Take you away [Marlene & James]

« Et puis, quand ma sœur leur a annoncé qu’elle était enceinte, ça a tout changé. Bon, une fois la surprise passée – et une fois qu’elle leur a assuré qu’elle allait se marier. Mais à partir du moment où Audrey est née, mon père est devenu beaucoup plus détendu, si tu vois ce que je veux dire. Disons que, avant, il restait dans son rôle d’officier même lorsqu’il rentrait, maintenant il est une toute autre personne, quand on est avec lui. Un bébé ça change les gens, je te jure. » rit-il en s’étirant et en glissant un bras sur les épaules de Marlene.

Il consulta sa montre d’un regard et s’aperçut avec surprise qu’il était trois heures du matin. Ils avaient profité du fait qu’ils n’avaient pas de rondes à faire pour monter dans la Salle sur Demande juste après le dîner, et n’en étaient toujours pas sortis. Cela faisait donc plus de cinq heures qu’ils étaient assis sur ce canapé – fort confortable – et qu’ils parlaient. Parler pendant des heures, c’était quelque chose que James n’avait jamais expérimenté, dans une relation, avant d’être en couple avec Marlene. Avec elle, il avait la sensation qu’il pouvait parler de tout – des sujets les plus futiles aux sujets les plus graves – et il se sentait vraiment écouté. C’était agréable, et James avait pris goût à leurs longues discussions. C’était leur moment privilégié, un de ceux qu’ils passaient loin des autres. Parfois, James se disait que son existence serait bien plus simple s’il pouvait simplement rester dans la Salle sur Demande en compagnie de Marlene. Pas d’ASPIC à préparer, pas de devoirs à rendre, pas de rondes à faire et surtout, il n’y aurait pas non plus cette ambiance tendue et explosive à supporter.

En effet, à Poudlard, on pouvait clairement voir deux camps se former et James se sentait un peu pris entre les deux. Il n’était pas foncièrement contre l’existence même des Jeunesses, mais il était contre le fait de leur donner un pouvoir si important et surtout contre l’utilisation qu’ils en faisaient. Il savait que les intentions de Marlene pour les Jeunesses n’étaient pas nuisibles, et le problème résidait plutôt dans les membres – des abrutis arrogants comme Ashton, qui se pensaient au-dessus de tout. James chassa rapidement ces idées de son esprit – il s’y refusait d’y penser alors qu’il passait un bon moment avec sa petite-amie.

« Cela dit, je suis sûr que ma famille t’adorerait. » lâcha-t-il après un silence. Et c’était vrai. Sa mère aimerait Marlene parce qu’elle remplissait les critères de la jeune fille bien élevée, son père l’appréciait déjà parce qu’elle était la fille d’un militaire, quant à sa sœur, elle adorait à peu près tout le monde. « Je pense même qu’ils aimeraient bien te rencontrer. » fit-il, après un moment de réflexion. En tout cas, c’était ce qu’il avait compris des sous-entendus – pas très subtils – de sa sœur et de sa mère. « Enfin, pas de pression, hein ! » s’exclama-t-il en souriant.

Marlene serait la première fille qu’il présenterait à ses parents – en tant que petite-amie, cela dit, car ils avaient déjà vu Clara, Amely et Emma quelques fois. Il eut un sourire en observant la jeune fille, et se rapprocha d’elle. Ils avaient, de toute façon, tout leur temps pour les présentations officielles aux parents. Pour l’instant, James était parfaitement bien, dans cette pièce, en compagnie de la fille qu’il aimait, et ne voulait rien changer.

