri et si magnifique. En plus, de temps en temps, on apercevait parfois un petit lapin sauvage ou un écureuil. Elle se demanda si elle ne devrait pas aller chercher son appareil photographique pour faire quelques clichés.