Confortablement installée dans le canapé de leur petite pièce dans la Salle sur Demande - qu'elle avait tendance à occuper bien plus que son propre dortoir, même en journée - Marlene écoutait James lui parler de sa famille, qui avait quand même l'air bien plus épanouie que la sienne. Ils passaient beaucoup de temps ensemble, de plus en plus au fil des mois et elle devait avouer qu'elle appréciait beaucoup cela. Les choses n'étaient pas vraiment faciles en ce moment, avec les tensions vis-à-vis des Jeunesses, les mesures du Professeur Greengrass, la pression que le Ministère exerçait sur le monde extérieur mais également les ASPICS qui arrivaient à grands pas et qui la stressaient comme jamais. Les examens avaient toujours été une source d'angoisse importante pour elle mais là, c'était le comble. Non seulement ses BUSES avaient été assez catastrophiques et elle avait pu garder peu de matières mais en plus, elle voyait son projet d'orientation s'éloigner de plus en plus. C'était trop vague, il n'y avait pas - encore - de formation spécifique pour l'enseignement malgré la création de l'école primaire magique par le gouvernement... Bref, rien de bien concret et son père ainsi que ses professeurs lui avaient déconseillé de se lancer dans cette voie. Elle était ressortie de son entretien d'orientation (avec Barclay comme nom de famille, elle l'avait eu relativement tôt) avec des dizaines de prospectus en tout genre afin d'essayer de décider quoi faire de son futur et c'était assez terrifiant.

Au milieu de ce marasme d'angoisse et de stress, sa relation avec James se passait étonnamment bien. Voire même très bien, alors qu'elle n'aurait pas franchement parié sur cela au moment où ils s'étaient mis ensemble. Alors évidemment, ils se disputaient pour la répartition de leurs tâches de préfets-en-chef, pour des feuilles égarées, pour des notions de cours dans leurs devoirs de botanique puis pour le temps qu'il passait avec Kessy Brooks (même si c'était dire bonjour dans un couloir. Bon, ça, c'était elle qui lançait, elle devait l'avouer) ou bien même pour savoir qui devait aller remplir la carafe d'eau lorsqu'ils dînaient à la même table, mais malgré cela, ils passaient vraiment des moments géniaux tous les deux. Ils s'entendaient bien, parlaient pendant des heures et même si Marlene n'était pas toujours à l'aise avec l'idée de devenir proche des gens - si ce n'est Emma - elle avait l'impression qu'ils partageaient une vraie complicité et une vraie intimité et elle ne changerait cela pour rien au monde. Même s'il perdait les feuilles préfectorales.

Elle eut un sourire quand James affirma que sa famille aimerait bien la rencontrer et qu'ils l'adoreraient, sourire qui se transforma en rire quand il ajouta qu'il n'y avait pas de pression. Elle n'avait rien contre le fait de rencontrer la famille de son petit-ami, même si cela signifiait aussi quitter Poudlard puisque leurs prochaines vacances étaient celles d'été. D'un coté, elle avait envie, car l'école commençait à lui peser, surtout avec l'ambiance actuelle. De l'autre, ils étaient dans un cocon ici, avec leurs ASPICS comme préoccupation mais sans vie d'adulte à gérer et sans emploi à trouver. Puis ici, ils se voyaient tous les jours alors que l'année prochaine... Beaucoup de couples se séparaient après la septième année et si Marlene était très heureuse de découvrir les joies du premier amour, elle n'avait pas très envie de découvrir le versant de la première rupture.

- Je te dirais bien que c'est réciproque mais mon père est très... "pas de garçons sous mon toit et rien avant le mariage". Et armé, ajouta-t-elle après un instant de réflexion. Mais pas de pression, hein ! précisa-t-elle avec un sourire malicieux.

Elle se redressa pour voler un baiser à James et se rapprocha de lui en posant sa tête sur son épaule, l'une de ses mains jouant avec un fil qui dépassait de la chemise de son petit-ami. Elle eut un soupir en avisant un prospectus qui dépassait de son sac et se pencha légèrement pour l'attraper, revenant l'instant suivant dans sa position initiale.

- "Rejoignez notre réseau international de soigneur de licornes", lut-elle à voix haute. Je ne me vois pas vraiment annoncer ça à ma famille moldue, que je vais aller élever des licornes dans le Devonshire !

Se blottissant un peu plus contre James, elle feuilleta la brochure l'espace d'un instant avant de la laisser tomber sur le canapé.

- C'est un cauchemar cette orientation, je propose qu'on redouble notre septième année. Et qu'on garde nos badges ! Comme ça on restera tous les deux.

« Pas de pression, évidemment. » répéta James avec un sourire en coin. « Le truc, c’est que j’ai l’avantage de côtoyer un militaire quotidiennement. Je sais m’y prendre – parfois. »

La relation entre James et son père était tendue, même si elle semblait s’apaiser avec le temps. En effet, monsieur Carter ne cachait pas son désappointement face aux choix de son fils. James avait beau lui rappeler qu’il était un sorcier – et qu’il faisait de la magie, par Merlin ! – son père avait été longtemps persuadé qu’une fois ses études terminées, il ferait comme une grande majorité des hommes Carter et deviendrait militaire à son tour. Or, c’était une chose que James n’avait jamais pu envisager. Il n’avait jamais partagé ce rêve avec son père – et se disait souvent que son départ pour Poudlard avait été une véritable bénédiction sur ce point là. Toutefois, avec l’aide de sa mère et de sa sœur, il commençait à entretenir une relation presque normale avec son père, les deux faisant des efforts pour accepter l’autre comme il était.

Glissant un bras autour des épaules de Marlene pour la maintenir contre lui, James lui caressa distraitement les cheveux de sa main libre, et l’écouta parler avec un sourire. L’orientation était un fléau, il était bien d’accord sur ce point. En mai, une grande partie de leurs camarades avaient trouvé leur voie – s’ils ne l’avaient pas trouvé depuis des années – mais James et Marlene faisaient parti de ceux qui n’avaient encore aucune idée véritable de ce qu’ils allaient bien pouvoir faire une fois les ASPICS passés. C’était une situation particulièrement désagréable, d’autant plus que leurs professeurs semblaient prendre un malin plaisir à le leur rappeler, accentuant encore plus la pression.

« Je ne suis pas sûre que ton père soit particulièrement ravi. » confirma James. « Et je ne suis pas sûr que tu sois ravie aussi – à moins que tu m’aies toujours caché ta passion pour les licornes ? » l’interrogea-t-il en riant.

Il esquissa un sourire suite à la proposition de Marlene. D’un côté, l’idée de rester entre les murs rassurants de Poudlard lui plaisait bien. Mais il aspirait en même temps à cette liberté qu’on leur promettait tant.

« Tu es certaines que tu as envie de rester à l’école ? Pense à tous les endroits où on pourra aller l’année prochaine ! Bon, évidemment, il y aura des contraintes – je suis sûr que nos deux futures potentielles formations seront très prenantes – mais on ne sera plus enfermés entre quatre murs, c’est déjà ça… » fit-il remarquer. « Cela dit, je veux bien qu’on garde nos badges, j’ai toujours l’impression d’être puissant en le portant. A la rigueur, corrigea-t-il, je veux bien qu’on reste là, tous les deux. Loin des autres. Ca me paraît être un bon compromis, non ? »

Parce qu’évidemment, leur couple avait soulevé quelques rumeurs – qui n’étaient pas très agréables – et ils s’étaient attirés les foudres de quelques uns de leurs camarades. En soit, James s’en fichait comme de la première chemise de Merlin, mais il était toujours plus plaisant de pouvoir vivre sans le regard des autres posé sur eux. C’était d’ailleurs pour cela qu’ils avaient investi la salle sur demande – au moins, ils étaient sûr d’être tranquilles.

Marlene ne dit rien lorsque James lui répondit que fréquenter un militaire quotidiennement - en l'occurrence son père - lui donnait un avantage. D'un côté, c'était vrai, de l'autre, elle avait la très nette impression que quoi qu'il arrive, aucun garçon ne trouverait grâce aux yeux de Nicholas (ce qu'il y avait déjà de toute manière bien fait entendre.) Pourtant, elle avait parlé de son petit-ami à la grande partie de sa famille - lors des traditionnelles questions de fin d'année, la fameuse phrase "Alors, un garçon en vue ?" (elle ne s'était pas privée de répondre, après tout, c'était son premier petit-copain et elle avait légèrement envie de le crier sur tous les toits) mais pas un traître mot à son père. Elle n'était pas très à l'aise pour parler de ce genre de choses avec lui et c'était dans ces moments-là que l'absence de sa mère se faisait ressentir encore un peu plus. Elle était assez proche de son grand frère et de sa tante May, mais définitivement, ce n'était pas pareil. Heureusement, elle avait Emma et avec elle, elle pouvait parler de ce genre de choses pendant des heures et des heures.

- Mais j'adore les licornes, répondit Marlene, pince-sans-rire, en basculant l'une des jambes par dessus celles de James pour se retrouver face à lui, sur ses genoux. Enfin. Pas autant que ton meilleur ami, évidemment, ajouta-t-elle avec un sourire.

Elle était en Soin aux Créatures Magiques avec Grady McNeil, elle savait de quoi elle parlait. La passion de ce dernier pour les licornes était connue de tous et à vrai dire, elle songeait sérieusement à lui donner les brochures qu'elle avait reçu pour l'élevage de licorne. C'était un domaine très féminin - les licornes préféraient les femmes - mais bon, après tout, McNeil faisait des Bavboules : il n'était pas à une norme sociale près.

Elle haussa les épaules lorsque James lui demanda si elle voulait rester une année de plus à l'école. C'était la solution de facilité, elle en avait bien conscience : rester une année en plus à Poudlard repoussait à plus tard la prise de décision concernant son avenir mais il faudrait bien le faire un jour, elle n'allait pas faire une septième année éternellement. Elle avait eu plusieurs stades vis-à-vis de Poudlard : lorsqu'elle y était entrée à douze ans, cela avait été une échappatoire merveilleuse à son quotidien moldu un peu morne, quelques années après la mort de sa mère et alors que les tensions entre son frère Albert et leur père étaient à leur maximum. Puis il y avait eu toutes les années plus difficiles, jusqu'au début de cette année. Assez ironiquement, c'était juste avant d'être diplômée qu'elle trouvait un certain équilibre au cœur de l'école, entre le poste de préfète-en-chef et James, ce qui lui donnait envie de rester. Évidemment, rien n'indiquait pour le moment que leur histoire irait en plein dans le mur dès qu'ils auraient un pied dehors mais ils n'étaient pas le premier couple épanoui à exploser en plein vol en rentrant dans la vie adulte : comme le soulignait James, leurs emplois du temps seraient sûrement très prenants puis ils allaient rencontrer de nouvelles personnes, avoir de nouvelles préoccupations et obligations... Non, elle n'en n'avait pas très envie, brusquement.

- Huuum, fit-elle mine de réfléchir. Ça me va, comme compromis ! Elle glissa ses bras autour de son cou et déposa une volée de baisers sur sa mâchoire et dans le creux de son cou. Restons là tous les deux.

Ainsi installée, elle l'embrassa de nouveau avant d'avoir un sourire malicieux.

- C'est que tu deviendrais presque un Poufsouffle asocial ! Je déteins sur toi, les gens ont raison finalement, j'ai une très mauvaise influence, tu vas mal finir, ça va être la déchéance !

James accueillit avec un sourire la réponse de Marlene. Parfois, la vie était plus compliquée qu'on ne le pensait, et c'était exactement ce qu'il ressentait en cette fin d'année. D'un côté il avait réellement envie de quitter Poudlard, de découvrir le monde sorcier, de pouvoir vivre comme il l'entendait. Un peu plus tôt, il ne jurait que par ça, et rien n'aurait pu le retenir à Poudlard. Mais plus le temps avançait plus il avait dû mal à se faire à la perspective de quitter l'école qu'il fréquentait depuis maintenant sept longues années. Finalement, quand il y réfléchissait, il aimait bien ce confort qu'on lui offrait, cet emploi du temps déjà défini, son statut de préfet-en-chef au sein de l'école, ces moments qu'il pouvait passer avec ses amis, et avec sa petite-amie. C'était confortable de savoir, chaque jour, où on allait, ce qu'on faisait, avec qui, et pourquoi. Lui qui avait si longtemps aspiré à une indépendance complète commençait maintenant à se demander si c'était réellement ce qu'il souhaitait. Evidemment qu'il avait toujours cette envie d'aventure, de nouveauté ! Mais la routine de Poudlard allait lui manquer, d'autant plus que l'année prochaine restait encore complètement floue pour lui. Il ne savait pas quoi faire, ni comment, ni même pourquoi il le ferait. James était un bon élève, mais uniquement lorsqu'il avait un but pour justifier ses efforts. Pour l'adrénaline, pour l'aventure, pour la passion... Mais était-ce réellement un but d'aspirer à faire des études pour passer le restant des ses jours derrière un bureau ? Pouvait-il affirmer tout haut - et sans mentir - qu'il voyait déjà sa vie ainsi ?

Non, il ne le pouvait pas, pour la simple et bonne raison que cette vision le déprimait déjà suffisamment intérieurement pour qu'il en fasse part à quiconque. C'était aussi - c'était même surtout - pour ça qu'il rechignait tant à quitter Poudlard. Il n'avait pas de projets, pas d'envies particulières pour l'année prochaine. La routine de l'école - si elle pouvait être lassante, à la longue - avait au moins le mérite de lui donner une raison de se lever le matin. Il fut tiré de ses pensées par la voix de Marlene qui réussit à lui tirer un sourire. La "mauvaise influence" qu'elle pouvait avoir sur lui était visiblement un sujet de conversation favori des commères de l'école. Il ne voyait pas du tout en quoi il avait pu changer depuis le début de sa relation avec la jeune femme, si ce n'était en bien. Il se sentait plus épanoui, plus mûr, et plus responsable.

Enfin... Sur quelques plans seulement. Malgré tout ce que Marlene pouvait lui apporter, James sentait qu'il était sur le point de faire une bêtise. Une grosse bêtise d'ailleurs, mais qui était aussi horriblement tentante. Quelques semaines plus tôt alors qu'il avait retrouvé Roy au casino de Bristol, ce dernier avait commencé à laisser entendre que - s'il le désirait - il pouvait toujours lui trouver un emploi, au sein de son groupe appelé les "Veilleurs". Quand James, curieux, lui avait demandé de quoi il en retournait, Roy s'était lancé dans une longue explication, aussi motivante que stupéfiante. Motivante, parce que ce que Roy qui proposait, c'était de braver l'interdit. C'était - aux yeux encore innocents de James - une nouvelle aventure. Un peu comme un jeu, avec plus d'importance, cette fois-ci. Une bêtise donc, il le savait pertinemment. Et pourtant... Pourtant il ne pouvait s'empêcher de considérer l'idée avec envie, surtout dans des moments comme celui-ci, où son avenir lui semblait plus que flou, et surtout complètement dépourvu  de sens.

"C'est vrai que tu as une vraie mauvaise influence sur moi !" approuva-t-il en riant avant de l'embrasser dans les cheveux.

Il y eut un long silence, que le jeune homme finit par rompre d'une voix mal assurée.

"Tu sais, en parlant de déchéance..." Non, ce n'était pas exactement la bonne façon de commencer. "Euh non, je ne veux pas dire "déchéance" mais plutôt..." il commençait déjà à s'embrouiller et préféra se taire pour reprendre plus calmement. "Ce que je voulais t'expliquer, c'est que j'ai rencontré quelqu'un il y a quelques mois, quelqu'un qui est à la tête d'une grande "entreprise" disons. Il m'a fait une offre d'emploi pour l'année prochaine. C'est bien rémunéré, les gens sont très sympas..." il s'interrompit brusquement, pensif. Il allait faire une bêtise - encore - en avouant cela à sa petite-amie. Lui demander la permission de dealer - de faire du commerce de produits stupéfiants, pardon - , sérieusement ? Il se maudit intérieurement avant de se ressaisir. Il valait mieux qu'elle soit au courant avant qu'il ne prenne une décision plutôt qu'elle se retrouve devant le fait accompli. Oui, au final, c'était très responsable de faire ça. Très mature, parfaitement.

"Le seul problème, c'est qu'elle n'est pas très... légale ?" finit-il en lançant le dernier mot d'une voix incertaine.

Une mauvaise influence sur James... C'était du moins ce que semblaient penser beaucoup de gens, songea Marlene tandis qu'il déposait un baiser dans ses cheveux. Elle ne comptait même plus le nombre de rumeurs qui avaient pu courir à leur sujet lorsqu'ils s'étaient mis ensemble, la plupart des gens - tout le monde ? - ne comprenant pas ce qu'ils pouvaient bien faire en couple. Pour être tout à fait honnête, au début, elle avait eu des doutes également. La relation qu'ils entretenaient avant était loin d'être conventionnelle, pour elle du moins, et si elle avait envie de plus, elle n'était pas vraiment très habituée au plus en question. Ils avaient leurs marques sur le plan de la tendresse physique mais avaient eu un certain temps de rodage pour ce qui était de la relation à l'autre en elle-même mais c'était normal, elle supposait. Tout se passait bien désormais mais visiblement, lorsque tous les sujets de ragots plus récents étaient épuisés, ils pouvaient revenir sur le tapis. Elle avait surpris des cinquième années, il y a quelques semaines dans les toilettes des filles, qui se demandaient ce que James faisait avec une fille comme elle. Cela lui avait fait de la peine sur le coup parce que cela la renvoyait à ses propres angoisses, à savoir que son petit-ami pourrait trouver facilement bien mieux qu'elle et qu'elle peinait parfois à voir pourquoi il restait avec elle, bien qu'elle se déteste de penser cela.

Un silence apaisant s'établit entre eux et elle glissa ses bras autour de son cou pour l'étreindre, la tête sur son épaule, toujours installée sur ses genoux. Ce fut la voix de James, mal assurée, qui finit par lui faire relever les yeux, lui adressant un regard curieux. Quand elle parlait de déchéance, elle plaisantait évidemment et était surprise qu'il embraye ainsi sur le terme. Lorsqu'il lui expliqua qu'il avait reçu une offre d'emploi pour l'année prochaine, un sourire naquit sur ses lèvres.

- Mais c'est une super nouvelle !

Leur avenir paraissait tellement incertain sur le plan professionnel qu'elle ne pouvait qu'être heureuse pour James, surtout que visiblement, l'offre avait l'air prometteuse. Elle-même attendait avec angoisse les réponses à ses multiples candidatures - elle avait visé large - mais elle était contente qu'il puisse se sortir de ce marasme. Sa brusque interruption et son air sérieux lui fit néanmoins perdre un peu de son sourire, sourire qui disparu complètement et brusquement lorsqu’il termina son propos.

- Pas très légale ?

C'était quoi une entreprise pas très légale ? Quelle entreprise pas très légale faisait ouvertement des offres d'emplois aux étudiants qui allaient sortir de Poudlard ? Et surtout, si ce n'était pas légal, comme il le disait, pourquoi James l'envisageait-il ? Car elle pouvait le sentir dans son ton et dans son regard, il ne lui communiquait pas cela comme une simple information. Toujours installée sur ses genoux, elle prit néanmoins un peu de distance sans vraiment le quitter des yeux.

- De quoi tu parles, là ?